Jean Ziegler : Le massacre de la faim se déroule dans une normalité glacée – Des crises ou une crise planétaire ?

humanité.fr, propos recueillis par J. S., février 2011

http://www.humanite.fr/04_02_2011-%C2%AB-le-massacre-de-la-faim-se-d%C3%A9roule-dans-une-normalit%C3%A9-glac%C3%A9e-%C2%BB-464377

« Le massacre de la faim se déroule dans une normalité glacée »

Par Jean Ziegler, membre du Comité consultatif du Conseil des droits de l’homme des Nations Unies (*).

Des crises ou une crise planétaire ?

Dans la crise planétaire où se croisent plusieurs crises, la crise alimentaire est singulière. Parmi tous les droits humains, le droit à l’alimentation est celui qui est le plus cyniquement, le plus brutalement violé aujourd’hui. Toutes les cinq secondes, un enfant de moins de dix ans meurt de faim. Près d’un milliard d’êtres humains sont gravement sous-alimentés. La courbe des victimes dépasse celle de la croissance démographique. Selon la FAO, l’agriculture mondiale pourrait nourrir sans problème 12 milliards d’êtres humains, or nous sommes 6,7 milliards sur la planète. Un enfant qui meurt de faim est donc un enfant assassiné.

Quelles sont les causes de cette crise ? Pour la population rurale, celle qui produit sa nourriture (3,2 milliards de personnes), plusieurs raisons structurelles sont identifiables. D’abord, le dumping agricole. Les pays de l’OCDE ont versé, l’an dernier, 345 milliards de dollars de subventions pour leurs productions et exportations agricoles, ce qui fait que, sur n’importe quel marché africain, on achète des légumes grecs, français, portugais, allemands pour le tiers ou la moitié du prix du produit africain correspondant. Pendant ce temps, le paysan africain, sa femme et ses enfants s’épuisent au travail sans la moindre chance d’atteindre le minimum vital convenable. L’hypocrisie des commissaires de Bruxelles est abyssale. Ils organisent la faim sur le continent africain et déploient des forces militaires pour intercepter les survivants qui essaient de passer les frontières sud de l’Europe.

La deuxième raison est la vente de terres. L’an dernier, 41 millions d’hectares de terres arables africaines ont été achetés ou louées pour 99 ans par les hedge funds ou par des pays comme la Corée du Sud. La Banque mondiale, la Banque européenne d’investissement, etc, financent ce vol en arguant que seuls des groupes financiers sont capables de rendre ces terres réellement productives. Les familles d’agriculteurs dépossédées vont alors grossir les bidonvilles avec les conséquences qu’on connaît : prostitution enfantine, sous-alimentation, etc.

Troisième raison : la dette extérieure. Au 31 décembre 2009, celle des 122 pays dits du « tiers-monde », était de 2 100 milliards de dollars. La presque totalité de leurs gains à l’exportation est donc absorbée par les intérêts de la dette.

Quant aux populations urbaines, selon la Banque mondiale, 2,2 milliards de personnes vivent avec 1,25 dollar par jour, en dessous du seuil d’extrême pauvreté. Les prix des trois aliments de base – riz, maïs, blé – ont explosé. La tonne de blé meunier a doublé en un an – le prix de la baguette, multiplié par trois, a été un facteur essentiel dans la formidable révolution tunisienne. On peut expliquer ces augmentations de prix en partie par Lire la suite

Le nouveau film de Marie-Monique Robin « Notre poison quotidien  » sera diffusé le 15 mars sur ARTE, à 20 heures 40. Article suivi de la recette à a cerise !

http://www.ecoattitude.org/accueil/node/606

Un message de Marie-Monique Robin, auteur du film « Le monde selon Monsanto »

Madame, Monsieur,

J’ai le plaisir de vous informer que mon film « Notre poison quotidien « sera
diffusé le 15 mars sur ARTE, à 20 heures 40
– (PS et précédemment sur la TV romande le 7 février !! http://robin.blog.arte.tv/2011/01/23/diffusion-de-notre-poison-quotidien-en-belgique-et-suisse/)

 Le même jour mon livre éponyme sera dans les librairies ainsi que le DVD.

Je commence aujourd’hui une série de papiers qui vont expliquer la démarche que j’ai suivie pour réaliser cette longue enquête qui m’a conduite dans six pays européens (France, Italie, Allemagne, Suisse, Grande Bretagne, Danemark), aux Etats Unis, au Canada, au Chili, et en Inde.

Pourquoi cette enquête ?

Alors que je travaillais sur le passé et le présent peu glorieux de Monsanto et que je découvrais comment depuis sa création au début du XXème siècle la firme n’a cessé de cacher la haute toxicité de ses produits, je me suis posé trois questions :

 – Est-ce que le comportement de Monsanto constitue une exception dans l’histoire industrielle ?

 – Comment sont réglementés les 100 000 molécules chimiques qui ont envahi notre environnement depuis la fin de la seconde guerre mondiale

– Y-a-t il un lien entre l’exposition à ces produits chimique et « l’épidémie de maladies chroniques évitables » que l’Organisation mondiale de la santé OMS) a constatée surtout dans les pays dits « développés » ( les termes que j’ai mis entre guillemets sont ceux utilisés par l’OMS) ?
 Consciente que le champ d’investigation était très vaste, j’ai décidé de ne m’intéresser qu’aux seuls produits chimiques qui entrent en contact avec notre chaîne alimentaire du champ du paysan (pesticides) à l’assiette du consommateur (additifs et plastiques alimentaires).

Avant d’entreprendre mon nouveau tour du monde, j’ai réalisé un long travail de recherche* préparatoire qui a consisté à lire de nombreux livres (une centaine, essentiellement anglophones), rapports, études scientifiques et j’ai rencontré des experts (toxicologues, biologistes, représentants des agences de réglementation) , soit directement lors de rendez-vous personnels ou lors de colloques spécialisés. J’ai aussi consulté les *archives d’organisations internationales comme l’OMS ou le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) qui dépend de la première.

plus d’infos sur http://robin.blog.arte.tv/category/notre-poison-quotidien/

Marie-Monique Robin

 
Et pour … vous mettre en appétit, voici  la « Recette de la tarte aux cerises » de Claude Bourguignon :
 Voici, la liste des produits chimiques utilisés pour la fabrication d’une tarte aux cerises de  supermarché, depuis le champ de blé jusqu’à l’usine agro-alimentaire. Bon appétit ! 

 Histoire de la Pâte

Pour obtenir la farine, les grains de blé ont été enrobés d’un fongicide avant semis. Pendant sa culture, le blé a reçu de 2 à 6 traitements de pesticides selon les années, 1 traitement aux hormones pour raccourcir les tiges afin d’éviter la verse et 1 dose importante d’engrais: 240 kg d’azote, 100 kg de phosphore et 100 kg de potassium à l’hectare, tout de même !

Le blé moissonné, dans le silo, après récolte, les grains sont fumigés au tétrachlorure de carbone et au bisulfide de carbone, puis arrosés au chlopyriphosméthyl.
Pour la mouture, la farine reçoit du chlorure de nitrosyl, puis de l’acide ascorbique, de la
farine de fève, du gluten et de l’amylase. Ensuite, il faut faire lever la pâte. La poudre levante est traitée au silicate de calcium et l’amidon est blanchi au permanganate de potassium.

Pas de pâte sans corps gras. Ceux-ci reçoivent un antioxydant (pour éviter le rancissement) comme l’hydroxytoluène de butyl et un émulsifiant type lécithine.

Histoire de la Crème

La crème sur laquelle vont reposer les cerises se fait avec des oeufs, du lait, et même de l’huile.
* Les oeufs proviennent d’un élevage industriel où les poules sont nourries avec des granulés contenant des :

– antioxydants (E300 à E311),

– arômes,

– émulsifiants: alginate de calcium,

– conservateurs : acide formique,

– colorants : capsanthéine,

– agents liants: lignosulfate

– et enfin des appétants : glutamate de sodium, pour qu’elles puissent avaler tout ça.

Elles reçoivent aussi des antibiotiques, bien entendu, et surtout des anticoccidiens. Les oeufs, avant séchage, reçoivent des émulsifiants, des agents actifs de surface comme l’acide cholique et une enzyme pour retirer le sucre du blanc.

* Le lait provient d’un élevage industriel où les vaches reçoivent une alimentation riche en produits chimiques :

– antibiotiques : flavophospholipol (F712) ou monensin-sodium (F714)

– antioxydants : ascorbate de sodium (F301), alphatocophérol de synthèse (F307), buthyl-hydrox-toluène (F321) ou éthoxyquine (E324),

– émulsifiants : alginate de propylène-glycol (F405) ou polyéthylène glycol (F496),

– conservateurs : acide acétique, acide tartrique (E334), acide propionique (F280) et ses drivés (F281 à E284),

– composés azotés chimiques : urée (F801) ou diurédo-isobutane (F803),

– agents liants : stéarate de sodium,

– colorants : F131 ou F142

– et enfin des appétants pour que les vaches puissent manger tout ça, comme le glutamate de sodium.

* Les huiles, quant à elles, ont été :

– extraites par des solvants comme l’acétone,

– puis raffinées par action de l’acide sulfurique,

– puis lavageà chaud,

– neutralisées à la lessive de soude,

– décolorées au bioxyde de chlore ou au bichromate de potassium

– et désodorisées à 160°C avec du chlorure de zinc.

– Enfin, elles ont été recolorées à la curcumine.

La crème de la tarte, une fois fabriquée, reçoit des arômes et des stabilisants comme l’acide alginique (E400).

Histoire des Cerises (complété d’après des éléments de « Aromatherapie » Jean Valnet 1990, Maloine)
Les cerisiers ont reçu pendant la saison entre 10 et 40 traitements de pesticides selon les années.
* Les cerises sont :

– décolorées à l’anhydride sulfureux

– et recolorées de façon uniforme à l’acide carminique ou à l’érythrosine.

– Elles sont plongées dans une saumure contenant du sulfate d’aluminium

– et à la sortie, reçoivent un conservateur comme le sorbate de potassium

(E202).
Elles sont enfin enduites d’un sucre qui provient de betteraves qui, comme
les blés, ont reçu leur bonne dose d’engrais et de pesticides. Ce sucre est
extrait par :

– défécation à la chaux et à l’anhydride sulfureux,

– puis décoloré au sulfoxylate de sodium,

– puis raffiné au norite et à l’alcool isopropylique.

– Il est enfin azuré au bleu anthraquinonique.

Par ces traitements, les cerises ayant donc perdu tout leur goût, il est necessaire d’ajouter un parfum artificiel alimentaire. Ce parfum est une recréation synthetique du goût et de l’odeur à partir d’éléments artificiels issus de la chimie du pétrole aux prix de revient extrêmement faibles- par économie d’echelle – en comparaison du parfum naturel de fruit.

L’exemple developpé est ici la cerise, mais de tels composés servent à recréer aussi bien des parfums artificiels de fraise, d’ananas, de framboise, de miel, de caramel, de muguet..

etc.

* Le parfum artificel de cerise se compose donc des molécules synthetiques (donc à la stéréochimie inversée) suivantes :

– acétate d’ethyle

– acéthyl méthylcarbinol

– butyrate d’isoamyle

– caproate d’ethyle

– caprylate d’isoamyle

– caprate d’ethyle

– butyrate de terpenyle

– geraniol

– butyrate de geranyl – acetylacetate d’ethyle

– heptanoate d’ethyle

– aldéhyde benzoique

– aldéhyde p-toluique

– vanilline

– essence artificielle d’amande amère SAP

– essence artificielle de girofle Bourbon

– essence artificielle de cannelle Ceylan

– essence de lie de vin

Ce texte, consacré à « la tarte aux cerises de supermarché » a été rédigé par Claude Bourguignon, un ingénieur agronome qui travailla à l’INRA, avant de quitter l’honorable maison pour cause de désaccord. Spécialiste de la microbiologie des sols, c’est lui qui démontra, pour la première fois, que les sols cultivés à grand renfort d’engrais chimiques et de pesticides, étaient biologiquement … morts. Tout ce qui fait la vie, et donc la qualité des terres, à savoir les populations microbiennes et fongiques, est détruit par les produits chimiques, conduisant à une perte des nutriments et à l’érosion des sols. Membre de la Société américaine de microbiologie – en France , il n’ y a plus aucune chaire de microbiologie des sols, y compris à l’INRA! – Claude Bourguignon a créé avec sa femme le Laboratoire d’analyse microbiologique des sols, qui intervient dans de nombreux pays, pour aider les agriculteurs à retrouver la fertilité de leurs sols.

Note PAC des Parcs naturels régionaux de France : Réforme de la Politique agricole commune (PAC) 2014-2020 – L’approche territoriale, vecteur d’un développement agricole durable

http://www.cdurable.info/L-approche-territoriale-vecteur-d-un-developpement-agricole-durable,3230.html

Note PAC des Parcs naturels régionaux de France : Réforme de la Politique agricole commune (PAC) 2014-2020 – L’approche territoriale, vecteur d’un développement agricole durable

Cdurable.info, Cyrille Souche, le 3 février 2011

Européen à l’agriculture des propositions relatives à la réforme de la Politique agricole commune dans un document intitulé : « L’approche territoriale, vecteur d’un développement agricole durable ». Dans ce document, la Fédération, qui rassemble un réseau de 46 Parcs naturels en France, part d’un constat qu’elle connaît bien : la diversité de l’agriculture et de ses enjeux sur des territoires marqués par la diminution du nombre d’agriculteurs ; ses nouvelles chartes de Parcs répondant déjà aux grands objectifs de la réforme dans des domaines aussi essentiels que la sécurité alimentaire, la protection des ressources naturelles, la lutte contre le changement climatique, le développement rural et l’emploi. Elle propose donc d’accompagner une agriculture fondée sur la diversité des territoires et des ressources naturelles.

1. Introduction : la réforme de la dernière chance pour une agriculture durable ?

2. L’approche territoriale, gage d’une agriculture plus durable

3. Les Parcs naturels régionaux : une approche territoriale de l’agriculture qui va dans le sens des défis de la réforme de la PAC

4. Un Ier pilier à rapprocher de la dimension territoriale et à rééquilibrer en faveur du second pilier

5. Un second pilier outil d’une approche territoriale combinant les enjeux environnementaux, climatiques et de compétitivité

6. Les 3 options proposées par la Commission ; proposition d’une quatrième voie

7. Conclusion : un retour au bon sens agronomique, enrichi par l’innovation agro-écologique et une approche territoriale

L’agriculture doit en effet être soutenue pour répondre à une demande croissante de qualité des productions et pour développer les pratiques respectueuses de l’environnement. Il en va de même pour la protection et la valorisation des paysages qui vont bien au-delà d’un intérêt touristique évident.

Même si elle évolue dans le bon sens, la Politique agricole commune n’a pas toujours favorisé ces approches. En concentrant les aides sur certaines productions intensives, la PAC a entraîné la spécialisation des productions qui ont eu un impact désastreux sur l’environnement. Pour réussir le tournant environnemental de l’agriculture européenne, la PAC doit s’appuyer sur les ressources des territoires et les projets collectifs qui s’y développent en respectant les spécificités locales, comme le font depuis toujours les Parcs naturels régionaux.

La PAC doit être incitative sur le volet environnemental du premier pilier pour enclencher une évolution vers des pratiques durables qui Lire la suite

La « démocratie écologique » de Dominique Bourg n’est pas la solution

alternatives-ecologique.fr, Jean Gadrey, le 18 janvier 2011

La « démocratie écologique » de Dominique Bourg n’est pas la solution

http://www.alternatives-economiques.fr/blogs/gadrey/2011/01/18/la-%C2%AB-democratie-ecologique-%C2%BB-de-dominique-bourg-n%E2%80%99est-pas-la-solution/

Un débat existe sur la démocratie écologique (et plus généralement sur la démocratie scientifique). Il serait dommage de le caricaturer, comme c’est le cas avec certaines critiques des thèses de Dominique Bourg. Deux livres récents et importants peuvent l’éclairer. D’une part celui d’Hervé Kempf, « L’oligarchie ça suffit, vive la démocratie » (Seuil). D’autre part celui de Jacques Testart, Agnès Sinaï et Catherine Bourgain, « Labo planète, ou comment 2030 se prépare sans les citoyens » (Mille et une nuits).

Les idées de Dominique Bourg sont explicitées dans un article qu’il a publié avec Kerry Whiteside dans « La vie des idées » le 1° septembre 2009. Il est accessible via ce lien. Ceux qui y voient une « dictature écologique » (voir ce lien) exagèrent beaucoup. D. Bourg ne propose nullement d’abolir le système actuel mais de l’enrichir, il met en avant le rôle de la société civile et des ONG, le rôle de la démocratie « participative et délibérative » venant compléter la démocratie dite représentative.

J’ai toutefois un sérieux problème avec une partie de ces thèses où est affirmée une sorte d’impuissance des citoyens à prendre en charge les grands enjeux écologiques à long terme, enjeux qui ne pourraient être défendus que par l’alliance de scientifiques et d’ONG environnementales.

Cela conduit D. Bourg à préconiser de nouveaux arrangements institutionnels pour surmonter ce qu’il désigne comme une incapacité du système de la « démocratie » actuelle « à répondre au défi environnemental ». Avec la création 1) d’une « académie du futur » composée de « chercheurs internationalement reconnus » ayant pour mission de veiller à l’état de la planète, et 2) d’un nouveau Sénat. Ce dernier, « formé pour deux tiers au moins de personnalités qualifiées – proposées, par exemple, par les organisations non gouvernementales environnementales – et pour un tiers de citoyens, aurait pour rôle d’élaborer, en amont de l’Assemblée nationale, les grands mécanismes législatifs, par exemple fiscaux, permettant de répondre aux nouveaux objectifs constitutionnels. Ce Sénat pourrait, avec l’aval de conférences de citoyens, opposer son veto aux propositions de loi contraires à ces objectifs. » (Le Monde du 31 octobre 2010).

Je retiens évidemment de l’analyse de D. Bourg le fait que, dans le système de la démocratie et de l’information TEL QU’IL FONCTIONNE – très mal, comme le démontre Hervé Kempf – nombre de risques vitaux pour l’humanité, dont le réchauffement climatique, ne sont pas « ressentis » avec la même acuité et la même urgence que, par exemple, le chômage ou la pauvreté. Je constate aussi que les principales alertes écologiques proviennent de l’alliance de scientifiques (par exemple le GIEC) et d’ONG écolos.

Mais on pourrait faire le même constat de mise à l’écart des citoyens pour d’autres enjeux non écologiques au départ mais essentiels, y compris à long terme : les retraites, la construction européenne, la reprise en main de la finance, les dettes publiques, la création monétaire et les investissements du futur, etc.

L’information déversée sur les citoyens par l’alliance terrible des grands médias, de l’argent et de la publicité bloque la démocratie et conforte l’oligarchie. Elle a pour but Lire la suite

Prochaine réunion mensuelle de Gironde en transition le mardi 1er février 2011 à 19h00 à la MNE Bordeaux-Aquitaine – L’après-pétrole a commencé… en 2006 ! C’est confirmé !

Prochaine réunion mensuelle de Gironde en transition le mardi 1er février 2011 à 19h00 à la Maison de la nature et de l’environnement Bordeaux-Aquitaine, 3 rue de Tauzia à Bordeaux, suivi d’un pique-nique partagé tiré du sac. Ouvert à toutes et à tous.

EDITO [imagine 83 – janvier & février 2011]

http://www.imagine-magazine.com/lire/spip.php?article1287

La Transition

L’après-pétrole a commencé… en 2006 ! C’est confirmé !

2006 fut l’année du pic pétrolier. Et maintenant, que fait-on ? Le mouvement de la transition a lancé un séduisant plan B : il propose une renaissance économique, culturelle et sociale, par une relocalisation de l’économie. En se passant progressivement du pétrole et, surtout, en valorisant tous les talents. Une piste à découvrir !

Le pic pétrolier a eu lieu en 2006 ! C’est l’Agence internationale de l’énergie (AIE) qui l’annonce dans le World Energy Outlook 2010, son rapport annuel publié le 9 novembre dernier [1] Le pic pétrolier, c’est ce moment où la production commence à plafonner et puis à décroître, et cela à l’échelle de la planète entière. Dans une économie mondiale fondée sur le pétrole, le temps est donc venu de se poser des questions de civilisation !

La fin du pétrole abondant et bon marché

Dans les années 40, le géophysicien Hubbert suggéra que la production d’une matière première donnée, et en particulier du pétrole, suivait une courbe en forme de cloche (voir ci-contre). L’extrapolation de la première partie de la courbe devait permettre de la dessiner complètement. Et donc de déduire les réserves de pétrole d’une région donnée, ainsi que le maximum de sa production. Pour confirmer son hypothèse, Hubbert annonça que la production de pétrole des Etats-Unis atteindrait son niveau maximal en 1970. Sa présentation fut oubliée… jusqu’en 1971, année où la production américaine atteignit effectivement son maximum, puis déclina, confirmant l’hypothèse du pic de Hubbert. Depuis lors, si la communauté internationale s’est trouvée d’accord pour dire que ce pic allait arriver pour toutes les réserves pétrolières de la planète, il restait à en déterminer la date.
Les spécialistes de l’Aspo [2] annonçaient comme imminente l’arrivée du pic pétrolier, et depuis peu, les plus clairvoyants n’hésitaient pas à affirmer que nous étions « déjà dedans ».
La confirmation est aujourd’hui apportée par le secteur lui-même : le « pic historique » a été franchi en 2006 et la production de pétrole conventionnel n’augmentera « plus jamais  », précise le rapport 2010 de l’Agence internationale de l’énergie.

Cette importante nouvelle n’a pas vraiment fait les grands titres de l’information internationale. « Il y a bien eu quelques papiers plus ou moins inquiets », relève Matthieu Auzanneau, un journaliste indépendant, sur son blog spécialisé [3]. L’AIE prévoit que « la production de pétrole brut se stabilise plus ou moins autour de 68-69 Mb/j (millions de barils par jour) à l’horizon 2020, mais ne retrouve jamais le niveau record de 70 Mb/j qu’elle a atteint en 2006 », relève pour sa part Hervé Kempf, dans un petit article du journal Le Monde marquant l’événement [4].

Pas de panique toutefois : on ne verra pas les stations-service à sec dès demain. Les prix, par contre, risquent bien de monter progressivement. La surconsommation de biens en tous genres, dont beaucoup fabriqués à partir ou consommant des produits pétroliers (avions, autos, plastiques, agriculture intensive, chimie…), continuant à être présentée comme « le » moyen d’accéder au bonheur, chacun revendique – bien légitimement – sa part d’or noir. Il ne faut donc pas s’attendre à ce que demain, par on ne sait quel coup de baguette magique, nos économies dépendantes puissent se passer de pétrole bon marché.

Le début d’un pétrole encore plus polluant ?

Le déclin rapide de la production de pétrole bon marché risque de ne pas être une sinécure pour les populations, si on ne s’y prépare pas dès aujourd’hui. Les plus pauvres seront les premiers à souffrir de la pénurie. Et les risques de conflits, notamment pour les ressources, sont évidents. Il semble que, pour les politiques, soumis aux échéances électorales tous les quatre ou cinq ans, le pic pétrolier soit une question à trop long terme pour être véritablement prise en considération. Se saisir de cette question à bras-le-corps serait en effet choisir de ramer à contre-courant des grandes industries du secteur (pétrole, gaz, automobile…), qui disposent de la puissance de la propagande publicitaire, et qui font tout pour nier l’évidence, dans le but de prolonger autant que possible le business as usual. Car, malgré l’arrivée du pic, le secteur pétrolier prévoit – ce qui est un comble – une augmentation de la production de pétrole et de gaz d’ici 2035 ! Pour y arriver, les pétroliers comptent sur l’exploitation des ressources non conventionnelles, comme les sables bitumineux du Canada, et sur une augmentation de la production de gaz liquide, notamment pour les transports. Mais le secteur table surtout sur l’exploitation de nouveaux gisements situés dans les zones maritimes à grandes profondeurs, ainsi que dans l’océan Arctique (voir le graphique ci-dessous dans l’article d’origine).

L’important à noter dans ce graphique est bien sûr le Lire la suite

La permaculture au sein de l’agriculture urbaine : Du jardin au projet de société

vertigo.revues.org, volume 10, numéro 2, Emmanuel Pezrès, septembre 2010

http://vertigo.revues.org/9941

Volume 10 numéro 2 | septembre 2010

Dossier : L’agriculture urbaine : un outil multidimensionnel pour le développement des villes et des communautés

La permaculture au sein de l’agriculture urbaine : Du jardin au projet de société

La permaculture est souvent considérée comme un procédé « alternatif » de production alimentaire écologique en ville ou à la campagne. Cependant, et bien que la définition et les principes de la permaculture soient en constante évolution, il apparaît que la permaculture n’est pas simplement une autre façon de jardiner, mais une autre façon de concevoir le monde. Considérant la place de la permaculture dans le processus de l’agriculture urbaine, nous remarquons que la conception permaculturelle est, bien entendu, différent de l’agriculture conventionnelle, mais nous observons également que le projet permaculturel est fondamentalement différente de l’urbanisme. De là, face à la crise écologique mondiale croissante, nous interrogeons la permaculture comme une possibilité de re-conception de la structure urbaine existante. Enfin, nous nous questionnons sur les bases épistémologiques de la permaculture en vue de susciter un changement philosophique et matériel global.

Plan

La permaculture : une définition en mouvement.

Permaculture versus urbanisme.

La permaculture et la culture de la ville.

Le travail permaculturel de l’urbain

Cultiver un paradigme alternatif.

1. Stimulée par une recherche contemporaine de relations environnementales et collectives plus harmonieuses, l’ambition d’une agriculture intégrée à des cycles écologiques durables rencontre un souhait citoyen de réinvestir la ville. Les expériences présentes de permaculture et leurs développements dans le mouvement des villes en transition tendent vers ces objectifs. Cet article, prolongeant les potentialités d’aménagement de l’agriculture urbaine au travers de la permaculture se propose de décrire les possibilités de mise en œuvre de production de « cultures alternatives » dans leurs sens le plus large. Pour cela, nous essayerons d’abord de définir la permaculture à partir d’elle-même. Puis, nous chercherons sa spécificité dans ses contrastes avec les disciplines qui travaillent l’agriculture urbaine : l’agriculture et l’urbanisme. Ensuite, nous envisagerons la permaculture, non plus comme seule méthode d’agriculture dans la ville, mais comme une méthode de conception de l’urbain. Enfin, la dernière partie exposera la possibilité de création d’une autre façon de vivre la ville et la mise en place d’une nouvelle urbanité qui pourrait être aussi un nouveau paradigme civilisationnel.

La permaculture : une définition en mouvement.

2. Afin d’éviter que la permaculture ne soit réduite à une simple modalité de l’agriculture urbaine, il nous faut d’abord essayer de définir ce qu’elle est et quel est son objet. Toutefois, fixer le concept de permaculture n’est pas forcément possible car sa définition est mouvante, elle varie selon les auteurs et évolue avec le temps. Du mot, on peut dire qu’il a été formé dans les années soixante-dix, par Mollison et Holmgren à partir de deux termes anglais : « permanent » et « agriculture ». Les créateurs du concept définissent en premier lieu la permaculture comme « (…) un système évolutif intégré, d’auto-perpétuation d’espèces végétales et animales utiles à l’homme. C’est, dans son essence, un écosystème agricole complet, façonné sur des exemples existants, mais plus simples » (1986 :15). Cependant au lieu de rester classiquement dans le domaine agricole comme pourrait le faire l’agriculture biologique, le premier et unique livre en commun des deux co-inventeurs du terme permaculture, lui donne tout de suite un champ d’action plus large : « Nous n’avons pas voulu établir un schéma fixe et dogmatique mais un modèle qui intègre plusieurs principes appartenant à de nombreuses disciplines l’écologie, la conservation de l’énergie, l’aménagement du paysage, la rénovation urbaine, l’architecture, l’agriculture (sous tous ses aspects) et les théories de localisation en géographie. » (1986 :16). De même, bien que l’élaboration du concept de permaculture et son étude, soit d’abord destinés à une population ayant Lire la suite

Texte inédit de mars 2010 d’Edgar Morin : LA VOIE

Un texte inédit d’Edgar Morin (nouvelle version : mars 2010).

LA VOIE

Sparsa colligo[1]

La grande Voie n’a pas de porte. Des milliers de routes y débouchent – Proverbe zen

Il y a ceux qui voudraient améliorer les hommes et il y a ceux qui estiment que cela ne se peut qu’en améliorant d’abord les conditions de leur vie. Mais il apparaît que l’un  ne  va pas sans l’autre et on ne sait par quoi commencer – André Gide Journal 1942-49, p.31

Les forces « extérieures » du monde sont les mêmes que celles qui nous agitent intérieurement ; ses drames, ses tentations, ses lâchetés, ses cruautés  procèdent aussi de la vie intérieure de tous les autres êtres humains….Les cruautés des tyrans leur viennent d’une vie intérieure qui nous est commune  à tous – Pierre Guyotat

Il faudrait voir d’une part si le projet humain réalisé durant ces six millénaires par l’homo historicus est le seul projet humain possible et d’autre part voir s’il ne faudrait pas faire aujourd’hui quelque chose d’autre. – Raimundo Pannikar

Si le domaine des idées est révolutionné, la réalité ne peut demeurer telle qu’elle est – Hegel

Nous continuons à chercher des dépanneurs de la planète alpha, alors que nous sommes sur la planète beta – Ph. Caillé

Une terre finie peut-elle supporter un projet infini ? – Leonardo Boff

Quiconque croit qu’une croissance exponentielle peut durer toujours dans un monde fini, est ou un fou ou un économiste – Kenneth Boulding

Nous sommes condamnés à mûrir si nous ne voulons pas être condamnés à mourir – XX

Je ne cesse d’avoir de nouvelles preuves qu’un grand potentiel de bonne volonté sommeille en nous.  Celle-ci n’est qu’atomisée, intimidée, piégée, paralysée et désemparée. Dans cette situation, il est du devoir des hommes politiques de ramener à la vie ce potentiel timide et sommeillant, de lui proposer une  voie, de lui frayer un passage, de lui redonner assurance, possibilité de se réaliser, bref espoir. – Vaclav Havel

Chaque chose en tout temps marche avec son contraire – Les mille et une nuits

Liez les extrêmes et vous aurez le véritable milieu – Fiedrich Schlegel

Pour atteindre l’humanité il faut le sens d’un au-dela de l’humanité – Friedrich Schlegel

Notre temps n’est pas assez mûr pour cela, disent-ils toujours. Est ce une raison pour y renoncer ? – Friedrich Schlegel

La réalité envoie des signes annonciateurs à l’humanité – Peter Sloterdyk

Tout se passe comme si nous savions que quelque chose d’énorme va soit se produire, soit échouer lamentablement – Mahaswata Devi

La crise sociale, économique et spirituelle actuelle peut être dépassée grâce à la science, la spiritualité et la fraternité – Krishnammal Jagannathan

Il ne s’agit pas de trouver des « solutions » pour certains « problèmes » mais de viser à une alternative globale à l’état de choses existant, une civilisation nouvelle, un mode de vie autre, qui ne serait pas la négation abstraite de la modernité, mais son dépassement (aufhebung), sa négation déterminée, la conservation de ses meilleurs acquis, et son au-delà vers une forme supérieure de la culture – une forme qui restituerait à la société certaines qualités humaines détruites par la civilisation bourgeoise industrielle. Cela ne signifie pas un retour au passé, mais un détour par le passé, vers un avenir nouveau… – Michaël Lowy

Première partie :

La difficulté de penser le présent

– la conscience est toujours en retard par rapport à l’immédiat : « no sabemos lo que pasa y eso es lo que pasa » (Ortega y Gasset)

– il y a la rapidité  des processus en cours

– il y a la complexité propre à la globalisation : inter-retro-actions innombrables entre processus extrêmement divers (économiques, sociaux, démographiques, politiques, idéologiques, religieux, etc)

– il y a nos carences cognitives :

les cécités d’une connaissance qui, compartimentant les savoirs, désintègre les problèmes fondamentaux et globaux qui nécessitent une connaissance transdisciplinaire

l’occidentalo-centrisme qui nous situe sur le trône de la rationalité et nous donne l’illusion d’être dans l’universel

Ainsi ce n’est pas seulement notre ignorance, c’est aussi notre connaissance qui  nous aveugle.

De la mondialisation à la globalisation

Le processus de mondialisation commence à la fin du XVe siècle avec Lire la suite

Ecoconstruction et agroécologie : L’architecture de cueillette – Proto-histoire du bâtiment

terrecooperative.ouvaton.org, Alain Marcom, le 13 avril 2008

http://terrecooperative.ouvaton.org/spip.php?article24

Ce texte fait partie du « Petit Précis d’Agroécologie » Nourriture, Autonomie, Paysannerie, sous la direction de Silvia Perez-Vitoria et Eduardo Sevilla Guzman, édité par La Ligne d’Horizon, 7 villa Bourgeois 92240 Malakoff et qu’on peut le commander pour la somme redoutable de 6 € + frais de port

Ecoconstruction et agroécologie : L’architecture de cueillette – Proto-histoire du bâtiment

Jusqu’en 1750, origine de la mécanisation, les maisons de la grande majorité de la population mondiale étaient forcément des maisons à faible impact environnemental. Elles étaient issues de matériaux de proximité, montés avec un savoir faire local et dans le cadre d’une économie faiblement marchande. Le travail de mise en oeuvre était basé sur la consommation d’une énergie métabolique humaine ou animale. On était parfois aidé par les cours d’eau ou le vent à fin de transport ou d’aide mécanique au sciage des arbres ou de taille des pierres, pour la très ténue minorité des puissants économiques, politiques ou religieux.

Mais pour l’immense majorité de l’humanité, c’était le contexte général de l’architecture de cueillette. Ce qui ne servait pas, voire ce qui gênait dans l’agriculture, était utilisé en construction. On gérait plus qu’on ne cultivait des matériaux comme le bois ou les roseaux. On construisait avec les pierres qui affleuraient à la surface du champ et avec la terre des coins les moins fertiles. L’impact environnemental principal était du à la cuisson de la terre pour les briques ou les tuiles, et à la cuisson de la chaux, dans les régions où ces cuissons étaient pratiquées. Mais ces derniers matériaux étaient utilisés avec une grande parcimonie, surtout que la population mondiale était bien inférieure à la population actuelle, puisqu’elle n’atteint son premier millard d’habitants qu’au début du 19 ème siécle….

Seuls les monuments, bâtiments des puissants, s’exonéraient de cette pratique par l’importation de matières venues de loin, quand les matériaux locaux n’étaient pas assez prestigieux et coûteux pour éblouir les passants. En effet les matières pour construire étaient, et restent encore aujourd’hui lourdes et leur transport avant le règne des camions, des autoroutes et du pétrole, avait un coût considérable. A partir de 1850, la machine thermique a peu à peu permis de transformer la matière, de la transporter plus facilement sur de plus grandes distances. Le train, l’acier, le bateau à vapeur, le ciment, les engins de carrière ont transformé les matériaux et les savoir faire dans les pays en voie d’industrialisation tout au long du 19 ème siècle.

La croissance des villes dans le « premier monde » a participé à la naissance d’un marché du travail dans le bâtiment. Un secteur important de l’économie est né à partir de la révolution industrielle. Alors que le ciment est inventé au début du 19 ème, c’est vers le milieu de ce siècle qu’est déposé le premier brevet du béton armé, et c’est dans la dernière décennie du 19 ème qu’on voit apparaître des chantiers de construction d’immeubles en béton armé en Belgique, chantiers effectués par des entreprises allemandes. A ce moment, nous sommes au début de l’« art nouveau », et ce sont les capacités plastiques du béton qui sont recherchées.

L’industrialisation du bâtiment en France

La reconstruction après la première guerre mondiale a vu la première tentative de bétonnisation dans le Nord Est de la France. Cette tentative parfaitement réussie du point de vue économique, fera du chemin, bien que la ligne Maginot ait peu convaincu. L’occupation allemande, avec le chantier du mur de l’Atlantique a confirmé le formidable potentiel du béton et la facilité de façonnage, aussi appelée formation, de la main d’oeuvre. C’est fort de ces réussites économiques et mécaniques resplendissantes que le gouvernement provisoire de 1944 va se lancer dans une stratégie d’industrialisation à outrance sous prétexte de « reconstruction ». Les écoles d’ingénieurs formatés à ce projet, et les recherches pour la modélisation de ce matériau emblématique de la modernité, vont fleurir un peu partout en France.

Les tâches de la chaîne de production du bâti vont être finement découpées et séparées, atomisées, taylorisées. C’est à l’aune de la flèche de la grue que vont se concevoir les cités de banlieue. De véritables usines de béton armé vont se monter à une extrémité du chemin de grue. Celle-ci distribuera les coffrages-tunnels ou les éléments préfabriqués au bout de sa flèche de chaque côté du rail, donnant naissance à deux barres parallèles. Sur ce process industriel de conception et de réalisation, un peu partout des cités des mille, deux mille, jusqu’à quatre mille logements vont être construites. La puissance publique ne va pas ménager ses commandes, en cités-dortoirs de banlieue, hôpitaux, écoles, bâtiment administratifs, barrages, ponts, etc… Le béton über alles établira de la sorte sa domination actuellement encore sans partage. Un hasard bien planifié fait donc que nous avons aujourd’hui en France les deux plus puissants groupes de bâtiment mondiaux, et le premier producteur mondial de ciment.

De l’autre côté du Rhin, la tradition fédéraliste a engagé l’Allemagne dans une autre stratégie. Le montant des destructions était bien supérieur là-bas qu’ici. Mais là bas on a investi les fonds du plan Marshall dans le redressement du capital industriel lourd. Les régions, avec de très faibles moyens, ont eu en charge la « reconstruction ». Ainsi, on a pu voir des techniques traditionnelles régionales normalisées, et des ouvrages pédagogiques de vulgarisation de techniques constructives simples à base de matériaux peu transformés et de proximité diffusés, favorisant l’autoconstruction, l’apprentissage et la reconstruction d’un tissu économique constitué essentiellement de petites entreprises. L’organisation politique a produit une forme de retour à l’architecture de cueillette. Les savoir faire locaux, Lire la suite

Dossier de la revue Vertigo : L’agriculture urbaine : un outil multidimensionnel pour le développement des villes et des communautés

vertigo.revues.org, Rédacteurs associés : Eric Duchemin (VertigO – La revue électronique en sciences de l’environnement) (Institut des sciences de l’environnement, Université du Québec à Montréal), Luc Mougeot (CRDI, Canada) et Joe Nasr (Collège Ryerson, Canada), Volume 10 numéro 2, septembre 2010

http://vertigo.revues.org/9848

Dossier : L’agriculture urbaine : un outil multidimensionnel pour le développement des villes et des communautés

Depuis maintenant plus d’une décennie – selon la plus récente estimation disponible – ils sont mondialement environ 800 millions à pratiquer l’agriculture urbaine (AU). 200 millions d’entre eux réalisent de la production de marché et 150 millions le font à plein temps. Ces gens produisent environ 15% de la production mondiale de nourriture. Selon les prédictions, ce pourcentage pourrait doubler dans la prochaine génération. Depuis 1996, les chiffres disponibles pour certaines villes ont démontré une augmentation du nombre de producteurs, de production et de valeur dans cette activité urbaine. Si la plupart des gens pratiquant l’agriculture urbaine vivent majoritairement dans les pays en développement, plusieurs se retrouvent également dans les pays industrialisés. Ce dossier de VertigO – la revue électronique en sciences de l’environnement publie des textes abordant cet outil de développement mais aussi utilisé pour la sociabilisation des citadins, l’aménagement viable de la ville, etc. Ce dossier montre que l’agriculture urbaine est un élément clef de la viabilité.

Eric Duchemin, Fabien Wegmuller et Anne-Marie Legault

Agriculture urbaine : un outil multidimensionnel pour le développement des quartiers [Texte intégral]

Louiza Boukharaeva et Marcel Marloie

L’apport du jardinage urbain de Russie à la théorisation de l’agriculture urbaine [Texte intégral]

Manon Boulianne, Geneviève Olivier-d’Avignon et Vincent Galarneau

Les retombées sociales du jardinage communautaire et collectif dans la conurbation de Québec [Texte intégral]

Emmanuel Pezrès

La permaculture au sein de l’agriculture urbaine : Du jardin au projet de société [Texte intégral]

Fabien Wegmuller et Eric Duchemin

Multifonctionnalité de l’agriculture urbaine à Montréal : étude des discours au sein du programme des jardins communautaires [Texte intégral]

Christian Peltier

Agriculture et projet urbain durables en périurbain : la nécessité d’un réel changement de paradigme [Texte intégral]

Conchita M. G. Kêdowidé, Michel P. Sedogo et Guéladio Cisse Lire la suite

Eloge de la métamorphose, par Edgar Morin

lemonde.fr, Edgar Morin, le 9 janvier 2010

Eloge de la métamorphose, par Edgar Morin

Quand un système est incapable de traiter ses problèmes vitaux, il se dégrade, se désintègre ou alors il est capable de susciter un meta-système à même de traiter ses problèmes : il se métamorphose. Le système Terre est incapable de s’organiser pour traiter ses problèmes vitaux : périls nucléaires qui s’aggravent avec la dissémination et peut-être la privatisation de l’arme atomique ; dégradation de la biosphère ; économie mondiale sans vraie régulation ; retour des famines ; conflits ethno-politico-religieux tendant à se développer en guerres de civilisation.

L’amplification et l’accélération de tous ces processus peuvent être considérées comme le déchaînement d’un formidable feed-back négatif, processus par lequel se désintègre irrémédiablement un système.

Le probable est la désintégration. L’improbable mais possible est la métamorphose. Qu’est-ce qu’une métamorphose ? Nous en voyons d’innombrables exemples dans le règne animal. La chenille qui s’enferme dans une chrysalide commence alors un processus à la fois d’autodestruction et d’autoreconstruction, selon une organisation et une forme de papillon, autre que la chenille, tout en demeurant le même. La naissance de la vie peut être conçue comme la métamorphose d’une organisation physico-chimique, qui, arrivée à un point de saturation, a créé la méta-organisation vivante, laquelle, tout en comportant les mêmes constituants physico-chimiques, a produit des qualités nouvelles.

La formation des sociétés historiques, au Moyen-Orient, en Inde, en Chine, au Mexique, au Pérou constitue une métamorphose à partir d’un agrégat de sociétés archaïques de chasseurs-cueilleurs, qui a produit les villes, l’Etat, les classes sociales, la spécialisation du travail, les grandes religions, l’architecture, les arts, la littérature, la philosophie. Et cela aussi pour le pire : la guerre, l’esclavage. A partir du XXIe siècle se pose le problème de la métamorphose des sociétés historiques en une société-monde d’un type nouveau, qui engloberait les Etats-nations sans les supprimer. Car la poursuite de l’histoire, c’est-à-dire des guerres, par des Etats disposant des armes d’anéantissement, conduit à la quasi-destruction de l’humanité. Alors que, pour Fukuyama, les capacités créatrices de l’évolution humaine sont épuisées avec la démocratie représentative et l’économie libérale, nous devons penser qu’au contraire c’est l’histoire qui est épuisée et non les capacités créatrices de l’humanité.

L’idée de métamorphose, plus riche que l’idée de révolution, en garde la radicalité transformatrice, mais la lie à la conservation (de la vie, de l’héritage des cultures). Pour aller vers la métamorphose, comment changer de voie ? Mais s’il semble possible d’en corriger certains maux, il est impossible de même freiner le déferlement techno-scientifico-économico-civilisationnel qui conduit la planète aux désastres. Et pourtant l’Histoire humaine a souvent changé de voie. Tout commence, toujours, par une innovation, un nouveau message déviant, marginal, modeste, souvent invisible aux contemporains. Ainsi ont commencé les grandes religions : bouddhisme, christianisme, islam. Le capitalisme se développa en parasite des sociétés féodales pour finalement prendre son essor et, avec l’aide des royautés, les désintégrer.

La science moderne s’est formée à partir de quelques esprits déviants dispersés, Galilée, Bacon, Descartes, puis créa ses réseaux et ses associations, s’introduisit dans les universités au XIXe siècle, puis au XXe siècle dans les économies et les Etats pour devenir l’un des quatre puissants moteurs du vaisseau spatial Terre. Le socialisme est né dans quelques esprits autodidactes et marginalisés au XIXe siècle pour devenir une formidable force historique au XXe. Aujourd’hui, tout est à repenser. Tout est à recommencer.

Tout en fait a recommencé, mais sans qu’on le sache. Nous en sommes au stade de commencements, modestes, invisibles, marginaux, dispersés. Car il existe déjà, sur tous les continents, un bouillonnement créatif, une multitude d’initiatives locales, dans le sens de la régénération économique, ou sociale, ou politique, ou cognitive, ou éducationnelle, ou éthique, ou de la réforme de vie.

Ces initiatives ne se connaissent pas les unes les autres, nulle administration ne les dénombre, nul parti n’en prend connaissance. Mais elles sont le vivier du futur. Il s’agit de Lire la suite

Transition écologique – Ces villes qui tentent de se libérer du pétrole

bastamag.net, Sophie Chapelle, Chris Jordan, le 25 novembre 2010

http://www.bastamag.net/article1145.html

Transition écologique – Ces villes qui tentent de se libérer du pétrole

Tout le monde n’attend pas que gouvernements et chefs d’État s’entendent sur un hypothétique accord pour sauver le climat. Loin de Cancún, où se tiendra le prochain sommet sur le réchauffement climatique, des réseaux associatifs et des municipalités se lancent dans d’ambitieux programmes pour libérer leurs villes de la dépendance pétrolière. Comment font ces « villes en transition » ? Exemple à Boulder, près de Denver, aux États-Unis.

Aux pieds des montagnes Rocheuses, dans le Colorado, la ville de Boulder, tente l’impossible : se libérer du pétrole au pays des road movies, des drive in, de l’essence peu chère… et des plus grosses émissions de gaz à effet de serre par habitant au monde. L’objectif, pour les 300.000 résidents de ce bastion démocrate, est de passer d’une consommation annuelle de neuf barils de pétrole par personne, à un seul.

L’une des chevilles ouvrières de cette révolution locale s’appelle Michael Brownlee. Ancien journaliste, il a été chercher l’inspiration en Grande-Bretagne, là où est né un étrange mouvement, celui des « villes en transition ». Le concept est lancé en 2006 par un enseignant en permaculture, Rob Hopkins. Celui-ci demande à ses étudiants d’identifier les dépendances au pétrole de la ville de Kinsale, dans le Sud de l’Irlande. Dans la foulée, les chercheurs élaborent un scénario de descente énergétique ambitieux, mais réaliste, d’ici 2030. C’est de cette expérience qu’émerge le concept de « transition ». Le défi est majeur : éviter aux populations les dramatiques conséquences d’un pic pétrolier trop brutal (l’épuisement progressif des ressources pétrolières) et contribuer concrètement à la lutte contre les dérèglements climatiques, sans attendre d’hypothétiques accords internationaux. Le Manuel de Transition : De la dépendance au pétrole à la résilience locale de Rob Hopkins vient d’ailleurs d’être traduit en français (aux éditions Ecosociété avec la revue Silence).

Transition écologique rime avec processus démocratique

À son retour, Michael Brownlee lance le Transition Boulder County pour transformer cette agglomération moyenne en ville « décarbonée ». « Nous avions besoin de modèles à suivre. Le mouvement de la transition nous en fournit un », explique-t-il. Le terrain est favorable. La ville de Boulder et son comté sont déjà en pointe en matière environnementale. Dès 2002, la ville adopte la résolution dite « de Kyoto » pour réduire ses émissions de gaz à effet de serre [1] puis adopte dans la foulée un plan action climat avec un budget annuel avoisinant un million de dollars. Chaque grande mesure est soumise par référendum à la population. Un premier amendement impose ainsi que 10% de l’énergie consommée provienne Lire la suite

France Nature Environnement – Réchauffement climatique : les français, eux, sont convaincus

France Nature Environnement, le 22 novembre 2010, communiqué de presse

Réchauffement climatique : les français, eux, sont convaincus

Le climat est en train de changer et les rejets anthropiques de gaz à effet de serre ont contribué à ce réchauffement. C’est ce dont sont convaincus près de 75% des français et que révèle une enquête exclusive de l’IFOP publiée dans le Monde du 18 novembre. Analyse de France Nature Environnement.

Les français ne sont pas climato-sceptiques

N’en déplaise aux climato-sceptiques récemment « taclés » par l’Académie des Sciences en octobre dernier, c’est pourtant l’opinion de la majorité des français : l’augmentation de la température observée depuis le début du 20è siècle est largement due à l’activité humaine (transport, industrie, agriculture …). En plus d’être persuadés de l’existence et des causes de ce réchauffement global, les français placent le réchauffement climatique en tête des menaces environnementales.

Les convictions des français doivent assoir une stratégie solidaire de lutte

Fort de ce soutien populaire, l’Etat français doit porter une position ambitieuse à Cancún*. Il s’agit d’obtenir des objectifs contraignants de réduction des émissions mondiales de gaz à effet de serre à un niveau suffisant pour tenter de ne pas dépasser +2°C, augmentation au-delà de laquelle nous ne saurions plus nous protéger contre les dérèglements. Les règles de la solidarité internationale pour parvenir à financer l’adaptation et la lutte contre le changement climatique constituent l’autre enjeu de ce nouveau rendez-vous. Comment les pays du Nord vont-ils aider ceux du sud ?

Des négociations internationales en mal de concrétisation

Pour Adeline Mathien, chargée de mission Climat Territoires à FNE : « Nous sommes pour l’instant mal engagés et depuis les négociations de Copenhague en 2009, peu de choses ont réellement bougé. Mal engagés aujourd’hui, au point que la prolongation du protocole de Kyoto qui arrivera à échéance en 2012 pourrait Lire la suite

Echange sur La permaculture et l’Agriculture Paysanne à l’ENITA de Gradignan le mardi 30 novembre à 20h00

Association Girondine pour l’Agriculture Paysanne (AGAP), communiqué, novembre 2010

La permaculture et l’Agriculture Paysanne – Echange à partir des expériences menées à Cuba et en Aquitaine

Le mardi 30 novembre à 20h à l’ENITA (Gradignan –1 Cours Général de Gaulle – salle de l’Amphithéâtre)

Avec la participation de Maria Caridad CRUZ, responsable du Programme Développement Local de la Fondation Antonio Nuñez Jiménez la Nature et l’Homme (FANJ), ingénieur au département d’Urbanisme de la Havane, et de Bernard RICHARD, agriculteur et Président de l’AGAP

L’Association Girondine pour l’Agriculture Paysanne (AGAP) vous invite à une rencontre débat sur la permaculture et les pratiques dans les fermes en partenariat avec la fondation cubaine FNAJ et l’association France Amérique Latine 33. L’objectif est d’apprendre et d’échanger sur cette conception des systèmes agricoles et humains qui privilégie l’écologie et les savoir-faire traditionnels pour reproduire la diversité, la stabilité et la résilience des écosystèmes naturels, à partir des expériences menées dans les fermes cubaines et des pratiques d’Agriculture Paysanne.

La Fondation Antonio Núñez Jiménez (FANJ), institution civile cubaine non-gouvernementale a développé la permaculture à Cuba, et se consacre à la recherche scientifique et à la promotion de programmes et de projets pour la protection de l’environnement dans sa relation avec la culture et la société. Elle propose d’élargir la formation à la permaculture à de nouveaux territoires, et promouvoir l’échange et la mutualisation des savoirs et des expériences pratiques dans ce domaine. Le travail mené par FNAJ contribue à la  souveraineté alimentaire de Cuba tout en développant une agriculture durable, et s’appuie sur des projets dans 5 provinces du pays.

Programme

– Projection du film documentaire « Permaculture, pour un avenir durable à Cuba »

– Présentation de la permaculture – Maria Caridad CRUZ, responsable du programme de Développement Local Durable de la Fondation FANJ

– Rapprochement des pratiques de permaculture avec l’Agriculture Paysanne

– Echange Lire la suite

Film-débat : « Small is beautiful » à la salle des fêtes de Libourne le 16 novembre 19h45

Cinéma Indépendant en libournais, communiqué, le 15 novembre 2010

Nous vous invitons à la projection  du film Smal is Beautiful, d’Agnès Fouilleux à Libourne mardi 16 novembre à 20h.  Elle sera suivie d’un débat avec la participation de la Confédération Paysanne de Gironde.

Merci de diffuser l’information,

 Le CIL – Cinéma Indépendant en Libournais vous invite à  la  projection du film d’Agnès Fouilleux

Small is beautiful

le 16 novembre – accueil 19h45, film à 20h

Salle des Fêtes de Libourne, 1 rue Montesquieu 

Projection suivie d’un débat avec Jean-Pierre Leroy, Confédération paysanne et Mr et Mme Vuillon fondateurs des AMAP.

« Small is beautiful » est un film documentaire pour comprendre le lien environnement-politique-agriculture. Pourquoi, comment, et au profit de qui, la production agricole s’est-elle industrialisée au point de désertifier les campagnes, d’empoisonner l’eau et les sols, de stériliser les paysages, de confisquer les semences et d’affamer des millions de paysans dans le monde ?

Le film d’Agnès Fouilleux nous révèle les mécanismes et les enjeux de la mondialisation et de la financiarisation de l’agriculture, face auxquels des résistances commencent à apparaître. Du paysan au chercheur, de la semence précieusement conservée au lobbyiste sans état d’âme de Bruxelles, ce tour d’horizon exhaustif suggère clairement, travaux pratiques à l’appui, que ce qui est petit, ou du moins pas trop grand, est beaucoup plus « joli » pour notre avenir.

Un film vu et élu par : Lire la suite

Débat sur France Culture entre Yves Cochet et Pascal Bruckner – Le catastrophisme, maladie infantile de l’écologie politique ?

Tribune – Les controverses du progrès – Le catastrophisme, maladie infantile de l’écologie politique ?

liberation.fr, Politiques, débat animé par Max Armanet, retranscrit par Tania Kahn, émission réalisée par Luc-Jean Reynaud et diffusée sur France Culture de 18h20 à 19 heures, le  29 octobre 2010

http://www.liberation.fr/politiques/01012299105-le-catastrophisme-maladie-infantile-de-l-ecologie-politique

Après bien d’autres organismes, l’Académie des sciences vient de confirmer l’essentiel des thèses du Giec, l’instance de l’ONU chargée de synthétiser le savoir scientifique sur le climat. Les émissions de gaz à effet de serre modifient les conditions climatiques qui prévalent sur la planète. Il faut admettre que le modèle de développement posé par l’Occident a atteint des limites, qu’il faut en inventer un autre privilégiant un équilibre à long terme. Pour y parvenir, faut-il jouer sur la peur ? Le catastrophisme est devenu l’un des termes du débat politique porté par une partie du mouvement écologiste. Le pire est-il certain ? Agiter la menace de la catastrophe est-ce le meilleur moyen de mobiliser nos concitoyens ? Cela ne révèle-t-il pas un pessimisme viscéral quant à la nature humaine ?

Yves Cochet : Je récuse la connotation négative du catastrophisme. Il y a bien une maladie sénile, celle du productivisme, du gâchis des ressources naturelles et humaines, qui nous amène vers le pire. L’espèce humaine a depuis deux siècles une empreinte écologique c’est-à-dire un impact sur la nature. 80% de notre mode de vie vient du sous-sol, d’une dotation initiale en matières premières et en énergies fossiles. Or elles s’épuisent au fur et à mesure qu’on les consomme, sans possibilité d’être renouvelées. Ces richesses sont le système de sustentation de notre vie individuelle et collective et leur diminution se ressent au niveau de l’économie, du social et des relations internationales. Tout est lié. Il est probable que la catastrophe soit inévitable. La suite dépendra de la démocratie, des élections et des politiques publiques à tous les échelons. Pour l’instant, la différence entre le constat scientifique et les politiques publiques est accablante. Le but des écologistes politiques est de changer cela.

Pascal Bruckner : Le contexte actuel me rappelle cet album de Tintin, l’Île mystérieuse, dont l’histoire débute par l’arrivée d’une météorite à proximité de la terre. Il fait chaud, l’asphalte fond, le prophète Philippulus annonce la fin du monde et exhorte la population à se repentir. Bien sûr, Tintin s’y refuse et la météorite passe à 45 000 km de la terre. Les savants sont désespérés de s’être trompés et font de nouveaux calculs pour voir si la fin du monde ne serait tout de même pas proche. Cette attitude de catastrophisme contraste avec l’euphorie d’il y a vingt ans. Souvenez-vous de la bonne humeur des démocraties occidentales. On avait gagné contre le communisme, la démocratie allait s’étendre naturellement en même temps que l’économie de marché. Ce conte de fée ne s’est pas produit. L’écologie est devenue l’idéologie dominante, nous avons une vision négative du genre humain et vivons sous l’épée de Damoclès d’un désastre imminent. Il y a une crise du progrès, ce n’est plus l’expansion, la joie de vivre mais l’obsession de la survie et de la longévité. Depuis un siècle, la question que se sont posé nos sociétés est «qui est mon ennemi ?» Les marxistes ont répondu le capitalisme. Les tiers-mondistes ont désigné l’occident impérialiste. L’écologie politique a apporté une réponse tout à fait nouvelle : l’homme serait coupable par nature, il doit se racheter. C’est un retour au péché originel. La notion d’empreinte carbone que vous employez me dérange, elle induit qu’en vivant, en respirant, nous laissons une marque nuisible sur la terre. Ce pessimisme culturel me rappelle les hérésies millénaristes qui ont émaillé l’histoire du christianisme.

Y.C. : L’écologie politique n’est pas une secte millénariste annonçant la fin du monde. Nous ne sommes pas des obscurantistes s’opposant au siècle des lumières. Notre approche est scientifique et quantitative, dans la clarté et la raison. Vous faites une confusion entre des mouvements irrationnels et l’écologie qui tente d’analyser les déterminants de la vie individuelle et collective. Parmi ces déterminants, il y a des phénomènes naturels dont l’évolution est incontestable. Nous avons à cet égard, en tant qu’humanité organisée de manière industrielle, les citoyens de l’OCDE en particulier, une responsabilité différenciée mais commune. Dire que l’homme est coupable n’est pas un discours antihumaniste. Nous appelons simplement à une modération dans l’utilisation de tout ce qui est extrait de la terre, en particulier les ressources énergétiques. Je ne me réfère à aucune religion mais au travail d’Aristote sur le vice d’avidité, l’être humain aura toujours envie de plus. La planète étant finie, nos consommations et nos productions devront l’être également. Nous ne pourrons plus vivre de la même manière d’ici quelques décennies.

P.B. : Vous avez là un discours très rationnel mais l’idéologie politique n’emprunte pas toujours les voies de la raison. Je pense à toutes ces images de catastrophes naturelles diffusées à la télévision pour étayer la thèse du réchauffement climatique : la banquise qui s’effondre, la désertification… J’entends les médecins moliéresques du Malade imaginaire crier au poumon, aujourd’hui c’est le réchauffement climatique. Sans nier le réchauffement, je me demande Lire la suite

Europe écologie : Manifeste pour un nouveau cours écologique et social

europe-ecologie.fr, octobre 2010

http://www.europe-ecologie.fr/2010/09/20/manifeste-pour-un-nouveau-cours-ecologique-et-social/comment-page-6/#comments

Manifeste pour un nouveau cours écologique et social

L’humanité est aujourd’hui devant un choix qui détermine son avenir. Un choix à assumer collectivement et qui requiert, en outre, l’implication de chacune et de chacun. Sous l’impact d’un système aveuglément productiviste et violemment inégalitaire, le train du progrès s’égare. Il faut de toute urgence le remettre sur une autre voie. C’est le sens de l’engagement des écologistes et leur responsabilité, ici et maintenant : ils refusent d’assister passivement au scénario d’une nature qui s’épuise et de sociétés qui se désagrègent ; ils veulent, en association avec les forces vives de la société et les partenaires politiques susceptibles de partager l’essentiel de leur projet, tracer une nouvelle ligne d’horizon sur la base d’une démarche de transition réaliste.

Tel qu’il s’applique, le système de création et de redistribution des richesses ne fonctionne plus. Retournement inédit qui, d’un même mouvement, précipite prédations du vivant et déchirures sociales, déséquilibres et discriminations, pollutions et récessions. Ce bouleversement majeur épuise les ressources aussi bien qu’il creuse les inégalités et déprime les consciences, dressant la biosphère contre les êtres humains et les êtres humains entre eux. Au point que le spectre d’un collapsus historique sans précédent hante l’avenir : celui d’un déclin écologique, économique et social brutal et simultané.

Néanmoins, une aspiration grandissante à refuser la défaite de l’Homme émerge partout dans le monde.

Une multitude d’initiatives entame le modèle dominant et ouvre des voies nouvelles. C’est l’autre visage de la mondialisation et il concerne tous les peuples, toutes les cultures. De nombreux acteurs et actrices de la société et des communautés locales cherchent et trouvent des issues. Ils interviennent dans toutes les couches de la société. Ce sont souvent ceux et celles que la crise fragilise en premier. Ils résistent, s’organisent, innovent, multiplient les initiatives. Chacun et chacune à leur façon, dans leur discipline, leur quartier ou leur village, ils esquissent les contours d’une alternative globale porteuse d’avenir. Des hommes et des femmes luttent et s’engagent, et c’est le seul espoir tangible, le seul point d’appui pour inverser le cours des choses.

Un choc sans précédent

Car les crises n’ont plus de limites. Elles surgissent dans tous les domaines de l’environnement et des activités. Elles se cumulent et s’alimentent pour mettre à nu un système en déroute. Nous sommes parvenus à ce moment clé où la croissance, moteur de l’histoire moderne, a atteint la frontière du possible. L’insoutenable est là, inscrit dans les réalités physiques de la planète et les souffrances des populations : les modes de production et les standards de vie, indexés sur l’imaginaire de la démesure et la boulimie des privilégiés, soumis à la surenchère de la marchandisation et de l’endettement massif, entraînent une consommation de ressources excédant leurs capacités de renouvellement. Elles provoquent un déséquilibre majeur des fondamentaux de la vie et de la culture.

Les conséquences sont sans appel : les modèles économiques et les pactes sociaux d’hier ne résistent pas aux sols qui s’épuisent, aux fleuves et aux mers qui se dépeuplent, aux forêts qui reculent et aux déserts qui avancent, aux séquences brutales d’inondations et de sécheresses, à la disparition des biotopes et à l’érosion de la diversité des espèces, à l’empoisonnement des airs et des eaux.

Déjà, dans les prémisses du chaos énergétique, climatique, alimentaire et sanitaire, dans la mise à sac des biens communs et publics que les logiques financières et marchandes provoquent, un nouveau monde émerge avec Lire la suite

« Nos enfants nous accuseront », « Severn », l’ode à la vie en guerre contre l’agriculture intensive

sudouest.com, Patrick Guilloton, le 17 octobre 2010

 http://www.sudouest.fr/2010/10/17/severn-l-ode-a-la-vie-214142-1391.php

« Severn », l’ode à la vie en guerre contre l’agriculture intensive

Le cinéaste Jean-Paul Jaud est parti en guerre contre l’agriculture intensive. Son second film sur ce sujet, tourné en partie dans notre région, tape juste. Et fort.

Tous les amateurs de football connaissent Jean-Paul Jaud, l’homme qui, aux débuts de Canal+, a apporté une vraie révolution dans l’art et la manière de retransmettre les matches.

Par contre, beaucoup d’entre eux ignorent que cet individu entier a toujours refusé de devenir salarié de la chaîne, tenant trop à sa liberté. Une liberté lui ayant permis de mener à sa guise son métier de cinéaste et de réaliser nombre de documentaires basés sur la même trame, celle des saisons. Sa série des « Quatre saisons » l’a conduit dans maints univers : le bassin de Marennes-Oléron, pays de son enfance, les cuisines du chef étoilé Guy Savoy, les vignes et les chais de Château d’Yquem.

Il s’est également penché avec délice sur les variations de la vie d’un berger pyrénéen, selon que le soleil brille ou que tombe la neige. Le berger de Jaud, devenu son ami, avait une drôle d’habitude. À longueur de temps, il se régalait d’oignons crus cultivés dans son propre jardin, sans autre ajout qu’un compost naturel. Le cinéaste, séduit par ce régime, a pris l’habitude, dès son retour à Paris, de faire provision d’oignons au supermarché du coin.

Le jour où il a appris qu’il souffrait d’un cancer, il a hurlé à l’injustice. Comment un homme comme lui, incapable du moindre excès de table, sobre comme un chameau, non-fumeur, sportif, avait-il pu être ciblé par la maladie ? Au fil de ses discussions avec les médecins, il s’est persuadé – et on ne lui a pas dit le contraire – que les produits chimiques de l’agriculture intensive déversés sur sa plante potagère préférée étaient la cause de son malheur. Il s’est soigné. On lui a assuré qu’il était guéri. Il a alors pu entamer sa croisade. Avec son arme de destruction massive : sa caméra.

Succès inespéré

C’est ainsi que, voilà deux ans, est sorti « Nos enfants nous accuseront », terrible réquisitoire contre les pesticides, les herbicides et autres saloperies du même tonneau. En fait, un film d’espoir, puisque son fil rouge racontait l’arrivée tranquille des produits bio à la table de la cantine scolaire de Barjac, petit village du Gard. Quel contraste avec les images d’agriculteurs déversant des tonnes de produits toxiques sur leurs arbres fruitiers et venant confier en pleurant qu’après chaque épandage, ils étaient victimes de saignements de nez des semaines durant. Ce documentaire a réalisé une performance formidable. Un succès inespéré : 300 000 entrées pour une sortie avec seulement vingt copies dans toute la France ! Preuve que lorsque le bouche-à-oreille s’y met…

Le 10 novembre prochain, une nouvelle attaque virulente est programmée avec la sortie du second étage de la fusée, un film titré « Severn, la voix de nos enfants ». Mais, déjà, Lire la suite

Geneviève Azam – Nous vivons plus qu’une convergence de crises, l’effondrement est déjà là

Nous vivons plus qu’une convergence de crises, l’effondrement est déjà là

bastamag.net,  Agnès Rousseaux, le 13 septembre 2010

http://www.bastamag.net/article1174.html

Nous vivons plus qu’une convergence de crises, l’effondrement est déjà là

Crise après crise, le système capitaliste semble perdurer. Spéculation financière, dégâts environnementaux et inégalités mondiales repartent de plus belle. Et pourtant… Pour Geneviève Azam, économiste et co-présidente du conseil scientifique d’Attac, les illusions d’un monde aux ressources infinies et à la croissance illimitée sont tombées. Le modèle capitaliste n’est plus porteur de rêves. Un nouveau rapport au monde émerge, aux contours encore incertains. Réussira-t-il à opérer la transition vers un « postcapitalisme civilisé » ? Entretien avec l’auteure du livre « Le temps du monde fini ».

Basta ! : La succession des crises – financière, sociale, écologique… – n’entraînent toujours pas de changements radicaux au sein du système capitaliste. Faut-il attendre son effondrement total pour que ce modèle soit remis en question ?

L’effondrement est déjà là. Nous vivons plus qu’une crise, plus qu’une convergence des crises, mais l’imbrication de toutes les crises. Des émeutes de la faim viennent de nouveau d’éclater au Mozambique. Un tel événement est quasiment impensable dans nos sociétés ! Ces émeutes sont le résultat d’un modèle agricole productiviste et de la spéculation sur les produits agricoles, sur les terres, donc du système financier. C’est également une conséquence de la crise écologique, avec le réchauffement climatique, et de la crise énergétique, avec le développement des agrocarburants pour remplacer le pétrole. Chaque manifestation de l’effondrement que nous vivons combine toutes ces crises.

Nous nous acharnons à repousser toute limite. C’est, selon vous, ce qui caractérise deux siècles d’histoire économique. Sentez-vous une prise de conscience de la rareté, voire de la finitude, de nos ressources et des limites intrinsèques à notre planète ?

Si on fait l’hypothèse que le capital technique peut se substituer indéfiniment au capital naturel, il n’existe effectivement aucune limite. La pensée économique reste prisonnière de cette hypothèse, et de celle de la réversibilité du temps, du possible retour en arrière. La crise écologique montre au contraire que des phénomènes irréversibles, que des destructions définitives sont à l’œuvre. Depuis une vingtaine d’années, les mouvements sociaux ont pris conscience de ces limites. Une expertise citoyenne s’est peu à peu construite sur l’énergie, les semences ou le climat, démontant l’illusion que la technique pourrait remplacer ce qui est détruit.

Les théories économiques oublient la nature. Quand elle est prise en compte, on parle « d’externalités ». On lui attribue un prix comme s’il existait une mesure commune entre nature et marchandises. Cela me gêne. Fixer un prix laisse penser qu’une compensation est possible, qu’il suffit de payer. Certaines dégradations sont irréversibles, et payer ne remplacera jamais les pertes. Parler d’externalités est aussi très révélateur, comme si c’était juste quelque chose de regrettable. C’est le processus lui-même qui doit être modifié et pas simplement ses effets « regrettables ».

Ne risque-t-on pas de s’enfermer dans une gestion économique de la crise écologique, avec, par exemple, le « marché des droits à polluer » ou le principe pollueur-payeur ?

Donner un prix à des pollutions traduit une prise de conscience. Il est logique que ceux qui abiment l’espace public pour des motifs de rentabilité privée soient Lire la suite

Territoires en transition : un chemin d’auto-organisation de la société

TERRITOIRES EN TRANSITION : UN CHEMIN D’AUTO-ORGANISATION DE LA SOCIETE

alterautogestion.blogspot.com, Joël MARTINE, Marseille, août 2010

http://alterautogestion.blogspot.com/2010/09/territoires-en-transition-un-chemin.html

Parti de petites villes anglaises en 2006, le mouvement des Territoires en transition est une méthode de l’action collective nouvelle et prometteuse en réponse au pic pétrolier et au dérèglement climatique. On demande aux gens de s’interroger sur ce qu’ils peuvent faire avec les ressources existant autour d’eux sur un territoire précis, et pouvant être mises en œuvre sans attendre des décisions des pouvoirs publics (mais en créant le rapport de force qui rendra ces décisions possibles). Par cette prise de conscience et cette prise en main collective de la vie locale, les gens sortent de l’alternance entre insouciance irresponsable et angoisse paralysante.

Il est décisif que cette démarche soit reprise par les citoyens, les collectifs militants, et les élus : c’est une approche pragmatique qui pourrait transformer les conditions mêmes de l’action politique et contribuer à débloquer l’auto-transformation de la société.

Le point de départ n’est pas un parti pris idéologique, mais la force d’une évidence : le pic pétrolier qui est maintenant sous nos yeux provoquera tôt ou tard, mais bientôt, un traumatisme dans la vie de nos sociétés ou tout est dépendant du pétrole : hausse des prix de l’essence et de l’électricité, rupture des approvisionnements alimentaires qui à l’heure actuelle passent par des trajets de longue distance, fermeture d’entreprises, paupérisation rampante ou galopante d’une grande partie de la population, spirale de récession, et développement de logiques politiques ségrégationnistes et autoritaires.

D’autre part, faire comme si on pouvait repousser le pic pétrolier en relançant, même provisoirement, l’exploitation des énergies fossiles (par exemple les forages pétroliers dans le grand nord), ne fait qu’enfoncer le monde dans une autre crise, encore plus grave, qui est le dérèglement climatique. Au contraire, une « décarbonisation » de l’économie (sobriété énergétique, relocalisation de la production, énergies renouvelables, etc.) permettrait à la fois d’amortir les dommages du pic pétrolier et de diminuer radicalement les émissions de gaz à effet de serre.

Donc des alternatives existent. Mais dans l’ensemble ni le système de production ni les consommateurs n’ont été préparés à une transition en douceur vers l’après-pétrole, car les décideurs économiques, pris dans une compétition incessante, guidés par le profit capitaliste ou par la maximisation de la puissance des Etats, misent toujours et encore sur la croissance des richesses et des moyens de pouvoir qui sont à leur disposition à court terme et qui sont massivement pétro-dépendants. C’est pourquoi le pic pétrolier aura inéluctablement des aspects de catastrophe.

Il faut donc, et c’est là l’apport original de la démarche dite « en transition », que la société se prépare à tenir le coup face à des changements brutaux ; qu’elle acquière un pouvoir sur elle-même pour anticiper son auto-transformation, et cela est possible dès à présent par l’auto-organisation à l’échelle locale. En positif, c’est l’occasion de rompre avec Lire la suite

Appel aux associations pour participation au Forum Alterrnativa le 10/10/10 à Bayonne, Bordeaux , Pau…

​Collectif Copenhague, communiqué, septembre 2010

Appel aux associations pour participation au Forum Alterrnativa le 10/10/10 à Bayonne, Bordeaux , Pau…

Votre travail représente une des nombreuses alternatives concrètes  existant dés aujourd’hui et préfigurant le monde de demain, la société que nous voulons et devons construire si nous voulons éviter le pire en matière de changements climatiques.

​C’est à ce titre que nous avons le plaisir d’inviter votre association à être présente au forum ALTERNATIVA qui sera organisé à Bordeaux, comme à Bayonne, Dax, Pau… le dimanche 10 octobre 2010 dans le cadre de la journée internationale de mobilisation pour le climat du 10/10/10 http://www.350.org/fr en perspective des négociations de Cancun en décembre.

​Alternativa constituera un espace de transition vers le monde de demain. Il aura lieu à Cap Sciences, au Hangar 20, quai de Bacalan à Bordeaux.

​On pourra ainsi voir quelles sont les réalisations et alternatives concrètes (AMAP, jardins partagés, agriculture paysanne, écoconstruction, autopartage, commerce équitable, éducation à l’environnement, économies d’énergie, déplacements doux, pédibus, banque éthique, recyclerie…) permettant dès aujourd’hui à chacun (individus, collectivités, associations et entités diverses) de diminuer concrètement ses émissions de gaz à effet de serre.

​Les participants découvriront quelles pratiques alternatives existent et s’engageront à en adopter une, ou deux, ou trois dans l’année qui vient.

​Cet espace sera également un lieu d’échanges, de rencontres, de convivialité, agrémenté d’animations musicales, de spectacles de rue… Tout cela aura des allures à la fois de fête et de mobilisation populaire, de village post-carbone et convivial, de salon des alternatives existantes…

Nous proposerons des Lire la suite

Preignac (Sauternais) le Samedi 25 septembre : Colloque sur la biodiversité du Ciron ainsi que sur la viticulture et les écosystèmes

http://www.domaine-de-la-chapelle.org/Colloque-de-Septembre.html

domaine-de-la-chapelle.org, communiqué, septembre 2010

Colloque de Septembre

Le Domaine de la Chapelle organise un colloque en deux volets, le samedi 25 septembre 2010 après-midi, sur la gestion de la biodiversité du Ciron, ainsi que sur la viticulture et les écosystèmes.

Invité d’Honneur : L’Espagne

Le colloque se tiendra sur le Domaine de la Chapelle dans le Sauternais (voir plan d’accès). L’accès au colloque est gratuit et, si vous désirez avoir le temps de faire plus de rencontres, il vous est possible de rester aux repas en l’échange d’une participation aux frais (voir plus bas). A noter que les vins cités dans la journée seront dégustés au repas du soir et présentés par leurs producteurs.

A noter que les personnes intéressées ayant une famille et des enfants en bas âges peuvent venir accompagnés. Une animatrice détenant le Brevet d’Animation délivré par Jeunesse & Sports prendra en charge les enfants à proximité immédiate et ceux-ci seront occupés intelligemment à des activités de découverte de la nature pendant que vous pourrez suivre tranquillement les échanges du colloque.

Programme

ACCES GRATUIT MAIS RESERVATION OBLIGATOIRE : Pour pouvoir entrer sur les lieux, réservation sur ce lien

La première présentation démarrera à 13h45 (Attention ! Accueil entre 13h00 et 13h30). Après une pause de 16h15 à 16h30, la deuxième partie durera jusqu’à l’apéritif à 18h00, offert par la Mairie de Preignac.

13h00 : Accueil

Plan d’accès voir cette page.

Contact téléphonique en cas d’urgence : 09 53 08 91 95.

RESERVATION OBLIGATOIRE SVP : Réservation sur ce lien

13h45 : « Deux décennies d’investissement dans les écosystèmes autour de la vigne, et description des retours sur investissement obtenus en échange. » (Cette présentation fera l’objet de plusieurs dégustations organisées au repas du soir), Par Monsieur Frances CAPAFONS, Celler Mas de Masos de Capafons Osso, AOC Priorat, Celler Masia Esplanes, AOC Montsant (Tarragona-Falset), Catalogne, Espagne, http://www.capafons-osso.com

14h30 : « Retours d’expérience sur l’usage des haies et des arbres comme soutien à la bonne santé des vignes et à la diminution des dépenses de traitement », par Monsieur le Vicomte Loïc de ROQUEFEUIL, Château de Castelneau, Entre-Deux-Mers, Bordeaux, France, http://www.chateaudecastelneau.com

15h00 : « Lutte intégrée et écologique contre les insectes ravageurs et les champignons de la vigne ; comment augmenter la qualité de son vin par les écosystèmes. Projets réalisés, en cours et à venir. », par Monsieur Xavier PLANTY, Maîtrise de Sciences et Oenologue, Directeur et copropriétaire du Château GUIRAUD, Sauternes, France, http://www.chateauguiraud.com

15h30 : « Techniques d’études et d’observations du sol d’un vignoble et applications sur la gestion des potentialités viticoles » (Cette présentation fera l’objet d’une démonstration sur coupe du sol en fosse creusée la veille au pied des vignes voisines), par Jérôme GOUIN, Pédologue, Consultant GéoSolEau, Président du Centre de Séjours Scientifiques Europe au sein de l’ONG Objectif Sciences International, Suisse, France, http://www.objectif-sciences-intern…

16h00 : Pause

Crême glacée « maison » offerte par le Domaine de la Chapelle

16h30 : « La vallée du Ciron : un ’hot-spot’ de la biodiversité en Aquitaine », par Alexis DUCOUSSO, ingénieur de recherche à l’Unité de Recherche de Génétique et d’Amélioration des Arbres Forestiers, Station de Recherche Forestière de Bordeaux-Cestas de l’INRA, France, http://www.inra.fr/

17h00 : « Les raisons économiques de protéger et augmenter la biodiversité, exemples et débats », en partenariat avec Lire la suite

Lagraulet-du-Gers – Projet de centre d’accueil écologique

sudouest.fr, Franck Meslin, le  27 août 2010

http://www.sudouest.fr/2010/08/27/un-centre-ecologique-pour-retrouver-le-bonheur-dans-le-pre-170401-736.php

Un centre écologique pour retrouver le bonheur dans le prè

Anne Gouyon va construire un centre d’accueil pour développer l’écologie positive.

