Note PAC des Parcs naturels régionaux de France : Réforme de la Politique agricole commune (PAC) 2014-2020 – L’approche territoriale, vecteur d’un développement agricole durable

http://www.cdurable.info/L-approche-territoriale-vecteur-d-un-developpement-agricole-durable,3230.html

Note PAC des Parcs naturels régionaux de France : Réforme de la Politique agricole commune (PAC) 2014-2020 – L’approche territoriale, vecteur d’un développement agricole durable

Cdurable.info, Cyrille Souche, le 3 février 2011

Européen à l’agriculture des propositions relatives à la réforme de la Politique agricole commune dans un document intitulé : « L’approche territoriale, vecteur d’un développement agricole durable ». Dans ce document, la Fédération, qui rassemble un réseau de 46 Parcs naturels en France, part d’un constat qu’elle connaît bien : la diversité de l’agriculture et de ses enjeux sur des territoires marqués par la diminution du nombre d’agriculteurs ; ses nouvelles chartes de Parcs répondant déjà aux grands objectifs de la réforme dans des domaines aussi essentiels que la sécurité alimentaire, la protection des ressources naturelles, la lutte contre le changement climatique, le développement rural et l’emploi. Elle propose donc d’accompagner une agriculture fondée sur la diversité des territoires et des ressources naturelles.

1. Introduction : la réforme de la dernière chance pour une agriculture durable ?

2. L’approche territoriale, gage d’une agriculture plus durable

3. Les Parcs naturels régionaux : une approche territoriale de l’agriculture qui va dans le sens des défis de la réforme de la PAC

4. Un Ier pilier à rapprocher de la dimension territoriale et à rééquilibrer en faveur du second pilier

5. Un second pilier outil d’une approche territoriale combinant les enjeux environnementaux, climatiques et de compétitivité

6. Les 3 options proposées par la Commission ; proposition d’une quatrième voie

7. Conclusion : un retour au bon sens agronomique, enrichi par l’innovation agro-écologique et une approche territoriale

L’agriculture doit en effet être soutenue pour répondre à une demande croissante de qualité des productions et pour développer les pratiques respectueuses de l’environnement. Il en va de même pour la protection et la valorisation des paysages qui vont bien au-delà d’un intérêt touristique évident.

Même si elle évolue dans le bon sens, la Politique agricole commune n’a pas toujours favorisé ces approches. En concentrant les aides sur certaines productions intensives, la PAC a entraîné la spécialisation des productions qui ont eu un impact désastreux sur l’environnement. Pour réussir le tournant environnemental de l’agriculture européenne, la PAC doit s’appuyer sur les ressources des territoires et les projets collectifs qui s’y développent en respectant les spécificités locales, comme le font depuis toujours les Parcs naturels régionaux.

La PAC doit être incitative sur le volet environnemental du premier pilier pour enclencher une évolution vers des pratiques durables qui Lire la suite

La « démocratie écologique » de Dominique Bourg n’est pas la solution

alternatives-ecologique.fr, Jean Gadrey, le 18 janvier 2011

La « démocratie écologique » de Dominique Bourg n’est pas la solution

http://www.alternatives-economiques.fr/blogs/gadrey/2011/01/18/la-%C2%AB-democratie-ecologique-%C2%BB-de-dominique-bourg-n%E2%80%99est-pas-la-solution/

Un débat existe sur la démocratie écologique (et plus généralement sur la démocratie scientifique). Il serait dommage de le caricaturer, comme c’est le cas avec certaines critiques des thèses de Dominique Bourg. Deux livres récents et importants peuvent l’éclairer. D’une part celui d’Hervé Kempf, « L’oligarchie ça suffit, vive la démocratie » (Seuil). D’autre part celui de Jacques Testart, Agnès Sinaï et Catherine Bourgain, « Labo planète, ou comment 2030 se prépare sans les citoyens » (Mille et une nuits).

Les idées de Dominique Bourg sont explicitées dans un article qu’il a publié avec Kerry Whiteside dans « La vie des idées » le 1° septembre 2009. Il est accessible via ce lien. Ceux qui y voient une « dictature écologique » (voir ce lien) exagèrent beaucoup. D. Bourg ne propose nullement d’abolir le système actuel mais de l’enrichir, il met en avant le rôle de la société civile et des ONG, le rôle de la démocratie « participative et délibérative » venant compléter la démocratie dite représentative.

J’ai toutefois un sérieux problème avec une partie de ces thèses où est affirmée une sorte d’impuissance des citoyens à prendre en charge les grands enjeux écologiques à long terme, enjeux qui ne pourraient être défendus que par l’alliance de scientifiques et d’ONG environnementales.

Cela conduit D. Bourg à préconiser de nouveaux arrangements institutionnels pour surmonter ce qu’il désigne comme une incapacité du système de la « démocratie » actuelle « à répondre au défi environnemental ». Avec la création 1) d’une « académie du futur » composée de « chercheurs internationalement reconnus » ayant pour mission de veiller à l’état de la planète, et 2) d’un nouveau Sénat. Ce dernier, « formé pour deux tiers au moins de personnalités qualifiées – proposées, par exemple, par les organisations non gouvernementales environnementales – et pour un tiers de citoyens, aurait pour rôle d’élaborer, en amont de l’Assemblée nationale, les grands mécanismes législatifs, par exemple fiscaux, permettant de répondre aux nouveaux objectifs constitutionnels. Ce Sénat pourrait, avec l’aval de conférences de citoyens, opposer son veto aux propositions de loi contraires à ces objectifs. » (Le Monde du 31 octobre 2010).

Je retiens évidemment de l’analyse de D. Bourg le fait que, dans le système de la démocratie et de l’information TEL QU’IL FONCTIONNE – très mal, comme le démontre Hervé Kempf – nombre de risques vitaux pour l’humanité, dont le réchauffement climatique, ne sont pas « ressentis » avec la même acuité et la même urgence que, par exemple, le chômage ou la pauvreté. Je constate aussi que les principales alertes écologiques proviennent de l’alliance de scientifiques (par exemple le GIEC) et d’ONG écolos.

Mais on pourrait faire le même constat de mise à l’écart des citoyens pour d’autres enjeux non écologiques au départ mais essentiels, y compris à long terme : les retraites, la construction européenne, la reprise en main de la finance, les dettes publiques, la création monétaire et les investissements du futur, etc.

L’information déversée sur les citoyens par l’alliance terrible des grands médias, de l’argent et de la publicité bloque la démocratie et conforte l’oligarchie. Elle a pour but Lire la suite

Comment les politiques publiques peuvent-elles orienter les modes de consommation à l’horizon 2030 ? – Rapport : 25 propositions pour une consommation durable

Comment les politiques publiques peuvent-elles orienter les modes de consommation à l’horizon 2030 ? – Rapport : 25 propositions pour une consommation durable

Cdurable.info, David Naulin, vendredi 28 janvier 2011

http://www.cdurable.info/Rapport-25-propositions-pour-une-consommation-durable-Centre-Analyse-Strategique,3223.html

Les études réalisées par le Crédoc montrent que nous sommes de plus en plus nombreux à avoir conscience de la nécessité de protéger notre planète et de s’engager vers le développement durable, mais, que seule une minorité d’entre nous agit en ce sens. Le paradoxe est encore plus important dans la consommation. Les « consomm’acteurs », qui privilégient au moins occasionnellement les produits issus du commerce équitable, de l’agriculture biologique ou de circuits de production régionaux, ne représenteraient environ que 20 % de la population. Face à ces constats, le gouvernement a souhaité que le Centre d’analyse stratégique (CAS) établisse le bilan des pratiques actuelles de « consommation durable », explicite les leviers d’action dont dispose la puissance publique pour modifier les pratiques en faveur d’une consommation plus durable et propose des recommandations en ce sens. Commandé par le Gouvernement, ce rapport du groupe de travail présidé par Elisabeth Laville, présente 25 recommandations pour diffuser pleinement les réflexes de consommation durable au sein de la société française.

Éduquer à la consommation (durable) dès le plus jeune âge

Encourager les initiatives pionnières de terrain dans une logique « ascendante »

Soutenir l’innovation au service de la consommation durable

Mettre en place les outils économiques nécessaires

Encourager l’État et les collectivités territoriales à adopter des politiques de consommation et de commande publique durables

Assurer un suivi pérenne de la politique nationale de consommation durable

Télécharger le rapport

Synthèse du rapport

Avant toute politique de consommation durable, il s’agit de déterminer dans quelle mesure une alternative au modèle de la « consommation-accumulation » est possible. Il ne s’agit aucunement de prôner l’émergence d’une société de la décroissance, qui ne serait compatible ni avec la prospérité de l’économie française ni avec la soutenabilité de notre endettement. Si une évolution vers une société durable doit être amorcée le plus tôt possible, elle ne doit pas être imposée brutalement. Elle devra être suffisamment attractive pour motiver les changements de comportements et se construire en collaboration avec les parties prenantes, comme le souligne le récent livre de Dominique Bourg et Kerry Whiteside, qui propose de « repenser la démocratie » pour répondre au défi écologique [1]. Une politique de consommation durable ne peut de fait se concevoir que dans la mesure où elle s’intègre dans la vision partagée d’une société qui relativise l’importance de la consommation dans nos vies, nos relations sociales, notre culture.

Nous devons faire décroître dès aujourd’hui notre impact environnemental, nos émissions de gaz à effet de serre et les prélèvements de ressources naturelles de manière sélective, dans certains secteurs. Dans le même temps, il est urgent d’explorer les opportunités de croissance liées à la consommation de produits et services durables, innovants (économie de fonctionnalité, écoconception, circuits courts…). Les fondements d’une politique spécifique de consommation durable pourraient donc être posés sous forme d’objectifs simples visant à réduire l’impact des modes de consommation français, en concertation avec les parties prenantes. Cette stratégie devra ensuite être déclinée dans des secteurs prioritaires compte tenu de leur impact (essentiellement l’alimentation, le logement dont l’électronique, le transport dont le tourisme).

L’implication de l’ensemble des acteurs, notamment des ménages dont la contrainte de revenu est la plus forte, est un aspect central et devra conduire à adopter des approches différenciées pour qu’ils ne restent pas à l’écart de cette politique.

Plusieurs facteurs devront être pris en compte pour assurer son efficacité :

  • reconnaître la consommation durable comme un sujet à part entière ;
  • considérer l’ensemble du cycle de vie des produits et services ;
  • instituer une gouvernance mêlant l’approche descendante traditionnelle (réglementation, contrôle, information, incitation, etc.) à une approche plus ascendante, volontaire, participative, à l’écoute des initiatives innovantes, en soutien des groupes sociaux pionniers et déjà convaincus, qui peuvent avoir un effet d’entraînement ;
  • faire évoluer notre modèle de consommation en s’appuyant sur des relais culturels ;
  • adapter la stratégie aux évolutions sociales et technologiques ;
  • viser la réorientation des comportements des producteurs et des consommateurs à long terme.
  • Éduquer à la consommation (durable) dès le plus jeune âge

L’éducation à la consommation devrait amener chaque citoyen, à tout âge, à intégrer le développement durable dans ses réflexes et habitudes de consommation. L’une des difficultés consistera à Lire la suite

Prochaine réunion mensuelle de Gironde en transition le mardi 1er février 2011 à 19h00 à la MNE Bordeaux-Aquitaine – L’après-pétrole a commencé… en 2006 ! C’est confirmé !