Après dix ans en Asie du Sud-Est à développer des projets d’agriculture durable, l’ingénieure agronome Anne Gouyon est arrivée dans le Gers, en octobre 2009, un peu par hasard. «Je recherchais un lieu dans le Sud où installer un centre d’expérimentation et de transmission du concept d’écologie positive, lorsque j’ai revu le film Le bonheur est dans le prè», raconte-t-elle amusée.

Séduite, la jeune femme pose ainsi ses valises à Lagraulet-du-Gers avec sa famille pour y réaliser son vieux projet. Le couple y achète 18 hectares de terres agricoles, dont 6ha de bois et 7 ha de surfaces constructibles pour y ériger un éco-centre. «L’ambition de ce lieu est avant tout de mettre mes recherches en pratique, de témoigner de ce qui est possible et d’y former ceux qui voudront y venir», explique la jeune femme.

Une maison positive

Dans un premier temps, le couple y construira sa propre maison à partir des quelques murs en ruine d’une bâtisse, selon les techniques d’éco construction. «Les bâtiments seront le premier témoignage d’une autre voie et devront produire plus d’énergie qu’ils n’en consomment».

Le temps de ce premier chantier sera l’occasion pour Anne Gouyon d’affiner le contenu de son éco centre en rencontrant les acteurs locaux de l’environnement, l’artisanat, l’agriculture et le tourisme afin que son offre soit adaptée aux besoins. Déjà ses champs produisent du chanvre pour initier une filière locale d’isolation écologique des habitations. Un potager bio y donnent également de beaux légumes et pourra servir de lieux d’apprentissage des règles du jardinage bio.

Baptisé l’Orta Nou (le jardin neuf, en occitan), l’éco centre d’Anne Gouyon invite chacun à «cultiver son jardin» pour «tisser une relation positive avec notre environnement».

Des colos dès 2011

Déjà la Stéphanoise a tissé des liens avec des associations condomoises œuvrant dans la même direction, telle que Gascogna Terra ou le salon Bio Gascogne. D’autres sont en cours de réflexion, notamment avec l’équipe de l’ancien Carmel de Condom.

Spécialiste en agroforesterie, l’ingénieure agronome souhaite également démontrer dans ce centre son Lire la suite

La révolution verte version californienne – A la ferme avec les adeptes du « wwoof »

lemonde.fr, Olivier Guez, Covelo (Californie), envoyé spécial, le 29 août 2010

La révolution verte version californienne

http://abonnes.lemonde.fr/ameriques/article/2010/08/29/la-revolution-verte-version-californienne_1403353_3222_2.html

Wwoof ou World Wide Opportunities for Organic Farms, un réseau de fermes écolo, place des bénévoles dans le monde entier.

Mon véhicule s’avance lentement. Deux chiens surgissent au détour d’épaves de motos et d’une ruine de caravane rouillée. Me voici arrivé à la ferme que je cherche depuis des heures : la communauté Live Power à Covelo, à 200 km au nord de San Francisco.

Un gaillard en chemise à carreaux m’attend sur le perron. Stephen Decater me serre vigoureusement la main. En plein soleil, nous prenons place autour d’une longue table et sa femme nous rejoint aussitôt.

Gloria porte un short, ses pieds sont nus et ses cheveux grisonnants un peu ébouriffés. Les molosses rôdent autour de nous ; des poules folâtrent sous la table. Je leur explique que mon voyage a duré 25 heures, qu’US Airways a perdu mes bagages, que je n’ai pas fermé l’œil de la nuit.

Il fait vraiment très chaud. Je rêve d’un verre d’eau mais ne demande rien, je ne veux pas les interrompre : Stephen et Gloria ont commencé à parler de leur ferme, de leurs chevaux de trait, de leur vallée d’où les OGM sont bannis, de leurs trois fils et de leurs deux chiens qui sont très gentils, m’assurent-ils.

Je ne les écoute que d’une oreille et ne pense qu’à trouver un coin d’ombre. Mais Stephen suggère de visiter les 16 hectares de l’exploitation et de rencontrer les stagiaires.

NYMPHETTES ET NÉOHIPPIES TECHNOPHILES

Nous croisons d’abord Elijah à qui je m’apprête à serrer la main chaleureusement – il me laisse sa chambre – quand je m’aperçois que son bras droit s’achève par un moignon. Devant la grange s’affaire Lou, le charpentier, dont le torse rougi est barré d’une impressionnante cicatrice. Puis nous nous approchons d’un petit bataillon qui bêche la terre, silencieux et appliqué sous les chapeaux de paille. Stephen me propose de les aider. Je décline poliment. La tête me tourne.

Je suis allé à la rencontre de nymphettes sorties de Berkeley, et de néohippies technophiles venus se rendre utiles le temps d’un été dans une fermette bio de Californie. Un mouvement en vogue aux Etats-Unis, en cette période de crise. La branche américaine du Wwoof, la World Wide Opportunities for Organic Farms, un réseau de fermes écolo qui place des bénévoles dans le monde entier, m’avait chaudement recommandé la communauté Live Power, un « endroit très spécial, biodynamique« . Moi qui savais depuis peu que les navets ne poussent pas dans les arbres, j’étais curieux et quelque peu sarcastique aussi. « Un été chez les Wwoofs », le titre était déjà tout trouvé pour mon enquête.

Sur le drap Mickey délavé du lit étroit où je me suis allongé, je ne ris plus du tout. La chaleur est étouffante, mon portable ne capte aucun réseau, le sol est poussiéreux et le bruit assourdissant de la tronçonneuse de Lou berce mes noires pensées. Faute de trouver le sommeil, je vais faire plus ample connaissance avec Gloria.

« Stephen et moi étions tous les deux assistants d’Alan Chadwick, un célèbre jardinier anglais, ici à Covelo. Nous nous sommes rencontrés en 1977. Stephen travaillait déjà dans cette ferme ; nous l’avons peu à peu développée puis achetée dans les années 1990. Chadwick avait enseigné la biodynamie à Stephen, selon les principes de son théoricien Rudolf Steiner : une ferme est un organisme vivant, il faut travailler à le rendre le plus diversifié et le plus autonome possible. »

Pour le sensationnel, j’aurais aimé que Gloria et Stephen eussent une jeunesse californienne agitée. Qu’il ait été un partisan des Black Panthers ou un ancien Hell’s Angel reconverti dans le bio pour expier ses péchés ; qu’elle ait connu Charles Manson ou entretenu une liaison avec un membre des Doors, de préférence Ray Manzarek. Elle fait non de la tête : à 20 ans, ils ne s’épanouissaient que dans la nature.

Sont-ils d’anciens hippies, alors ? Même pas. S’ils partageaient l’idéal beatnik du retour à la terre, ils n’avaient aucune sympathie, mais absolument aucune, insiste-t-elle, pour les drogues. Il est 19 heures ; la cloche qui marque la fin des travaux de la journée retentit, mettant un terme à cette étrange conversation.

LES MAINS DANS LE FUMIER

Exceptionnellement, les apprentis dînent au bord de rivière Eel. Je retrouve Elijah, Mike, un barbu petit mais costaud, ancien de l’US Navy – vétéran de la guerre du Kosovo –, qui joue de la guitare, et Kim, sa compagne, 27 ans, mollets roses, cuisses blanches. Elle est diplômée de Yale, en littérature hispanique et a fait du « wwoofing » en Argentine : « Ça m’a fait réfléchir à mon style de vie et à ma relation à la nature », affirme-t-elle.

En début d’année, ils sont partis, en voiture, en direction de Lire la suite

Permaculture – Révolution permanente en Normandie

politis.fr, Philippe Chibani-Jacquot, le 26 août 2010

http://www.politis.fr/Revolution-permanente-en-Normandie,11302.html

Révolution permanente en Normandie

Depuis deux ans, la Ferme du Bec-Hellouin, dans l’Eure, expérimente la permaculture. Un modèle écologique fondé sur la régénération continue de la fertilité des sols, très peu pratiqué en Europe. Reportage.

Vu du ciel, le jardin principal de Charles et Perrine Hervé-Gruyer fait penser à un délire de paysagiste. Des dizaines de variétés de légumes et de plantes médicinales poussent dans un joyeux mélange apparent sur de longues buttes de terre disposées en cercles concentriques. Un lit de paille – le mulch – recouvre le sol d’une toison dorée qui contraste avec le vert charnu des salades, le bleu violacé des fleurs de bourrache ou le vert profond des courgettes et de la menthe poivrée. Accroupi au milieu de cette abondance estivale, Charles Hervé-Gruyer plonge une main dans la terre qui se cache sous son mulch : si moelleuse et fraîche qu’elle donne envie d’y enfoncer tout le bras. Il n’est pas onze heures du matin, la chaleur est déjà pesante. La canicule sévit depuis une dizaine de jours et pourtant le jardin de 800 m2 n’a eu besoin que d’un peu d’eau. « L’été dernier, nous n’avons pas arrosé du tout », se rappelle Charles. Le mulch fonctionne comme un manteau qui retient l’humidité dans le sol. En se décomposant, il le fertilisera. « Et ça sent la forêt. »

C’est plus qu’une sensation. La permaculture, technique agricole révolutionnaire que pratiquent les Hervé-Gruyer dans leur ferme biologique de l’Eure, consiste en premier lieu à redonner au sol le fonctionnement naturel d’une terre de forêt. Les végétaux en décomposition enrichissent l’humus en matières organiques. La faune du sol (lombrics, acariens…) remue et aère la terre en participant à cette décomposition. Point de labour, donc. « Chaque fois qu’on retourne une terre, on favorise l’oxydation de la matière organique, ce qui se traduit par une perte de carbone, explique Charles. Alors que notre pratique fonctionne comme un piège à carbone, qui entretient le taux de matière organique du sol, et sa fertilité avec. » Du coup, les tiges et feuilles des légumes récoltés sont souvent abandonnées au sol. « Elles seront boulottées par les lombrics, qui rapportent sous terre de quoi l’enrichir. » Le couple, depuis 2006, cultive 1,2 hectare de terres au Bec-Hellouin. Un village prisé des touristes pour son abbaye millénaire et ses maisons typiquement normandes. Installée de part et d’autre de la rivière le Bec, la ferme ne dépare pas le décor avec ses toits de chaume, son portail en bois et son four à pain qui exhale le parfum de miches craquantes tous les mardis. Séduisant comme un caprice de néoruraux qui auraient englouti leurs économies pour jouer aux paysans…

Mais les résultats sont là. Après deux années de tâtonnements, Charles et Perrine découvrent la permaculture au gré de leurs lectures : « une quasi-révélation » pour Perrine. En 2010, deuxième année de récolte depuis cette conversion, « nous atteignons quatre-vingts paniers [1] de fruits et légumes par semaine sur un demi-hectare effectivement cultivé », annonce Charles. Une productivité trois fois supérieure à celle communément constatée chez un maraîcher bio classique. Cela s’explique notamment par Lire la suite

Les revues écologistes françaises : S!lence, Ecorev, L’écologiste, La Revue durable et Entropia

lemonde.fr, Hervé Kempf, le 11 août 2010

http://abonnes.lemonde.fr/idees/article/2010/08/11/les-ecologistes-c-est-le-bouquet_1397910_3232.html

27/30 Les écologistes, c’est le bouquet

Une revue écologiste, une seule ? Impossible. Cela ne peut être qu’un bouquet, une flore sauvage, des adventices poussant au bord des autoroutes de papier, des fleurs inattendues prospérant sur le compost de projets évanouis. Car depuis quelques années, la réflexion écologiste a refleuri et, si elle ne connaît ni gros tirages ni forte visibilité – les milieux dits intellectuels ne s’intéressant pas réellement à la thématique -, elle manifeste une vitalité revigorante. En même temps, aucune n’émerge réellement comme le donneur de ton du débat écologique. Elles composent ensemble un paysage chatoyant et assez cohérent, mais où aucun relief accusé n’émerge vraiment.

A mi-chemin entre le journal, la revue et l’expérience militante, S ! lence mérite la palme de la ténacité : lancée en 1982 au moment d’un vif reflux de l’écologisme en France, elle a toujours assuré une parution mensuelle marquée par un dossier thématique complété d’une multitude de petites informations. S ! lence a bien souvent été la première à repérer des thèmes émergents dans la communauté écologiste radicale avant de connaître une assez large fortune publique. Elle a ainsi lancé la thématique de la décroissance, en février 2002, reprise avec succès ensuite par le journal La Décroissance, lancé en 2004. S ! lence diffuse près de 5 000 exemplaires, surtout par abonnements. Issue, de son côté, de militants des Verts, Ecorev a publié son premier numéro en janvier 2000, sous le parrainage d’André Gorz, après un numéro zéro consacré à « Survivre au capitalisme ». Elle est née, selon Jérôme Gleizes, un de ses animateurs, d’un « refus de l’écologie d’accompagnement » incarnée par Dominique Voynet, lors de son passage dans le gouvernement de Lionel Jospin. « Nous allons des écologistes de gauche à des décroissants qui ne veulent pas se positionner à gauche. » La revue trimestrielle, animée par des normaliens ou des universitaires, se définit comme « revue critique de l’écologie politique« , selon son sous-titre, plutôt que théorique. Elle recherche – et obtient – une bonne lisibilité, par des articles concis, sans lourd appareil de notes, et souvent illustrés. Cette volonté pédagogique a fait d’Ecorev l’explorateur de thématiques transversales (le corps, la démocratie, la science, l’histoire de l’écologie, la mondialisation, la décroissance…). Mais ce choix rédactionnel l’a conduite à délaisser des interrogations plus concrètes du débat politique ou économique, si bien que la revue semble parfois en apesanteur par rapport au combat des idées. Ses scores sont modestes mais réguliers, avec une diffusion moyenne de plus de 500 exemplaires.

C’est aussi en 2000 qu’est né L’Ecologiste, version française du mensuel The Ecologist fondé par Teddy Goldsmith, en 1970. Trimestriel, L’Ecologiste a tout de suite pris, tout en se présentant comme un magazine (couverture en couleurs, format A4), une forme de revue centrée sur un dossier écrit par des auteurs souvent scientifiques, et intégrant nombre d’articles traduits de l’anglais. Animé par Thierry Jaccaud, L’Ecologiste a pris son autonomie par rapport à son parrain britannique, tout en restant sur la ligne d’une écologie naturaliste, portant une grande attention aux questions de biodiversité, de forêts, d’agriculture, mais aussi de santé ou de pesticides. Diffusant à plusieurs milliers d’exemplaires, la revue doit trouver un nouveau souffle après le décès de son fondateur et mécène, Teddy Goldsmith, en août 2009.

Fondée en 2002, à Genève, par Susana Jourdan et Jacques Mirenowicz, La Revue durable, sous une forme assez comparable à L’Ecologiste (aspect magazine, un dossier central par numéro), a progressivement gagné une visibilité en adoptant un angle axé sur la question de l’intégration des pratiques écologiques dans les sociétés modernes. S’intéressant davantage à l’économie qu’à la nature, La Revue durable cherche un équilibre entre le pragmatisme du « développement durable », honni par nombre d’écologistes comme un faux nez du capitalisme, et la radicalité des choix qu’impose la crise écologique. Cela compose des numéros intéressants et bien informés de l’état des questions traitées, mais où la dimension conflictuelle des choix sociaux semble évacuée.

Dernier venu dans le champ de la réflexion écologiste, Entropia est née, en novembre 2006, avec un premier numéro consacré à « Décroissance et politique ». La revue, lancée par Jean-Claude Besson-Girard, Serge Latouche, Alain Gras, Agnès Sinaï, et d’autres, affichait une ligne claire définie par son sous-titre : « Revue d’étude théorique et politique de la décroissance« . Editée par la maison d’édition Parangon à raison de deux numéros par an, Entropia assume l’austérité de sa présentation : « Les mots sont importants », résume son principal animateur, Jean-Claude Besson-Girard. Entropia poursuit son chemin avec ténacité, s’interrogeant au fil des numéros sur « Crise éthique, éthique de crise ? », « L’effondrement : et après ? » ou « Territoires de la décroissance », attirant parfois des signatures situées hors du champ de l’écologie comme Zygmunt Bauman ou Hervé Le Bras.

Si l’on en croit le paysage intellectuel dessiné par les revues, la réflexion écologique va à rebours des politiques concrètement mises en place par les gouvernements sous l’étendard du développement durable. Il n’y a guère pour défendre celui-ci que Terra Eco, sous-titré « mensuel du développement durable », qui se présente comme un magazine sans ambition intellectuelle. En ce sens, l’écologie reste une pensée du Lire la suite

Pourquoi le PS est incapable de comprendre les enjeux environnementaux auxquels nous sommes confrontés ?

developpementdurable.com, Propos recueillis par Yann Cohignac, le 30 décembre 2009

http://www.developpementdurable.com/interview/2010/08/I72/eric-loiselet.html

Eric Loiselet, tête de liste Europe Ecologie en Champagne-Ardenne pour les régionales de 2010

Consultant expert dans le développement durable et la RSE, Eric Loiselet a longtemps bataillé au sein du PS pour intégrer l’écologie politique à gauche. Il fut cofondateur du Pôle écologique du parti puis secrétaire national adjoint à l’environnement. Avant de renoncer à son engagement socialiste, lassé par les atermoiements de la rue Solferino, pour rejoindre Europe Ecologie en octobre. Aujourd’hui, il est membre du CAP (Comité d’animation et de pilotage) national du rassemblement écologiste et tête de liste en Champagne-Ardenne pour les élections régionales de 2010. Sans concession avec le PS, il nous parle de son parcours politique, des raisons qui l’ont poussé à entrer chez Europe Ecologie, des actions du gouvernement, et de son programme pour les régionales.

Developpementdurable.com : Consultant expert dans le développement durable et la RSE, vous avez aussi décidé de mener une carrière en politique. Pourquoi cette décision ?

Eric Loiselet : C’est pour moi la poursuite d’un itinéraire citoyen : j’ai été assez jeune engagé politiquement. Ma première carte dans un parti, je l’ai prise en 1979, au PS, à l’époque où il était en pleine ascension puisque c’était deux ans avant la victoire historique de François Mitterrand aux élections présidentielles (mai 1981). J’y suis resté jusqu’en 1992-1993. J’ai ensuite quitté la vie politique militante pendant une dizaine d’années pour me consacrer à mon métier et pour fonder une famille. Avant de renouer avec l’engagement politique au travers d’un club, le Cercle Galilée. J’y ai travaillé sur une thématique qui correspondait à une mon expertise professionnelle : la Responsabilité sociale des entreprises (RSE). Ce club avait la vocation de réfléchir à la manière d’actualiser le logiciel intellectuel et socialiste en prenant en compte la question posée par les mouvements altermondialistes : comment envisager une nouvelle régulation de l’activité des entreprises en prenant plus largement en compte la question des impacts environnemental, social et sociétal de leur activité ? J’ai alors eu l’occasion de travailler sur la préparation de ce qui a été l’article 116 de la loi NRE, dans la zone grise qui précède la décision politique où des professionnels sont consultés pour affiner les projets. J’étais déjà donc à la charnière du professionnel et du citoyen. Comme beaucoup, je voulais donner un sens à ma vie professionnelle.

Puis en 2002, après l’échec de la gauche au premier tour de la présidentielle, j’ai décidé de ré-adhérer au PS pour rejoindre directement sa sensibilité rénovatrice : le Nouveau Parti Socialiste.

dd.com : Quand avez-vous commencé à tenter de « verdir le PS » ?

E. L. : A ce moment-là. Etant donné mon activité « d’expert » au sein du Club Galilée, j’étais devenu « Monsieur écologie » au NPS. J’ai alors essayé de convaincre les socialistes de voter pour la Charte de l’environnement, sans grand succès, et j’ai mené différents combats de cette nature parce que j’avais déjà la conviction que la promesse socialiste était essoufflée : l’élection de 2002 avait clairement montré le décrochage des catégories populaires. Pour moi, il était évident qu’il fallait intégrer au parti les apports de l’écologie politique.
Puis arrivent les présidentielles de 2007 : ayant rejoint Rénover Maintenant, je participe presque machinalement à la candidature, aux primaires, de Ségolène Royal. Pour une raison simple : parmi les trois candidats (avec Dominique Strauss-Khan et Laurent Fabius), je me suis dit qu’elle était celle qui avait le mieux compris les enjeux environnementaux. Elle avait en effet gardé un souvenir de son bref passage au ministère de l’Environnement. Le début de la campagne présidentielle m’avait d’ailleurs conforté dans ma décision : la nomination de Bruno Rebelle (ex-directeur de Greenpeace) comme conseiller à l’Environnement était un choix original. C’était la première fois qu’un ancien dirigeant d’ONG était intégré à ce point dans une équipe de campagne présidentielle. On assistait à une espèce d’ouverture à d’autres filières de recrutement que les grands corps de l’Etat, des filières en phase avec les changements importants et rapides de la société.

dd.com : Expliquez-nous comment vous vous êtes rendu compte que le PS était, selon vos propres mots, incapable de comprendre les enjeux environnementaux auxquels nous sommes confrontés ?

E. L. : Cela a été un long processus : après l’échec de Ségolène Royal, je l’ai entendu dire qu’elle était pour le retour de la TIPP (Taxe intérieure sur les produits pétroliers) flottante. Je me suis dit alors, avec quelques « écolos » du parti, que tout cela commençait à bien faire ! Nous n’avions, au sein de nos différentes sensibilités socialistes, jamais réussi à convaincre au-delà de la rédaction de quelques textes témoignant d’une ouverture intellectuelle. Dès qu’il s’agissait de prendre des décisions, l’écologie politique était exclue. Nous avons donc décidé de créer le Lire la suite

La biodiversité remarquable en France : un diagnostic alarmant

journaldelenvironnement.net, Sabine Casalonga, le 3 mai 2010

http://www.journaldelenvironnement.net/article/la-biodiversite-remarquable-en-france-un-diagnostic-alarmant,17376

La biodiversité remarquable en France : un diagnostic alarmant

Plus de 50 % des espèces et près de 75 % des habitats, parmi les plus menacés d’Europe, ne sont pas en bon état de conservation en France, premier pays européen abritant cette biodiversité. C’est ce que révèle la première évaluation de la directive « Habitats » publiée par le Service d’observation et des statistiques de l’environnement (SOeS).

Les mauvaises nouvelles continuent de pleuvoir en cette année internationale de la biodiversité. Après la récente étude confirmant le recul des espèces et des écosystèmes de la planète depuis 40 ans (1), le premier bilan de santé de la directive « Habitats » ne se montre guère plus rassurant.

Seuls 1 habitat sur 6 et 1 espèce sur 5 d’intérêt communautaire sont en bon état de conservation en France, selon les résultats de cette première évaluation, publiés dans la lettre d’information du Commissariat général au développement durable, en avril. La directive de 1992 (2) à l’origine du réseau Natura 2000, vise à protéger 216 types d’habitats et 1.180 espèces considérés comme les plus menacés car en danger ou rares. Et elle oblige également les Etats membres à réaliser tous les 6 ans une évaluation de leur état de conservation. La première évaluation a porté sur la période 2001-2006.

Supervisé par le Muséum national d’histoire naturelle (MNHN), le volet français a concerné 131 habitats et 290 espèces « remarquables », sur tout le territoire métropolitain et dans les zones Natura 2000. La France est le pays de l’UE le plus concerné, avec 962 évaluations réalisées sur 2.941 en Europe.

17 % des habitats en bon état

Trois quarts des habitats évalués étaient dans un état défavorable de conservation (41 % en «mauvais» état et 35 % classé en « inadéquat ») contre 17 % seulement dans un état favorable, valeur analogue à celle observée au niveau européen. Les 3 états de conservation -« favorable », « défavorable inadéquat », « défavorable mauvais » sont établis en fonction de paramètres comme la surface estimée et la viabilité à moyen terme des habitats, ou l’état de population et de leurs habitats pour les espèces.

La région « atlantique » -qui correspond grossièrement à la moitié ouest de notre pays- est la région biogéographique la plus mal classée, avec 53 % d’habitats en mauvais état. L’agriculture et l’urbanisation du littoral sont notamment pointées du doigt. La région alpine (Alpes et Pyrénées) est en revanche Lire la suite

Du Vert dans le Rouge : renforcer la prise en compte de l’écologie mais rester à gauche.

legrandsoir.info, Christian Delarue, le 3 août 2010

http://www.legrandsoir.info/Du-Vert-dans-le-Rouge-renforcer-la-prise-en-compte-de-l-ecologie-mais-rester-a-gauche.html

Du Vert dans le Rouge : renforcer la prise en compte de l’écologie mais rester à gauche.

Pour des raisons de fond comme pour des raisons d’alliances politiques contre le sarkozysme en France il importe de relier l’écologie et le social. Pour ce faire, une maitrise politique et démocratique de l’économie est nécessaire au lieu de la laisser à la logique marchande (produire des marchandises) et capitaliste (faire du profit). Il n’y a pas de capitalisme vert dit Michel Husson (1) ! La question dépasse évidemment l’horizon national.

I – Avancer des positions théoriques conséquentes à gauche sur le respect de la nature.

1. QUELLE CROISSANCE ? QUELLE PRODUCTION ?

La gauche de gauche écologiste et socialiste (pas au sens de social-démocrate) pense qu’il faut sortir du dogme de la croissance infinie et de la production anarchique non pas pour tordre le bâton dans l’autre sens avec un dogme de la décroissance généralisée et du ne rien produire du tout mais en se posant des questions sur le contenu et les modalités de la production . Il y a toujours besoin de construire des écoles, des logements, des hôpitaux, et nombres de biens utiles. D’autres productions sont inutiles voire nuisibles. La production de voitures ne va pas baisser sans une politique sectorielle transitoire.

Pour avancer, il faut lier les deux questions celle du contenu et celle du mode de production : Si vous voulez construire moins de voitures, moins d’avions et plus de trains par exemple il faut, outre le changement d’imaginaire, surement changer le mode de production tellement les paramètres en jeux sont importants. On peut user de façon transitoire de certaines taxes pour interdire l’accès aux voitures mais cela ne portera que contre les moins solvables (qui sont nombreux) mais c’est un capitalisme dictatorial qui est alors en place ; clairement contre les intérêts du peuple. On s’en approche ceci dit. On peut aussi baisser beaucoup plus les tarifs de transport ferroviaire ce qui suppose une très forte réhabilitation des services publics et de la fiscalité pour les faire fonctionner. Même ainsi, cela ne résoudra pas toutes les questions.

En fait, il est fort peu probable que le mode de production capitaliste orienté vers a valeur d’échange et le profit sache aller vers cette orientation. Dépasser les régulations marginales suppose d’aller vers le socialisme et pour cela il faut mettre le politique et la démocratie au poste de commande, pas le marché et le capital même avec quelques régulations.

2. TOUS RICHES AU NORD ?

Faut-il faire ici la critique de l’empreinte écologique ou celle de son usage ? Si l’empreinte écologique est pertinente, il faut alors se garder d’une interprétation intégriste de cet outil d’analyse. En effet, à écouter certains écologistes, usant de l’empreinte écologique comme critère, la question de la répartition des richesses est mondiale et oppose le Nord surconsommateur au Sud insolvable. Pourtant disposer d’une automobile ne fait pas le riche dans le vécu ordinaire des travailleurs. Ce qui n’empêche pas qu’ une ville comme Londres a une empreinte écologique 120 fois supérieure à sa superficie . La répartition des richesses se pose aussi au Nord. Il faut continuer à défendre le bouclier social et fiscal des 3000 euros et moins par mois dans les pays comme la France. Cela n’empêche pas de vouloir une bonne répartition des revenus au plan mondial et un meilleur accès au services publics. Mieux, il y a tout lieu de penser que si l’égalité avance au Nord, la volonté de justice sociale grandira alors pour le Sud. Il faut enfin préciser aussi qu’il y a du nord au sud. Il y a dans de nombreux pays du sud une bourgeoisie compradores qui émarge à la mondialisation capitaliste et qui place ses fortunes en Suisse et dans les paradis fiscaux.

3. POUR UN DÉVELOPPEMENT SOCIALISTE SOUTENABLE

Le socialisme c’est la démocratisation de l’économie qui devient un moyen au lieu d’être une fin en soi, un fétiche au-dessus des humains. Le socialisme c’est Lire la suite

Energie solaire en Aquitaine : la course contre la montre

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Des poules dans les vignes du château Tour du Pas à Montagne Saint Emilion

sudouest.fr, Sarah Bourhis, le 30 juillet 2010

http://www.sudouest.fr/2010/07/30/des-poules-dans-les-vignes-150066-3009.php

Des poules dans les vignes du château Tour du Pas

Halte aux mauvaises herbes. Les poules arrivent à la rescousse et picorent même le chiendent dans les vignes du Château Tour du Pas Saint-Georges à Montagne.

L’idée était de trouver un désherbant qui pollue un minimum. Pour cela, il suffisait d’une pincée de savoir-faire et d’un grain d’imagination.

« Depuis l’hiver 2009, une dizaine de poules se baladent dans trois fonds de vignes pour nettoyer le sol », explique Pascal Berger, propriétaire du Château Tour du Pas-Saint-Georges à Montagne.

 « Cette période d’essai nous permet de mieux connaître leurs mets préférés. Sans manières, elles becquettent le chiendent, les dactyles, le ray-grass mais nous laissent le liseron. »

Malgré cette légère déception, le visage de Pascal Berger s’illumine à nouveau : « Non seulement ces poules à cou-nu grattent bien le sol mais elles pondent près d’un œuf par jour. » Alors sans conteste, ces petites bêtes méritent de l’attention.

Pour se reposer, elles disposent d’un poulailler mobile, fabriqué par les salariés du vignoble. La nuit, les poules sont donc en sécurité dans leur cabane en bois de 3 m². La journée en revanche, les renards sont aux aguets et menacent les « pondeuses ». Une barrière électrique s’est vite imposée pour les protéger des prédateurs. « Cependant, il arrive qu’elles reçoivent un coup de jus lorsqu’elles se frottent trop près. Mais généralement, leur plumage les protège du courant », affirme Cédric Berger, viticulteur et neveu du propriétaire.

Les mini-kangourous

Si la période de test s’avère être un succès, les viticulteurs espèrent introduire jusqu’à 2 000 volailles dans leur vignoble. Reste encore à peaufiner quelques aspects techniques pour garder les « cocottes » sur l’exploitation.

Et comme ces vignerons débordent d’imagination, ils ne seraient pas contre réitérer l’expérience avec des bêtes plus atypiques. « En Angleterre, des particuliers introduisent des Lire la suite

Les « SCoT-Grenelle » se mesurent à la maîtrise de la consommation d’espace

projetdeterritoire.com, Christopher de Laburthe, le 2 juillet 2010

http://www.projetdeterritoire.com/index.php/Espaces-thematiques/Gestion-de-l-espace/Actualites/Les-SCoT-Grenelle-se-mesurent-a-la-maitrise-de-la-consommation-d-espace

Les « SCoT-Grenelle » se mesurent à la maîtrise de la consommation d’espace

Le Ministère de l’Ecologie de l’Energie, du Développement Durable et de la Mer a lancé en mars 2009, une démarche partenariale d’accompagnement de douze SCoT sur les thématiques mises en avant par le Grenelle de l’environnement : énergie, biodiversité, densification, gestion économe des espaces, déplacements. Baptisée « SCoT-Grenelle » cette démarche rassemble également les acteurs des SCoT lors de deux rencontres annuelles pour débattre des thématiques retenues. Les actes de la première journée d’échanges du 30 septembre 2009 consacrés à « la maîtrise et la mesure de la consommation d’espace dans les SCoT » viennent d’être publiés par le MEEDDM.

Dans le préambule des actes, Jean-Marc Michel, le Directeur général de l’aménagement, du logement et de la nature (DGALN), insiste sur la place du SCoT comme pièce maîtresse dans l’échiquier des stratégies de lutte contre les consommations d’espaces pour l’urbanisme et met en avant sa place essentielle dans la nécessaire mise en œuvre d’une «densification acceptée des territoires ».

Consommation foncière. La première partie des actes débute par la restitution d’une étude du CETE qui fait un état de l’art sur les méthodes de suivi des consommations de l’espace, et se poursuit avec des échanges des participants qui, tous, insistent sur la difficulté d’identifier et d’accéder à des sources de données simples et fiables en matière de consommation foncière. Partant du constat alarmant d’une urbanisation annuelle de 75 000 hectares, les intervenants de la table ronde se sont employés à identifier les enjeux et les armes dont disposent, ou non, les SCoT en la matière. Toutes les interventions des représentant de ministères ou des têtes de réseaux impliqués dans les thématiques Grenelle (FNAU, GART, FNSAFER, Ministères de l’agriculture, de l’environnement) ont insisté sur le rôle de pivot du SCoT dans la mise en œuvre des différentes facettes du Grenelle. A ce titre le représentant des agences d’urbanisme a particulièrement insisté sur l’importance de l’émergence d’un portage politique des orientations du SCoT afin d’asseoir sa mise en œuvre locale. Les acteurs des transports et de l’agriculture ont également rappelé la nécessaire articulation des réflexions thématiques trop souvent cloisonnées ainsi que la nécessité de donner une visibilité aux acteurs économiques, particulièrement à la profession agricole. L’attention des acteurs des SCoT a été spécialement attiré sur l’enjeu important de la prise en compte de la biodiversité tant en termes de méthodes de travail, de compétences, d’investissements nécessaires – notamment à l’identification des trames vertes et bleues- que sur la complexité du traitement de la biodiversité ordinaire.

SCoT Grenelle. La seconde partie de la publication est consacrée à la restitution du tour d’horizon des «SCoT –Grenelle» suivis par le CERTU puis à une série de retours d’expériences de SCoT « pionniers » approuvés.

Du suivi des « SCoT –Grenelle », il ressort plusieurs traits saillants. Parmi ceux-ci on peut noter celui d’une très forte hétérogénéité tant en termes de périmètre (de 12 à 465 communes) que de structure porteuse ou de moyens techniques et humains. Le CERTU a également relevé la difficulté générale à cerner la thématique de l’étalement urbain et à envisager des outils de mesure. A ce titre l’ensemble des maîtres d’ouvrage sont en attente de Lire la suite

Projet Climator de l’INRA : Impact d’un changement climatique (1,6 à 3°) sur des systèmes agricoles et forestiers

inra.fr, Communiqué de presse, le 18 juin 2010

http://www.inra.fr/presse/presentation_resultats_projet_climator

Présentation des résultats du projet Climator

Elaborer des outils et produire des références pour analyser l’impact du changement climatique sur les systèmes agricoles et forestiers

Les résultats du projet Climator ont été présentés lors du colloque de clôture, co-organisé par l’INRA et Arvalis-Institut du végétal, qui s’est tenu à Versailles les 17 et 18 juin 2010. D’une durée de 3 ans, ce projet a fourni des méthodes pour analyser l’impact d’un changement climatique sur des systèmes agricoles et forestiers variés, et produit des résultats synthétisés dans un Livre Vert. S’ils ne concluent pas à un impact uniforme sur les cultures, les chercheurs montrent que l’augmentation de la température et de la concentration en CO2, et la diminution des précipitations auront une influence sur plusieurs facteurs déterminants pour les cultures, les forêts et l’environnement (alimentation des nappes phréatiques en particulier).

Réchauffement, modification de la pluviométrie, augmentation de la concentration en CO2 de l’atmosphère : autant de phénomènes au cœur du changement climatique qui sont susceptibles de modifier, positivement ou négativement, la productivité des cultures et des forêts, et par la suite l’occupation des sols. Ces évolutions sont déjà perceptibles dans les calendriers agricoles : anticipation des dates de floraison des arbres fruitiers et des vendanges, et sont mises en avant pour expliquer la stagnation des rendements du blé. Cependant l’hétérogénéité spatiale des bouleversements climatiques annoncés et la diversité des plantes cultivées, rendent impossible tout pronostic généraliste.

Un exercice de projections basé sur la modélisation

Le travail réalisé au sein du projet Climator est basé sur des hypothèses, devant tenir compte d’un ensemble d’incertitudes. L’agriculture y est représentée par des systèmes de grande culture, des systèmes prairiaux, la vigne et la forêt avec des niveaux de pratiques et des choix variétaux extrêmes (pluvial/irrigué, conventionnel/biologique, cycles longs/cycles courts, monocultures/rotations). Pour appréhender la diversité des climats français, 13 sites répartis sur l’ensemble du territoire français, ont été choisis, dont un situé en moyenne montagne et un autre en Guadeloupe.

Les résultats ont été obtenus en enchainant des simulations climatiques à l’échelle globale puis régionale avec des modèles agronomiques et forestiers. Deux périodes d’intérêt ont été simulées : le futur proche (2020-2049) et le futur lointain (2070-2099) en référence à une période de passé récent (1970-1999). L’hypothèse économique et démographique du monde de demain, qui fournit l’évolution future de l’émission des gaz à effet de serre, introduite dans le modèle global de climat, est, en standard, le scénario A1B du GIEC (forte croissance économique et pic démographique en 2050 aboutissant à 700 ppm de concentration en CO2 dans l’atmosphère à la fin du XXI° siècle, malgré une baisse des émissions mondiales à partir de 2050).

Cependant ces modèles ne sont pas parfaits puisque la connaissance des systèmes climatiques et agricoles est imparfaite. Pour cerner cette erreur plusieurs méthodes ou modèles ont été utilisés en parallèle que ce soit au niveau climatique, comme au niveau agronomique, considérant ainsi que chaque modèle est un point de vue sur la réalité complexe.

Des différences régionales et locales importantes

D’après les modèles, le changement climatique se traduira non seulement par une augmentation de température (de 1,6°C à 3°C selon le lieu et la période de temps considérée), mais également par une diminution des précipitations, surtout Lire la suite

Abandon et artificialisation des sols agricoles en Aquitaine : la déprise s’accélère

agreste.agriculture.gouv.fr, Agreste Aquitaine, N° 38, juin 2010

Direction Régionale de l’Alimentation, de l’Agriculture et de la Forêt Aquitaine, Enquête Utilisation du territoire (TERUTI), Analyses et résultats

http://www.agreste.agriculture.gouv.fr/IMG/pdf_R7210A19.pdf

Abandon et artificialisation des sols agricoles : la déprise s’accélère

Le territoire aquitain ne cesse d’évoluer…

Sous une apparente stabilité, l’espace régional ne cesse de se modifier. Les évolutions des usages des sols aquitains résultent d’échanges mutuels entre ces différentes composantes. Entre 2006 et 2009, ce sont près de cent cinquante mille hectares, soit 4% du sol aquitain qui ont changé d‘orientation.

A cela, il convient d’y adjoindre les surfaces ayant changé d‘assolement, mais au sein d’une même famille. Ce phénomène est marqué en agriculture à l‘exemple de terres en jachères en 2006 cultivées en céréales en 2009. Au total en Aquitaine sur la période, près d’un hectare sur dix a connu au moins un changement de statut.

… selon des rythmes différents et différenciés

Les espaces naturels occupent en moyenne, en 2009, 91% du territoire régional. Ils comprennent les sols boisés (47%), les sols cultivés (23%) les sols toujours en herbe à usage agricole ou non (13%) ainsi que les espaces non valorisés tels que landes, friches, roches, dunes et zones humides (8%).

Les espaces artificialisés sont le complément dans le territoire des espaces naturels. Ils occupent donc 9% de l’espace aquitain. Ils regroupent les sols bâtis (maisons d’habitation, bureaux, usines,…) les sols de formes aréolaires (place, square, parking,…) et les sols linéaires (routes, ponts, voies ferrées,…).

Entre 2006 et 2009, les sols artificialisés progressent de 20 000 hectares. Avec 8% d’augmentation, les sols bâtis grignotent près de 5 000 hectares par rapport à 2006. Hausse identique pour les autres sols urbanisés mais non bâtis, mais cette fois, ce sont 15 000 hectares de plus qui viennent grossir leurs rangs.

Entre 1992 et 1999, l’urbanisation consommait près de 4 500 hectares de sols naturels chaque année, 5 500 hectares entre 2000 et 2004. Depuis 2006, ce sont 6 500 hectares qui sortent du giron des sols naturels annuellement.

Sans pour autant remettre en cause le caractère rural de l’Aquitaine, cette accélération l’entame.

20 000 hectares de sols urbanisés de plus entre 2006 et 2009, en Aquitaine. Ces derniers continuent de poursuivre leur extension. Démographie, habitat, transports et loisirs sont le moteur de cette croissance.

Les changements d’occupation des sols d’Aquitaine au cours des trois dernières années confirment la tendance observée entre 1992 et 2004. L’artificialisation progresse plus vite que la population.

Toutefois par rapport à la période précédente, de nouveaux éléments apparaissent. Les surfaces en sols boisés Lire la suite

Comité interministériel du développement durable : Les ministres planchent sur une croissance verte adaptée à la crise

lesechos.fr, Julie Chauveau, le 27 juillet

http://www.lesechos.fr/info/energie/020682617442-les-ministres-planchent-sur-une-croissance-verte-adaptee-a-la-crise.htm

Les ministres planchent sur une croissance verte adaptée à la crise

Le Comité interministériel du développement durable se réunit aujourd’hui. Il doit adopter un texte dont « Les Echos » ont eu copie, résumant la stratégie française d’ici à 2013. La prise en compte des déficits publics est mise en avant.

Le symbole fera sourire les défenseurs de l’environnement. Aujourd’hui, doit se tenir la réunion du Comité interministériel du développement durable (CIDD) sous l’égide de Jean-Louis Borloo, ministre de l’Ecologie, de l’Energie, et du Développement durable. En 2003 et en 2007, les deux premières réunions de ce comité avaient été présidées par le Premier ministre afin d’adopter la stratégie nationale de développement pour les années à venir. Doit-on y voir un symbole du fait que ce sujet est passé au second rang des préoccupations du gouvernement à la faveur de la crise économique et de l’échec des négociations sur le changement climatique à Copenhague ? Une chose est sûre, le titre du document sur la future stratégie nationale du développement durable, sur laquelle doivent se pencher les ministres et les secrétaires d’Etat aujourd’hui et dont « Les Echos » ont eu copie, est dans l’air du temps : « Vers une économie verte et équitable ».

Lors du sommet de la Terre à Rio en 1992, les gouvernements avaient pris l’engagement d’adopter des stratégies nationales de développement durable. Alors qu’on prépare déjà en coulisse les vingt ans de cet événement qui devrait être célébré en grande pompe dans la capitale Brésilienne en 2012, ce texte d’une quarantaine de pages porte sur la période 2010-2013. Trois ans après le démarrage des débats du Grenelle de l’environnement, il en reprend les principaux objectifs… tout en insistant sur la nécessité de prendre en compte la crise économique et la détérioration des finances publiques. « La stratégie doit à l’évidence inclure la question de la soutenabilité des finances publiques. […] Elle doit s’interdire toute dépense nouvelle qui ne correspondrait pas à un investissement profitable aux générations futures », peut-on lire dans l’introduction, qui précise que cette préoccupation a « sous-tendu » toute l’élaboration de la démarche. Mais si chacun des neuf défis proposés sont assortis d’indicateurs le plus précis possible afin d’en suivre l’application, aucun détail n’est donné sur la manière dont les investissements nécessaire à la réalisation des objectifs seront financés.

Un contenu social enrichi

Pour les profanes, la principale surprise vient du fait que le changement climatique n’est pas le premier mais le Lire la suite

L’autre écologie : l’écologie comme art de faire attention, née à la fois dans le mouvement écologiste et dans les expérimentations de pratiques alternatives

cip-idf.org, 2010

http://www.cip-idf.org/article.php3?id_article=5220

L’autre écologie – Le Sabot, outil de liaison locale sur Rennes et ses environs

L’autre écologie

L’omniprésence de la « question » écologique ne fait maintenant plus de doute. D’une part, les données écologiques prennent une place centrale dans un « système-monde » en perpétuelle mutation et d’autre part, l’incapacité des états à établir des accords mondiaux sur les émissions de gaz à effets de serre marque un réel échec pour le capitalisme.

Cette incapacité chronique confirme qu’il n’y a rien à attendre d’une conversion verte du capitalisme, celle-ci signifiant généralement une accentuation des inégalités sociales et un écrasement de toutes expressions populaires, elle confirme également que l’écologie n’est pas l’apanage des nouveaux entrepreneurs de l’économie verte et des apprentis sorciers de la gestion écologique mondiale. Une autre idée de l’écologie persiste, une idée démocratique : l’écologie comme art de faire attention, née à la fois dans le mouvement écologiste et dans les expérimentations de pratiques alternatives, mais aussi de ceux qui dans certaines luttes s’emparent de cette question alors qu’ils sont jugés a priori incompétents dans ce domaine.

1. L’écologie au cœur des mutations du capitalisme

L’émergence depuis quarante ans de la question écologique, du dérèglement climatique ou de la destruction des écosystèmes et des espèces vivantes a mis en cause les principes du capitalisme industriel. Sous l’influence d’un renouveau dans la théorie économique, les entreprises et les états sont en train d’opérer une modification de leurs modèles productifs sur la base d’une maîtrise des milieux complexes (1) et de la biosphère. Ce renouveau de la théorie économique et cette tentative de maîtrise signifient que l’économie va désormais intégrer des éléments occultés auparavant : les interactions non-économiques ; et analyser quels bénéfices ou pertes elles provoquent sur les échanges économiques. Ainsi la prise en compte et la maîtrise des ressources naturelles rares, des ressources énergétiques, ou des ressources en eau ou en matériaux nécessaires au processus de production, et qui sont le fruit de processus naturels longs de plusieurs millions d’années, deviennent des tâches primordiales pour l’économie et cela constitue une modification fondamentale du capitalisme, celui-ci reposant jusqu’à il y a peu sur un principe de non-limitation des ressources (2).

Si cette révolution écologique est pour le moment sans grandes conséquences visibles sur la destruction des écosystèmes ou sur le réchauffement climatique, c’est que comme le dirait Yann Moulier Boutang ou comme ne cessent de le répéter les cabinets de management : les entreprises et les états n’ont pas encore pris toute la mesure de la mutation qui leur est demandée. Pour ce faire, les états doivent adopter de nouvelles réglementations qui encouragent les entreprises à intégrer la protection de l’environnement et ainsi leur faire prendre conscience que cette question n’est pas réservée aux secteurs spécialisés mais qu’elle concerne toutes les entreprises et que cela constitue un potentiel de croissance important, les premières entreprises à prendre en compte la protection de l’environnement étant celles qui Lire la suite

Isabelle Autissier : « N’attendons pas que de belles décisions nous tombent sur la tête et qu’il y ait des sauveurs de la planète qui se manifestent. »

actu-environnement.com, Propos recueillis par Agnès Sinaï, le 19 juillet 2010

http://www.actu-environnement.com/ae/news/interview-isabelle-autissier-wwf-10714.php4#xtor=EPR-1

Mieux vaut inventer une autre façon de faire pour continuer à naviguer ensemble

 « N’attendons pas que de belles décisions nous tombent sur la tête et qu’il y ait des sauveurs de la planète qui se manifestent. » C’est en substance la doctrine du PANDA que nous relaie Isabelle Autissier, présidente du WWF France.

Actu Environnement : Quels sont les dossiers qui vous occupent actuellement ?

Isabelle Autissier : Il y a eu les discussions autour du Grenelle 2, la marée noire du Golfe du Mexique, bien que le WWF France ne soit pas en première ligne sur ce dossier. Et tout ce qui tourne autour de l’année de la biodiversité, avec la création de l’IPBES (Intergovernmental Science Policy Platform on Biodiversity and Ecosystem Services). Et il y a le dossier de l’eau, grande oubliée du Grenelle, qui est lié à l’agriculture, sur lequel je rencontre beaucoup d’acteurs. Il y a longtemps que le WWF travaille sur la qualité de l’eau, sur les raisons des pollutions, en particulier la question agricole, qui n’a pas beaucoup avancé. Or c’est une des causes majeures de la pollution des eaux. Il se trouve que la France est en train d’affiner ses arguments pour la renégociation de la PAC. C’est l’occasion de pousser le plus fort possible pour que soit reconnue à un certain type d’agriculture la qualité de l’environnement, de la biodiversité et de la nature et que ce soit cette agriculture là qu’on favorise au détriment de celle qui consomme beaucoup de polluants et qui ne donne pas une nourriture extraordinaire. Malheureusement ce n’est pas si simple que ça. On en est encore à subventionner des exploitations agricoles qui utilisent beaucoup d’intrants et qui sont très mécanisées, par rapport à des agricultures, biologiques ou durables – qui emploient de la main d’œuvre et permettent aux gens de vivre correctement. Même dans la logique actuelle du marché, ces agricultures fonctionnent. Du point de vue des comptes, il est évident que même l’agriculture productiviste a des coûts lourds. Le WWF a d’ailleurs demandé un rapport de la Cour des comptes sur la responsabilité des pouvoirs publics et le coût supporté par les Français depuis 1980 pour ces aides dommageables à l’environnement.

AE : La trame verte a été remise en question par la commission mixte paritaire du Grenelle II. Comment réagissez-vous à cette décision ?

Isabelle Autissier : On est extrêmement déçus ! On avait déjà vigoureusement protesté sur le fait que la trame verte n’était pas opposable localement ou régionalement. Et maintenant voilà qu’elle n’est pas opposable nationalement ! En résumé, on vous demande d’être gentil avec la nature, et puis s’il y a une autoroute à faire passer, excusez-moi M’sieursdames ! En gros, on n’a aucune compensation à envisager, on n’a pas à se poser la question de savoir s’il faut aménager des passerelles pour que les animaux puissent migrer, donc on fait comme d’habitude, et ce n’est pas la peine d’avoir inventé le concept de trame verte et bleue si c’est pour ne rien en faire. A partir du moment où cette mesure n’est plus obligatoire, elle sera laissée au bon vouloir des acteurs locaux. Or l’érosion de la biodiversité devait être stoppée en 2010, selon l’engagement de la communauté internationale, ce qui est loin d’être le cas. D’un côté on voit que les choses se dégradent, de l’autre on invente des outils pour ne pas les utiliser !

AE : Quels sont les prochains grands rendez-vous environnementaux de l’année ?

IA : Il semblerait que la Plate-forme scientifique intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES) soit sur les rails, ce qui est une bonne nouvelle, si cet organisme acquiert la même puissance que celui sur le climat. Reste à voir jusqu’où Lire la suite

Vers la décroissance : quelles actions ? Essai de classification

apeas.fr, Christian Araud, auteur dans la revue Entropia, le  20 juillet 2010

http://www.apeas.fr/Vers-la-decroissance-quelles.html

Vers la décroissance : quelles actions ? Essai de classification

Face à la crise climatique et à la fin du pétrole bon marché, toute personne convaincue qu’on va « dans le mur » à belle allure peut se poser la question concrète suivante : « Que faire pour ralentir, éviter l’obstacle, ou amortir le choc ? »

Une réponse typique se trouve dans le livre de Matthew Stein [1] dont le sous-titre est très explicite : A Manual for Self-Reliance, Sustainability, and Surviving the Long Emergency (un manuel pour l’autonomie durable et la survie pendant la longue situation d’urgence). Dans ce manuel de savoir-survivre à l’usage des nouvelles générations, l’auteur énonce à la fin de son ouvrage quelques actions, individuelles ou collectives, pour participer au changement nécessaire :

– conservation, recyclage,

– action collective,

– acheter local,

– diète adaptée,

– action politique,

– restructurer les affaires,

– remplacer les ampoules électriques,

– choisir une automobile peu consommatrice,

– aller en bicyclette, prendre le train, covoiturage,

– réduire le chauffage et la climatisation de l’habitat,

– installer des systèmes d’énergie renouvelable chez soi,

– développer ses capacités personnelles d’autonomie,

– participer à des communautés autonomes.

Cette liste est sans doute assez représentative de ce qui s’énonce dans les articles consacrés à ce qu’il faudrait faire pour répondre aux défis posés par le changement climatique. En fait, c’est un peu un inventaire à la Prévert. Il est indéniable que chacune des pistes proposées, si elle était mis en œuvre, serait « bénéfique pour la planète » en utilisant un cliché courant chez les chantres du « développement durable ».

Nous ne sommes pas dans une réflexion « compréhensive » sur la décroissance, tout en ayant une série d’indications concrètes sur ce qui serait « utile » de faire pratiquement pour traduire dans la réalité quelques-unes des idées des objecteurs de croissance. Par ailleurs du point de vue de la personne « active » (ou voulant le devenir), cette liste est fondamentalement hétéroclite.

Dans une première tentative de classification, en me plaçant sur un plan plus descriptif que philosophique, avec une approche résolument pragmatique, je distinguerais volontiers quatre niveaux, de plus en plus éloignés de « l’acteur » et donc embrassant un champ de plus en plus vaste.

Ces niveaux sont :

L’action personnelle et immédiate dont on est le seul maître, compatible avec l’environnement général, la société dans laquelle on vit, mais néanmoins Lire la suite

Le « Bristol Peak Oil Report » : Préparer l’après pétrole

decroissance.blog.lemonde.fr, Thierry Caminel, Ingénieur, le 12 juin 2010

http://decroissance.blog.lemonde.fr/

Notes sur le “Bristol Peak Oil Report”

Le « Bristol Peak Oil Report »

Note de lecture

Saviez-vous qu’on anticipe des émeutes de la faim, en ce début du 21 ° siècle, dans la 6e économie mondiale, et que des villes importantes estiment que les crises énergétiques à venir auront des conséquences locales majeures, et s’y préparent ?

Cette note présente le « Bristol Peal Oil Report » [1],  un document officiel d’une ville anglaise de 430.000 habitants publié récemment.  Après une exposition du contexte de ce rapport,  son contenu est présenté sommairement, et l’on essaie ensuite de montrer les profondes différences d’appréciation de la situation énergétique mondiale entre le France et l’Angleterre.

Contexte

Anciens exportateurs d’hydrocarbures, les Britanniques voient leurs champs de pétrole et de gaz de la mer du Nord décliner depuis 10 ans. L’information concernant l’état des réserves de pétroles mondiales est largement relayée par la presse, alimentant le débat public, renforçant la lutte contre le réchauffement climatique

Au plus haut niveau sont écrits des rapports sur le ‘peak oil’ et ces possibles conséquences économiques et sociales [2]. Les Anglais investissent par ailleurs massivement dans des sources d’énergie non fossile (éolien offshore, nucléaire,…), dans les transports collectifs et vélos, etc. Ils ont introduit une taxe carbone, et prennent en compte le carbone contenu dans la commande publique.

Au niveau local se met en place un réseau de ‘villes en transition’ [3], regroupant plus d’un millier de villes, quartier ou district, destinés à renforcer la résilience de ces communautés, c’est-à-dire leur capacité à résister à un choc externe. Certaines sont de véritables laboratoires,  expérimentant des monnaies complémentaires, des cartes de rationnement ou de nouvelles techniques agricoles.

Bristol s’inscrit dans ce mouvement de ville en transition. La taille de la ville, son importance économique et la qualité de son rapport en font un bon exemple de ce qui se passe outre-Manche et du niveau de prise de conscience des problématiques énergétiques.

« Peak oil Report – Building a positive future for Bristol after Peak Oil »

Ce rapport de 100 pages, publié il y a quelques mois par le conseil municipal de Bristol, commence par expliquer en quoi le pétrole est important, et les raisons qui font qu’il va devenir de plus en plus rare et cher. Il cite les études de l’Agence Internationale de l’Énergie [4], des agences nationales, de Total, Shell ou Aramco, explique qu’il n’y pas d’alternative au pétrole disponible suffisamment rapidement, et rappelle le lien avec le réchauffement climatique.

Le rapport synthétise ensuite les vulnérabilités de Bristol au Peak Oil, telles que Lire la suite

Landes, une centrale solaire de 300 ha – Energie solaire : trouver l’équilibre

sudouest.fr, Bernard Broustet, le 10 juillet 2010

Energie solaire : trouver l’équilibre

Après la mise en service de l’immense centrale du Gabardan (40), seule une partie des projets régionaux devrait voir le jour.

La plus grande centrale photovoltaïque développée à ce jour en France a été inaugurée hier à Losse (Landes). Pour l’heure, cette centrale du Gabardan, nom du territoire où elle est installée, a une puissance installée d’une quarantaine de mégawatts (MW), dont 12 alimentent d’ores et déjà le réseau. D’ici au début 2011, les panneaux photovoltaïques devraient s’étendre sur une superficie de quelque 300 hectares, délivrant une puissance maximale de 44 MW, soit l’équivalent de la consommation d’une ville de 40 000 habitants.

L’entrée en service de la centrale marque l’aboutissement d’une démarche menée conjointement par EDF Énergies Nouvelles, filiale de l’électricien français, et par la Communauté de communes du Gabardan, qui s’efforce d’enrayer le déclin démographique de ce territoire de l’Est landais, où les tempêtes et le pernicieux champignon Fomes ont causé de graves dégâts au massif forestier.

Une usine à Blanquefort

L’opération s’est accompagnée de l’aide au reboisement d’une surface équivalente à celle de la centrale (environ 300 hectares) auprès d’une cinquantaine de propriétaires forestiers du canton. Par ailleurs, la création de la centrale a donné en quelque sorte le coup d’envoi du partenariat entre EDF Énergies Nouvelles et la société américaine First Solar, qui a équipé le site en panneaux. Ce partenariat va se concrétiser par la construction à Blanquefort d’une usine de First Solar, engendrant la création annoncée de quelque 400 emplois. Une opération dans laquelle EDF Énergies Nouvelles, dont le président Pâris Mouratoglou se trouvait hier à Losse, est fortement impliqué.

La réalisation du Gabardan ne constitue que le premier chapitre d’un feuilleton photovoltaïque régional à la fois fourni et incertain. Car l’Aquitaine, et notamment le massif forestier gascon, a été un véritable aimant pour les entreprises désireuses de développer des installations au sol. La présence de grandes disponibilités foncières, accrues par la tempête Klaus, a déclenché une véritable ruée. Selon le préfet des Landes Evence Richard, on compte quelque 110 projets dans le seul département, dont une bonne partie émane d’EDF Énergies Nouvelles. L’on sait par ailleurs que celle-ci a obtenu le feu vert pour une installation à Saint-Symphorien (Gironde), tandis qu’une enquête publique est en cours à Cestas pour un projet de First Solar, presque équivalent à celui du Gabardan.

Tarifs avantageux

Mais, comme l’a souligné hier Henri Emmanuelli, seule une fraction des multiples projets en gestation devrait aboutir. D’une part, en effet, il n’est pas sûr que le tarif de rachat Lire la suite

Les syndicats se convertissent à la croissance verte

lemonde.fr, Rémi Barroux, le 28 juin 2010

Les syndicats se convertissent à la croissance verte

« Quand on réclame la fermeture d’une usine polluante, nous devons savoir quel impact cela aura sur l’emploi » a fait valoir le directeur international de Greenpeace lors du congrès international des syndicats à Vancouver.

Vancouver

Le syndicalisme international veut faire de la croissance verte un de ses combats. C’est le message fort du congrès de la Confédération syndicale internationale (CSI), qui s’est achevé vendredi 25 juin à Vancouver (Canada).

Manifestation la plus visible de cette évolution : le directeur international de Greenpeace, le Sud-Africain Kumi Naidoo, était présent au même titre que le directeur général de l’Organisation mondiale du commerce, Pascal Lamy, ou celui du Fonds monétaire international, Dominique Strauss-Kahn. « La CSI oeuvrera pour un travail décent dans le cadre d’une économie verte« , a déclaré l’Australienne Sharan Burrow, la nouvelle secrétaire générale de l’organisation, élue vendredi, en remplacement du Britannique Guy Rider. La CSI regroupe 311 organisations de travailleurs représentant 168 millions de membres dans 155 pays et territoires.

Le rapprochement entre les syndicats et le mouvement écologiste est récent. Chaque partie souligne les efforts mutuels qui ont été accomplis. « Les mouvements comme Greenpeace reconnaissent dorénavant que nos préoccupations en matière d’emplois et de salaires sont légitimes, explique Guy Rider. Il y a cinq ans, ils refusaient de nous entendre au motif que l’environnement devait être défendu quel qu’en soit le prix. »

Les écologistes assument cette mutation. « Pour ma part, j’ai toujours pensé qu’il fallait rapprocher les points de vue, malgré les tensions. Quand on réclame la fermeture d’une usine polluante, nous devons savoir quel impact cela aura sur l’emploi », fait valoir Kumi Naidoo. Greenpeace se bat pour l’abandon des énergies fossiles et prône la transition vers des sources d’énergies renouvelables sans oublier désormais de mettre en avant les emplois qui seront créés. Dans la dernière version, publiée en juin, de son document de référence sur la « révolution énergétique », l’Organisation non gouvernementale estime que d’ici à 2030, 12 millions d’emplois « verts » peuvent être créés.

Côté syndical, l’optimisme reste tempéré. « Dans les Asturies, les mines de charbon employaient 45 000 personnes. Aujourd’hui, il ne reste que 6 500 mineurs et nous n’avons pas trouvé d’activité de remplacement », constate Javier Doz, des Commissions ouvrières, la principale organisation syndicale espagnole. « Le secteur de la construction, pilier de la miraculeuse croissance espagnole qui s’est effondrée avec la crise, devrait être un des secteurs de cette transition vers l’économie verte. Mais nous attendons. », poursuit-il.

Comment marier croissance économique et développement durable ? « Petit à petit, notre réflexion syndicale, fondée sur l’analyse des rapports entre le capital et le travail, a intégré Lire la suite

Nice – Agriculture : La population brandit des paniers vides pour signifier qu’elle soutien les agriculteurs

developpementdurablelejournal.com, Gérard Pla, le 8 juin 2010

Agriculture : La population brandit des paniers vides

La population brandit des paniers vides pour signifier qu’elle soutien les agriculteurs. Ici la demande en produits locaux est loin d’être satisfaite

Plantation de légumes sur le béton de la place Garibaldi, panier vides brandis par des habitants des Alpes Maritimes, cagettes vides déposées par les agriculteurs, chefs cuisiniers préparant des mets à partir des produits locaux, tous défendent l’agriculture de proximité et la condition de son existence : la préservation des terres fertiles.

Inédite, la journée d’action pour la défense des terres fertiles qui a eu lieu à Nice ce dimanche 6 juin. Inédite parce que convergente. Sur la place Garibaldi se retrouvent une cinquantaine d’agriculteurs du département, des jeunes candidats à l’installation, plusieurs centaines de citoyens, et des chef cuisiniers. Tous sont là pour dire, « on a besoin de vous, vous avez besoin de nous » Et chacun le démontre.

Plantation symbolique sur le béton

Les symboles seront forts en cette journée. Le premier illustre parfaitement le problème de ce département :le bétonnage des terres fertiles et la spéculation foncière. Venant de tous les coins du département, des agriculteurs ont apporté avec eux des sacs de terre. Ils les étalent tour à tour sur un petit périmètre de la place. Et ils y plantent salades poivrons, oignons, tomates, blés, bref une partie de ce qui vient sans difficulté sur ce coin béni de la nature…. à condition d’avoir accès à la terre. Or cette denrée devient de plus en plus rare et de plus en plus chère. Résultat : 10 000 Agriculteurs en 1970, et seulement un peu plus de 600 aujourd’hui. Etienne Hengy fait du maraîchage bio dans la plaine du Var (Saint Blaise) depuis 30 ans. Pour lui les outils pour préserver les terres existent, mais ce qui fait défaut c’est la volonté politique. Et de citer des terres agricoles qui ont été remblayées dans la Plaine du Var pour ensuite changer d’activité, (devenir industrielles par exemple) au vu et au sus des élus et des autorités. « Comment les élus peuvent-ils revendiquer cette appartenance à un paysage qui a été façonné par les agriculteurs et puis ne rien mettre en œuvre pour préserver cette agriculture. Elle a une vocation à occuper largement l’espace. Partout où elle est présente, elle règle le problème des incendies, réduit le risque inondation, structure le paysage. Qui voudrait venir vivre dans les Alpes Maritimes s’il n’y avait pas un paysage agricole »

Panier vides, cagettes vides

« Il faut considérer l’agriculture comme une activité fondamentale » Responsable de la confédération paysanne 06 et oléiculteur-maraîcher à la Trinité, Henri Derepas est l’un des organisateurs (1) de cette journée. Il considère que Lire la suite

Enchaînement des crises et moyens d’en sortir

politique.eu, François Houtart , septembre 2009

Enchaînement des crises et moyens d’en sortir

Prêtre, sociologue, professeur émérite à l’Université catholique de Louvain-la-Neuve, co-fondateur du Forum social mondial, auteur de « L’agroénergie, solution pour le climat ou sortie de crise pour le (…)

L’effet de loupe médiatique sur les crises financière et climatique occulte d’autre crises en cours (alimentaire, sociale, énergétique), qui s’enchevêtrent. Cet empilement concouret à une crise générale de sens, de civilisation.

Quand 850 millions d’êtres humains vivent sous la barre de la pauvreté et que leur nombre augmente, quand chaque vingt quatre heures, des dizaines de milliers de gens meurent de faim, quand disparaissent jour après jour des ethnies, des modes de vie, des cultures, mettant en péril le patrimoine de l’humanité, quand le climat se détériore et que l’on se demande s’il vaut encore la peine de vivre à la Nouvelle Orléans, au Sahel, dans les Iles du Pacifique, en Asie centrale ou en bordure des océans, on ne peut se contenter seulement de parler de crise financière. Déjà les conséquences sociales de cette dernière sont ressenties bien au delà des frontières de sa propre origine : chômage, chèreté de la vie, exclusion des plus pauvres, vulnérabilité des classes moyennes et allongement dans le temps de la liste des victimes.

Soyons clairs, il ne s’agit pas seulement d’un accident de parcours ou d’abus commis par quelques acteurs économiques qu’il faudra sanctionner, nous sommes confrontés à une logique qui parcourt toute l’histoire économique des deux derniers siècles De crises en régulations, de dérégulations en crises, le déroulement des faits répond toujours à la pression des taux de profit : en hausse on dérégule, en baisse on régule, mais toujours en faveur de l’accumulation du capital, elle-même définie comme le moteur de la croissance. Ce que l’on vit aujourd’hui n’est donc pas nouveau. Ce n’est pas la première crise du système financier et certains disent que ce ne sera pas la dernière.

Cependant, la bulle financière créée au cours des dernières décennies, grâce, entre autres, au développement des nouvelles technologies de l’information et des communications, a surdimensionné toutes les données du problème. L’économie est devenue de plus en plus virtuelle et les différences de revenus ont explosé. Pour accélérer les taux de profits, une architecture complexe de produits dérivés fut mise en place et la spéculation s’est installée comme un mode opératoire du système économique. Cependant, ce qui est nouveau, c’est la convergence de logique entre les dérèglements que connaît aujourd’hui la situation mondiale.

La crise alimentaire en est un exemple. L’augmentation des prix ne fut pas d’abord le fruit d’une moindre production, mais bien le résultat combiné de la diminution des stocks, de manœuvres spéculatives et de l’extension de la production d’agrocarburants. La vie des personnes humaines a donc été soumise à la prise de bénéfices. Les chiffres de la bourse de Chicago en sont l’illustration.

Gaspillage énergétique

La crise énergétique, quant à elle, va bien au-delà de l’explosion conjoncturelle des prix du pétrole. Elle marque la fin du cycle de l’énergie fossile à bon marché (pétrole et gaz) dont le maintien à un prix inférieur provoqua une utilisation inconsidérée de l’énergie, favorable à un mode de croissance accéléré, qui permit une rapide accumulation du capital à court et moyen terme. La surexploitation des ressources naturelles et la libéralisation des échanges, surtout depuis les années 1970, multiplia le transport des marchandises et encouragea les moyens de déplacement individuels, sans considération des conséquences climatiques et sociales. L’utilisation de dérivés du pétrole comme fertilisants et pesticides se généralisa dans une agriculture productiviste. Le mode de vie des classes sociales supérieures et moyennes se construisit sur le gaspillage énergétique. Dans ce domaine aussi, la valeur d’échange prit le pas sur la valeur d’usage.

Aujourd’hui, cette crise risquant de nuire gravement à l’accumulation du capital, on découvre l’urgence de trouver des solutions. Elles doivent cependant, dans une telle perspective, respecter la logique de base : maintenir le niveau des taux de profit, sans prendre en compte les externalités, c’est-à-dire ce qui n’entre pas dans le calcul comptable du capital et dont le coût doit être supporté par les collectivités ou les individus. C’est le cas des agrocarburants et de leurs conséquences écologiques (destruction par la monoculture, de la biodiversité, des sols et des eaux souterraines) et sociales (expulsion de millions de petits paysans qui vont peupler les bidonvilles et aggraver la pression migratoire).

Crise de civilisation

La crise climatique, dont l’opinion publique mondiale n’a pas encore pris conscience de toute la gravité, est, selon les experts du Giec [1], le résultat de l’activité humaine. Nicolas Stern, ancien collaborateur de la Banque mondiale, n’hésite pas à dire que « les changements climatiques sont Lire la suite

Les consommateurs-citoyens défendent l’avenir des paysans en soutenant les circuits courts

actionconsommation.com, communiqué, le 16 Juin 2010

Les consommateurs-citoyens défendent l’avenir des paysans en soutenant les circuits courts

Les circuits courts d’approvisionnement alimentaire sont aujourd’hui une réelle alternative au mode de distribution des centrales d’achat.

Des magasins de paysans producteurs et transformateurs s’ouvrent dans les régions et proposent des produits en vente directe. D’autres consommateurs développent des comportements citoyens et s’éloignent de la consommation de masse en créant des réseaux qui permettent le maintien et l’installation d’agriculteurs sur le territoire respectant la charte de l’agriculture paysanne. Des liens de confiance se sont créés entre ces consommateurs et les paysans producteurs qui respectent les normes d’hygiène et de qualité de la législation française et assurent la traçabilité des aliments jusqu’à la livraison. Cette traçabilité est la garantie de la qualité et la conformité des produits.

La confiance s’établit entre producteurs et consommateurs dans des relations commerciales tout à fait légales. Elles ont permis le maintien de paysans en France et la défense de leurs revenus en démontrant que les consommateurs souhaitent choisir eux-mêmes leur alimentation (mode de production, provenance et respect du savoir-faire). Les circuits courts en limitant les intermédiaires sont garants de la qualité de fraîcheur, gustative et nutritionnelle des aliments fournis par de petits producteurs.

Si, de plus, ces filières courtes respectent au maximum les principes d’une économie équitable (respect entre partenaires – producteurs, transformateurs, transporteurs, distributeurs, salariés, consommateurs, mais aussi de la nature), elles sont non seulement une alternative crédible à la grande distribution mais aussi participantes d’une transformation économique et sociale plus que nécessaire.

Nous, organisations favorisant le rapprochement entre paysans et consommateurs, soutenons les producteurs et les citoyens engagés dans ces réseaux de proximité qui oeuvrent au quotidien pour la défense d’une autre agriculture respectueuse de l’environnement et de ses acteurs !

Plus d’infos : Lire la suite

Climat : 200 recommandations pour s’adapter aux changements

developpementdurable.com, Hélène Toutchkov, le 16 octobre 2010

Climat : 200 recommandations pour s’adapter aux changements

La France se prépare aux impacts du changement climatique. Le gouvernement vient de rendre public les grandes lignes du plan national d’adaptation. Le rapport, issu d’une concertation lancée fin 2009, comporte plus de 200 recommandations.

Mardi 15 juin, Chantal Jouanno a reçu le rapport des groupes de travail sur le Plan national d’adaptation au changement climatique. Le texte comporte plus de 200 recommandations sur des sujets aussi divers que la lutte contre les inondations et l’adaptation des zones littorales, l’évolution des forêts, la question de l’eau, la préservation de la biodiversité, l’adaptation de l’économie…

ET AUSSI…

 « Seules l’amélioration des connaissances et leur diffusion auprès de tous les publics permettront de faire de cette question une priorité nationale en ces temps de crise économique », a déclaré Paul Vergès, président de l’Observatoire national sur les effets du réchauffement climatique et coordinateur du rapport.

Tout le monde est concerné

« L’opinion publique considère généralement que le changement climatique ne touchera la France que marginalement, un peu comme le nuage de Tchernobyl qui contournait le pays », a fait remarquer la secrétaire d’Etat à l’Ecologie. Pour Chantal Jouanno, l’adaptation aux changements climatiques doit s’articuler autour de trois priorités : la zone littorale, la ressource en eau et la protection de la biodiversité.

D’après le gouvernement, la France est exposée à quatre types de risques : une hausse des températures supérieure de 20 à 30 % à la moyenne mondiale, soit +3 à +4°C attendu, une diminution de 20 à 30 % des précipitations, doublée d’une forte évaporation due à la chaleur, la baisse de l’enneigement en montagne, et enfin une possible hausse du niveau de la mer d’un mètre à la fin du siècle. « Il faut déjà être capable, dès aujourd’hui, d’intégrer dans toute décision d’investissement les conséquences du changement climatique », a indiqué Chantal Jouanno.

200 recommandations pour s’adapter

Le rapport préconise par exemple de favoriser les économies d’eau dans tous les secteurs et par tous les usagers ou encore d’orienter la recherche et le développement vers des systèmes agricoles plus adaptés au changement climatique. Les groupes de travail ont également souligné que la politique d’adaptation doit davantage passer par « l’intégration de l’adaptation dans les politiques actuelles plutôt que par la création d’une politique spécifique, cloisonnée du reste des politiques publiques ».

Concernant les risques naturels, le rapport propose de Lire la suite

Les éco-quartiers : de la philosophie à l’usage ; quelques retours d’expérience – Conférence-débat le lundi 14 juin à 18h30 à Floirac

Université populaire de l’environnement, communiqué, le 8 juin 2010

Hauts-de-Garonne Développement et la Maison de la Nature et de l’Environnement Bordeaux-Aquitaine, vous invitent dans le cadre de la 5ème édition de la Quinzaine de l’éco construction qui se tiendra du 14 au 25 juin à Floirac et de l’Université Populaire de l’Environnement, à participer à une conférence-débat

Les éco-quartiers : de la philosophie à l’usage ; quelques retours d’expérience

Lundi 14 juin à 18h30 au Centre d’innovation et de formation (CIF) Avenue Jean Alfonséa à Floirac

Avec la participation de :

Grace Yepez-Salmon

Architecte et urbaniste à NOBATEK

Centre de ressources régional dans les domaines de l’aménagement et de la construction durables http://www.nobatek.com/structure.html

Jean-Marc Gancille

Directeur du développement durable du groupe Evolution

En charge du projet Darwin à Bordeaux, 20.000 m² d’entreprises éco-innovantes, d’associations culturelles… http://www.projetdarwin.eu/

Piou Lacoste

Architecte, membre du bureau de l’association H’Nord

Projet d’écoquartier en coopérative d’habitants à Bordeaux 

http://www.hnord.org/doku.php?id=accueil

Pour accéder au CIF http://www.hdgdev.com/contact.php

L’urbanisme des 50 dernières années a vu s’effacer les quartiers des villes denses, au profit de blocs d’appartements et de pavillons éparpillés sur le territoire au milieu de raccordements routiers. Sur cette période, les villes européennes se sont étendues en moyenne de 78 % alors que les populations ne grossissaient que de 33 %. Les conséquences de ce manque total de maîtrise des sols sont aussi graves que peu connues : perte de précieuses terres fertiles, allongement des distances provoquant une explosion du trafic automobile, de la consommation d’énergie fossile et donc du CO2 responsable du changement climatique.

L’utilisation d’énergie pour le logement, la mobilité et l’alimentation représente 70 à 80 % de l’impact écologique de la consommation des personnes. La marée noire dans le golfe du Mexique comme le désastre écologique des pétroles bitumineux, sont symboliques d’un pétrole de plus en plus difficile à extraire. L’énergie va fortement augmenter dans les prochaines années.

C’est dans ce contexte que l’écoquartier cristallise une énorme attention. C’est vrai aussi bien dans des initiatives citoyennes qu’au sein des Lire la suite

Un rapport du Conseil d’Etat passe en revue tous les aspects du droit de l’eau

localtis.info, le 7 juin 2010

Un rapport du Conseil d’Etat passe en revue tous les aspects du droit de l’eau

Le Conseil d’Etat a présenté le 4 juin 2010 un rapport public consacré à « L’eau et son droit ». La Haute Juridiction s’attache ainsi à un sujet qui intéresse au premier plan les collectivités territoriales comme le rappelle l’actualité (reprise en régie de la gestion des eaux à Paris et dans quelques grandes villes, pollution par les nitrates et développement des algues vertes en Bretagne, tempête Xynthia et inondations en Charente-Maritime…), les projets de réforme en cours touchant au domaine de l’eau (réforme des collectivités territoriales et simplification de l’intercommunalité, vote de la loi Grenelle 2, plans d’accompagnement du Grenelle 1, proposition de loi Cambon au Sénat sur la tarification sociale de l’eau, ouverture prochaine des concessions hydroélectriques à la concurrence…) ou l’agenda international (6e Forum mondial de l’eau à Marseille en 2012, reconquête du bon état des eaux fixée par l’Union européenne à l’horizon 2015).

Présenté comme un document de référence qui englobe pour la première fois tous les aspects du droit de l’eau (problèmes de quantité, de qualité et de risque), le rapport du Conseil d’Etat comporte, à l’appui des problématiques soulevées au fil de 245 pages, de nombreuses données chiffrées, les textes applicables, l’état de la jurisprudence ainsi qu’une description des organisations et des moyens utilisés dans l’application de ce droit. Le rapport est par ailleurs enrichi de nombreuses annexes et de diverses contributions portant sur les aspects internationaux et nationaux de la gestion de l’eau. Il aborde plusieurs débats nationaux très sensibles sur l’application du principe pollueur-payeur, le rôle et les responsabilités des collectivités territoriales, les limites inhérentes en la matière du droit de propriété, l’articulation future entre tous les documents d’aménagement relatifs à l’eau (Sdage, Sage, Scot, PPRN, documents d’urbanisme, schémas de cohérence écologiques, schémas agricoles, trames bleue et verte…) ou encore le modèle de développement agricole et formule de très nombreuses recommandations et pistes de solution.

Les considérations générales exposées dans le rapport invitent l’Etat à ne pas se désengager, notamment au regard des nouvelles questions qui lui seront rapidement posées avec le réchauffement climatique. « Tout en laissant la gestion du petit cycle de l’eau aux collectivités territoriales qui s’en acquittent plutôt bien, il lui revient de se saisir de la gestion de son grand cycle et de l’organiser« , souligne Jean-Marc Sauvé, vice-président du Conseil d’Etat dans son éditorial.

Montée en puissance de l’intercommunalité

La première partie du rapport établit  un panorama des utilisations de la ressource en eau et dresse un état des lieux des différentes sources du droit applicables (au sein desquelles le droit communautaire est en constante expansion), de l’organisation, de la gestion, du financement et de la gouvernance de l’eau, caractérisée par la surabondance des textes et des organismes chargés de la gestion de l’eau. Sont en particulier abordés le rôle accru des collectivités territoriales (au premier chef celui des communes en matière de distribution d’eau potable et d’assainissement), la montée en puissance de l’intercommunalité avec des régimes dissemblables et l’enchevêtrement des compétences qui en résulte. Le rapport attire l’attention sur l’insuffisant renouvellement des infrastructures, spécialement dans le domaine de l’assainissement. Des efforts sont également à faire s’agissant du taux de perte des réseaux d’alimentation en eau potable et des normes techniques de dimensionnement des réseaux de collecte des eaux pluviales ou d’assainissement.

Le rapport identifie par ailleurs les causes d’augmentation du prix de l’eau, encourage à Lire la suite

Les OGM en question : Christian Vélot samedi 5 juin à 17h00 à La Réole

sudouest.com, PC, le 2 juin 2010

Les OGM en question

Les OGM (Organismes génétiquement modifiés) aux multiples facettes et aux multiples domaines sont-ils amis ou ennemis de l’homme et de son environnement ? Pour explorer ce vaste sujet, la commission « développement économique » de la municipalité a invité Christian Vélot, docteur en biologie et maître de conférence en génétique moléculaire.

Responsable d’une équipe de recherche à l’Institut de génétique et microbiologie d’Orsay, Christian Vélot anime des conférences sur le thème des OGM qui attirent les citoyens, spécialistes ou non, professionnels ou non, désireux d’avoir une vision raisonnée de ces organismes. Une occasion de pouvoir débattre de la légitimité de la prolifération des OGM, et mener une réflexion sur l’importance de la biodiversité, les modes de culture et leur impact environnemental et sanitaire. Et aussi de s’interroger sur nos attitudes de consommateurs. Lire la suite

Grenelle de l’environnement : le bilan critique de Nicolas Hulot

lesechos.fr, Julie Chaveau, le 28 mai 2010

Grenelle de l’environnement : le bilan critique de Nicolas Hulot

La fondation Nicolas Hulot a publié un premier bilan à la fois positif et critique du Grenelle de l’environnement. Pour l’avenir, elle demande des moyens supplémentaires et souhaite élargir le débat à la politique agricole commune.

Il a pris le temps de la réflexion. Deux semaines après le vote par l’Assemblée du projet de loi Grenelle de l’environnement, Nicolas Hulot, président de la Fondation pour la nature et l’homme, est sorti du silence. Dans une tribune intitulée « Grenelle, merci et encore ! », et publiée dans « Le Figaro », l’animateur délivre une sorte de satisfecit au gouvernement, immédiatement modéré par des critiques sur ceux qui « s’obstinent à opposer les questions sociales, économiques et écologiques ». Simultanément, sa fondation a publié hier un premier bilan des engagements pris dans le cadre du Grenelle, assorti de propositions.

· Bâtiment et énergie.

Si les mesures en faveur du bâtiment sont les plus connues (relèvement des normes de construction dans le neuf, prêts à taux zéro), la Fondation considère que les moyens mis en oeuvre pour accompagner la rénovation thermique des logements anciens sont « limités ». Il préconise la création d’un éco-prêt à taux zéro spécifique pour les propriétaires modestes qui réaliseront des travaux d’isolation, leur permettant de ne rembourser que ce qu’ils auront économisé sur leur facture énergétique. Les experts de la fondation insistent également sur la nécessité de fixer, dès maintenant dans la loi, l’objectif de rendre obligatoire à partir de 2015 la rénovation d’un logement quand il est vendu. L’ONG demande par ailleurs l’annualisation du malus sur les véhicules dont les émissions de CO2 dépassent 130 grammes de CO2 à partir du 1 er janvier prochain.

· Biodiversité.

Si l’inscription de la « trame verte et bleue » (des corridors de nature) dans la loi est jugée positive, le rapport souligne qu’il manque toujours les plans d’action et des outils juridiques pour la mettre en place. En plein débat sur les niches fiscales, la fondation estime qu’il n’existe pas d’instrument économique pour inciter les collectivités locales à préserver la biodiversité alors que le système fiscal actuel pousse plutôt les élus à construire pour dégager des redevances locales nouvelles. Elle dénonce par ailleurs la manière dont le gouvernement a organisé la création de la future agence de la nature par le simple rapprochement de trois organismes publics spécialisés dans la protection des espaces protégés. « Un regroupement pourrait mener à des réductions de moyens dans le cadre de la révision générale des politiques publiques, alors qu’au contraire il faudrait renforcer leurs moyens. Il y a là un vrai déficit de concertation », souligne le rapport.

· Gouvernance.

Le gouvernement a créé le Comité national du développement durable et du Grenelle de l’environnement. Composé de 80 personnes (dont 11 femmes), de représentants des élus, du patronat, des syndicats des ONG et des associations, il sera chargé de Lire la suite

Bio : la demande et la production augmentent, les importations aussi

terra-eco.info, Thibaut Schepman, le 25 mai 2010

Bio : la demande et la production augmentent, les importations aussi

Malgré la crise, les Français ont acheté beaucoup plus de bio l’an dernier. Et de plus en plus d’agriculteurs se sont lancés dans l’agriculture verte. Mais la filière reste loin des objectifs du Grenelle et beaucoup de produits doivent encore être importés.

3 milliards d’euros. C’est le poids du marché français du bio en 2009. Presque deux fois mieux qu’en 2005 et 19% de plus qu’en 2008. En temps de crise et de diminution du pouvoir d’achat, la hausse de la demande pour ces produits réputés (trop) chers est une bonne surprise. Le bonheur est dans le pré bio ? Pas vraiment. Car depuis plusieurs années, la France doit importer une bonne partie – environ 30% – de ses denrées biologiques. De quoi aggraver leur bilan carbone et diminuer l’intérêt même de produire en bio. Et cette tendance s’aggrave cette année : les importations représentent plus de 38% des produits bio consommés en 2009. Pire, 40% de ces importations concernent des « produits pour lesquels la France a une forte vocation naturelle mais manque de volume », selon les chiffres de l’Agence bio, qui vient de publier son dernier rapport.

Pour s’approvisionner en aliments verts, la France importe en effet 25% de son lait, 30% de sa charcuterie ou encore 65% de ses fruits et légumes labellisés, alors qu’elle pourrait en produire une bonne partie. « La demande a crû plus rapidement que l’offre en raison de la durée de la période de conversion [des exploitations] », avance l’Agence bio. « La faiblesse de notre production n’est pas due à la lenteur de la conversion mais au manque de volonté et d’incitations politiques avant 2008 », rétorque Dominique Marion, président de la Fédération nationale d’agriculture biologique (FNAB). D’après lui, le passage au bio dure « aussi longtemps que dans les autres pays européens », c’est-à-dire « entre trois et quatre ans selon les types de cultures ». La France paierait en fait aujourd’hui le retard accumulé entre 2003 et 2006, lorsque le nombre d’exploitations augmentait très peu voire diminuait comme en 2004.

De plus en plus de conversions au bio

Aujourd’hui, la dynamique semble repartie à la hausse. En 2009, tous les mois, 300 agriculteurs se sont engagés dans le bio. Et le nombre total d’exploitations a augmenté de 24% : du jamais vu depuis les balbutiements du secteur à la fin des années 1990. Et le nombre d’agriculteurs en conversion vers le bio s’est accru de 86% par rapport à 2008, notamment grâce aux aides de l’Etat. Dans ce contexte, L’Agence bio assure que « les achats extérieurs sont appelés à diminuer à partir de 2011 dans le secteur du lait et un peu moins vite dans le secteur des céréales et dérivés ».

Reste que l’augmentation de la production devra être très importante pour atteindre les objectifs du Grenelle premier du nom. Le texte préconise 6% de la surface agricole utilisée (SAU) consacrée au bio en 2010 et 20% en 2020. Selon Dominique Marion, l’objectif n’est pas atteignable. « Il faudrait réorienter complètement la politique agricole européenne », assure-t-il. Après la hausse historique de la production en 2009, la part du bio dans la SAU totale ne se hisse en effet aujourd’hui qu’à 2,46%. A peine quelques grains de blé dans le silo.

Sources de cet article

 Le rapport de l’Agence bio

 Pour en savoir plus sur les conversions au bio

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Chantal Jouanno : « Il faut maintenant un Grenelle 3 »

lemonde.fr, Propos recueillis par Gaëlle Dupont et Pierre Jaxel-Truer, le 19 mai 2010

Chantal Jouanno : « Il faut maintenant un Grenelle 3 »

Chantal Jouanno, 41 ans, est secrétaire d’Etat à l’écologie depuis janvier 2009, après avoir été la conseillère de Nicolas Sarkozy pour le développement durable. Appréciée des écologistes, elle a défendu, avec le ministre de l’écologie Jean-Louis Borloo, la loi Grenelle 2 à l’Assemblée nationale, prenant position contre son propre camp sur certains dossiers.

La loi Grenelle 2 a été adoptée par l’Assemblée nationale le 11 mai. L’opposition vous reproche des « reculs »…

Il ne faut pas tomber dans la caricature. La loi n’est pas en recul par rapport à l’existant, c’est une avancée énorme. Le problème de l’écologie, c’est qu’on ne la juge que sur des symboles : les OGM, les pesticides, la taxe carbone… Avec Jean-Louis Borloo, nous demandons à être jugés sur les résultats, le nombre d’éoliennes implantées, le nombre de produits phytosanitaires retirés du marché… Maintenant, la balle est dans notre camp. A nous de mettre en œuvre le Grenelle sur le terrain. Le drame français, c’est qu’on croit que quand on a voté une loi, la messe est dite. Au contraire, tout commence maintenant. Il faut que les élus se saisissent du Grenelle. C’est pour ça que je vais reprendre mon tour de France pour aller « vendre » le Grenelle sur le terrain.

Etes-vous satisfaite, ou déçue, du texte adopté ?

On ne peut pas dire que c’est 100 % de ce qu’on voulait. C’est normal, c’est la démocratie. Mais le bilan global est positif. Avec les dispositions sur le bâtiment, la biodiversité, l’agriculture, l’eau, les risques, on a de quoi avancer. Sur certains sujets, on aurait pu aller plus loin, c’est vrai. J’ai toujours été réservée sur l’application du régime des installations classées pour la protection de l’environnement aux éoliennes, car ce ne sont pas des installations à risque. J’étais favorable à la possibilité d’expérimenter des péages urbains. Sur l’étiquetage environnemental, on aurait pu passer toute de suite à l’obligation sur certains produits.

Le contexte économique et politique n’est-il pas devenu défavorable aux ambitions écologiques ?

Ce sera moins simple qu’avant la conférence de Copenhague sur le climat . A l’époque tout était « vert », il n’y avait pas une voix discordante. Cela ne pouvait pas durer. Je ne suis pas favorable au consensus absolu sur l’écologie, car seules les modes sont consensuelles. Heureusement qu’il n’y a pas une pensée unique sur le sujet, sinon on entrerait dans une dictature technocratique. L’écologie doit rester un sujet politique, qui questionne notre organisation de la société.

En 2007, Nicolas Sarkozy parlait de « New Deal », l’écologie devait être placée au cœur de toutes les politiques publiques. Cette ambition a-t-elle été abandonnée ?

Certainement pas par le président de la République, qui a Lire la suite

Vers la sobriété heureuse : interview exclusive de Pierre Rabhi pour la sortie de son livre

femininbio.com, Anne Ghesquière, le 30 avril 2010

Vers la sobriété heureuse : interview exclusive de Pierre Rabhi pour la sortie de son livre

A l’occasion de la sortie de son nouveau livre, Vers la sobriété heureuse, Pierre Rabhi a accepté de nous rencontrer pour nous parler de ce concept enthousiasmant, qu’il applique au quotidien depuis longtemps.

AG – Comment en êtes-vous venu à développer le concept de sobriété heureuse ?

C’est pour moi une conviction ancienne. Quand en 1961, j’ai choisi de partir vivre en Ardèche, c’était déjà une démarche de sobriété. Mais je ne m’en étais pas encore rendu compte. J’agissais naturellement, et la sobriété était en fait incluse dans ma démarche de retour à la terre. C’est pour moi une conviction extrêmement profonde que de vivre simplement pour jouir de la vie et de la nature. J’ai découvert ensuite la décroissance, et ça a été un déclic. La décroissance démontre que l’on court à notre perte puisque nous voulons l’illimité alors que nous vivons dans un système limité. La Terre n’est pas extensible. Il y a donc incompatibilité entre le système et les idées que l’on veut lui appliquer. Les gens ont mal compris la décroissance et pensaient qu’il s’agissait d’un retour en arrière. Pas du tout ! Mais pour présenter l’idée sous un angle plus optimiste, j’ai pensé à la notion de « sobriété heureuse ».

AG – En quoi consiste-t-elle ?

Regardez autour de vous : les gens ne sont pas heureux, car ils veulent avoir toujours plus. C’est le système actuel qui créé cet état permanent de manque. Je pars du principe qu’avec la surabondance, nous ne sommes pas heureux. Aujourd’hui, il y a une performance à réaliser : satisfaire à nos besoins par les moyens les plus simples et les plus sains.

AG – Comment est-ce possible dans une société où nous sommes assaillis par la publicité ?

Il faut être convaincu que dans la sobriété, on trouve la libération. La sobriété est une délivrance par rapport au toujours plus. Il faut que chacun comprenne par soi-même qu’on ne peut pas atteindre la satisfaction permanente puisqu’il est fait en sorte que l’on ne soit jamais satisfait. Aujourd’hui, le superflu est immense, et déséquilibre tout. La sobriété permet de le repérer et de s’en séparer. Je pense que la décroissance est en route, il faut l’accepter et la voir comme une chance.

AG – Quelle place consacrez-vous à la nature dans la quête du bonheur ?

La nature est fondamentale dans la quête du bonheur. Quand on parle de la nature, il faut toujours penser à soi, car l’homme est un mammifère et dépend de la nature. Donc, être attentif à soi, c’est déjà découvrir la nature.

AG – C’est donc par là qu’il faut commencer ?

Disons qu’il faut au moins prendre en compte le fait que l’on comprend la nature en comprenant son corps. Le corps humain est une merveille ! Pensez aux cinq sens, à tout ce Lire la suite

Strasbourg va susciter la création de circuits agricoles courts et Les grandes villes soutiennent leur agriculture périurbaine

Les Echos, no. 20666, Didier Bonnet, Philippe Moreau, Emmanuel Guimard, Marie-Annik Depagneux, Paul Molga, le 28 avril 2010

Strasbourg va susciter la création de circuits agricoles courts

La Communauté urbaine de Strasbourg veut créer des circuits agricoles courts pour sauver quelque 200 exploitations et renouer les liens entre l’urbain et le rural.

Près de 10.000 hectares sont actuellement cultivés autour de Strasbourg, soit un tiers de la superficie de la Communauté urbaine (CUS), dont une bonne moitié consacrée à la culture du maïs. Cette agriculture extensive souffre d’une image dégradée, d’autant que les terres cultivables sont menacées par l’urbanisation. Dans le cadre d’une convention avec la chambre d’agriculture, la collectivité veut renverser ce mouvement. Principaux enjeux, sauver ce secteur économique et en assurer la pérennité en lui fournissant des débouchés économiquement viables. « Notre objectif est d’abord économique, indique Jacques Bigot, président PS de la CUS . Ici comme partout, les agriculteurs souffrent de la baisse des revenus, mais nous faisons aussi face à la distorsion de concurrence provoquée par le système social plus favorable aux agriculteurs allemands, nos voisins immédiats. »

Pour atteindre ces objectifs, l’agriculture locale et la collectivité doivent toutefois s’entendre. La convention passée entre la CUS et la chambre d’agriculture prévoit ainsi un changement d’attitude des pouvoirs publics vis-à-vis des terres en culture qu’on ne doit plus considérer comme de simples réserves foncières pour l’urbanisation. Charge à l’agriculture de proposer des cultures les plus favorables à l’environnement -les surfaces « bio » sont trois fois inférieures dans la CUS que la moyenne régionale –et de s’adapter à la demande urbaine de produits sains, locaux et abordables.

Prendre une place visible

Par exemple, le maraîchage et les cultures vivrières, devenues marginales sous l’effet de la PAC, doivent reprendre une place visible : « Nous prévoyons de les tripler d’ici à dix ans », annonce Françoise Buffet, adjointe au maire de Strasbourg chargée de l’environnement. Pour favoriser la distribution de ces produits, la CUS prévoit de favoriser leur vente directe via les marchés ainsi que dans un ou des lieux dédiés, au centre de l’agglomération, sans oublier la fourniture des cantines scolaires.

Grâce à ce partenariat avec le monde agricole, l’agglomération espère à la fois sauver un secteur économique en grande difficulté, alimenter les consommateurs avec des produits locaux, et modifier les abords de la ville pour en refaire un grand jardin débarrassé des pollutions agricoles, sans bannir pour autant les grandes productions céréalières. Si la convention entre la CUS et la chambre d’agriculture prévoit une feuille de route méthodique, restera à résoudre un souci majeur : les agriculteurs allemands gagnent des parts de marché considérables grâce à leurs tarifs bien plus bas et leur image bien plus verte qu’en France

Les grandes villes soutiennent leur agriculture périurbaine

La capitale alsacienne n’est pas la seule à se soucier de son environnement agricole proche. D’autres grandes villes se sont lancées dans des actions similaires.

« Il ne faut pas accepter de laisser la crise détruire des pans entiers de l’agriculture européenne au nom de la réalité du marché », déclarait en début de semaine à Copenhague le commissaire européen à l’Agriculture, Dacian Ciolos . Nombre de grandes villes françaises n’ont en tout cas pas attendu ce discours pour Lire la suite

Edgar Morin : « L’une des tragédies de l’Europe, c’est que les nations sont égocentriques »

latribune.fr, Propos recueillis par Robert Jules et Philippe Mabille, le 2 mai 2010

|Edgar Morin : « L’une des tragédies de l’Europe, c’est que les nations sont égocentriques »

Dans un grand entretien à lire ce lundi dans La Tribune, le sociologue et philosophe français Edgar Morin revient longuement sur la crise grecque et ses conséquences.

La Tribune : l’impuissance à apporter une solution au problème grec n’est-elle pas la démonstration d’une crise des finalités de l’Europe ?

Edgar Morin : La finalité première de l’Europe, c’était d’en finir avec les guerres suicidaires. Face à l’Union soviétique et ses satellites, il fallait créer et sauvegarder un espace de démocratie et de liberté. Donc, l’idée première était fondamentalement politique. Mais la résistance des Etats nationaux à abandonner une parcelle de souveraineté pour créer une entité politique supranationale a bloqué cette évolution. Dans les années 50, les grands courants économiques qui traversaient l’Europe occidentale ont permis de constituer une unité économique qui s’est achevé avec la constitution de l’euro. Mais sans aller au-delà. Nous avons payé cher cette débilité politique, par exemple avec la guerre de Yougoslavie. Et aujourd’hui, dans le cas de la Grèce, on mesure bien l’absence d’une autorité politique légitime. L’Europe est arrivée dans un état d’impuissance. Elle est paralysée par son élargissement et son approfondissement est bloqué par la crise actuelle.

La montée du nationalisme en Europe vous inquiète-t-elle ?

Avant même 2008-2009, il y avait déjà des poussées de nationalisme, certes limités à 10 ou 15% des voix, mais qui représentaient quelque chose de nouveau dans le paysage européen. Là-dessus s’est greffée la crise financière et économique, qui favorise ces tendances xénophobes ou racistes. L’Europe est arrivée à une situation « crisique » puisque pour la première fois, l’hypothèse que l’euro puisse être abandonné par un pays comme la Grèce a été émise, même si cela a été pour la rejeter. L’euro que l’on pensait institué de façon irréversible ne l’est pas. En fait, on ne sait pas très bien vers quoi le monde se dirige. Et, bien qu’il s’agisse d’une situation très différente de celle de 1929 ne serait ce que par le contexte européen, il ne faut pas oublier que c’est dans le pays le plus industrialisé d’Europe, l’Allemagne, qu’Hitler est arrivé légalement au pouvoir en 1933. Je ne veux pas dire que nous sommes condamnés à une troisième guerre mondiale, mais l’aggravation de la crise économique peut avoir des conséquences politiques et sociales extrêmement graves.

Quelle est la nature profonde de la crise que nous traversons ?

Par delà son déclenchement local, aux Etats-Unis, cette crise est liée à l’autonomisation du capitalisme financier, à l’ampleur de la spéculation, au recours de plus en plus important au crédit chez les classes moyennes appauvries, et aux excès d’un crédit incontrôlé. Mais la cause globale est l’absence de régulation du système économique mondial. Le règne du libéralisme économique est fondé sur la croyance que le marché possède en lui des pouvoirs d’autorégulation, et aussi des pouvoirs bénéfiques sur l’ensemble de la vie humaine et sociale. Mais le marché a toujours eu besoin de régulations externes dans le cadre des Etats nationaux. Après la mythologie du communisme salvateur, la mythologie du marché salvateur a produit des ravages, de nature différente, mais tout aussi dangereux.

Une autorité planétaire telle que le G20 apporte-t-elle la réponse ?

Nous sommes dans le paradoxe de la gestation d’une société monde où l’économie et les territoires sont reliés entre eux, mais pour qu’il y ait au-dessus de cela une autorité légitime, il faudrait qu’il y ait le sentiment d’une communauté de destin partagé. Pour des problèmes vitaux comme la biosphère, la prolifération des armes nucléaires ou l’économie, il n’y a pas de véritable régulation mondiale. Ce qui se passe dans l’économie est à l’image des autres débordements, des autres crises du monde. La crise économique n’est pas un phénomène isolé. Elle éclate au moment où nous vivons une crise écologique.

C’est une crise de civilisation ?

C’est une crise des civilisation traditionnelles, mais aussi de Lire la suite

Sondage 84,3 % des français concernés par les problèmes liés à l’écologie : Le Grenelle plébicité, pas les politiques

20minutes.fr, Charlotte Mannevy, le 3 mai 2010

Le Grenelle plébiscité, pas les politiques

L’écologie préoccupe les Français selon un sondage Obea-InfraForces./Idé

84,3 % des français concernés par les problèmes liés à l’écologie (29 % très concernés, 55,3 % assez concernés, 9 % pas tellement concernés et 6,5 % pas du tout concernés)

A propos du Grenelle de l’environnement, diriez-vous :

– C’était une bonne initiativeoui 84,1 % – non 11,4 %

– Il a apporté des solutions concrètes pour l’avenir – oui 35,2 % – non 57,5 %

– Il a permis aux français de prendre conscience des problèmes environnementaux – oui 68,5 % – 27,4 %

– Il a permis d’ouvrir le débat sur l’écologie – oui 76,8 % – non 18,6 %

– C’était une opération de communication du gouvernement – oui 68,5 % – 24,4 non %

– Je ne sais pas bien ce que c’est – 37,5 oui % – 60,6 non %

– Il n’a servi à rien – 31,4 oui % – 61,4 non %

Parmi ces personnalités quelle est la plus emblématique du Grenelle de l’environnement :

– Nicolas Hulot 65,2 %

– Jean-Louis Borloo 14,9 %

– Nicolas sarkozy 4,9 %

EXCLUSIF – Un sondage Obea-InfraForces pour «20 Minutes» et France Info sur l’environnement…

Bien, mais peut mieux faire. Selon un sondage Obea-InfraForces pour 20 Minutes et France Info, 84,3% des Français se disent concernés par les problèmes liés à l’écologie. Mais cette préoccupation ne serait pas suffisamment prise en compte par le gouvernement. La grande majorité des personnes interrogées (68%) estime en effet qu’«on n’en fait pas assez pour l’environnement».

Défiance

Un désaveu qui trouve sa source dans les déconvenues de ces derniers mois. Il y a d’abord eu, en décembre, l’échec retentissant du sommet de Copenhague sur le réchauffement climatique. Fin mars, c’est le président de la République qui marquait ses distances au Salon de l’agriculture: «L’environnement, ça commence à bien faire.» Enfin, le deuxième volet du Grenelle de l’environnement, présenté demain à l’Assemblée nationale (lire ci-dessous), prévoit un durcissement de la législation en matière d’énergie éolienne.

Du coup, si 84,1 % des Français estiment que le Grenelle était «une bonne initiative» qui a permis d’ouvrir le débat sur l’écologie, 57,5% considèrent qu’il n’a pas «apporté de solutions concrètes pour l’avenir». Ils sont même 68,5% a penser qu’il s’agissait avant tout Lire la suite

LGV basque : la médiatrice annoncera mardi que ce n’est pas gagné

eitb.com, Ramuntxo Garbisu, le 30 avril 2010

LGV basque : la médiatrice annoncera mardi que ce n’est pas gagné

Mardi 4 mai, Mme Meaux annoncera aux élus et à la presse les conclusions auxquelles elle est arrivée : si le projet ne sera pas remis en doute, on sera loin des déclarations rassurantes des pro-LGV.

Le projet de nouvelles voies LGV en Pays Basque nord connaitra un nouvel épisode ce mardi 4 mai 2010, avec la convocation à 17h à la sous-Préfecture de Bayonne de tous les élus concernés par son tracé, puis par une convocation de presse à l’ensemble des médias.

C’est à cette date que Marie-Line Meaux communiquera officiellement ses premières conclusions quant aux conditions dans lesquelles ce projet peut s’inscrire, et non sur sa remise en question, comme elle l’avait clairement exprimé dès sa prise de fonctions à Bayonne, après sa nomination par le Premier Ministre François Fillon.

« Ce projet de nouvelles voies a été acté au niveau gouvernemental, je suis là pour voir comment intégrer au mieux ce projet en Pays Basque, et il n’est pas question de revenir sur l’opportunité de toute autre hypothèse alternative« , avait-t-elle déclaré le 4 février dernier à la sous-Préfecture de Bayonne.

Chargée d’écouter l’ensemble des acteurs de ce dossier vivement combattu par une grande partie de la population sur son tronçon Bayonne-Biriatou, Mme Meaux n’a pas failli à cette partie de sa mission, ayant effectivement reçu nombre d’élus et d’associations depuis deux mois.

Malgré tout, les nombreuses incohérences du tracé défendu par l’opérateur Réseau Ferré de France (RFF) et les difficultés quant à parvenir à un taux de 60% de lignes enterrées en Pays Basque nord tel que mis en avant par les élus pro-LGV vont compliquer la tâche du rapport final qui doit être rendu à Matignon le 31 mai prochain.

Soulevée de maintes fois par le collectif d’opposition aux nouvelles voies du CADE, il existe bien une différence considérable de hauteur au niveau de la jonction entre la LGV Sud-Atlantique et le Y basque venu de la péninsule ibérique, ce qui obligera un des opérateurs à revoir sa copie : vu l’avancement des travaux en Pays Basque sud, il appartiendra donc à la France de relever ses voies LGV, rendant ainsi caduque ce chiffre de 60%.

Dans le meilleur des cas, le taux de voies enterrées tournerait autour de 40%, et il s’agira pour beaucoup d’entre elles de voies décaissées et non recouvertes qui déboucheront ensuite (avec un niveau phonique qui sera comparé à celui des cloches des vaches sur les zones agricoles) sur des ouvrages aériens qu’il sera difficile de ne pas remarquer : l’Adour et la Nive devront être franchies avec un nouveau pont ferroviaire d’une vingtaine de mètres de haut.

Dans ce paysage grandement modifié, l’opérateur RFF n’échappera donc pas à quelques Lire la suite

La chasse aux pesticides bientôt ouverte

sudouest.fr, Jacques Ripoche, le 27 avril 2010

La chasse aux pesticides bientôt ouverte

Paquet pesticides, directive cadre sur l’eau, Grenelle de l’environnement : la chimie agricole est cernée par les réglementations européenne et nationale. Le plan Écophyto 2018, qui vise à réduire de 50 % l’usage des pesticides d’ici à 2018, en est le fruit. Vivement discuté, il entre désormais dans une phase opérationnelle qui va se traduire par la mise en place, dans les prochaines semaines, des comités régionaux d’orientation et de suivi (Cros).

L’Institut national de la recherche agronomique (Inra) a commencé à déblayer le terrain en publiant au début de l’année les résultats de son étude « Écophyto R & D » dont l’objet est d’esquisser un scénario possible pour atteindre l’objectif visé. Troisième utilisateur européen, l’agriculture française consomme, en moyenne, 5,4 kg de pesticides par hectare et par an, soit environ 72 000 tonnes. En 2006, année de référence de l’étude, les exploitations professionnelles en ont acheté globalement pour 2,3 milliards d’euros.

De 2 à… 36 traitements

Compte tenu de la superficie qu’elles occupent, les grandes cultures sont, en volume, les premières utilisatrices (68 %) de substances actives. Viennent ensuite la vigne (14 %), les fruits et l’horticulture (5 %). Mais ces chiffres reflètent de grandes disparités. L’indice de fréquence de traitement (IFT) peut aller de 2 pour le maïs et le colza jusqu’à 16 pour la pomme de terre. En viticulture, le nombre annuel de traitements est compris entre 9 et 15 dans les régions atlantiques. En arboriculture, il peut monter jusqu’à 36. Et si un agriculteur en grandes cultures dépense en moyenne 134 euros par an et par hectare en pesticides, un viticulteur investit 394 euros, un horticulteur 527 euros, un arboriculteur 590 euros.

L’étude « Écophyto R & D » considère que « l’engagement du Grenelle de réduire les pesticides de moitié, en moyenne, par rapport au niveau actuel (2006) est un objectif ardu ». Pour autant, elle est porteuse d’une bonne nouvelle : « Une baisse de l’ordre du tiers serait atteignable en grandes cultures avec des changements significatifs de pratique mais sans bouleversements majeurs des systèmes de production ». La baisse de la production serait de l’ordre de 6 % et les marges n’en seraient « peu ou pas touchées ».

En revanche, la généralisation de la production intégrée (1) entraînerait une baisse des rendements de 25 % en viticulture et de 20 % en cultures fruitières. Or tout l’enjeu d’Écophyto 2018 est de réduire significativement l’emploi des pesticides tout en préservant la compétitivité et la performance économique de l’agriculture française.

Philippe Reulet, expert pesticides, eau et environnement à la Draaf Aquitaine et auprès de la Direction générale de l’alimentation (DGAL, ministère de l’Agriculture), est de ceux qui préparent la mise en place du Comité régional d’orientation et de suivi.

Alternatives et… impasses

« On ne part pas de rien », explique-t-il. Sur la vigne, par exemple, Lire la suite

Bilan 2009 de Université populaire de l’environnement – Université nomade d’Aquitaine de la Maison de la nature et de l’environnement Bordeaux-Aquitaine

MNE Bordeaux-Aquitaine, Communiqué, le 19 avril 2010

Bilan 2009 de Université populaire de l’environnement – Université nomade d’Aquitaine de la Maison de la nature et de l’environnement Bordeaux-Aquitaine

I. L’Université nomade d’Aquitaine

1.) 15 janvier – Une conférence-débat à l’IJBA (Institut de journalisme de Bordeaux) [150 participants] avec Marie Monique Robin, journaliste, cinéaste et écrivain sur le thème de « Ecologie et journalisme d’investigation » en partenariat avec Greenpeace Bordeaux et une diffusion du documentaire « Le Monde selon Monsanto » au cinéma l’Utopia de Bordeaux [180 participants] suivi d’un débat avec MM Robin

2.) 4 février et 4 mars – Deux ateliers pratiques écolo au Jardin botanique de Bordeaux [55 participants] sur le thème « Ecologie et numérique » avec Michel Lesbats, enseignant chercheur en biologie, et Anne-Sophie Novel, doctorante en économie politique

3.) 3 avril – Une conférence-débat au cinéma le Festival à Bègles [80 participants] en partenariat avec la municipalité sur le thème « L’homme a-t-il perdu le lien avec la nature ? » avec 4 universitaires : Dominique Prost, Enseignante-chercheuse en géographie, Martine Alcorta, enseignante-chercheuse en psychologie, Charlie Grandjeat, enseignant-chercheur en littérature nord-américaine et Catherine Thomas, enseignante-chercheuse en océanographie

4.) 20 mars, 10 et 24 avril Trois conférences-débats à Cap-Sciences Bordeaux « Changements climatiques et énergie » [80 participants] :

« Le changement climatique : pas plus de 2° C », par Jean-Yves Rossignol, Ingénieur-consultant

« Les énergies : une division par 4 d’ici 2050 », par Gilles Drogou des Amis de la terre

« Crise climatique et énergétique : la taxe carbone peut-elle être une réponse appropriée ? », par Jean Sireyjol, association TACA

5.) 16 mai – Une conférence débat à Mérignac sur le thème « Environnement et nouvelles solidarités » [50 participants] en partenariat avec les associations des Amis Aquitains des semaines sociales de France et Pratiques et dialogues. Après une présentation des enjeux climatiques, énergétiques, écologiques et sociaux par Jean-Yves Rossignol, 4 ateliers ont travaillés sur les thèmes de agriculture / consommation, énergie/habitat, déplacements et formation/insertion avant une restitution des ateliers

6.) Quinze émissions de radio sur la Clé des ondes en partenariat avec Chiche ! Bordeaux [ 3 000 auditeurs cumulés estimés] :

La MNE Bx Aquitaine

AutoCool/L’autopartage

TACA/Changement climatique et taxe carbone

Greenpeace et Vigilance OGM/Les OGM

Droits du piéton 33/Journée de la courtoisie

CATA/Projet collectif d’achat de terre agricole

Débat Ecologie et libertés publiques

Maisons paysannes 33/L’habitat rural

Vélo Cité/Jeu concours mes courses à vélo

Récup’R/Projet de recyclerie / ressourcerie

ICARE/Le jardin d’inspiration médiévale de Gradignan

H’Nord/Le projet d’Ecoquartier de Bordeaux Bacalan

Séphir/La barre d’outil Ecolo-info

SEPANSO 33/Les nouveaux OGM

L’agenda 21 des familles de Bordeaux

7.)1er avril, 6 mai, 3 juin et 1er juillet – Quatre cours au Jardin botanique de Bordeaux « Petite écologie de l’homme et de ses techniques »  [80 participants] avec Michel Lesbats

La main de l’Homme et ses techniques – Evolution des risques techniques de l’Homme préhistorique à nos jours

Autopsie d’un accident / Les mots des maux, les mots du risque – Définitions et polysémie des termes du domaine des risques d’origine technique

Citoyenneté et culture du risque – La participation des citoyens à la Gestion des risques techniques

Table ronde et débat sur la concertation et la démocratie écologique : « Echanges entre les acteurs locaux du Grenelle » suivi d’un Apéros’Ecolos (ex GreenDrinks)

8.) 16 au 25 mai – Sept conférences-débats lors du Salon de l’environnement de Bordeaux [150 participants] :

Au fil des Séounes/Abeilles et frelons asiatiques

CREAQ/Les aides à l’éco-habitat (2 interventions)

AutoCool/L’auto-partage

Achillée et ciboulette/Le compost

Achillée et ciboulette/Le purin d’ortie

Le collectif réduisons nos déchets en Aquitaine/La prévention des déchets

La MNE Bordeaux-Aquitaine/L’Université populaire de l’environnement

9.) 27 mai –  Une conférence-débat à l’IJBA « Quelle Europe pour la planète ? » [50 participants] avec les représentants des principales listes aux Européennes : Europe écologie, Front de gauche, NPA, PS et UMP/NC (Le Modem n’avait pas répondu à l’invitation)

10.) 27 et 28 juin – Deux conférences-débats à Nérigean (Libournais) dans le cadre du marché paysan du Château  Fourton-La Garenne (vignoble en maraîchage biologique) [55 participants]

« Libournais 2020 : quelle agriculture et quelle alimentation voulons-nous ? » avec Philippe Roudié – Professeur émérite de géographie et Jean-Pierre Leroy – Syndicaliste – Confédération paysanne

« Crises climatique, écologique, énergétique… quel rôle pour les associations environnementales ? » avec CATA, Achillée et ciboulette, Auto Cool et la MNE Bordeaux-Aquitaine

11.) Du 24 septembre au 4 novembre, mise en place d’un « module d’appui au développement associatif et aux porteurs de projets », premier cours le jeudi 24 septembre à 18h15 à la MNE Bordeaux-Aquitaine : « Le suivi évaluation dans les projets associatifs ». 5 cours du jeudi 1er octobre au mercredi 4 novembre à 18h30 à l’Athénée : « L’amélioration des moyens de communication des associations ». Ouvert à tous et gratuit, sur réservation.

12.) Du vendredi 25 au dimanche 27 septembre, Salon Viv’Expo à Bordeaux Lac avec des conférences-débat et la participation de nombreuses associations environnementales : AutoCool, Greenpeace, H’Nord, ICARE/Jardin de Pierral, MNE Bordeaux-aquitaine, Réseau des mille-pattes, SEPANSO, Solar Rives de Garonne/Ecocentre de Gironde, Surfrider Foundation…

13.) 7 et 15 octobre et 4 novembre à l’Université Bordeaux 2 Victoire amphithéâtre Pitres – « Crise climatique, énergétique, écologique…, état des lieux » avec Gilbert Haumont, universitaire, « Les énergies : une division par 4 d’ici 2050 » avec Gilles Drogou des Amis de la terre et « Vers une révolution des transports » avec Simon Charbonneau, Universitaire

14.) Le vendredi 9 octobre à 21h00, Salle du Foyer Municipal d’Arbis (7 km de Targon), « Crise climatique, écologique et des ressources naturelles : quelles conséquences pour l’Entre-deux-Mers ? » avec Gilbert Haumont, enseignant à la Faculté  de Pharmacie de l’Université de Bordeaux 2. Manifestation dans le cadre du Colloque 12 « De Benauge à Verdelais » organisée par les Amis du château de Benauge, l’Association des Amis du Musée de l’Art Religieux de Verdelais et le Comité de liaison de l’Entre-deux-Mers (CLEM) à Arbis, Benauge et Verdelais les 9, 10 et 11 octobre 2009

15.) Lundi 16 novembre – Conférence débat avec diffusion du film documentaire Live-bicycle sur « La mobilité urbaine » organisée par le PUMA (Pôle alternatif des Mobilités urbaines) : Vélo Cité, AutoCool, Droits du piéton 33, AIR…à l’Université Bordeaux 2 Victoire amphithéâtre Pitres

16.) Début 2010 une conférence débat sur « La transition » à la Communauté urbaine de Bordeaux jeudi 11 mars avec Pierre Radanne et Simon Charbonneau, deux conférences débat sur « Urbanisme, paysage, architecture dans l’Entre-deux-Mers… » la première à Créon le jeudi 25 mars, un Concert pour le climat à Bègles le jeudi 1er avril et une conférence sur « Climat et viticulture » à Montagne-Saint-Emilion le jeudi 6 mai

II. Soutien de l’UPE aux actions d’adhérents de la MNE et de partenaires

Du 12 au 27 septembre : Quinzaine de l’écologie en Agenais, Samedi 12 à 20h30  « Mieux comprendre les OGM » par Christian Vélot, Dimanche 13  à 10h30 « De jardin en jardin », Mercredi 16 à 20h00 « Nos enfants nous accuseront » Ciné/ débat, Vendredi 18 à 20h00 « Les papillons, indicateurs de bonne santé écologique », Dimanche 20 à partir de 8h30 « Ecorurale des Séounes » à la Sauvetat de Savères, Mercredi 23  à 19h30 « La taxe carbone » Conférence-débat avec TACA et Dimanche 27 à 14h00 « Visite d’une maison écolo » à Pennes d’Agenais.

Le mercredi 16 septembre à 19h30, Conférence-débat avec Hervé Le Treut, membre du GIEC, à l’Athénée municipale de Bordeaux organisée à l’occasion des 40 ans de la SEPANSO Aquitaine.

Du 28 septembre au 2 octobre 2009 « Stage chaux » et du 16 au 20 novembre « Formation à la restauration écologique dans le bâtiment ancien » organisé par l’Ecocentre de Gironde à Toulenne près de Langon.

Le vendredi 2 octobre manifestation du Collectif 33 Copenhague 09 à la gare Saint Jean de Bordeaux

Le dimanche 4 octobre « Picnic sans carbone » à partir de 12h sur les quais au Parc des Sports en face de St Michel (à coté du Pont de Pierre). Ce picnic doit nous permettre de rassembler le plus grand nombre de citoyens désireux d’agir pour protéger le climat. Ceux qui aiment Taca viendront en vélo et les rangeront en forme de 3 5 0 pour la traditionnelle photo, et cette fois nous l’espérons, l’objectif atteint de 350 vélos. Nous souhaitons organiser des vélo-bus, regroupement de cyclistes pédalant ensemble, convergeant  le dimanche matin depuis les 27 communes de la CUB vers le lieu du picnic à coté du Pont de Pierre.

Samedi 24 octobre – Manifestation du Collectif Copenhague au lion bleu sur la rive droite « 350 idées pour la planète »

Le vendredi 6 novembre un film-débat à l’Utopia de Bordeaux « Le syndrome du Titanic » de Nicolas Hulot avec le Collectif associatif Gironde Copenhague 09

Jeudi 10 décembre à 19h00 à l’Athénée municipal de Bordeaux avec la Confédération Paysanne de Gironde Conférence-Débat sur le thème : Agriculture et changement climatique. Comment assurer une production agricole répondant aux besoins des populations, dans un climat bouleversé,  tout en minorant radicalement les dégagements de gaz à effet de serre ?

samedi 12 décembre – Manifestation « Ni nucléaire, ni effet de serre » de 11h00 à 12h00 au miroir d’eau sur les quais face à la Bourse à Bordeaux avec TchernoBlaye, à partir de 12h00 déambulation festive dans Bordeaux avec une Batucada, musique brésilienne, tout le monde habillé en bleu, avec chapeau et lunette de soleil, vers 14h00 arrivée de la vague bleue au grand théâtre, place de la comédie, ou l’association TACA sera présente du samedi de midi à minuit. Veillée climatique sur place : amenez des pots de yaourts en verre peints en bleu pour poser des loupiotes (fournies par TACA), musiciens et chanteurs bienvenus pour réchauffer ceux qui vont veiller pour le climat sur les marches du théâtre comme beaucoup d’autres groupes à travers le monde (350.org, tck tck tck, …). A 19h regroupement des jeûneurs volontaires en soutien des militants de Climate Justice Fast en grève de la faim pour le Climat depuis le 6 novembre.

II. Le blog de la MNE https://mneaquitaine.wordpress.com/

Il fonctionne depuis août 2008 et propose 2 200 articles et 230 adresses de Sites Internet et de blogs dont 120 Aquitains

En 20 mois, près de 300 000 pages ont été consultées par environ 120 000 visiteurs, nous estimons qu’environ 50 % des visiteurs sont Aquitains.

1. TOP 25 des articles depuis 20 mois

Thermographie aérienne infrarouge de la CUB                                10 351

Le tracé sud de la future LGV Bordeaux –                                        10 273

Thermographie aérienne des 27 communes de la CUB                 9 199

La MNE Bordeaux-Aquitaine                                                             7 894

Ligne grande vitesse en 33, 40, 47 et 64                                          4 277

Communauté urbaine de Bordeaux : Isolez                                                 2 630

Langon : ouverture d’un supermarché bio                                        2 549

Centrales photovoltaïques au sol : la crainte de la trame grise       1 998

PAC : La France redistribue et dévoile les aides                             1 679

Appel à la création d’une ressourcerie /                                           1 647

Eco-PTZ : l’éco-prêt à taux zéro pour éc                                         1 499

La grande distribution s’empare du commerce équitable                1 367

Liste des 12 marchés bio et 78 magasins bio d’aquitaine              1 193

EnR : développement de l’énergie solaire                                        1 176

UPE – L’Université nomade d’Aquitaine                                            1 148

Formation à l’agroécologie en Ardèche av                                                   1 065

Eco-prêt à taux zéro et crédit d’impôt «                                             1 051

NON aux LGV Bordeaux-Toulouse et Bordeau                                1 020

Recycleries & Ressourceries : réseau                                            985

« Home » : Yann Arthus-Bertrand rend-il tr                              944

Soustons (40) : Une ferme photovoltaïque                                       904

Huitres du bassin : Du test de la souris                                            848

Bon ap’ avec l’Amap de Mérignac                                                    834

Transports de la CUB : Keolis préféré à                                          779

Toilettes sèches : soulagez l’environnem                                        747

2. Visite sur les sites et blogs des adhérents depuis le blog MNE depuis 20 mois

colibri33.fr                                                      429

collectif.terres.free.fr                                     427

maisons-paysannes.org                                418

recupr.org                                                      383

pagesperso-orange.fr/federation.sepan…    374

creaq.org                                                       284

lesptitsgratteurs.blogspot.com                      278

asso.burdivega.free.fr                                   269

itinerancesculturelles.asso.fr                        262

greenpeace.org/france                                  252

collectif-dechets-girondin.com                      246

sephir.org                                                      201

belcier.eco.quartier.free.fr/sommaire…        177

hnord.org/doku.php                                       169

velo-cite.org                                                   161

taca.asso-web.com                                      147

aramaquitaine.fr                                            141

autocool.fr1                                                    139

Quand le lobby des pesticides empêche la commercialisation de produits naturels

bastamag.net, Sophie Chapelle, le 14 avril 2010

Quand le lobby des pesticides empêche la commercialisation de produits naturels

Insecticides naturels ou fertilisants bio s’échangent sans problème ailleurs en Europe. Pas en France. Se procurer un tel produit pour entretenir son potager ou protéger son champ y est puni par la loi. Le purin d’ortie ou l’huile de neem sont considérés comme des produits toxiques au même titre qu’un pesticide de synthèse. Qu’importe, particuliers et paysans pratiquent la désobéissance civile.

L’annonce avait fait sourciller les multinationales de l’agro-business comme Syngenta, Bayer ou BASF. En septembre 2008, Michel Barnier, alors ministre de l’Agriculture et de la Pêche, présente le plan « Ecophyto 2018 » en Conseil des ministres. S’inscrivant dans la suite du Grenelle de l’environnement, ce plan vise à réduire de 50 % l’usage des pesticides, en 10 ans « si possible ». « C’est un nouveau modèle agricole français qui se construit », s’enthousiasmait à l’époque Michel Barnier.

Un an et demi plus tard, les impasses réglementaires continuent de se dresser devant les agriculteurs, arboriculteurs et jardiniers en quête d’alternative aux pesticides. « Nous avons l’impression que les services de la protection des végétaux s’inquiètent beaucoup plus des préparations naturelles peu préoccupantes que des produits chimiques et toxiques qui peuvent être cancérigènes », s’indigne Jean Sabench, responsable de la commission pesticides à la Confédération paysanne.

« L’industrie a gagné »

« Préparations naturelles peu préoccupantes » ? Ce terme est issu de la Loi sur l’eau et désigne les préparations à base de composant naturel comme la prêle, l’ortie, la fougère, l’argile, le vinaigre blanc ou le petit lait. Utilisées pour renforcer la capacité des plantes, ces préparations prennent la forme d’extrait fermenté, de décoction, d’infusion ou de macération. Le purin d’ortie en est devenu l’emblème quand, fin 2005, la Loi d’orientation agricole contraint ces produits à subir les mêmes tests, contrôles et procédures que les produits « phytopharmaceutiques » – un qualificatif juridique appliqué aux pesticides chimiques – en vue d’obtenir une autorisation de mise sur le marché national.

En 2006, la mobilisation des associations permet d’amender la loi. Les préparations naturelles pourront bénéficier d’une procédure simplifiée. Mais le décret du ministère de l’Agriculture publié en juin 2009 continue d’exiger l’inscription sur la liste européenne des produits « phytopharmaceutiques ». « Au dernier moment, l’industrie a gagné car l’administration a mis une contrainte supplémentaire inadmissible », explique Jean Sabench. Problème pour les structures de l’agriculture bio : les études exigées avant la commercialisation sont excessivement coûteuses. « Le ministère de l’Environnement voulait nous aider à financer les études. Quand ils ont vu le nombre de préparations et le coût global ils nous ont dit qu’ils n’avaient pas les moyens de le faire », raconte l’agriculteur de la conf’.

Désobéissance civile

Producteur de fruits bio dans la Loire, Jean-Luc Juthier assure ne pas pouvoir vivre de son travail sans ces produits-là. « En agriculture biologique, on connait certaines impasses techniques avec le puceron ou le ver de la cerise par exemple. Nous avons donc décidé de continuer à utiliser ces préparations dans la transparence avec les services de l’État et nos organismes certificateurs. C’est en quelque sorte de la désobéissance civile. » Une situation difficilement tenable sur le long terme. « Il y a eu un contrôle chez Lire la suite

Irrigation : il va falloir que tout le monde se mouille

sudouest.fr, Jean-Louis Hugon, le 7 avril 2010

Irrigation : il va falloir que tout le monde se mouille

Les agriculteurs irrigants n’acceptent pas le nouveau mode de gestion des volumes d’eau accordés.

Le préfet des Landes, Evence Richard, avec à ses côtés ses homologues des Pyrénées-Atlantiques, Philippe Rey, et du Gers, Denis Conus, a lancé hier après-midi à Mont-de-Marsan la concertation pour déterminer les volumes d’eau dont disposeront à l’avenir les agriculteurs irrigants. Une réunion dont on ne peut pas dire qu’elle ait été houleuse, non, mais elle s’est déroulée dans une ambiance plutôt tendue. Les agriculteurs des quatre départements concernés (il faut aussi ajouter les Hautes-Pyrénées) n’étant pas tellement satisfaits des chiffres annoncés, sous forme de tableaux compliqués, à partir de l’année quinquennale sèche 2006, prise en compte pour les volumes prélevés.

Ces calculs savants ont immédiatement fait réagir les agriculteurs, qui avaient déjà dénoncé cette conséquence de la dernière loi sur l’eau lors de manifestations régionales le 8 mars dernier. Des ruraux mécontents parce qu’au contraire des années précédentes, on se base non plus sur les débits d’eau des cours, fleuve ou rivières, mais sur les volumes disponibles.

Débit biologique

« Malheureusement, remarque cet agriculteur, à part ceux qui disposent de réserves collinaires, les cours d’eau ne sont pas des réservoirs pleins, avec un robinet que l’on ouvre quand on en a besoin. Chaque fleuve ou rivière a un débit biologique, différent d’un mois à l’autre, en fonction des précipitations, de la fonte des neiges ou de la sécheresse. » De plus, le calcul portera de juin à octobre, période pendant laquelle il faudra observer des débits objectifs d’étiage minima, que l’on irrigue ou non. En dehors des périodes traditionnelles d’irrigation, entre le 15 juin, parfois plus tard, jusqu’au 15 août, « l’application de ces règles entraînera des lâchages d’une eau qui ira directement à l’océan, poursuit Jean-Louis Cazaubon, président de la Chambre régionale d’agriculture de Midi-Pyrénées, indigné d’un tel procédé. Alors qu’au final nous ne consommons que 3 % des précipitations, qui reconstituent les réserves tous les ans. »

Pour Dominique Graciet, président des chambres d’agriculture des Landes et d’Aquitaine, « les trois piliers du développement durable, économique, social et écologique, n’ont pas été traités avec le même souci dans cette étude. Nous ressentons comme une profonde injustice que l’agriculture en soit l’unique variable d’ajustement, alors que depuis 40 ans nous avons toujours pu gérer ce problème en respectant l’environnement. Que je sache, malgré les étés très secs que nous avons connu, en périodes de « gestion de crise », comme elles ont été nommées, nous avons toujours fait en sorte que tout se déroule sans catastrophe majeure. Là, On demande aux seuls agriculteurs de gérer les caprices du fleuve. »

« Repenser le système »

Jean-Claude Duzer, président de l’Institution Adour, trouve qu’il n’a pas été assez associé aux études. Jean-Luc Capes (FDSEA), président de l’Association de gestion de l’irrigation dans les Landes (AGIL), dit « c’est insupportable de gérer un dossier aussi compliqué à la hache », car il faudrait que les arbitrages aient été rendus à la mi-mai, tandis que Bernard Subsol (Conseil général des Landes), rappelle que, malgré le désengagement de l’État pour financer les ressources, les collectivités territoriales ne pourront pas aller au-delà des 20 % qu’ils apportent annuellement. Georges Cingal (Sepanso) a invité tout ce monde à « repenser le système de la monoculture du maïs, dont on voit aujourd’hui les limites ».

Mais les irrigants ont encore quelque espoir : le fait que Lire la suite

Serge Orru – L’écologie va réinventer la politique et la politique va réinitialiser l’écologie.

lexpress.fr, Serge Orru, le 6 avril 2010

Flagrant état d’hybridité de l’écologie avec la politique

L’écologie va réinventer la politique et la politique va réinitialiser l’écologie.

La chronique de Serge Orru, du WWF.

Autrefois dédaignée et souvent raillée, l’écologie est aujourd’hui un argument électoral, un véritable sujet de société. L’écologie atterrit en politique et se retrouve tant aimée ou vilipendée. Elle butine à gauche, elle butine au centre et butine à droite. Elle est verte, rose, bleue. Chaque parti politique offre opportunément ses arguments environnementaux. Mais pourquoi ne reste-t-elle encore qu’une simple variable d’ajustement dans une France qui se hâte lentement vers sa transformation verte. L’écologie ne peut rester en ballottage car elle est la problématique d’émancipation de l’homme au XXIe siècle.

L’actualité montre que la politique et l’économie se sont engouffrées dans l’écologie. Car c’est un atout pour gagner des voix en proposant la prospérité verte.

L’écologie non politique, celle des naturalistes, ne dérange guère de monde, et est hélas ignorée. On aime les baleines et les pandas, mais dès que l’on évoque les émissions de gaz à effet de serre, les déchets nucléaires, les OGM, les incinérateurs, le tout-routier, l’agriculture intensive et ses pesticides, le lien environnement-santé, l’écologie devient alors trop visible voire agaçante et gênante. Car elle demande des changements rapides et radicaux. Face aux récents reculs, les écologistes restent déterminés et toujours impatients.

Les enjeux sont toujours là. Les enjeux, justement… le plus connu, le péril climatique, est remis en question malgré l’avis de milliers de scientifiques que d’aucuns transforment pernicieusement en comploteurs… Et quand bien même les écologistes se tromperaient-ils… serait-ce une raison pour continuer à dilapider notre patrimoine naturel et dévorer la biodiversité de notre unique planète bleue comme une orange ? Une raison pour éventrer les forêts boréales de la Colombie Britannique pour en extraire des sables chargés de pétrole ? D’applaudir des deux mains la fonte des glaces qui permettra d’aller puiser d’autres ressources ? Combien de temps resterons-nous fossiles dans ce monde fini à l’inconscience infinie…

Ce que propose l’écologie n’est pas une punition. Ni une contrition face à l’apocalypse. Il s’agit de revoir le sens du progrès, de nos vies et celles des générations futures. L’écologie politique connaîtra l’âge de raison. Aujourd’hui, c’est une période plus instable qui s’ouvre. Place à son adolescence et à sa créativité bouillonnante. Mais l’écologie est entrée dans la Cité et dans les consciences. Elle n’en sortira plus. N’en déplaise aux rois du carbone.

Progressivement, l’écologie politique sera intégrée dans les programmes des partis politiques avec la même force que Lire la suite

Éoliennes collectives sur le causse du Larzac : un projet dans la tourmente

midilibre.com, Patrick Nappez, le 4 avril 2010

Éoliennes collectives sur le causse du Larzac : un projet dans la tourmente

Parfum de paradoxe ! Le discours dominant promeut la nécessité absolue de développer des énergies alternatives pour le XXIe siècle. Via le fameux Grenelle de l’environnement, des objectifs ont été définis, dont celui de produire 10 % d’électricité éolienne en 2020 ! Or, tous les programmes éoliens en cours doivent faire face à mille obstacles, parfois encouragés par les mêmes qui fixent les objectifs. Un exemple parmi d’autres : un projet inédit porté par des habitants du Larzac est contesté localement. Au même moment, les pro et les anti-éolien s’affrontent par mission parlementaire interposée. Tout cela ne manque pas de souffle mais risque bien de sombrer dans la perte d’énergie.

Un plateau, c’est exposé à tous les vents ! Le causse du Larzac n’y échappe pas, souvent au désagrément de ses habitants. Pourtant, au pied de fantomatiques tours de calcaire et autour de discrètes dolines s’est insinuée dernièrement la promesse d’un vent meilleur. 

Il apporterait tout à la fois un début de réponse aux défis énergétiques du XXIe siècle, une source de revenus et une dynamique de développement en complément des activités agricoles, commerciales et artisanales, et encore une forme de citoyenneté et de lien social dont ici aussi on aurait bien besoin. 

Tout cela réside dans un projet éolien modeste par sa taille (trois machines de 800 kilowatts et une de 600 kilowatts) mais inédit par son montage et sa philosophie : l’opération n’est pas portée par un major du secteur éolien, mais par une centaine de co-actionnaires, représentant les forces vives des hauts cantons, à la frontière de l’Hérault et de l’Aveyron. 

« Des habitants ont décidé de s’approprier le développement économique et de diversifier les sources de revenus, notamment ceux d’une agriculture en plein bouleversement. Il s’agit de montrer aux jeunes qu’il y a des possibilités pour l’avenir… », s’enthousiasme Jean-Louis Vidal, éleveur au domaine de Tapié (sur la commune aveyronnaise de Cornus) et initiateur de ce projet éolien en propriété collective. 

Via un comité de développement agricole de la Chambre d’agriculture de l’Aveyron, diverses associations et organismes, Jean-Louis Vidal et quelques pionniers ont construit le projet pas à pas, chaque fois surpris par l’engouement recueilli dans les villages concernés : Cornus en Aveyron, Le Caylar, Les Rives et Roqueredonde dans l’Hérault. 

« Le côté fédérateur a permis de surmonter les rivalités de clocher », estime Jean- Louis Vidal. Cependant, il n’a pas réussi à faire l’unanimité dans cette partie du Larzac. Comme partout, dès qu’il s’agit d’éoliennes, des particuliers ont intenté un recours administratif pour s’opposer au permis de construire délivré en décembre 2009, par le préfet de l’Aveyron, après un premier refus en juin 2007. 

Les motivations paysagères Lire la suite

Fondation Nicolas Hulot, Lettre ouverte aux citoyens signataires du pacte écologique

Fondation Nicolas Hulot, Cécile Ostria Directrice générale de la Fondation Nicolas Hulot pour la nature et l’homme, lettre ouverte, le 30 mars 2010

Lettre ouverte aux citoyens signataires du pacte écologique

Cher-e-s ami-e-s,

En 2007, vous avez signé, comme 750 000 Français le Pacte écologique porté par la Fondation Nicolas Hulot pour la Nature et l’Homme. Votre mobilisation sans précédent a permis d’obtenir l’engagement de Nicolas Sarkozy, de 9 autres candidats à la présidentielle, et de plus de 400 députés et sénateurs de faire de l’environnement une priorité de l’action publique. Des avancées concrètes ont été obtenues : création d’un n°2 du gouvernement en charge du développement durable, les conclusions du Grenelle de l’Environnement et le vote à l’unanimité de la loi Grenelle I… qui ont suscité beaucoup d’espoir.

Le Pacte Ecologique n’est plus respecté

Avec le Grenelle de l’Environnement, nous pensions le constat partagé, nous pensions pouvoir nous concentrer sur la recherche de solution, il n’en est rien. Les mots clefs des années à venir sont désormais exclusivement la compétitivité, l’emploi, la santé comme si toutes ces problématiques ne dépendaient pas profondément de l’état de notre environnement. Le développement durable n’est décidément pas l’axe structurant de l’ensemble des politiques publiques. C’est au mieux un axe parmi d’autres : l’économie, le social, l’agriculture, la culture. Au pire, un axe opposé aux autres. Le discours dominant redevient celui d’il y a plusieurs années : la réponse aux défis écologiques est de nouveau systématiquement opposée à la compétitivité économique et à la protection des emplois. L’environnement redevient un simple enjeu électoral, une variable d’ajustement. Ce n’est pas l’esprit du Pacte écologique.

Il nous faut changer de modèle économique, poser les bases d’une croissance sélective, ancrées sur la préservation et un meilleur partage des ressources naturelles. Les emplois, la compétitivité des entreprises, sont menacés par les crises environnementales. La raréfaction des ressources énergétiques, la destruction des écosystèmes vont accentuer la vulnérabilité des plus faibles d’entre nous, fragiliser nos économies et nos démocraties et générer de nouvelles sources d’affrontements. C’est ce que n’ont pas compris la plupart des responsables politiques et économiques.

Une suspension nécessaire pour plus d’efficacité

C’est pourquoi, la Fondation Nicolas Hulot décide de suspendre sa participation aux groupes de travail mis en place par le gouvernement jusqu’à ce que des décisions fortes remettent le développement durable au cœur des politiques publiques. Depuis 3 ans, Lire la suite

Appel à contribution – Revue L’homme et la société – Agriculture et capitalisme mondialisé : Crise mais permanence d’un débat

calenda.revues.org, Karim Hammou, le 26 mars 2010

Appel à contribution – Revue L’homme et la société

Réponse avant le Samedi 30 octobre 2010

Agriculture et capitalisme mondialisé : Crise mais permanence d’un débat

Résumé

La crise économique et financière a eu un impact sur le secteur agricole et sur les producteurs eux-mêmes. Baisse des revenus des producteurs, fluctuations des prix, « émeutes de la faim » dans une quarantaine de pays, autant de signes annonciateurs d’un bouleversement du mode d’organisation des agricultures. Des questionnements surgissent alors sur le devenir de l’exploitation familiale, sur l’organisation des marchés agricoles, sur l’avènement de nouvelles pratiques agricoles, sur l’accès à la terre, et in fine sur l’identité professionnelle des paysans. Les rapports entre l’agriculture et le capitalisme mondialisé doivent donc être examinés sous différents angles (anthropologie, économie, droit, sociologie…). C’est pourquoi la revue L’homme et la société lance un appel à contributions pour un numéro consacré à l’agriculture et à la paysannerie dans le capitalisme mondialisé.

Annonce

La crise actuelle se distingue certes par la violence du choc financier, par la décomposition accélérée du modèle de croissance établi à partir des années quatre-vingt-dix aux États-Unis, débouchant sur une vaste littérature quant à la durée de cette crise, ses répercussions sociales, sans parler des interrogations resurgissant au sujet de la pérennité ou de l’arrivée aux limites du capitalisme. Elle se distingue tout autant par les effets qu’elle a exercés sur l’agriculture et les agriculteurs du monde entier. L’amplitude des fluctuations des prix des matières premières entre 2007 et 2009, les « émeutes de la faim » dans une cinquantaine de pays en développement qui en ont parfois découlé, le franchissement du milliard d’êtres humains désormais confrontés à la malnutrition, les phénomènes de razzia sur les terres agricoles de certains pays pauvres ou développés pour sécuriser les approvisionnements alimentaires des États loueurs ou acheteurs de ces terres comme la Chine ou la Corée du Sud, entraînant à la fois une dépossession foncière des paysans locaux, et une réhabilitation de ce que la mondialisation entendait éradiquer, à savoir la « souveraineté alimentaire », autant de signes révélateurs que la crise du capitalisme mondial a contaminé tous les secteurs, à commencer par l’agriculture.

Mais à y regarder de plus près, la crise agricole et alimentaire prend ses racines dans les processus enclenchés il y a un quart de siècle, processus s’inscrivant dans le tournant néolibéral visant au démantèlement des politiques agricoles et de tous les dispositifs de régulation, d’organisation des structures agraires, ayant conduit à des formes de dépossession des terres et de paupérisation des paysans, accompagnées de répercussions sur l’environnement. La mondialisation, les exigences du capital transnational et des institutions internationales ont favorisé l’émergence des grandes exploitations agricoles, dont les exemples brésilien et malaisien apparaissent comme les traductions les plus extrêmes, mais qui préfigureraient les structures productives agricoles de demain, caractérisées par une concentration accrue des exploitations, par de grandes surfaces et par une élimination des producteurs eux-mêmes. En découle une hyper-concurrence effrénée entre les pays producteurs de denrées agricoles et de produits alimentaires et désormais non alimentaires comme les agrocarburants, que l’Organisation Mondiale du Commerce ne parvient pas à réglementer tant sont puissants les intérêts des nations s’articulant aux pressions des firmes multinationales de l’agroalimentaire et de l’énergie. La vieille question de l’« absorption de l’agriculture dans le mode de production capitaliste », pour reprendre le titre d’un article célèbre de Claude Servolin, qui a suscité tant de débats depuis que Karl Kautsky l’a énoncée et analysée dans le sillage de Karl Marx, resurgit aujourd’hui. Quel est le devenir de l’agriculture dans Lire la suite

Parution du prochain numéro de LaRevueDurable « La petite agriculture familiale peut nourrir le monde »

LaRevueDurable, Communiqué, le 17 mars 2010

Parution du prochain numéro de LaRevueDurable

« La petite agriculture familiale peut nourrir le monde »

Le numéro 37 (mars-mai 2010) de LaRevueDurable sort fin mars

Aucun sujet ne cristallise à lui tout seul autant d’enjeux vitaux que l’avenir de l’agriculture mondiale : faim, pauvreté, climat (émissions et adaptation), énergie, biodiversité, eau, justice et équilibres économiques locaux et globaux.

La réponse du 37e dossier de LaRevueDurable à tous ces défis s’articule autour de l’agriculture familiale et de l’agriculture biologique. Leur défense va de pair avec la remise en cause de l’élevage industriel et la mise en garde contre l’accaparement des terres et le marché du carbone appliqué à l’agriculture.

« La petite agriculture familiale peut nourrir le monde » aborde les atouts clefs de l’agriculture biologique pour lutter et s’adapter au réchauffement climatique, le programme pionnier du Limousin pour réduire la dépendance alimentaire et énergétique de ses élevages, la renaissance de variétés de blé oubliées en Italie, des exemples concrets d’adaptation au réchauffement chez les petits paysans du Sud, etc.

Toutes ces initiatives donnent l’espoir que le défi agricole du XXIe siècle sera relevé dans des conditions écologiques et sociales acceptables. Un guide très complet fait le panorama de l’actualité éditoriale et audiovisuelle sur l’agriculture durable.

Le contenu détaillé de ce dossier figure dans le sommaire ci-joint.

Vous voulez recevoir ce numéro et n’êtes pas abonné-e ? Réservez-le dès maintenant au prix de 9 euros en indiquant bien votre adresse postale, par retour de ce courriel.

Les envois se font uniquement après Lire la suite

Chine – L’environnement menacé par l’agriculture

vert.courrierinternational.com, Xin Shiji Zhoukan, février 2009

L’article original (en chinois)

L’environnement menacé par l’agriculture

Pour la première fois, un recensement des sources de pollution a été effectué dans le pays. Il révèle que les polluants sont principalement d’origine agricole et leur quantité bien plus importante que prévu. Une situation pour le moins alarmante.

Le 9 février dernier, les résultats du premier recensement général des sources de pollution en Chine ont enfin été publiés, au terme de plus de deux ans d’enquête. Derrière l’aridité des chiffres, cette étude révèle la véritable origine des graves problèmes de pollution que connaît le pays. Ces dernières années, la lutte contre la pollution est passée au premier plan des préoccupations. Le 11e plan quinquennal [le programme gouvernemental de planification économique] stipulait qu’il fallait se fixer comme objectif une diminution de 5 % des principaux rejets polluants en 2010, par rapport à 2005. Le problème, c’est que la Chine n’avait pas encore bien mesuré toute l’étendue de la pollution sur son territoire.

En mai 2007, le gouvernement a lancé un recensement général des sources de pollution en Chine ; 570 000 personnes ont été mobilisées par le ministère de la Protection de l’environnement (à l’époque, simple agence) pour réaliser cette enquête, avec quatre grands champs d’investigation : la pollution d’origine industrielle, la pollution d’origine agricole, la pollution liée à la vie quotidienne et les installations de traitement de la pollution, soit au total près de 6 millions de sources polluantes sur le territoire.

Les résultats de l’enquête indiquent qu’en 2007 la DCO [demande chimique en oxygène, indicateur de la charge polluante des eaux usées] de l’ensemble des eaux usées sur le territoire chinois approchait les 30,29 millions de tonnes et les rejets d’azote ammoniacal 1,73 million de tonnes. Quant à la pollution de l’air, les émissions de dioxyde de soufre étaient de 23,2 millions de tonnes et celles d’oxydes d’azote de 17,98 millions de tonnes. Le recensement souligne par ailleurs les points névralgiques bien connus en matière de pollution : la rivière Wei (Wei He), le fleuve Hai (Hai He), la rivière Liao (Liao He), les lacs Taihu, Dianchi et Chaohu, qui concentrent une quantité particulièrement importante de polluants.

Le vice-ministre de la Protection de l’environnement, Zhang Lijun, a indiqué que ce recensement avait permis la création d’une base de données des sources de pollution où figurent les 5 925 600 sites recensés sur le territoire chinois, ainsi que des données de base en matière d’environnement. Il est possible de faire des recherches ciblées en fonction des besoins dans les différentes catégories (professions, régions, indicateurs etc.). Il s’agit donc d’un outil très utile de gestion et d’aide à la prise de décision. Dans les mentalités, la pollution est traditionnellement associée à l’industrie. Or ce recensement bouleverse quelque peu les idées reçues : Lire la suite

Le 7 avril – Solutions locales pour un désordre global, un film de Coline Serreau

arnanermad.overblog.com, NC, le 7 mars 2010

Solutions locales pour un désordre global, un film de Coline Serreau

Sujet : Re-voici Coline Serreau avec son nouveau film qui sort en France le 7 avril…

Sortie nationale au cinéma le 7 avril 2010

Solutions locales pour un désordre global, un film de Coline Serreau

Des films catastrophes ont été tournés, des messages alarmistes lancés, ils ont eu leur utilité mais il faut désormais montrer qu’il existe des solutions, faire entendre les réflexions de ceux qui inventent et expérimentent des alternatives. Dépassant la simple dénonciation d’un système agricole perverti par une volonté de croissance irraisonnée, Coline Serreau nous invite dans « Solutions locales pour un désordre global » à découvrir de nouveaux systèmes de production agricole, des pratiques qui fonctionnent, réparent les dégâts et proposent une vie et une santé améliorées en garantissant une sécurité alimentaire pérenne. Caméra au poing, Coline Serreau a parcouru le monde pendant près de trois ans à la rencontre de femmes et d’hommes de terrain, penseurs et économistes, qui expérimentent localement, avec succès, des solutions pour panser les plaies d’une terre trop longtemps maltraitée.

Pierre Rabhi, Claude et Lydia Bourguignon, les paysans sans terre du Brésil, Kokopelli en Inde, M. Antoniets en Ukraine… tour à tour drôles et émouvants, combatifs et inspirés, ils sont ces résistants, ces amoureux de la terre, dont le documentaire de Coline Serreau porte la voix. Cette série d’entretiens d’une incroyable concordance prouve un autre possible : une réponse concrète aux défis écologiques et plus largement à la crise de civilisation que nous traversons.

Oui, des solutions locales et des alternatives concrètes pour un meilleur partage des avoirs et des savoirs existent. Cinéaste à succès, Coline Serreau s’engage depuis toujours pour un monde plus juste et plus humain. La réalisatrice a démarré sa carrière en 1976 par un documentaire féministe et ponctue depuis sa filmographie de productions militantes. Loin d’un effet de mode, l’environnement, l’écologie et la décroissance constituent les fondements de sa personnalité et de son discours. En 1996, Coline Serreau nous invitait déjà à une réflexion écologique et sociale avec « La Belle Verte » pour dénoncer les méfaits d’une société de consommation délirante. La réalisatrice a entamé depuis une profonde réflexion sur la façon même d’exercer son travail. « Solutions locales pour un désordre global » film documentaire écologiste et engagé, est l’un des aboutissements artistiques et intellectuels de son parcours de cinéaste.

« Solutions locales pour un désordre global » est réalisé en partenariat avec l’association Colibris, mouvement pour la Terre et L’humanisme (pour en savoir plus sur Colibris, cliquez ici). L’association créée à l’initiative de Pierre Rabhi a réalisé un entretien avec Coline Serreau qui fait le bilan de ces trois ans de tournage : http://www.youtube.com/watch?v=Etp2_-eqVKU

Coline Serreau , à propos de sa collaboration avec Colibris : « Il faut aujourd’hui montrer qu’il existe des solutions, faire entendre les réflexions des philosophes et économistes qui, tout en expliquant pourquoi notre modèle de société s’est embourbé dans la crise écologique, financière et politique que nous connaissons, inventent et expérimentent des alternatives. Le film que nous réalisons se voudrait un objet Lire la suite

France-Inter – Dimanche 28 février – Interception « AMAP…le paysan d’à côté »

sites.radiosfrance.fr, Interception, AMAP… le paysan d’à côté, par Lionel Thompson et Pascal Dervieux, le 28 février 2010 de 9h10 à 10h

Ce matin sur France Inter une émission sur les AMAP, avec notamment celle de Flaujagues près de Castillon la Bataille (Gironde). AMAP mise en place grâce au travail du Collectif pour l’achat de terres agricoles (CATA).

Pour réécouter l’émission http://sites.radiofrance.fr/franceinter/em/interception/

L’idée est arrivée en France en 2001. Ce sont les Japonais qui l’ont appliquée les premiers, suivis des Américains. Depuis, la formule se développe à la vitesse du vent. On les appelle les « AMAP » : associations pour le Maintien d’une Agriculture Paysanne ». On en comptera sans doute 4000 à la fin de l’année.

De l’Aquitaine au Nord Pas de Calais en passant par les Pays de la Loire ou Provence Alpes Côte d’Azur, les AMAP regroupent des citoyens fatigués d’être des consommateurs passifs.

En pré-payant un panier hebdomadaire à un agriculteur local, ils s’assurent une alimentation de qualité, bio en totalité, tout en soutenant la vie d’une exploitation.

Pour les AMAP, consommation rime avec solidarité. Le principe a pour autre avantage de réduire les circuits de distribution, si coûteux pour l’environnement.

Contrairement à une idée reçue, les AMAP ne sont pas une création pour « bobos » urbains en mal de verdure. Les grandes organisations agricoles restent sceptiques, mais au moment où le Salon de l’Agriculture célèbre une fois encore une agriculture intensive et assistée, mais en voie de dépeuplement, les AMAP montrent que ce sont peut-être les consommateurs eux-mêmes qui permettront la survie des Lire la suite

Les cantines, plus industrielles que Grenelle – Trop cher, trop compliqué… Les expériences bio restent limitées

liberation.fr, Emmanuelle Peyret, le 5 février 2010

Les cantines, plus industrielles que Grenelle

Trop cher, trop compliqué… Les expériences bio restent limitées.

Au menu de ce jeudi d’octobre, il y a marqué bio. Enchantée, la mère : «Oh, mais tu as de la chance tu as mangé bio ?». Le fils : «T’emballes pas maman, c’était juste le yaourt.» Parce que la cantine tout bio, voyez, on n’y est pas encore. Depuis 2007, la demande de bio dans les cantines explose bien, mais les producteurs et les professionnels de la restauration collective ont du mal à suivre, se plaignait ainsi en octobre un représentant de la Fédération nationale de l’agriculture biologique (Fnab) au salon Cantina. Et pourtant il va falloir s’atteler à la charrue bio, vu qu’à l’horizon 2012, les produits bio devront représenter 20 % de la composition des menus, suivant une directive du Grenelle de l’environnement.

Surcoût. Pour l’heure, un tiers des établissements (26 000) de restauration collective servent des repas bio, un chiffre qui devrait monter à sept restaurants scolaires sur dix en 2012. Selon une étude commandée en 2009 par la fédération des mairies des villes moyennes (FMVM), 8 % des communes interrogées servent plus de 20 % de produits bios, et 22 % n’en servent pas du tout. En majorité, ce sont les fruits, les légumes et le pain qui sont bios. Les bons élèves ? La Bretagne (tout est parti en 2003 du resto U de Lorient qui a proposé des repas bio aux étudiants), les régions Provence-Alpes-Côte d’Azur, Rhône-Alpes et Languedoc-Roussillon sont pionnières. Mais la ville française à appliquer de manière générale le bio à la cantine, «c’est Saint-Etienne, explique fièrement son maire, Maurice Vincent (PS). 50 % de la totalité des 25 000 repas servis quotidiennement sont bios». 10 % seront ajoutés chaque année pour arriver en 2014 à 100 % de bio dans les cantines stéphanoises. Principales difficultés rencontrées par l’équipe municipale, le prix d’abord : «10% de plus, poursuit l’édile de Saint-Etienne, qui ne se retrouvent pas sur la facture des familles. Ce surcoût a été amorti en réduisant les frais généraux.» Autre écueil : l’offre qui est souvent peu adaptée à la demande, la filière bio ayant du mal à approvisionner les gros volumes exigés par la restauration collective. «A Saint-Etienne, nous avons cherché et trouvé les produits issus de l’agriculture biologique dans un rayon de 60 km environ, dans la Loire et en Rhône-Alpes.»

Malbouffe. Comme il s’agit d’un programme à long terme, le projet bio présente l’avantage de «soutenir l’économie locale», poursuit Maurice Vincent, «en encourageant les conversions vers le bio, vu la durée du contrat, séduisante pour les agriculteurs». Tout cela nécessite une évidente organisation en amont, à voir l’exemple de Saint-Etienne, où sont élaborés les menus six mois à l’avance, où des plats parfois bizarres au goût des enfants leur sont proposés – sans aller toutefois jusqu’au tofu-topinambour – et où la viande a été laissée de côté jusqu’en 2014 : trop coûteuse, trop difficile à trouver localement.