Prochaine réunion mensuelle de Gironde en transition le mardi 1er février 2011 à 19h00 à la Maison de la nature et de l’environnement Bordeaux-Aquitaine, 3 rue de Tauzia à Bordeaux, suivi d’un pique-nique partagé tiré du sac. Ouvert à toutes et à tous.

EDITO [imagine 83 – janvier & février 2011]

http://www.imagine-magazine.com/lire/spip.php?article1287

La Transition

L’après-pétrole a commencé… en 2006 ! C’est confirmé !

2006 fut l’année du pic pétrolier. Et maintenant, que fait-on ? Le mouvement de la transition a lancé un séduisant plan B : il propose une renaissance économique, culturelle et sociale, par une relocalisation de l’économie. En se passant progressivement du pétrole et, surtout, en valorisant tous les talents. Une piste à découvrir !

Le pic pétrolier a eu lieu en 2006 ! C’est l’Agence internationale de l’énergie (AIE) qui l’annonce dans le World Energy Outlook 2010, son rapport annuel publié le 9 novembre dernier [1] Le pic pétrolier, c’est ce moment où la production commence à plafonner et puis à décroître, et cela à l’échelle de la planète entière. Dans une économie mondiale fondée sur le pétrole, le temps est donc venu de se poser des questions de civilisation !

La fin du pétrole abondant et bon marché

Dans les années 40, le géophysicien Hubbert suggéra que la production d’une matière première donnée, et en particulier du pétrole, suivait une courbe en forme de cloche (voir ci-contre). L’extrapolation de la première partie de la courbe devait permettre de la dessiner complètement. Et donc de déduire les réserves de pétrole d’une région donnée, ainsi que le maximum de sa production. Pour confirmer son hypothèse, Hubbert annonça que la production de pétrole des Etats-Unis atteindrait son niveau maximal en 1970. Sa présentation fut oubliée… jusqu’en 1971, année où la production américaine atteignit effectivement son maximum, puis déclina, confirmant l’hypothèse du pic de Hubbert. Depuis lors, si la communauté internationale s’est trouvée d’accord pour dire que ce pic allait arriver pour toutes les réserves pétrolières de la planète, il restait à en déterminer la date.
Les spécialistes de l’Aspo [2] annonçaient comme imminente l’arrivée du pic pétrolier, et depuis peu, les plus clairvoyants n’hésitaient pas à affirmer que nous étions « déjà dedans ».
La confirmation est aujourd’hui apportée par le secteur lui-même : le « pic historique » a été franchi en 2006 et la production de pétrole conventionnel n’augmentera « plus jamais  », précise le rapport 2010 de l’Agence internationale de l’énergie.

Cette importante nouvelle n’a pas vraiment fait les grands titres de l’information internationale. « Il y a bien eu quelques papiers plus ou moins inquiets », relève Matthieu Auzanneau, un journaliste indépendant, sur son blog spécialisé [3]. L’AIE prévoit que « la production de pétrole brut se stabilise plus ou moins autour de 68-69 Mb/j (millions de barils par jour) à l’horizon 2020, mais ne retrouve jamais le niveau record de 70 Mb/j qu’elle a atteint en 2006 », relève pour sa part Hervé Kempf, dans un petit article du journal Le Monde marquant l’événement [4].

Pas de panique toutefois : on ne verra pas les stations-service à sec dès demain. Les prix, par contre, risquent bien de monter progressivement. La surconsommation de biens en tous genres, dont beaucoup fabriqués à partir ou consommant des produits pétroliers (avions, autos, plastiques, agriculture intensive, chimie…), continuant à être présentée comme « le » moyen d’accéder au bonheur, chacun revendique – bien légitimement – sa part d’or noir. Il ne faut donc pas s’attendre à ce que demain, par on ne sait quel coup de baguette magique, nos économies dépendantes puissent se passer de pétrole bon marché.

Le début d’un pétrole encore plus polluant ?

Le déclin rapide de la production de pétrole bon marché risque de ne pas être une sinécure pour les populations, si on ne s’y prépare pas dès aujourd’hui. Les plus pauvres seront les premiers à souffrir de la pénurie. Et les risques de conflits, notamment pour les ressources, sont évidents. Il semble que, pour les politiques, soumis aux échéances électorales tous les quatre ou cinq ans, le pic pétrolier soit une question à trop long terme pour être véritablement prise en considération. Se saisir de cette question à bras-le-corps serait en effet choisir de ramer à contre-courant des grandes industries du secteur (pétrole, gaz, automobile…), qui disposent de la puissance de la propagande publicitaire, et qui font tout pour nier l’évidence, dans le but de prolonger autant que possible le business as usual. Car, malgré l’arrivée du pic, le secteur pétrolier prévoit – ce qui est un comble – une augmentation de la production de pétrole et de gaz d’ici 2035 ! Pour y arriver, les pétroliers comptent sur l’exploitation des ressources non conventionnelles, comme les sables bitumineux du Canada, et sur une augmentation de la production de gaz liquide, notamment pour les transports. Mais le secteur table surtout sur l’exploitation de nouveaux gisements situés dans les zones maritimes à grandes profondeurs, ainsi que dans l’océan Arctique (voir le graphique ci-dessous dans l’article d’origine).

L’important à noter dans ce graphique est bien sûr le Lire la suite

La permaculture au sein de l’agriculture urbaine : Du jardin au projet de société

vertigo.revues.org, volume 10, numéro 2, Emmanuel Pezrès, septembre 2010

http://vertigo.revues.org/9941

Volume 10 numéro 2 | septembre 2010

Dossier : L’agriculture urbaine : un outil multidimensionnel pour le développement des villes et des communautés

La permaculture au sein de l’agriculture urbaine : Du jardin au projet de société

La permaculture est souvent considérée comme un procédé « alternatif » de production alimentaire écologique en ville ou à la campagne. Cependant, et bien que la définition et les principes de la permaculture soient en constante évolution, il apparaît que la permaculture n’est pas simplement une autre façon de jardiner, mais une autre façon de concevoir le monde. Considérant la place de la permaculture dans le processus de l’agriculture urbaine, nous remarquons que la conception permaculturelle est, bien entendu, différent de l’agriculture conventionnelle, mais nous observons également que le projet permaculturel est fondamentalement différente de l’urbanisme. De là, face à la crise écologique mondiale croissante, nous interrogeons la permaculture comme une possibilité de re-conception de la structure urbaine existante. Enfin, nous nous questionnons sur les bases épistémologiques de la permaculture en vue de susciter un changement philosophique et matériel global.

Plan

La permaculture : une définition en mouvement.

Permaculture versus urbanisme.

La permaculture et la culture de la ville.

Le travail permaculturel de l’urbain

Cultiver un paradigme alternatif.

1. Stimulée par une recherche contemporaine de relations environnementales et collectives plus harmonieuses, l’ambition d’une agriculture intégrée à des cycles écologiques durables rencontre un souhait citoyen de réinvestir la ville. Les expériences présentes de permaculture et leurs développements dans le mouvement des villes en transition tendent vers ces objectifs. Cet article, prolongeant les potentialités d’aménagement de l’agriculture urbaine au travers de la permaculture se propose de décrire les possibilités de mise en œuvre de production de « cultures alternatives » dans leurs sens le plus large. Pour cela, nous essayerons d’abord de définir la permaculture à partir d’elle-même. Puis, nous chercherons sa spécificité dans ses contrastes avec les disciplines qui travaillent l’agriculture urbaine : l’agriculture et l’urbanisme. Ensuite, nous envisagerons la permaculture, non plus comme seule méthode d’agriculture dans la ville, mais comme une méthode de conception de l’urbain. Enfin, la dernière partie exposera la possibilité de création d’une autre façon de vivre la ville et la mise en place d’une nouvelle urbanité qui pourrait être aussi un nouveau paradigme civilisationnel.

La permaculture : une définition en mouvement.

2. Afin d’éviter que la permaculture ne soit réduite à une simple modalité de l’agriculture urbaine, il nous faut d’abord essayer de définir ce qu’elle est et quel est son objet. Toutefois, fixer le concept de permaculture n’est pas forcément possible car sa définition est mouvante, elle varie selon les auteurs et évolue avec le temps. Du mot, on peut dire qu’il a été formé dans les années soixante-dix, par Mollison et Holmgren à partir de deux termes anglais : « permanent » et « agriculture ». Les créateurs du concept définissent en premier lieu la permaculture comme « (…) un système évolutif intégré, d’auto-perpétuation d’espèces végétales et animales utiles à l’homme. C’est, dans son essence, un écosystème agricole complet, façonné sur des exemples existants, mais plus simples » (1986 :15). Cependant au lieu de rester classiquement dans le domaine agricole comme pourrait le faire l’agriculture biologique, le premier et unique livre en commun des deux co-inventeurs du terme permaculture, lui donne tout de suite un champ d’action plus large : « Nous n’avons pas voulu établir un schéma fixe et dogmatique mais un modèle qui intègre plusieurs principes appartenant à de nombreuses disciplines l’écologie, la conservation de l’énergie, l’aménagement du paysage, la rénovation urbaine, l’architecture, l’agriculture (sous tous ses aspects) et les théories de localisation en géographie. » (1986 :16). De même, bien que l’élaboration du concept de permaculture et son étude, soit d’abord destinés à une population ayant Lire la suite

Texte inédit de mars 2010 d’Edgar Morin : LA VOIE

Un texte inédit d’Edgar Morin (nouvelle version : mars 2010).

LA VOIE

Sparsa colligo[1]

La grande Voie n’a pas de porte. Des milliers de routes y débouchent – Proverbe zen

Il y a ceux qui voudraient améliorer les hommes et il y a ceux qui estiment que cela ne se peut qu’en améliorant d’abord les conditions de leur vie. Mais il apparaît que l’un  ne  va pas sans l’autre et on ne sait par quoi commencer – André Gide Journal 1942-49, p.31

Les forces « extérieures » du monde sont les mêmes que celles qui nous agitent intérieurement ; ses drames, ses tentations, ses lâchetés, ses cruautés  procèdent aussi de la vie intérieure de tous les autres êtres humains….Les cruautés des tyrans leur viennent d’une vie intérieure qui nous est commune  à tous – Pierre Guyotat

Il faudrait voir d’une part si le projet humain réalisé durant ces six millénaires par l’homo historicus est le seul projet humain possible et d’autre part voir s’il ne faudrait pas faire aujourd’hui quelque chose d’autre. – Raimundo Pannikar