Bref, comment faire pour obtenir une cantine bio pour ses enfants ? Se regrouper entre Lire la suite

Conseil Economique pour le Développement Durable : Les pouvoirs publics appelés à renforcer leur action en matière d’adaptation au changement climatique

actu-environnement.com, Rachida Boughriet, le 18 février 2010

Les pouvoirs publics appelés à renforcer leur action en matière d’adaptation au changement climatique

Pour s’adapter au changement climatique, les pouvoirs publics auront un triple défi à relever : investissements, diffusion de l’information, définitions d’outils de pilotage adaptables aux incertitudes des évolutions climatiques. Explications.

Alors qu’un plan national d’adaptation au changement climatique est prévu pour 2011 en France, le Conseil Economique pour le Développement Durable (CEDD) a publié le 17 février le rapport intitulé  »Economie de l’adaptation au changement climatique », qui vise à donner  »un cadrage économique général facilitant la mise en oeuvre de stratégies efficaces d’adaptation par les décideurs publics et privés ».

Prévu dans la loi Grenelle 1, rappelons que ce plan national rassemblera des orientations sur des sujets comme la lutte contre les inondations et l’adaptation des zones littorales, l’évolution des forêts, la question de l’eau et l’adaptation de l’économie. Il doit trouver sa déclinaison territoriale dans les futurs  »schémas régionaux du climat, de l’air et de l’énergie » proposés par le projet de loi Grenelle 2, en cours d’examen au Parlement, et dans les  »Plans climat énergie territoriaux » qui devront être établis par les départements, communautés urbaines, communautés d’agglomérations, communes et communautés de communes de plus de 50.000 habitants avant 2012.

L’objectif du rapport, réalisé à la demande du ministère du Développement Durable, est de mobiliser pouvoirs publics et acteurs privés pour que l’adaptation  »restée pendant longtemps le parent pauvre, à la fois intellectuel et pratique, du débat sur le changement climatique » soit reconnue au même titre que l’atténuation et la limitation des émissions de gaz à effet de serre (GES). Des stratégies d’adaptation,  »nécessaires » pour faire face aux conséquences du réchauffement. D’autant plus qu’un rapport de l’ONERC*, publié en septembre dernier, chiffre les coûts liés au changement climatique à  »plusieurs centaines de millions d’euros par an » pour plusieurs secteurs d’activités (agriculture, tourisme, énergie, tourisme, BTP…) d’ici 2050,  »en cas d’adaptation insuffisante ».

Des incertitudes autour des impacts

Mais au-delà des investissements, la question de l’adaptation au changement climatique s’avère  »complexe », explique Christian de Perthuis, l’un des auteurs du rapport et membre du programme de recherche économie du climat. Et ceci, compte tenu de  »l’incertitude liée notamment à l’évolution future du climat » selon qu’on se situe dans un scénario de hausse moyenne des températures de 2°C ou de 4°C , de celle sur les conséquences possibles d’un scénario climatique donné au plan local et celle sur l’évolution des capacités d’adaptation de  »nos sociétés dans le futur », précise Stéphane Hallegatte du Centre International de Recherche sur l’environnement et le développement (CIRED).

Si l’adaptation peut être définie comme l’ensemble des évolutions que les sociétés  »devront opérer pour limiter les impacts négatifs du changement climatique et en maximiser les effets bénéfiques », les stratégies sont difficiles à élaborer. Par exemple, concernant la traduction locale de ces scénarios climatiques,  »les modèles divergent en France sur la façon dont le changement climatique va affecter la fréquence et l’intensité des épisodes de tempêtes dans le nord du pays ».

Selon les auteurs, les impacts du changement climatique, et donc les bénéfices des mesures d’adaptation,  »dépendent non seulement du scénario climatique, mais aussi Lire la suite

Lettre ouverte aux élus et habitants du bassin d’Arcachon et du val de l’Eyre : Contrat de Pays, SCOT… Les élus à contre-courant

capferret.over-blog.com, communiqué, le jeudi 25 février,

Contrat de Pays, SCOT Les élus à contre-courant

Le Pays du Bassin d’Arcachon et du Val de Leyre constitue une entité écologique exceptionnelle du fait de l’étroite interdépendance du Bassin d’Arcachon d’une part avec l’Océan atlantique, d’autre part avec son arrière-pays abreuvé de zones humides et de précieux cours d’eau. L’extrême fragilité de ces milieux nécessite, de toute urgence, une attention particulière et une démarche protectrice liées à la protection de la biodiversité et à la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Aucun développement n’est concevable sans qu’une place centrale soit faite à la protection de l’intégrité des territoires naturels et à leur rôle pour la préservation du vivant.

CONTRAT DE PAYS Bassin d’Arcachon et Val de Leyre 2010-2012

Lors de la session du Conseil de Développement (CODEV) du 06 octobre 2009, en tant que représentants d’associations de protection de la Nature et de l’Environnement siégeant au CODEV, nous avons assistés au projet de contrat de Pays du Bassin d’Arcachon et du Val de Leyre 2010-2012, que nous devons désapprouver, tel qu’il nous a été présenté.

LETTRE OUVERTE AUX ELUS ET HABITANTS DU BASSIN D’ARCACHON ET DU VAL DE L’EYRE.

Depuis leur fondation, la Coordination Environnement du Bassin d’Arcachon (CEBA) et la SEPANSO regroupent les structures associatives qui ont, de par leurs statuts et leurs agréments, vocation sur le Bassin d`Arcachon et le Val de l’Eyre à être reconnues partenaires de l’Etat et des collectivités.

Depuis de nombreuses années, nous faisons prévaloir, tant auprès des services de l’Etat, des Communautés de communes et des collectivités territoriales que le Bassin d’Arcachon et le Val de l’Eyre sont identifiés au plan aquitain, national et auprès de la Communauté Européenne comme un territoire d’exception, aux caractéristiques géomorphologique et hydrogéologique très rares et pour lequel la préservation des écosystèmes, des milieux remarquables, sont à la base de la pérennité d’un extraordinaire patrimoine naturel au sein duquel les activités humaines doivent s’intégrer en respectant la biodiversité et les fonctions évolutives d’un gisement environnemental unique au bord du littoral Atlantique.

A l’issue d’une année de participation dans les commissions thématiques du SCOT, et après transmission de plusieurs rapports au SYBARVAL, nous observons que devant l’affirmation que ce territoire est quasiment unique en Europe du point de vue environnemental, les formulations, les concepts économiques, urbains, touristiques, démographiques, qui nous sont proposés ont tous pour dénominateur commun un projet de développement par lequel les choix et objectifs escomptés sont, à l’évidence, susceptibles de remettre en cause irréversiblement les équilibres fragiles des milieux, des paysages, des sites, dont l’état actuel est déjà profondément perturbé.

Au-delà de l’immense déception causée par l’observation des options qui n’ont cessé de jalonner les exposés fournis, nous sommes aujourd’hui consternés du Projet d’Aménagement et de Développement Durable (PADD) que le cabinet A’urba ose présenter au nom du SYBARVAL, projet où à l’évidence les facteurs accélérateurs d’un aménagement voué à la reconnaissance d’une future super-agglomération ainsi que les aspects démographiques, d’évolution urbaine, touristiques basés sur une consommation « libérée » des espaces, vont profondément mutiler l’identité environnementale et patrimoniale du Pays Bassin d’Arcachon et Val de L’Eyre.

Dès lors, il nous parait primordial de souligner que Lire la suite

Agriculture – Paris prêt à bouger sur l’Europe verte, selon Bruno Le Maire

rmc.fr, Avec Gus Trompiz, édité par Gilles Trequesser, le 17 février 2010

Paris prêt à bouger sur l’Europe verte, selon Bruno Le Maire

PARIS (Reuters) – La France est prête à faire preuve d’audace sur la réforme de la Politique agricole commune pour peu qu’elle débouche sur des perspectives d’avenir et de revenus pour les agriculteurs, a dit mercredi Bruno Le Maire.

Le ministre français de l’Agriculture n’aborde pas les discussions sur le budget de l’UE après 2013, et donc de la première politique commune européenne, comme l’a souvent fait la France dans le passé, défendant derrière une ligne Maginot une Europe verte dont elle est la principale bénéficiaire.

« La France est prête à bouger, à faire preuve d’audace, à faire preuve de mouvement« , a-t-il déclaré dans une interview à Reuters. « La France n’est pas dans une position figée. »

Pour l’étoile montante du gouvernement de François Fillon qui, à 40 ans, a connu une ascension fulgurante sans renier son amitié avec l’ancien Premier ministre Dominique de Villepin, rival de Nicolas Sarkozy, un système qui fait que le prix de vente est inférieur aux coûts de production doit être changé.

« Le modèle n’est plus le bon« , a-t-il dit.

La négociation-clé de l’Union européenne, qui se déroule tous les sept ans et provoque souvent des psychodrames internes, commence selon lui sous de meilleurs auspices que dans le passé.

« Je suis persuadé que nous trouverons un accord. Ce qui est en jeu, c’est l’avenir politique européen« , a-t-il dit.

LES LIBÉRAUX ALLEMANDS CHANGENT LA DONNE

Le temps où l’Europe verte, qui absorbera en 2010 45% des 123 milliards d’euros de budget de l’UE, était considérée comme un dinosaure voué à la disparition est d’après lui révolu.

L’incertitude sur la capacité à nourrir la planète en 2025, des phénomènes comme le rachat des terres agricoles par des pays riches dans le tiers monde, la déstabilisation d’un certain nombre de pays par les émeutes de la faim et les déplacements de populations rurales vers les villes prouvent sa nécessité.

Vingt-deux pays européens se sont en outre mis d’accord en décembre dernier à l’instigation de la France sur quelques grands principes qui assureraient la pérennité d’une Pac modifiée, même si cinq pays manquent à l’appel — Malte, Danemark, Pays-Bas, Suède et, surtout, Royaume-Uni.

Mais Bruno Le Maire sait qu’il se heurtera à forte opposition et prévoit des négociations « longues et difficiles ».

Grand connaisseur de la politique allemande, parfait germanophone, il n’ignore pas que la situation a changé en Allemagne avec l’arrivée dans la coalition avec les chrétiens-démocrates des libéraux, qui ont toujours voulu rogner les ailes de la Politique agricole commune.

« L’Allemagne a changé en matière agricole, cela, chacun doit en avoir conscience », a-t-il souligné.

Alors que tous les pays, dont l’Allemagne, font la chasse aux dépenses pour Lire la suite

Paléolithique, mais presque : Être permaculteur

madeinearth.wordpress.com, Nicollas, le 21 février 2010

Paléolithique, mais presque : Être permaculteur

Définir ce qu’est un permaculteur permet d’enrichir la compréhension que l’on a de la permaculture, puisque par définition, un permaculteur fait de la permaculture.

La permaculture s’est concentrée à l’origine sur la gestion, l’entretien et la restauration des terres et de la nature. Cette approche (de même que la naissance de la permaculture) est due à de multiples facteurs caractéristiques de l’Australie —aux niveaux géologique, climatique, historique, politique et économique— et a amené la permaculture à se focaliser sur les systèmes agricoles en vue de fournir de la nourriture, de l’énergie ou des matériaux pour les besoins locaux des populations. Cette représentation occupe une large part des bouquins de permaculture (surtout les plus anciens) et la figure dominante du permaculteur dans nos esprits devient celle du propriétaire terrien, paysan informel, qui fait son potager, élève des animaux et creuse des retenues d’eau au tractopelle. Cependant cela ne concerne qu’une petite fraction des domaines d’application de la permaculture, comme en témoigne la fleur de la permaculture imaginée par David Holmgren.

Il est évident que l’Australie et la vieille Europe se ressemblent peu en terme d’occupation du territoire. Peu de gens possèdent des terres, et les populations sont concentrées dans les villes (la population française est à plus des trois quarts urbaine*). La permaculture serait-elle réservée à une minorité de privilégiés ?

L’apport de la permaculture dans la conception des systèmes agricoles est inestimable, et sera une pièce majeure d’une société durable. À ce titre, le Designer’s Manual est un livre important, car il montre l’étendue de l’application des principes de design permacoles. La citation qui servira d’élargissement à cette réflexion en est d’ailleurs tirée :

Nous pouvons aussi prendre part à la production de nourriture. Cela ne veut pas dire que nous devons tous faire pousser nos propres pommes de terre, mais cela peut signifier que nous allons les acheter directement à une personne qui fait déjà pousser des patates de manière responsable. En fait, il serait probablement préférable d’organiser localement une coopérative d’achat aux producteurs plutôt que de faire pousser des pommes de terre.

Un permaculteur n’est pas un crocodile dundee capable de tout produire lui-même, mais une personne qui veille à ce que tous ses besoins soient satisfaits tout en respectant l’éthique de la permaculture (ce qui revient à dire qu’ils proviennent de systèmes conçus en permaculture). On peut classer les stratégies pour combler ses besoins en plusieurs niveaux :

Zones et secteurs — Les concepts de zones et secteurs permettent de voir l’application d’outils de conception aux différents niveaux cités. Ces outils sont un guide pour le placement d’éléments suivant l’attention qu’ils nécessitent ou la fréquence d’usage (de 1 très intensif, à 5 sauvage) et les énergies extérieures au site (vents, bruits, soleil …).
Au niveau 1, il suffit de regarder n’importe quel livre de permaculture, pour savoir à quelle zone correspond une production (z1: légumes, z2: volaille et fruitiers, z3: céréales, z4: pâtures et arbres, z5: zone naturelle). Les secteurs guident également le placement, pour se protéger ou utiliser le vent (dévier le froid, faciliter la pollinisation), éviter les risques d’incendies (lors du placement des pins pignons), etc.

Au niveau 2, on modifie l’échelle des zones et les secteurs d’influence. Pour la nourriture, on peut estimer que la zone 1 devient la ville (les légumes sont produits sur les balcons, toits, jardins partagés), la zone 2 Lire la suite

Alain Lipietz – Climat, emploi, même combat !

alternative-economiques.fr, Alain Lipietz, le 22 février 2010

Climat, emploi, même combat !

Il n’y a plus grand monde aujourd’hui pour opposer l’écologie à l’emploi. La crise du modèle libéral-productiviste qui fut, pendant un quart de siècle, « la seule politique possible » est passée par là. Crise à la fois financière, économique, sociale écologique… Même les ouvriers des l’industrie de l’automobile et des camions en sont convaincus : l’ancien modèle est mort, et seule une reconversion vers de nouvelles lignes de production est susceptible de sauver leurs emplois.

Mais peut–être ne mesure-t-on pas assez que tout retard dans la « conversion verte » est un retard à la création d’emplois. Là, on rencontre souvent des intérêts en place (et des hommes politiques, même de gauche !) pour objecter : « D’accord, rien ne sera plus comme avant, on repartira vers un autre modèle. Mais il faut tenir compte des emplois existants, ne pas aller trop vite ». Tenir compte de l’existant ? D’accord si l’on veut dire « utiliser au mieux les compétences et même les installations existantes pour la conversion verte. » Mais la seconde phrase est absurde. Retarder les reconversions et les nouvelles activités vertes, c’est retarder la création d’emplois. Sans compter l’aspect strictement écologique du problème : tout retard dans la lutte contre le changement climatique est définitif.

Cette pression du temps perdu, qui joue non seulement contre le climat mais contre l’emploi, résulte de la double nature économique de la conversion verte : comme « conversion » et comme « verte ». Nous savons qu’il faut réorienter les transports vers les transports en commun, isoler tout le bâti (en particulier le bâti ancien), et rétablir les circuits courts et si possible « bio » dans l’agriculture et l’alimentation. Or le simple fait de « réorienter » implique du travail, et le futur régime stabilisé sera plus créateur d’emploi. C’est un peu comme dans les 10 premières années du fordisme en France (1945-55) : d’une part il fallait reconstruire le pays, et d’autre part ce qu’on reconstruisait était un régime de quasi-plein emploi. Les deux effets sont indiscernables au départ, ce qui a fait craindre le retour de la Grande Dépression une fois achevée la Reconstruction… Il n’en a rien été.

Le premier effet est facile à comprendre. Dans la « fenêtre de dix ans pour sauver le climat » d’ici 2020, que nous indiquent le rapport Stern et le rapport du GIEC, les politiques régionales, nationales, etc. devront être entièrement tendues vers la conversion verte. La France, l’Europe devraient déjà se couvrir de chantiers. Nos économies devraient fonctionner selon ce que le grand économiste Janos Kornai appelait « économie mobilisée », c’est-à-dire orientée par une demande publique pressante. Les périodes de reconstruction, de reconversion, ou encore plus typiquement de guerre, sont typiques de cette économie mobilisée. Quelques mois après Pearl Harbour, les usines Ford aux Etats-Unis travaillaient 24 heurs sur 24 à produire… des bombardiers, les femmes et les afro-américains avaient envahi les usines qui jusque-là leur étaient interdites.

Question : une fois le régime « soutenable » stabilisé, que va-t-il se passer ? Ici, la réponse notionnelle des économistes invoque ce qu’ils appellent « fonction de Cobb-Douglas », qui formalise le rapport entre usage du travail et usage d’autres facteurs. On admet en général que les techniques qui économisent le travail réclament de ponctionner plus intensément la Nature… et réciproquement. Si l’on veut faire « décroître notre empreinte écologique », eh bien, il va falloir retrousser nos manches et faire fonctionner notre cerveau !

Quand on essaie de planifier (en vue ne serait-ce que de la formation professionnelle) les facteurs techniques du nouveau modèle, on voit tout de suite que cette intuition générale se confirme dans les principales branches de la conversion verte. Il faut 30 à 50% de travail paysan en plus pour produire « bio ». Pour passer de la voiture individuelle aux transports en commun, il faut d’abord construire les sites propres et le matériel roulant (c’est l’aspect « reconversion ») puis conduire ces engins, gérer ces réseaux (c’est l’aspect « régime »). Un immeuble neuf à 0 kilowatt-heure par mètre carré demande pour l’instant 15 % de travail en plus qu’un immeuble standard actuel, mais reconvertir tout le parc ancien mobilisera durablement une armée d’artisan…

On voit aussi qu’il faut distinguer des emplois directs (par exemple Lire la suite

Le rendez-vous raté de la lutte contre le déclin de la biodiversité et six pistes pour trouver des solutions

lemonde.fr, Laurence Caramel, le 19 février 2010

Le rendez-vous raté de la lutte contre le déclin de la biodiversité

Depuis 2002, les chefs d’Etat ou de gouvernement ont adopté, au moins à quinze reprises, l’objectif de « réduire fortement le rythme actuel de perte de la biodiversité d’ici à 2010 ». Ils ont aussi réaffirmé une cinquantaine de fois – dont lors de trois G8 – leur soutien à cet objectif et la nécessité de prendre des mesures pour l’atteindre, selon le décompte établi par Jean-Patrick Le Duc, du Muséum national d’histoire naturelle.

Pour inaugurer l’Année internationale de la biodiversité, les responsables de la Convention sur la biodiversité biologique (CBD) des Nations unies, chargés aujourd’hui de faire le bilan, n’ont pas sorti les flonflons. Il n’y a, en effet, pas de quoi pavoiser. Aucun pays n’est au rendez-vous.

Le bulletin de santé de la biodiversité mondiale, qui sera officiellement dévoilé au mois de mai, à l’occasion de la publication des « Perspectives mondiales de la biodiversité », montre que les cinq pressions majeures exercées sur la diversité biologique « sont restées constantes, voire ont augmenté » par rapport au diagnostic établi en 2006.

Ces pressions sont le changement d’affectation des sols qui transforme les espaces naturels en surfaces agricoles ou en villes, la surexploitation des ressources, les pollutions, la progression des espèces invasives et le changement climatique.

PRUDENCE ET DOUTE

Irréaliste ! Huit ans après avoir décrété cette urgence mondiale, les gouvernements ont beau jeu de dénoncer un objectif perdu d’avance, faute d’avoir été défini avec précision et de disposer des bons outils pour faire un véritable état des lieux et mesurer le chemin parcouru. Du côté des scientifiques, le discours est très semblable.

En 2010, il est néanmoins question de se fixer un nouveau rendez-vous pour freiner le rythme d’extinction des espèces et la destruction des écosystèmes que les scientifiques jugent aussi menaçants pour l’avenir de l’humanité que le changement climatique. Les deux sont au demeurant étroitement liés.

2020 est l’année souvent évoquée. Il en sera débattu lors de l’Assemblée générale des Nations unies, à New York, en septembre, puis à la conférence des parties de la Convention sur la diversité biologique, en octobre, à Nagoya, au Japon.

Mais, au lendemain de l’échec de la conférence mondiale sur le climat à Copenhague (7-18 décembre), la prudence et le doute se sont immiscés dans les esprits. La directrice des biens publics mondiaux au ministère des affaires étrangères, Laurence Tubiana, s’interroge sur la stratégie : « Est-ce vraiment la bonne chose à faire ? Cela ne risque-t-il pas de décrédibiliser un peu plus le processus de gouvernance mondiale ? », demande-t-elle.

Les scientifiques continuent, eux, de se lamenter sur « cette maison qui brûle », pour reprendre la formule lancée par le président de la République, Jacques Chirac, à la tribune du Sommet de la Terre de Johannesburg, en 2002, tout en reconnaissant qu’ils Lire la suite

Des organisations agricoles, de solidarité internationale, de DD, de protection de l’environnement ainsi que des mouvements ruraux font des propositions pour la PAC 2013

La politique agricole commune (PAC) traverse à nouveau une période de mutation. Elle va connaître une nouvelle transformation dans la période 2014-2020 avec une nouvelle réforme, mais également avec la redéfinition de son budget.

La prochaine réforme est à haut risque pour la PAC. En effet les négociations seront étroitement liées à celles sur la révision des perspectives financières de l’Union européenne, et nombre de voix s’élèvent déjà pour mettre en cause la légitimité de la PAC et demander l’affectation de tout ou partie de son budget, qui représente plus de 40% du budget européen, vers d’autres politiques (climat, énergie, recherche…).

Des organisations françaises agricoles, de solidarité internationale, de développement durable, de protection de l’environnement ainsi que des mouvements ruraux (CCFD Terre solidaire, CFSI, CIVAM, Cohérence, 4D, FNAB, Fondation Nicolas Hulot, GRET, Les amis de la terre, Réseau agriculture durable, Réseau Action Climat, Solidarité, WWF) sont profondément convaincues de la nécessité de mobiliser la PAC pour participer aux réponses à apporter aux enjeux européens et mondiaux du début du vingt et unième siècle.

Ces enjeux concernent simultanément la sécurité alimentaire, la protection des ressources naturelles, la lutte contre le changement climatique, le développement rural et l’emploi, tout en étant solidaire avec les pays du Sud.

L’avenir de la PAC concerne donc tous les Européens.

Accedez aux propositions Lire la suite

Pierre Rabhi : « L’agriculture moderne est une catastrophe écologique »

corsematin.com, propos Recueillis par Julie Quilici, le 16 février 2010

Pierre Rabhi : « L’agriculture moderne est une catastrophe écologique »

L’écrivain, agriculteur et politicien Pierre Rabhi animera des conférences aujourd’hui à Bastia (salle polyvalente de Lupino) et demain à Ajaccio (C.C.A.S Porticcio) dans le cadre des IIIe Universita di l’Omu organisées par l’AFC Umani.

Véritable pionnier et défenseur d’une agriculture respectueuse de l’environnement, Pierre Rabhi sera l’invité des rencontres thématiques Università di l’omu organisées par l’AFC Umani. En grand expert de l’agroécologie et inventeur du concept « Oasis en tous lieux », il se présentera une fois de plus, aujourd’hui à Bastia et demain à Ajaccio, comme « un éveilleur des consciences convaincu que l’écologie doit être la priorité des propriétés ».

 « Se nourrir, un acte politique et de légitime défense ». Pourquoi avoir orienté le débat sur ce sujet ?

C’est une façon de tirer la sonnette d’alarme. Il s’agit d’un thème d’actualité qui n’occupe pas la place qu’il mérite.

Pourtant, lorsque j’observe l’évolution de la problématique de l’alimentation, je constate que tous les paramètres sont négatifs et à ce rythme, l’humanité ne va pas parvenir très longtemps à se nourrir. La France est déjà totalement dépendante des importations.

Est-ce votre façon d’attaquer le système de production moderne ?

Je ne fais pas que bavarder, j’agis et je démontre que c’est possible autrement.

Et un jour nous serons bien obligés de dresser un bilan de notre société marchande car l’agriculture moderne est une des grandes catastrophes écologiques du siècle.

En quoi consiste l’agroécologie que vous avez développée ?

Il s’agit d’une discipline qui permet de régénérer les sols, de se nourrir et d’améliorer notre patrimoine. Une méthode qui prend en compte tous les facteurs écologiques, notamment l’érosion et la gestion de l’eau.

Les consommateurs sont aujourd’hui friands des produits estampillés « bio ». Preuve que votre message a été entendu ?

Nous avons passé notre temps à hurler que l’alimentation est importante pour notre corps. Les consommateurs sont donc en quête de produits « bio », mais la demande est supérieure à l’offre.

Les industriels ricanent lorsque les écologistes montent au créneau car ils souhaitent avant tout rester des samouraïs de l’agriculture en cultivant un culte de puissance.

Ils n’ont pas conscience qu’ils sont en train de détruire Lire la suite

La revue Entropia : Le laboratoire des objecteurs de croissance

lemonde.fr, Nicolas Truong, le 14 février 2010

Le laboratoire des objecteurs de croissance

Un spectre hante l’Occident : celui de l’effondrement. Du 11-Septembre à l’actuelle implosion de la bulle spéculative, l’ombre portée des Twin Towers effondrées ne cesse d’imprégner nos mentalités collectives. Du crash au krach, tout serait donc en voie d’effondrement : la banquise comme la social-démocratie, la Banque mondiale comme l’autorité parentale… Notre début de siècle semble s’apparenter au portrait dressé par le biogéographe américain Jared Diamond qui, dans Effondrement (Gallimard, 2006), compare notre situation à celle des habitants de l’île de Pâques, disparus après avoir détruit leur environnement, à force de vouloir ériger leurs mystérieuses statues.

Il n’est donc pas étonnant que les « objecteurs de croissance » se soient penchés sur la question. Car la religion du progrès a conduit les économies mondialisées droit dans le mur, constatent les partisans de la critique radicale du développement – durable ou non – réunis autour du septième numéro de la revue Entropia, publication semestrielle fondée en 2006.

Le député Vert Yves Cochet y explique que la crise des subprimes de l’été 2007, comme celle des « émeutes de la faim » du printemps 2008, sont des conséquences de la hausse des produits pétroliers. Car, d’un côté, l’explosion du cours du baril a empêché les ménages américains de rembourser leurs emprunts, et de l’autre, ruiné les Etats dépendant de cette matière première à cause du productivisme de leur industrie agroalimentaire. Il y a donc une corrélation entre crise économique et dépression écologique, explique le juriste Simon Charbonneau. D’où l’urgence de la décroissance, poursuit l’universitaire Serge Latouche, qui ironise : « Si la croissance engendrait mécaniquement le bien-être, nous devrions vivre aujourd’hui dans un vrai paradis. » Or, le pire est à venir, prévient-il, puisque les rapports internationaux annoncent de sombres scénarios : pénurie globale des ressources non renouvelables en 2030, pic de la pollution en 2040, crise de l’alimentation en 2070…

Mais comment décroître ? En se défaisant des « sortilèges de l’argent », assure l’économiste Bernard Guibert. De la « permaculture » (production agricole économe en énergie) aux « villes lentes » (agglomérations à basse consommation), des « initiatives de transition » s’inventent. Ainsi le polytechnicien Christian Araud relate l’expérience de la petite ville anglaise de Totnes (Devon) qui, dès 2005, a amorcé sa conversion vers une « économie soutenable », notamment grâce à une Bourse d’échange de surplus ou une monnaie du cru qui a revitalisé le commerce local.

Si la décroissance lui apparaît comme l’horizon indépassable de notre temps, Entropia souhaite cependant « ne pas confondre la conviction avec la certitude », indique Jean-Claude Besson-Girard, directeur de la publication. Ainsi a-t-elle invité à dialoguer l’économiste Jean-Marie Harribey, qui maintient l’idée d’un développement qualitatif afin de « démarchandiser nos sociétés ». La revue est consciente du risque que ferait également peser sur son projet une rhétorique de l’excès. Au point que Vincent Cheynet, rédacteur en chef du mensuel La Décroissance, rappelle que « les discours sur la fin du monde peuvent être pénibles et contre-productifs ».

Alors, décroissance ou barbarie ? Lorsqu’elle n’érige pas la nature en valeur, la décroissance peut se présenter comme Lire la suite

L’urbanisme à la française – Comment la France est devenue moche

telerama.fr, Xavier de Jarcy et Vincent Remy, Télérama n° 3135, le 11 février 2010

L’urbanisme à la française

Comment la France est devenue moche

LE MONDE BOUGEEchangeurs, lotissements, zones commerciales, alignements de ronds-points… Depuis les années 60, la ville s’est mise à dévorer la campagne. Une fatalité ? Non : le résultat de choix politiques et économiques. Historique illustré de ces métastases pé­riurbaines.

Un gros bourg et des fermes perdues dans le bocage, des murs de granit, des toits d’ardoise, des tas de foin, des vaches… Et pour rejoindre Brest, à quelques kilomètres au sud, une bonne route départementale goudronnée. C’était ça, Gouesnou, pendant des décennies, un paysage quasi immuable. Jean-Marc voit le jour dans la ferme de ses parents en 1963. Il a 5 ans lorsqu’un gars de Brest, Jean Cam, a l’idée bizarre d’installer en plein champ un drôle de magasin en parpaing et en tôle qu’il appelle Rallye. Quatre ans plus tard, les élus créent un peu plus au nord, à Kergaradec, un proto­­type, une ZAC, « zone d’aménagement concerté » : les hangars y poussent un par un. Un hypermarché Leclerc s’installe au bout de la nouvelle voie express qui se cons­truit par tronçons entre Brest et Rennes. Puis viennent La Hutte, Conforama et les meubles Jean Richou… 300 hectares de terre fertile disparaissent sous le bitume des parkings et des rocades. Quelques maisons se retrouvent enclavées çà et là. La départementale devient une belle quatre-voies sur laquelle filent à vive allure R16, 504 et Ami 8. Un quartier chic voit le jour, toujours en pleine nature, qui porte un nom de rêve : la Vallée verte…

C’est à ce moment-là que ça s’est compliqué pour les parents de Jean-Marc. Avec l’élargissement de la départementale, ils sont expropriés d’un bon bout de terrain et ne peuvent plus emmener leurs vaches de l’autre côté de la quatre-voies. Ils s’adaptent tant bien que mal, confectionnent des produits laitiers pour le centre Leclerc, avant de se reconvertir : la jolie ferme Quentel est au­jourd’hui une des salles de réception les plus courues de Bretagne. Les fermes voisines deviennent gîte rural ou centre équestre. La Vallée verte, elle, se retrouve cernée de rangées de pavillons moins chics : « Nous, on a eu de la chance, grâce à la proximité de l’aéroport, les terres tout autour de la ferme sont restées inconstructibles. » Aujourd’hui, quand il quitte son bout de verdure préservé pour aller à Brest, Jean-Marc contourne juste la zone de Kergaradec, tellement il trouve ça moche : « C’est à qui fera le plus grand panneau, rajoutera le plus de fanions. Comme si tout le monde hurlait en même temps ses messages publicitaires. » 

Ça s’est passé près de chez Jean-Marc, à Brest, mais aussi près de chez nous, près de chez vous, à Marseille, Toulouse, Lyon, Metz ou Lille, puis aux abords des villes moyennes, et désormais des plus petites. Avec un formidable coup d’accélérateur depuis les années 1982-1983 et les lois de décentralisation Defferre. Partout, la même trilogie – infrastructures routières, zones commerciales, lotissements – concourt à l’étalement urbain le plus spectaculaire d’Europe : tous les dix ans, l’équivalent d’un département français disparaît sous le béton, le bitume, les panneaux, la tôle.

Il n’y a rien à comprendre, a-t-on jugé pendant des années, juste à prendre acte de la modernité à l’œuvre, une sorte de chaos naturel et spontané, prix à payer pour la « croissance » de notre bien-être matériel. Les élites intellectuelles de ce pays oscillent entre répulsion (« c’est moche, les entrées de ville »), fascination (« vive le chaos, ça fait Wim Wenders ! ») et indifférence : elles habitent en centre-ville… Rien à comprendre, vraiment ? En 2003, l’architecte urbaniste David Man­gin prend le temps d’y réfléchir quelques mois et sort un an plus tard son formidable bouquin, La Ville franchisée, qui reste l’analyse la plus pertinente des métastases pé­riurbaines. Il faut en finir, dit Mangin, avec l’idée que ce « chaos sort de terre tout seul ». Il résulte au contraire « de rapports de forces politiques, de visions idéologiques, de cultures techniques ».

Lorsque apparaissent les premiers supermarchés, au début des années 60, la France ne compte que Lire la suite

Nouvelle LGV : un gouffre qui nuit au Pays basque

sudouest.com, Eric Mailharrancin, Professeur agrégé d’économie lycée Louis-de-Foix (Bayonne), tribune libre, le 13 Février 2010

Nouvelle LGV : un gouffre qui nuit au pays basque

Comme la réforme des collectivités locales, le schéma national des infrastructures ferroviaires renforce le pouvoir des métropoles régionales. La création de la nouvelle LGV atlantique ne fait pas exception. En Aquitaine, elle bénéficiera à l’agglomération bordelaise qui sera mieux reliée à Paris au nord, à Bilbao et Madrid au sud.

Quand des élus basques invoquent l’argument du développement économique du Pays basque pour défendre la construction d’une ligne nouvelle entre Bayonne et Hendaye, ils sont naïfs ou de mauvaise foi. Le couloir LGV est conçu pour aller vite de Paris à Madrid via Bordeaux et non pour satisfaire les intérêts des zones traversées.

La création d’une gare TGV à Bayonne n’est qu’un leurre destiné à rallier le député Jean Grenet à la cause de la LGV. En effet, il est peu vraisemblable que les trains s’écartent de leur parcours pour desservir Bayonne. Si ce détour était effectué, les TGV n’atteindraient jamais la grande vitesse jusqu’à Hendaye et l’investissement pharaonique de la nouvelle ligne ne serait plus justifié. Quelques TGV de voyageurs transiteront peut-être chaque jour par la gare de Bayonne, mais les autres fileront tout droit à travers les Landes et le Pays basque. En fin de compte, les Basques paieront des impôts pour financer des trains qui ne s’arrêteront pas.

Le scandale du recours aux impôts locaux pour financer la nouvelle LGV

La mise à contribution des taxes locales pour financer la nouvelle LGV est une anomalie antidémocratique qu’un seul de nos conseillers généraux, Alain Iriart, a eu le courage de dénoncer.

Ces impôts sont destinés à créer des services de proximité et non à financer une politique ferroviaire internationale ! Si on poursuit dans cette voie, les taxes locales seront bientôt affectées au budget de l’armée ou de la justice !

Tous les habitants du Pays basque et pas uniquement les riverains de la nouvelle ligne paieront donc le prix fort pour un investissement démentiel aux arguments écologiques non démontrés.

Les dégâts environnementaux de la nouvelle LGV

Le nouveau couloir LGV détruirait des milliers d’habitations, saccagerait les paysages basques en créant une hideuse balafre du nord au sud, avec une enfilade de tunnels et de viaducs en béton. Solution moins coûteuse, l’aménagement des voies existantes éviterait ces dégâts irrémédiables pour l’environnement.

Sur le plan écologique, il est possible que la croissance du fret ferroviaire désengorge le trafic routier et réduise les émissions de carbone dans l’atmosphère. Mais toutes les études montrent que les lignes actuelles sous-utilisées absorberaient une forte augmentation du transport de marchandises.

La limite principale des autoroutes ferroviaires est Lire la suite

L’artificialisation des terres agricoles s’accélère, un phénomène qualifié de « catastrophe » par Nicolas Sarkozy

lemonde.fr, le 8 février 2010, Hervé Kempf et Clément Lacombe

La forêt ne gagne plus de terrain en France

L’artificialisation des terres agricoles s’accélère, un phénomène qualifié de « catastrophe » par Nicolas Sarkozy

C’est la rupture d’une tendance historique de plus d’un siècle : en 2008, la forêt a cessé de gagner du terrain en France, après une progression continue pendant plus de cent cinquante ans. Ce tournant majeur dans l’occupation du territoire a été observé par les statisticiens du ministère de l’agriculture, dont l’enquête Teruti sur l’utilisation du territoire a été publiée fin 2009 (Agreste, Chiffres et données, n° 208). Menée chaque année depuis les années 1960, l’enquête observe l’occupation des terrains sur plus de 300 000 points du territoire. En 2008, il est apparu que les sols boisés reculaient (16,946 millions d’hectares) par rapport au relevé précédent (16,974).

Ce tournant s’inscrit dans un phénomène général et continu de conversion des terres agricoles vers d’autres usages : jusqu’à présent, ce mouvement s’opérait partie par boisement, partie par urbanisation. C’est maintenant l’urbanisation, ou « artificialisation des sols », qui absorbe les terres agricoles abandonnées. Les chiffres montrent aussi que l’urbanisation des sols s’accélère : de 54 000 hectares par an dans la décennie 1982-1992 à 74 000 hectares par an sur les années 2006-2008. Ce rythme dépasse largement la croissance de la population.

Le sujet est pris au sérieux au plus haut niveau : le 25 janvier, lors de l’émission télévisée « Paroles de Français », Nicolas Sarkozy a ainsi dit : « Nous avons besoin de protéger les terres agricoles, parce que les terres agricoles, c’est l’équivalent d’un département qui disparaît par an, c’est une catastrophe. » C’est en fait en dix ans que l’équivalent d’un département est absorbé par l’artificialisation, mais le danger est réel. « Le gaspillage des terres agricoles continue inexorablement, écrit André Thévenot, président de la fédération des Sociétés d’aménagement foncier et d’établissement rural (Safer). L’étalement urbain ne cesse de s’amplifier au détriment des espaces agricoles, forestiers et naturels périurbains, au risque de perturber les équilibres écologiques et territoriaux. »

Un spécialiste du cabinet d’études Solagro, Philippe Pointereau, s’inquiète même pour l’autonomie du pays : « Au rythme actuel de perte des terres agricoles, la France pourrait devenir franchement importatrice de denrées agricoles en 2050, et perdre son indépendance alimentaire. »

La cause essentielle du gaspillage de l’espace est le décalage entre le revenu agricole et le prix du foncier : il est toujours plus intéressant de vendre une terre à la construction que de la conserver en culture. Ainsi, le prix national des terres et prés libres est d’environ 5 170 euros l’hectare en 2008, selon les Safer. Mais si le terrain devient constructible, sa valeur est d’un coup multipliée par quatorze dans la Creuse, par cinquante dans la région toulousaine et même par… trois cents en région parisienne. Rares sont d’ailleurs les agriculteurs à tirer profit de cette culbute, puisque plus des deux tiers des exploitations sont en fermage.

Taxer les plus-values

Quelles solutions envisager ? Lire la suite

La réduction des pesticides ne se fera pas sans une révolution des pratiques

actu-environnement.com, Sophie Fabrégat, le 28 janvier 2010

La réduction des pesticides ne se fera pas sans une révolution des pratiques

Menée par l’INRA dans le cadre du plan Ecophyto 2018 qui vise à réduire l’usage des produits phytosanitaires, l’étude Ecophyto R&D évalue les techniques et les pratiques pour dessiner des scénarios réalistes de réduction progressive des substances

Avec 76.000 tonnes de substances actives vendues par an, la France est le premier consommateur de pesticides en Europe et le troisième au niveau mondial. L’utilisation régulière de ces produits a des conséquences néfastes pour l’environnement et la santé. En 2007, selon le MDRGF (Mouvement pour les droits et le respect des générations futures), 52,1 % des fruits et légumes (contre 45 % en 2006) contenaient des résidus de pesticides en France, avec 7,6 % de dépassement des limites maximales en résidus (LMR) contre 6 % l’année précédente. Les produits phytosanitaires sont soupçonnés d’être cancérigènes et perturbateurs endocriniens…

Pourtant, les pratiques intensives, qui utilisent près de 50 % de pesticides en plus que la moyenne française ont des gains de production modérés (5 % pour les grandes cultures).

Le Grenelle de l’environnement a pointé du doigt l’usage intensif de pesticides dans les cultures françaises. Les recommandations ont abouti à la mise en place du plan Ecophyto 2018 qui vise une réduction de 50 % des produits phytosanitaires d’ici huit ans  »si possible » et le retrait progressif du marché des produits contenant les 53 substances actives les plus préoccupantes. Mais les moyens à mettre en œuvre pour réaliser cet objectif n’ont pas réellement été définis. L’étude Ecophyto R&D, commandée à l’INRA par les ministères en charge de l’Agriculture et de l’Environnement, visait à préciser les contours de la mise en œuvre de cet objectif. Les différentes cultures françaises et les pratiques inhérentes à ces cultures ont été étudiées sur l’année 2006 afin de pouvoir dessiner différents scénarios réalistes de réduction progressive des substances actives.

Les grandes cultures et la vigne, grandes consommatrices de pesticides

Selon le Réseau d’information comptable agricole, sur les 25,4 millions d’hectares de surface agricole cultivée (SAU) des exploitations, 14,4 millions consomment 96 % des pesticides (11,7 millions d’ha correspondent à la jachère ou aux surfaces toujours en herbe). En 2006, la pression pesticide globale en France incombe à 67 % aux grandes cultures (céréales, oléagineux, protéagineux, betteraves, pommes de terre…). La viticulture représente 14 % de la pression alors qu’elle ne constitue que 3,3 % de la SAU. De plus, cette production peut donner lieu à des pressions locales fortes, tout comme l’arboriculture (5 % de la pression pesticide) et l’horticulture (5 %). La pression varie selon les cultures : la pomme de terre et le colza sont très consommateurs de substances actives contrairement à la culture du tournesol, la pomme de table est le fruit qui nécessite le plus une assistance chimique (36 traitements) contre 2 à 5 pour les kiwis.

Alors que les zones herbagères sont les régions où la pression pesticide est la plus faible, les régions de grandes cultures (nord de la France), les régions spécialisées dans les cultures fruitières (Vallée du Rhône et sud-Ouest notamment) et les zones pratiquant l’horticulture et les légumes en plein champ (ceinture parisienne, Bretagne, Provence, Landes) sont fortement impactées. Les vignobles sont les plus touchés par la pression pesticide.
Grandes cultures : des progrès plus ou moins importants selon les cultures

Près de 30 % des parcelles de grandes cultures utilisent Lire la suite

Plan de mobilisation gouvernemental en faveur des métiers verts

lemonde.fr, le 28 janvier 2010, Hervé Kempf

Plan de mobilisation gouvernemental en faveur des métiers verts

La politique environnementale peut générer des centaines de milliers d’emplois : c’est pour étayer ce pari que Jean-Louis Borloo, ministre de l’écologie, et Valérie Létard, secrétaire d’Etat, devaient présenter, jeudi 28 janvier, à Paris, un « plan de mobilisation pour les métiers de la croissance verte« , lors d’une « conférence nationale ».

Cette dernière conclut un travail engagé par les services de Mme Létard depuis septembre 2009, et qui a réuni près de 400 experts chargés d’identifier les potentialités d’emploi dans onze filières économiques (agriculture, automobile, bâtiment, eau et déchets, électromécanique, énergies renouvelables, raffinage et agrocarburants, tourisme, transport, mer, biodiversité). Leur rapport est plus mesuré que l’estimation optimiste – 600 000 emplois – lancée par M. Sarkozy, en juin 2009, sur la base d’une étude sommaire du cabinet Boston Consulting Group (Le Monde du 30 juillet 2009).

La « Synthèse des travaux des comités de filière » remise en janvier est beaucoup plus prudente. Elle n’identifie formellement qu’environ 210 000 nouveaux emplois pérennes d’ici à 2020 (90 000 dans l’agriculture, 40 000 dans l’eau et les déchets, 80 000 dans les infrastructures de transport collectif). Sur plusieurs autres secteurs, il reste difficile de mesurer le solde net d’emplois, notamment dans le bâtiment, où l’enjeu est très important, avec un vaste potentiel de travaux d’économies d’énergie dans le parc immobilier existant. En revanche, des filières comme l’automobile pourraient perdre des emplois. Le rapport souligne que, en réalité, « la plupart des filières continueront à offrir des emplois sur des métiers traditionnels, mais avec des nouvelles compétences ».

C’est à un constat similaire qu’est parvenu le Conseil d’orientation pour l’emploi (COE), qui a publié, le 25 janvier, un rapport sur le thème « Croissance verte et emploi ». « Il y a consensus pour dire que le tournant du développement durable peut se traduire par un potentiel de plusieurs centaines de milliers d’emplois, résume Marie-Claire Carrère-Gée, présidente du COE. Mais les nouveaux emplois strictement verts seront peu nombreux. Il y aura surtout des emplois dans des secteurs traditionnels qui se seront « verdis » ou dans des secteurs peu « verts » mais dont l’activité va croître par des décisions politiques, par exemple dans le bâtiment ou dans le développement des tramways. »

Les analyses convergent sur le besoin d’une politique spécifique de formation. « Les comités ayant tous identifié des besoins très importants en matière de formation initiale et continue dans chacune des filières, il en ressort au global un besoin de mobilisation quasi sans précédent de la filière de formation », souligne la synthèse.

C’est d’ailleurs sur ce terrain que M. Borloo et Mme Létard devaient annoncer les principales mesures, avec la création d’un Lire la suite

Pierre Rabhi : L’Autonomie… Le temps de l’insécurité créative est venu

pierrerabhi.org, Pierre Rabhi, le 8 février 2008

L’Autonomie… Le temps de l’insécurité créative est venu.

L’écologie une grande leçon d’autonomie

Le terme « autonomie » suggère une organisation, une situation fondée sur la non dépendance. Celle ci nécessite une détermination, une volonté et des actes pour lui donner réalité. Elle concerne aussi bien un individu, qu’un groupe d’individus ; elle a trait également à un état intérieur, à la subjectivité humaine.

L’autonomie s’applique à des domaines très divers comme le territoire, la nation, la politique, l’économie… Traitée d’une façon exhaustive, cette question nous entraînerait trop loin. Pour éviter toute confusion, nous nous bornerons par conséquent à quelques considérations en rapport avec notre engagement pour la Terre et l’Humanisme. D’une façon générale, l’autonomie s’inscrit dans un contexte qui lui donne sa raison d’être, qui la détermine : on est autonome à l’égard de quelque chose. L’écologie bien comprise est, par excellence, une grande leçon d’autonomie. Elle est fondée sur l’interdépendance des règnes et des espèces. Chaque espèce garde sa spécificité propre mais ne peut survivre sans relation avec les autres espèces. La rupture de cette relation génère la sclérose, une dévitalisation qui, faute de la circulation des énergies vitales, peut aller jusqu’à la mort. Ainsi, paradoxalement, l’interdépendance des espèces a pour finalité et résultat l’autonomie de la totalité d’un écosystème. En préconisant, par exemple, la fertilisation de la terre par de la matière organique, issue des déchets végétaux et animaux habituellement gratuits et transformée en humus, l’agroécologie que nous essayons de propager le plus largement possible respecte le cycle des échanges entre la terre, le végétal, l’animal et l’humain, avec bien sûr tous les éléments et conformément aux règles établies par la vie depuis les origines. L’agroécologie concilie ainsi la nécessité de s’alimenter avec l’indispensable intégrité et pérennité de la dynamique du vivant. Elle est donc facteur d’autonomie. A contrario, l’usage des engrais chimiques, des pesticides de synthèse coûteux à produire (il faut environ trois tonnes de pétrole pour la production d’une tonne d’engrais), est facteur de dépendance ; par leur constitution, ces produits détruisent la dynamique en question. Car cela introduit dans le cycle comme des « corps étrangers » que le métabolisme du sol ne peut ni générer, ni recycler. Le principe élémentaire biologique s’applique à tous les domaines de la vie. La planète Terre est dans sa totalité régie par cette intelligence. Bien qu’elle fût à l’origine peuplée par des créatures innombrables, cela ne s’est jamais traduit sur la biosphère par l’épuisement des ressources. La sphère terrestre dépend bien entendu des énergies cosmiques directes et indirectes – soleil, énergies subtiles -, et probablement de cette mécanique céleste qui nous fascine tant. L’espace écologique est par conséquent infini et notre planète exalte en quelque sorte cette intelligence qui, avec la diversité, la complexité illimitée, crée de la vie et de l’autonomie dans la pérennité et la continuité. C’est une des raisons pour lesquelles la planète terre est un miracle et un prodige inégalable de l’intelligence de la vie. Il y a là un phénomène grandiose digne de toute notre admiration. L’autonomie de la planète se fonde également sur le non gaspillage. La nature n’a pas de poubelle parce qu’elle ne crée pas de déchets. Cette loi est exprimée par le fameux « rien ne se crée, rien ne se perd, tout se transforme ». Cette logique inspire la réflexion de l’écologie d’aujourd’hui pour le durable et le reproductible. Cependant, on a tendance à confondre l’autonomie et l’autarcie. On peut définir cette dernière comme un système clos qui prétend suffire à tous ses besoins sans échange avec l’extérieur. Et cela va à l’encontre de l’autonomie telle que la nature nous en donne le principe. Il s’agit donc d’une enclave dans un ordre global, du rejet de tout le contexte dans laquelle elle s’inscrit. Cette option contre nature devient trop souvent le terreau du sectarisme avec le repliement sur une idéologie ou un principe métaphysique qui ne souffre aucun échange ni aucune remise en cause. Les extrémismes ne sont rien d’autre qu’une conviction pathologique de détenir la seule vérité qui soit. Biologiquement, l’autarcie poussée à l’extrême est facteur de dégénérescence. Les anthropologues ont parfois découvert des communautés humaines dites « isolats » qui, faute d’échange avec les populations extérieures, cumulaient les tares par consanguinité et avec un appauvrissement génétique chronique s’acheminaient vers l’extinction. Que ce soit dans l’espace psychique ou physique, il semble que tout confinement va à l’encontre de la dynamique de la vie. Toujours en référence à notre pratique agroécologique, nous faisons une grande distinction entre l’aérobie et l’anaérobie. Un compost aéré donne une matière humique, fermentée et bénéfique ; un compost confiné donne une matière putride et toxique. Les deux principes contraires, autonomie et autarcie, que nous avons essayé d’élucider, devraient nous éclairer pour construire un futur autonome qui s‘avère indispensable pour la survie de notre espèce.

Le hiatus du « pétrolitique »

Cependant, cette nécessité d’autonomie sera mise en échec si nous ne prenons pas en compte, pour nous en affranchir, certains mythes fondateurs de la modernité particulièrement destructeurs d’autonomie. Depuis la révolution industrielle nous avons affaire, pour le meilleur et le pire, à un modèle dominant hégémonique à l’échelle planétaire. Ce modèle, nous le constatons clairement aujourd’hui, repose sur l’option la plus absurde, dépendante et dispendieuse que l’humanité ait imaginé. Cela a donné une civilisation technico-scientifique productiviste et marchande, dont la survie dépend essentiellement d’une matière combustible nauséabonde exhumée des entrailles de la terre, où elle sommeillait depuis des millénaires. Compte tenu de la gigantesque chaotisation qu’elle a provoquée dans l’histoire de l’humanité et de la nature, nous aurions été plus avisés de la laisser où elle était. Car elle est responsable d’un hiatus gigantesque dans le processus de la vie. Avec la thermodynamique, nous sommes entre Prométhée et Vulcain dans la civilisation de la combustion énergique à des fins d’efficacité, de vitesse… La voiture comme l’un des symboles du miracle de la rationalité industrielle chargée de phantasmes – évasion, liberté, emblème social -, est justement l’une des inventions faite du cumul de critères irrationnels. Une analyse objective nous permet de constater que nous avons affaire avec la voiture à un outil qui pèse en moyenne une tonne et demi pour déplacer des individus de plus ou moins 80 kilos. 80% du combustible destiné à le faire se mouvoir servent à produire de la chaleur et à permettre aux usagers de se gazer mutuellement et d’intoxiquer l’atmosphère. Cet outil a inspiré un mode d’organisation de l’espace de vie basé sur la dispersion avec un habitat éloigné des lieux de travail, de commerce, d’éducation… qui ne peut plus fonctionner sans lui. Il pèse lourdement Lire la suite

Serge Latouche : Quel préfixe pour la décroissance ?

journaleuropa.info, Charlotte Loisy, le 7 janvier 2010

Quel préfixe pour la décroissance ?

Serge Latouche, professeur émérite d’économie de l’Université Paris-Sud, est l’un des grands penseurs de la décroissance. Outre des ouvrages comme Justice sans limite ou Petit traité de la décroissance sereine, il participe régulièrement à la revue La décroissance.

Son ouvrage Survivre au développement (Mille et une nuits, 2004) a été qualifié de « bréviaire de la décroissance ». Pourtant l’économiste préfère souvent parler d’« accroissance ». Tout comme l’athéisme, l’accroissance rompt avec une croyance : celle qui voit la croissance non plus comme un moyen, mais comme une fin. La publicité, réel « pousse-au-crime », l’obsolescence programmée des produits et le crédit nous poussent à consommer toujours plus en croyant satisfaire des besoins pourtant fictifs. On nous fait croire que la croissance est synonyme de bien-être d’une société en brandissant les chiffres du PIB (Produit intérieur brut) comme l’indice du bonheur. Or, doit-on considérer les catastrophes naturelles ou les guerres comme porteuses de joie parce qu’elles augmentent le PIB ? Une croissance infinie dans un monde fini, voilà le paradoxe qu’il soulève. Serge Latouche préconise donc un changement de cap radical. Un slogan, plutôt qu’un concept, la décroissance souhaite « décoloniser notre imaginaire ». Il ne s’agit pas d’un impossible retour en arrière, ni d’un accommodement avec le capitalisme, mais d’un dépassement. Sans renoncer à toutes les institutions sociales que l’économie a annexées, il propose de les réenchâsser dans une autre logique.

Refonte idéologique

Ce « cercle vertueux » comme il l’appelle, se décline en huit « r »

Réévaluer les aspects non marchands de la vie humaine, considérer l’amitié ou l’altruisme comme une richesse, pas seulement l’argent.

Reconceptualiser, c’est-à-dire appréhender la réalité autrement. Aujourd’hui la création du besoin et du manque transforme l’abondance en rareté (est-ce pourtant un fait établi ?).

Restructurer, en adaptant l’appareil de production et les rapports sociaux aux nouvelles valeurs adoptées. Par exemple, transformer les usines d’automobiles en usines de cogénération pour produire de l’énergie et de la chaleur.

Redistribuer les richesses entre les pays du Nord et du Sud et à l’intérieur même des sociétés. Non pas en donnant plus, mais en prélevant moins.

Relocaliser les productions.

Réduire la consommation, le temps de travail, le tourisme. Les gains de temps permettraient de développer la vie citoyenne, le temps consacré à la culture, à la détente. Une étude a montré que sur 1 000 euros d’un forfait voyage, seuls 200 euros revenaient au pays hôte. Et enfin,

Réutiliser et recycler, comme le tissus en fibre de nylon. Le but étant d’acquérir une autonomie, une soumission non servile à la loi qu’on s’est donnée.

D’où l’importance de la convivialité entre les membres d’une même société.

Ses théories accordent une place importante au local, à l’auto-organisation en « bio-régions » et au développement de l’activité de base pour chacune d’entre elles. Le réseau international des slow cities illustre bien sa vision. Actuellement, une vingtaine de villes labellisées s’engagent à suivre les 70 recommandations de leur manifeste, dont le développement des commerces de proximité, une réduction des consommations d’énergie, le développement d’une véritable démocratie participative… Les municipalités pourraient donc d’ores et déjà refuser les OGM, construire des espaces verts et des pistes cyclables plus importantes. L’OMC (Organisation mondiale du commerce) deviendrait l’OML : l’Organisation mondiale pour la localisation. Il n’en oublie pas pour autant les pays du Sud : « La décroissance des pays du Nord est une condition pour Lire la suite

Eco-développement – Villes en transition, l’expérience anglaise : Pour des villes moins dépendantes du pétrole

salades-nicoises.net, NC, le 4 janvier 2010

[Article plus complet sur le site d’origine]

Eco-développement : Villes en transition, l’expérience anglaise

Pour des villes moins dépendantes du pétrole

Voir en ligne : http://villesentransition.net

La dépendance de notre société au pétrole est grossièrement sous-évaluée. Un pétrole peu cher a entrainé des bouleversements énormes dans notre mode de vie ces trente derniéres années (nourriture, travail, mobilité, loisirs). Les trente prochaines seront source d’encore plus de changements a notre vie quotidienne.

40 % de notre nourriture est importée. Légumes, fruits et blé le sont a 85 %. Cette dependance sur des produits venus d’aussi loin n’est pas sans risque et a la merci de beaucoup d’aléas. Tout repose sur une chaine d’approvisionnement de plateformes logistiques régionales travaillant en flux tendu, avec peu de réserves et de lieux de stockage, par rentabilité financière. Une menace d’interruption de la chaine met tout de suite en péril l’approvisionnement alimentaire de la population, pouvant entrainer de graves pénuries, puis des troubles etc.

En 2000 durant la greve des routiers en Grande Bretagne, le patron de Sainsbury’s (l’equivalent du group Carrefour chez nous) a contacté dans l’urgence le premier ministre Tony Blair pour l’alerter que les reserves de nourriture de premiére necessité seraient epuisées en quelques jours.

Les supermarchés rationnerent pain, sucre et lait.

Aujourd’hui les réserves mondiales de matiéres alimentaires de première necessité sont au plus bas suite a plusieurs années de mauvaises récoltes et leur prix s’envole faisant l’objet d’une frénésie speculative par la communauté financiére. Cette année de nombreux pays exportateurs ont cessé de l’etre afin d’assurer leur propre souveraineté alimentaire ***.

Le pic pétrolier * c’est pour 2020 estime Fatih Birol économiste en chef de l’Agence Internationale de l’Energie **, les reserves mondiales ont passé un cap, le déclin de la production de pétrole est inéluctable.

En réponse à la double pression du pic pétrolier* et du changement climatique, quelques communes pionnières au Royaume Uni, en Irlande et ailleurs ont adopté une approche fédératrice et globale pour réduire leur bilan carbone et mieux se préparer aux bouleversements qui accompagneront le déclin de la production de pétrole dans les dix ans a venir.*

De la dépendance au pétrole à la résilience des communautés

Bristol (population 416 000 habitants) a été la première grande ville a financer une étude d’impact sur la vie locale ( transport, nourriture, santé, energie, economie, services publics etc) en cas de pic petrolier* et a en tirer des conclusions ( recherche d’autosuffisance alimentaire, relocalisation) pour preparer l’aprés-pétrole.

Bristol en Transition la première initiative d’échelle urbaine, met en réseau, inspire, forme, favorise et soutient les initiatives a l’echelle locale des quartiers et villages – Redland en Transition, Withywood en Transition, etc. – dans leurs propres Initiatives de Transition.

« Les villes en transition sont une manière concrète pour les individus d’agir sur le climat et le défi du pic du pétrole ». C’est ce qu’on appelle un « grassroots movement » mouvement d’autonomisation ** partant de la base, inversant la pyramide decisionnelle.

*Pic pétrolier

*************

Le pic pétrolier c’est en 2020, estimait Fatih Birol économiste en chef de l’Agence Internationale de l’Energie dans son rapport annuel 2008

(Créée en 1974 suite au premier choc pétrolier, l’AIE Lire la suite

Pays Basque : BIZI. En quelques mois, le mouvement « écologiste et social » a prouvé sa capacité à mobiliser

sudouest.com, Pierre Penin, le 2 Janvier 2010

BIZI. En quelques mois, le mouvement « écologiste et social » a prouvé sa capacité à mobiliser. Il aborde déjà une nouvelle étape de son existence et doit fixer ses priorités

Radicaux et pragmatiques

En six mois d’existence, Bizi s’est fait une place plus que visible, dans le paysage militant local. Passé d’une vingtaine d’adhérents à sa création, à une centaine aujourd’hui, il est un interlocuteur pris au sérieux. Après le sommet de Copenhague, son échéance fondatrice, Bizi doit aujourd’hui assimiler sa croissance et tracer ses nouvelles priorités.

Jean-Noël Etcheverry, membre fondateur, se projette dans les mois post-Copenhague.

« Sud Ouest ».

Quel est le concept essentiel de Bizi ?

Jean-Noël Etcheverry. On est des militants qui veulent créer un mouvement mêlant social et écologie. C’est ce qui nous différencie d’organisations comme par exemple le NPA (Nouveau parti anticapitaliste) d’un côté, et les mouvements purement environnementaux de l’autre. Je veux dire par là que nous sommes à la fois pour la taxe carbone et pour la gratuité des transports en commun. Le NPA est contre la taxe carbone pour des raisons sociales, et des associations environnementales s’opposent à la gratuité totale des transports. Nous voulons faire la synthèse des deux.

Pensez-vous cela vraiment possible sans contradiction ?

La réussite des idées écologistes ne sera pas possible sans la préoccupation sociale. Tout ce qui va vers la préservation de la planète doit s’accompagner de justice sociale et de redistribution. C’est le seul moyen d’impliquer les plus pauvres dans les questions environnementales. L’exemple de la taxe carbone vaut ici. Pas celle de Sarkozy, trop timorée donc peu dissuasive, avec son principe de neutralité fiscale. Mais une taxe plus importante qui permettrait des investissements pour anticiper l’explosion à venir du coût du pétrole, profiterait aux plus modestes.

Si vous deviez résumer la méthode Bizi…

Nous marions radicalisme et pragmatisme. Radicalisme parce que nous voulons changer le système. Nous prônons une évolution profonde des modes de consommation et de production. Je dis radical parce que nous ne sommes pas pour la croissance verte, qui revient à agir à la marge. Nous ne voulons pas traiter les symptômes, mais nous attaquer aux racines. Pour autant, nous ne rêvons pas de Grand soir. Nous sommes pragmatiques parce que déterminés à soutenir les actions qui vont dans le bon sens. Prenez notre soutien à Chronobus : nous avons manifesté pour, aux côtés de mairies de droite. Nous sommes indépendants, mais nous nous associerons ponctuellement aux bonnes idées.

Est-ce à dire que dans l’opposition classique entre idéal et pragmatisme, vous favorisez le second ?

Si vous voulez dire que nous ferons tout ce que nous pourrons pour faire avancer concrètement les choses, je réponds oui. Que nous ne serons pas que dans la protestation, mais dans la proposition, je dis encore oui. Mais cela en restant fidèle à l’idée de bouleversement du système.

Cela pose la question de votre positionnement vis-à-vis du politique. Et du politique vis-à-vis de vous, d’autant que Bizi se développe de façon importante. Existe-t-il pour vous un risque de récupération ?

Ce qui est clair, c’est notre indépendance politique. Après Copenhague, nous commençons aujourd’hui un travail de Lire la suite

« La lutte contre les inégalités est au cœur du sujet » ou l’insoutenable train de vie des riches

alternatives-economiques.fr, Guillaume Duval, Manuel Domergue, le 22 décembre 2009

« La lutte contre les inégalités est au cœur du sujet » ou l’insoutenable train de vie des riches

Les plus riches du Nord ont une responsabilité dans les désordres écologiques, qui va bien au-delà de l’impact direct de leurs gaspillages sur l’environnement. Par Guillaume Duval et Manuel Domergue, extrait du hors-série « L’économie durable », d’Alternatives Economiques.

« Le mode de vie américain n’est pas négociable« , assénait il y a près de vingt ans George Bush père, pour refuser de s’engager à limiter les émissions de gaz à effet de serre des Etats-Unis. Et ce mode de vie a servi de modèle au monde entier tout au long du XXe siècle. Mais aujourd’hui il est tout simplement incompatible avec les grands équilibres écologiques de la planète. Ce qui complique terriblement les choses pour en changer, c’est l’ampleur des inégalités qui se sont creusées depuis trente ans : la consommation de plus en plus purement ostentatoire des riches des pays riches continue en effet à entraîner la planète tout entière dans la dynamique du toujours plus de gaspillage. Pour pouvoir combattre efficacement le changement climatique et les autres menaces écologiques, il faut donc limiter drastiquement les inégalités.

En théorie, chacun des 6,5 milliards d’habitants de la Terre dispose d’un hectare et demi de ce qu’on appelle « l’empreinte écologique », c’est-à-dire la surface au sol nécessaire pour satisfaire ses besoins de base sans puiser dans les ressources non renouvelables de la planète. Mais, d’après les calculs, cette empreinte soutenable a déjà été dépassée depuis les années 1970, puisque chaque humain « consomme » en moyenne actuellement 2,7 hectares. Cette moyenne, déjà excessive, cache en plus de fortes disparités. Avec cinq hectares, un Européen consomme le double de cette moyenne. Mais il apparaît presque sobre par rapport à un habitant des Etats-Unis (9,5 ha) ou des Emirats arabes unis (9,6 ha).

Un exemple à ne pas suivre

Et ces moyennes nationales masquent elles-mêmes des disparités importantes. Les ménages les plus riches des pays riches sont en effet de très loin ceux qui consomment le plus, et donc ceux qui polluent le plus : des vacances à Bali sont plus énergivores que celles à la campagne, chauffer une maison de 200 m2 nécessite en moyenne plus d’énergie qu’un petit appartement, etc. Sans même parler de la consommation d’eau des parcours de golf d’un vert éclatant au mois d’août, ni des yachts, des jets privés et des hélicoptères dilapidateurs de carburant… Ces intuitions sont confirmées par les données publiées par l’Insee : les 10% des ménages les plus riches dépensent environ 2 000 euros par an en France pour l’énergie, contre 800 euros par an pour les plus bas revenus. De même pour la facture transports : les 10% les plus riches dépensent plus de 7 000 euros par an, contre moins de 2 000 pour les 10% les plus pauvres.

Est-ce si grave ? Les riches des pays riches ne constituent-ils pas finalement une goutte d’eau certes très visible, mais en réalité quantitativement insignifiante à l’échelle de la planète ? 793 personnes sur Terre possèdent plus d’un milliard de dollars et accumulent à elles seules 2 400 milliards de patrimoine en 2009 (classement Forbes). Néanmoins, le gros bataillon des riches est constitué de millionnaires, et rien qu’en Chine, on en compterait 450 000 cette année, selon le Boston Consulting Groupe. Mais la contribution la plus nocive des plus riches à la crise écologique tient surtout à leur fonction Lire la suite

Copenhague, les actions sur Bordeaux – De Copenhague à Bordeaux : Climat, Pont BaBa, Agriculture, Vague bleue, Facteur 4…

Collectif Gironde Copenhague 09, Communiqué de presse, le 7 décembre 2009

De Copenhague à Bordeaux : Climat, Pont BaBa, Agriculture, Vague bleue, Facteur 4…

Les négociations de Copenhague sont dans l’impasse !

Girondine, Girondin, prends ton avenir en main

Du 7 au 18 décembre 2009, le plus grand sommet sur le climat jamais tenu, aura lieu à Copenhague. Nous sommes à un carrefour de l’histoire humaine. Ce sommet est considéré comme un de nos « derniers espoirs » d’arrêter le changement climatique. Les critères minimum de réussite des négociations sont la réduction de 40 % des GES des pays développés d’ici 2020 et une aide de 110 milliards d’euro par an aux pays du Sud.

Après la Flash Mobilisation du samedi 5 décembre à 12h18 devant le Grand Théâtre, à l’initiative de Greenpeace Bordeaux  avec 150 personnes le Collectif Gironde Copenhague 09 appelle les Girondines et les Girondins à se retrouver :

–        mardi 8 décembre – Soirée-débat à 19h00 au Boulevard des Potes 29 rue Bergeret à Bordeaux. Diffusion du film « Climat en crise » support à un débat sur le dérèglement climatique.

–         mercredi 9 décembre – A l’initiative du Collectif Gironde Copenhague 09 pour un concert de casseroles pour la pose par les élus de la première pierre du Pont Bacalan-Bastide. Rendez-vous à 18h30 sur les quais au niveau de Cap Sciences. A noter que Trans’Cub organise à 12H30 la pose de la première « pierre tombale ». 

– jeudi 10 décembre – A l’Athénée municipal de Bordeaux à 19h30, la Confédération Paysanne de Gironde organise une Conférence-Débat sur le thème : Agriculture et changement climatique. Comment assurer une production agricole répondant aux besoins des populations, dans un climat bouleversé,  tout en minorant radicalement les dégagements de gaz à effet de serre ?

samedi 12 décembre

Manifestation « Ni nucléaire, ni effet de serre » à partir de 11h00 au miroir d’eau sur les quais face à la Bourse à Bordeaux avec TchernoBlaye…

…ensuite à partir du miroir d’eau, à l’appel du Collectif Gironde Copenhague 09 en écho avec la manifestation qui aura lieu à Copenhague, déambulation festive dans Bordeaux avec une Batucada, musique brésilienne, tout le monde habillé en bleu, avec chapeau ou bonnet de bain, lunette de soleil ou de plongée, tuba… vos pancartes et vos banderoles,  vos casseroles ou autres ustensiles à faire du bruit… arrivée de la vague bleue au Grand Théâtre, place de la Comédie…

…où l’association TACA sera présente de 17h00 à minuit pour une veillée climatique (350.org, tck tck tck…). A 19h regroupement des jeûneurs volontaires en soutien des militants de Climate Justice Fast en grève de la faim pour le Climat depuis le 6 novembre. Plus d’information : <http://www.climatejusticefast.com/> <http://taca.asso-web.com/>

lundi 14 décembre – Spectacle débat « Les enjeux de Copenhague » de 20h30 à 22h30 salle La Glacière, rue Armand Gayral, à Mérignac. Le spectacle « Le grand Chaud du Facteur 4 », pédagogique et interactif, sera en introduction du débat entre la salle et les représentants associatifs et municipaux organisateurs de la soirée (entrée gratuite).

Les 26 membres du Collectif : Lire la suite

Croissance contre «décroissance», la guerre est déclarée

slate.fr, Thomas Legrand, le 8 décembre 2009

Croissance contre «décroissance», la guerre est déclarée

Le consensus autour du sommet de Copenhague dans la classe politique française est un leurre. Il existe un vrai clivage.

Depuis la signature du pacte de Nicolas Hulot, pendant la campagne de 2007 et le Grenelle de l’environnement, on a pris l’habitude d’entendre des accents écologistes dans le discours du président. C’est relativement nouveau (2007) et ça représente une virevolte idéologique assez spectaculaire, si l’on y réfléchit bien. Elle est soudaine mais personne ne peut dire (et finalement peu importe) si elle est due à l’analyse de l’évolution des rapports de force politique ou à une véritable prise de conscience de l’ampleur de la catastrophe annoncée. Un peu des deux sans doute.

Alors au fur et à mesure que se généralise l’idée de l’urgence écologique, on assiste aussi, et tout naturellement, à la naissance d’une écologie dite de droite et d’une écologie dite de gauche. La différence entre ces deux versants de l’écologie se cristallise autour de la définition de la croissance. Après avoir affirmé qu’il était écologiste et qu’il œuvrait pour le sauvetage de la planète, Nicolas Sarkozy, à l’approche des élections régionales, a dû réadapter son discours pour ne pas valider trop ouvertement les thèses des écologistes et risquer de subir la fameuse règle (qui ne se vérifie pas toujours d’ailleurs), la règle du «quand on a la choix entre l’original et la copie, on préfère toujours l’original»… donc il s’est démarqué. Ce n’est pas une démarcation que tactique, elle correspond d’abord à une différence idéologique.

Le chef de l’Etat développe l’idée d’une écologie qui ne fustige pas la croissance, qui, de ce fait, accepte et même promeut le nucléaire, présenté comme une énergie propre, non émettrice de CO2. En réaffirmant sa foi en la croissance, l’écologie dite de droite peut également se présenter comme une idéologie du progrès qui fait le pari que les avancées technologiques apporteront les solutions de remplacement à la raréfaction et au danger des énergies fossiles. Ces idées sont par exemple défendues par le philosophe Luc Ferry. C’est ce que le Président appelle la «croissance verte»... Réconcilier croissance et écologie correspond à un positionnement assez confortable. Il comporte une forme d’optimisme qui tranche avec les analyses déprimantes et catastrophistes des écologistes classiques. Il permet, en plus (et pour une fois), de mettre la droite dans le parti du mouvement, de la foi en l’avenir.

Un positionnement qui promet enfin de ne pas trop bouleverser nos modes de vie consuméristes, voilà pour l’aspect conservateur nécessaire pour rassurer l’électorat de ce côté du spectre politique. De l’autre côté, les Verts et Europe écologie se classent, eux-mêmes, à gauche. C’est assez cruel pour le PS parce que, en gros, la vision de l’écologie, telle que la développe en ce moment Nicolas Sarkozy, n’est pas éloignée de ce que peut dire un PS qui place aussi la croissance au pinacle. Mais le PS doit éviter l’affrontement idéologique avec les écologistes avec lesquelles ils comptent construire une alternance ! Ils sont donc, en quelque sorte, squeezés du débat !

Parce que de l’autre côté, les Verts et Europe écologie ont aussi un discours spécifique sur la croissance. Contrairement à la caricature que veut en faire Nicolas Sarkozy qui dénonce leur penchant pour la décroissance, les écologistes (la plupart d’entre eux en tout cas) refusent d’employer ce terme qui reprend Lire la suite

Michel Serres : « L’amorce d’un nouveau monde »

lejdd.fr, le 5 Décembre 2009, Michel Serres  

Michel Serres : « L’amorce d’un nouveau monde »

Le philosophe Michel Serres ne veut pas s’illusionner sur Copenhague. Sauf si les politiques admettent qu’ils ne sont pas à la hauteur…

Il a pensé l’écologie quand ce n’était pas à la mode, s’est fait vilipender en voulant introduire la nature dans le débat politique. Aujourd’hui que l’actualité lui donne raison, Michel Serres pense le Temps des crises (*) et se méfie d’un soulagement conjoncturel. Les politiques et les peuples sauront-ils retrouver un lien au monde? En dehors de cela, point de salut.

Copenhague commence, la planète est sauvée ?

Copenhague me passionne, mais méfions-nous de notre regard scotché à l’actualité. On ne rattrape pas si vite des années d’oubli. Les chefs d’Etat, les politiques, seront à Copenhague, chacun représentant leur Nation, leur peuple. Mais personne ne représente la terre; il n’y a pas de représentant des océans, de la banquise, des espèces menacées. Et nos gouvernants n’ont pas la culture nécessaire pour parler au nom de la planète. Elle, personne ne l’a invité au sommet…

Les politiques sont dépassés par la crise climatique ?

La crise climatique est un aspect d’une crise globale : l’homme, l’espèce humaine, a perdu son lien avec la terre, avec la planète, ses rythmes, ses limites et ses dangers. Cette crise-là, les politiques ne sont pas armés intellectuellement pour l’affronter. Depuis des millénaires, la politique, c’est l’art de gérer les relations humaines : les rapports de force, de pouvoir, de territoire, la liberté ou l’oppression.

Ce ne sont plus des sujets ?

Cela reste. Mais la terre, le monde, se dérobe à l’homme, et c’est le sujet politique majeur. Il y a vingt ans, j’ai écrit le Contrat naturel. J’y expliquais pourquoi la politique traditionnelle devait céder la place, puisque que la nature devenait l’enjeu. Tout le monde m’est tombé dessus. Réintroduire la nature dans le débat, c’était du fascisme! Je suis allé présenter ma thèse devant les députés à l’Assemblée nationale. Ils sortaient tous de sciences po, je leur disais qu’ils devaient apprendre la physique et l’écologie, sinon, ils ne s’en sortiraient pas. Ils ont éclaté de rire. Ils avaient un nouveau métier à apprendre, ils ne l’ont pas fait.

«Je tiens les philosophes pour responsables. Ils sont silencieux, pris par l’actualité immédiate»

Il n’y a donc plus d’espoir ?

Non, parce que la science est là. Les scientifiques appréhendent le risque climatique depuis un quart de siècle. La science est la clé, et ceux qui la portent. On le voit avec le GIEC, dont je partage l’optimisme de combat. Les politiques doivent écouter les scientifiques… Ils sont les seuls à avoir une expertise de ces questions complexes.

Mais où est la démocratie si les « sachants » mènent le monde ?

Je connais par cœur cet argument. Mais la clé de la démocratie, c’est le peuple, et le peuple bouge. La question, c’est d’établir un nouveau rapport entre le peuple et la science. Lire la suite

Naomi Klein : Le passage à l’âge adulte des militants de Seattle sera désobéissant

mouvements.info, Naomi Klein, le 23 novembre 2009

Le passage à l’âge adulte des militants de Seattle sera désobéissant

Le sommet de Copenhague s’ouvrira quasiment 10 ans jour pour jour après que quelques milliers de militants ont bloqué le sommet de l’OMC à Seattle – le « coming out » d’un nouveau mouvement, dont Copenhague marquera le passage à l’âge adulte. Adulte, mais désobéissant, nous explique Naomi Klein.

L’autre jour, j’ai reçu une copie promotionnelle du livre « La bataille de l’histoire de la bataille de Seattle » par David et Rebecca Solnit. Le livre doit paraître 10 ans après qu’une coalition historique d’activistes ait réussi à bloquer le sommet de l’OMC à Seattle – l’étincelle qui a déclenché un vaste mouvement global contre les multinationales.

Le livre est un récit passionnant de ce qui s’est vraiment passé à Seattle. Mais quand j’ai discuté avec David Solnit, le gourou de l’action directe qui a aidé à organiser le blocage, je l’ai trouvé moins intéressé à nous remémorer ce qui s’est passé en 1999 qu’à parler du futur Sommet de Copenhague des Nations Unies sur le changement climatique et des actions pour la justice climatique qu’il contribue à organiser aux USA le 30 novembre prochain. « C’est clairement un événement de type Seattle », m’a-t-il dit. « Les gens sont prêts à tout renverser« .

De fait, la mobilisation pour Copenhague a quelque chose de Seattle : l’éventail des groupes impliqués, la diversité des tactiques qui seront mises en œuvre, comme le fait que les gouvernements de pays du Sud soient prêts à relayer les revendications des militants à l’intérieur du sommet lui-même. Mais Copenhague ne sera pas uniquement un autre Seattle. Il semble plutôt que les plaques tectoniques se déplacent, créant ainsi un mouvement qui construit à partir des forces issues d’une ère antérieure, tout en apprenant de ses erreurs.