Si le domaine des idées est révolutionné, la réalité ne peut demeurer telle qu’elle est – Hegel

Nous continuons à chercher des dépanneurs de la planète alpha, alors que nous sommes sur la planète beta – Ph. Caillé

Une terre finie peut-elle supporter un projet infini ? – Leonardo Boff

Quiconque croit qu’une croissance exponentielle peut durer toujours dans un monde fini, est ou un fou ou un économiste – Kenneth Boulding

Nous sommes condamnés à mûrir si nous ne voulons pas être condamnés à mourir – XX

Je ne cesse d’avoir de nouvelles preuves qu’un grand potentiel de bonne volonté sommeille en nous.  Celle-ci n’est qu’atomisée, intimidée, piégée, paralysée et désemparée. Dans cette situation, il est du devoir des hommes politiques de ramener à la vie ce potentiel timide et sommeillant, de lui proposer une  voie, de lui frayer un passage, de lui redonner assurance, possibilité de se réaliser, bref espoir. – Vaclav Havel

Chaque chose en tout temps marche avec son contraire – Les mille et une nuits

Liez les extrêmes et vous aurez le véritable milieu – Fiedrich Schlegel

Pour atteindre l’humanité il faut le sens d’un au-dela de l’humanité – Friedrich Schlegel

Notre temps n’est pas assez mûr pour cela, disent-ils toujours. Est ce une raison pour y renoncer ? – Friedrich Schlegel

La réalité envoie des signes annonciateurs à l’humanité – Peter Sloterdyk

Tout se passe comme si nous savions que quelque chose d’énorme va soit se produire, soit échouer lamentablement – Mahaswata Devi

La crise sociale, économique et spirituelle actuelle peut être dépassée grâce à la science, la spiritualité et la fraternité – Krishnammal Jagannathan

Il ne s’agit pas de trouver des « solutions » pour certains « problèmes » mais de viser à une alternative globale à l’état de choses existant, une civilisation nouvelle, un mode de vie autre, qui ne serait pas la négation abstraite de la modernité, mais son dépassement (aufhebung), sa négation déterminée, la conservation de ses meilleurs acquis, et son au-delà vers une forme supérieure de la culture – une forme qui restituerait à la société certaines qualités humaines détruites par la civilisation bourgeoise industrielle. Cela ne signifie pas un retour au passé, mais un détour par le passé, vers un avenir nouveau… – Michaël Lowy

Première partie :

La difficulté de penser le présent

– la conscience est toujours en retard par rapport à l’immédiat : « no sabemos lo que pasa y eso es lo que pasa » (Ortega y Gasset)

– il y a la rapidité  des processus en cours

– il y a la complexité propre à la globalisation : inter-retro-actions innombrables entre processus extrêmement divers (économiques, sociaux, démographiques, politiques, idéologiques, religieux, etc)

– il y a nos carences cognitives :

les cécités d’une connaissance qui, compartimentant les savoirs, désintègre les problèmes fondamentaux et globaux qui nécessitent une connaissance transdisciplinaire

l’occidentalo-centrisme qui nous situe sur le trône de la rationalité et nous donne l’illusion d’être dans l’universel

Ainsi ce n’est pas seulement notre ignorance, c’est aussi notre connaissance qui  nous aveugle.

De la mondialisation à la globalisation

Le processus de mondialisation commence à la fin du XVe siècle avec Lire la suite

Jean Zin : L’optimisme de la raison

jeanzin.fr, Jean Zin, le  novembre

http://jeanzin.fr/index.php?post/2010/11/15/L-optimisme-de-la-raison

L’optimisme de la raison

Quelque critiques que puissent être la situation et les circonstances où vous vous trouvez, ne désespérez de rien; c’est dans les occasions où tout est à craindre, qu’il ne faut rien craindre; c’est lorsqu’on est environné de tous les dangers, qu’il n’en faut redouter aucun; c’est lorsqu’on est sans aucune ressource, qu’il faut compter sur toutes; c’est lorsqu’on est surpris, qu’il faut surprendre l’ennemi lui-même. (Sun-Tse, L’Art de la Guerre)

On peut prendre pour une provocation de parler d’optimisme de la raison au moment de la montée de tous les périls, pourtant c’est justement dans ces moments qu’il ne faut pas céder à la panique mais préparer les « lendemains qui chantent », car les beaux jours reviendront même si beaucoup en doutent. On peut dire qu’on en voit déjà les premières lueurs, un peu comme les premiers résistants annonçaient la libération au coeur de la nuit nazie.

Aujourd’hui, la situation est loin d’être aussi dramatique, bien qu’on n’ait rien vu encore, la succession des interventions pour repousser une crise systémique de plus en plus insoluble ayant épuisé tous les moyens des Etats (taux d’intérêts minimum, déficits maximum) jusqu’à se fragiliser eux-mêmes et se retourner contre leurs citoyens pendant que s’amorce une guerre des monnaies. Cependant, l’expérience de la crise de 1929 nous donne un coup d’avance, peut-on dire, la répétition du krach de la dette ayant déjà provoqué un retournement idéologique très sensible. Certes, ce qui domine pour l’instant, c’est plutôt la désorientation et une confusion des esprits qui peut mener à toutes sortes de dérives autoritaires et xénophobes, mais qui met tout de même un terme à une lente descente aux enfers, période de désocialisation et d’individualisme exacerbé où le dogmatisme néolibéral nous a fait entrer dans une des périodes les plus noires pour l’intelligence. Le remake des années folles avec les années fric avait de quoi nous dégoûter d’un monde qui bafouait tous nos idéaux et inversait toutes les valeurs mais quand le désespoir se transforme en colère et qu’il faut passer à l’action, il n’est plus temps de se complaire aux éructations de quelques vieilles badernes atrabilaires qui nous prédisent inlassablement la fin du monde, alors que ce n’est que la fin du vieux monde à laquelle nous assistons et qui ne mérite pas tant de nostalgies.

On peut, tout au contraire, espérer à nouveau et discerner les immenses potentialités de l’époque, époque révolutionnaire comme il n’y en a jamais eu dans l’histoire à cette rapidité et cette ampleur, avec une conjonction inédite des crises (économique, écologique, géopolitique, technologique, anthropologique, idéologique) où tout est bouleversé de fond en comble en quelques dizaines d’années seulement, au point qu’on peut légitimement avoir l’impression que le sol se dérobe sous nos pieds, des idéologies dépassés ne permettant pas de comprendre quoi que ce soit à ce qui se passe. Il y a un nouveau langage à inventer. C’est dans ces périodes pourtant qu’il est peut-être le plus exaltant de vivre, c’est là que s’ouvrent des possibles et que notre action peut être décisive pour orienter l’avenir et peser sur les choix futurs. C’est dans ces commencements qu’il est le plus important de savoir déceler la richesse des possibles, en évitant de s’égarer sur des voies utopiques sans issue pour saisir plutôt les véritables opportunités qui s’offrent à nous. Il s’agit de construire une stratégie politique pour une sortie de crise qui ne sauve pas seulement les meubles mais qui soit la conquête de droits nouveaux et d’une société pacifiée, d’une économie plus soutenable au service du développement humain, prenant en compte les conditions de sa reproduction. Vraiment de quoi retrouver une bonne dose d’optimisme pour notre avenir et les jeunes générations.

Il faut raison garder. L’optimisme de la raison ne signifie en aucun cas qu’on pourrait prendre ses désirs pour la réalité. Cela ne signifie ni que la technologie pourrait tout résoudre, ni qu’on pourrait espérer la fin du capitalisme et le triomphe du communisme. Il faut se persuader au contraire que notre chance, c’est de venir après tous ces égarements. Après l’échec patent du communisme comme du capitalisme. Aucun regret. Il ne peut être question de retomber dans les mêmes erreurs de l’homo economicus comme de l’homo sovieticus, et si l’on peut espérer quelque chose, c’est plutôt Lire la suite

Ecoconstruction et agroécologie : L’architecture de cueillette – Proto-histoire du bâtiment

terrecooperative.ouvaton.org, Alain Marcom, le 13 avril 2008

http://terrecooperative.ouvaton.org/spip.php?article24

Ce texte fait partie du « Petit Précis d’Agroécologie » Nourriture, Autonomie, Paysannerie, sous la direction de Silvia Perez-Vitoria et Eduardo Sevilla Guzman, édité par La Ligne d’Horizon, 7 villa Bourgeois 92240 Malakoff et qu’on peut le commander pour la somme redoutable de 6 € + frais de port

Ecoconstruction et agroécologie : L’architecture de cueillette – Proto-histoire du bâtiment

Jusqu’en 1750, origine de la mécanisation, les maisons de la grande majorité de la population mondiale étaient forcément des maisons à faible impact environnemental. Elles étaient issues de matériaux de proximité, montés avec un savoir faire local et dans le cadre d’une économie faiblement marchande. Le travail de mise en oeuvre était basé sur la consommation d’une énergie métabolique humaine ou animale. On était parfois aidé par les cours d’eau ou le vent à fin de transport ou d’aide mécanique au sciage des arbres ou de taille des pierres, pour la très ténue minorité des puissants économiques, politiques ou religieux.

Mais pour l’immense majorité de l’humanité, c’était le contexte général de l’architecture de cueillette. Ce qui ne servait pas, voire ce qui gênait dans l’agriculture, était utilisé en construction. On gérait plus qu’on ne cultivait des matériaux comme le bois ou les roseaux. On construisait avec les pierres qui affleuraient à la surface du champ et avec la terre des coins les moins fertiles. L’impact environnemental principal était du à la cuisson de la terre pour les briques ou les tuiles, et à la cuisson de la chaux, dans les régions où ces cuissons étaient pratiquées. Mais ces derniers matériaux étaient utilisés avec une grande parcimonie, surtout que la population mondiale était bien inférieure à la population actuelle, puisqu’elle n’atteint son premier millard d’habitants qu’au début du 19 ème siécle….

Seuls les monuments, bâtiments des puissants, s’exonéraient de cette pratique par l’importation de matières venues de loin, quand les matériaux locaux n’étaient pas assez prestigieux et coûteux pour éblouir les passants. En effet les matières pour construire étaient, et restent encore aujourd’hui lourdes et leur transport avant le règne des camions, des autoroutes et du pétrole, avait un coût considérable. A partir de 1850, la machine thermique a peu à peu permis de transformer la matière, de la transporter plus facilement sur de plus grandes distances. Le train, l’acier, le bateau à vapeur, le ciment, les engins de carrière ont transformé les matériaux et les savoir faire dans les pays en voie d’industrialisation tout au long du 19 ème siècle.