Le mouvement que les médias s’obstinèrent à nommer « anti-mondialisation » a vivement été critiqué comme ne proposant qu’une liste fourre-tout de griefs, et très peu d’alternatives concrètes. Le mouvement qui va converger à Copenhague n’est en revanche focalisé que sur un seul sujet : le changement climatique. Il tisse par contre un récit cohérent sur ces causes et remèdes, qui intègre pratiquement tous les problèmes qui se posent de par le monde.

Dans ce récit, le climat ne change pas seulement à cause de pratique polluantes spécifiques, mais à cause de la logique sous-jacente du capitalisme, qui favorise le profit à court-terme et la croissance perpétuelle par-dessus tout. Nos gouvernements voudraient nous faire croire que cette même logique peut servir à résoudre la crise climatique – en créant un nouveau produit commercialisable appelé « carbone » et en transformant les forêts vierges et terres arables en puits censés compenser les émissions incontrôlées (runaway).

Les militants présents à Copenhague répondront que, loin de résoudre la crise climatique, le marché carbone représente une privatisation sans précédent de l’atmosphère, et que les compensations et puits menacent de déboucher sur un pillage des ressources d’ampleur coloniale. Ces solutions basées sur le marché ne vont pas simplement échouer à résoudre la crise climatique : leur échec augmentera de manière dramatique la pauvreté et les inégalités, parce que les plus pauvres et les plus vulnérables sont les premières victimes du changement climatique – en même temps qu’ils sont les premiers cobayes de ces marchés carbone.

Mais les militants présents à Copenhague ne se contenteront pas de refuser tout cela. Avec détermination, ils vont Lire la suite

2/3 des viticulteurs bordelais en dessous du SMIC

libebordeaux.fr, Laure Espieu, le 2 décembre 2009

2/3 des viticulteurs bordelais en dessous du SMIC

VIGNE – L’étude a été menée par la Chambre d’agriculture de la Gironde sur les dix dernières années. Elle se base sur le suivi d’un panel de cent exploitations en AOC Bordeaux, et fait le constat alarmant d’une situation qui, depuis cinq ans, ne cesse de se dégrader. «Il y a une morosité et une angoisse terribles», pointe Florence Lamoureux, l’auteur de la synthèse. «Deux tiers des exploitants ont dégagé moins d’un SMIC en 2007/2008, et parmi eux, 20% sont en perte. Les gens ne vivent pas de leur travail».

En dix ans, le chiffre d’affaire a baissé en moyenne de 27%. Les résultats économiques à l’hectare ont été divisés par quatre, voire même par cinq pour les viticulteurs qui vendent en vrac. Et les ressources globales des exploitations ont été réduites de plus de la moitié. «Avec d’aussi faibles ressources, les exploitations vont avoir du mal à faire face aux mises aux normes, tant au niveau du vignoble que des chais», souligne l’auteur, qui perçoit déjà la tendance des entreprises à se  «replier sur elles-mêmes».

Non seulement l’investissement est en berne, mais depuis 2007, les coûts sont brutalement remontés (+20%). «En effet, 2007 et 2008 ont été deux années difficiles d’un point de vue climatique (plus de traitements) et ont été des années de hausse du prix des intrants (phytosanitaires et fuel) ainsi que du barème des fermages», explique Florence Lamoureux. Comme les rendements ont également baissé, pour le millésime 2008, le coût de revient du tonneau était d’environ 1277 euros. Bien supérieur aux cours du vin de Bordeaux qui s’établissent plutôt entre 750 et 900 euros le tonneau.

Obligés de brader leur vin, les viticulteurs cherchent de l’argent ailleurs. Certains vendent leurs parcelles en terrains à bâtir. D’autres ont pu être tentés par l’arrachage, mais Lire la suite

Bassin d’Arcachon : La Sepanso et les associations critiquent sévèrement le projet d’aménagement du territoire

sudouest.com, Bernadette Dubourg, le 2 Décembre 2009

SCOT. La Sepanso et les associations regroupées au sein du Ceba critiquent sévèrement le projet d’aménagement du territoire

« Un brouillon à réviser »

 «Nous sommes déçus par le projet de PADD et très mobilisés pour y apporter les modifications qui s’imposent », résument Jean Mazodier, président de la Ceba qui regroupe 17 associations du bassin d’Arcachon et du Val de l’Eyre, et René Serrano, au nom de la Sepanso.

« On a salué, en son temps, le travail remarquable de l’État et sa note d’enjeux, rappellent les deux associatifs.

Aujourd’hui, nous désapprouvons les orientations qui sont prises par le Sybarval (Syndicat mixte du bassin d’Arcachon et du Val de l’Eyre), et nous tenons à le faire savoir, car ce texte doit être revu ». Explications.

1 Ateliers et séminaires

« Nous avons demandé à participer aux différents ateliers et groupes de travail mis en place pour élaborer le projet d’aménagement et de développement durable, préfiguration du futur Scot (schéma de cohérence territoriale).

Il a fallu une forte pression pour qu’on nous accepte. Il faut reconnaître que nous avons été aidés par certains élus.

Nous avons également participé aux deux séminaires des 16 juin et 15 octobre. Nous avons, chaque fois, fait des observations orales et écrites mais n’avons pas reçu un seul mot d’observation sur nos commentaires. Le sous-préfet que nous avons longuement rencontré nous a cependant assuré que nous interviendrions lors de la consultation. Le Scot est un document fondamental, il ne doit pas être élaboré en vase clos. »

2 La population et l’eau

« Le projet, qui privilégie très clairement les aspects économiques et démographiques, va à l’encontre des exigences de l’État quant à la hiérarchisation des priorités et la prise en compte des enjeux écologiques. L’État incitait à limiter l’accroissement de la population à 35 000 habitants de plus d’ici à 2030. Avec le PADD, nous atteignons les 70 000 habitants, soit une augmentation de la population de 4 % par an, c’est de la folie.

On ne sait pas comment alimenter cette population en eau potable. Le Siba ne sera pas non plus en capacité de traiter les eaux usées. Sans parler des risques Lire la suite

Borloo – Climat : «Tout le monde est dans l’évitement»

liberation.fr, Guillaume Launay, Christian Losson, le 24 novembre 2009

Climat : «Tout le monde est dans l’évitement»

A quinze jours de Copenhague, le ministre de l’Ecologie, Jean-Louis Borloo, confie ses doutes, ses espoirs et évoque son avenir.

La réussite du sommet climat de Copenhague est menacée par la frilosité américaine, estime le ministre français de l’Ecologie Jean-Louis Borloo, qui juge indispensable de prévoir un dispositif – concret et chiffré – de solidarité envers les pays les plus vulnérables.

A deux semaines du sommet climatique de Copenhague, beaucoup craignent un échec des négociations. Entre deux déplacements en Afrique et en Amérique du Sud, le ministre de l’Ecologie, Jean-Louis Borloo, a répondu à Libération.

Le sommet de Copenhague sera-t-il le fiasco annoncé ?

Bien sûr que non. L’enjeu est de taille. Il s’agit de convaincre les pays industrialisés de réduire leurs émissions de gaz à effets de serre de 25% à 40% d’ici 2020 par rapport à leurs émissions de 1990, et de 80% d’ici 2050. Il faut aussi que les pays émergents s’engagent sur des cibles concrètes de maîtrise de leurs émissions de CO2 et les fassent accepter par leur population. C’est énorme, difficile, mais essentiel. Mais on ne peut pas demander à des pays qui ont un fort taux de pauvreté de choisir entre réduction de CO2 et croissance. Ce serait irréaliste.

Un texte fort avec des chiffres et des dates d’engagement est-il possible ?

Plus le texte sera emphatique, plus il sera vide. Plus les chiffres seront globaux et lointains, plus on voudra repousser une décision ou un traité, à six mois ou davantage, plus on cherchera à gagner du temps inutilement. Je le dis à ceux qui parlent déjà d’un Copenhague bis dans six mois : «De quelle information disposera-t-on dans six mois qu’on ne connaît pas déjà aujourd’hui ?»

Pourquoi est-ce si délicat alors que les opinions publiques sont volontaristes ?

Parce que cela engage de vraies révolutions. Or la réalité, c’est que tous les gouvernements réfléchissent et hésitent. Que tout le monde est dans l’évitement. Mais que sans initiative forte, on va dans le mur. Or il faut que l’on parvienne à un texte clair, avec des objectifs précis, et des mesures opérationnelles. Que les chefs d’Etat s’impliquent et soient là, sinon, on fera du surplace malgré tous les efforts déjà accomplis depuis deux ans. A l’image du pas réalisé par l’Europe il y a un an, quand elle a fait voter son paquet énergie climat, avec 20% de baisse des gaz à effet de serre, 20% d’économie d’énergie, 20% d’énergies renouvelables…

La contribution française, «Justice climat», vise-t-elle à court-circuiter le processus de l’ONU ?

Non, elle cherche juste à infuser des idées complémentaires et on l’affine tous les jours. On essaye de tenir compte de la vérité de chacun, dans la droite ligne de ce que veut l’ONU. L’idée, c’est de créer quatre catégories de pays en fonction de leurs émissions de CO2 et de leur PIB par habitant. Et pour les plus pauvres et vulnérables, Lire la suite

Flipo et Gaudillière : Inégalités écologiques, « croissance verte » et utopies technocratiques.

mediapart.fr, Fabrice Flipo, Jean-Paul Gaudillière, le 23 Novembre 2009

Première publication par Mouvements

Inégalités écologiques, « croissance verte » et utopies technocratiques.

Les auteurs de ce texte, tout en définissant la notion de « décroissance », déclinent trois priorités : reconnaître une « valeur » et non un prix à la nature ; redistribuer et réduire les inégalités tant celles sous-jacentes à la crise écologique que celle induites par les mesures imaginées pour y remédier ; relocaliser et resocialiser l’économie pour démocratiser les choix.

La crise écologique et financière oblige les décideurs à se pencher sur les scénarios de sortie de crise verte. Mais cette prise de conscience court le risque de s’arrêter à mi-chemin. « Capitalisme vert », « croissance verte », « keynésianisme vert » et « technologies propres » constituent autant de confortables mirages destinés à nous épargner les nécessaires remises en cause liées aux limites écologiques d’une planète aux ressources finies. La prise en compte conséquente de ces limites amène à aborder de front la question des inégalités écologiques et sociales et à changer les modes de production, de consommation et donc les modes de vie les plus prédateurs. Sans autre échappatoire, dans cette redistribution des richesses à opérer, que la redéfinition collective du sens de ces richesses elles-mêmes.

Grenelle de l’environnement, succès aux élections européennes, invitation des leaders écologistes à l’Élysée, débat (difficile) sur une loi créant une taxe carbone…L’écologie politique semble avoir gagné un statut nouveau sur la scène politique française. La crise écologique et la dégradation de notre environnement ont apparemment cessé d’exister comme cette chose dont il faut parler en fin de discours pour faire bonne mesure pour devenir un enjeu à propos duquel il est bon de réfléchir, voire même d’inventer des événements.

Cette nouvelle donne doit beaucoup à la conjonction des deux crises : la crise climatique et la crise financière. La visibilité de la première tient bien sûr à l’agenda des négociations internationales, aux discussions sur l’après Kyoto. Au-delà de la conjoncture, en matière de climat, tous les signaux sont en effet au rouge. Les organisations internationales, du GIEC aux grandes ONG environnementales en passant par le PNUD, multiplient les mises en garde sur l’accélération du réchauffement, sur l’ampleur de ses effets à relativement court terme, sur la vulnérabilité phénoménale des pays d’Afrique, d’Asie du Sud et d’Amérique Latine, sur les inégalités que le changement climatique va créer ou renforcer. Les médias européens et nord-américains relaient désormais le consensus des experts du climat sur la réalité du phénomène et font largement écho à la fonte des calottes glaciaires, aux migrations d’espèces ou encore aux nouvelles « guerres » de l’eau. Parallèlement, l’éclatement de la crise financière a rouvert un espace pour discuter des changements du capitalisme, du fonctionnement des marchés financiers, des effets « pervers » du déplacement de pouvoir vers l’actionnariat et les places boursières, des défauts de « l’auto-régulation » des marchés et du même coup signé le retour en grâce de l’intervention publique, ne serait-ce que pour sauver les banques et assurer la pérennité d’un régime d’accumulation (légèrement) amendé.

À gauche, cette conjonction des deux crises a paradoxalement des effets délétères. En rendant la question écologique plus visible et urgente, elle rend encore plus patente la difficulté à proposer des réponses autres que cosmétiques. La vivacité et surtout la nature des dénonciations venant tant du parti socialiste que de la gauche de la gauche d’un projet de taxe carbone présenté comme « anti-sociale » alors qu’il s’agit au contraire de le configurer pour en faire un outil liant redistribution et changement des façons de produire en a été un bien triste révélateur.

On n’aurait toutefois tort de considérer que les discours sur la sortie de crise « verte » ou le Green Deal ne sont que des temporaires, de simple effet de couverture médiatique grâce auxquels on découvre ces exotiques décroissants du midi de la France. Bénéficiant des acquis de l’expertise économico-climatique poursuivie depuis une dizaine d’années dans et autour du GIEC et des institutions en charge des politiques énergétiques, les propositions – voire les scénarios – liant réponse à la crise financière, re-régulation et investissements écologiques massifs tendent à faire référence, y compris du côté de la présidence américaine. Les registres varient, depuis la simple mise en avant d’un recours significatif aux sources d’énergie renouvelables dans le « bouquet » énergétique jusqu’à des argumentations plus fondamentales sur la nécessité d’une politique écologique globale faisant intervenir des transferts importants de ressources vers les pays du Sud. Dans un ouvrage récent, Lester Brown évoquait ainsi la perspective d’une « éco-écologie » Lire la suite

Aquitaine : Ça bouge dans le bio !

sudouest.com, Jacques Ripoche, le 24 Novembre 2009

AGRICULTURE. Le nombre de producteurs et la surface en bio augmentent, mais il reste encore du chemin à parcourir

Ça bouge dans le bio !

Ce mardi, la Chambre régionale d’agriculture d’Aquitaine consacre une session spécifiquement dédiée à l’agriculture biologique. Demain, dans les locaux du Conseil régional, à Bordeaux, Arbio, l’interprofession du bio, invite 1 700 gestionnaires de cuisines collectives à un grand « forum » sur l’introduction des produits bio dans les cantines, relativement aux prescriptions du Grenelle. Les ambitions sont élevées : 20 % des menus à l’horizon 2012 ! Aujourd’hui, on est encore (très) loin du compte. Malgré un taux de croissance à deux chiffres ces dernières années, le bio, avec 600 000 hectares cultivés, ne représente que 2,1 % de la surface agricole utilisée (SAU) en France, tandis que son chiffre d’affaires, 2,6 milliards d’euros, n’atteint guère que 1,7 % de la consommation agroalimentaire nationale.

Le mouvement s’accélère

Pour autant, les choses bougent. L’Aquitaine et Midi-Pyrénées, qui se rangent parmi les premières régions bio en France, enregistrent une progression significative : + 7,5 et + 7 % entre 2007 et 2008. L’Aquitaine, avec 28 000 hectares cultivés, compte aujourd’hui 1 125 producteurs certifiés (1 005 en 2007). Les chiffres 2009 ne sont pas encore arrêtés mais, fait notable, 130 exploitations nouvelles sont en cours de conversion.

« On sent bien que le mouvement s’accélère. Depuis quelques mois, chacune de nos réunions d’information fait le plein. On voit que la réflexion est installée dans les têtes », souligne Patrick Grizou, producteur en Lot-et-Garonne et président d’Arbio. Trois éléments, selon lui, concourent à l’intérêt que les « conventionnels » portent désormais au bio : « Il y a, bien sûr, l’effet crise. Mais il y a aussi les obligations de plus en plus contraignantes sur l’emploi des intrants qui aboutissent même parfois à des impasses techniques. Enfin, il faut considérer le fait que les agriculteurs intègrent de mieux en mieux la notion d’agriculture durable. »

Les 28 000 hectares bio en Aquitaine se décomposent en 11 000 hectares de fourrage, 9 000 hectares de céréales et d’oléoprotéagineux, 2 000 hectares de fruits et légumes, 4 000 hectares de vigne. « Le mouvement est particulièrement important sur la vigne », relève Jérôme Cinel, directeur d’Arbio : « Le nombre des producteurs indépendants convertis progresse régulièrement, mais le phénomène intéressant et nouveau réside dans l’implication des caves coopératives comme Landerrouat, Hauts de Gironde, Unimédoc, Mesterrieux. » Gwenaëlle Le Guillou, directrice du Syndicat des vignerons bio, confirme : « Nous sommes sur une progression moyenne annuelle de 20 % en surface. » En fruits et légumes, la production s’organise principalement autour de deux coopératives, Caspo et Biogaronne, à Port-Sainte-Marie (47). « Leur nombre d’adhérents aussi augmente, ce qui va les amener à créer prochainement des points de collecte », précise Jérôme Cinel.

Coordonner l’ensemble

Du côté des productions animales, une filière viande bio s’est récemment constituée Lire la suite

Aux Etats-Unis, la « Transition » prépare l’après-pétrole

lemonde.fr, Grégoire Allix, le 21 novembre 2009

Aux Etats-Unis, la « Transition » prépare l’après-pétrole

Boulder (Colorado) Envoyé spécial

Au beau milieu des Etats-Unis, l’après-pétrole a commencé. Au pays de l’essence pas chère et de la négation du réchauffement, des groupes de citoyens se sont donné pour mission d’aider les communautés américaines à se préparer à la double échéance de la fin du pétrole et du changement climatique. Leur mouvement a un nom : la Transition. Son cœur bat à Boulder, dans l’Etat du Colorado (Etats-Unis), une enclave libérale et progressiste de 100 000 habitants au sein de montagnes Rocheuses, réputées très conservatrices.

Tous les mercredis, on se bouscule sur le marché fermier de Boulder – une curiosité en soi au royaume du centre commercial. Entre les étals de fruits et légumes des agriculteurs bio, les militants de la Transition distribuent leurs tracts. « L’agriculture industrielle, fondée sur des carburants bon marché, va s’effondrer« , prédit Michael Brownlee, chef de file du mouvement aux Etats-Unis. « Tout notre mode de vie est condamné. C’est très dur à entendre pour les Américains, élevés dans l’idée qu’ils le méritent. »

Fondé par Rob Hopkins, le mouvement de la Transition a pris corps en 2006 à Totnes, petite ville anglaise de 8 000 habitants, avant d’essaimer dans le monde entier. Ses militants ont un but : rendre leurs villes résilientes avant le chaos qui s’annonce, par la quête de l’autarcie énergétique et alimentaire. Avec une conviction : c’est l’opportunité pour l’humanité de construire un monde meilleur. Et un credo : la relocalisation de toutes les productions.

Formé par les fondateurs du mouvement à Totnes, Michael Brownlee, ancien journaliste, a créé à Boulder, en 2008, la première initiative américaine de la Transition. Depuis, l’association locale, qui emploie trois salariés, a mué en centre de formation de nouveaux groupes dans tout le pays et accouché d’un Transition Colorado, puis d’un Transition US. En un an, quarante initiatives ont vu le jour aux Etats-Unis.

« 80 % de notre travail est centré sur l’agriculture locale, c’est le levier le plus efficace à court terme, ce dans quoi les gens peuvent le plus facilement s’engager« , explique M. Brownlee. « 1 % seulement de notre nourriture est produite à l’intérieur du comté, or ses habitants dépensent 650 millions de dollars par an pour l’alimentation. Il y aurait là de quoi sauver notre économie ! » Les groupes créent des potagers communautaires, encouragent l’installation d’agriculteurs bio par des systèmes d’abonnement proches de ceux des Associations de maintien d’une agriculture paysanne (AMAP) en France.

Au sein d’une nation où le sens de la communauté et du lobbying ne sont pas des vains mots, le message passe. Soixante-quinze restaurants du comté affichent leur engagement à privilégier les produits locaux. Même les supermarchés mettent en valeur sur leurs rayons la production de la région. « La Transition ne doit pas juste être un groupe de gens dans leur coin. Il faut engager toute la communauté pour avoir une chance de réussir », explique M. Brownlee.

Le comté de Boulder soutient et finance le mouvement. La collectivité a créé un Lire la suite

Entretien avec Antoine Waechter: « Ni droite, ni gauche, une nouvelle pensée globale ! »

« Ni droite, ni gauche, une nouvelle pensée globale ! » (entretien avec Antoine Waechter)

europamaxima.com, Maximilien Malirois, le  22 novembre 2009

Conseiller municipal de Fulleren (Alsace), Antoine Waechter est le président-fondateur du M.E.I. (Mouvement écologiste indépendant). Il a été président de la Commission du développement régional d’aménagement du territoire du Parlement européen en tant que député européen de juillet 1989 à décembre 1991. Candidat écologiste à l’élection présidentielle de 1988 (3,77 %, soit 1 149 897 voix), il a voulu être candidat à l’élection présidentielle de 2002, mais il n’a pu obtenir que 152 parrainages sur un minimum obligatoire de 500.

Antoine Waechter est l’auteur de plusieurs ouvrages, entre autres : Vosges vivantes, avec Daniel Daske (Éditions S.A.E.P., 1972), Animaux d’Alsace, avec Daniel Daske (Éditions Mars et Mercure, 1974) et Dessine-moi une planète. L’écologie, maintenant ou jamais (Albin Michel, 1990).

L’Esprit européen : Pouvez-vous, Monsieur Waechter, présenter brièvement le Mouvement écologiste indépendant ?

Antoine Waechter : Le Mouvement écologiste indépendant est né d’un éclatement des Verts en 1994, lorsque la Gauche prit le pouvoir au sein de cette organisation. Ses animateurs sont des écologistes historiques, qui ont créé l’écologie politique en France en 1973-74.

Le Mouvement écologiste indépendant défend un écologisme affranchi des pensées libérales et socialistes, avec l’ambition de promouvoir une société capable de privilégier la Vie avant toutes autres considérations.

L’E.E. : Dans votre livre Dessine-moi une planète. L’écologie, maintenant ou jamais, vous écrivez que « les références de la pensée écologiste n’ont aucune parenté avec le socialisme ou avec le libéralisme économique, dont les partisans ont en commun la même foi dans les capacités inépuisables de la planète et dans un progrès technologique salvateur, la même adhésion à un économisme dominant et à une conception matérialiste du bonheur, la même quête de puissance ». La pensée écologiste est-elle la théorie du XXIe siècle ?

A.W. : La pensée écologiste est, en effet, au XXIe siècle ce qu’est la pensée socialiste au XIXe siècle et le libéralisme économique au XXe siècle.

L’E.E. : En quoi votre vision de l’écologie diffère-t-elle de celle des partis Verts européens dont certains participent à l’action gouvernementale ?

A.W. : La majorité des partis Verts est culturellement à Gauche : ce parti réduit l’écologisme à sa dimension environnementale, considère qu’il est plus important de devenir ministre que de convaincre l’opinion publique, privilégie les conflits sociaux au détriment d’une recherche d’adhésion majoritaire de l’opinion, et rêve de construire une troisième Gauche.

Notre priorité est de diffuser une culture (sensibilité) écologiste, de convaincre tous les citoyens, que leur origine soit de Droite ou de Gauche, de donner une traduction politique à cette culture, en privilégiant le vivant et la non violence, en refusant les manichéismes. Notre ambition est de Lire la suite

Les AMAP se structurent pour mieux se développer

actu-environnement.com, Sophie Fabrégat, le 16 novembre 2009

Les AMAP se structurent pour mieux se développer

L’engouement des consommateurs pour les associations pour le maintien de l’agriculture paysanne (AMAP) ne se dément pas. Mais l’offre a du mal à suivre. Un mouvement national devrait se structurer pour faciliter la naissance de nouveaux projets.

Aujourd’hui, près de 1.500 groupes AMAP (associations pour le maintien d’une agriculture paysanne) existeraient sur l’ensemble du territoire, de nombreux autres projets seraient en cours. Ce système de partenariat entre producteurs et consommateurs suscite de plus en plus d’intérêt depuis le lancement de la première initiative de ce type en avril 2001 à Aubagne.

Circuits courts, relation directe entre producteurs et consommateurs, solidarité financière, respect de l’environnement… sont autant d’arguments qui séduisent les quelques 60.000 familles de consommateurs engagées dans une telle démarche.

 »Les AMAP représentent un véritable mouvement de fond, elles correspondent à des aspirations profondes des consommateurs », analyse Jérôme Dehondt, responsable légal et porte-parole du mouvement interrégional des AMAP (MIRAMAP). Cependant, dans de nombreuses régions, ces associations ont des difficultés à se développer. Si en PACA (140 groupes), Rhône-Alpes (132 groupes), Ile-de-France (120 groupes) les initiatives sont nombreuses, la Picardie (3 AMAP), le Languedoc-Roussillon (3 AMAP), la Champagne-Ardenne (1 AMAP)… ont davantage de mal à faire émerger ce type de dispositif.

Une offre qui ne suit pas la demande

Le développement des AMAP se heurte à de nombreux freins. De nombreux groupes en projet sont actuellement à la recherche d’un producteur paysan ou bio.

Premier frein : la pénurie de producteurs bio en France.  »En Ile-de-France par exemple, 150 groupes sont en fonctionnement aujourd’hui pour 35 maraîchers bio. Seulement 30 personnes sont formées chaque année au maraîchage bio dans la région, ce qui est très en deçà des besoins. Il y a un véritable problème de ressources humaines. Les AMAP et l’agriculture bio reposent surtout sur les nouveaux entrants, la conversion bio étant très compliquée. La population agricole française est assez âgée, 46 % des agriculteurs seront partis à la retraite d’ici 2020. Le pas n’est pas évident à franchir pour eux de la production conventionnelle à la production bio ».

Deuxième frein : l’accès au foncier :  »de nombreux porteurs de projets ont du mal à accéder aux terres agricoles. A cause de la pression foncière, les terres sont chères, peu disponibles… Les organisations foncières telles que la SAFER privilégient l’extension d’installations existantes ».

Les banques seraient également Lire la suite

Bassin Adour-Garonne : Atteindre le « bon état écologique »

sudouest.com,  Jacques Ripoche, le 17 Novembre 2009

EAU. Le nouveau schéma directeur du bassin vise à porter, d’ici à 2015, de 48 à 60 % les masses d’eau qui se rapprochent le plus des valeurs de référence

Adour-Garonne : Atteindre le « bon état écologique »

D’ici à 2015, 60 % des 2 913 masses d’eau répertoriées dans le vaste bassin Adour-Garonne (1) devront avoir atteint un « bon état écologique », c’est-à- dire une situation qualitative et quantitative proche de l’état naturel (2), contre 48 % actuellement. C’est l’objectif fixé par le schéma directeur d’aménagement et de gestion des eaux (Sdage) adopté hier matin à Toulouse par le comité de bassin. Il répond aux impératifs de la directive-cadre européenne sur l’eau (DCE).

1. 232 propositions, 4,1 milliards d’euros

Contrairement au Sdage précédent, le nouveau schéma directeur s’accompagne d’un programme de mesures (PDM) qui se décline en 232 propositions d’actions. Elles ont été chiffrées à 4,1 milliards d’euros, finançables sur fonds publics, dont 3,3 milliards relevant directement de l’application de la directive européenne.

À ce stade, il ne s’agit pas d’un programme financé mais du reflet du coût que représente tout ce qui est à mettre en oeuvre pour atteindre la barre des 60 %. Concrètement, cela constitue un effort supplémentaire de l’ordre de 150 millions d’euros par an pendant six ans, sachant que les collectivités locales et territoriales, particulièrement les Départements, interviennent en moyenne à hauteur de plus de 50 % dans le financement des dossiers relatifs à l’aménagement et à la gestion des eaux.

2. Restaurer les milieux, maintenir les débits

Ce Sdage 2010-2015 – qui s’applique à l’ensemble des milieux aquatiques du bassin (3) – met la priorité sur la « réduction des pollutions diffuses », la « restauration des milieux », le « maintien de débits suffisants dans les cours d’eau en période d’étiage ». Il a été rappelé à cet égard qu’il a fallu lâcher 52 millions de mètres cubes d’eau pour soutenir la Garonne à la fin de l’été.

Changement climatique avec répétition de sécheresses estivales et pluviométrie en baisse, fonte inexorable des glaciers pyrénéens (au rythme actuel, ils auront totalement disparu dans vingt ans), inondations plus rapprochées, perspective d’augmentation de la population d’environ un million de personnes d’ici à 2050 : tous ces éléments plaident en faveur d’une politique de l’eau « ambitieuse » à l’échelle du bassin Adour-Garonne, a estimé le président du comité, Martin Malvy, par ailleurs président du Conseil régional de Midi-Pyrénées.

Mais il a aussitôt fixé les limites de l’exercice : « Quelle que soit notre détermination, elle se confronte à des incertitudes. » Le ralentissement de l’activité économique, la Lire la suite

Du slow food au slow money : si nous utilisions l’argent comme du fumier et non comme de l’engrais de synthèse ?

courrierinternational.com, le 1er octobre 2009

Du slow food au slow money

La finance a été pervertie, comme l’agro-industrie, par l’obsession du rendement. Mais si nous utilisions l’argent comme du fumier et non comme de l’engrais de synthèse ?

A la faveur de la crise économique et écologique, des penseurs nous proposent de nouveaux modèles. Et, partout dans le monde, de nombreuses personnes changent déjà de vie, inventent et mettent en œuvre des solutions concrètes, comme en témoigne l’article que nous publions ci-contre. Il est extrait du hors-série que consacre Courrier international à la vie après la crise. Chez votre marchand de journaux à partir du 7 octobre 2009.

Inquiries into the Nature of Slow Money: Investing as if Food, Farms and Fertility Mattered [Enquête sur la nature de l’argent lent : investir comme si la nourriture, les exploitations agricoles et la fertilité avaient de l’importance, Chelsea Green, 2008, non traduit en français], un livre de Woody Tasch.

Vous voulez connaître le petit secret honteux de la crise économique actuelle ? Ramassez donc une poignée de terre puis, l’élément vital de la planète dans le creux de la main, essayez de faire le rapprochement avec les marchés financiers. Vous ne voyez pas le rapport ? A en croire Woody Tasch, le gourou de l’investissement socialement responsable, les problèmes liés à la récession sont analogues à ceux posés par la fertilité des sols. Pour le président d’honneur d’Investor’s Circle, un réseau d’investisseurs providentiels [qui aident de jeunes entreprises innovantes sans chercher de rendement immédiat], de spécialistes du capital-risque et de fondations œuvrant pour une économie durable, notre système alimentaire stratifié est une métaphore de l’économie tout entière.

L’agriculture industrielle considère le sol comme un support pour des plantes que l’on gave de substances chimiques synthétiques de manière à en optimiser le rendement. Pour la finance industrielle, les entreprises sont un support permettant le gavage des capitaux et la maximisation du rendement”, résume-t-il. Mais ce qui est encore plus dangereux que la philosophie selon laquelle “la cupidité a du bon” [“greed is good”, devise de Gordon Gekko, le héros de Wall Street, le film d’Oliver Stone sorti en 1987], c’est la vitesse à laquelle l’argent circule autour de la planète. Pour étayer son propos, Tasch cite de nombreuses statistiques, comme l’explosion du volume des transactions enregistrées à la Bourse de New York, passé d’un record quotidien de 100 millions de titres échangés en 1982 à 5 milliards en 2007.

Quand l’argent n’est plus rien d’autre qu’un instrument pour en gagner encore plus, aussi rapidement que possible, quand des hordes d’experts financiers ne font rien d’autre qu’optimiser les taux de rendement pour diverses catégories d’actifs, cela produit des monceaux de richesses financières qui n’ont pas grand-chose à voir avec l’activité dans la vie réelle”, ajoute-t-il. L’“argent rapide” est devenu tellement complexe que l’on se retrouve devant ce que Woody Tasch appelle l’“abstraction ultime”, c’est-à-dire les produits dérivés. Malgré leur valeur totale estimée à 50 000 milliards de dollars, aucun président de banque d’affaires, soutient-il, ne peut vraiment les comprendre, et encore moins les gérer.

Il en est de même pour ces hamburgers fabriqués avec Lire la suite

Le réchauffement pourrait coûter très cher à la France

lefigaro.fr, Marielle Court, le 6 novembre 2009

Le réchauffement pourrait coûter très cher à la France

Sécheresse, inondations de zones côtières, etc. : le surcoût se chiffrerait à plusieurs milliards d’euros par an.

Déficit en eau, impact sur la forêt, nécessaire évolution du tourisme, risque de submersion… À l’heure où tous les yeux sont braqués sur Copenhague dans l’espoir d’un grand accord international sur le climat, la France se penche sur son territoire. Objectif : mesurer chez nous les effets et le coût du changement climatique pour les vingt ou cinquante ans à venir. Et le constat est sans surprise : bien que pour certains secteurs «on observe des coûts et des opportunités… On peut s’attendre à un impact global négatif», précise l’Onerc (Observatoire national sur les effets du réchauffement climatique) qui vient de remettre son travail à Jean-Louis Borloo, le ministre de l’Écologie. L’Observatoire, qui a pratiqué plusieurs chiffrages, évoque, selon qu’il s’appuie sur un scénario optimisme ou pessimiste du Giec (Groupe d’experts sur le climat), une charge financière supplémentaire de plusieurs milliards d’euros par an. Les quelque 200 spécialistes qui ont travaillé durant deux ans sur ce document ont abordé la question par grands secteurs sur la base d’une situation économique constante.

• Raréfaction des ressources en eau

Si la demande en eau reste identique, le déficit sera de 2 milliards de m3 par an (sur 32 milliards de m3). Les zones les plus touchées seront les mêmes qu’actuellement, à commencer par le grand Sud-Ouest. Une multiplication des conflits d’usage est à craindre entre agriculteurs, industriels et particuliers. Les agriculteurs sont les plus gros utilisateurs (48 % de la consommation totale).

• Des risques naturels accrus

Certaines régions sont en première ligne avec la montée du niveau de la mer. Dans le seul Languedoc-Roussillon, des milliers de logements sont concernés avec un coût évalué à plusieurs dizaines de milliards d’euros. De même, les dégâts causés par la sécheresse aux maisons construites sur des sols argileux devraient faire passer le coût des réparations de 220 millions d’euros par an à 700 millions, voire 1,3 milliard d’euros, selon les scénarios les plus noirs d’ici 2100.

• Des coûts indirects en matière de santé

Les impacts potentiels sur la santé n’ont pas été évalués. Ils pourraient être considérables étant donné que la valeur des années de vie perdues du fait de la canicule de 2003 a été chiffrée à 500 millions d’euros. La seule augmentation de consommation de psychotropes après l’inondation du Gard en 2002 a représenté une charge supplémentaire de 245 euros par personne concernée.

• Les saisons touristiques chamboulées

À l’horizon 2100, l’attractivité touristique de la France pourrait diminuer en été et en hiver. Dans un cas en raison de trop fortes chaleurs, dans l’autre, faute d’un bon enneigement. Pour les sports d’hiver, Lire la suite

Pourquoi le changement climatique n’est pas une question environnementale

hns-info.net, Ludo, le 5 novembre 2009

Pourquoi le changement climatique n’est pas une question environnementale

Le COP 15 réunira prochainement « dirigeants » mondiaux, multinationales et grosses ONG pour dessiner l’après-Kyoto et tenter d’empêcher une crise climatique catastrophique. L’objectif de ce texte n’est pas de monter à bord du train fonçant des élites et de dépeindre une apocalypse imminente, encourageant les politiques basées sur la peur. Il est, en reliant les différents points que sont les différentes luttes, de faire apparaître l’image dans sa globalité. De montrer les enjeux réels des négociations sur le changement climatique, et de dénoncer ce dernier, non comme une question purement « environnementale », mais comme le symptôme qu’il est de la faillite d’un système qui nous détruit et ravage notre planète.

Les « solutions » de ce système, dont on sait déjà qu’elles seront les seules abordées à Copenhague, sont basées sur le marché, afin de satisfaire les puissants lobbies des multinationales. Marché du carbone, agrocarburants, énergie nucléaire, mécanismes de « compensation »… Ces fausses solutions n’envisagent pas un instant de réduire les émissions de gaz à effet de serre directement à la source, dans nos pays industrialisés, et sont par conséquent très loin de permettre les réductions d’émissions réellement nécessaires. Elles se révèlent par ailleurs parfois extrêmement dangereuses dans leurs applications, en accroissant dramatiquement les inégalités Nord/Sud, les problèmes environnementaux et l’injustice sociale au sein des pays en voie de développement. Ces pays, ces paysan-ne-s, ont pourtant des solutions. La justice climatique, ces alternatives et solutions réelles qui viennent de la base, sont les enjeux de la lutte globale à laquelle appellent des réseaux comme CJA et CJN (« Climate Justice Network », Réseau pour la Justice Climatique, qui regroupe de nombreux groupes des pays du Sud).

Le capitalisme, ou à qui profite le crime climatique ?

La prise de conscience environnementale généralisée actuelle est utile à ceux qui développent activement la notion de « capitalisme vert ». Il permet de recréer l’adhésion citoyenne à des structures dépassées et discréditées par la crise systémique qui les secoue.

Les multinationales repeignent leurs enseignes en vert, leurs campagnes publicitaires rivalisent de « greenwashing » [1], et elles poursuivent les mêmes pratiques destructrices.

Avec l’effondrement des marchés financiers, la foi dans le futur du capitalisme a été sérieusement ébranlée. Malgré cela, le même principe qui a conduit à la crise, celui de marché immatériel de produits dérivés [2], est à l’origine de la création du marché du carbone, qui invente un prix au CO2 contenu dans l’air. C’est cela, la proposition principale de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (UNFCCC) : un marché du carbone mondialisé, au sein duquel les entreprises vendent et achètent des crédits symbolisant leur droit à polluer. Ce type de marché immatériel, dont le prix du « bien » est inventé, conduit immanquablement à une spéculation et des pratiques frauduleuses gigantesques, puis à une bulle géante, et à son éclatement. Or cette fois, ce ne sont pas les profits des banques et des multinationales ou nos emplois qui sont en jeu, mais un changement climatique irréversible de grande ampleur qui pourrait laisser nos enfants hériter d’un terrain vague.

Le nouveau « COLONIALISME »

Les multinationales qui en ont les moyens peuvent obtenir des crédits-carbone ; et des mécanismes à la complexité bien pratique peuvent leur en faire obtenir encore davantage, comme le « mécanisme de développement propre », MDP (en anglais Clean Development Mechanism ou CDM). Au sein de ces « mécanismes flexibles », Lire la suite

Harald Welzer, chercheur allemand « Le réchauffement du climat crée de nouvelles sources de conflits »

lemonde.fr, le 30 octobre 2009, Propos recueillis par Bertrand d’Armagnac

Harald Welzer, chercheur allemand

« Le réchauffement du climat crée de nouvelles sources de conflits »

D’ici à 2050, le changement climatique pourrait jeter sur les routes 200 millions de « réfugiés climatiques« , selon l’Institut pour l’environnement et la sécurité humaine de l’université des Nations unies. Qu’il s’agisse des sécheresses qui réduisent les cultures et les pâturages, ou de la montée des eaux qui submerge les petits Etats insulaires… Les désastres environnementaux vont provoquer des catastrophes sociales et favoriser l’éruption de conflits.

Psychosociologue allemand, chercheur au Kulturwissenschaftlichen d’Essen, Harald Welzer travaille sur les causes de l’émergence de la violence, et sur la perception des évolutions de société par ceux qui les vivent. Dans l’ouvrage Les Guerres du climat (Gallimard), paru mi-octobre, il décrypte la manière dont les dérèglements environnementaux peuvent générer des conflits entre pays et à l’intérieur des sociétés ; et explique comment la perception du danger créé par le réchauffement climatique peut être faussée.

Vous soulignez dans votre livre l’ampleur des catastrophes sociales engendrées par le changement climatique, aujourd’hui et dans les années à venir. Comment les problèmes environnementaux peuvent-ils conduire à des violences et à des guerres ?

Les guerres proviennent, bien sûr, de causes multiples, mais le réchauffement climatique crée de nouvelles sources de violence, et amplifie les pénuries et les tensions existantes en matière de nourriture, d’eau ou de terres.

Prenez le cas du Darfour. Même si le conflit a des origines diverses, il est clair que la désertification progressive vers le sud a conduit à une compétition pour les terres entre les nomades éleveurs de bétail et les fermiers sédentaires, d’ethnies différentes. Et le Soudan, Etat en déroute, est incapable de réguler ce conflit, ou n’importe quel autre.

Des catastrophes peuvent aussi découler d’événements météorologiques extrêmes, comme ce fut le cas à La Nouvelle-Orléans, où l’ouragan Katrina a conduit à un effondrement total de l’ordre social. Et en provoquant la fonte de la glace arctique, le réchauffement ouvre la voie à un conflit autour des ressources naturelles du Grand Nord, qui n’étaient pas exploitables jusqu’à maintenant.

La tension provoquée par les dérèglements climatiques se retrouve aussi dans le face-à-face entre les réfugiés, qui fuient leur pays pour survivre, et les nations riches. La politique de protection des frontières des pays développés est-elle aussi facteur de violence ?

Il est évident que le nombre de « réfugiés climatiques » augmentera dans les années qui viennent. Comment les Etats développés les accueilleront-ils ? De la même manière, je crains, qu’ils reçoivent déjà ceux qui fuient la faim et la pauvreté. En Europe, la volonté actuelle des gouvernements est d’abord de rendre de plus en plus difficile le voyage des demandeurs d’asile. Résultat : les tentatives de traversée sont de plus en plus dangereuses et mortelles.

Les pouvoirs publics cherchent également les moyens de Lire la suite

Intervenons ensemble dans le débat des régionales 2010 – Appel : Alimentons les régions

alimentons-les-régions.fr, appel, novembre 2009

Appel : Alimentons les régions

ALIMENTONS LES REGIONS

Pour le droit à une alimentation saine et équilibrée pour tous,

Pour une politique foncière agro-écologique,

Pour l’emploi des jeunes

Intervenons ensemble dans le débat des régionales 2010

Faire de la question alimentaire une priorité en matière de développement, ce n’est pas revenir en arrière, mais bien répondre aux défis auxquels l’humanité est confrontée (crise alimentaire, préservation de la biodiversité, changement climatique). C’est aussi et surtout ouvrir à l’ensemble de nos concitoyens une perspective d’emplois, et d’emplois utiles, que ni l’industrie, ni les services ne peuvent à eux seuls satisfaire. C’est répondre aujourd’hui à une demande sociale émergente de la part de jeunes, de plus en plus nombreux, de plus en plus qualifiés, qui aspirent à s’installer professionnellement dans l’agriculture nourricière. C’est répondre aux difficultés d’approvisionnement de la restauration collective en matière d’alimentation de qualité et de proximité.

Faire de la question alimentaire une priorité, c’est construire avec le Sud une réponse durable pour en finir avec la faim, en fondant la souveraineté alimentaire, du niveau local au niveau international, sur des politiques agraires favorisant la multiplication des lopins vivriers et sur la création de filières de formation et d’installation massive de jeunes dans les métiers de l’agro-écologie et de l’alimentation saine.

Faire de la question alimentaire une priorité, c’est remettre en cause les politiques d’aménagement du territoire et d’urbanisme qui consomment en France l’équivalent de 60 000 hectares par an d’espace agricole, soit la disparition d’un département tous les six ans. C’est utiliser le foncier pour changer de développement et permettre aux citoyens de reconquérir de nouvelles libertés, de nouveaux droits.

Faire de la question alimentaire une priorité, c’est freiner le développement des grandes surfaces et soutenir le commerce de proximité indépendant, le développement des marchés de plein air et celui des infrastructures de Lire la suite

Jean Jouzel : L’été andalou sera dans le Sud-Ouest avant la fin du siècle

sudouest.com, Jean-Denis Renard, le 19 Octobre 2009

L’été andalou chez nous avant la fin du siècle

RÉCHAUFFEMENT. Le climatologue Jean Jouzel était la semaine dernière à Arcachon pour brosser l’évolution du climat régional au cours du XXIe siècle. Chaud devant

A 62 ans, Jean Jouzel est sans doute le plus médiatique des climatologues français. Vice-président du Giec (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat), médaille d’or du CNRS en 2002, il est mondialement connu pour ses travaux sur les glaces de l’Antarctique et du Groenland, qui participent à la reconstitution du climat passé de la Terre.

La semaine dernière, ce Breton a fait escale à Arcachon, à l’invitation de la Direction départementale de la jeunesse et des sports de Gironde, qui y organisait un colloque, « Développement durable et littoral ». Au cours de son exposé au Palais des congrès et ensuite lors d’une rencontre avec la presse, Jean Jouzel s’est efforcé de dessiner les contours du climat qui s’installera sur le sud-ouest de la France dans la seconde partie du XXIe siècle. Ça va être chaud…

1 Le réchauffement est inéluctable

« Le réchauffement global est sans équivoque. Onze des douze dernières années sur le globe ont été les plus chaudes depuis 1860. Ce réchauffement est pour l’instant limité à un peu moins de 1 degré. Cela s’est notamment traduit, au cours du XXe siècle, par une hausse de 15 à 20 centimètres du niveau des océans, du fait de la fonte des glaces et de la dilatation des océans.

On sait que le réchauffement va se poursuivre. Le climat des années 2020-2030 se traduira par une température en hausse de quelques dixièmes de degré supplémentaires, ce qui n’est pas neutre. Il sera tributaire des gaz à effet de serre, d’ores et déjà présents dans l’atmosphère. Quoi qu’on fasse subir au climat au cours des années à venir, les effets n’en seront pas perceptibles immédiatement. En revanche, les efforts à produire dans les deux prochaines décennies seront essentiels pour la définition du climat de la fin du siècle. Il ne s’agit plus des générations futures. Mais de celle de nos enfants ou de nos petits-enfants. »

2 La canicule devient la norme estivale

« Le sud-ouest de la France a gagné un peu plus de 1 degré au cours du XXe siècle. La situation ne va pas évoluer de la même façon dans la deuxième partie du XXIe siècle, selon différents scénarios du Giec. On rencontre des incertitudes sur l’ampleur du réchauffement et sur ses caractéristiques régionales.

Si l’on prend le scénario A2 du Giec, le moins favorable, on aurait ici un réchauffement compris entre 4 et 6 degrés à la fin du siècle, ce qui est énorme. L’été 2003 deviendrait la norme. Ce serait un été moyen, de 3 à 4 degrés supérieur à un été de la fin du XXe siècle. Rappelons que l’on n’attribue pas directement la canicule de 2003 au réchauffement climatique, mais ça en donne une bonne image pour la période postérieure à 2050. On aurait un nombre de jours de canicule – des températures supérieures ou égales à 35 degrés – qui excéderait largement un mois. Il faut se rendre compte que l’on parle là d’un climat totalement différent. Paris vivrait à peu près les étés de Séville. Alors, Bordeaux… »

3 La pluie plus rare et plus violente

« Pour les précipitations, on va se retrouver avec une dissymétrie entre la France du Nord et la France du Sud. Pour celle-ci, on s’achemine vers des précipitations estivales de 20 à 40 % inférieures à ce qu’elles sont aujourd’hui. Mais elles seront plus intenses, d’où des risques d’inondations.

Dans un climat plus chaud, l’évaporation augmente, ce qui rendra central le problème de l’accès à la ressource en eau. Le partage s’annonce Lire la suite

Eau : Des restrictions dans 45 départements dont la Dordogne, la Gironde et le Lot et Garonne

developpementdurablelejournal.com, Jacques Cortie, le 15 octobre 2009

Eau : Des restrictions dans 45 départements

La situation des ressources en eau continue à être problématique alors que l’on est sorti de la période estivale. 24 départements sont mêmes en restriction totale. Ce n’est pas encore inquiétant, mais c’est largement préoccupant et augure d’une année 2010 compliquée.

On ne s’attendait pas à ce que l’automne charrie à nouveau cette drôle de nouvelle : l’eau est rare. Les départements français concernés par les divers degrés d’alerte pour son utilisation sont pourtant aujourd’hui au nombre de 45 (1). Mais surtout, parmi eux, il y en a 24 qui vivent une situation de restriction totale soit le niveau le plus élevé de l’alerte, selon la terminologie officielle, et qui fonctionnent au rythme des arrêtés préfectoraux. La reconstitution des nappes, par la pluviosité, ne se fait pas, ou très mal, alors que l’on se trouve largement au-delà de la période habituelle d’étiage. Voilà en fait un bon mois que la tendance de l’été aurait dû s’inverser…

Lutter contre les gaspillages

En Aveyron, l’un des 24 départements les plus problématiques, les mesures prises fin juillet ont été confirmées le 9 septembre et vont subir un nouveau tour de vis en cette mi-octobre. La faute à l’absence de pluie. Un classique, qui crée un panorama difficile. « La situation est sérieuse et mérite un suivi » témoigne Renaud Rech, responsable eau et biodiversité à la DDEA (Direction Départementale de l’Equipement et de l’Agriculture) de l’Aveyron. Dans ce département il n’y a pas eu de pluies efficaces depuis mai-dernier. « Nous avons donc pris les premières mesures au milieu de l’été : restriction sur l’irrigation, sur les loisirs, le remplissage des piscines, les lavages de véhicules. De nombreuses collectivités, une vingtaine, connaisse de sérieux problèmes, même si cela implique encore peu de personnes, de l’ordre de 1.000 à 2.000.  » Le 9 septembre le département était passé à un stade supérieur avec l’extension des mesures à de nouvelles zones. Une situation analogue à celle vécue lors de la sécheresse de 2003 par rapport à l’état des ressources. « Maintenant on ne peut continuer à renforcer le dispositif, alors notre discours va se centrer sur l’attitude et la responsabilité des habitants. Il faut lutter contre les gaspillages » prévient Renaud Rech. Pas pessimiste dans l’immédiat, le responsable aveyronnais note que « pour attaquer une saison 2010 dans de bonnes conditions, il ne faudrait pas que la reconstitution de la réserve se fasse de manière trop réduite ».

L’Europe demande des comptes

En fait, si l’on excepte 7 départements (22, 29, 35, 50, 56, 61 et 2B), à des degrés divers, c’est quasiment l’hexagone dans son ensemble qui pâtit d’un problème avec ses ressources en eau. Cette permanence de l’alerte hydrologique, alors que l’automne est entamé, est d’autant plus préoccupante que la France est un pays riche en eau : il pleut en moyenne 440 milliards de m³ d’eau annuellement et un quart de ce volume s’infiltre dans les nappes souterraines, alors que l’on estime les prélèvements nationaux à quelque 7 milliards de m3. Mais il y a un autre problème derrière ces alertes à l’utilisation : celui de la qualité Lire la suite

Fabrice Nicolino : « Tant qu’il y aura des abattoirs, il y aura des champs de bataille »

bastamag.net, Agnès Rousseaux, le 16 octobre 2009

Industrie de la viande

Fabrice Nicolino : « Tant qu’il y aura des abattoirs, il y aura des champs de bataille »

Inquiétante pour la santé humaine, menaçante pour la diversité des espèces, dangereuse pour le climat, l’industrie de la viande a échoué à résoudre le problème de la faim. C’est ce que démontre le journaliste Fabrice Nicolino dans un essai intitulé Bidoche. Il aurait très bien pu s’intituler « barbaque » ou « charogne »… Les Français mangent en moyenne, chaque année, 92 kg de chair fraîche, congelée ou stérilisée, une carne produite presque exclusivement par l’industrie. Autant dire que les questions soulevées par cette antithèse d’un livre de cuisine nous concernent tous, en tant que consommateurs et citoyens. Attention, l’interview qui suit peut pousser à devenir végétarien.

Quels sont réellement les risques sanitaires concernant la consommation de viande ?

Il faudrait être bien naïf pour croire qu’il n’y a pas d’impact pour l’homme à farcir les animaux d’antibiotiques, d’hormones, de tranquillisants, de stimulateurs d’appétit, de tout ce qui passe dans les mains des industriels. Nous sommes juste derrière dans la chaîne alimentaire. Nous ingérons forcément ce que mange le cheptel, on ramasse tout. Depuis une dizaine d’années, des études de plus en plus nombreuses montrent d’importantes concordances entre la consommation de viande et les maladies, comme l’obésité, le diabète, les maladies cardio-vasculaires, le cancer. L’Institut national du cancer (INCa) a lancé une alerte en février 2009 et a publié des chiffres inquiétants sur les risques liés à la consommation de viande rouge et de charcuterie [1]. Un ensemble de faits s’accumulent. On peut clairement dire aujourd’hui que manger de la viande attire des ennuis de santé.

La plus vaste des études jamais menée sur la nutrition, dirigée par l’éminent nutritionniste T. Colin Campbell, impliquant 500.000 personnes en Chine et aux États-Unis, a montré que le meilleur régime est très largement végétarien. Cela va à l’encontre de ce qui est raconté depuis des décennies, toute cette propagande en faveur de la consommation de la viande. C’est profondément enraciné dans esprit humain : la viande serait bonne pour la santé. C’est surtout un signe extérieur de richesse, le symbole d’un statut social.

Les contrôles sanitaires ne permettent-ils pas de diminuer les risques liés aux manipulations génétiques, à l’injection de substances, à la transformation des animaux en produits industriels ?

Que veut dire « contrôle sanitaire » quand il y a des milliers de points de vente ? Le business fait la loi. Il n’y a qu’à voir comment George Bush, et Reagan avant lui, ont choisi des industriels comme conseillers. Même si les contrôles avaient montré quelque chose, il y aurait eu blocage au niveau politique. Regardez comment Bush a fait peu de cas de l’Agence de protection environnementale (EPA), comment il l’a censuré. L’industrie de la viande est une industrie reine, enracinée dans l’histoire américaine. On ne peut pas espérer la contrôler efficacement aux États-Unis. En France, le nombre de contrôleurs est ridicule, ça n’a aucun sens.

Le problème n’est pas tant le contrôle que la production. Quand on voit qu’on est capable Lire la suite

TAURIAC Les parcelles bio exonérées de taxe sur le foncier non bâti

sudouest.com, Kévin Lavoix, le 14 Octobre 2009

TAURIAC Les parcelles bio exonérées de taxe

Réuni en session ordinaire lundi soir, le Conseil municipal de Tauriac a abordé la question, sous l’impulsion de la maire Catherine Saez, de l’exonération de la taxe sur le foncier non bâti pour les surfaces exploitées de l’agriculture bio.

Cette exonération de la taxe sur le foncier non bâti a été adoptée par le Sénat, qui a apporté un amendement au collectif budgétaire 2006. Elle vise à encourager l’agriculture biologique par une exonération de la taxe foncière. Au terme de cet amendement, les communes et intercommunalités « peuvent » exonérer de la taxe foncière sur les propriétés non bâties, « pendant une durée de cinq ans », les parcelles « exploitées selon le mode de production biologique ». Cette disposition s’ajoute à d’autres, comme l’aide à la conversion à l’agriculture biologique versée sur cinq ans.

Crainte sur les finances

Sur la commune de Tauriac, une propriété viticole est répertoriée comme producteur de bio par le Syndicat viticole des Côtes de Bourg. L’exonération, ainsi consentie par le Conseil municipal, ne dépasserait pas 1 000 euros au total. Cette perte financière ne viendrait donc pas mettre en déséquilibre le budget de Tauriac.

Un débat c’est cependant installé. La crainte principale des élus fut la possibilité, par le biais de cette exonération, de voir le nombre d’exploitations bio augmenter et d’engendrer ainsi une perte de revenus pour la commune, dans l’avenir, plus importante. Jean-Michel Robert, adjoint et viticulteur, a rassuré ses confrères présents. Il a rappelé que pour obtenir la certification bio, il fallait attendre trois ans et que ce n’est pas le faible encouragement financier d’une exonération de la taxe du foncier non bâti qui allait inciter, du jour au lendemain, tous les viticulteurs de Tauriac à se convertir.

Courte majorité

Catherine Saez a ajouté que le Conseil municipal serait à même, dans cinq ans, si l’exonération devenait trop préjudiciable à la commune, de prendre une délibération dans le sens inverse.

Le vote, qui a suivi, a approuvé, d’une courte voix, la délibération : six pour, cinq contre et deux abstentions. Catherine Saez a précisé que son souhait le plus cher serait quand même que tous les agriculteurs et viticulteurs soient Lire la suite

Aurélie Trouvé : «Notre modèle de consommation alimentaire n’est pas soutenable»

liberation.fr, Recueilli par Philippe Btochen,  le 25 septembre 2009

«Notre modèle de consommation alimentaire n’est pas soutenable»

Aurélie Trouvé, docteur en économie et ingénieur agronome, est enseignante-chercheuse à l’Agrosup Dijon et copréside la branche française d’Attac. Elle réagit aux déclarations de la FAO (Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture) selon laquelle il y aura 2,3 milliards de bouches de plus à nourrir en 2050 – soit 9 milliards d’être humains – et qu’en conséquence une hausse de 70% de la production agricole est nécessaire.

Les chiffres fournis par la FAO vous étonnent-ils ?

Pour l’augmentation de la production agricole de 70%, non, il n’y a rien d’étonnant s’il n’y a pas de prise de conscience et de transformation de notre mode de consommation alimentaire, notamment dans les pays du Nord.

Pour des néophytes de la question il est difficile de comprendre qu’une augmentation de la population mondiale d’environ un tiers nécessite d’augmenter la production agricole de 70% pour pouvoir nourrir tout le monde.

Dans les pays du Sud, notamment en Asie et en Afrique, il y aura une augmentation des besoins pour des raisons démographiques et aussi parce qu’on assiste actuellement à une transformation du modèle alimentaire. Il tend notamment à imiter les pays du nord, notamment en ce qui concerne l’alimentation carnée. Et il ne faut pas oublier que pour produire une kilocalorie animale, il faut plusieurs plusieurs kilocalories végétales. C’est une des explications de la disproportion entre l’augmentation des besoins alimentaires de 70% et la hausse de la population qui n’est que d’un tiers.

Une telle augmentation de la production agricole en si peu d’années vous semble-t-elle possible ?

C’est une question qui fait couler beaucoup de salive et d’encre parmi les agronomes et les scientifiques. Cela doit surtout amener à une prise de conscience, parce qu’aujourd’hui le modèle de consommation alimentaire des pays du nord est non soutenable à une échelle mondiale. Si toute la population planétaire se nourissait comme un habitant des Etats-Unis, on ne pourrait nourrir que 2 milliards d’être humains au lieu des 6 qui peuplent actuellement la Terre.

Parmi les enjeux, il y a donc une question culturelle liée à la mondialisation, mais aussi des raisons politiques. Non ?

Evidemment, et ces raisons politiques ont induit des choix. Aujourd’hui, la plupart de l’alimentation animale vient d’Amérique à des prix qui sont artificiellement très bas. Parce que cette alimentation provient de très grandes exploitations qui produisent massivement et qui, pour beaucoup, ont des coûts sociaux et environnementaux très faibles. Notre alimentation très carnée s’appuie aussi sur une production qui induit un accaparement de plus en plus important des terres dans ces pays et concurrence directement l’agriculture vivrière. Au Brésil, il y a ainsi des millions de paysans sans terre.

L’UE est-t-elle aussi responsable de cette situation ?

En Europe, on a mis Lire la suite

La crise commence, par Hervé Kempf

lemonde.fr, Hervé Kempf, le 10 octobre 2009

La crise commence, par Hervé Kempf

Dans le monde fantasmagorique des responsables et analystes de l’économie, le bien et le mal se résument aux frémissements d’un totem : le produit intérieur brut (PIB). Il chute de 2 %, c’est la catastrophe, il remonte en tremblant à 0,3 %, la reprise s’annonce. Et l’obsession est de rejoindre les 2-3-4 % « normaux » afin que la vie redevienne belle. Je ne caricature pas : des dizaines de déclarations et d’articles dans le Wall Street Journal, The Financial Times, The Economist, Les Echos, La Tribune – et bien sûr, notre cher Monde – ratiocinent autour de ce thème.

Parlons de la vraie économie, celle qui se préoccupe de la subsistance durable des sociétés.

La récession de 2008-2009 est née de l’éclatement d’une bulle financière gonflée par un endettement démesuré. Les morceaux ont été recollés par une intervention rapide et forte des autorités publiques. Pour éviter l’effondrement de l’économie, on a de surcroît opéré des relances budgétaires massives. Donc, l’endettement public, déjà important avant la récession, a encore augmenté. Comme il y a des limites à la dette, il ne sera plus guère possible de soutenir artificiellement l’économie.

D’ailleurs, il y a… l’énergie. De son bas prix dépend la croissance du PIB. Or le pic pétrolier – dans le voisinage duquel nous sommes – signifie que le prix des combustibles fossiles est à la hausse, alors qu’il restera dans la décennie à venir le prix directeur pour toutes les énergies. Si donc se produit une « reprise », elle augmentera la demande de pétrole, le prix de celui-ci montera, ce qui refroidira les ardeurs du PIB.

Autre pièce essentielle, le changement climatique. Il est urgent de réduire nos émissions de gaz à effet de serre. Les pays riches – même les Etats-Unis – affirment vouloir les diminuer de 80 % d’ici à 2050 : cela représente en gros une réduction annuelle de 3 % par an. On en est loin. Soit on s’y engage réellement, et cette baisse de la consommation d’énergie transforme le système économique, mais pas vers la « croissance » ; soit on attend, et les désordres du climat vont rendre la vie très difficile. La Chine et l’Inde commencent à le ressentir, entre manque d’eau, moussons déréglées, inondations, etc. Les taux de croissance de 10 % de la Chine, c’est fini !

Troisième pièce oubliée : l’agriculture. Un milliard d’humains ont faim tous les jours. Avec une population mondiale en augmentation et des contraintes écologiques de plus en plus sévères, l’agriculture redevient une question prioritaire. C’est là qu’il faut investir, pas dans le soutien au niveau de vie des habitants des Etats-Unis.

Il n’y aura pas de « sortie de crise ». La crise commence. En fait, ce n’est pas une crise, mais le début de Lire la suite

Un article de Ekopedia, l’encyclopédie pratique : La fin du pétrole

ekopedia.org, NC, octobre 2009

La fin du pétrole

Un article de Ekopedia, l’encyclopédie pratique.

Si des astronomes annonçaient qu’un astéroïde géant se dirigeait vers la Terre et devait s’écraser avant, disons, 2015, cela ferait la une des journaux. On en parlerait tous les jours, l’assemblée générale de l’ONU serait convoquée et toute la société ferait des plans pour survivre. Si, par contre, on tente d’expliquer que le pétrole va bientôt manquer, personne ne réagit…. Vous trouvez ça logique ?

Tout le monde dit qu’il y a encore assez de réserves pour 40 ou 50 ans. Qu’en est-il en réalité ?

La réponse à cette question dépend en fait de la personne à laquelle on la pose. Pour de nombreux économistes, il n’y a pas vraiment de problème fondamental. Bien sûr, des prix élevés sont mauvais pour l’économie, mais ils permettront d’exploiter des gisements qui ne sont pas rentables pour l’instant et ils stimuleront la recherche dans des sources d’énergie alternative. Certains pensent même que les ressources sont virtuellement illimitées, et que la recherche et la loi du marché sont capables de faire croître les réserves plus rapidement que les dépenses. Ces économistes sont si nombreux qu’on leur a même donné un nom : on les appelle les « économistes de la Terre plate ». Pour ces personnes, la loi du marché est une vraie loi, au même niveau que les lois de la physique, et elle est capable de résoudre à elle seule tous les problèmes que peut rencontrer la société. Ils pensent que l’énergie a la même valeur que les différentes matières premières, alors qu’elle est en fait la condition nécessaire à l’obtention d’autres ressources (y compris l’énergie elle même). Ils pensent que l’économie « crée des richesses », alors qu’elle ne fait que transformer les matières premières et que, sans énergie, il n’y a tout simplement plus d’économie.

Quand des économistes discourent à la télé et qu’entre deux sujets (le chômage, le prix des matières premières, etc), ils évoquent les difficultés que font peser sur l’économie les prix du pétrole, ils ont tout faux. Le pétrole n’est pas un problème.

Le pétrole est LE problème.

Et puis… Il y a les autres. Il y a les géologues, bien sûr, mais également les techniciens qui exploitent les champs pétrolifères, les mains dans le cambouis. Ils ont une vision très différente de la vision rose bonbon que je viens de vous présenter.

Le Pic de Hubbert

Tout d’abord, soulignons que la prévision classique « il reste assez de pétrole pour tant d’années » est faite en supposant que la consommation reste constante. Malheureusement, c’est très loin d’être le cas. Ces dernières années, de nouveaux très gros consommateurs (la Chine et l’Inde pour l’essentiel) sont apparus sur le marché et consomment autant qu’ils le peuvent. Ceci étant dit, poursuivons.

Comme toutes les ressources finies, la production de pétrole a commencé et finira à zéro. Entre ces deux extrêmes, la production passe nécessairement par un maximum. On appelle ce maximum le « pic de Hubbert« , du nom du géologue qui l’a calculé le premier. Il se produit approximativement quand la moitié du pétrole disponible a été extraite, et tout laisse à penser que ce pic est imminent.

En 1956, le géologue King Hubbert a prédit que la production de pétrole aux USA atteindrait son maximum aux alentours de 1970 avant de commencer à décroître. Évidemment, tout le monde l’a ridiculisé. Et pourtant, il avait raison et, depuis 1971, la production de brut aux USA ne cesse de baisser. Bien sûr, ce phénomène n’est pas propre à ce pays mais commun à toutes les régions productrices. Seule la date diffère. À l’heure actuelle, la plupart des pays ont atteint ou dépassé leur pic de production. Les seuls pays ne l’ayant pas encore atteint sont au Moyen-Orient.

Maintenant il est évident que, si l’on considère la production mondiale dans son ensemble, le même phénomène doit se produire.

Selon le site de l’ASPO, la date la plus probable est 2011, mais selon le Professeur Kenneth Deffeyes de l’université de Princeton, ce pic a été atteint le 16 décembre 2005 ! [1]. Une synthèse des estimations peut être consultée ici.

À ce point de notre raisonnement, quelques remarques s’imposent :

Le gouvernement américain actuel rassemble beaucoup de membres de l’industrie pétrolière. Il est très probable que leur invasion de l’Irak ait été planifiée en prévision du « peak oil ».

Pour extraire du pétrole, du charbon ou des sables bitumineux, on a besoin d’énergie (pompes, etc), et donc de pétrole. En d’autres termes, il arrive un moment où l’extraction n’est plus rentable, et ceci quel que soit le prix du marché. S’il faut brûler un baril pour en récupérer un, on ne le fera pas, même à 10 000 $ le baril. C’est un concept que les économistes de le Terre plate ont beaucoup de mal à comprendre… De nombreuses réserves d’hydrocarbures fossiles sont donc « hors de portée » et ne seront jamais utilisées sauf, peut être, comme source de matières premières non énergétiques.

Les conséquences

Quelles seront les conséquences ? Immenses. Une fois le pic atteint, la production ne peut que chuter, ce qui signifie une explosion des prix. Actuellement, on a une crise pétrolière si la production est inférieure même d’un demi pour cent à la demande, mais cette crise sera bien plus sévère ! Bien sûr, il restera encore du pétrole pour quelques années, mais il sera cher. Très cher. Et les prix ne feront que monter

Plus concrètement, l’explosion des prix du brut signifie, entre autre joyeusetés :

La fin de la globalisation

Plus personne n’ira faire fabriquer des T-shirts à 10 centimes la douzaine à l’autre bout du monde si le prix du pétrole atteint des sommets. Évidemment, ce n’est pas forcément une mauvaise chose, car ces emplois pourraient retourner chez nous. Toutefois, cela signifie également Lire la suite

Comment l’industrie de la viande menace le monde

novethic.fr,  Anne Farthouat, le 5 octobre 2009

Comment l’industrie de la viande menace le monde

Fabrice Nicolino, auteur de deux ouvrages sur les biocarburants et les pesticides, revient avec une enquête inédite sur l’industrie de la viande. Son nouveau livre, « Bidoche », dresse un état des lieux des dérives écologiques et sociales de cette industrie planétaire.

De plus en plus de pays consomment de la viande. Comment ces nouvelles pratiques alimentaires modifient-elles le paysage agricole ?

Fabrice Nicolino : Manger de la viande est effectivement un acte social majeur, signe de richesse. On en voit l’illustration parfaite en Chine : depuis quinze ans environ, près de 200 millions de Chinois ont vu leur pouvoir d’achat augmenter, et du coup, leur consommation de viande a explosé.

Cette demande croissante est d’ailleurs un mouvement qui sévit à l’échelle planétaire. On évoque la Chine, mais c’est tout aussi vrai en Inde, au Brésil, en Russie, etc. Or, il se trouve que le « rendement énergétique » d’un animal, est très mauvais : pour produire un kilo de viande, il faut entre 7 et 10 kg de végétaux. Du coup, le besoin de terres agricoles ne cesse de croître, au point qu’aujourd’hui, 60% de la surface agricole mondiale est entièrement dédiée à l’élevage. Et c’est d’autant plus vrai en Europe, où ce nombre atteint les 70%.

Les terres vont donc manquer ?

De nombreux agronomes s’inquiètent de voir que les terres agricoles sont de plus en plus difficiles à trouver. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : ces 50 dernières années, la population mondiale a plus que doublé. Et la surface des terres dédiées à l’agriculture a augmenté d’à peine 10%. Ces terres fertiles sont donc de plus en plus rares. D’ailleurs, l’achat massif de terres des pays du Sud par, entre autres, l’Arabie Saoudite et la Chine est un signal qui ne trompe pas. Et n’oublions pas que nous serons 9 milliards en 2050.

Alors, que va-t-il se passer ?

Il faudra à tout prix cesser d’utiliser nos terres pour nourrir un bétail destiné à être mangé par certains, pour les cultiver dans le but de nourrir directement tous les êtres humains. Nous avons encore le temps d’assurer cette transition, mais plus pour très longtemps. Sans quoi, elle s’imposera à nous, non sans dégâts écologiques et sociaux.

Ces dégâts sont déjà d’actualité. Comment les pays d’Amérique Latine gèrent-ils le problème de la déforestation causée par la culture du soja ?

Le sujet est explosif en Amérique Latine, et notamment au Brésil. L’élevage y est très important, et nécessite donc des surfaces de pâturage géantes. Or, l’expansion fulgurante des cultures de soja transgéniques, destinées à nourrir le bétail, réquisitionne toujours plus de terres agricoles, et fait pression sur les pâturages. Du coup, Lire la suite

Vendredi 2 octobre 17h00 à la Gare saint Jean : Appel à l’action pour la justice climatique

Collectif Gironde Copenhague 09, Communiqué de presse, le 30 septembre 2009

Appel à l’action pour la justice climatique

Les négociations de Copenhague sont dans l’impasse !

Girondine, Girondin, prends ton avenir en main

Du 7 au 18 décembre 2009, le plus grand sommet sur le climat jamais tenu, aura lieu à Copenhague. Ce sommet est mondialement considéré comme un de nos « derniers espoirs  » de faire quelque chose à propos du changement climatique.

Le Collectif Gironde Copenhague 09 appelle les Girondines et les Girondins à se retrouver : Le vendredi 2 octobre 2009 à 17h00 à la Gare Saint Jean de Bordeaux (Tenue de manif : chapeau de soleil, lunette de soleil, haut blanc) afin de manifester leur volonté de voir aboutir ces négociations avec comme critère minimum de réussite, la réduction de 40 % des GES des pays développés d’ici 2020 et une aide de 100 milliards par an aux pays du Sud.

Nous ne pourrons atteindre ces objectifs sans modifier radicalement notre mode de vie et tendre vers une sobriété joyeuse : réduction de la place de la voiture en ville, développement des transports en commun, du vélo, de l’autopartage, du covoiturage, « décarbonisation » de l’économie, réduction des déchets à la source et recyclage, développement de l’agriculture biologique et des circuits-courts de distribution (AMAP…), densification de l’habitat, aménagement d’écoquartiers et d’écovillages, utilisation de matériaux de construction écologiques, développement de l’efficacité énergétique, des économies d’énergie et des énergies renouvelables, protection de la biodiversité et de l’eau, mise en place d’une démocratie participative écologique…

Cela passe aussi par l’abandon des projets mortifères : pont levant autoroutier de Bordeaux, contournement autoroutier de Bordeaux, port méthanier du Verdon, lignes LGV destructrices des écosystèmes, étalement urbain sans fin…

Les 26 membres du Collectif : Aquitaine alternatives, ATTAC 33, AutoCool, Bassin d’Arcachon Ecologie, CATA, Cauderes, Confédération paysanne 33, CREAQ, CREPAQ, Droits du piéton 33, Echanges et nature, Ecopôle, Greenpeace Bordeaux, H’Nord, Maison de la nature et de l’environnement Bordeaux-Aquitaine, Pas de coté, Paysans consommateurs associés Utopia, Une pointe pour tous, Utopia Bordeaux, Réseau Mille-Pattes, SEPANSO Gironde, SEPHIR, TACA, TchernoBlaye, Vélo-Cité et Vélorution.

Contacts : Lire la suite

L’impact du réchauffement en France se précise

lemonde.fr, Laurence Caramel, le 26 septembre 2009

L’impact du réchauffement en France se précise

La France peut s’attendre à un impact globalement négatif du changement climatique, avec des coûts supérieurs à plusieurs centaines de millions d’euros par an dans les secteurs économiques qui n’auront pas pris des mesures d’adaptation suffisantes : telle est la conclusion du rapport sur « l’évaluation du coût des impacts du changement climatique et de l’adaptation en France », publié très discrètement, lundi 21 septembre, par l’Observatoire national sur les effets du réchauffement climatique (Onerc), placé sous la tutelle du ministère de l’écologie.

Cette photographie de la France face au réchauffement nuance l’idée selon laquelle les pays tempérés peuvent se sentir relativement à l’abri. Certes, les enjeux ne sont pas comparables à ceux auxquels certains pays en développement seront confrontés, mais l’étude montre que la France aussi, devra faire un important effort d’adaptation si elle veut limiter les effets négatifs du réchauffement.

L’exercice de prospective de l’Onerc prend pour hypothèse que l’élévation des températures atteindra entre 3 °C et 4 °C à la fin du siècle. La répétition des événements climatiques extrêmes (canicules, tempêtes, inondations) ressort comme le risque majeur pour plusieurs secteurs comme l’agriculture, la forêt, ou la production d’énergie. Sans être encore en mesure de les quantifier avec précision, les auteurs mettent aussi en avant « l’existence de seuils au-delà desquels les impacts du changement climatique auront des conséquences graves voire irréversibles ».

Toutes les régions – ce n’est pas surprenant – ne seront pas logées à la même enseigne, mais il faudra aussi gérer l’inégalité des individus face au bouleversement climatique. « Les plus défavorisés seront probablement les plus affectés et le plus rapidement (…) les inégalités pourraient alors se creuser« , avertissent les auteurs. Le travail, destiné à éclairer les décideurs publics et privés, balaie tous les grands domaines sur lesquels le réchauffement aura le plus de prise.

Eau. A demande constante, la France pourrait connaître un déficit de 2 milliards de m3 par an pour satisfaire les besoins de l’industrie, de l’agriculture et de l’alimentation en eau potable à l’horizon 2050. Cela représente 13 % des besoins actuels. Les zones les plus touchées seraient les zones déjà concernées aujourd’hui par des déficits structurels comme le Sud-Ouest.

Agriculture. La hausse des températures serait globalement une bonne nouvelle si elle ne s’accompagnait pas d’une multiplication de pics climatiques et de tempêtes, de sécheresses et d’une grande variabilité d’une année sur l’autre. En prenant l’exemple du blé, l’étude arrive à la conclusion que la récurrence de canicules comparables à celle de 2003, « pourrait, en l’absence de mesures d’adaptation, représenter un coût annuel de plus de 300 millions d’euros » à l’horizon de la fin du siècle.

Il y aura également des gagnants et des perdants dans la viticulture. Avec des rendements en hausse pour Lire la suite

RIONS. Un second maraîcher vient rejoindre l’AMAP des Jardins de la citadelle

sudouest.com, Gilbert Habatjou, le 25 Septembre 2009

RIONS. Un second maraîcher vient rejoindre les rangs des Jardins de la citadelle

Les paniers bio de l’Amap se développent

L’association Les Jardins de la citadelle vient de réussir un des objectifs inscrits à ses statuts : tout mettre en œuvre pour créer une exploitation maraîchère. « Loin est maintenant le temps où l’on prétendait que seule la vigne pousse sur notre territoire et qu’aucune exploitation maraîchère biologique ne pouvait exister », dit le président Vincent Joineau.

Aujourd’hui, l’association aide et soutient Christophe qui vient de créer son exploitation sur 1,5 hectare aux portes de la CdC du Vallon de l’Artolie. La production biologique n’a véritablement et économiquement de sens qu’à condition que la vente se fasse en local et directement. C’est en ce sens que Christophe veut travailler.

Pourtant cette création n’a pas été facile, et ne l’est pas encore, puisqu’il est en attente de subventions du Conseil général, « qui ne peut débloquer un dossier faute d’être, depuis fin juin, en possession d’un document émanant de la MSA. La faute aux congés paraît-il », dit, un peu amer, Christophe.

Distribution le jeudi

Seul sur son exploitation, les journées sont longues pour le maraîcher qui assure pourtant l’entretien des terrains, les plantations, la récolte, les livraisons aux distributeurs et la préparation des paniers pour l’Amap (1). Christophe travaille sur planches permanentes, ce qui veut dire que « la saison finie pour une variété de légumes, je replante dans la même planche une variété différente ce qui, comme l’on pourrait le croire, ne fatigue pas la terre, au contraire ». Inutile de préciser que Christophe n’utilise que des engrais organiques ce qui lui vaut d’avoir décroché le label culture certifiée bio.

Vincent Joineau conclut : « Nous voici comblés par la production de Lucie, à laquelle s’ajoute la production de Christophe. Aujourd’hui, l’Amap est quasiment la seule du département de la Gironde à pouvoir proposer deux producteurs de légumes et, chose plus importante encore, une marge importante de paniers. »

Les paniers (2) que propose Christophe sont encore pour quelque temps à 7 euros.