La croissance des villes dans le « premier monde » a participé à la naissance d’un marché du travail dans le bâtiment. Un secteur important de l’économie est né à partir de la révolution industrielle. Alors que le ciment est inventé au début du 19 ème, c’est vers le milieu de ce siècle qu’est déposé le premier brevet du béton armé, et c’est dans la dernière décennie du 19 ème qu’on voit apparaître des chantiers de construction d’immeubles en béton armé en Belgique, chantiers effectués par des entreprises allemandes. A ce moment, nous sommes au début de l’« art nouveau », et ce sont les capacités plastiques du béton qui sont recherchées.

L’industrialisation du bâtiment en France

La reconstruction après la première guerre mondiale a vu la première tentative de bétonnisation dans le Nord Est de la France. Cette tentative parfaitement réussie du point de vue économique, fera du chemin, bien que la ligne Maginot ait peu convaincu. L’occupation allemande, avec le chantier du mur de l’Atlantique a confirmé le formidable potentiel du béton et la facilité de façonnage, aussi appelée formation, de la main d’oeuvre. C’est fort de ces réussites économiques et mécaniques resplendissantes que le gouvernement provisoire de 1944 va se lancer dans une stratégie d’industrialisation à outrance sous prétexte de « reconstruction ». Les écoles d’ingénieurs formatés à ce projet, et les recherches pour la modélisation de ce matériau emblématique de la modernité, vont fleurir un peu partout en France.

Les tâches de la chaîne de production du bâti vont être finement découpées et séparées, atomisées, taylorisées. C’est à l’aune de la flèche de la grue que vont se concevoir les cités de banlieue. De véritables usines de béton armé vont se monter à une extrémité du chemin de grue. Celle-ci distribuera les coffrages-tunnels ou les éléments préfabriqués au bout de sa flèche de chaque côté du rail, donnant naissance à deux barres parallèles. Sur ce process industriel de conception et de réalisation, un peu partout des cités des mille, deux mille, jusqu’à quatre mille logements vont être construites. La puissance publique ne va pas ménager ses commandes, en cités-dortoirs de banlieue, hôpitaux, écoles, bâtiment administratifs, barrages, ponts, etc… Le béton über alles établira de la sorte sa domination actuellement encore sans partage. Un hasard bien planifié fait donc que nous avons aujourd’hui en France les deux plus puissants groupes de bâtiment mondiaux, et le premier producteur mondial de ciment.

De l’autre côté du Rhin, la tradition fédéraliste a engagé l’Allemagne dans une autre stratégie. Le montant des destructions était bien supérieur là-bas qu’ici. Mais là bas on a investi les fonds du plan Marshall dans le redressement du capital industriel lourd. Les régions, avec de très faibles moyens, ont eu en charge la « reconstruction ». Ainsi, on a pu voir des techniques traditionnelles régionales normalisées, et des ouvrages pédagogiques de vulgarisation de techniques constructives simples à base de matériaux peu transformés et de proximité diffusés, favorisant l’autoconstruction, l’apprentissage et la reconstruction d’un tissu économique constitué essentiellement de petites entreprises. L’organisation politique a produit une forme de retour à l’architecture de cueillette. Les savoir faire locaux, Lire la suite

Hervé Kempf : l’oligarchie ça suffit, vive la démocratie

http://www.cdurable.info/Herve-Kempf-l-oligarchie-ca-suffit-vive-la-democratie-Seuil,3147.html

cdurable.info, David Naulin, le 24 décembre 2010

En librairie le 6 janvier 2011

Hervé Kempf : l’oligarchie ça suffit, vive la démocratie

Après Comment les riches détruisent la planète et Pour sauver la planète, sortez du capitalisme, Hervé Kempf achève sa trilogie par un essai analysant la crise de la démocratie au regard de la crise écologique et sociale.

« Nous sommes entrés dans un système oligarchique qui n’a d’autre ressort que l’avidité, d’autre idéal que le conservatisme, d’autre rêve que la technologie »

Sommes-nous en dictature ? Non. Sommes-nous en démocratie ? Non plus. Les puissances d’argent ont acquis une influence démesurée, les grands médias sont contrôlés par les intérêts capitalistes, les lobbies décident des lois en coulisses, les libertés sont jour après jour entamées. Dans tous les pays occidentaux, la démocratie est attaquée par une caste. En réalité, nous sommes entrés dans un régime oligarchique, cette forme politique conçue par les Grecs anciens et qu’ont oubliée les politologues : la domination d’une petite classe de puissants qui discutent entre pairs et imposent ensuite leurs décisions à l’ensemble des citoyens.

Si nous voulons répondre aux défis du XXIe siècle, il faut revenir en démocratie : cela suppose de reconnaître l’oligarchie pour ce qu’elle est, un régime qui vise à maintenir les privilèges des riches au mépris des urgences sociales et écologiques.

Car la crise écologique et la mondialisation rebattent les cartes de notre culture politique : l’Occident doit apprendre à partager le monde avec les autres habitants de la planète. Il n’y parviendra qu’en sortant du régime oligarchique pour réinventer une démocratie vivante. Si nous échouons à aller vers la Cité mondiale, guidés par le souci de l’équilibre écologique, les oligarques nous entraîneront dans la violence et l’autoritarisme.

Au terme de ce récit précisément documenté mais toujours vivant, le lecteur ne verra plus la politique de la même façon.

Références : l’oligarchie ça suffit, vive la démocratie de Hervé Kempf – Editeur : Seuil – Date de publication : 6 janvier 2011 – EAN13 : 9782021028881 – Prix public : 14 €

Comment les riches détruisent la planète et Pour sauver la planète, sortez du capitalisme, les précédents ouvrages d’Hervé Kempf, ont rencontré un important succès. Ils ont été traduits dans de nombreuses langues. L’intérêt soutenu qu’ils continuent de susciter en fait désormais des références de l’écologie politique.