Distribution des paniers le Lire la suite

Enchaînement des crises et moyens d’en sortir

politique.eu, article paru dans POLITIQUE hors-série n°12, septembre 2009, Crises et sortie de crises, par François Houtart

Enchaînement des crises et moyens d’en sortir

L’effet de loupe médiatique sur les crises financière et climatique occulte d’autre crises en cours (alimentaire, sociale, énergétique), qui s’enchevêtrent. Cet empilement concoure à une crise générale de sens, de civilisation.

Quand 850 millions d’êtres humains vivent sous la barre de la pauvreté et que leur nombre augmente, quand chaque vingt quatre heures, des dizaines de milliers de gens meurent de faim, quand disparaissent jour après jour des ethnies, des modes de vie, des cultures, mettant en péril le patrimoine de l’humanité, quand le climat se détériore et que l’on se demande s’il vaut encore la peine de vivre à la Nouvelle Orléans, au Sahel, dans les Iles du Pacifique, en Asie centrale ou en bordure des océans, on ne peut se contenter seulement de parler de crise financière. Déjà les conséquences sociales de cette dernière sont ressenties bien au delà des frontières de sa propre origine : chômage, chèreté de la vie, exclusion des plus pauvres, vulnérabilité des classes moyennes et allongement dans le temps de la liste des victimes. Soyons clairs, il ne s’agit pas seulement d’un accident de parcours ou d’abus commis par quelques acteurs économiques qu’il faudra sanctionner, nous sommes confrontés à une logique qui parcourt toute l’histoire économique des deux derniers siècles De crises en régulations, de dérégulations en crises, le déroulement des faits répond toujours à la pression des taux de profit : en hausse on dérégule, en baisse on régule, mais toujours en faveur de l’accumulation du capital, elle-même définie comme le moteur de la croissance. Ce que l’on vit aujourd’hui n’est donc pas nouveau. Ce n’est pas la première crise du système financier et certains disent que ce ne sera pas la dernière.

Cependant, la bulle financière créée au cours des dernières décennies, grâce, entre autres, au développement des nouvelles technologies de l’information et des communications, a surdimensionné toutes les données du problème. L’économie est devenue de plus en plus virtuelle et les différences de revenus ont explosé. Pour accélérer les taux de profits, une architecture complexe de produits dérivés fut mise en place et la spéculation s’est installée comme un mode opératoire du système économique. Cependant, ce qui est nouveau, c’est la convergence de logique entre les dérèglements que connaît aujourd’hui la situation mondiale.

La crise alimentaire en est un exemple. L’augmentation des prix ne fut pas d’abord le fruit d’une moindre production, mais bien le résultat combiné de la diminution des stocks, de manœuvres spéculatives et de l’extension de la production d’agrocarburants. La vie des personnes humaines a donc été soumise à la prise de bénéfices. Les chiffres de la bourse de Chicago en sont l’illustration.

Gaspillage énergétique

La crise énergétique, quant à elle, va bien au-delà de l’explosion conjoncturelle des prix du pétrole. Elle marque la fin du cycle de l’énergie fossile à bon marché (pétrole et gaz) dont le maintien à un prix inférieur provoqua une utilisation inconsidérée de l’énergie, favorable à un mode de croissance accéléré, qui permit une rapide accumulation du capital à court et moyen terme. La surexploitation des ressources naturelles et la libéralisation des échanges, surtout depuis les années 1970, multiplia le transport des marchandises et encouragea les moyens de déplacement individuels, sans considération des conséquences climatiques et sociales. L’utilisation de dérivés du pétrole comme fertilisants et pesticides se généralisa dans une agriculture productiviste. Le mode de vie des classes sociales supérieures et moyennes se construisit sur le gaspillage énergétique. Dans ce domaine aussi, la valeur d’échange prit le pas sur la valeur d’usage.

Aujourd’hui, cette crise risquant de nuire gravement à l’accumulation du capital, on découvre l’urgence de trouver des solutions. Elles doivent cependant, dans une telle perspective, respecter la logique de base : maintenir le niveau des taux de profit, sans prendre en compte les externalités, c’est-à-dire ce qui n’entre pas dans le calcul comptable du capital et dont le coût doit être supporté par les collectivités ou les individus. C’est le cas des agrocarburants et de leurs conséquences écologiques (destruction par la monoculture, de la biodiversité, des sols et des eaux souterraines) et sociales (expulsion de millions de petits paysans qui vont peupler les bidonvilles et aggraver la pression migratoire).

Crise de civilisation

La crise climatique, dont l’opinion publique mondiale n’a pas encore pris conscience de toute la gravité, est, selon les experts du Giec |1|, le résultat de l’activité humaine. Nicolas Stern, ancien collaborateur de la Banque mondiale, n’hésite pas à dire que « les changements climatiques sont le plus grand échec de l’histoire de l’économie de marché ». En effet, ici comme précédemment, la logique du capital ne connaît pas les « externalités », sauf quand elles commencent à réduire les taux de profit.

L’ère néolibérale qui fit croître ces derniers, coïncide également avec Lire la suite

Pédaler contre le réchauffement : Bizi organise une traversée à vélo du Pays Basque du 25 au 27 septembre

sudouest.com, NC, le 21 Septembre 2009

ENVIRONNEMENT. Le mouvement Bizi organise une traversée à vélo du Pays Basque français, du 25 au 27 septembre

Pédaler contre le réchauffement

A l’appel de Bizi, créé en juin dernier, mouvement composé de jeunes militants écologistes, altermondialistes, et basquisant, 150 personnes ont manifesté à bicyclette, le samedi 29 août, pour revendiquer le maintien, l’amélioration et l’extension de la voie en site propre Chronobus. Et cela à 100 jours de la Conférence des Nations Unies sur le changement climatique qui se tiendra du 7 au 12 décembre à Copenhague et doit déterminer les objectifs et les solutions à mettre en oeuvre à l’échelle internationale pour prolonger le protocole de Kyoto qui prend fin en 2012.

Dans la suite de cette balade, Bizi organise une traversée à vélo du Pays Basque de France, de Mauléon à Bayonne, du vendredi 25 au dimanche 27 septembre. Mattin Ihidope, Marie Larzabal et Iban Grossier, membres de Bizi, ont tenu une conférence de presse jeudi à Bayonne au siège de la fondation Manu Robles-Arangiz. Cette nouvelle action aura pour but, ont-ils expliqué, de « tirer la sonnette d’alarme auprès de la population sur l’urgence absolue à combattre le réchauffement climatique et sur l’impérieuse nécessité de se mobiliser pour que le sommet de Copenhague accouche d’un accord efficace, à la hauteur de la situation, et juste, notamment par rapport aux couches les plus démunies des populations, et par rapport aux pays les plus pauvres de la planète. »

Pour une autre politique

Soucieux de « faire le lien entre le global et le local », ces jeunes militants écologistes souhaitent également que cette traversée à vélo soit « l’occasion de revendiquer haut et fort une autre politique des transports collectifs, que ce soit sur l’intérieur du Pays Basque ou sur la côte (détentrice du triste record du plus grand nombre d’automobiles par foyer dans tout l’hexagone) et sur le BAB ».

Ils plaideront enfin, durant ces trois jours, pour un autre aménagement du territoire et la relocalisation de l’économie, en premier lieu de la production agricole. Ce thème sera au centre de l’étape du vendredi, à laquelle participera Gilles Lemaire, ancien secrétaire national des Verts et membre du bureau d’Attac France. Après avoir pédalé durant quelques kilomètres, il donnera une conférence le soir à 20 h 30 à la salle Napurrak d’Espelette. L’étape du samedi aura pour cadre Saint-Jean-de-Luz et sera plus particulièrement consacrée à Lire la suite

Le Livre Vert du Plan Climat Energie girondin est disponible en ligne

Conseil général de la Gironde, Communiqué, le 21 septembre 2009

Le Livre Vert du Plan Climat Energie girondin est disponible en ligne

Toute association et tout citoyen (e),  peuvent y émettre leurs observations ou répondre aux questions posées, en ligne, relatives aux thématiques suivantes :

– transport et planification urbaine

– habitat, bâtiment, éco-construction

– industrie et énergies renouvelables

– agriculture, viticulture et forêt

– prévention et valorisation des déchets

– littoral et tourisme

– précarité énergétique et santé

Pour accéder au livre vert Lire la suite

Bordeaux les 20 et 21 octobre 2009 – 6èmes Ateliers du Développement Durable « Le développement durable, levier pour sortir de la crise ? »

reseau-tee.net, Communiqué, le 17 septembre 2009

Bordeaux les 20 et 21 octobre 2009 – 6èmes  Ateliers du Développement Durable « Le développement durable, levier pour sortir de la crise ? »

La crise actuelle nous inciterait-elle à changer de système ? C’est le parti pris de ces 6èmes  Ateliers du Développement Durable. Les entreprises, les collectivités, ou encore les acteurs économiques et sociaux ont en effet besoin d’idées, d’inspirations, de méthodes et de retours d’expériences novatrices pour s’installer durablement dans le XXIe siècle, en considérant cette crise comme un prétexte pour modifier nos comportements.

Organisés par IDEAL Connaissances, avec le Conseil régional d’Aquitaine, le Conseil général de Gironde et la Communauté urbaine de Bordeaux, les Ateliers du Développement Durable attendent une quarantaine d’intervenants et plus de 500 participants.

Un programme riche de 16 conférences et ateliers : Répartis en 4 grandes thématiques, correspondant aux 4 grandes crises actuelles, les Ateliers du Développement Durable apporteront des solutions pour chacune des problématiques abordées :

1. Le dysfonctionnement urbain

– Urbanisme durable : au delà des éco-quartiers…

– Quelles solutions pour maîtriser l’étalement urbain ?

– Logement social durable : comment agir sur l’existant et adapter les logements sociaux ?

– Comment mettre en œuvre un développement urbain, intégré, durable et solidaire ?

2. La crise alimentaire

– L’agriculture et crise alimentaire : la fin d’un modèle

– Comment adapter l’agriculture et la sylviculture au changement de demain ?

– Quelles stratégies de développement du mode de production biologique adopter ?

– Comment généraliser la mise en place de cantines « bio » dans la restauration collective ?

3. L’accroissement de la précarité

– Développement durable et fracture sociale

– Au delà du traitement de l’urgence sociale, Lire la suite

Le bio dans les cantines : où en est-on ?

univers-nature.com, Cécile Cassier, le 10 septembre 2009

Le bio dans les cantines : où en est-on ?

Ambition formulée lors du Grenelle de l’Environnement, le gouvernement entend intégrer l’alimentation bio à hauteur de 20 % d’ici 2012 dans la restauration collective (scolaire et d’entreprise). Un pari qui, pour méritant qu’il soit, est loin d’être gagné, au regard des difficultés techniques et économiques que soulève sa mise en place.

Faisant le point sur l’évolution de la situation en ce domaine, la Fédération des Maires des Villes Moyennes (FMVM) (1) a réalisé une enquête en juin et juillet 2009 sur la réalité du bio dans les cantines françaises. A l’issue de ce bilan, sur les 89 villes moyennes ayant accepté de participer à l’étude, 78 % ont déclaré utiliser des produits bio. Sur ce pourcentage, 68 % en intègrent moins de 10 %, 14 % en utilisent entre 10 % et 20 %, et 8 % dépassent le seuil des 20 % de bio.

Les types de produits bio consommés les plus courants sont les fruits et les légumes. Vient ensuite le pain bio, dont l’usage est relativement répandu. Les laitages, les féculents, les céréales et les viandes (poulet, mouton, porc, bœuf) bio restent, quant à eux, plus restreints.

Si une majorité de municipalités semble s’orienter vers la voie du bio, leurs motivations se focalisent globalement sur l’aspect pédagogique, l’utilitaire arrivant au second plan. L’éducation aux bonnes habitudes alimentaires apparaît ainsi en tête de liste des motifs invoqués, l’équilibre nutritionnel et la lutte contre l’obésité y étant intrinsèquement liés.

Toutefois, certaines questions portent encore ombrage au développement du bio au sein des cantines. La première entrave est le surcoût engendré par la conversion au bio. D’après l’enquête, le prix d’un repas actuel évolue entre 2,80 € et 13,70 €, la moyenne se situant aux alentours de 6,49 € dont 36 % sont à la charge des familles. Variable d’une ville à l’autre, le respect de l’objectif de 20 % de bio représenterait un surcoût en matière d’achat des denrées estimé entre 10 % et 45 %. Parmi les solutions envisagées pour amortir l’augmentation, figurent notamment la possibilité de répercuter celle-ci sur les contribuables, de jouer sur la quantité, par exemple en réduisant la part de viande, ou encore de faire des économies en remplaçant les barquettes jetables par des plats réutilisables.

Un autre argument souvent avancé pour réfuter le bien-fondé de l’arrivée du bio dans la restauration scolaire renvoie à la provenance des aliments. En effet, importer des produits bio depuis l’étranger est un non-sens écologique. Or, concernant les municipalités interrogées, la part des produits bio achetés dans la sphère départementale s’élève à 20 % et dans la sphère régionale à 22 %. L’approvisionnement à l’échelle nationale représente 42 %, et l’importation depuis l’étranger pèse pour 16 %. Aussi, sans même parler des flux hors France, les filières d’approvisionnement sont, Lire la suite

Consommation écologique, écologie dans les têtes, ruée sur les AMAP et liens écolos sur le web

sudouest.com, Jean-Denis Renard, le 12 Septembre 2009

Le développement durable se mesure aussi à l’aune des comportements individuels. Le tour des bonnes résolutions, sans douleur pour le budget

Cinq manières de réussir sa rentrée écolo

1 Les étiquettes je regarderai

La vogue de « l’écologiquement correct » ne facilite pas la consommation vertueuse, bien des produits s’autoproclamant plus verts que le voisin de rayon. L’écolabel européen et la marque NF Environnement ont tous deux le mérite du sérieux. Ils garantissent le respect d’un cahier des charges qui vise à restreindre l’impact sur l’environnement de quelque 600 articles non alimentaires. À l’heure de la rentrée, on trouve ainsi le logo NF Environnement apposé sur des colles de papeterie, des cahiers ou des produits textiles.

Pour le reste, la mention du bilan carbone (mesuré en émission de gaz à effet de serre) ou de l’empreinte écologique (mesurée en surface au sol) demeure embryonnaire. Deux enseignes, Leclerc et Casino, ont adopté ce type d’étiquetage.

Par ailleurs, la Fédération du commerce et de la distribution (FCD) a lancé au printemps dernier une expérience sur l’étiquetage de 10 produits pilotes – jus d’orange, eau minérale, T-shirt en coton. Un accord avec le ministère de l’Écologie prévoit une expérimentation plus large, sur 300 produits. La loi Grenelle 1 du 3 août dernier pousse dans le même sens à l’horizon 2011.

Dans l’intervalle, il n’est pas interdit de s’abîmer les yeux dans la lecture des étiquettes pour faire la chasse aux cauchemars écologiques. L’huile de palme, par exemple, qui dégouline dans les aliments industriels et les cosmétiques. La Malaisie et l’Indonésie, ses deux principaux producteurs, détruisent joyeusement leurs forêts primaires pour favoriser l’installation d’immenses exploitations qui signent la mort de la biodiversité tropicale.

2 Localo-local j’achèterai

Que vous fassiez vos courses à Condom, à Libourne ou à Dax, que vaut-il mieux choisir à votre avis ? Une poire comice du Sud-Ouest, une passe-crassane de la même région de production ou une poire importée du Chili qui aura effectué 11 650 kilomètres entre le pied des Andes et le marché de Rungis ? Encore un effort, la réponse n’est pas extrêmement difficile à trouver…

L’étiquetage du pays d’origine étant obligatoire pour le frais, il suffit de lever le nez pour bannir de vos assiettes le melon charentais du… Maroc qui précède le « vrai » en tout début de saison, les tomates pleines de flotte d’Almería ou le raisin rosé d’Égypte qui voisine ces temps-ci avec un chasselas bien de chez nous.

La plupart du temps, se limiter à des fruits et légumes de saison permet d’éviter l’écueil. Mais l’expérience prouve que, même en juillet-août, mettre la main sur une aubergine française dans la grande distribution peut relever de l’exploit olympique. Il vaut mieux se rabattre sur les marchés, où les circuits de commercialisation sont en général plus courts, du producteur au consommateur. Voire embrasser la cause des Amap (lire ci-contre).

3 La chasse au superflu je ferai

52 % des émissions de gaz à effet de serre du quidam moyen proviennent des objets qu’il possède. Plus exactement de l’énergie qu’il a fallu utiliser pour la fabrication et le transport desdits objets. Selon l’Ademe Lire la suite

centrale photovoltaïque de 250 ha à Bazas : Electricité dans l’air « Une manipulation »

sudouest.com, Pierre Lascourrèges, le 11 Septembre 2009

BAZAS.  Electricité dans l’air « Une manipulation »

Verra t-on un jour une centrale photovoltaïque pousser au milieu d’un champ dans la campagne bazadaise ? À vrai dire, cette idée a soulevé un tollé général, mercredi soir, au cours d’une réunion publique à laquelle on comptait une centaine de personnes. L’association Les Amis de la Brèche a souhaité ouvrir le débat au moment où l’on parle d’un projet d’installation de panneaux au sol couvrant plusieurs hectares et va geler des terres agricoles et forestières.

Révision du POS

Dominique Lambert, président des Amis de la Brèche, a rappelé le contexte : « Une révision simplifiée du Plan d’occupation des sols (POS) est actuellement en cours afin de permettre l’installation des énergies renouvelables sur 250 ha de terrain classés en zone agricole au sud de la commune.

Les réactions s’enchaînent. Plusieurs associations font front commun. Philippe Barbedienne, directeur de la Sepanso, parle de projet démentiel et démesuré : « On est favorable au développement des énergies renouvelables, mais pas n’importe comment, n’importe où et à n’importe quel prix ». Mettant en garde les propriétaires qui se laisseraient tenter par les sirènes de l’argent : « Qui peut croire qu’EDF va revendre son électricité six fois plus chère qu’elle ne l’a produit ? Et qu’est-ce que les collectivités en attendent, sinon de grapiller des petits profits ? » Plusieurs agriculteurs présents dans la salle ont justement exprimé leurs besoins : « Il est très difficile de trouver des terres disponibles pour accroître nos revenus. Et des fonds ne seraient-ils pas plus utiles pour encourager l’installation des jeunes ? »

Sur un plan scientifique, Alexis Ducousso, ingénieur à l’Inra, prévient : « L’artificialisation des terres aura un impact sur le bilan carbone. »

Écolos et chasseurs d’accord

Claude Dubois, fermier et éleveur bazadais et représentant de la FDSEA, a la voix nouée lorsqu’il évoque la perspective de dénaturer le Bazadais : « On a pris l’autoroute et maintenant, on nous colle le photovoltaïque, ça fait beaucoup. » Jean-Claude Leroy, de la Confédération paysanne : « Nous sommes contre le photovoltaïque industriel alors que le Grenelle de l’environnement introduit d’autres possibilités. »

Jean-Luc Rouet, directeur d’exploitation du lycée agricole : « Plutôt que de prendre des terres, j’ai proposé d’équiper les toits de panneaux photovoltaïques. » Et pour garder le meilleur pour la fin, Jean-Louis Riflade, président de la société de chasse, parle d’un désastre programmé sur des espaces reconnus pour la richesse de leur biodiversité : « Je promets la honte au maire s’il ose mettre la tenue du paloumayre, le jour du chapitre annuel. »

L’éclairage apporté par cette réunion aura peut-être permis à chacun de se faire une opinion sur le sujet. Une enquête publique est en cours. Et un registre est à la disposition des habitants jusqu’au 21 septembre.

Il avait fait savoir qu’il ne pourrait être présent à cette réunion. En l’absence de Bernard Bosset, le maire, Jean-François Belgodère, adjoint à l’urbanisme, a indiqué pour sa part être Lire la suite

Alain Rousset annonce la création d’un fonds carbone de compensation en citant l’A 65

aqui.fr, Solène Méric, le 11 septembre 2009

Alain Rousset annonce la création d’un fonds carbone de compensation en citant l’A 65

A l’occasion de la conférence de presse de rentrée d’Alain Rousset ce jeudi 10 septembre, le Président du Conseil Régional d’Aquitaine a fait le tour des priorités inscrites au calendrier régional pour 2009-2010. Parmi elles il énonce la relance économique, le soutien aux filières agricoles en difficultés, ainsi qu’un certain nombre d’initiatives en matière de développement durable. Première de ces initiatives la création d’un « fonds carbone », pour compenser les émissions de CO2 générées par la construction de l’A65 Pau-Bordeaux.

Dans le contexte actuel de crise, « la première de mes bagarres c’est l’emploi ». Or, selon, Alain Rousset, le soutien aux entreprises en difficulté doit passer par le soutien à l’innovation et à la recherche et au développement. Dans ce but, la région compte lancer le 17 septembre prochain, un appel à projet baptisé ELAN, ayant pour objectif d’accompagner les PME d’Aquitaine dans leurs initiatives en matière d’innovations et de recherche et développement. Dans le même ordre d’idée, Alain Rousset s’est dit très attaché à la mise en place d’un pôle de compétence académique et industriel dans le secteur des matériaux composites, dont le marché est chaque année croissant.

La création d’un « fonds carbone »

Côté développement durable et à l’heure du débat sur la « taxe carbone », le Président de la région Aquitaine a annoncé la création, avant la fin de l’année 2009, d’un fonds de compensation carbone. L’idée ici est de mesurer le rejet de carbone généré par une activité humaine, puis de l’évaluer en numéraire, sur la base du prix du carbone. Une fois le fonds constitué et alimenté, il sera utilisé pour financer des projets permettant la capture ou, la réduction des émissions des gaz à effet de serre, tel que la replantation de la forêt des Landes.

Le premier projet soumis à compensation par le biais de ce fonds est la construction de l’A65 Bordeaux-Pau qui, selon les évaluations des associations environnementales, aurait rejeté environ 1 million de tonnes de CO2 dans l’atmosphère. Le reste est arithmétique : le prix de la tonne de CO2 se situant à environ 14 euros, la compensation totale de l’A65 se chiffrerait donc à 14 millions d’euros. Mais la contribution au fonds ne se base que « sur un acte volontaire et citoyen. Ce n’est pas une taxe » a tenu à préciser le Président du Conseil régional.

« Un élan citoyen écologique et économique »

Annonçant une participation de la région à hauteur de 5 millions d’euros pour la période 2010- 2015, Alain Rousset invite les parties prenantes ou futurs bénéficiaires de l’A65 à participer à « cet élan citoyen écologique et économique ». Par ailleurs, Lire la suite

Paniers écolos : la belle croissance des légumes « verts »

lesechos.fr, Martine Robert, le 10 septembre 2009

Paniers écolos : la belle croissance des légumes « verts »

Se nourrir de légumes cultivés de façon écologique en soutenant un petit producteur local : le concept du panier hebdomadaire lancé par les Amap (associations pour le maintien de l’agriculture paysanne) ne séduit pas que les bobos. Il se propage un peu partout en France, s’enracine dans des quartiers populaires. Et intéresse de plus en plus de monde, de la FNSEA aux élus locaux.

Elles se multiplient, sans aucune publicité, essentiellement par le bouche-à-oreille. Les Amap, ces associations pour le maintien de l’agriculture paysanne, qui proposent un lien direct entre fermiers et consommateurs, poussent comme des champignons : 35 groupes en projet en Ile-de-France, 50 en Rhône-Alpes… Le panier de la ménagère devient militant. Rejet des produits calibrés au goût aléatoire qui submergent les gondoles ? Volonté de réduire au maximum les « foodmiles », autrement dit la distance entre le lieu de production des aliments et notre assiette ? Souci de préserver les fermes de proximité, en privilégiant une agriculture écologique, alors que la filière fruits et légumes est en crise ? Il y a bien des raisons de devenir un « amapien »…

A deux pas du Moulin à café, bar-restaurant associatif du 14 arrondissement, à Paris, Xavier Valet, agriculteur seine-et-marnais, a déballé comme tous les jeudis soirs ses salades, pommes de terre, carottes, radis… Des légumes encore pleins de terre, mais ce n’est pas pour déplaire à la clientèle : bobos, mamans avec enfants, retraités dissertent tout en emplissant leur cabas, quasi machinalement. Ils font partie des 80 membres d’une Amap au nom bucolique, Les Lapereaux des thermopyles. Tous connaissent parfaitement Xavier, considéré comme « le fermier de famille », et ont accepté de prépayer pour la saison leur panier hebdomadaire de 4 à 5 kilos. En contrepartie, le maraîcher promet des produits frais et des pratiques respectueuses de l’environnement. Afin que chacun puisse en juger, et même donner un coup de main, il ouvre régulièrement son exploitation. Le week-end prochain, aux quatre coins de la France, des amapiens iront ainsi à la rencontre des paysans, discuter des prochains contrats.

Partager les risques

Ceux de La Clé en sol, une Amap basée dans le nord de la Seine-et-Marne, sont conviés chez l’exploitant picard qui vient habituellement les approvisionner, en tandem avec un confrère ardennais afin d’offrir un panier plus varié. Rien de tel qu’un pique-nique champêtre pour convaincre ces urbains de partager les risques d’un métier rural… « Quand les récoltes subissent une invasion de rats des champs ou des gelées, quand il faut se contenter l’hiver des quelques produits de saison, on est plus compréhensif »,souligne Daniel Enselme, cofondateur de cette Amap limitée volontairement à une trentaine d’adhérents.

La confiance s’instaure aussi grâce à la transparence des comptes exigée pour fixer le juste prix. Les adhérents peuvent décider de payer plus cher un panier généralement facturé une quinzaine d’euros, afin de soutenir un jeune producteur. « Il me restait seulement 400 euros à la fin du mois et l’Amap a augmenté de 2 euros le prix du panier pour que j’atteigne les 1.000 euros,confie Xavier Valet. A trente et un ans, je travaille sept jours sur sept, mais Lire la suite

Deux groupes AMAP viennent d’ouvrir à Bordeaux-centre. Les demandes débordent, les producteurs manquent

sudouest.com, Isabelle Castéra, le 4 Septembre 2009

ALIMENTATION. Deux groupes AMAP viennent d’ouvrir à Bordeaux-centre. Les demandes débordent, les producteurs manquent

Les paniers frais AMAP entrent en ville

Salades, courgettes, tomates et radis, même un potimarron, quelques concombres en prime. La ratatouille n’est pas loin. Mercredi soir, devant la maison de retraite Villa Pia du quartier Saint-Genès à Bordeaux, on a garé les jolis vélos et les poussettes pour bébé. Une cinquantaine de familles a découvert son premier panier, signé AMAP. Dans la joie et l’allégresse. AMAP ? Association pour le maintien de l’agriculture paysanne. Dans le rôle du paysan, Rémi Doux, producteur à Bazas. Pour lui, il s’agit d’une première aussi. Dans le rôle des clients : de jeunes couples avec enfants blonds.

Tous du quartier

À l’origine de la création de cette AMAP, la seconde à Bordeaux, une jeune mère de famille, Clara Azevedo. « Je vis dans ce quartier et depuis deux ans, je cherchais à monter une AMAP. Bénévole à la maison de retraite Villa Pia, j’ai pensé que le site était idéal, le directeur est très ouvert à toutes les initiatives extérieures. Du coup, j’ai pensé : croisement des générations, etc. »

Le concept AMAP lui plaît bien, elle en parle à Matthieu Rouveyre, conseiller général socialiste du canton, ce dernier l’encourage, tente de lui ouvrir les portes qu’il peut. Le plus difficile sera pour Clara de dénicher un producteur local concerné. Un parcours de la combattante qu’elle va mener, tête en avant sans jamais lâcher. « J’ai commencé en février 2009 et une fois trouvé Rémi Roux, j’ai bataillé pour le convaincre. Il pratique une agriculture raisonnée, avec très peu de pesticides et un minimum d’engrais. Il utilise du compost naturel, des choses comme ça. Au mois de juin les familles ont commencé à s’inscrire. D’abord, les mères de famille de l’école de mes enfants, puis d’autres, autour d’elles. Aujourd’hui, nous avons une dizaine de familles en liste d’attente et 55 adhérents inscrits. La plupart sont des jeunes couples avec enfants, d’un milieu socioprofessionnel plutôt… aisé et tous du quartier. En plus d’adhérer au projet AMAP, d’acheter des produits sains et frais, cette initiative est créatrice de lien social. »

Envie de bons produits

Voilà Martine, régisseur lumière dans le spectacle. Elle est arrivée avec son panier en osier. Tout sourire. « Il s’agit pour moi d’une prise de conscience. On veut dire stop aux pesticides et aux produits formatés. Le fait d’acheter directement à un producteur me plaît. Sinon je participe à des cueillettes dans des champs, le week-end. C’est au-delà du panier de légumes, on vient retrouver des choses perdues. Il y a des enfants partout, c’est beau non ? ».

À côté de sa camionnette, Rémi Doux, le producteur observe la distribution. Les cageots partent comme des petits pains. Avec patience et amabilité, il répond aux questions des clients. « Et vos salades, vous les protégez comment des limaces ? » Ce genre de questions, ce sont plutôt les maris qui les posent. Tandis que les épouses papotent entre elles.

Donc Rémi Doux participe pour la première fois à une AMAP. « J’ai une exploitation à Bazas et un magasin où je vends en direct et sur place, sans intermédiaire. Je vends aussi aux restaurants de la ville. En fait, depuis deux ans, je suis harcelé par des gens qui veulent monter des AMAP et cherchent des producteurs. Jusque-là j’ai toujours dit non. C’est beaucoup de boulot en plus. Finalement, Clara Azevedo a réussi à me convaincre. Pourquoi elle ? Elle a insisté et j’ai voulu tenter le coup cette fois. J’ai limité le nombre d’adhérents à 40-50. J’ai un contrat pour six mois. Pour moi, il s’agit d’une autre façon de vendre mes produits par des circuits raccourcis. »

Les AMAP se heurtent à la difficulté de trouver des producteurs de qualité dans la région, et aussi diversifié. Certains se spécialisent Lire la suite

Orges de Syrie, pétanielle noire de Nice, petit rouge du Morvan, ce sont plus de 300 variétés de blé que cultive JF Berthelot et avec lesquelles il fait du pain

sudouest.com, BS, le 23 Juin 2009

LA LUTTE POUR LA BIODIVERSITÉ. Paysans et chercheurs se réunissent  jusqu’à vendredi à Port-Sainte-Marie

En quête de blés

Orges de Syrie, pétanielle noire de Nice, petit rouge du Morvan, ce  sont plus de 300 variétés de blé que cultive Jean-François Berthelot  et avec lesquelles il fait du pain.

Du bleu, du rouge, du noir, du vert, des petits, des grands, des  moins grands, des plus petits, des barbus, des pas barbus. Le champ  de blé de Jean-François Berthelot ne ressemble en rien à l’image de  ces étendues blondes et lisses des plaines céréalières de Beauce. «  La biodiversité, c’est ça ! », dit-il tout émerveillé encore  d’embrasser du regard son conservatoire du blé créé voilà huit ans et  qui compte aujourd’hui plus de 300 variétés.

C’est ici, dans cette ferme de l’Épi Roc, juchée sur les coteaux de  Port-Sainte-Marie, en bordure de ce champ où poussent des épeautres  dont la culture remonte à plus de 10 000 ans, qu’aujourd’hui, des  paysans d’horizons lointains, « des explorateurs de la biodiversité  », viendront débattre de leurs savoir-faire. Baptisé Renabios pour  Renaissance de la biodiversité céréalière et savoir-faire paysans,  cette manifestation, une première en Europe, va réunir durant quatre  jours une centaine de paysans venus d’Italie, d’Espagne, d’Allemagne,  de Hongrie, de Roumanie, de Suède, de Bulgarie, du Portugal, de  Grèce, ‘Iran, de Palestine, de Géorgie, de Syrie et de Jordanie.

« L’idée de ce rassemblement, c’est que les paysans nous montrent ce  qu’ils cultivent et les usages qu’ils en font. Entre autres, les  Italiens vont nous parler de pâtes et de polenta, les Roumains de  mamaliga, les Belges de l’utilisation qu’ils font des grands  épeautres et les Géorgiens vont construire un four afin d’y cuire  leurs traditionnels pains plats », explique Patrick de Kochko, du  Réseau semences paysannes, coordinateur de l’événement. Mais au-delà  de ces échanges que l’on présage fructueux et sympathiques, il y a  une démarche qualifiée de « résistante ».

Des blés interdits à la vente

« C’est important d’inciter ces paysans à conserver cette  biodiversité et à lutter contre le verrouillage du marché tel qu’on  peut le voir aujourd’hui en Europe. Pour exemple, les trois quarts de  la surface exploitée en blé sont accaparés par une dizaine de  variétés françaises alors qu’il en existe plus de 200 ! », déplore  Jean-François Berthelot. « Ces variétés répondent en outre quasiment  aux mêmes critères de sélection : elles sont destinées aux bonnes  terres et nécessitent l’emploi de béquilles chimiques. Voilà comment  les semenciers qui commercialisent les semences mais également tous  ces engrais et produits phytosanitaires exercent un véritable  monopole sur l’agriculture », dénonce l’agriculteur bio engagé  également en tant que faucheur dans la lutte anti-OGM. « C’est la  même logique.

Pourquoi aujourd’hui créer des OGM soi-disant pour  lutter contre la sécheresse quand Lire la suite

La filière bio commence à être victime de son succès

lemonde.fr, Laetitia Clavreul, le 31 août 2009

La filière bio commence à être victime de son succès

Bio », mais pas local. C’est un paradoxe, et surtout une réalité dans les rayons français. Alors que la production en mode biologique prône le respect de l’environnement, l’essor rapide de la consommation de ce type de produit a pour effet un recours massif aux importations, et donc au transport sur longue distance de marchandises. La preuve que la sortie de la confidentialité de ce marché de niche est difficile, voire mal maîtrisée.

Une part de marché de 1,7 % dans l’alimentation

Principes Une gestion durable de la production, ne nuisant pas à l’environnement, à la santé humaine, à celle des animaux et des végétaux. L’agriculture biologique interdit par exemple l’utilisation des produits chimiques de synthèse ou des OGM.

Production Selon l’Agence Bio, en 2008, 2,12 % de la surface agricole était consacrée à la production biologique, en hausse de 4,8 % sur un an (avec + 11,6 % pour les céréales et + 25 % pour le vignoble). Elles devraient augmenter de 10 % en 2009.

Marché Dans l’alimentation, la part de marché des produits bio atteint 1,7 %. C’est désormais en grandes surfaces qu’il s’en écoule le plus (42 %), et là aussi que la croissance des ventes est la plus forte (+ 39 % sur un an). En trois ans, les ventes de lait bio ont doublé. Celles des oeufs ont été presque multipliées par deux. En 2008, 46 % des cantines scolaires ont intégré au moins ponctuellement des produits bio dans leurs menus, un chiffre qui devrait atteindre 77 % en 2012.

En 2008, le marché a affiché une croissance de 25 %, à 2,6 milliards d’euros. Entre 2000 et 2007, la hausse était déjà de 10 % par an. Revers de la médaille, en 2008, tous produits confondus, les importations se sont élevées à 30 %, contre moins de 20 % en 2005, selon l’Agence Bio, organisme public chargé de la promotion du secteur. La France manque de lait bio, de céréales, surtout de fruits et légumes.

Le problème est simple. D’un côté, l’offre ne peut que progresser lentement car il faut deux ans pour convertir un élevage laitier au bio, trois pour une exploitation céréalière, le temps que les produits chimiques utilisés jusque-là ne laissent plus de traces dans le sol. De l’autre, la demande s’est beaucoup accrue dernièrement, dopée, selon les observateurs, par deux événements qui ont fait prendre conscience des risques d’une consommation non durable : le Pacte écologique de Nicolas Hulot, puis le Grenelle de l’environnement.

Du coup, industriels de l’agroalimentaire et marques de distributeurs, qui avaient investi plus récemment le secteur, ont augmenté leur offre. Sans pour autant trouver de matière première sur le marché français. « Ceux qui sont impliqués depuis longtemps dans la filière ont moins de difficultés car Lire la suite

Castelculier le 12 septembre : « Les OGM, c’est quoi ? »

Au fil des Séounes, Communiqué, le 2 juillet 2009

« Les OGM, c’est quoi ? » 
 Le samedi 12 septembre à la salle associative de Castelculier (7 km d’Agen)  20h00
Conférence-débat de Christian Vélot –
Lanceur d’alerte et Maître de Conférences en Génétique Moléculaire à l’université Paris-Sud XI.
En s’appuyant sur des exemples concrets, Christian Vélot explique avec pédagogie et simplicité, dans un langage accessible à tous, les aspects scientifiques et sociétaux des OGM.
Dans le cadre de l’Université populaire de l’environnement – L’Université nomade d’Aquitaine (Maison de la nature et de l’environnement Bordeaux-Aquitaine)

Entrée libre et gratuite Lire la suite

La Confédération Paysanne Aquitaine appelle à une manifestation à Bordeaux le lundi 31 août

Confédération paysanne Aquitaine, communiqué, le 27 août 2009

La Confédération Paysanne Aquitaine appelle à une manifestation à Bordeaux le lundi 31 août
La crise laitière qui sévit actuellement consécutive à la dérégulation que nous imposent les pouvoirs publics, touche aussi toutes les productions: le vin, le porc, le mouton, les fruits et légumes….
Nous demandons aux pouvoirs publics une politique de régulation, c’est à dire l’adaptation de l’offre à la demande européenne, afin de retrouver des prix rémunérateurs et une dignité dans notre travail.

Nous exigeons d’une part le maintien du système des quotas laitiers en Europe et d’autre part la réduction des volumes de 5% dans toute l’Europe, afin de mettre en cohérence la production et la consommation sur nos marchés. Une répartition des productions en faveur du maximum de producteurs et une maîtrise des volumes dans toutes les filières pour garantir les prix pour le paysan et la qualité des produits pour le consommateur.
Rassemblons-nous, de toute l’Aquitaine le lundi 31 août à 11h30, place Gambetta pour effectuer une distribution de lait, de verres de vin et de légumes afin de rencontrer et d’alerter les citoyens-consommateurs.

Nous irons ensuite devant la préfecture de région et nous ferons le bilan de la politique de la commission européenne et de Mme Fischer Boel qui sera entendue le lendemain, 1er septembre, par la commission agricole du parlement européen à Bruxelles. Nous donnerons à cette dernière des arguments pour son oral du lendemain !

Il faut que la commission agricole du parlement soit en mesure de convaincre la Commissaire à l’agriculture de revenir sur ses orientations libérales.

Tous les paysans sont concernés et tous ceux qui veulent que le monde rural continue à vivre. Nous en avons assez de nos ministres et commissaires européens dont la politique ne vise qu’à détruire de plus en plus de paysans.

Leur leitmotiv actuel : Lire la suite

Bénévolat chez des agriculteurs bio : Le wwoofing ? Tout sauf des vacances !

lemonde.fr, Lorraine Gublin, le 19 août 2009

Le wwoofing ? Tout sauf des vacances !

Dos courbé dans le jardin, concentrée sur la cueillette des haricots, Lucie, les cheveux noués dans un foulard, expérimente son premier séjour en tant que « wwoofeuse ». Objectif pour la jeune femme de 23 ans : profiter de ses deux semaines en immersion totale dans une ferme biologique pour découvrir « une autre manière de vivre« . Lucie est une adepte du « wwoofing », un principe plus simple que l’acronyme dont est issue la pratique (Wwoof : World Wide Opportunities on Organic Farms) : en échange du gîte et du couvert, elle participe à la vie d’une ferme biologique.

Né en Angleterre en 1971, ce principe connaît aujourd’hui un succès mondial. D’après l’association Wwoof United Kingdom, plus de 6 000 fermes bio accueillent des dizaines de milliers de wwoofeurs dans une centaine de pays.

C’est dans la ferme-auberge de Corsas, surplombant les étendues d’herbes sèches de Saint-Victor, en Ardèche, que Lucie, étudiante à la ville, a posé ses bagages pour quelques semaines. Pour elle, qui rêve un jour de s’installer sur sa propre exploitation, le wwoofing est l’occasion de tester sa résistance à la réalité du métier. « Je voulais voir si j’étais capable de ramasser des pommes de terre pendant quatre jours, de désherber… Car il y a une différence entre avoir un petit jardin et produire pour vendre sur un marché. »

De fait, ces voyageurs en quête de dépaysement, qui profitent de leurs vacances pour séjourner dans les fermes bio, ne sont pas là pour se prélasser au soleil. A la ferme de Corsas comme ailleurs, ils s’immergent dans le quotidien des agriculteurs.

Ancien chef d’entreprise, Julio Soares a tout plaqué, il y a cinq ans, pour venir s’installer sur ce bout de terre ardéchoise. Seul sur son exploitation, il accueille en moyenne deux wwoofeurs par mois, d’avril à octobre. Et encore, Julio refuse au moins une demande par jour alors que l’association Wwoof France compte 450 fermes dans son réseau. La France est l’un des pays d’Europe qui attire le plus de wwoofeurs (avec l’Espagne, l’Italie et l’Allemagne). Cette année, près de 4 500 d’entre eux ont partagé la vie de fermiers bio dans l’Hexagone.

Bavard et un brin militant, Julio a trouvé dans ce principe l’opportunité de transmettre ses connaissances. Environnement, décroissance ou vie en société, les sujets de conversation à table ne manquent pas. « Ce n’est pas une relation patron-salarié. Avec les wwoofeurs, on est allés au cinéma, se baigner, à des concerts », ajoute Julio.

Une telle relation n’est envisageable, selon le fermier, que si les wwoofeurs s’investissent pleinement dans la vie de la ferme. Agacé de voir le wwoofing présenté comme des « vacances bon marché », ce boulimique du travail fait une piqûre de rappel : « Nous, on n’est pas en vacances. Ceux qui viennent chez nous ne sont pas en vacances non plus, sinon ce n’est pas un échange. Alors, aller sur une ferme pour partir tous les jours à la plage, ce n’est pas le but. »

Les journées sont bien remplies, « parfois hard », Lire la suite

Avoir un agriculteur près de chez soi

lemonde.fr, Laetitia Clavreul, le 17 août 2009

Avoir un agriculteur près de chez soi

Il y a des communes où l’on veut garder son bureau de poste, d’autres son boulanger, son médecin ou même son curé. Mouroux, 4 700 habitants, veut avoir « son » agriculteur. Un maraîcher, plus précisément, qui fournira fruits et légumes de saison, plutôt bio et, si possible, bon marché. Elle croit l’avoir trouvé en la personne de « Christophe », comme tous l’appellent déjà sans pour autant le connaître.

Car pour beaucoup, c’est bien un comble de vivre entourés de champs dans cette Seine-et-Marne restée agricole, et de ne pas trouver de produits locaux. Des exploitants, il en reste une dizaine à Mouroux, mais ils alimentent le marché national, voire international. Pis, ces « indécrottables » polluent sols et rivières avec leurs produits chimiques, s’inquiètent leurs voisins.

L’idée de trouver un agriculteur à son goût vient de la mairie. « Il y a 4,5 hectares de terres en friche au centre de la commune et qui lui appartiennent, on s’est dit qu’on allait les prêter à qui voudrait les cultiver« , raconte Jean-Louis Bogard, adjoint à l’environnement (sans étiquette) et commercial chez Orange. L’équipe municipale décide donc, en janvier, de proposer la création d’une Association pour le maintien d’une agriculture paysanne (AMAP), un partenariat entre des consommateurs, qui reçoivent des fruits et légumes toutes les semaines, et un agriculteur, dont le revenu est garanti par le préachat de sa production.

Lancé au Japon, adopté aux Etats-Unis, le système est victime de son succès en France. Les groupes de consommateurs doivent s’armer de patience pour dégoter un producteur. Surtout en Ile-de-France, où le foncier vaut de l’or. L’avantage, avec le prêt des terres, c’est que les choses seront plus faciles.

Informés par la presse municipale ou le panneau lumineux communal, 130 habitants sont venus à la première réunion, séduits par l’idée de consommer mieux. Apparemment, l’idée a fait son chemin. Au bord de la RN 34, qui relie Coulommiers à Paris et coupe le bourg en deux, Intermarché et Hyperprimeur viennent de se mettre à vendre du bio. Chez le second, dans la « barquette ratatouille », l’oignon vient des Pays-Bas, le poivron d’Espagne et les tomates du Maroc. « Ils n’ont pas compris notre démarche », persifle M. Bogard. Lui, veut du local. Il veut un agriculteur pour Mouroux.

Les céréaliers du village ont décliné sa proposition de cultiver les terres communales, puis le réseau AMAP a suggéré de contacter un lycée agricole bio. Deux candidats étaient partants. Mais Mouroux a vite déchanté. Avoir des terres ne suffit pas, il faut de l’argent pour investir dans les bâtiments et le matériel. Et il aurait fallu deux ans avant de pouvoir déguster le premier légume.

Or, désormais, les habitants sont pressés. Alors que la mairie s’apprêtait à procéder par petite annonce, certains ont pensé à Christophe. Ce maraîcher n’avait pas été contacté. Il habite Mouroux, mais ses terres sont à Coulommiers, à 3 kilomètres. Vendant sur les marchés, il hésitait à abandonner. Avantage de l’opération : il pouvait fournir, dès juin, une large gamme de produits. Inconvénient : il n’utilisera pas les terres de la mairie, il a ce qu’il faut.

Va donc pour Christophe. Mais Jean-Louis Bogard ne perd pas espoir : « Un jour, notre parcelle sera cultivée », lâche l’élu. Déjà, il pense préempter des terrains dans les bois, pour des vergers. Et voit loin : « Nous pouvons servir d’exemple. Des communes qui ont des terres, il y en a plein. »

Parmi les « Amapiens », il y a Linda Hengy. Jamais elle n’avait entendu parler du réseau, mais Lire la suite

Le point de vue de Lutte Ouvrière et de l’UCI sur la décroissance.

revoltunited.canalblog.com, NC, le 16 août 2009

Le point de vue de Lutte Ouvrière et de l’UCI sur la décroissance.

Je connais assez mal l’idéologie de la décroissance, je ne peux donc que publier ce qu’en dise les camarades de LO. Pour ce que j’en sais, cela ressemble assez à l’idéologie des petits propriétaires terriens du début du XXème siècle vis à vis du capitalisme industriel naissant. Mais je vous laisse juger.

La décroissance, un point de vue parfaitement réactionnaire

Si les années quatre-vingt-dix ont vu émerger et se développer les idées de l’altermondialisme, ce courant est aujourd’hui concurrencé, chez un certain nombre de jeunes et moins jeunes plus ou moins contestataires, par un courant qui s’est baptisé : la décroissance. Refus de la croissance économique, « antiproductivisme », lutte contre la consommation, volonté de revenir à une économie locale, rejet du progrès technique, démarche de « sobriété » ou de « simplicité volontaire », sont les piliers de ce nouvel évangile.

Il est difficile de savoir si le relatif succès de ce courant sera un phénomène durable. Mais il est incontestable qu’il est, pour l’instant, à la mode. Certes, cela ne s’est pas vu lors des récentes élections européennes, où les listes Europe Décroissance n’ont recueilli que des scores insignifiants – entre 0,02 et 0,04 % suivant les circonscriptions. Mais la percée électorale des listes Europe-écologie reflète, en partie du moins, cette tendance, car nombre de partisans de la décroissance ont apporté leurs voix, au nom d’une sorte de « vote écologique utile », aux listes menées par Daniel Cohn-Bendit.

L’intérêt pour la décroissance d’une partie de la petite bourgeoisie intellectuelle, d’une frange de la jeunesse étudiante, paraît indéniable. En témoigne entre autres le relatif succès du journal La Décroissance, qui tire à quelque 50 000 exemplaires – ce qui est conséquent pour un journal politique.

Il est clair que le glissement vers la décroissance d’une partie des partisans de l’altermondialisme serait un recul, du point de vue des idées.

L’altermondialisme en effet, malgré ses limites et son caractère profondément réformiste, se situe au moins sur le terrain de la dénonciation des inégalités, et prétend vouloir mieux répartir les richesses entre les différentes régions de la planète.

La décroissance, elle, ou plutôt la nébuleuse d’organisations, de journaux et d’individus qui se réclament d’elle, se situe sur un tout autre terrain : celui des idées franchement réactionnaires. Ses partisans ne le nient d’ailleurs pas vraiment : Serge Latouche, le principal porte-parole de la décroissance en France, dénonce par exemple, dans l’introduction de son Petit traité de la décroissance sereine, « le totalitarisme développementiste et progressiste ». Le « totalitarisme progressiste » ! Il faut se pincer pour y croire. Il est peu probable que les femmes africaines qui font des dizaines de kilomètres à pied pour trouver un peu d’eau potable, ou les centaines de milliers de gens dans le tiers-monde qui meurent du sida faute de trithérapies, se réjouissent de ne pas être victimes du « totalitarisme progressiste ». On retrouve le même type de propagande anti-progrès dans un numéro de la revue décroissante Silences, qui a publié en Une un dessin montrant trois personnages monstrueux, mi-humains mi-reptiles, sous la légende : « Ils veulent détruire le monde ». Ces trois personnages étaient ainsi présentés : « La trilogie maléfique : croissance, consommation, progrès. »

Le décor est planté. Le courant décroissant affiche clairement non seulement son refus Lire la suite

David Holmgren : les quatre scénarios de la décroissance

bellaciao.org et damienperrotin.com, Damien Perrotin, le 14 août 2009

David Holmgren : les quatre scénarios de la décroissance

David Holmgren n’est pas un inconnu dans le monde de l’écologie et de la soutenabilité. Cet australien né en 1955 a été avec Bill Mollison l’inventeur du concept de Permaculture. Son premier ouvrage Permaculture One, basé sur les travaux de l’écologue américain T. Howard Odum, a posé les bases du mouvement pour une agriculture durable en Australie et plus largement dans les pays anglo-saxons. Son dernier livre Future Scenarios : how communities can adapt to peak oil and climate change a donc suscité un intérêt certain dans le monde, malheureusement restreint, de ceux qui s’intéressent au pic énergétique et ses conséquences sur nos sociétés, tout comme d’ailleurs son site : future scenario.org

Dans ce petit livre d’environ 120 pages, David Holmgren examine notre avenir à la lumière de la situation écologique présente. Il n’est certainement pas le premier à l’avoir fait. Le Club de Rome en son temps, et John Michael Greer plus récemment s’y sont également essayé. Leurs conclusions se rejoignent d’ailleurs. Holgrem envisage d’abord quatre futurs possible pour notre civilisation :

La techno-explosion prévoit une croissance indéfinie de notre richesse matérielle et de notre capacité à surmonter les contraintes environnementales. Elle dépend de la disponibilité en grande quantité d’une énergie concentrée et de haute qualité. Poussée au bout de sa logique elle aboutit à la colonisation de l’espace. Il s’agit en gros de la continuation du modèle actuel de développement.

La techno-stabilité suppose une conversion sans accrocs à une économie de non-croissance basée sur des énergies renouvelables et capable de garantir au moins le même niveau de richesse que celle d’aujourd’hui. C’est en gros ce dont rêvent les Verts.

L’effondrement envisage une destruction de la société industrielle sous l’effet combiné de l’épuisement des ressources du changement climatique. Cet effondrement serait rapide et plus ou moins continu et aboutirait à la disparition de la plus grande partie de la population humaine, ainsi que l’essentiel de son héritage culturel. C’est un scénario « à la Mad Max »

La descente énergétique correspond plus ou moins à la longue descente de Greer ou à la longue urgence de Kunstler. Elle implique une réduction progressive de l’activité économique, de la population et la complexité de la société au fur et à mesure que s’accentuera l’épuisement de nos ressources. L’importance croissante des énergies renouvelables fera évoluer nos sociétés vers des structures proches de celles qui prévalaient avant la révolution industrielle. Cela suppose une ruralisation progressive de l’économie et de la société et un déclin également progressif de la population.

Holmgren n’écarte pas à priori l’effondrement mais le juge peu probable. Comme Greer, il fait remarquer que dans le passé les civilisations ont décliné plus qu’elles se sont effondré brutalement et que ce processus a toujours été graduel. Par ailleurs, ce scénario, populaire dans certaines franges du mouvement écologiste, n’est pas très constructif. Il conduit à une attitude fataliste, axée sur la survie individuelle ou en petites communautés.

Il récuse également les scénarios de la techno-explosion et de la techno-stabilité. Ils reposent en effet sur toute une série de présupposés dont tout indique qu’ils sont faux.

–          La production des matières premières non-renouvelables Lire la suite

Richard Heinberg : « La croissance mondiale a atteint ses limites »

voltairenet.org, traduction Nathalie Krieg pour le Réseau Voltaire, le 14 août 2009

Un an après le pic pétrolier

Richard Heinberg : « La croissance mondiale a atteint ses limites »

Il y un an, le baril de pétrole atteignait le prix record de 147 dollars. Le monde entier se tourna alors vers l’Arabie Saoudite —traditionnel producteur d’appoint— pour lui demander d’augmenter sa production afin de répondre à la demande en stabilisant les prix. Mais le Royaume en fut incapable car ses puits s’assèchent. Cet événement marque la fin d’une période. Dans un enchaînement dramatique, la prise de conscience que la croissance économique serait désormais limitée par la raréfaction de l’énergie fossile, fit s’effondrer les investissements, la demande en pétrole et son prix.

Richard Heinberg, auteur reconnu pour ses travaux sur la déplétion des ressources, examine cet événement historique, ses conséquences pour l’activité humaine et les perspectives d’avenir dans une interview exclusive accordée au Réseau Voltaire.

Réseau Voltaire : Selon la plupart des médias, l’origine de la crise financière est à chercher à l’intérieur même du système financier. Cette explication vous satisfait-elle, ou bien, comme vous l’avez suggéré de manière prémonitoire dans Pétrole : La fête est finie ! [1], le manque de confiance vis-à-vis de la reprise de la croissance, celle-ci reposant sur une production de pétrole à bon marché, serait-il également un facteur essentiel ?

Richard Heinberg : En 2008 s’est produite la plus importante flambée des prix de l’énergie jamais connue. Historiquement, les flambées du prix de l’énergie ont toujours conduit à une récession. Dès lors, il était raisonnable d’envisager une grave récession pour le premier trimestre 2008. En fait, la récession a commencé un peu plus tôt et s’est avérée plus profonde et plus persistante qu’aucune autre au cours des dernières décennies. Cela vient du fait qu’un krach financier était devenu plus ou moins inévitable à cause de l’existence d’une multitude de bulles dans l’immobilier et les marchés financiers.

L’impact de la crise sur l’industrie aéronautique et sur les constructeurs d’automobiles et de poids lourds est largement dû aux prix de l’énergie. La chute des valeurs immobilières et l’augmentation du nombre des hypothèques ne sont pas tant liées au pétrole.

Néanmoins, à un niveau d’analyse avancé, l’aspiration de notre société à une croissance économique perpétuelle est basée sur l’hypothèse que nous aurons toujours à disposition des volumes croissants d’énergie à faible coût pour alimenter nos machines de production et de distribution. Cette aspiration à la croissance s’est institutionnalisée à travers des niveaux de dette et de survalorisation toujours croissants. C’est ainsi que, lorsque les volumes d’énergie disponibles ont commencé à stagner ou à décliner, le château de carte du monde financier s’est complètement écroulé.

Malheureusement, la crise reste largement incomprise par les dirigeants du monde entier. Ils prétendent qu’elle a une origine uniquement financière ; ils prétendent également qu’elle est transitoire. Ils croient que, si nous soutenons suffisamment les banques, la croissance économique redeviendra positive et tout ira bien. En fait, notre système financier actuel ne peut pas être amené à fonctionner dans un monde où les ressources énergétiques s’amoindrissent. Nous avons besoin d’une économie qui puisse subvenir aux besoins primaires de l’humanité sans augmenter notre rythme de consommation des ressources. Cela nécessitera la création de Lire la suite

Changement climatique : La chaleur affole les vignes

sudouest.com, César Compadre, le 15 Aout 2009

CLIMAT. Pour mobiliser les Français sur les impacts néfastes du réchauffement climatique, Greenpeace prend en exemple le monde viticole. Un marqueur intéressant

La chaleur affole les vignes

Comment montrer concrètement au grand public les effets du réchauffement climatique planétaire ? Fonte des glaces dans les pôles ; biodiversité qui perd la tête avec des poissons tropicaux arrivant curieusement sous nos latitudes ; mais aussi évolution de la viticulture et des caractéristiques des vins.

C’est ce marqueur viticole qu’a choisi Greenpeace pour tenter de mobiliser les Français à l’approche de la conférence de Copenhague (voir ci-dessous). Cette association, en pointe sur toutes les questions environnementales, a écrit une lettre ouverte au président de la République. Elle a été publiée le 12 août par le journal « Le Monde ». Signée par une cinquantaine de propriétaires et de professionnels de toutes les régions viticoles, elle pointe la « menace sur l’équilibre des terroirs, et l’âme de nos vins, du réchauffement climatique de la planète ».

Au-delà de son côté militant, et qui force volontairement le trait pour toucher au cœur, cette initiative a le mérite de remettre la vigne, plantée dans une soixantaine de pays du monde, au centre de l’échiquier climatique.

À l’écoute de la plante

« Le vin est un produit qui parle aux Français. Pour notre prochaine action – toujours en vue de Copenhague -, nous mettrons en avant les perturbations dans les paysages alpins », indique Anaïz Parfait, chargée de la « mobilisation climat » à Greenpeace, association revendiquant 85 000 adhérents.

Mais quel est l’impact réel du réchauffement climatique – sur lequel d’ailleurs tous les experts ne sont pas d’accord – sur la plante elle-même et les vins produits ? Si la lettre ouverte dénonce, pêle-mêle, les « canicules estivales », les « grêles » ou les « maladies venant du sud », difficile d’y voir clair. Même si des dérèglements se constatent, comme le note Stéphane Derenoncourt, signataire du document et œnologue reconnu installé en Bordelais (voir ci-dessous).

Pour Yvon Minvielle, propriétaire du château Lagarette (5 hectares, tout près de Bordeaux), et autre signataire, le constat est sans appel. « On met trop de chimie dans les vignes. Il faut se remettre à l’écoute de la plante et privilégier le préventif. Le réchauffement climatique est une occasion pour se poser les bonnes questions », prône ce praticien de la biodynamie.

Du bordeaux en Anjou ?

Sachant que sur des terroirs adaptés, les cépages atteignent le plus souvent leur maximum qualitatif à la limite septentrionale de leur culture (par exemple le cabernet dans le Bordelais), si le climat se réchauffe de plusieurs degrés d’ici à la fin du siècle, la donne en sera fondamentalement modifiée. Plus chaud, le climat girondin serait moins propice à l’épanouissement de ce cépage. Trouvera-t-il alors un terrain plus adéquat plus au nord, par exemple en Anjou ? Devra-t-on planter des cépages méridionaux – comme la syrah ou le grenache – en terre d’Aquitaine ? Sachant qu’un réchauffement moyen d’un degré transfère en théorie les cultures d’environ 300 kilomètres vers le nord dans notre hémisphère, tout est plausible. Il faut savoir que des Champenois ont déjà acheté des terres au sud de l’Angleterre. Pour y produire peut-être des bulles plus tard… À quand alors un bon vin rouge ensoleillé en Scandinavie ?

Et si la vigne s’adaptait ?

Mais ne sous-estimons pas les capacités d’adaptation de la vigne à des conditions changeantes. Contrairement à une idée reçue, Lire la suite

Grenelle de l’environnement : le texte

citron-vert.info, Philippe Ladame, le 6 août 2009

Grenelle de l’environnement : le texte

La loi relative à la mise en œuvre du Grenelle de l’environnement, adoptée par l’Assemblée, est publiée au Journal Officiel.

En voici le sommaire (avec l’indication des pages) :

TITRE I : Lutte contre le réchauffement climatique – p 3

CHAPITRE I : Réduction des consommations d’énergie des bâtiments – p 5

CHAPITRE II : Urbanisme – p 9

SECTION 1 : Disposition relatives aux objectifs – p 9

SECTION 2 : Disposition relatives à l’urbanisme et au patrimoine – p 10

CHAPITRE III : Transports – p 10

SECTION 1 : Disposition relatives aux objectifs – p 11

SECTION 2 : Dispositions modifiant la loi d’orientation des transports intérieurs – p 19

CHAPITRE IV : Energie – p 20

CHAPITRE V : La recherche dans le domaine du développement durable – p 22

TITRE II : Biodiversité, écosystèmes et milieux naturels – p 24

CHAPITRE I : Stopper la perte de biodiversité sauvage et domestique. Restaurer et maintenir ses capacités d’évolution – p 24

CHAPITRE II : Retrouver une bonne qualité écologique de l’eau et assurer son caractère renouvelable dans le milieu et abordable pour le citoyen – p 26

CHAPITRE III : Uune agriculture et une sylviculture diversifiées et de qualité, productive et durables – p 28

CHAPITRE IV : La gestion intégrée de la mer et du littoral – p 32

 TITRE III : Prévention des risques pour l’environnement et la santé, prévention des déchets – p 33

CHAPITRE IER : L’environnement et la santé – p 33

CHAPITRE II : Les déchets – p 37

TITRE IV : État exemplaire – p 40

TITRE V : Gouvernance, information et formation – p 42

TITRE VI : Dispositions propres à l’outre-mer – p 47

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Contre Allègre : une écologie qui émancipe

liberation.fr, Denis Baupin, adjoint au maire de Paris chargé de l’environnement, du développement durable et du plan climat, le 5 août 2009

Contre Allègre : une écologie qui émancipe

Fidèle à la stratégie de son nouveau maître – Nicolas Sarkozy -, Claude Allègre prétend, en s’appropriant indûment l’identité de ceux qu’il veut combattre – les écologistes -, se parer lui-même des habits de l’écologie, avec la création prochaine de sa Fondation pour l’écologie productive (Libération du 17 juillet).

Venant d’un des principaux négationnistes du dérèglement climatique, y compris au prix du tripatouillage de travaux scientifiques, le propos pourrait faire sourire. Mais on aurait tort de se contenter de ce premier réflexe. Claude Allègre n’est que la figure la plus caricaturale d’une entreprise plus globale visant à se réapproprier le succès des écologistes pour mieux le dénaturer. Cette entreprise utilise deux artifices.

Le premier est un grand classique : faire passer les écologistes pour des passéistes, des opposants au progrès, etc. Refrain connu chez les productivistes et les scientistes de droite et de gauche, depuis Robert Hue, qui refusait le retour à «la lampe à pétrole», à Martine Aubry, qui ne veut pas s’intéresser «aux radis», en passant par Luc Ferry, dont l’ouvrage le Nouvel Ordre écologique disait le mépris d’une certaine classe intellectuelle pour qui ne partageait pas sa vision du progrès humain.

Le second, plus nouveau, est devenu un passage obligé pour tout politique en panne de discours : repeindre en vert les politiques les plus productivistes et polluantes, afin de leur donner une nouvelle légitimité. En la matière, Claude Allègre ne craint personne. Après avoir été le héraut du lobby de l’amiante (qui continue de tuer chaque année plusieurs milliers de personnes), le voici en porteur de valise du nucléaire, des organismes génétiquement modifiés (OGM), voire du stockage de carbone comme réponse au dérèglement climatique.

Il y a pourtant un point sur lequel on peut être d’accord avec Claude Allègre : oui, l’écologie peut être productive, innovante, source de progrès pour l’humanité, créatrice d’emplois et aussi – même si cela l’intéresse sans doute moins – de justice sociale. Mais pour cela, pour être résolument moderne – car nous revendiquons la modernité -, l’écologie n’a pas besoin d’épouser une fuite en avant technoscientiste promue au rang d’idéologie. Notre écologie s’appuie sur l’innovation et les technologies modernes, mais en privilégiant celles qui accroissent l’autonomie des gens, qui émancipent au lieu d’asservir.

Reprenons les exemples de l’énergie, des OGM et du stockage de carbone pour en faire la démonstration.

Pour la production énergétique, peu importe à Claude Allègre que le nucléaire dit de quatrième génération – supposé recycler ses propres déchets – ne soit qu’une chimère dont les seuls exemples, à commencer par Superphénix, furent des échecs retentissants, si cela lui permet de justifier la fuite en avant franco-française dans l’industrie énergétique la plus dangereuse (par ses déchets, ses accidents et la prolifération qui lui est liée) et la plus coûteuse… Comme vient de le confirmer le PDG d’EDF en Lire la suite

Bègles : L’écologique usine à boues

sudouest.com, Patrick Faure, le 7 Aout 2009

ENVIRONNEMENT. La construction par la CUB d’un sécheur de boues à Clos-de- Hilde va permettre la valorisation, pour l’agriculture, des boues extraites des eaux usées

L’écologique usine à boues

Le Conseil de la Communauté urbaine de Bordeaux vient de décider de financer la réalisation d’un sécheur de boues à Clos-de-Hilde, la station d’épuration située sur la commune de Bègles, près de la rocade. Ce projet sera piloté par la société Degrémont. Montant des travaux : 8,3 millions d’euros. Ils débuteront en décembre.

Pierre Bourgogne, en charge de l’eau et de l’assainissement au sein des services de la CUB, fait un état des lieux : « Cette station d’épuration, agrandie voilà deux ans, est la plus grosse de la CUB. Elle traite les eaux usées de 435 000 habitants avant rejet dans la Garonne. »

Exploitée par la Lyonnaise des eaux dans le cadre d’un contrat d’affermage, la station Clos-de-Hilde collecte les eaux de la moitié sud de l’agglomération, soit Pessac, Gradignan, Villenave-d’Ornon, Bègles, Bordeaux-Sud, Bouliac, Floirac et bientôt Mérignac.

Dans la Garonne

« Toutes les eaux usées sont traitées avant rejet dans la Garonne, en respectant des normes très supérieures à ce qu’impose la réglementation européenne, souligne Pierre Bourgogne. Un deuxième sécheur de boues sera construit dans quelques années à Bordeaux sur la station Louis-Fargue. »

La Communauté urbaine compte actuellement six stations sur son territoire, toutes rejetant leurs eaux « nettoyées » directement ou indirectement (par l’intermédiaire des jalles) dans le fleuve : « Ces stations sont modernes, compactes et sans nuisances », ajoute M. Bourgogne.

Elles sont installées à Eysines-Cantinolle pour le quadrant nord-ouest, à Blanquefort-Lille (nord de l’agglomération), à Ambarès-Sabarèges (est), Ambès (presqu’île), Bègles et Louis-Fargue.

Une septième est en projet sur la rive droite de la Garonne, quai de Brazza.

Trop de boues

Quant à l’intérêt d’un sécheur de boues, il est strictement écologique : « Il existe actuellement quelques valorisations ponctuelles des eaux traitées à Bègles. Mais les boues d’après-traitement sont incinérées dans les fours d’Astria où sont brûlées les ordures ménagères. »

La quantité est telle ici, que faute de les assécher, il s’avère extrêmement difficile de les transporter et de les valoriser sous forme de compost pour l’agriculture. Un compost qui, Lire la suite

Etude sur la qualité des produits bio : un faux débat sur les avantages du bio, une vraie escroquerie intellectuelle

fnab.org, Communiqué de presse, le 6 août 2009

Fédération Nationale d’Agriculture Biologique des régions de France

Etude sur la qualité des produits bio (American Journal of Clinical Nutrition) : un faux débat sur les avantages du bio, une vraie escroquerie intellectuelle

Résumé

– une étude tronquée, des résultats volontairement faussés ;

– une confusion créée chez les consommateurs ;

– une stratégie des « ennemis du bio » à décoder dans un second temps ;

– une publication qui intervient à un moment où le bio n’a jamais été aussi en vogue.

Position et argumentaire

La Fédération Nationale de l’Agriculture Biologique des régions de France – syndicat professionnel qui porte la parole des producteurs bio français – considère que l’étude parue dans l’American Journal of Clinical Nutrition constitue une quasi-escroquerie intellectuelle compte tenu des sérieuses et nombreuses lacunes relevées, notamment en matière de protocole de recherche, qui disqualifient les prétentions scientifiques poursuivies par l’étude. Ces insuffisances n’ont pas empêché – dans un premier temps – une reprise sans recul de certaines des conclusions les plus « sensationnalistes » de l’étude.

La FNAB – en accord avec l’analyse critique du Mouvement pour le Droit et le Respect des Générations Futures (communiqué du 5 août) – rappelle que les résultats des 162 études compilées établissaient un avantage évident en bénéfices nutritionnels pour les produits bio (micro-nutriments) et mettaient en avant leur meilleure densité nutritionnelle (du fait de la plus grande teneur en matière sèche des produits bio) que les produits conventionnels. Elle regrette que la mention « compilation bibliographique » (d’études existantes, parfois elles-mêmes uniquement bibliographiques…) de cette étude ne soit pas précisée : elle n’apporte en fait aucune nouvelle donnée. La FNAB relève également les limites de la démarche « scientifique » : 1/3 seulement des références scientifiques est retenu pour asseoir un résultat  absence (inexplicable) de la non prise en compte des résidus de pesticides (les produits bio en sont exempts) ; absence de toute référence des bénéfices environnementaux de l’agriculture biologique liés à l’interdiction des produits chimiques de synthèse…

La FNAB s’interroge enfin sur l’opportunité d’un tel débat (et ce avec de tels arguments faussés) alors que de plus en plus d’agriculteurs se lancent dans un mode de production biologique, que ces techniques sont même reprises par bon nombre de producteurs conventionnels, que la satisfaction des consommateurs s’affirme et que Lire la suite

La trahison des patriciens

agoravox.fr, Forest Ent (son site), le 5 août 2009

La trahison des patriciens

Quelques réflexions estivales sur la structure de nos sociétés, avec zooms sur les IIIème et XIVème siècles, et moult commentaires pseudo-scientifiques, que les lecteurs auront à cœur de démonter. Ces deux périodes n’ont pas l’air d’avoir grand chose à voir, mais ce sont deux tournants de l’histoire de l’occident : la fin de l’empire romain et du moyen-âge qui en a résulté. Ce sont deux périodes d’effondrement social.

L’été est un bon moment pour se replonger dans les livres d’histoire. J’en profite pour développer quelques réflexions sur la structure de notre société. Elles prendront ici la forme d’un roman noir, afin de vous faire frémir sur les plages, de manière je l’espère modérée.

Dans un article cette année, j’ai comparé la période actuelle au XIVème siècle qui a vu le début du « monde plein » et de l’écroulement des structures médiévales. Je vais y revenir ici, mais aussi sur le troisième siècle, qui a vu le début de la fin de l’empire romain. C’est devenu une banalité de parler du déclin de l’empire occidental, après entre beaucoup d’autres Emmanuel Todd et Denys Arcand. Mais chaque spécialiste a tendance à voir les choses à travers le prisme de ses propres investigations. A l’heure actuelle, il n’y a pas vraiment de consensus sur les causes de la chute de l’empire romain, bien qu’il y ait beaucoup d’explications convergentes. Je vais en présenter ici une vision assez sociale. Ce n’est heureusement pas pour un doctorat, car je ne connais pas grand chose à ces périodes. J’ai remarqué qu’il y a des spécialistes parmi les rédacteurs. Ils voudront bien signaler et corriger les erreurs. Mon but est de rappeler quelques éléments qui éclairent notre époque, et tendent à montrer qu’elle est grosse de changements.

Qu’est-ce qui conduit le destin des nations ? Amha, ce sont la géographie physique (climat et ressources naturelles) et la technologie. La « politique », c’est à dire la manière selon laquelle une société s’organise et peut arriver à gaspiller les atouts que l’histoire lui a donnés, peut aussi y jouer un rôle négatif. Il me semble que les éléments économiques, monétaires, démographiques, les domaines militaires et la géographie politique en sont des conséquences. Ceci repose sur une vision assez mécaniste de l’humanité, qu’il convient d’expliciter tout d’abord.

Comme un vol de gerfauts hors du charnier natal

Le couple géographie-technologie détermine la quantité de nourriture produite. Celle-ci engendre une économie et une démographie. Comme toutes les espèces animales sans prédateurs, l’humanité n’est limitée en nombre que par la quantité de nourriture disponible, car elle dispose d’une importante marge de fécondité, qui lui permet par exemple de se reconstituer rapidement après une catastrophe : il lui est arrivé de doubler en nombre en moins d’un siècle. En général, elle régule sa fécondité, et la démographie, comme la monnaie, est normalement une anticipation de l’économie. La manière la plus répandue est le contrôle spontané des naissances, qui n’a pas été inventé au vingtième siècle. Il s’accompagne assez bien d’un contrôle par la société, comme le célibat forcé – trait caractéristique des meutes de loups où la fécondité est monopolisée par le couple dominant. L’infanticide a été aussi pas mal pratiqué. Le cocotier et d’autres ballades de Narayama ont permis parfois d’éviter que les vieux improductifs ne n’incrustent trop. En cas d’échec de la prévision, il y a la famine, les épidémies et les guerres civiles.

La performance de la production de nourriture détermine la quantité d’actifs qui pourront se consacrer à autre chose, donc l’activité industrielle. Je ne défend pas une thèse physiocrate comme quoi seule l’agriculture serait productrice, mais je constate Lire la suite

Rapport de la conférence des experts et de la table ronde sur la contribution Climat et Energie

ladocumentationfrancaise.fr, Michel Rocard, juillet 2009

Rapport de la conférence des experts et de la table ronde sur la contribution Climat et Energie

Dans le cadre du Grenelle de l’environnement, la France s’est engagée à diviser par quatre ses émissions de gaz à effet de serre à l’horizon 2050.

L’instauration d’une contribution « climat énergie » (CCE) compte parmi les mesures envisagées pour « encourager les comportements sobres » en carbone et en énergie et ainsi lutter contre le réchauffement climatique.

C’est dans ce contexte que cette contribution a été expertisée pour analyser les modalités de sa mise en œuvre éventuelle ainsi que ses différents effets.

Les deux premières parties de ce rapport sont constituées par les synthèses des ateliers de la Conférence d’experts des 2 et 3 juillet, les conclusions de la table ronde présidée par Michel Rocard, ancien Premier ministre, faisant l’objet de la troisième partie.

Sommaire

PREMIERE PARTIE : L’INTERET GENERAL DE L’OUTIL

A . POURQUOI UNE CONTRIBUTION CLIMAT ENERGIE

1. Une urgence climatique qui fait consensus.

2. Recourir au mécanisme de prix, une condition nécessaire de la minimisation du coût.

B. PRINCIPES GENERAUX DE LA CONTRIBUTION CLIMAT ENERGIE

1. Eléments de consensus.

2. Les différences d’appréciation : taxe/marché, court terme/long terme, articulation de la CCE avec les dispositifs existants.

C. L’ASSIETTE DE LA CONTRIBUTION CLIMAT ENERGIE

1. Eléments de consensus.

2. Différences d’appréciation : exonération partielle ou totale des émissions sous quotas, assiette énergétique complémentaire à l’assiette carbone.

3. Facteurs de tension : Prix d’usage de l’électricité et émissions agricoles.

D. LE TAUX DE LA CONTRIBUTION CLIMAT ENERGIE

1. Eléments de consensus.

2. Différences d’appréciation : Lire la suite

Les défenseurs du bio rappellent son rôle écologique

lemonde.fr, Rafaële Rivais et Marc Roche (Londres, correspondant), le 4 août 2009

Les défenseurs du bio rappellent son rôle écologique

La publication d’une étude de l’Ecole d’hygiène et de médecine tropicale de Londres, affirmant que le contenu nutritionnel des produits bio ne serait pas supérieur à celui des produits conventionnels provoque un vif émoi au Royaume-Uni, où la mode bio fait fureur, mais aussi en France : en effet, elle passe sous silence l’absence de pesticides que cette alimentation garantit.

La Soil Association, qui représente les producteurs de bio au Royaume-Uni, proteste contre cette étude fondée sur l’analyse des données publiées depuis cinquante ans sur le sujet, et commanditée par la Food Standard Agency (FSA), l’agence gouvernementale des normes alimentaires : « Elle ne tient pas compte de l’impact des pesticides, des herbicides sur l’environnement en général et la pollution des rivières, ainsi que sur le bien-être animal ! », déplore-t-elle.

Elle accuse la FSA d’avoir publié ce travail dans le très respecté American Journal of Clinical Nutrition pour court-circuiter une autre étude européenne sur le sujet, qui doit être rendue publique à la fin de l’année. Selon les conclusions préliminaires du rapporteur européen, Carlo Leifert, professeur d’agriculture écologique à l’université de Newcastle, le bio contient davantage d’antioxydants utiles dans la lutte contre le cancer et les maladies cardiovasculaires.

De surcroît, aux yeux des critiques, la Food Standard Agency, fondée après la crise de la vache folle de 1999-2000, défend les intérêts des organisations paysannes traditionnelles et des gros producteurs, plutôt que ceux des artisans du bio. La FSA a ainsi reçu le soutien de Justin King, directeur général du géant de la distribution britannique Sainsbury pour qui « l’industrie bio n’a pas répondu aux questions que se posent les consommateurs ».

La controverse s’explique par la vogue du naturel, au Royaume-Uni, qui génère deux milliards de livres sterling (2,35 milliards d’euros) de ventes et un chiffre d’affaires qui a doublé au cours des cinq dernières années. Des chaînes, des boutiques spécialisées et des marchés hebdomadaires fleurissent dans toutes les villes. Les supermarchés ont leur espace « organic foods ».

Bien qu’en France seuls 8 % de la population consomment au moins un produit bio par jour, l’étude a aussi soulevé des critiques. « C’est la énième (étude) qui arrive à cette conclusion, du fait qu’elle se limite à l’analyse des nutriments ! », soupire Claude Aubert, ingénieur agronome et consultant en agriculture biologique, auteur de nombreux ouvrages, notamment Une autre assiette.

En 2003 déjà, l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa) trouvait « peu de différences significatives (…) entre la composition chimique des matières premières » issues de l’agriculture biologique et de l’agriculture conventionnelle. Elle observait certes, Lire la suite

La « police verte » a du mal à faire respecter la loi

lemonde.fr, Gaëlle Dupont, le 4 août 2009

La « police verte » a du mal à faire respecter la loi

Constructions illégales, pollution des eaux, abandon de déchets en pleine nature, forages non déclarés, braconnage, trafic de plantes ou d’animaux protégés, enfouissement ou exportation illicite de substances toxiques, circulation motorisée dans des espaces protégés… Quelque 60 000 infractions à la législation sur la protection de l’environnement sont constatées chaque année en France et environ 4 000 condamnations sont prononcées par les tribunaux.

Combien d’infractions restent impunies ? Sans doute la plus grande part. Il est peu question de renforcement de la police de l’environnement dans le projet de loi « Grenelle 1 », adopté le 23 juillet. Pourtant, les organisations non gouvernementales (ONG) environnementalistes, les avocats spécialisés et les pouvoirs publics eux-mêmes constatent l’existence d’un gouffre entre l’inflation des textes de loi et l’application du droit de l’environnement sur le terrain.

Dès 2005, un rapport de l’inspection générale de l’environnement sonnait l’alarme. Très sévère, il dénonçait un manque d’efficacité de la répression dû au morcellement et au manque de coordination des multiples corps de police concernés, à l’absence de priorités dictées par l’Etat et à la faible activité des tribunaux en la matière. Peu de choses ont changé depuis lors.

La liste des divers agents habilités à constater les infractions est pourtant très longue. Mais, dans les faits, seuls quelques corps spécialisés, dont les effectifs sont limités, s’y consacrent à plein temps : les inspecteurs des installations classées, les agents de l’Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS), et ceux de l’Office national de l’eau et des milieux aquatiques (Onema).

Les services déconcentrés des ministères de l’agriculture et de l’écologie exercent aussi des missions de police. Soit en moyenne cinquante personnes par département. « On nous demande d’accomplir une mission sans nous en donner les moyens, affirme Nicolas Incarnato, secrétaire général du syndicat national des ingénieurs de l’industrie et des mines (Sniim). Certaines entreprises ne peuvent être contrôlées que tous les dix ans, sans parler de celles soumises à déclaration, que nous visitons seulement sur plainte. »

Ces agents ne peuvent guère compter sur le renfort de la gendarmerie et de la police. Les gendarmes sont certes plus actifs, du fait de leur ancrage territorial, mais les atteintes à l’environnement ne représentent qu’une faible part de leur activité. « Ils ont d’autres chats à fouetter », résume Patrick Lavarde, directeur de l’Onema. En outre, le droit de l’environnement est d’une extrême complexité. « Les conditions concrètes de constatation sont compliquées, ajoute Adrien Debré, avocat de l’association France nature environnement (FNE). Les pollueurs font tout pour ne pas se faire prendre : une entreprise qui veut se débarrasser de ses déchets toxiques dans une rivière agira de nuit, ou en été quand la surveillance se relâche. »

ECODÉLINQUANCE ÉMERGENTE

Le constat effectué en 2005 a poussé les pouvoirs publics à réagir. Les différents agents de l’Etat concernés vont Lire la suite

Les bénéfices du «bio» en question

lefigaro.fr, Marc Mennessier, le  30 juillet 2009

Les bénéfices du «bio» en question

Selon une étude britannique, les produits issus de l’agriculture biologique ne seraient pas meilleurs pour la santé. Ces résultats ne tiennent toutefois pas compte de la présence, ou non, de résidus de pesticides dans l’alimentation.

Coup dur pour les adeptes de la nourriture estampillée «bio» ! Selon une étude publiée mercredi par l’American Journal of Clinical Nutrition, les produits issus de l’agriculture biologique ne sont pas plus sains que les aliments ordinaires et n’offrent pas d’avantages nutritionnels supplémentaires. Que ce soit vis-à-vis des apports en calcium, en fer ou en vitamine C.

Pour en arriver à cette conclusion, les chercheurs de la London School of Hygiene & Tropical Medicine ont procédé à un examen systématique des 162 études scientifiques publiées sur le sujet au cours des 50 dernières années. «Du point de vue de la nutrition, il n’y a actuellement aucun élément en faveur du choix de produits bio plutôt que d’aliments produits de manière conventionnelle», estime Alan Dangour, l’un des auteurs de ce rapport réalisé pour le compte de la FSA (Food Standards Agency), l’agence britannique des normes alimentaires. Quelques légères différences ont bien été relevées mais elles ne sont pas statistiquement significatives. En tout état de cause, «il est improbable qu’elles soient d’une importance quelconque au regard de la santé publique», poursuit M. Dangour. «L’étude ne dit pas aux gens de ne plus acheter d’aliments bio, tempère Gill Fine, l’une des responsables de la FSA, en assurant que son organisation n’est ni pour ni contre la bio. Mais il est absolument essentiel de fournir au public des informations précises lui permettant de choisir ce qu’il mange en toute connaissance de cause

Ce n’est pas la première fois que les bénéfices nutritionnels de l’alimentation bio sont remis en question. En France, un rapport publié en 2003 par l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa) était déjà arrivé aux mêmes conclusions que son homologue britannique. «Les faibles écarts ou tendances pris individuellement, qui ont pu être mis en évidence pour quelques nutriments et dans certaines études entre la composition chimique et la valeur nutritionnelle des produits issus de l’agriculture biologique ou de l’agriculture conventionnelle, n’apparaissent pas significatifs en termes d’apport nutritionnel», concluait ce document qui fait toujours référence.

Un marché de 2,5 milliards d’euros

«Les conclusions de ces deux études sont très orientées, s’insurge Cécile Frissur, déléguée générale de Synabio, le Syndicat national des transformateurs de la filière bio qui reproche aux chercheurs de n’avoir pas tenu compte «des méthodes de l’agriculture biologique respectueuses de l’environnement et donc in fine de la santé des consommateurs».

De fait, l’étude de la FSA n’a pas abordé les teneurs en résidus de pesticides et autres polluants présents dans les aliments bio ou conventionnels. Les insecticides chimiques Lire la suite

Laure Noualhat : Je n’arrive pas à être écolo

liberation.fr, Laure Noualhat, le 28 juillet 2009

Je n’arrive pas à être écolo

Changer de comportements, d’habitudes, de système de valeurs… Le passage à l’acte n’est pas facile. Explications ludiques sur la quasi-impossibilité de vivre la vie en vert.

Après les épisodes riants où manger bio et pédaler quelques jours par an sur un Vélib’ rendaient le sauvetage de la planète excitant, Homo ecologicus jette l’éponge et s’en va déprimer à la campagne en 4 x 4, ambiance «Tout est foutu de toute façon…» Bah oui, tout est foutu, et alors ?

L’engouement pour le green donne des boutons à plus d’un humain. On le sent dans la presse (le Monde 2 :«Dur dur d’être écolo !» ; Elle : «L’écologie est-elle une nouvelle religion ?»…), où fleurit une écologie qualifiée de pénible, contraignante, peine-à-jouir et idéologue. Vivre en vert est-il voué à l’échec ?

Précontemplation

Le niveau d’information sur la crise écologique n’a jamais été aussi élevé, et pourtant, le passage à l’acte se fait attendre. D’où viennent les blocages ? Tels sont les thèmes défrichés par l’éco-psychologie, un mouvement qui pense la crise environnementale comme une crise morale, symptomatique de nos sociétés émotionnellement immatures. «Le changement passe par divers stades dont les deux premiers sont la précontemplation et la contemplation, explique Jean-Pierre Le Danff, écopsychologue qui anime un groupe de travail à la Fondation Nicolas Hulot. La majorité de nos contemporains n’en sont qu’à la précontemplation : ils sont de plus en plus nombreux à s’en faire une idée, mais elle n’a pas encore percolé dans leur être, en tant que réalité qui les touche et les concerne. Or, on ne change que quand on est en contact avec la réalité et qu’on voit les dangers actuels et futurs

Voir les dangers peut tétaniser ou sidérer. Or, être écolo s’apparente encore à un chemin pavé d’écogestes insuffisants, inadaptés ou impossibles à réaliser. A la première embûche venue, Homo modernicus, habitué à obtenir tout ce qu’il veut quand il le veut, tourne le dos aux solutions. Pourquoi lambine-t-on ? «La notion de limites apparaît insupportable à nos sociétés, analyse Séverine Millet, auteure de Nature humaine, une lettre électronique. Changer de comportement est insuffisant, la crise appelle à un revirement en profondeur du système de valeurs que notre éducation, notre culture, notre histoire ont contribué à forger.»

Or, chatouiller ce système ou les représentations sociales, c’est activer de puissantes résistances, inconscientes. Vu de l’extérieur, décrocher de la cigarette est simple comme un patch. De l’intérieur, tous les fumeurs ou ex-fumeurs savent que c’est bien plus complexe. Idem en écologie. On ne se désintoxique pas d’un système de valeurs en se contentant de manger, rouler, dormir, baiser bio, vert et équitable. Bien qu’utile, cela ne suffit pas. Loin s’en faut. Comment dépasser le stade comportemental ? Lire la suite

Pesticides : les écologistes ont gagné la bataille de l’opinion

lemonde.fr, Gaëlle Dupont, le 28 juillet 2009

Pesticides : les écologistes ont gagné la bataille de l’opinion

On pourrait les croire ennemis jurés, mais ils ne sont pas loin de s’apprécier. L’un, François Veillerette, préside le Mouvement pour le droit et le respect des générations futures (MDRGF), fer de lance de la dénonciation des dangers des pesticides pour la santé et l’environnement. L’autre, Jean-Charles Bocquet, dirige l’Union des industries pour la protection des plantes (UIPP). Il défend l’utilité de ces produits et les intérêts des entreprises « phytopharmaceutiques ».

« M. Bocquet est un lobbyiste redoutable, parce qu’il est très sympathique, s’amuse M. Veillerette. Il nous arrive de discuter après nous être écharpés dans des débats. Nous avons des attaches dans le même département. » M. Bocquet, de son côté, ne cache pas son « respect » pour la personne de M. Veillerette, et admet que les écologistes « ont fait progresser » les industriels.

Cette courtoisie n’empêche pas les deux adversaires de ferrailler sans pitié. Depuis quelques années, ils se concurrencent auprès des administrations, des élus, des médias et de l’opinion, pour faire valoir leur point de vue. Le MDRGF a été créé en 1996. « Rien de sérieux ne se faisait sur l’impact des pesticides en France, alors que les publications scientifiques se multipliaient aux Etats-Unis« , se souvient M. Veillerette.

Un petit frère de cette association, le Réseau environnement santé (RES), est né en mars 2009. Tous les produits chimiques sont dans sa ligne de mire. RES prône un « nouvel âge de la prévention », où l’on agirait avant que les dégâts sur la santé ne se soient produits, contrairement à ce qui a été fait pour l’amiante. « Cent mille substances ont été mises sur le marché sans évaluation« , rappelle le chercheur en évaluation des risques sanitaires André Cicolella, porte-parole du RES avec M. Veillerette.

Pour faire progresser leurs idées, les militants organisent des colloques, envoient des courriers, sollicitent des rendez-vous après de l’administration, des cabinets ministériels et des élus. « Les parlementaires de tous bords politiques sont sollicités, pas seulement les Verts« , souligne M. Veillerette.

LE POIDS DE L’AMIANTE

En face, les industriels font le même travail. M. Bocquet ne refuse jamais un débat, prêt s’il le faut à affronter des huées. L’UIPP a en outre recours à un cabinet de lobbying qui lui fournit une « cartographie des acteurs » à contacter. « Nous devons avoir connaissance le plus tôt possible des projets de loi et de réglementation« , explique M. Bocquet.

Les entreprises adhérentes de l’Union des industries chimiques (UIC, dont fait partie l’UIPP) emploient 180 000 personnes en France. Ces chiffres sont mis en avant. Mais aussi « les bénéfices des produits chimiques, qui sont toujours considérés comme acquis », selon Jean Pelin, le directeur de l’UIC. « Nos produits fournissent une alimentation en quantité et en qualité satisfaisante, à bas prix. Même s’ils ne veulent pas de nos produits, les consommateurs en bénéficient », renchérit M. Bocquet.

Qui domine le combat ? Lire la suite

Changement climatique : quel impact sur l’emploi ?

novethic.fr, Anne Farthouat, le 17 juillet 2009

Changement climatique : quel impact sur l’emploi ?

Qu’il soit atténué ou aggravé, le réchauffement climatique impactera le marché de l’emploi européen. Quels sont donc les secteurs menacés ? Qui pourra en tirer profit ?

Les 22 et 23 juin derniers, la Commission européenne organisait le Forum « Restructurations : Impact du changement climatique sur l’emploi », rassemblant plus de 300 décideurs politiques, représentants syndicaux et experts. L’occasion pour eux d’évaluer les conséquences du réchauffement climatique sur l’emploi européen, et de déterminer les secteurs les plus menacés, ceux qui profiteront de cette nouvelle donne internationale, et ceux, nombreux, qui auront inévitablement à s’adapter.

En ouverture du forum, Vladimir Špilda, commissaire chargé de l’Emploi, des Affaires sociales et de l’Égalité des chances, annonce clairement la couleur : « Ne nous voilons pas la face, la transition vers une économie sobre en carbone, même si elle est positive, s’accompagnera d’ajustements, notamment sur le front de l’emploi, qui pourraient être douloureux, au moins à court et moyen termes. » Un constat dressé depuis déjà quelques années, notamment par la Commission européenne et la Confédération Européenne des Syndicats, suite à une étude menée conjointement avec le cabinet Syndex. Parus en mai 2007, leurs travaux présageaient déjà « d’importants effets de redistribution entre secteurs et entre pays, même dans les cas des scénarios optimistes basés sur un réchauffement mondial de 2°C. » L’impact serait ainsi plus négatif en Europe méridionale qu’au nord du continent, et toucherait davantage les secteurs primaires, tels que l’agriculture, la foresterie, ou encore la pêche. Le tourisme subirait également une forte secousse, notamment via la baisse d’activité des stations de sports d’hiver à basse et moyenne altitudes, entraînant des conséquences néfastes sur l’emploi local. De son côté, l’industrie des assurances risque de souffrir du coût croissant des dommages, et de le reporter sur les autres secteurs économiques. Sans compter les révisions inéluctables de l’aménagement du territoire européen, qui impacteront forcément le marché de l’emploi.

Automobile et énergies fossiles touchées

Outre les conséquences directes, celle des politiques de lutte contre le réchauffement seront tout aussi fatales pour certains secteurs. Premier en ligne de mire : l’industrie de la sidérurgie, qui pourrait subir d’ici 2030 des pertes de l’ordre de 50 000 emplois sur les 350 000 pour l’ensemble de l’Union Européenne. Le déclin dans la filière automobile pourrait quant à lui atteindre les 60% de réduction d’effectifs, sans même tenir compte des effets de la crise économique. Et du côté de la filière charbon, la moitié des emplois semblent voués à disparaître. Le WWF envisage pour sa part une perte de 107 000 emplois dans l’automobile et 138 000 dans le secteur de l’énergie européen d’ici 2020. 

L’emploi comme argument des politiques environnementales

Pour autant, les emplois créés dans les secteurs émergents pourraient équilibrer la balance. Selon une étude de la Commission européenne publiée le 2 juin dernier, « si l’objectif de Lire la suite

Enquête sur les associations environnementales d’Aquitaine

La mobilisation des associations environnementales d’Aquitaine contre la crise écologique, MNE, Avril 2008

  • 500 associations environnementales en Aquitaine
  • 60 000 adhérents / 2 % des Aquitains
  • 5 000 administrateurs, cadres bénévoles
  • 850 salariés / 1 % de l’emploi associatif de la région
  • Des milliers d’actions directes ou indirectes de préservation de l’environnement
  • Quatre « grands » réseaux associatifs : la SEPANSO Aquitaine, le GRAINE Aquitaine, les Maisons de la Nature et de l’Environnement Bordeaux-Aquitaine et de Pau

Les activités principales : Lire la suite

Saint-Cézert. Le chanvre séduit les agriculteurs

ladepeche.fr, Catherine Morzelle, le 25 juillet 2009

Saint-Cézert. Le chanvre séduit les agriculteurs

Le chanvre semble attirer les agriculteurs dans le Nord Toulousain. La coopérative d’Ondes se réjouit : «Nous avons commencé il y a quatre ans avec 50 hectares plantés. Aujourd’hui, il y a 2 000 hectares en Haute-Garonne. La demande de chanvre a été étendue avec 3000 hectares plantés en Midi Pyrénées et dans le Béarn.»

Plante sobre, cultivée sans irrigation et intrans, le chanvre apporte de l’azote au sol et favorise les cultures suivantes.

Une demande soutenue

«Les techniques de récoltes et les matériels sont au point. La filière deviendra rentable rapidement. L’objectif est d’atteindre les 6 000 hectares par an, soit 10% de la surface utile régionale. La demande de chanvre est soutenue et la laine de verre sera interdite en 2012. La graine et le chenevis valent entre 300 et 400 euros le quintal», indique le responsable Euralys.

A Saint-Cézert, Michel Souriat explique : « Treize générations d’agriculteurs ont vécu dans cette ferme. Nous sommes à contre-courant de la société en visant le long terme du capital et non le profit immédiat. Je ne fais pas de chanvre. Je réflécis. Mon métier consiste à mener la culture dont je rêve. Je donne les soins aux plantes en conséquence.»

Cette année, le maïs est attaqué par la pyrale. Le colza a eu un champignon et des colonnies de pucerons cendrés. Le tournesol a attrapé un ver, le taupin . «J’accompagne la nature. Lire la suite

Purin d’ortie : L’engrais de mémé toujours hors-la-loi

environnement.blogs.libération.fr, Laure Noualhat, le 27 juillet 2009

L’engrais de mémé toujours hors-la-loi

Tout le monde connait le purin d’orties, le formidable engrais dont mémé nous a refilé la recette il y a un siècle. Le purin est au coeur d’un imbroglio administratif comme seule la France sait en faire pousser. En effet, chacun a le droit d’utiliser du purin ou de la fougère repousse-chenille dans son jardin, mais personne n’a le droit de promouvoir ou de vendre ces recettes ancestrales. Depuis des années, l’administration -surtout celle du ministère de l’agriculture- cherche des noises au purin, mais aussi à la prêle, la consoude, la fougère, le margousier, …, bref à toutes les plantes qui font du bien aux plantes.

Remarquez, c’est la faute à la loi, pas à ceux qui l’appliquent. En 2006, quand le projet de loi d’orientation agricole a été discuté à l’Assemblée, certains ont découvert avec effroi qu’un des articles allait empêcher la diffusion de recettes et de savoirs naturels et ancestraux destinés à protéger les plantes par les plantes. La même année, en plein milieu de l’été, des agents de la Direction générale de l’agriculture et de la forêt (Draf) et de la Direction générale de la concurrence et de la répression des fraudes (Dgccrf) ont perquisitionné chez un paisible horticulteur de l’Ain. Son crime ? Dispenser des stages sur les soins des arbres par les plantes en refilant moult bons tuyaux sur la confection de préparations naturelles. Le procès verbal alors dressé avait provoqué l’ire des jardiniers du dimanche, des amateurs de bio et des professionnels d’une agriculture sans chimie de synthèse. Quoi ? L’engrais de mémé hors-la-loi ?

Gêné aux entournures, le ministère de l’agriculture avait promis de simplifier l’échange et la commercialisation des « préparations naturelles peu préoccupantes », les PNPP. Le décret vient de sortir et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il ne simplifie rien du tout. Pire même, il bloque tout. Que dit-il? Que les préparations naturelles doivent avoir « fait l’objet d’une procédure d’inscription sur la liste communautaire des substances actives ». En français: qu’il faut claquer 300 000 à 500 000 euros d’études en écotoxicologie pour prouver l’innocuité d’une recette qui a fait ses preuves depuis que l’être humain sait biner.

« Avant le décret, donner ou vendre du purin d’ortie était interdit. Après le décret, ça l’est encore. » explique Vincent Mazière de l’Association pour la promotion des PNPP. A l’Institut technique de l’agriculture biologique, on a essayé de jouer le jeu communautaire et de constituer un dossier pour inscrire la prêle à la fameuse liste de substances actives. Pfiou, presque deux ans de travail et quelque 80 000 euros n’ont pas suffi pour y parvenir. Il se murmure qu’il faut Lire la suite

Quand M. Allègre invente « l’écologie productive », la planète pleure

lespetitspoissonsrouges.org, Corinne Morel Darleux, le 17 juillet 2009

Quand M. Allègre invente « l’écologie productive », la planète pleure

Dans une tribune publiée ce jour dans Libération, M. Allègre poursuit son entreprise de sape. Avec des positions pour le moins partielles et partiales…

Mal informé, l’ancien Ministre ? Aidons-le un peu.

Quand il mentionne le Club de Rome, le concept de décroissance et la notion de frugalité (pour les taxer d’écologie « dénonciatrice et punitive »), on mesure bien l’étendue de son cadre de référence politique. Le plus loin qu’il daigne aller sur le terrain de la radicalité, c’est Nicolas Hulot et les Verts, ces dangereux extrémistes… Visiblement M. Allègre n’a jamais entendu parler des objecteurs de croissance ni de la sobriété joyeuse… Chiche, on l’abonne à la Décroissance ?

Quand il évoque le nucléaire, c’est pour nous annoncer que la 4e génération multipliera les réserves d’uranium par 100 (il doit vouloir dire le temps d’épuisement des réserves, mais passons) et détruira les déchets à vie longue. Petit décryptage d’utilité publique : sous l’appellation de « 4e génération », c’est en fait le retour en fanfare du projet Superphénix, pourtant fermé en 1997 sous la pression de l’opinion publique (aka nous, les rétrogrades). Et ce, après avoir englouti 10 milliards d’euros ! Un réacteur fonctionnant au sodium, hautement inflammable au contact de l’air et de l’eau, une centrale toujours en cours de démantèlement et à hauts risques… La seule chose certaine dans ce type de projet, c’est sa capacité à engloutir plusieurs milliards d’euros, sans garantie de résultats. Autant d’argent public qui ne sera pas affecté aux nécessaires programmes de maîtrise de l’énergie ou de développement des renouvelables… On l’inscrit à Sortir du Nucléaire ?

Quand il dénonce les méfaits de l’agriculture chimique, on se prend à espérer à un salutaire retour à la réalité. Raté. C’est pour mieux nous livrer sa solution miracle : les plantes génétiquement modifiés (PGM) ! On se pince. Et si on suggérait à Sarkozy, qui voulait en faire son Ministre, de l’inviter lors de son prochain déplacement éclair dans les pays du Sud ? Pourquoi pas en Inde, tiens, où les paysans sont acculés à la ruine par Monsanto, ou en Afrique du Sud où 82 000 hectares de maïs génétiquement modifiés se sont avérés stériles ? Mais fi de la souveraineté alimentaire ! Pour M. Allègre, l’avenir de l’agriculture doit être envisagé à l’aune du droit des agriculteurs (du Nord, sans doute) à « être compétitifs sur un marché désormais international de plus en plus sévère ». Allez, on l’abonne à une AMAP ?

Enfin, la coupe ne saurait être pleine sans cette bonne tarte à la crème de la foi scientiste volant au secours du climat. Kyoto est un fiasco, Copenhague ne sera pas mieux ? Pourquoi pas… Une seule solution : l’innovation ? Pourquoi pas… Mais pas n’importe laquelle, attention, car après quelques considérations floues sur les renouvelables, on sent bien que l’avenir de l’ « écologie dynamique », celle qui crée des emplois et relance la compétitivité, s’appelle pour M. Allègre : capture et stockage du CO2 ou encore voitures électriques (voilà qui assurerait la croissance de l’industrie nucléaire, au moins ce monsieur est cohérent). Dites, on lui offre un vélo ?

Pour Allègre, l’écologie « non productive » signerait l’arrêt du progrès. Lui appelle de ses voeux une « société de liberté, de libre entreprise et de progrès constant », enfin, une « vision Lire la suite

Grenelle environnement, le Grenelle 1 adopté à la quasi-unanimité.

actualites-news-environnement.com, Jean-Charles Batenbaum, le 24 juillet 2009

Grenelle environnement, le grenelle 1 adopté à la quasi-unanimité.

Le projet de loi de mise en œuvre du Grenelle environnement, dite Grenelle 1, a été adopté à la quasi-unanimité par le parlement. Jean-Louis Borloo a remercié le Parlement français qui, selon le ministre de l’environnement, « se situe à l’avant-garde de la mutation écologique ».

Après deux lectures dans chaque chambre du Parlement, l’Assemblée nationale puis le Sénat ont définitivement adopté le projet de loi Grenelle 1, par un vote quasi unanime, projet de loi qui transcrit les engagements pris par les acteurs du Grenelle de l’environnement.

Selon le ministre de l’environnement Jean-Louis Borloo, les chantiers engagés dans le cadre du projet de loi Grenelle 1 permettront de réduire « de 25% la consommation d’énergie fossile de la France d’ici 2020. » Ces chantiers permettront aussi « de maintenir ou de créer plus de 600 000 emplois sur 2009-2020 dans tous les secteurs de la croissance verte. »

A noter que les parlementaires ont introduit des avancées au projet de loi Grenelle 1 comme le renversement de la charge de la preuve au bénéfice des décisions respectueuses de l’environnement, la création d’un carnet de santé individuel pour les salariés, ou l’augmentation de la part des énergies renouvelables dans le bouquet énergétique français de 20% à 23% à l’horizon 2020.

France Nature Environnement et ses associations membres, la LPO (Ligue pour la protection des oiseaux) et la Ligue ROC ainsi que la Fondation Nicolas Hulot pour la Nature et l’Homme dressent un premier bilan non exhaustif du processus Grenelle environnement.

Lancée au début de l’été 2007, ce processus a commencé par la mise en place de groupes de travail thématiques associant différents acteurs de la société française regroupés dans 5 collèges (Etat, collectivités territoriales, ONG, syndicat, patronat). Ces groupes de travail avaient pour mission de faire émerger des propositions consensuelles pour amorcer la transition écologique de notre pays. Fin octobre 2007, les négociations finales entre les 5 collèges du Grenelle ont abouti à l’adoption de 273 engagements.

La seconde étape du Grenelle environnement, celle de la mise en œuvre des engagements a alors démarré. Elle prend différentes formes : les lois spécifiquement dédiées au Grenelle mais aussi d’autres lois intégrant certaines mesures (cf. OGM, loi de finance et responsabilité environnementale), des textes réglementaires ou des accords volontaires entre acteurs.

La loi Grenelle 1, rendue publique par le gouvernement en avril 2008, a pour objet d’entériner les grands objectifs et les principales mesures adoptées en octobre 2007. C’est une loi de caractère général. Son adoption est loin de marquer la fin du processus : la direction générale est désormais fixée mais la traduction réelle, dans notre quotidien, de la majorité des engagements du Grenelle devra attendre l’adoption d’autres textes législatifs (Grenelle 2 en particulier) et surtout réglementaires déclinant concrètement les grands objectifs.

Ainsi, au-delà de l’analyse du contenu de Grenelle 1, les organisations « tiennent à souligner la lenteur du processus. Il a fallu deux ans pour inscrire dans la loi les grands objectifs et les principaux outils. Certes, de nombreux chantiers ont avancé en parallèle. Ainsi, l’étude sur la Contribution Climat Energie ou le doublement du crédit d’impôt pour les installations en agriculture biologique prévus dans Grenelle 1 ont déjà été réalisés. De même le processus de création de parcs nationaux a débuté. »

De façon générale, les organisations écologistes « tiennent à souligner l’investissement des parlementaires sur la loi Grenelle 1 dont témoigne le fait qu’à chaque lecture le Sénat et l’Assemblée Nationale ont voté de façon quasi unanime. Les débats ont, par ailleurs, révélé une prise de conscience croissante de ces enjeux parmi les parlementaires. Les travaux parlementaires ont enrichi la loi sur certains points, comme le renversement de la charge de la preuve. »

Grenelle 1 et renversement de la charge de la preuve

Dans son discours de restitution des tables rondes d’octobre 2007, le Président de la République avait insisté sur un principe essentiel : le renversement de la charge de la preuve. L’adoption de ce principe pour structurer la prise de décision serait véritablement le signe d’une transformation de notre société.

En effet, il revient aujourd’hui aux autorités publiques ou aux acteurs de la société civile de prouver qu’un projet porte atteinte à l’environnement pour empêcher sa mise en œuvre. Le renversement de la charge de la preuve se manifesterait par le fait que ce serait désormais à l’initiateur d’un projet de démontrer que celui-ci n’a pas Lire la suite

Lot et Garonne : Conservatoire végétal régional de Montesquieu

sudouest.com, Rémy Dodet, le 22 Juillet 2009

MONTESQUIEU. Sous la férule d’Évelyne Leterme, le Conservatoire végétal recense et valorise les espèces fruitières de la région

Fruits défendus à la pelle Pratique

Alors qu’il se promène dans cette verdoyante vallée de la Garonne, soudain, une pomme bien mûre lui frappe violemment la tête… Détrompez-vous, point d’Isaac Newton et de gravitation universelle, cette scène est courante pour les visiteurs parcourant les allées fleuries du Conservatoire végétal régional de Montesquieu.

C’est Évelyne Leterme qui, en 1980, fonda ce dernier sur le domaine de Barolle après avoir constaté que certains arbres fruitiers étaient en voie de disparition : « L’objectif était de rechercher les variétés anciennes plantées dans nos campagnes. » En 1996, c’est encore elle qui dota le lieu d’un verger musée dans l’idée de sensibiliser le public à sa noble cause : protéger et valoriser le patrimoine végétal aquitain. On la soupçonnerait presque, le vin en moins, d’avoir du sang dionysien dans ses veines. Depuis 2006, cinq passionnés l’assistent à plein-temps pendant que les 737 bénévoles de l’association de soutien lui apportent une aide précieuse.

Une diversité spectaculaire

De nombreux vergers annexes du Conservatoire sont éparpillés aux quatre coins de la région, mais seul celui de Montesquieu peut se targuer d’offrir aux papilles des curieux l’ensemble des ressources fruitières régionales. Sur un éventail de 16 espèces, pas moins de 550 variétés fruitières et 140 cépages locaux sont répertoriés dans le verger musée. Les pommiers, pruniers, cerisiers, abricotiers et pêchers voient pousser sur leurs branches des douceurs dont les visiteurs se délectent en toute impunité ! Comme à l’époque des Romains, fruitiers et vignes se côtoient sur les mêmes rangées et nous rapprochent un peu plus des racines de l’agriculture locale.

Le fruit dicte sa loi

À Montesquieu, le fruit dicte sa loi. Et l’injonction de manger cinq fruits et légumes par jour fait sourire. Même les haies ceignant les vergers sont ornées de cerises, noisettes et autres amandes : « Les parasites se concentrent sur les haies et s’attaquent moins aux cultures, ce qui limite nos besoins en insecticides » explique la propriétaire du lieu, fière de promouvoir une « agriculture moderne aux techniques traditionnelles ».

Vendre pour diffuser

L’exploitation n’est financée par les fonds publics qu’à hauteur de 30 %. Elle assume le reste grâce aux visites et par la vente de fruits, de livres et de 30 000 arbres à l’année. Pourtant, la fondatrice n’a cure des considérations mercantiles inhérentes à toute exploitation agricole : « la vente d’arbres constitue le seul moyen de les sortir de l’oubli ». Si les nécessités financières sont évidentes, le Conservatoire vend surtout pour diffuser ses variétés.

La pêche Roussane de Monein illustre à merveille cette volonté Lire la suite

Claude Allègre : L’écologie non productive, c’est quoi ?

liberation.fr, Claude Allègre, ancien ministre, le 17 juillet 2009

L’écologie non productive, c’est quoi ?

Présentant la fondation que je suis entrain de créer avec pour titre Ecologie productive, un journaliste s’est interrogé. Qu’est ce que l’écologie non-productive ? Il m’incombait donc d’éclairer sa lanterne.

L’écologie productive est la démarche qui consiste à résoudre les problèmes écologiques en créant de nouveaux emplois et de nouvelles richesses. C’est ce que l’on appelle parfois la croissance verte, concept que j’ai contribué à définir et à développer depuis vingt ans (dans mes livres Economiser la planète, Fayard, 1990 et Ecologie des villes, écologie des champs, Fayard, 1993). Cette démarche s’oppose radicalement à la vision, hélas très répandue, qui a vu le jour dans les années 1970 avec le fameux rapport du Club de Rome «Halte à la croissance» et qui s’est prolongée plus récemment avec les concepts de décroissance et de frugalité prospective, qui constituent la base du livre de Nicolas Hulot le Pacte écologique aussi bien que le programme des Verts.

A une écologie dénonciatrice et punitive, qui ne voit l’écologie que comme l’annonce de catastrophes, la multiplication de taxes, des interdictions diverses et, l’arrêt du progrès, («le progrès pose problème», écrit Hulot), nous souhaitons substituer une écologie de la création, de l’invention, du dépassement, de la réparation qui débouche sur la croissance économique en même temps que l’établissement d’une certaine harmonie entre l’homme et la nature mais dans laquelle l’homme n’est jamais sacrifié aux exigences écologiques.

Prenons trois exemples pour illustrer cette démarche. L’énergie nucléaire est à l’évidence une source d’énergie essentielle à notre développement futur et l’on ne dénoncera jamais assez les dommages créés à l’Europe par les verts allemands en interdisant à ce pays cette source d’énergie ! Mais peut-on, d’un autre côté, ignorer qu’avec la technologie actuelle nous produisons des déchets potentiellement dangereux et que les réserves d’uranium ne dépassent pas un siècle ? La solution ce n’est pas l’abandon du nucléaire, c’est de développer la technologie dite de «quatrième génération» qui utilisera 97 % de l’uranium multipliant les réserves par 100 et qui détruira les déchets à vie longue rendant cette filière plus sûre.

Second exemple, les pesticides, insecticides et engrais. Il est exact que le développement excessif de la «chimie agricole» a conduit à créer des problèmes de pollution alimentaire pour les humains, les animaux domestiques mais aussi les animaux sauvages. La décroissance des populations d’oiseaux, des rivières trouve sans aucun doute sa source dans la pollution. Faire semblant de l’ignorer n’est pas responsable pas plus qu’accuser les agriculteurs et leur interdire les moyens de continuer a être compétitifs sur un marché désormais international de plus en plus sévère. La solution, c’est de développer les plantes génétiquement modifiées qui permettront d’éviter les pesticides, les insecticides, en partie les engrais et qui permettront de minimiser les besoins en eaux ou les contraintes de salinité. L’avenir de l’agriculture est là !

Troisième exemple, le contrôle du gaz carbonique. Laissons de côté la question des prévisions climatiques car elle sera réglée par les faits d’observations à condition de ne pas les masquer (pourquoi cache-t-on ces jours-ci le fait que la banquise arctique Lire la suite

Correns : un bien bio village provencal…

mescoursespourlaplanete.com, NC, le13 juillet 2009

Correns : un bien bio village provencal…

Avec les chaleurs estivales, les escapades nature en Provence se multiplient – c’est l’occasion de découvrir, ou de redécouvrir, le premier village bio de France, Correns, une commune de 800 habitants au cœur de la  »Provence Verte », à 15 km de Brignoles, dans le Var. Comment tout cela a-t-il commencé ? En 1997, la culture ancestrale de la vigne sur des parcelles de petite taille, avec une production atypique de vin blanc en territoire Côtes de Provence, avait tendance à s’essouffler. Le risque était que Correns abandonne son activité économique principale (la viticulture) et donc ses terres agricoles pour devenir un village-dortoir déserté par les jeunes et prisé des promoteurs immobiliers. Il fallait trouver un moyen d’accroître la valeur de la production locale et la conversion à l’Agriculture Biologique, adaptée aux petites surfaces, apparut comme une évidence au Maire, lui-même vigneron et ingénieur agronome, alors que l’Etat venait de mettre en place des mesures incitatives à la conversion vers l’agriculture biologique. Aujourd’hui, 95% des terres du village, soit près de 250 hectares, sont cultivées selon les normes de l’Agriculture Biologique : au total, cela concerne 80 agriculteurs dont une cave coopérative, trois domaines viticoles, deux éleveuses de volailles et productrices d’ œufs, un apiculteur, un éleveur de chèvre installé par la commune dont le troupeau permet une bonne gestion de la forêt (dont le risque incendie) et la fabrication de fromages de chèvre, un céréalier, deux maraîchers, un spécialiste des plantes à parfum aromatiques et médicinales. Sur sa lancée, la commune a pris des engagements importants sur l’éco-construction et la Haute Qualité Environnementale (la Mairie a été réhabilitée selon cette démarche, et propose des conseils gratuits lors des demandes de permis de construire des habitants), les cantines bio (un repas bio est servi chaque semaine à la cantine scolaire et le village organise chaque année depuis 2000, le troisième week-end d’août, la Fête de la Bio et du Naturel) et les énergies renouvelables (le chauffage urbain est assuré par une chaudière « bois-énergie » à partir de plaquettes forestières). Plus de dix ans après, l’aventure est un succès : les jeunes sont restés au village, les commerces prospèrent, La Poste est toujours là ainsi que l’école maternelle-primaire (signe de la présence de nombreuses familles), tandis que les gîtes et chambres d’hôtes se sont multipliés (160 lits d’hébergement) pour héberger les touristes attirés par l’étiquette « verte ».

Récompensé plusieurs fois officiellement pour cette politique, le village l’a également été l’an dernier par les bio-people Lire la suite

Bordeaux 20 et 21 octobre 2009, le DD : un levier pour sortir de la crise

cdurable.info, David Naulin, le 15 juillet 2009

Les 6es Ateliers du Développement Durable

Le développement durable : un levier pour sortir de la crise ?

Bordeaux 20 et 21 octobre 2009

La crise actuelle nous inciterait-elle à changer de système ? C’est le parti pris de ces 6es Ateliers du Développement Durable. Les entreprises, les collectivités, ou encore les acteurs économiques et sociaux ont en effet besoin d’idées, d’inspirations, de méthodes et de retours d’expériences novatrices pour s’installer durablement dans le XXIe siècle, en considérant cette crise comme un prétexte pour modifier nos comportements.

« Le développement durable : un levier pour sortir de la crise ? » est donc le thème central cette année. Concrètement, les deux journées démontreront comment et pourquoi la prise en compte du développement durable dans les politiques publiques peut contribuer à résoudre la crise actuelle. Bordeaux accueillera les Ateliers du Développement Durable du 20 au 21 octobre.

Organisés par IDEAL Connaissances, avec le Conseil régional d’Aquitaine, le Conseil général de Gironde et la Communauté urbaine de Bordeaux, en partenariat avec la Ville de Bordeaux, les Ateliers du Développement Durable attendent une quarantaine d’intervenants et plus de 500 participants. Un programme riche de 16 conférences et ateliers !

Répartis en 4 grandes thématiques, correspondant aux 4 grandes crises actuelles, les Ateliers du Développement Durable apporteront des solutions pour chacune des problématiques abordées :

Le dysfonctionnement urbain

 Urbanisme durable : au delà des éco-quartiers…

 Quelles solutions pour maîtriser l’étalement urbain ?

 Logement social durable : comment agir sur l’existant et adapter les logements sociaux ?

 Comment mettre en oeuvre un développement urbain, intégré, durable et solidaire ?

La crise alimentaire

 L’agriculture et crise alimentaire : la fin d’un modèle

 Comment adapter l’agriculture et la sylviculture au changement de demain ? Lire la suite

Collectivités et CUB : Maintenir la ceinture verte de l’agglo bordelaise

sudouest.com, Laurie Bosdecher, le 21 Juillet 2009

AGRICULTURE. Comment sauver la zone maraîchère le long des jalles, laissée peu à peu à l’abandon ? Les collectivités montent au créneau, proposant formation et réaménagement

De l’engrais pour les légumes

Ils sont une quinzaine aujourd’hui sur Eysines. Cent cinquante, il y a un siècle. Ils souffrent, des prix imposés par la grande distribution, de marges de plus en plus faibles. Et pourtant les maraîchers en bord de jalles travaillent beaucoup.

Ceux qui vont partir à la retraite dans les prochaines années n’ont, pour la plupart, personne pour reprendre leur exploitation. La situation n’est pas nouvelle. 50 % de la zone n’est plus exploitée aujourd’hui.

Face à cette situation, la profession est aujourd’hui partagée entre laisser mourir l’activité ou relever le défi de la pérenniser. Cette dernière option est celle des collectivités locales. En premier lieu, la ville d’Eysines qui veut la redynamiser. Elle est aujourd’hui suivie par les communes voisines où s’étend la vallée maraîchère : Bruges, Blanquefort, Le Taillan et Le Haillan.

460 hectares à aménager

« Il y a un bassin potentiel de 800 000 personnes à nourrir avec des produits de qualité sur l’agglomération, relève le premier adjoint au maire, Daniel Dougados. Avec l’explosion des circuits courts, le retour à la vente directe, le pullulement des Amap (association pour le maintien d’une agriculture paysanne) sur la Communauté urbaine, il ne faut pas louper le créneau. Certes, les maraîchers vont être amenés à changer leurs méthodes de travail, faire de l’agriculture raisonnée, mais ça peut marcher. » Une zone intercommunale d’aménagement foncier vient d’être créée. Sous l’égide du Conseil général, un périmètre de 466 hectares doit être dédié au maraîchage.

Mais il faut l’aménager. Aujourd’hui dans cette zone, beaucoup de propriétés sont morcelées, le réseau hydraulique obsolète et certaines parties, trop humides, devenues inaccessibles pour les engins agricoles. Différentes études ont été menées, des objectifs fixés. Ils seront soumis à enquête publique dans les prochains moins.

Former aux circuits courts

Réaménager ne suffira pas pour convaincre de jeunes professionnels de venir s’installer en bord de jalles. À partir de la rentrée de septembre, une formation, financée par la Région, va permettre à une douzaine de stagiaires de passer un brevet professionnel au lycée agricole de Blanquefort. « L’objectif n’est pas seulement de leur donner les bases du métier mais aussi de les aider à s’installer. » Interpellée par les professionnels de la zone sur le manque de bras à venir dans les prochaines années la députée du Médoc, Pascale Got, s’est personnellement investie dans le dossier.

Elle a convaincu des maraîchers d’Eysines d’être partie prenante dans ce projet. Ainsi des parcelles Lire la suite

Les enjeux de l’agriculture de demain

actu-environnement.com, S.Fabregat, le 9 juillet 2009

Les enjeux de l’agriculture de demain

Les systèmes de production actuels, hérités de la phase de modernisation agricole, doivent évoluer pour répondre aux défis de demain. Enjeux environnementaux et sanitaires en font partie. Le pôle EGER de l’INRA fait le point

L’agriculture doit évoluer. L’utilisation excessive de produits phytosanitaires, les techniques de travail des sols et l’organisation de la production doivent nécessairement s’adapter pour répondre aux enjeux actuels. Changement climatique, épuisement des ressources fossiles mais aussi enjeux environnementaux (protection de la biodiversité, lutte contre les pollutions…) et sanitaires imposent un changement de modèle pour tendre vers plus de durabilité.
Le système de culture intensif, fondé sur la recherche de forts rendements et donc très consommateur de pesticides, lancé après-guerre, reste le modèle dominant aujourd’hui en France. Pourtant, d’autres voies montrent que d’autres modes de productions sont possibles : l’agriculture intégrée voire raisonnée ou encore biologique.

Le pôle EGER de l’Institut national de la recherche agronomique (INRA) fédère des unités de recherche travaillant sur les thématiques de l’agriculture et l’environnement. L’objectif est de répondre aux demandes sociétales d’adaptation des systèmes de production. Une dizaine d’unités pluridisciplinaires travaillent actuellement sur ces sujets. Un forum était organisé le 25 juin dernier sur le thème « concevoir l’agriculture du futur ».

Emettre moins de gaz à effet de serre

Comme toutes les activités humaines, l’agriculture est source de gaz à effet de serre. Selon l’INRA, elle aurait contribué en 2008 à 20 % du pouvoir de réchauffement global. Les principales émissions directes concernent le méthane et le protoxyde d’azote. L’agriculture serait à l’origine de 80 % des émissions de méthane, principalement liée à la fermentation entérique des ruminants. 83 % des émissions de protoxyde d’azote en France proviendraient des sols cultivés, conséquence de la fertilisation azotée des cultures et prairies, incluant les apports d’effluents organiques. Les émissions de dioxyde de carbone sont quant à elles limitées (2 %) car seule la consommation de carburants fossiles est prise en compte.
La recherche travaille aujourd’hui à l’élaboration de systèmes de production avec pour objectif de réduire de moitié les émissions de gaz à effet de serre. Mais il reste difficile d’évaluer précisément ces flux d’émissions diffuses, qui dépendent également d’autres variantes (climat, sol…).

Utiliser moins de pesticides

Les pesticides utilisés pour traiter les cultures persistent en partie dans les sols et sont également transférés dans les eaux de surface et l’atmosphère. Cette dispersion dans l’environnement est problématique en France, d’autant que le pays est le premier consommateur de produits phytosanitaires européen. La société s’oppose d’ailleurs de plus en plus à l’usage de ces substances, en raison de leur dangerosité pour la santé et l’environnement. Selon un sondage Ifop / Mouvement pour le Droit et le Respect des Générations Futures (MDRGF), paru en octobre 2008, 95 % des personnes interrogées jugeaient très important (70 %) ou important (25 %) que les agriculteurs diminuent de moitié la fréquence des traitements des cultures par des pesticides dans les 10 ans à venir.
Si la recherche travaille à Lire la suite

Les assiettes européennes, combien de pesticides ?

liberation.fr, Laure Noualhat, le 13 juillet 2009

Les assiettes européennes, combien de pesticides ?

Alimentation. Une étude présente les résultats d’analyses massives.

L’Union européenne vient de publier les résultats d’une étude sur les résidus de pesticides dans les fruits, légumes et céréales européens. Au fil des préoccupations environnementales, c’est devenu un sujet de saison qui pousse chaque été à l’ombre d’une liste angoissante de molécules chimiques. La France est toujours l’une des plus mauvaises élèves de la classe européenne…

En a-t-on trouvé beaucoup ?

Oui en quantité, non en dose. Le rapport annuel de l’Agence européenne de sécurité alimentaire (1) distingue deux choses : la présence du pesticide et les limites maximales résiduelles (LMR), la première n’induisant pas le dépassement de la seconde. Le rapport révèle donc la présence de produits phytosanitaires de synthèse dans 45 % des céréales, fruits et légumes analysés dans les 27 Etats membres, mais 96 % des denrées testées ne dépassent pas les limites. L’analyse des 74 305 échantillons de plus de 350 marchandises a permis de détecter 374 pesticides différents, dont 72 dans les céréales. Et 25 % contiennent plusieurs molécules simultanément, contre 15 % il y a dix ans. En France, 52,24 % des échantillons contiennent des produits phytosanitaires de synthèse et 8,54 % dépassent les LMR. Plus grosse consommatrice de pesticides en Europe (110 000 tonnes, dont 100 000 pour l’agriculture), la France est un des cancres de l’Union.

Leur présence est-elle un scoop ?

Non. Les pratiques de l’agriculture intensive rendent inévitable la présence de ces produits dans les aliments. Leur usage et leur présence sont sous surveillance depuis 1995. En 2007, le dernier rapport de la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) a montré des résidus dans un fruit ou un légume sur deux. Mais tout est question de quantité : 44,5 % des échantillons présentaient des teneurs inférieures aux LMR. Seuls 7,6 % les dépassaient. Au rayon des moins respectueux des limites, on compte poivrons, tomates, poireaux, laitues pour les légumes ; fraises, raisins et mandarines pour les fruits.

Est-il possible de les éviter ?

Non. Les LMR de pesticides correspondent aux quantités maximales attendues. Elles sont établies à partir des bonnes pratiques agricoles fixées lors de l’autorisation de mise sur le marché du produit phytosanitaire. C’est donc à l’agriculteur de respecter les informations fournies sur l’étiquette du bidon : la dose, le nombre et le rythme d’applications. Il existe donc une LMR pour chaque fruit, légume (ni lavé, ni épluché) ou céréale. Et pour chaque pesticide. Lors de la mise sur le marché de ce dernier, on mène aussi des essais sur les produits transformés (jus de tomates, farine, bière…). Le Grenelle de l’environnement prévoit de diviser par deux l’usage de pesticides d’ici à 2017. Même les produits issus de l’agriculture biologique, qui bannit l’usage de pesticides de synthèse, présentent des résidus ; 1,24 % seulement dépasse les LMR.

Est-ce dangereux pour la santé ?

Tout dépend Lire la suite

Jean Zin : Relocalisation, mode d’emploi

jeanzin.fr, jean Zin, le 14 juillet 2009

Relocalisation, mode d’emploi

La relocalisation économique et politique se trouve au cœur de l’écologie-politique et ceci, non pas tant pour économiser de l’énergie, comme le croient ceux qui réduisent la question écologique à celle de l’énergie, mais bien pour équilibrer la globalisation marchande et préserver notre milieu, notre qualité de vie, nos échanges humains, pour réhabiter notre territoire enfin, en traduisant une pensée globale en agir local.

La relocalisation n’a pas les inconvénients d’un protectionnisme national ou européen qui pour être en partie nécessaire ne peut aller trop loin désormais au risque d’attiser les conflits. On peut donc s’étonner qu’on ne parle pas plus de relocalisation alors qu’elle constitue une composante essentielle de la sortie de crise et devrait être centrale au moins dans les programmes écologistes. On aimerait effectivement que les partis écologistes proposent les voies d’une véritable alternative et ne se contentent pas de vouloir accumuler des contraintes et des mesures isolées sensées réduire un productivisme qu’on sait pourtant consubstantiel au capitalisme, ne pouvant absolument pas se passer de croissance !

Changer de système de production

Encore faut-il savoir comment arriver à une relocalisation qui marche ainsi qu’à une sortie du productivisme salarial. Il ne s’agit pas simplement de grands mots ou de petits gestes, ni de prendre ses désirs pour la réalité, mais de nouveaux rapports de production qui doivent faire système et s’adapter aux nouvelles forces productives immatérielles (c’est le travail qui est devenu immatériel bien plus que les produits dont une bonne part reste évidemment matérielle).

Essayer de penser l’après-capitalisme n’est pas s’imaginer que son dépassement puisse être immédiat, comme s’il suffisait d’en prendre le contrôle pour que tout change alors que l’infrastructure resterait inchangée. Il ne peut y avoir de métamorphose immédiate que dans la politique ou les représentations alors que l’inertie matérielle est considérable dans l’économie. Un changement de système de production a besoin de temps pour se construire en suivant sa propre logique avant de pouvoir monter en puissance, tout comme l’économie de marché s’est développée d’abord dans les villes franches de la féodalité. Aussi invraisemblable que cela puisse paraître, c’est donc localement qu’il faut se donner les moyens de sortir du capitalisme et d’adopter un autre mode de travail.

Si André Gorz a pu diagnostiquer avec raison que la sortie du capitalisme avait déjà commencé, c’est sur ce temps long de l’histoire et sous la pression des nouvelles forces productives immatérielles. Nous devons cependant organiser cet exode de la société salariale qui nous condamne sinon à une précarité grandissante. Nous devons essayer de tirer parti de transformations qui se font contre nous si elles ne se font pas avec nous. Heureusement, la relocalisation peut commencer immédiatement, c’est le bon côté du fait qu’il n’y a que des alternatives locales à la globalisation marchande !

Il y a différentes temporalités et si la sortie de crise, qui n’est pas pour demain, ne sera certes pas la fin du capitalisme, cela devrait être tout de même Lire la suite

De la nécessité d’encadrer le développement des centrales solaires au sol

actu-environnement.com, S.Fabregat, le 09 juillet 2009

De la nécessité d’encadrer le développement des centrales solaires au sol

De nombreux acteurs s’inquiètent de l’engouement des investisseurs pour les centrales photovoltaïques au sol. Il est vrai qu’à l’heure de la lutte contre l’artificialisation des sols, cette nouvelle concurrence d’usage est encore peu encadrée.

Il pousse… des champs de cellules photovoltaïques. Encore limité, le déploiement de centrales solaires au sol devrait s’accélérer, à en croire l’engouement des investisseurs qui ont lancé une véritable course à l’acquisition de terres idéales.

Le plan Borloo sur les énergies renouvelables ne devrait que renforcer cette tendance. Il prévoit en effet l’installation d’au moins une centrale par région d’ici 2011. Deux installations de 10 MW dans les plus ensoleillées, une seule dans les moins bien pourvues. L’appel d’offre devrait aboutir en décembre 2009 mais déjà des projets se concrétisent. Ce plan s’accompagne d’un tarif de rachat de l’électricité incitatif (0,20 € le kWh)

Selon les calculs, l’objectif gouvernemental occuperait entre 10.000 et 15.000 hectares de terrain… Or, 10.000 hectares, c’est déjà trop quand on sait que chaque année 72.000 hectares disparaissent à cause de l’urbanisation, commente André Barbaraux, directeur de la Fédération Nationale des Safer (sociétés spécialisées dans la vente de biens fonciers ruraux).
Au moment de la lutte contre l’artificialisation des sols, il est vrai que le manque d’encadrement actuel de ce déploiement pose question. Nous ne sommes pas opposés au photovoltaïque. Nous disons juste que concernant les centrales au sol, il faut faire attention. Leur développement ne doit pas entrer en conflit avec la nécessaire préservation des terres agricoles, forestières et des espaces naturels. D’autant que les centrales photovoltaïques peuvent se déployer sur les toitures de bâtiments agricoles, industriels et commerciaux en prenant en compte les obligations relatives aux paysages et aux sites protégés. Dans ce cas, cela peut même entraîner un complément de revenu non négligeable pour les propriétaires concernées dont les agriculteurs.

L’impact environnement des centrales solaires au sol

Outre l’impact sur le paysage, les centrales photovoltaïques au sol peuvent avoir des conséquences directes sur l’environnement local. Modification des biotopes, érosion des sols, déplacement de la faune sauvage font partie des impacts que peut avoir ce type d’installation.
Mais la question qui préoccupe avant tout les associations environnementales et les agriculteurs concerne la concurrence des sols. En effet, au moment où la sécurité alimentaire devient une priorité et où le gouvernement s’engage à lutter contre l’artificialisation des sols, une nouvelle concurrence avec l’agriculture voit le jour au travers des centrales au sol.

On assiste à un engouement très fort des investisseurs dans certains départements comme les Alpes de Haute Provence, les Landes ou Lire la suite

Le défi du partage équitable des semences agricoles

lemonde.fr, Hervé Morin, le 8 juillet 2009

Le défi du partage équitable des semences agricoles

En un siècle, les trois quarts de la diversité des plantes cultivées se sont volatilisés. Sur les quelque dix mille plantes vivrières ayant nourri l’humanité, 150 sont encore cultivées et une douzaine procure 80 % de l’alimentation végétale mondiale. A eux seuls, le riz, le blé, le maïs et la pomme de terre couvrent 60 % de ces besoins. Cette érosion de la diversité génétique, dans un monde toujours plus peuplé et menacé par le réchauffement climatique, constitue un risque alimentaire : peut-on se permettre de laisser disparaître des espèces résistantes à la sécheresse, ou des variétés rustiques, robustes vis-à-vis de maladies et d’insectes qui pourraient un jour anéantir les plantes vedettes des systèmes de monoculture

Pour tenter de sauvegarder cette biodiversité, le Traité international sur les ressources phytogénétiques pour l’alimentation et l’agriculture prévoit la mise en place d’un système de conservation et d’échange multilatéral des semences. Il vise un partage équitable des bénéfices tirés de l’exploitation de ces ressources végétales entre le Sud, où se trouve la biodiversité, et le Nord, où les semenciers peuvent en tirer profit. Mais le mécanisme de ce traité, adopté en 2001 sous l’égide de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), peine à se mettre en place.

La troisième session de l’organe directeur du Traité, qui s’est déroulée en juin à Tunis, a bien failli tourner court, en raison de divergences de vues entre pays du Nord et du Sud, mais a finalement permis quelques avancées. Les 121 Etats membres du Traité sont tombés d’accord sur la création d’un fonds visant à encourager la conservation « en champ » de semences dans les pays en développement et la recherche de variétés résistantes à la sécheresse et aux maladies.

Ce fonds devrait disposer de 116 millions de dollars (84 millions d’euros) d’ici à 2014. Il est destiné à « faire la soudure » avec les revenus attendus du mécanisme du Traité : celui-ci prévoit en effet que 1,1 % des ventes de semences issues du système d’échange multilatéral doivent revenir au fonds, qui redistribue ensuite les sommes à des projets de conservation des semences. Or il faut souvent plusieurs années avant que la sélection d’une semence débouche sur une variété commerciale. Le Traité était donc au point mort : les pays du Sud hésitaient à partager leur patrimoine génétique, en échange d’une rétribution hypothétique.

Pour Guy Kastler (Confédération paysanne), qui représentait, à Tunis, Via Campesina, un rassemblement international d’organisations paysannes, ce fonds « ne résout que provisoirement la question financière : le secrétariat reste soumis à la bonne volonté des Etats, qui maintiennent le Traité sous perfusion ». La réunion de Tunis a cependant permis de retenir onze projets dans les pays du Sud, qui vont bénéficier chacun de 50 000 dollars (36 000 euros). « Ce sont des projets très intéressants, notamment celui du Pérou, note M. Kastler. Mais les sommes allouées bénéficient souvent aux universités qui les pilotent. Nous aurions préféré qu’elles aident directement les paysans. »

A Tunis, plusieurs nouvelles collections de semences ont été associées au système multilatéral : l’Europe partagera Lire la suite

Les amis de la Conf : Jounées d’été du 13 au 16 août dans le Lot « Produire responsable, consommer responsable »

Les Amis de le Confédération Paysanne, Communiqué, le 6 juillet 2009

Du 13 au 16 août 2009, les Amis de la Confédération Paysanne se  retrouvent à Livernon dans le Lot pour leurs journées d’été autour du thème « Produire responsable, consommer responsable ».

Cette rencontre aura lieu à « La terre », ferme sauvée par  l’association « Vivre sur les Causses » et Terre de liens. Trois jours de projections, débats, échanges, visites de fermes et  ateliers. Seront abordées entre autres, les problématiques de l’accès au  foncier, du recours aux pesticides, de la relocalisation des productions et de l’approvisionnement des zones urbaines.

Les Amis de la Confédération Paysanne, une association de non  agriculteurs qui partage les valeurs portées par la Confédération paysanne et  s’associe à ses combats. Des paysans et des responsables de la Confédération Paysanne  participeront aux travaux.

Pour tout renseignements Lire la suite

Crédit Agricole : La croissance verte, qu’est-ce c’est ?

Crédit agricole, Eclairages N° 34, juillet 2009

–          Les TIC

–          Une agriculture verte !

–          Les pneumatiques roulent pour la croissance verte

–          L’énergie et les transports routiers

–          Transports aériens : un secteur par essence soucieux de son environnement

–          Démanteler les navires : un avenir rose et vert

–          Le défi de la chimie verte

Pour télécharger Lire la suite

Un rythme d’extinction du vivant, de 100 à 1000 fois plus rapide qu’aux cours des temps géologiques anciens

liberation.fr, Eliane Patriarca, le 3 juillet 2009

Espèces in extremis

Un rapport alerte sur le rythme d’extinction du vivant, de 100 à 1000 fois plus rapide qu’aux cours des temps géologiques anciens

A la lecture du rapport de l’Union internationale de conservation de la nature (UICN), publié hier, qui dresse l’état des lieux de la biodiversité mondiale, ce sont les mots de René Char qui reviennent en tête :«La lucidité est la blessure la plus rapprochée du soleil.» «Wildlife in a Changing World» («Les espèces sauvages dans un monde en mutation»), ce sont 180 pages plutôt déprimantes mais indispensables, pour savoir, comprendre et agir.

L’UICN, qui compte plus de 1 000 membres, gouvernements et ONG, y montre que l’objectif que s’était fixé en 2002 la communauté internationale («stopper l’érosion de la biodiversité en 2010»), ne sera pas atteint. «Lorsque les Etats prennent des mesures pour réduire la perte de biodiversité, il y a quelques avancées, mais nous sommes loin de pouvoir inverser la tendance», déplore Jean-Christophe Vié, directeur adjoint du Programme de l’UICN pour les espèces et rédacteur principal de la publication. Surtout, le rapport souligne que le déclin continue à une vitesse fulgurante : les espèces animales et végétales s’éteignent à un rythme 100 à 1 000 fois plus rapide qu’au cours des temps géologiques anciens. Un rythme qui ressemble à celui des cinq grandes crises d’extinctions dont celle qui a vu disparaître les dinosaures il y a 60 000 ans.

Aucune espèce indemne

L’étude analyse les données de quelque 45 000 espèces recensées dans la Liste rouge, un inventaire qui au fil des années est devenue la référence mondiale sur l’état de conservation du vivant. L’UICN répertorie 869 espèces éteintes et 16 928 menacées d’extinction. C’est un nombre très sous-estimé puisque «l’analyse ne porte que sur la Liste rouge, rappelle Florian Kirchner, chargé de programmes Espèces pour le comité français de l’UICN, soit 2,7 % des 1,8 million d’espèces décrites dans le monde, mais il représente un instantané utile de ce qui arrive à l’ensemble du vivant.»

Toutes les espèces sont touchées mais certaines plus que d’autres : près d’un tiers des amphibiens, plus d’un oiseau sur huit et près d’un quart des mammifères risquent de disparaître. Pour certaines catégories de végétaux, comme les conifères et les cycadacées, un groupe de plantes qui existe depuis très longtemps, la situation est encore pire, avec respectivement 28 % et 52 % d’espèces menacées.

Dans les océans, dont les fonds sont encore très méconnus, la surpêche, les espèces envahissantes, l’urbanisation du littoral et la pollution sont les principales calamités. Un tiers des espèces de requins et de raies de haute mer (dont le grand requin blanc et le requin-marteau) sont menacés : ils sont pêchés essentiellement pour la viande mais aussi pour leurs ailerons, en particulier en Asie, où ils sont servis en soupe. De plus, six des sept espèces de tortues marines risquent d’être anéanties.

Autres victimes Lire la suite

Parlement européen : Et si les Écolos faisaient la PAC ?

le-mag.fr, Benjamin Masson, le 26 juin 2009, paru dans Le M.A.G. Cultures N°62

Parlement européen : Et si les Écolos faisaient la Pac ?

Les Verts ont créé la surprise aux européennes. En Europe, la poussée est moins marquée, elle est pourtant bien là. Pour les agriculteurs, l’enjeu tient en une date : 2013. Que préparent-ils ?

Avec 52 sièges sur plus de 700 parlementaires, les écologistes n’ont pas encore pris le pouvoir à Strasbourg. Le pouvoir non, mais le siège de l’arbitre, très certainement. Car entre socialistes, centristes et droite, le nouvel équilibre est fragile et la majorité penchera selon le bon vouloir des Verts européens et de leur chef de file : Daniel Cohn-Bendit. Ce dernier l’a évidemment compris et s’est empressé de dévoiler sa stratégie pour le groupe écologiste : nouer des alliances au coup par coup avec les autres partis de manière à démultiplier le poids de sa formation au Parlement, et sans doute de monnayer son soutien contre quelques notes vertes au sein des causes auxquelles il accepte de se rallier. Premier test : l’éjection de José-Manuel Barroso, président sortant de la Commission européenne. Que Cohn-Bendit y parvienne ou non, l’une des étapes suivantes sera forcément la préparation de la Pac 2013 pour laquelle le traité de Lisbonne lui ouvrirait un boulevard s’il était ratifié ; et il ne s’en cache pas (lire notre interview exclusive P6).

Vert et rose

Car grâce au traité de Lisbonne, le Parlement peut désormais faire jeu égal avec le Conseil des ministres européens et modifier tout ou partie des textes qui lui sont soumis en matière agricole. En d’autre termes, la politique agricole commune ne sera plus seulement le fruit d’un marchandage entre Etats aux intérêts divergents, ce sera aussi une affaire de partis politiques. Et cela change tout, surtout avec un parti écologiste pour mener la fronde et capable de supplanter la majorité européenne par le jeu des alliances. Faut-il pour autant crier au loup, mettre ses terres en jachère et partir s’exiler en Ukraine ? Plongeant dans le programme d’Europe Ecologie, une lecture en diagonale peut effectivement inquiéter : « Il est vital pour la population et les écosystèmes de tourner la page du productivisme agricole et d’écrire celle de la soutenabilité et de la diversité », proclame le mouvement. Oui mais « mon pote », cela dépendra d’abord du rapport de force entre les « décroissants » et les « développement durable ». Chez les écologistes comme chez leurs alliés. Et Dany le Vert lui même semble pencher pour le second camp, mettant en avant le maintien d’une agriculture permettant aux agriculteurs de vivre de leur travail.

Dans la lignée de l’UMP

D’autant que le jeu des alliances poussera forcément au réalisme : la charge contre l’agriculture industrielle, et donc son aval, est claire. Mais difficile d’imaginer les députés PSE, généralement très ancrés localement, se ranger derrière un projet qui aboutirait à la perte de centaines d’emplois dans les coops ou les abattoirs de leurs circonscriptions. Les verts risquent donc de mettre de l’eau dans leur vin bio lors de la conclusion de leur alliance. Lire la suite

Forêt de Brocéliande : Rencontres Agri-Culturelles du 23 juillet au 2 août

aspaari.unblog.fr, Communiqué, le 2 juillet 2009

Rencontres Agri-Culturelles 2009

Elles se dérouleront du jeudi 23 juillet au dimanche 2 aout. Programme selon ce que chacun voudra y mettre : ceci est une invitation à s’impliquer pour des rencontres agri-politique.

Cuisinage autogéré, bio & végétarien, PAF 2,5 € (prix indicatif par repas) & participation aux frais généreux.

Assemblée chaque soir à 19 h.

Thèmes de discussions envisagés

– Accès au foncier

– NESO (pour un “NESO” consommateur)

– décroissance

– cohérence entre nos idées (nos idéaux ?) & nos pratiques

Au programme

Nuit à la belle étoile dans la forêt avec les enfants, ballade nocturne silencieuse, confiture, décroissance & sobriété heureuse…

– Chantier en éco-bio-construction

– Construction d’une kerterre, isolation en terre-paille

L’association ASPAARI a été créée en 1999 par des porteurs et porteuses de projets agricoles pour faciliter l’installation d’autres porteurs de projet. Progressivement, ASPAARI a mis en place Lire la suite

EFSA : Génétiquement pro-OGM

lemonde.fr, Pierre Le Hir, le 29 juin 2009

Génétiquement pro-OGM

Parme, sa cathédrale, son baptistère, ses fresques du Correggio, son parmigiano reggiano et son prosciutto. Les guides touristiques ajoutent désormais : son Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA). L’agence chargée, au niveau communautaire, d’évaluer les risques liés à la chaîne alimentaire. En particulier aux organismes génétiquement modifiés (OGM). C’est sur ses avis que s’appuient les décisions de la Commission de Bruxelles, du Parlement européen et des Etats membres de l’Union européenne. D’où son rôle crucial.

Loin des marbres patinés des palais des Farnèse, l’institution s’est installée dans un moderne bâtiment de verre. Façon, peut-être, d’afficher sa « transparence », l’une de ses vertus cardinales, annonce sa directrice, la Française Catherine Geslain-Lanéelle, avec l' »excellence scientifique », l' »indépendance » et la « réactivité ». L’affirmation fait s’étrangler les écologistes. « Autant demander à un renard de surveiller un poulailler ! » s’écrit Greenpeace.

Les ministres de l’environnement des pays européens ne sont pas loin de penser la même chose. Au point que onze d’entre eux – Autriche, Bulgarie, Chypre, Grèce, Hongrie, Irlande, Lettonie, Lituanie, Malte, Pays-Bas et Slovénie -, affichant leur défiance à l’égard des instances communautaires, viennent de réclamer la possibilité d’interdire, de leur propre initiative, la culture de séquences génétiquement modifiées sur leur territoire. Sans souscrire à cette demande de nationalisation des autorisations de culture, la secrétaire d’Etat française à l’écologie, Chantal Jouanno, plaide elle aussi pour « que les procédures d’expertise soient revues ».

Quand l’EFSA voit le jour, en janvier 2002, l’Europe sort des crises de la vache folle et du poulet à la dioxine belge. La confiance des consommateurs est ébranlée. La filière agroalimentaire discréditée. L’Union européenne décide de se doter d’une expertise scientifique incontestable. Et de séparer l’évaluation des risques de la décision politique.

Maladies animales, additifs alimentaires, OGM, pesticides, risques biologiques… L’agence ne chôme pas. Chaque année, sa charge de travail double : en 2009, elle rendra un millier d’avis scientifiques. Trop, trop vite ? Avec 400 permanents et un financement communautaire de 73 millions d’euros, elle a atteint « la taille critique » et « la maturité » qui garantissent aux citoyens européens « un système d’évaluation des risques extrêmement robuste« , assure Mme Geslain-Lanéelle. Dix panels de scientifiques externes ont été mis en place pour couvrir les différentes disciplines, soit un réseau de 200 experts, réunis 10 à 12 fois par an. S’y ajoutent un millier de spécialistes consultés ponctuellement, dont la directrice souhaite tripler ou quadrupler le nombre.

Sur certains dossiers, l’EFSA a fait la preuve de l’indépendance qu’elle revendique. Par exemple en concluant, en 2007, que le colorant alimentaire Rouge 2G (E128), utilisé depuis trente ans dans les saucisses et les hamburgers, pouvait avoir des effets cancérigènes. Son bilan en matière d’OGM laisse en revanche perplexe.

Depuis sa création, l’autorité a reçu des industries agroalimentaires 119 demandes d’autorisation ou de renouvellement d’organismes génétiquement modifiés. Plus de la moitié (69) sont encore à l’étude, tandis que 8 ont été finalement retirées. Elle a donc rendu 42 avis… tous positifs. Qui plus est, adoptés à l’unanimité – le vote se faisant à main levée – des membres du panel OGM présents.

Pour les écologistes, la cause est entendue. Lire la suite

Dimanche 28 juin à Nérigean – Libournais 2020 : quelle agriculture et quelle alimentation voulons-nous ?

MNE Bordeaux-Aquitaine, Communiqué, le 24 juin 2009

UNIVERSITE POPULAIRE DE L’ENVIRONNEMENT – L’Université nomade d’Aquitaine

« Conférence-débat » – Libournais 2020 : quelle agriculture et quelle alimentation voulons-nous ?

Le dimanche 28 juin à 10h30

Philippe Roudié – Professeur émérite de géographie

Josy Riffaud – Syndicaliste – Confédération paysanne et Via Campésina

Jean-Pierre Leroy – Syndicaliste – Confédération paysanne

Château Fourton La Garenne à Nérigean (direction Bergerac à 20 mn de la rocade)

Ouvert à tous – Entrée libre et gratuite

Si vous souhaitez proposer un co-voiturage ou êtes demandeur d’un co-voiturage, merci de le signaler par mail

Organisation : Maison de la nature et de l’environnement (MNE) Bordeaux-Aquitaine https://mneaquitaine.wordpress.com/, en partenariat avec la famille Richard – Château Fourton le Garenne et la Confédération paysanne de la Gironde – Renseignements mnebxaquitaine@aol.com

La question écologique se pose dans tous les domaines de la société, car aucun n’est épargné par la crise à laquelle nous faisons face. Mais cette question ne peut être réglée au détriment des exigences sociales.

A cet égard, l’agriculture occupe une place essentielle : l’évolution actuelle des systèmes de productions génère des dégâts à la fois sur un plan environnemental (participation au changement climatique, à la perte de la biodiversité, à la pollution des ressources naturelles) et social (notamment, diminution de l’emploi agricole dans un contexte de chômage de masse, avec répercussions particulièrement graves dans les zones isolées et les pays pauvres).

A l’inverse, l’agriculture est susceptible d’apporter des réponses à la fois face à la crise écologique (pratiques agricoles contribuant positivement à la biodiversité, aux paysages, à l’aménagement du territoire et la maîtrise de l’urbanisation,…) et aux problèmes sociaux (alimentation suffisante et saine pour tous, développement des pays pauvres, animation des zones rurales défavorisées, emploi,…).

Dans ce cadre, les politiques agricoles et alimentaires ne peuvent être réfléchies qu’en prenant en compte à la fois la durabilité environnementale et sociale.

Le Grenelle de l’environnement préconise d’ici 2012, de faire progresser de 2 à 6 % la surface agricole utile (SAU) en bio, d’amener à 20 % la part des produits bio dans la restauration collective et de diviser par deux dans les 10 ans l’utilisation des produits phytosanitaires dans l’agriculture conventionnelle. Aujourd’hui 50 % du bio consommé en France est importé.

Dans le Libournais débute une réflexion sur le Schéma de cohérence territoriale (SCOT) qui vise à faire produire une vision de l’avenir du territoire à 15 ou 20 ans. Il y est fait le constat que les 2/3 des viticulteurs ont plus de 50 ans et vont cesser leur activité dans les 10 à 15 prochaines années. La crise viticole fait que 25 % de ces viticulteurs ne peuvent dégager de salaire de leurs activités.

La quasi mono activité viticole sur le territoire Libournais interroge de plus en plus :

Si la crise économique s’installe pour plusieurs années, quel avenir pour les viticulteurs ? Lire la suite

La Maison Blanche présente un rapport sur le changement climatique

toutsurle bio-nature.com, U.S. Global Change Research Program, date NC

La Maison Blanche présente un rapport sur le changement climatique

Lors d’une conférence de presse, la Maison Blanche a présenté le rapport sur le changement climatique intitulé « Global Climate Change Impacts in the United States » réalisé par le U.S. Global Change Research Program (USGCRP).

Le U.S. Global Change Research Program coordonne et intègre la recherche au niveau national sur les changements environnementaux et leurs impacts sur la société. Ce programme a démarré à la suite d’une initiative présidentielle en 1989 et a été mandaté par le Congrès en 1990 dans le Global Change Research Act qui avait pour objectif d’avoir « un programme de recherche globale et intégrée aux États-Unis qui aidera la nation et le monde entier à comprendre, évaluer, prévoir et répondre aux changement globaux induits par l’homme et de manière naturelle« .

Le rapport apporte une synthèse de la recherche et des impacts actuels à venir du changement climatique auxles Etats-Unis. En outre, il met l’accent sur les impacts dans différentes régions des États-Unis et sur les différents éléments de la société et de l’économie comme l’énergie, l’eau, l’agriculture et de la santé.

« Il est clair que les impacts  sont déjà en cours aux Etats-Unis et que ces impact vont augmenter à l’avenir, surtout si la concentration des gaz à effet de serre dans l’atmosphère continue d’augmenter« , peut on lire dans le rapport. Une affirmation qui fait suite à la reconnaissance par le gouvernement américain en avril dernier du lien entre les gaz a effet de serre et le changement climatique à la suite des conclusions de l’EPA (Environmental Protection Agency ) qui indiquaient que les GES (Gaz à Effet de Serre) doivent désormais être considérés comme des polluants responsables du réchauffement climatique et « menaçant la santé actuelle et le bien être des générations avenir ».

Le rapport souligne aussi notamment que l’élevage et l’agriculture seront de plus en plus affectés, « l’augmentation de la chaleur, les parasites, le stress hydrique, les maladies et les phénomènes météorologiques extrêmes posant des défis pour l’adaptation dans ces deux domaines » et que les menaces pour la santé de l’homme vont augmenter.

Les 10 éléments clés du rapport

1- Le réchauffement climatique est sans équivoque et surtout lié à l’activité de l’homme.

2- Les changements climatiques sont en cours aux États-Unis et vont s’accroitre dans le futur

3- Les impacts liés au climat se produisent d’ores et déjà vont augmenter à l’avenir

4- Le changement climatique aura un impact sur les réserves en eau

5- L’élevage et l’agriculture seront de plus en plus affectés

6- Les zones côtières sont de plus en plus face au risque de hausse du niveau des mers et des tempêtes

7- Les menaces pour la santé Lire la suite

Projet de loi Grenelle 1, « l’insidieuse percée » des agrocarburants ?

actualites-news-environnement.com, Jean-Charles Batenbaum, le 25 juin 2009

Projet de loi Grenelle 1, « l’insidieuse percée » des agrocarburants ?

Le passage en seconde lecture devant la Commission des Affaires Economiques du projet de loi Grenelle 1 a été l’occasion d’une longue passe d’armes entre le sénateur Jacques MULLER et une partie de la majorité UMP sur la question des agrocarburants.

Projet de loi Grenelle 1, deuxième lecture, passage en commission, on assiste selon le sénateur Jacques MULLER à « la percée insidieuse des agrocarburants ».

Le passage en seconde lecture devant la Commission des Affaires Economiques du projet de loi Grenelle 1 a été l’occasion d’une longue passe d’armes entre le sénateur Jacques MULLER et une partie de la majorité UMP sur la question des agrocarburants.

Le sénateur MULLER y défendait un amendement visant à rétablir la disposition adoptée en première lecture au Sénat, mais supprimée en commission à l’Assemblée Nationale, qui remplaçait définitivement le terme de  biocarburants par celui d’agrocarburants.

Voici l’avis du sénateur Jacques MULLER sur cette « passe d’armes. »

Ebranlée par les nombreux arguments de sémantique développés par le sénateur MULLER qui a notamment insisté sur la confusion et le contresens total introduits par le vocable « bio », la majorité s’est ressaisie pour se ranger, comme à l’accoutumée, derrière le rapporteur UMP : la Commission est revenue sur la décision prise en séance publique au Sénat, s’aligne sur la position des députés, et confirme le terme erroné de « biocarburants » !

Cet acharnement à rétablir un terme manifestement erroné ne surprend guère : dans la foulée, la Commission a retenu les cinq ( !!!) amendements   curieusement identiques – tant dans leur rédaction que dans l’exposé des motifs – déposés par  quatre sénateurs UMP dont le rapporteur et par le groupe centriste.

 « La production en France des  biocarburants » n’est désormais plus « subordonnée à l’obligation de mener des expertises exhaustives et contradictoires sur leur bilan écologique et énergétique » mais simplement à de nébuleux « critères de performance énergétique et environnementale »…

Le masque est désormais jeté : il s’agit pour la majorité présidentielle, Lire la suite

Les légumes biologiques du Jardin de Cocagne d’Ambarès

sudouest.com, Dominique Andrieux, le 25 Juin 2009

AMBARÈS, BIOSÈVE. Dévastées par la tempête Klaus, les serres de l’Association d’insertion par le maraîchage sont refaites à neuf grâce à la mobilisation de la Fondation de France

Le miracle de la solidarité

La vision apocalyptique des serres dévastées par la tempête de janvier n’est plus qu’un mauvais souvenir à Biosève (1), cette association d’insertion par le maraîchage qui produit des légumes biologiques. « Nous venons juste de finir la couverture de la dernière serre », confie le sourire aux coins des lèvres Anthony Sanchez, le chef de culture.

Au lendemain du passage de Klaus, le constat était simple. Toutes les structures de protection étaient hors service. Micheline Menezo, la présidente, et ses collègues du conseil d’administration se trouvant alors dans une situation quasi inextricable dans la mesure où l’association n’avait ni les moyens de s’assurer contre le risque tempête ni la trésorerie pour mener la remise en état.

Le messie est arrivé

« La Fondation de France s’est mobilisée pour venir en aide à des associations, des familles s’étant retrouvées en situation délicate après le passage de la tempête », explique Claire Jodet, une des bénévoles de cette association collectant et redistribuant des fonds à des imitatives ou actions comme celles de Biosève. La Fondation de France sauvait la structure ambarésienne et surtout ses 15 salariés en insertion en apportant une aide financière de 5 000 euros.

Cette somme permettait de faire face à la dépense essentielle, l’achat des 1 200 mètres carrés de plastique nécessaires à la couverture des deux serres.

1 200 mètres carrés

On s’en sort plutôt bien, apprécie Micheline Menezo. « Le fait d’avoir mis à l’époque les cultures sous tunnels, a évité aux cultures de prendre du ressort de sorte qu’il n’y a eu aucune incidence sur les commandes des adhérents. » La présidente tient à rendre hommage aux salariés qui ont bravé un hiver plutôt rigoureux, y compris par temps de neige.

Anthony Sanchez mérite aussi un beau coup de chapeau. La remise en état des armatures ne posait de problèmes particuliers à l’équipe des jardiniers à la différence de la pose de l’enveloppe plastique. « Nous avons sollicité le réseau Cocagne, dont Lire la suite

Forum régional de l’agriculture à Bordeaux : état des lieux, enjeux et perspectives

aqui.fr, Solène Méric, le 19 juin 2009

Forum régional de l’agriculture à Bordeaux : état des lieux, enjeux et perspectives

Comment nourrir l’humanité à l’horizon 2050, avec ses 9 à 10 milliards de personnes ? Quelles conséquences les réformes de la PAC ont-elles pour la France ? Quelles sont les perspectives de l’agriculture en Aquitaine, au regard des enjeux économiques, climatiques et écologiques ? Ces questions fondamentales influenceront directement les choix des politiques agricoles de demain. Cela dit, si la situation de l’agriculture aquitaine est globalement satisfaisante à l’heure actuelle, demain est à notre porte et c’est dès aujourd’hui que les acteurs agricoles se sont emparés de la question, lors du forum régional sur l’agriculture, organisé ce jeudi 18 juin, à l’Hôtel de Région.

Un signal d’alarme pour le monde de demain

Béatrice Gendreau, Vice-présidente du Conseil régional d’Aquitaine, chargée de l’agriculture et de l’agroalimentaire, a ouvert ce forum en dressant un état des lieux positif, si ce n’est élogieux, de l’agriculture en Aquitaine. Cela dit, si la situation est globalement prospère à l’heure actuelle, M. Bruno Parmentier, Directeur de l’école de l’agriculture d’Angers, tire le signal d’alarme pour les années à venir. Surpopulation, réchauffement climatique, sécheresse, développement de maladies, diminution de la surface des terres agricoles, urbanisation, pénurie d’énergie (pétrole), disparition de la bio-diversité… et ces problèmes ne s’arrêteront pas aux frontières de l’Aquitaine. En bref, moins de terre pour plus de monde dans un contexte environnemental incertain. Mais, « si la situation est grave, elle n’est pas désespérée ». Parmi les premières urgences : « ne plus gaspiller, développer massivement les énergies naturelles à grands coups d’éoliennes et de capteurs solaires, inventer une agriculture « écologiquement intensive », promouvoir l’agriculture vivrière dans les pays où l’on a faim, et soutenir les agriculteurs en intervenant sur le marché… »

Une PAC en perte de cohérence

Sur les instruments économiques justement, et plus précisément sur la Politique Agricole Commune, l’intervenant suivant, Hervé Guyomard, Directeur de recherche à l’INRA Rennes dresse un bilan de santé mitigé de la nouvelle réforme de la PAC du 20 novembre 2008. « Ce processus de réformes constantes fait face à un contexte nouveau alliant les difficultés déjà décrites, les incertitudes quant à la volatilité des prix des productions agricoles dans le futur, et enfin les fortes pressions des Etats et des secteurs économiques ». De ces éléments Hervé Guyomard constate que la PAC, laissant désormais aux Etats membres d’importantes marges de manœuvre dans la mise en œuvre nationale, « a perdu de sa cohérence ». Suite à cette réforme, la France a quant à elle opté pour le soutien de quatre axes principaux : l’élevage à l’herbe, les productions fragiles, le développement d’outils de couverture des risques climatiques et sanitaires, et enfin « l’accompagnement d’un mode de développement durable de l’agriculture via un soutien augmenté à des systèmes de production plus respectueux de l’environnement, dan lequel nous avions beaucoup de retard ». Cela dit, les nombreuses incertitudes économiques et environnementales commandent, selon Hervé Guyomard, de réfléchir d’ores et déjà à une nouvelle réforme de la PAC.

L’Aquitaine en 2020, disparition des productions moyennes ?

Enfin, le dernier intervenant de la matinée, Pierre Blézat, consultant, a quant à lui tracé quelques lignes prospectives de l’agriculture en Aquitaine à l’horizon 2020. Il suppose une agriculture aquitaine Lire la suite

L’initiative des « parcelles solidaires » offre aux Palois la possibilité de consacrer leur temps libre à cultiver du bio

sudouest.com, Tarik Khaldi, le 22 Juin 2009

AGRICULTURE. Dans la peau d’un paysan bio

Elles sont retraitées ou mères au foyer, eux sont travailleurs sociaux ou demandeurs d’asile, parfois, il y a même des enfants : ensemble, ils sont prêts à réaliser un vrai travail d’agriculteur : arracher les mauvaises herbes, semer, placer des tuteurs… Yann Le Gouic se réjouit de les voir travailler la terre. Membre du Centre d’initiatives pour valoriser l’agriculture et le milieu rural (Civam), il a lancé le 31 mai dernier la première séance de son projet : les parcelles solidaires.

Le principe est simple. Sur des terrains mis à disposition par des agriculteurs – à Buros, à Argelos et à Jurançon – les participants se donnent rendez-vous trois à quatre fois par semaine. Ils viennent quand ils le souhaitent, au moins une fois par mois en général. Sur place, ils participent à la production de fruits et légumes – de saison et bio – de la semence jusqu’à la récolte et la consommation. Le tout, dans une ambiance conviviale et solidaire, et pour 5 euros l’année. De son côté, le Civam a mobilisé 2 000 euros, de quoi « acheter du petit matériel de jardinage : des bêches, des râteaux, des pelles, des bâches… ».

Différentes motivations

Le Civam compte déjà 35 inscrits. Selon les ateliers, le nombre de participants varie. « Parfois, ils sont quatre, les week-ends, ils peuvent être 20 », explique Yann Le Gouic. Mercredi dernier, sur la parcelle d’un demi-hectare de Buros, l’heure était au désherbage, à la main, sans produits chimiques. Ils étaient six participants sur le champ ensoleillé, de tous horizons sociaux et culturels, venus pour différentes raisons. Certains pour consommer bio, ou, comme Caroline, jeune mère au foyer, découvrir ce mode de culture.

D’autres sont là pour tuer le temps ou, plus insolite, pour apprendre le français. Demandeur d’asile, Andy est arrivé de Tchétchénie il y a bientôt deux ans. Comme lui, ils sont cinq, originaires de Russie et d’Albanie à participer aux parcelles solidaires. Pour sa part, Béatrice, travailleuse sociale, est ici pour apprendre les techniques agricoles respectueuses de l’environnement.

Bâches en maïs

Les participants sont tous habitants de l’agglomération paloise. Quelles que soient leurs motivations, Yann Le Gouic a un objectif : les sensibiliser à la biodiversité. Plus qu’un projet de production, les parcelles solidaires prennent alors des allures de projet pédagogique, avec la découverte d’une activité, d’une alimentation.

Yann Le Gouic compte beaucoup sur le bouche à oreille : « Ces gens, quand ils rentrent chez eux, ils font leur potager autrement, et ils parlent de ce qu’ils font ». En résumé, cette activité leur permet de « mieux manger, mieux vivre et mieux penser ».

Derrière les conversations, amicales ou sérieuses – car sur les allées, entre laitues et haricots maïs, on blague comme on parle politique – les participants apprennent Lire la suite

La Commission Barroso épinglée par dix ONG environnementales

actu-environnement.com, C.Seghier, le 11 juin 2009

La Commission Barroso épinglée par dix ONG environnementales

À quelques mois de la fin de son mandat, la Commission de José Manuel Barroso s’est vue décerner, par un groupe de dix ONG, une note globale de 4,4 sur 10 pour son action en faveur de l’environnement ces cinq dernières années. Explications.

4,4 sur 10 ! C’est l’évaluation donnée par un groupe de dix ONG environnementales (Green 10) qui représente l’union des dix plus grandes organisations environnementales européennes, à la Commission de José Manuel Barroso pour son action en faveur de l’environnement ces cinq dernières années.

À quelques mois de la fin de son mandat, le constat se veut sévère ! Le groupe d’associations qui regroupe notamment Greenpeace, le WWF, Bird Life ou le Climate Action Network, a noté l’action de la Commission Barroso, entrée en fonction en novembre 2004, dans douze domaines allant de la lutte contre le changement climatique, à la santé, en passant par les transports, l’agriculture, la transparence ou encore la biodiversité.

Sa politique de stratégie pour un développement durable obtient un 2/10. Son action en matière de transparence décroche un 3/10 tout comme son action dans la protection des ressources naturelles. La Commission n’obtient que la note de 4/10 en agriculture, dans le domaine de la biodiversité, du commerce extérieur et concernant le budget et la politique de cohésion de l’UE. Concernant l’agriculture notamment, le rapport des ONG reproche à la Commission d’avoir trop souvent cédé aux intérêts professionnels dans ses décisions concernant l’agriculture et les écosystèmes marins. Le bilan de santé de la Politique Agriculture Commune, en particulier, a été une opportunité ratée de réformer en profondeur la PAC , commente un communiqué de la coalition. Au sujet de la biodiversité, les ONG expliquent la mauvaise note attribuée par son soutien constant aux OGM, sa proposition initiale faible pour la nouvelle directive sur la stratégie marine qui n’a pas permis de répondre aux pressions sur l’environnement marin et son échec à trouver un financement adéquat au réseau Natura 2000.

Son action dans l’application des directives européennes est, elle, notée d’un 5/10, tout comme son action en matière de santé. Le résultat positif d’une interdiction totale du mercure et les propositions pour réduire la pollution de l’air ont été contrebalancés par les désaccords au sein de la Commission sur la législation visant à interdire les produits chimiques dangereux , expliquent les ONG.

Parmi les bonnes notes, grâce à l’action du commissaire à l’Environnement Stavros Dimas, Lire la suite

109 nouveaux OGM à l’assaut de l’Europe

bastamag.net, Ivan du Roy, le 4 juin 2009

109 nouveaux OGM à l’assaut de l’Europe

Vous reprendrez bien une assiette de riz « LL62 » de Pioneer ? Ou une portion de patates sautées BASF ? Peut-être une cuillère de maïs « BT11 » de Syngenta, ou de « Mon 810 » de Monsanto ? Vous imaginez la scène… Cette fiction n’est pas si loin de la réalité. Les multinationales biotech n’ont pas renoncé à disséminer leurs OGM en Europe. Plusieurs demandes d’autorisation seront étudiées fin juin par les Etats membres. Les associations écologistes travaillent à des alternatives pour leur barrer la route. Car les conséquences écologiques, économiques et sociales des OGM se révèlent chaque jour plus catastrophiques.

La contre-offensive des OGM en Europe est lancée. Pas moins de 109 plantes transgéniques font l’objet d’une demande d’autorisation à l’importation auprès de la Commission européenne. Plus de la moitié de ces demandes concernent du maïs, comme le « BT11 » de Syngenta ou le « TC 1507 » de Pioneer. On trouve aussi du coton, du colza, du soja, des betteraves sucrières, des tournesols ainsi qu’une pomme de terre de BASF ou un riz, le « LL62 » de Bayer. Ces deux dernières cultures risquent d’être directement destinées à l’alimentation humaine. Autant de noms évocateurs de l’inquiétante mainmise des multinationales de biotechnologies sur l’agriculture qu’Hélène Gassie, de l’association écologiste Les amis de la terre, détaille ici :

Ces multiples demandes d’autorisation montrent que les multinationales de biotechnologies n’ont pas renoncé à s’ouvrir de force le marché européen. Plusieurs de ces demandes (les maïs OGM de Syngenta et de Pioneer) doivent être soumises au vote des ministres de l’Environnement des Etats membres le 25 juin prochain. Une majorité des deux tiers des voix est requise pour décrocher le précieux sésame, indispensable à la commercialisation d’un OGM au sein de l’Union européenne. Le rapport de force est pour l’instant favorable aux anti-OGM. La défiance des « opinions publiques » et la détermination des associations écologistes ont permis de limiter les cultures OGM à 0,2% de la surface agricole européenne.

Lobbying agressif

Du côté des Etats, l’Autriche, la Hongrie, la France, la Grèce et le Luxembourg ont décrété un moratoire suspendant la culture du seul OGM autorisé dans les champs européens, le MON 810 de la tristement célèbre firme Monsanto. Ils ont été rejoints en avril par l’Allemagne. « Si l’Allemagne commence à voter systématiquement contre les OGM, on peut espérer des issues positives », commente Hélène Gassie, des Amis de la terre. Ces six pays, avec le renfort des pays scandinaves traditionnellement hostiles aux cultures transgéniques, sont en mesure de bloquer toute nouvelle demande d’importation. Mais la pression est forte. « Au sein des instances européennes, seule l’action du commissaire à l’environnement Stavros Dimas freine l’industrie biotech. Il ne faut pas le laisser tout seul », s’inquiétait Hélène Gassie lors des états généraux de la biodiversité, organisés près de Toulouse mi-avril. Le commissaire européen grec a publiquement considéré en novembre dernier que les maïs OGM de Syngenta et de Pioneer constituaient, au vu de certaines études scientifiques, un « risque trop élevé pour l’environnement ».

Face à cette résistance, le lobbying industriel de Monsanto et consorts est qualifié de Lire la suite

Entretien croisé : Nicolas Hulot et Pascal Picq

madame.lefigaro.fr, Dalila Kerchouche et Laurence Negroni-Nikitine, le 29 mai 2009

Entretien croisé : Nicolas Hulot et Pascal Picq

Comment parler d’écologie sans donner des leçons ? Responsabiliser sans culpabiliser ? C’est l’objet de ce débat entre Nicolas Hulot et le paléoanthropologue Pascal Picq, une réflexion éthique et pratique pour les générations à venir. L’occasion d’une remise en cause salutaire pour la planète.

Madame Figaro. – Aujourd’hui, le discours écologique se moralise. Être vert, c’est bien, c’est juste. Qu’est-ce que la morale a à voir avec le réchauffement de la planète ?

Nicolas Hulot (1). Je préfère parler de responsabilité. Il ne suffit plus de se dédouaner avec deux ou trois petits gestes écolos. Mais de nous montrer plus exigeants dans nos choix individuels. Le dérèglement climatique nous oblige à une prise de conscience. À essayer de comprendre pourquoi, involontairement, nos actions ont échappé à nos intentions. En disant cela, je ne fais pas la morale, car je suis aussi de ceux qui ont, sans le vouloir, participé à tous ces désordres écologiques. Mais j’explique simplement que nous sommes à un carrefour de civilisation. Nous ne pouvons pas nous désolidariser des générations futures et les livrer en pâture à des problèmes quasiment insolubles. Je n’y vois aucune morale, mais la possibilité d’édifier ensemble un nouveau capital de valeurs.

Pascal Picq (2). Je suis scandalisé par les pubs et les promos qui, en ce moment, poussent à la surconsommation. Évidemment, il n’est pas question de donner des leçons, mais d’expliquer que nos habitudes ne sont bénéfiques ni pour notre santé ni pour notre confort de vie. Mais attention, aussi, à la fausse bonne conscience ! Car certaines entreprises pratiquent le greenwashing et utilisent le développement durable comme vitrine publicitaire. Cette démarche est très ambiguë, car elle ne part pas d’une réflexion éthique sur le produit. Entre mauvaises habitudes et prétextes fallacieux, il y a d’autres voies.

Pour agir au quotidien, quels gestes vous semblent essentiels ?

Nicolas Hulot. Il y en a beaucoup. Par quoi commencer ? On recharge ses cartouches d’imprimante, on chauffe sa maison à 18 °C, on récupère l’eau de pluie, on trie ses déchets, on éteint ses appareils en veille, on achète des produits de saison et de proximité, on évite les sacs plastique aux caisses des supermarchés, on choisit son mode de transport intelligemment, on optimise également sa machine à laver, on prend une douche plutôt qu’un bain… Les possibilités qui s’offrent à nous sont sans limites et nullement insignifiantes ! Si on possède plus de moyens, on peut rouler à scooter électrique, équiper sa maison de panneaux solaires… Mais à partir de là, c’est aussi à la société de permettre au plus grand nombre d’accéder à ces techniques en en baissant les coûts.

Pascal Picq. Soyons clairs : dans nos actes quotidiens, nous sommes impliqués avec tout ce qui se passe dans le monde. Cet été, par exemple, certaines personnes vont acquérir des salons pour leur jardin. Et en ce moment, c’est la mode des salons en teck. Or, lorsque nous achetons des meubles qui ne viennent pas d’une forêt gérée de manière durable, nous tuons des orangs-outangs. Cela n’est pas un discours moralisateur, c’est un fait.

Mais comment se responsabiliser sans culpabiliser ?

Nicolas Hulot. Si je suis dans une impasse, car je dois prendre ma voiture pour aller travailler, je n’ai aucune raison de me sentir coupable. Car la société ne me donne pas le choix de faire autrement. C’est de l’ordre de la responsabilité collective, et non individuelle. En revanche, dès qu’un choix personnel est possible, je dois essayer de briser mes automatismes consuméristes, c’est-à-dire évaluer et trier entre l’essentiel et le superflu. C’est un véritable Lire la suite

Hervé Kempf : En phase avec l’histoire

lemonde.fr, Hervé Kempf, le13 juin 09

En phase avec l’histoire

Une hirondelle ne fait pas le printemps, l’élection européenne est particulière, l’abstention était massive, la droite renforce sa majorité au Parlement européen. Certes. D’accord. Ja. Yes. Si. Oui.

Il est cependant légitime de penser que le bon résultat des écologistes aux élections européennes du 7 juin (environ 20 % en France si l’on n’oublie pas les 3,63 % de l’Alliance écologiste indépendante, qui s’ajoutent aux 16,28 % d’Europe Ecologie), légitime de penser, donc, qu’il ne s’agit pas d’un feu de paille ou d’un accident permis par des circonstances exceptionnelles.

Le long cheminement de l’écologie politique amorcé en 1974 avec René Dumont, marque malgré ses succès, rechutes, divisions, hésitations, une ascension régulière. Et le succès du 7 juin peut donc être pris pour ce qu’il est : l’accession à la maturité politique de l’écologie.

Premier point, le plus important : Europe Ecologie a gagné sur le terrain des idées. Reconnaissant pleinement la gravité de la crise écologique, la liste a su articuler ce constat à la question sociale. Ses propositions sur l’agriculture, l’énergie, la biodiversité s’emboîtent logiquement, en période de bouleversement économique, avec l’idée de conversion écologique de l’économie et avec celle d’un bouclier social visant à corriger les inégalités (revenu maximum). En fait, l’analyse de l’écologie politique correspond à la situation historique. A contrario, la chute du Parti socialiste découle de la décrépitude intellectuelle de ce parti, qui semble avoir arrêté de penser depuis… trop longtemps.

Cela signifie que l’avenir de l’écologie politique dépend de sa capacité à enrichir et faire vivre sa réflexion, notamment par rapport au souci de rendre la transformation écologique non seulement acceptable, mais désirable, par les classes moyennes et par les classes populaires.

Deuxième point : une pratique politique collective. Malgré la pression du système médiatique qui ne veut voir que des vedettes – et de préférence une seule -, le succès d’Europe Ecologie tient au fait que de fortes et diverses personnalités ont su travailler ensemble, démontrant cette évidence que dissimule la psychologie capitaliste : la coopération est plus efficace que la concurrence.

Troisième réussite, encore potentielle, et qui est une clé des succès à venir : ne pas réduire la démocratie à sa seule dimension de représentation, mais impliquer les citoyens dans Lire la suite

Changer le rapport de l’homme à la nature n’est qu’un début

lemonde.fr, Edgar Morin, le 12 juin 2009

Changer le rapport de l’homme à la nature n’est qu’un début

Le succès Vert, en France, aux élections européennes ne doit être ni surestimé ni sous-estimé. Il ne doit pas être surestimé, car il résulte en partie de la carence du Parti socialiste, de la faible crédibilité du MoDem et des petites formations de gauche. Il ne doit pas être sous-estimé, car il témoigne aussi du progrès politique de la conscience écologique dans notre pays.

Mais ce qui demeure insuffisant, c’est la conscience de la relation entre politique et écologie. Certes, très justement, Daniel Cohn-Bendit parle au nom d’une écologie politique. Mais il ne suffit pas d’introduire la politique dans l’écologie ; il faut aussi introduire l’écologie dans la politique. En effet, les problèmes de la justice, de l’Etat, de l’égalité, des relations sociales, échappent à l’écologie. Une politique qui n’engloberait pas l’écologie serait mutilée, mais une politique qui se réduirait à l’écologie serait également mutilée.

L’écologie a le mérite de nous amener à modifier notre pensée et notre action sur la nature. Certes, cette modification est loin d’être accomplie. A la vision d’un univers d’objets que l’homme est destiné à manipuler et à asservir ne s’est pas encore vraiment substituée la vision d’une nature vivante dont il faut respecter les régulations et les diversités.

A la vision d’un homme « sur-naturel » ne s’est pas encore substituée la vision de notre interdépendance complexe avec le monde vivant, dont la mort signifierait notre mort. L’écologie politique a de plus le mérite de nous amener à modifier notre pensée et notre action sur la société et sur nous-mêmes.

En effet, toute politique écologique a deux faces, l’une tournée vers la nature, l’autre vers la société. Ainsi, la politique qui vise à remplacer les énergies fossiles polluantes par des énergies propres est en même temps un aspect d’une politique de santé, d’hygiène, de qualité de la vie. La politique des économies d’énergie est en même temps un aspect d’une politique évitant les dilapidations et luttant contre les intoxications consuméristes des classes moyennes.

La politique faisant régresser l’agriculture et l’élevage industrialisés, et par là dépolluant les nappes phréatiques, détoxiquant l’alimentation animale viciée d’hormones et d’antibiotiques, l’alimentation végétale imprégnée de pesticides et d’herbicides, serait en même temps une politique d’hygiène et de santé publiques, de qualité des aliments et de qualité de la vie. La politique visant à dépolluer les villes, les enveloppant d’une ceinture de parkings, développant les transports publics électriques, piétonnisant les centres historiques, contribuerait fortement à une réhumanisation des villes, laquelle comporterait en outre la réintroduction de la mixité sociale en supprimant les ghettos sociaux, y compris les ghettos de luxe pour privilégiés.

En fait, il y a déjà dans la deuxième face de l’écologie politique une part économique et sociale (dont les grands travaux nécessaires au développement d’une économie verte, y compris la construction de parkings autour des villes). Il y a aussi quelque chose de plus profond, qui ne se trouve encore dans un aucun programme politique, c’est la nécessité positive de changer nos vies, non seulement dans le sens de la sobriété, mais surtout dans le sens de la qualité et de la poésie de la vie.

Mais cette deuxième face n’est pas Lire la suite

Europe Ecologie : la désillusion du Grenelle comme point commun

journaldelenvironnement.net, Victor Roux-Goeken, le 5 juin 2009

Europe Ecologie : la désillusion du Grenelle comme point commun

Respectivement ancien directeur des campagnes de Greenpeace, directrice fédérale de France nature environnement et porte-parole de la Fondation Nicolas Hulot, Yannick Jadot, Sandrine Bélier et Jean-Paul Besset ont fait le pari des élections européennes. Ces trois têtes de liste sont pourtant issues du milieu associatif, réputé apolitique. Leur point commun: «l’échec» du Grenelle de l’environnement. Cinquième et avant-dernier article de notre dossier consacré aux élections européennes.

Quelles sont les motivations de votre engagement pour les élections européennes?

Yannick Jadot: Les associations environnementales rassemblées dans l’Alliance pour la planète avaient réussi, avec Nicolas Hulot, à imposer l’environnement dans la présidentielle de 2007. Nous avons obtenu le Grenelle de l’environnement. Depuis, je n’ai pu que constater sa faillite.

La relance économique se fait avec les vieilles formules -nucléaire, incinérateurs, agriculture intensive- dans une direction opposée à celle du Grenelle.

J’ai aussi fait le constat que si les associations faisaient leur travail, le maillon faible était du côté des politiques.

Sandrine Bélier: Le Grenelle de l’environnement a été un superbe exercice de démocratie participative. Nous avons produit une boîte à idées pour sortir de la crise. Mais j’ai eu le déclic avec le plan de relance de Patrick Devedjian [ministre de la relance] et François Fillon: relance de la construction, alors que le Grenelle préconisait la fin de l’étalement urbain, des infrastructures routières, et simplification des installations classées pour la protection de l’environnement (ICPE). Puis, il y a eu la suppression de l’enquête publique…

Avec le projet de loi «Grenelle II», nous serions repartis dans un bras de fer. On ne marchait plus que sur une jambe. La société civile forte était là, mais pas les politiques. Le Parlement n’a pas compris, à droite comme à gauche, qu’il avait dans les mains des clés pour transformer l’économie. Le mieux était de porter les solutions à la seule échelle pertinente, l’échelle européenne.

Jean-Paul Besset: Il n’y a pas que le Grenelle de l’environnement. Cela fait partie de mes engagements, dans la continuité de ce que j’ai fait ces dernières années avec Nicolas Hulot: le pacte écologique, la prise de conscience, l’environnement dans la présidentielle de 2007, qui a débouché sur le Grenelle. Mais il n’était pas possible de se contenter de cette démarche-là. Et s’est présentée l’opportunité des européennes.

Mais pour moi, le Grenelle n’est pas un échec. C’est le verre à moitié vide et à moitié plein.

L’activité d’eurodéputé est chronophage. Ne craignez-vous pas d’avoir fait perdre Lire la suite

Colloque – “Pour la suite du monde” : développement durable ou décroissance soutenable ?

expertise.hec.ca, mai 2009

“Pour la suite du monde” : développement durable ou décroissance soutenable ?

Un projet de publication des Actes de ce colloque est désormais en cours, en collaboration avec les éditions “Écosociété”. Comme nous l’avions annoncé, nous avons par conséquent décidé de retirer du site les textes présentés à l’occasion de ces deux journées de conférence.  L’ouvrage sur lequel nous travaillons devrait paraître d’ici quelques mois. Il  comprendra également la retranscription de certaines parties des débats et des interventions prononcées par nos conférenciers invités.

Nous laissons en ligne les diaporamas que certains conférenciers nous ont confiés.

Développement durable ou décroissance soutenable : les termes du débat

–  Corinne GENDRON, Penser l’économie du futur: de la croissance aux passifs écologiques. (texte non disponible)

–  Maria del rosario ORTIZ QUIJANO, Au-delà des mots qu’y-a-t-il ?(Diaporama)

–  Bernard BILLAUDOT, Ghislaine DESTAIS, Les analyses de la durabilité en économie. Fondements théoriques et implications normatives. — (Diaporama)

–  Bernard BILLAUDOT, Développement durable ou décroissance soutenable : faux procès et vrai débat. — (Diaporama)

–  Andreu SOLÉ, Développement durable et décroissance : le point aveugle des débats.

Fortunes et infortunes du « développement durable »

–  Pascal VAN GRIETHUYSEN, Pourquoi le développement durable s’est-il imposé là où l’écodéveloppement a échoué ?(Diaporama)

–  Elisabeth MICHEL-GUILLOU, Lise BIHANNIC, Le développement durable en question : sens du concept du point de vue des agriculteurs.(Diaporama)

–  Philippe ROBERT-DEMONTROND, Anne JOYEAU, Du développement durable à la décroissance : l’émergence d’un nouveau pôle du commerce équitable.

–  Reiner KELLER, Le développement durable n’existe pas. (Diaporama)

–  Gilles ROTILLON, Qui veut vraiment du développement durable ?(Diaporama)

–  Harvey Mead, Croissance, décroissance, développement : l’économie écologique, une approche pour éviter les pièges (texte non disponible)

On n’arrête pas le Progrès ? Lire la suite

Européennes : Mettre l’écologie au cœur des choix politiques maintenant !

France nature environnement, Communiqué de presse, le 8 juin 2009

Européennes : Mettre l’écologie au cœur des choix politiques maintenant !

FNE demande au Gouvernement de tirer sans délai les leçons du scrutin

Dés hier soir, FNE a salué la volonté des électeurs/trices de placer la question de l’urgence écologique au cœur du résultat des élections européennes.

FNE demande de toute urgence au Gouvernement de tirer les leçons du scrutin en abandonnant des projets écologicides et en prenant les mesures indispensables à la lutte contre la crise écologique.

Pour Sébastien Genest, Président de FNE : « Il faut que demain soit écologique ! Il est temps de comprendre que l’urgence écologique est au cœur des préoccupations des français qui sont dans l’attente d’actes politiques concrets. Se battre dos au mur chaque jour contre des textes et projets qui menacent la planète n’est pas notre vocation ! Nous souhaitons avancer vraiment puisque nous n’avons plus le temps de reculer ».

Abandon des projets écologicides.

FNE demande dès aujourd’hui que soient abandonnés les projets suivants qui sont directement contraires à l’esprit du Grenelle et à la lettre des suffrages exprimés hier et notamment :

Industrie : abandon pur et simple de la réforme du « 3e régime » qui permet un assouplissement inacceptable des conditions d’autorisation et de contrôle des activités industrielles, et doit entrer en vigueur avant le 17 juin ; abandon des opérations d’enfouissement souterrain par Total de 120 000 tonnes de CO² à Lacq dans les Pyrénées Atlantique ; moratoire sur tout projet de terminal méthanier

Nucléaire : abandon de tout projet de construction de nouveaux réacteurs nucléaires,

Agriculture : interdiction immédiate de l’insecticide Cruiser dont FNE a demandé l’annulation en justice,

Transports : abandon de toute expérimentation des méga camions, du circuit de Formule 1 en région parisienne, ….

Relance du dialogue environnemental. FNE souhaite que le dialogue environnemental entre les acteurs du Grenelle de l’environnement reprenne du souffle.

Plutôt qu’une multiplication des « Grenelle », FNE souhaite notamment :

Une position exemplaire de la France pour les négociations climatiques de Copenhague en décembre,

– Une accélération de Lire la suite

Les Cahiers de Saint Lambert : Fabrice Nicolino lance lance une nouvelle revue sur l’écologie et la solidarité

soutenezlescahiers.wordpress.com, le 10 mai 2009

Un numéro à découvrir d’urgence !

68 pages d’écologie et de solidarité.

Au sommaire du numéro 2 :

Entretien Serge Orru / Thierry Thouvenot : Quand les écologistes parlent aux religions

Repères Les faits marquants du trimestre

Infographie Cette eau virtuelle que l’on consomme sans le savoir

Dossier / Quelles agricultures pour nourrir les hommes

– Décryptage Cette agriculture qui ne nourrit plus son homme

– Récit Moi, Dédé Pochon, paysan breton qui a connu la révolution

– Spiritualité Joseph ou la terre en partage

– Perspectives Terra preta : la fertilité retrouvée

– Portrait Gandhi, ou le prophète du sel pour tous

– Face-à-face 3 questions à Frédéric Ozanne et Michel Grolleaud

– Ressources Pour aller plus loin

Portfolio Les nomades de la mer

Initiatives Le monde en marche

Document Une crise des images du monde

Vous trouverez ci-dessous une sélection de brèves et d’extraits d’articles.

Vous pouvez aussi feuilleter l’intégralité du numéro 1 en passant par ici,
et surtout, n’hésitez pas à donner votre avis !

Des villes sans pesticides

Publié 10 mai 2009 Non classé 0 Commentaires

Les Cahiers de Saint-Lambert – Numéro 2 – Printemps 2009
Le 19 janvier 2009, la ville d’Orléans et six autres communes du Loiret ont signé la charte « Zéro pesticide dans nos villes et villages Lire la suite

Européennes : les programmes en environnement

journaldelenvironnement.net, Sonia Pignet, 29/05/2009

Européennes : les programmes en environnement

Le 7 juin, la veille pour l’Outre-mer, les Français ont rendez-vous dans les isoloirs pour élire 72 eurodéputés dans 8 circonscriptions électorales. Pour ce troisième volet de son dossier consacré aux élections européennes, le JDLE passe en revue les programmes nationaux en matière d’environnement des principales listes.

Evaluer

Rares sont les listes candidates à ne pas afficher un volet environnemental à leur programme pour les européennes. Il faut dire qu’en la matière, le Parlement européen (PE) dispose d’un pouvoir important (1), et que les électeurs européens placent la lutte contre le changement climatique comme la troisième priorité à promouvoir par leur assemblée (2). Si certains candidats font des propositions concrètes, d’autres préfèrent présenter leurs idées de façon plus générale, le Parlement européen n’ayant pas vocation à faire des propositions de loi, mais plutôt à s’exprimer sur celles de la Commission européenne. Voici donc, pour les principales listes présentes dans plusieurs circonscriptions, les volets écologiques des programmes (3).

Alliance Ecologiste Indépendante

La liste d’Antoine Waechter, Francis Lalanne ou encore Patrice Drevet se veut «indépendante, positionnée au-delà du clivage gauche/droite contrairement à Europe-Ecologie», indique Jean-Marc Governatori, tête de liste en Ile-de-France. «Les Verts existent depuis longtemps, et ils ont échoué», estime-t-il. Ses membres militent pour l’accès, via des subventions, à une agriculture européenne 100% biologique d’ici 15 à 20 ans ainsi qu’à un «rétablissement de la ruralité» grâce à une modification de l’orientation des fonds publics. Côté énergies, ils s’opposent à une taxe carbone et souhaitent privilégier en priorité une réduction de la consommation d’énergie. Ils prônent également une sortie du nucléaire d’ici 25 ans et le développement des énergies renouvelables. Enfin, ils souhaitent que «la législation européenne intègre le fait que les animaux sont des êtres sensibles à la douleur physique ou psychique».

Debout la République

Les listes gaullistes, emmenées par Nicolas Dupont-Aignan, sont plus qu’avares en propositions environnementales. Seul un chapitre du programme, sur la qualité de vie, y fait référence, à propos des OGM. «Nous souhaitons privilégier la qualité de nos aliments plutôt que le principe de libre concurrence, en laissant aux Etats la marge de manœuvre nécessaire pour pouvoir, s’ils le souhaitent, mettre en œuvre leur droit de veto», indique Debout la Réublique, qui précise aussi vouloir en finir avec la comitologie, «qui vide de sa substance le débat démocratique».

Europe Ecologie

Rassemblés autour de Daniel Cohn-Bendit, José Bové, ou encore Eva Joly, pour ne citer que quelques-unes des figures les plus connues, la liste des Verts européens se mobilise autour d’une idée phare : «la transformation écologique de l’économie est la clé de la solution à la crise actuelle», comme Lire la suite

Le Roy Ladurie pessimiste sur l’évolution du climat : « Faut-il parler d’anthropocène… ou d’«anthropocide» ? »

scienceshumaines.com, Julien Bonnet, N°205, juin 2009

Des famines aux grands vins, une histoire du climat

Rencontre avec Emmanuel Le Roy Ladurie

Grandes disettes, tempêtes, canicules…, les effets du climat sont-ils toujours cataclysmiques pour les hommes ? L’historien Emmanuel Le Roy Ladurie s’inscrit en faux contre cette vision alarmiste : des progrès agricoles aux grands vins de Bordeaux, le passé montre aussi les bienfaits des changements climatiques…

Vous pensiez que le climat était une affaire de sciences dures, un objet opaque réservé aux météorologistes ? Que le réchauffement climatique ne pouvait causer que des catastrophes ? Que les tempêtes récentes étaient les pires désastres météorologiques de l’histoire de l’homme ?

Détrompez-vous : pour balayer ces idées reçues, l’historien Emmanuel Le Roy Ladurie analyse depuis une quarantaine d’années les effets contrastés des aléas climatiques. Du Moyen Âge jusqu’à nos jours, il scrute autant les famines, les inondations, les étés meurtriers et les hivers sibériens que les progrès agricoles, les grands millésimes de vins et les progrès du tourisme balnéaire.

Fils d’agriculteur normand, marqué dans son enfance par les conséquences néfastes des étés pluvieux sur les récoltes de blé, E. Le Roy Ladurie se passionne dès la fin des années 1950 pour l’histoire rurale, et entame dans la foulée une vaste Histoire du climat depuis l’an mil. Une histoire résolument quantitative, pleine de séries de chiffres sur les températures ou les dates de vendanges, qui participe du courant de «l’histoire sérielle», fondée sur l’analyse de données chiffrées (prix du blé, natalité, mortalité…). «Il n’est d’histoire scientifique que quantifiable», affirmait-il alors face aux critiques de certains de ses collègues. «On s’est moqué de moi, taxant mon travail de “fausse science”. Pour les historiens marxistes, étudier le climat n’était pas sérieux, c’était un donné qui ne valait pas la peine d’être étudié. » Davantage soutenu par son épouse Madeleine, le jeune professeur agrégé d’histoire multiplie durant les années 1960 les expéditions dans les glaciers alpins. Le couple s’intéresse aux archives comme aux sites d’anciens villages détruits par l’avancée des glaciers à la fin du XVIe siècle. Madeleine photographie les glaciers, et compare ses clichés aux gravures et croquis issus des XVIIe et XVIIIe siècles.

Dans l’appartement parisien où le couple reçoit aujourd’hui les journalistes, ces photos et gravures donnent encore un aperçu saisissant de la fonte des glaces due au réchauffement. Elles introduisent à mille ans d’histoire climatique, depuis le Xe siècle jusqu’à nos jours. Une histoire en trois temps: un premier réchauffement du climat européen durant le «petit optimum médiéval» entre 900 et 1300 apr. J.-C.; un rafraîchissement durant le «petit âge glaciaire» d’environ 1300 jusqu’à 1860; et un nouveau Réchauffement de 1860 à nos jours, titre de son dernier ouvrage.

Vous étudiez le climat, un sujet réservé aux climatologues… Quelle est la singularité du regard de l’historien ?

L’historien du climat a une double spécificité : d’une part, il ne s’attache pas seulement à la longue durée (ce qu’ont tendance à faire les autres scientifiques) pour s’intéresser également à l’événement, aux années prises isolément. D’autre part, il fait une histoire «humaine» du climat, s’intéressant à la santé, à la mortalité, au tourisme, à la viticulture, et surtout au domaine agricole, aux récoltes de blé, de pommes de terre et de betteraves. De ce point de vue, l’histoire du climat est partie prenante de l’histoire rurale.

Néanmoins, ce sujet est aussi un point de contact entre sciences «dures» et sciences humaines. Lire la suite

L’Europe peut-elle promouvoir la paix et la démocratie sans répondre aux enjeux de la question alimentaire ?

alimentons-l-europe.eu, Communiqué, mai 2009

L’Europe peut-elle promouvoir la paix et la démocratie sans répondre aux enjeux de la question alimentaire ?

Des acteurs de la société civile interpellent les candidats aux élections européennes autour de questionnements que ces organisations jugent prioritaires.

Comment ne pas remettre en cause un modèle économique qui rend 1 milliard de personnes victimes de la faim et détruit la biodiversité animale et végétale ?

Et comment penser l’avenir quand la jeunesse européenne a de plus en plus de mal à rentrer dans le monde du travail tel qu’il est ?

La question alimentaire, sujet de ce siècle, est la priorité de la décennie. Il est primordial, notamment pour la jeunesse, que la réponse qui sera donnée remette en cause le système destructeur qui prévaut aujourd’hui et redonne du souffle à l’esprit européen en ravivant les fondements qui lui ont donné naissance : la paix et la promotion de la démocratie.

Tel est le sens de l’interpellation publique des candidats aux européennes du 7 juin prochain, lancée à l’initiative de MINGA et de « Nature&Progrès » soutenue notamment par Frères des Hommes, le réseau des AMAP d’Ile de France, de Rhône Alpes et de Provence, la Confédération Paysanne, Action consommation, Liamm An Douar (Terre de Liens Bretagne), Réseau Ecobatir, ASPAARI, Fruits oubliés, Jardins et Arômes au naturel, Pour l’Ortie, Mouvement d’actions pour le Tibet, L’arbre est dans la graine, Tibet Languedoc, Paysans.fr, Comité National de Liaison des Régies de Quartier (CNLRQ), Association Européenne des Réseaux et des Régies de Quartier (AERDQ), Amis de la Terre France, Terr’Eau, BEDE Biodiversité Echanges et Diffusion d’Expériences,…

Nous vous invitons à interpeller les candidats sur les thèmes de cette lettre ouverte. Nous publierons régulièrement les réponses qui nous seront parvenues.

Cette initiative engagée à l’occasion des européennes, se poursuivra au delà des élections.

Ils ont notamment signé la lettre :

Jean Gadrey (professeur d’économie), Lire la suite

Notre Dame des Landes du 3 au 9 août 2008 : Des tritons, pas des avions !

decroissance.info, communiqué, 31 mai 2009

Camp Action Climat à Notre Dame des Landes du 3 au 9 août 2009

Pour télécharger l’appel, cliquez ici

« Des tritons, pas des avions ! »

Le projet de nouvel aéroport proche de Nantes est inutile et nuisible ! L’aéroport actuel de Nantes-Atlantique suffit et suffira largement. Avec ce projet, le béton et le bitume recouvriraient environ 2000 hectares d’un bocage très préservé et détruiraient une cinquantaine d’exploitations agricoles. Dans le contexte mondial où la poursuite du « toujours plus » – pour les mêmes – engendre inégalités, destructions et pollutions, ce lieu est un symbole fort de la nécessité de nouvelles logiques : écologiques, anticapitalistes et autogestionnaires !

Le Camp Action Climat a les objectifs suivants :

1/ sauver les terres agricoles menacées par le projet, en touchant plus largement le public local, mais aussi en élargissant et en médiatisant la lutte, l’aidant à se pérenniser pour modifier le rapport de forces.

2/ agir pour sortir des logiques économiques et sociales dominantes, qui sont à l’origine des dérèglements climatiques en cours, en menant des actions locales et en participant à un réseau de lutte national et international « Camp Climat ».

3/ faire progresser les pratiques d’autogestion, les modes d’action non-violente et les pratiques écologiques en apprenant ensemble, en pratiquant l’échange de savoirs et en mettant en place de nouvelles formes d’actions médiatiques et de résistances.

Le camp est préparé par un collectif ouvert auquel chacunE peut participer et où tout le monde peut s’exprimer, afin d’inclure autant de personnes que possible dans les décisions, prises au consensus.

Le camp fonctionnera de manière autogérée, avec pour principes de base : une empreinte écologique minimum, des actions à fort impact auprès de la population locale et/ou des médias, des échanges de savoirs sur les pratiques alternatives et écologiques, la mise en commun des bénéfices, la pratique du prix libre ou coûtant et le développement de réseaux. Il s’inscrira dans le cadre d’une semaine de résistance sur le site et fera suite à deux moments forts sur place : le festival « Le Plancher des Vaches » (samedi 1er août) et le pique-nique annuel des opposants au projet d’aéroport (dimanche 2 août).

La participation d’organisations qui souhaitent être présentes au Camp Action Climat et qui rejoignent ces principes est Lire la suite

La décroissance : un modèle économique d’avenir ?

altermonde-sans-frontière.com, Guillaume Duval, Christine Mounier, le 21 avril 2009

La décroissance : un modèle économique d’avenir ?

À en croire les principaux média, le bien-être de tous passe par une croissance soutenue. Pourtant, pour un nombre croissant de personnes, un modèle économique d´avenir et responsable ne passe plus forcément par la croissance économique, mais au contraire par la décroissance.
Décroissance ou développement durable ? : Deux camps s’opposent sur les réponses à apporter aux problèmes environnementaux et aux besoins de la population.

Les événements climatiques extrêmes se multiplient, les déchets s’amoncellent, les nappes phréatiques s’épuisent ou sont polluées, le pétrole va devenir rare et son contrôle fait l’objet de conflits de plus en plus violents, que ce soit en Irak ou en Tchétchénie. Dans le même temps, la capacité du système économique à répondre aux besoins sociaux est de plus en plus contestée. Les inégalités mondiales se creusent et si une partie de l’Asie est en train de sortir du sous-développement, c’est en adoptant un mode de vie dévoreur de ressources non renouvelables. Bref, et chacun (ou presque) en convient désormais : on va dans le mur et il faut changer de mode de développement. Et pas dans un siècle, dès les prochaines années. Mais comment faire ? Un débat de plus en plus vif oppose les partisans d’une « décroissance soutenable », organisant le recul de l’économie monétaire, aux tenants d’un « développement durable » permettant de concilier croissance et écologie.

Sur la gravité de la situation, il n´y a pas de désaccord majeur entre les tenants du développement durable et les partisans de la décroissance. Ernst Ulrich von Weizsäcker, Amory et Hunter Lovins, tenants du développement durable, reprennent à leur compte, dans leur rapport « Facteur 4 », les très sombres prévisions établies par les Meadows dans leur célèbre rapport de 1972 au Club de Rome sur « les limites de la croissance ». Ils envisagent notamment le risque d´un effondrement brutal des productions agricole et industrielle et de la population mondiale dans les prochaines décennies. Quant à Lester Brown, autre tenant du développement durable, il consacre, dans Éco-économie, des pages aux « signes de la tension » qui ne rassurent pas davantage sur l’avenir. Il n’y a pas non plus de divergence sur la nécessité d’une décroissance très rapide de la consommation de matières premières et d’énergie, en particulier, bien sûr, des énergies fossiles.

L’éco-efficience au secours de la croissance

En revanche, les avis s’opposent sur le moyen d’y parvenir. Les tenants de l’éco-économie mettent en évidence les nombreux moyens techniques déjà connus pour consommer beaucoup moins de matières premières et d’énergie tout en produisant autant de biens et de services (à travers le recyclage et une autre conception des produits). C´est le fameux « facteur 4 » d’Ernst Ulrich von Weizsäcker : on peut produire autant avec quatre fois moins d’énergie et de matières premières. D’autres, plus ambitieux encore, parlent de facteur 10. Sans être des ennemis du marché, les tenants de l´éco-économie ne croient pas que les mécanismes marchands sont susceptibles de rétablir seuls les équilibres écologiques. Ils misent sur des politiques publiques très actives et sur une refonte des systèmes fiscaux en fonction de priorités écologiques. De plus, ils soulignent qu´il va falloir changer en un temps record l´essentiel de nos infrastructures : remodeler l’urbanisme, changer d´habitat, reconfigurer les moyens de production dans la plupart des industries, etc. Cet énorme effort d’investissement est générateur de croissance et, à la fois, nécessite de la croissance pour être mis en oeuvre : la croissance faible des vingt dernières années en Europe a plus freiné la transformation écologique des modes de production et de consommation qu´elle ne l’a accélérée.

Attention à l´effet rebond

Les tenants de la décroissance ne croient pas du tout à un tel scénario. Lire la suite

Débat : Le bio peut-il nourrir la planète ?

toogezer.com, Marie Ernoult, mai 2009

Débat : Le bio peut-il nourrir la planète ?

En 2050, la planète comptera 9 milliards d’habitants qu’il faudra nourrir… L’agriculture biologique pourrait-elle relever ce défi ? Deux experts, Léon Guéguen de l’INRA et Marc Dufumier de l’INA-PG nous livrent leur point de vue.

De 1999 à 2006, la superficie mondiale certifiée bio a quasiment triplé. Le développement de l’agriculture biologique est-il durable ?

Léon Guéguen : Cette superficie a augmenté partout pour répondre à la demande mais, curieusement, elle n’augmente plus en France depuis 2002. Si la demande sociétale croît encore et que les subventions se maintiennent, voire augmentent, la production AB pourra encore se développer en assurant un revenu acceptable à l’agriculteur. Mais quelle en sera la limite supportable par les consommateurs (prix plus élevés) et les contribuables (subventions) ? Peut-être 5 à 10 % mais certainement pas 20 %, ce qui semble irréaliste ! Avec des rendements plus faibles de 30 à 60 %, quelles seront les conséquences supportables pour l’autonomie alimentaire et pour les exportations ? Enfin, un système qui ne restitue pas au sol la totalité des minéraux exportés par les récoltes ne peut être durable à long terme pour la fertilité des terres.

Marc Dufumier : Le développement de l’agriculture biologique peut être rapide et économiquement « durable » pour peu que les politiques agricoles ne créent pas de distorsions sur les marchés en faveur de l’agriculture utilisatrice d’engrais de synthèse et de produits phytosanitaires. Du point de vue de la biodiversité et de la « durabilité » environnementale, il va de soi que l’agriculture biologique est bien plus performante que celle qui a recours aux pesticides, puisque les producteurs en « agriculture biologique » sont quasiment contraints de pratiquer des rotations et des assolements bien plus diversifiés, préservent de ce fait davantage les insectes auxiliaires des cultures.

En 2050, nous serons 9 milliards d’habitants sur terre. Il faudra donc doubler la production alimentaire mondiale, cela est-il envisageable avec le bio ?

L.G : Avec des rendements beaucoup plus faibles que dans les zones d’agriculture intensive, certainement pas ! La perspective de nourrir 9 milliards d’habitants semble même très problématique avec les techniques agricoles actuelles les plus performantes, et des augmentations de productivité sont encore espérées, car les surfaces cultivables ou irrigables sont limitées.

M.D : Oui, c’est possible. La faim et la malnutrition n’ont pas pour origine une insuffisance de disponibilités en calories alimentaires à l’échelle mondiale puisque celles-ci sont d’ores et déjà équivalentes à 300 kg de céréales par personne et par an, alors même que les besoins ne sont que de l’ordre de 200 kg. C’est la pauvreté qui est à l’origine de la faim et de la malnutrition : les pauvres ne parviennent pas à acquérir les disponibilités excédentaires et ces dernières vont de préférence vers les seuls marchés solvables : l’alimentation du bétail pour nourrir ceux des riches qui mangent de la viande en excès, et l’abreuvement de nos automobiles en agro-carburants.

Pourrait-on se passer totalement des intrants pour subvenir aux besoins alimentaires mondiaux ?

L.G : Non, Lire la suite

Collectivités : un guide pour mettre en place un plan climat territorial

localtis.info, Sandrine Toussaint, le 18 mai 2009

Collectivités : un guide pour mettre en place un plan climat territorial

L’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) vient de mettre en ligne un guide méthodologique intitulé « Construire et mettre en œuvre un plan climat territorial » destiné aux chargés de missions et chefs de projets des collectivités. Lancé en juillet 2004, le plan Climat, suite logique de la ratification de la France au protocole de Kyoto (entré en vigueur en février 2005) et à son engagement de stabiliser ses émissions de gaz à effet de serre à l’horizon 2012, est composé de 60 mesures orchestrées autour de huit orientations.

Le plan climat territorial (PCT) est une de ces orientations, dont l’objectif est d’inciter les régions, les départements et les communes et leurs groupements à s’engager dans une démarche de stratégie locale de développement durable. Contribuant pour beaucoup (15% environ) aux émissions de gaz à effet de serre au niveau national, elles sont par conséquent fortement invitées à s’investir dans la lutte contre le changement climatique. L’idée est, comme l’expliquait Serge Lepeltier alors ministre de l’Ecologie, du Développement et de l’Aménagement durables en juillet 2004, « que chaque collectivité locale et administration dresse son propre bilan CO2 et définisse ses actions pour lutter contre l’effet de serre« . Le plan climat territorial est une démarche récente et un petit nombre de collectivités l’ont pour le moment adopté. Cependant, des territoires et des collectivités très engagés, parfois avant l’adoption du plan Climat, ont fait part de leurs expériences et ce sont ces dernières qui ont permis à l’Ademe de rédiger cet outil méthodologique et pratique qui priorise les actions à mettre en œuvre et les choses à éviter dans la mise en place d’un PCT. Le plan climat territorial se décompose en quatre étapes, que le guide détaille de façon très précise avec des encarts de rappel à chacune des étapes, les actions à mettre en œuvre, les questions auxquelles il aura fallu répondre avant d’entamer une autre étape, les exemples de collectivités… Un accompagnement pas à pas pour :

– préfigurer le plan climat territorial (assurer le portage politique, assurer la gouvernance du PCT, le dimensionner, et s’organiser en interne…) ;

– dégager les pistes d’action (faire un pré-diagnostic climat du territoire, établir la consommation d’énergie par secteur, industriel, résidentiel, transports, agriculture, lancer les premières actions…) ;

– construire le PCT Lire la suite

Appel pour une France durable : Interpellons les décideurs politiques et économiques

naturavox.fr, Gilles VANDERPOOTEN, Président de l’Association Vive la Terre (Etudiant, 23 ans) pour le collectif de l’Appel pour une France durable, le 25 mai 2009

Isabelle Autissier, Allain BOUGRAIN-DUBOURG, Robert BARBAULT, Dominique Belpomme, Dominique BOURG, Gilles ClÉment, Philippe Desbrosses, Jean-Pierre DOUSSIN, Caline JACONO, Jean Jouzel, Tristan Lecomte, Amélie Nothomb, Jéromine PASTEUR, Nicolas VANIER…

Appel pour une France durable

Interpellons les décideurs politiques et économiques

En 1987, le rapport Brundtland énonçait le « développement durable » et se préoccupait des « générations futures ». C’était il y a plus de vingt ans. Les « générations futures » sont là. Ne nous limitons pas à parler d’elles tout en continuant à accroître leur dette… Prenons garde au décalage entre les discours et les actes.

A l’heure de la crise économique, en période de Grenelle de l’environnement, et alors que partout l’on se réclame du « développement durable », exigeons des décideurs économiques et politiques qu’ils mettent résolument en œuvre des alternatives afin de répondre aux enjeux environnementaux, sociaux et sociétaux qui engagent notre responsabilité collective et l’avenir des jeunes générations.

Pas un jour sans que les thèmes de la responsabilité sociale, environnementale et sociétale ne soient évoqués dans les déclarations des responsables et experts économiques et politiques, dans les médias, dans les conversations citoyennes.

L’ensemble des acteurs économiques se réclame aujourd’hui du « développement durable » – une expression qui trop souvent se limite à de bonnes intentions ou à des effets d’annonce, et peine à se traduire en actes. Au risque de se transformer en alibi pour continuer comme avant et poursuivre les atteintes portées à l’homme et à son environnement.

A force d’utiliser sans discernement cette expression commode mais ambiguë, on finit par la vider de son sens, par en réduire les exigences et les ambitions.

Le caractère durable d’une activité ne peut se résumer à l’accroissement de la richesse économique, et il est incompatible avec l’utilisation sans limite des ressources naturelles ; la responsabilité environnementale et sociétale de l’entreprise ne peut se réduire au respect minimal de la législation en vigueur.

En cette période de Grenelle de l’environnement et malgré les avancées, force est de constater la distance entre l’intérêt que suscitent les enjeux environnementaux, sociaux et sociétaux dans l’ensemble de la nation, et la frilosité de bon nombre de décideurs économiques et politiques.

Prenons garde au Lire la suite

Le Parlement européen, un poids lourd en environnement

journaldelenvironnement.net, Sabine Casalonga, le 22 mai 2009

Le Parlement européen, un poids lourd en environnement

Boudé par les électeurs si l’on en croit les prévisions d’abstention record pour les élections européennes du 7 juin, le Parlement européen est pourtant le meilleur allié des citoyens en matière d’environnement. L’Assemblée sortante, bien que conservatrice, a ainsi démontré sa capacité à renforcer plusieurs textes dans ce domaine. Premier volet d’un dossier du JDLE consacré aux élections européennes.

«La protection de l’environnement et de la santé est l’un des domaine sur lequel le Parlement européen est le plus mobilisé», souligne Yves Bertoncini, enseignant à Sciences-Po et à l’Ecole nationale d’administration (Ena), expert des questions européennes (1). De fait, un tiers des directives adoptées par le Parlement durant la dernière législature (2004-2009) concernaient ce secteur. A l’échelle nationale, «70% de la réglementation en matière de pollution urbaine et industrielle, d’eau et de protection de la nature depuis 10 ans est d’essence communautaire», indique Raphaël Romi, professeur de droit à l’université de Nantes et titulaire d’une chaire Jean Monnet de droit européen de l’environnement.
Depuis le Traité de Maastricht de 1992, le Parlement européen a vu ses compétences environnementales renforcées par l’instauration de la procédure de co-décision (2). «Cela signifie que le Parlement ni le Conseil ne peuvent adopter de législation sans l’assentiment de l’autre», précise Françoise Grossetête, eurodéputée française, membre du groupe du Parti populaire européen (PEE) et de la commission Environnement. Avant cette date, les textes en environnement -dont plus de 800 ont été adoptés depuis 1973- relevaient uniquement du Conseil. «Dans le cadre de la co-décision, le Parlement européen et le Conseil donnent tour à tour leur avis sur le projet de la Commission. Entre 2004 et 2007, 64% des textes ont ainsi été adoptés en première lecture, contre 30% sur la période 1999-2004», explique Yves Bertoncini. En cas de désaccord, les deux instances tentent de trouver un compromis en deuxième lecture. Lors d’un nouvel échec, est mise en place une procédure de conciliation au cours de laquelle les représentants du Parlement et du Conseil tentent de trouver un ultime accord ou rejettent le texte. Ce qui a été le cas très récemment pour la directive sur le temps de travail (2). «Le rejet du texte par le Parlement en raison d’un différend avec le Conseil démontre son véritable pouvoir», souligne Anne Ferreira, eurodéputée française membre du Parti socialiste européen (PSE) et de la commission Environnement.
Plusieurs textes ont été renforcés par les eurodéputés durant la période 2004-2009. «Sur le paquet Energie-climat, les eurodéputés ont, pour la première fois, radicalisé l’objectif politique du texte, alors que leur rôle se limite souvent à apporter une amélioration technique», juge Raphaël Romi. «Le Parlement a renforcé les objectifs de promotion des énergies renouvelables [20% d’ici 2020]», confirme Mark Breddy, responsable de la communication de Greenpeace Europe. Françoise Grossetête cite le règlement Reach: «Nous nous sommes battus pour conserver le principe selon lequel les substances extrêmement préoccupantes devaient être remplacées par des substances alternatives plus sûres». Raphaël Romi a un avis plus mitigé: «Même s’il représente une avancée considérable, Reach est issu d’un compromis avec le Conseil». Greenpeace Europe estime toutefois que le Parlement a renforcé la position de la Commission.

Le Parlement, bien que sensible à l’opinion publique, est aussi influencé par des lobbys économiques. «Sur le paquet Pesticides, le lobby agricole Lire la suite

Hervé Kempf et Pascal Canfin: « Le capitalisme vert, ça n’existe pas ! »

ecolosphere.net, Sabrina Kassa et Emmanuelle Cosse, mai 2009

Hervé Kempf et Pascal Canfin: « Le capitalisme vert, ça n’existe pas ! »

Le revirement écologique appelé à « bonifier » le capitalisme est-il possible ? Les journalistes Pascal Canfin et Hervé Kempf restent sceptiques. Entretien.

Qu’est ce que le concept de « capitalisme vert » évoque pour vous ? Que représente-t-il dans la réalité, notamment en termes de poids économique ?

Hervé Kempf. Le « capitalisme vert », c’est la continuation du capitalisme et donc la continuation d’un système qui dans son principe est destructeur de l’environnement et qui, dans sa dernière phase, s’est traduit par une expansion extraordinaire des inégalités. Donc, le capitalisme vert, ce n’est même pas un oxymore, ça n’existe pas. C’est seulement une construction et un habillage idéologique pour faire croire que l’on peut évoluer par rapport à l’environnement sans changer les déterminants fondamentaux de nos régulations sociales, de notre système économique et de la répartition des pouvoirs dans cette société.

Pascal Canfin. La question est complexe car le capitalisme n’est pas quelque chose qui se distingue de la société. La société nourrit le capitalisme comme le capitalisme nourrit la société. Et une des alternatives au capitalisme qui est l’économie sociale et solidaire n’a de sens que si les personnes qui y participent ont des valeurs et des modes de fonctionnement qui ne sont pas ceux du capitalisme. Avec, par exemple, un partage du pouvoir qui ne dépend pas de la détention du capital. Donc ce sont les valeurs que porte la société qui vont permettre le dépassement du capitalisme. L’autre question, c’est celle du productivisme. On a bien vu que l’on pouvait être dans un système non capitaliste, comme l’Union soviétique, mais totalement productiviste, concept qui me semble encore plus difficile à déconstruire que celui du capitalisme. Donc j’ai envie de dire que ça va au-delà du capitalisme. L’aspiration à vouloir contrôler la nature, c’est la modernité, c’est Descartes… dont le capitalisme est la conséquence et non la cause.

H.K. La question essentielle, aujourd’hui, c’est la transformation des systèmes de valeurs. Une chose est sûre, il y aura toujours des entreprises. En revanche, la question du pouvoir dans les entreprises, de l’appropriation des moyens de production, ou plus simplement le contrôle des travailleurs, des consommateurs sur l’entreprise mais aussi des citoyens et des contribuables redevient tout à fait d’actualité. Par exemple, on aura toujours besoin d’entreprises qui gèrent des déchets mais il y a une différence entre Véolia environnement, qui a un capital mis en bourse et est possédé par un petit nombre de gens, et une entreprise de déchets qui assumerait ces mêmes fonctions avec une partie d’actionnariat privé, un d’actionnariat public et avec une vraie participation des travailleurs au conseil d’administration.
P.C. Par rapport aux systèmes de valeurs, je crois qu’il faut comprendre « valeur » au double sens du terme, c’est-à-dire à la fois ce qui fait sens et ce qui rentre dans les comptes. Aujourd’hui, il faut changer les deux. Par exemple, faire payer le CO2 aux entreprises qui en émettent via une taxe carbone est un élément important pour changer nos modes de production et de consommation dans la mesure où, jusqu’à présent, on surconsomme parce que l’on n’intègre pas au juste prix les ressources écologiques utilisées. Il faut par ailleurs faire la distinction entre capitalisme et économie de marché. Lire la suite

L’incroyable faillite du bio français

lepoint.fr, N°1914, Emilie Lanez, le 20 mai 2009

L’incroyable faillite du bio français

Echec. Le premier pays agricole d’Europe a raté le virage bio. Enquête.

Madame Bio, c’est elle. Chignon bohème, tailleur pantalon élégant, Elisabeth Mercier, ancienne économiste au ministère de l’Agriculture, préside l’Agence bio, l’ambassade du bio français. Dans une rue silencieuse de Montreuil, en banlieue parisienne, quelques bureaux modestes, décorés de posters de coccinelles et de souriantes vaches laitières. Avec une quinzaine de salariés et un budget annuel de 4,8 millions d’euros, sa mission consiste, depuis 2004, à mieux organiser cette filière, à la défendre et à la faire connaître. Le retard bio est une expression qui, on s’en doutait, ne lui plaît guère, même si l’ancienne diplomate, qui négocia cinq ans durant nos quotas laitiers à Bruxelles et défendit notre agriculture aux Pays-Bas, ne le laisse guère paraître : « Disons que c’est un monde riche de sensibilités contrastées. La consommation bio est une vraie tendance de fond. Depuis cinq ans, les consommateurs sont fidèles, leur panier s’élargit, il faut engager une spirale vertueuse. » C’est bien là tout le problème. Les Français adorent le bio-même s’il leur coûte plus cher-, ils en achètent et en redemandent. Paradoxalement, la deuxième puissance agricole de la planète est incapable de fournir du bio. Les distributeurs sont donc contraints d’importer massivement. Recours qui donne à penser, car si, pour fournir aux Français des pommes ou des carottes bio, on doit leur faire parcourir 2 000 kilomètres en camion, le bénéfice environnemental de l’opération paraît pour le moins amoindri.

« Nous vivons parfois des moments compliqués pour trouver du lait bio, raconte Gilles Baucher, directeur des marques propres Monoprix, l’approvisionnement est tendu. » C’est la rançon du succès, car la marque bio Monoprix, lancée voilà quinze ans, explose : les ventes ont augmenté de 25 % l’an passé. L’entreprise de surgelés Picard est confrontée, elle aussi, chaque jour à cette pénurie de bio. « Nous ne pouvons pas mettre un produit bio à la une de nos catalogues promotionnels. Nous serions incapables de suivre le boom de la demande », confie Delphine Courtier, directrice du marketing. Le bio chez Picard, c’est près de 40 % de tous ses légumes vendus, 60 000 sacs de haricots verts achetés chaque mois, 20 000 sacs de choux-fleurs, « une explosion phénoménale depuis trois ans ». « Nous avons de plus en plus de difficultés à obtenir nos volumes », ajoute la directrice marketing. Pour fournir les 758 magasins, les producteurs doivent pouvoir livrer d’imposants volumes, mais aussi fournir des produits particuliers. Pas de carotte torve, de haricot riquiqui ou de petit pois bosselé : les légumes Picard sont soumis à une charte esthétique contraignante. « Il nous faut du beau bio . » Des canons que dame Nature, surtout quand on la laisse faire, peine à respecter.

Le seul légume bio français vendu chez Picard est donc le brocoli. Tout le reste est acheminé par route depuis l’Italie, mystérieusement capable, elle, de produire du beau bio. La chaîne a lancé ce mois-ci ses premiers fruits issus de l’agriculture bio : « Les framboises sont cultivées et usinées sur place en Pologne, raconte Elisabeth Bouton, directrice de la qualité , le cocktail fruits rouges est acheté en Bulgarie . »

Pour vendre du bio aux Français, on importe donc. Etonnant. Car si l’agriculture biologique française est Lire la suite

Acheter sa nourriture bio oui mais à quel prix ?

leprogres.fr, Bruno Crozat, Association Bioconvergence,  le 17 mai 2009

Acheter sa nourriture bio oui mais à quel prix ?

Si le prix a longtemps joué en défaveur du développement de l’agriculture bio, il n’est plus aujourd’hui un facteur dissuasif pour le développement de la filière. La preuve au Salon Vivez Nature

Au Salon Vivez Nature, qui se tient à Eurexpo jusqu’à ce soir, le café bio en salle coûte 2,30 €euros. De quoi s’interroger si acheter bio en vaut la chandelle ? Mais un seul prix sur un unique produit ne doit pas discréditer toute une filière. En quelques années, l’alimentation biologique a su se départir de son image de produit de luxe. Des enseignes de hard discount comme ED, Lidl ou Leader Price développent des gammes conséquentes de produits affichant la certification AB.

Pour Chantal Malherbe, organisatrice du salon Vivez Nature, le prix n’est pas le seul critère : « Quand le consommateur achète un produit bio, il doit comprendre que l’agriculteur s’inscrit dans une démarche volontaire, il paie pour être contrôlé et obtenir son label et il ne reçoit aucune aide ». Un message qui semble acquis auprès d’une majorité de consommateurs. Selon le baromètre 2008 de l’Agence Bio, « les Français sont 39 % à trouver normal de payer plus cher un produit bio par rapport à un produit non bio. En moyenne, les Français se disent prêts à payer 12 % de plus pour les produits biologiques ». L’acceptation de ce surcoût n’est pas sans contrepartie pour les consommateurs. Dans cette même étude, une majorité de Français font le lien entre consommation, respect de l’environnement, développement durable et produits de proximité : 91 % privilégient les produits de saison, 80 % la production locale et 69 % les principes du développement durable.

Certains producteurs locaux affichent même des tarifs équivalents aux produits non biologiques de consommation courante. « Pain de Belledonne » par exemple, Lire la suite

Hervé Kempf : Paysans, le retour

lemonde.fr, Hervé Kempf, le 16 mai 2009

Paysans, le retour

Mesdames et Messieurs, J’ai l’honneur et le privilège de vous informer du retour des paysans.

La pensée dominante nous a depuis des décennies habitués à penser que l’activité agricole devait être, en termes d’emploi, résiduelle : l’augmentation de la productivité agricole, l’urbanisation des sociétés, l’évolution vers une économie de services rendraient marginal ce qui a fondé l’armature des civilisations pendant des siècles. Une page aurait été définitivement tournée.

Les politiques se sont organisées avec obstination autour de cette idée, encourageant l’agrandissement des exploitations sans s’inquiéter de la diminution constante du nombre d’agriculteurs, considérant l’espace agricole comme une simple réserve à l’expansion urbaine, ignorant les effets environnementaux d’une agriculture ultraproductiviste.

Mesdames et Messieurs,

J’ai l’honneur et le privilège de vous annoncer une bonne nouvelle : les idées d’une époque peuvent mourir, les dogmes peuvent être renversés. Et j’ai donc l’immense plaisir de vous informer qu’en ces temps de marasme mental et politique nous pouvons créer un million d’emplois en Europe, cinq cent mille en France – des emplois de paysans.

Effacez, s’il vous plaît, l’esquisse du sourire ironique qui se dessine sur vos lèvres, et écoutez. Entre 1950 et 2007, la productivité du travail agricole a été multipliée par 26 : cela signifie qu’un paysan produit vingt-six fois plus aujourd’hui qu’il y a soixante ans. Cela peut-il continuer ? A l’évidence, non. Et d’autant moins que ce calcul oublie les « effets externes » de cette évolution stupéfiante : érosion des sols, pollution des nappes phréatiques, baisse de la biodiversité, utilisation de masses énormes de pesticides et d’antibiotiques.

En réalité, il devient essentiel de réduire ces effets externes, qui ont un coût caché pour la société très important. Cela signifie travailler la terre autrement, y affecter plus de soin et moins de machines. Donc Lire la suite

L’agriculture bio est-elle prête à sortir de terre ?

eco-life.fr, Anne de Malleray, le 4 mai 2009

L’agriculture bio est-elle prête à sortir de terre ?

La France compte seulement 2% de surface cultivées bio et, face à un marché en pleine expansion, importe près de 50% de sa consommation. Ce retard nous place au 21e rang européen mais les projets de conversion se multiplient Le secteur agricole français est souvent stigmatisé pour ses mauvaises performances en agriculture biologique et son recours aux pesticides dont nous sommes les premiers utilisateurs en Europe. Néanmoins les défenseurs de la filière bio sont optimistes. « Le marché du bio est en hausse de près de 10% en 2008« , souligne Vincent Perrot, délégué général de la Fédération Nationale de l’Agriculture Biologique. « Les chiffres officiels seront publiés mi-mai, mais on voit que les surfaces augmentent partout par rapport à l’année dernière ».

Dans la Région Centre par exemple, 17e sur 22 régions pour sa superficie en bio, 100 demandes d’aide à la conversion ont été déposées auprès de la Préfecture cette année. Le nombre d’exploitations bio passerait de 400 à 500 pour une surface bio multipliée par deux, de 2 000 à 4 000 hectares.

On doit cet engouement au déplafonnement des aides octroyées par le ministère de l’Agriculture en janvier 2009. « Jusque là, les aides à la conversion au bio étaient plafonnées à 7600 euros par hectare et par an, soit 38 hectares aidés pour les grandes cultures, ce qui n’était guère incitatif« , souligne Frédric Laloy, chargé de mission sur l’agriculture biologique à la Direction régionale de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt (DRAAF). « Le passage au bio, qui concernait principalement les vignobles et le maraîchage, commence à intéresser les grandes exploitations céréalières« . Pour atteindre l’objectif de 6% des surfaces en 2012 fixé par le Grenelle de l’environnement, il fallait convaincre ce type d’exploitation. « La hausse ne concerne pas seulement le Centre, on constate le même effet de levier beaucoup de régions », souligne Frédric Laloy.

– « Si les aides ne sont pas suffisamment incitatives, les agriculteurs ne s’y mettront pas » –

L’engouement est tel que les enveloppes allouées à la conversion, gérées sur le plan régional, ne sont pas assez épaisses. « Nous craignons un replafonnement des aides à cause d’une demande trop élevée« , s’inquiète Vincent Perrot. A raison, puisque la Région Centre, devant l’affluence des dossiers, a décidé de limiter le montant des aides à 20 000 euros par exploitation. Mieux que les 7 600 euros offerts auparavant, mais peut-être pas suffisant pour convaincre les agriculteurs demandeurs d’aller au bout de leur démarche.

Le passage au bio n’est pas une sinécure. »Pendant deux ans, Lire la suite

Terre de liens sauve les terres paysannes

eco-life.fr, Anne de Malleray, le 11 mai 2009

Terre de liens sauve les terres paysannes

Pour lutter contre la spéculation foncière et conserver un patrimoine agricole en perdition, l’association Terre de liens rachète des exploitations qu’elle loue uniquement à de petits exploitants. Alors que la France perd 66 000 hectares de terres agricoles chaque année, près de 5 000 demandes d’agriculteurs qui cherchent des terrains ne sont pas satisfaites. Ce paradoxe repose en grande partie sur la spéculation foncière. Les terrains sont vendus au plus offrant, lequel est rarement un petit agriculteur. Pour lutter contre ce phénomène, l’association Terre de liens rachète des exploitations qu’elle « stocke », selon les mots de Jérôme Deconinck, son président, pour les retirer du marché. Elle les loue ensuite, en favorisant l’installation d’exploitants en agriculture biologique.

Le modèle de Terre de liens repose sur l’épargne solidaire et le don. La foncière Terre de liens délivre des actions, qui ne donnent droit à aucun dividende mais à des réductions d’impôts. La fondation, créée en 2007, recueille des dons financiers et de terrains. Depuis sa création en 2003, l’association a acquis 14 fermes, sur 340 hectares. Avalisée par l’Autorité des Marchés Financiers l’année dernière, elle a pu lancer un appel public à l’épargne qui lui a rapporté 3 millions d’euros et 2 200 actionnaires. Grâce à ce nouveau souffle, de nombreux projets d’achat sont en cours d’instruction, pour une surface de 450 hectares.

– Remettre en question le sacro-saint concept de propriété privée –

Un sillon minuscule en comparaison de l’ensemble des transactions ? « Notre but n’est pas de racheter la moitié de la France« , souligne Séverine Grosjean, chargée de communication pour l’association. « Nous voulons sensibiliser à la question de la disparition des petites exploitations« . Terre de liens est aujourd’hui la seule association à préserver de cette façon le patrimoine agricole. Si l’acquisition collective de terres est déjà une solution adoptée par des agriculteurs qui se regroupent en Groupement foncier agricole (GFA) ou Société civile immobilière (SCI), la cohésion de ces projets est fragile et dépend de la fidélité de chaque acquéreur.

Il existe également un organisme public, la Safer, Société d’aménagement foncier et d’établissement rural, établie dans chaque région, qui aurait le pouvoir de réguler le marché. Elle possède en effet un droit de préemption sur la vente des terres agricoles mais dans la pratique, elle accorde en général la vente au plus offrant. « Notre but est aussi de préserver les terres paysannes, mais si nous jouons systématiquement le rôle de gendarme, nous nous excluons du marché« , justifie Hervé Traver, porte-parole de la Safer. « Le problème nous dépasse. Nous ne pouvons pas lutter contre la perte de rentabilité économique des petites exploitations agricoles. Il faudrait, en amont, des mesures qui les protègent« .

Remettre en question le sacro-saint concept de propriété privée n’est pas évident, mais l’idée de favoriser Lire la suite

AMAP d’Agen : Du beurre dans les épinards et du bio dans l’assiette

sudouest.com, Valérie Deymes, le 11 Mai 2009

AMAP. Une association pour le maintien de l’agriculture paysanne est née. Explications

Du beurre dans les épinards et du bio dans l’assiette

Tous les vendredis, en fin d’après-midi, sur le parking de Biocoop, s’opère un étrange manège : des hommes et des femmes s’approchent d’une table remplie de sacs débordant de verdure et repartent les bras chargés. Ce « manège » est tout ce qui a de plus légal. Il s’agit du rendez-vous hebdomadaire des 23 familles adhérentes de la toute jeune Amap d’Agen. Pour les non initiés, l’Amap, littéralement « Association pour le maintien d’une agriculture paysanne » est certes une petite organisation de consommateurs désireuse de balayer la malbouffe d’un revers de main mais aussi un groupe animé d’une même philosophie de vie et de pensée. « Notre objectif est de promouvoir et soutenir l’agriculture paysanne locale de qualité », explique Julien Delange porte-parole de cette Amap.

Reste maintenant à comprendre comment. L’aventure a débuté, l’an passé. « L’association Au fil des Séounes, avait fait, dans le cadre de la Semaine du développement durable, la promotion des paniers commandés directement au producteur. Cette initiative a intéressé plusieurs familles. Le principe de l’Amap, c’est de trouver un producteur près de notre commune de domicile. Nous nous entendons avec lui pour une livraison hebdomadaire de paniers soit au prix de 7,50  soit à 15 euros. L’agriculteur choisit ce qu’il met dans le panier, en fonction de sa production saisonnière. Nous payons d’avance sur une durée de six mois, ce qui lui permet d’avoir une trésorerie. Pour nous, consommateurs, on évite les intermédiaires et le prix du bio est plus intéressant », poursuit Julien qui, avec les autres familles s’est renseigné auprès du Civam Agrobio pour trouver un maraîcher bio dans l’Agenais. « Nous avons pris ainsi contact avec la famille Gélade sur Colayrac-Saint-Cirq. Un couple d’agriculteurs qui veut passer la main à leurs filles, des jumelles de 23 ans. Les Amap s’intéressent souvent à des situations de reprise d’exploitations ou de conversion en agriculture bio, car elles viennent alors en soutien, avec leurs moyens… »

« Solidarité sociale »

Toutes les semaines, la famille Gelade prépare les produits qui seront acheminés par ses soins en palettes jusqu’au parking de Biocoop. « Le contenu des paniers est lissé sur l’année. Il y a bien évidemment des saisons où ils sont plus garnis que d’autres et tout dépend aussi des aléas climatiques. Le consommateur joue le jeu et est averti. Après l’association s’organise pour la distribution. Chacun des membres Lire la suite