« Nous sommes entrés dans un système oligarchique qui n’a d’autre ressort que l’avidité, d’autre idéal que le conservatisme, d’autre rêve que la technologie »

Voici un extrait de l’entretien avec Hervé Kempf réalisé par Thibaut Monnier publié dans Financité de décembre 2010.

Financité : En quoi la finance est-elle liée à la crise écologique ?

Hervé Kempf : Le développement extraordinaire de la spéculation financière depuis une trentaine d’années s’est traduit par une destruction massive de l’environnement et un creusement considérable des inégalités. Le résultat est qu’aujourd’hui une minorité Lire la suite

Bassin d’Arcachon écologie « entendue, mais pas suffisamment écoutée »

sudouest.fr, David Patsouris, le 22 décembre 2010

http://www.sudouest.fr/2010/12/22/entendue-mais-pas-suffisamment-ecoutee-273348-662.php

Bassin d’Arcachon écologie « entendue, mais pas suffisamment écoutée »

L’association Bassin d’Arcachon écologie a été très active en 2010, notamment sur le dossier du futur pôle de santé qui ouvrira en 2012 à La Teste-de-Buch.

Voilà presque vingt ans que l’association Bassin d’Arcachon écologie (BAE) travaille sur les dossiers environnementaux de la Petite Mer. Jeudi soir, elle dressait le bilan de l’année 2011.

1 Comment travaille l’association ?

Le bénévolat est aussi un sacrifice. Forte d’une grosse centaine de membres, BAE travaille sur des dossiers aussi sensibles que complexes. « Au sein du bureau, nous échangeons des mails tous les jours, explique Françoise Branger la présidente. Il n’y a ni vacances ni jours fériés. Certains membres de BAE sont spécialisés en droit. D’autres ont en main ponctuellement certains dossiers. On essaie de travailler sur les plus urgents. On est toujours sur la brèche. »

La reconnaissance a son revers. Peu à peu depuis 1989, BAE a gagné une réelle légitimité auprès des autorités du Bassin. Du coup, l’association est invitée dans bien des instances. Elle siège au conseil de développement du Pays du bassin d’Arcachon et Val de l’Eyre. Elle participe au comité de suivi du schéma de mise en valeur de la mer, au comité de concertation pour le projet de Parc naturel marin, collabore aux réflexions pour la gestion intégrée des zones côtières lancées par le Département. BAE est aussi membre du conseil de gestion de l’île aux Oiseaux et du comité de gestion des domaines de Certes et Graveyron…

2 Entendue sur le pôle de santé

« Nous sommes parfois écoutés, raconte Françoise Branger, mais pas toujours assez. Si nous l’avions été sur le futur pôle de santé, lorsque nous nous sommes exprimé au moment de l’enquête publique, nous n’aurions pas eu besoin de faire des recours. » Résultat, BAE a été au centre d’une polémique déclenchée par Yves Foulon, président du conseil d’administration de l’hôpital et maire UMP d’Arcachon qui avait jugé ce recours sur le permis « irresponsable ».

« Il fallait absolument préserver le corridor écologique sur ce site inondable et écosensible très proche du canal des Landes, insiste Françoise Branger. Les élus parlent d’environnement, mais les faits sont souvent loin des discours. Ce corridor était identifié par les services de l’état et il n’était pas respecté par ce projet qui aggravait les risques d’inondation et posait problème par rapport à la biodiversité. Notre recours a fait prendre conscience de ces risques. »

Ce fut du travail : « Il y a eu deux mois et demi de négociation, avec Lire la suite

Hervé Kempf et l’écologie bisounours : Cancon, pas Cancun

http://abonnes.lemonde.fr/idees/article/2010/11/30/cancon-pas-cancun_1446886_3232.html

lemonde.fr, Hervé Kempf, le 30 novembre 2010

Cancon, pas Cancun

Les cancan bobo sur Cancun ont tout du concon : les commentaires entourant l’ouverture de la conférence sur le climat dans la station balnéaire mexicaine ont dénoncé la stagnation des négociations et rappelé les Etats à leur devoir. Faut-il voir là l’expression d’une écologie Bisounours toujours en pleine forme ?

La diplomatie n’est jamais autonome : elle forme l’écho des forces sous-jacentes qui meuvent l’histoire. Celles-ci franchissent parfois des points de rupture. Eclate alors en pleine lumière le nouvel ordonnancement des puissances. Les traités sont, parmi d’autres événements, ces jours de lumière.

Dans le cas du climat, le système de forces est double. D’une part, un jeu géostratégique classique de puissances – Chine, Etats-Unis, Europe, Russie, Inde, etc. – illustrant une tension Nord-Sud. D’autre part, du fait de l’originalité historique de la crise écologique, un jeu planétaire, se déclinant dans chaque société, d’opposition entre deux modes de développement économique et de répartition des richesses.

La négociation climatique est engluée dans la tension géostratégique du bipôle Etats-Unis et Chine, l’Europe ayant abandonné son ambition en ne séparant pas son destin de celui des Etats-Unis. Il reste l’autre opposition, toujours tue par l’écologie Bisounours : celle confrontant une croissance économique assise sur une inégalité sociale, à une économie écologique dont la sobriété suppose la justice sociale. Cela constitue l’autre blocage de la négociation : presque tous les Etats importants sont engagés dans un modèle de croissance matérielle – rebaptisée « verte » – visant à conserver l’ordre social inégal. Et le développement écologique et juste est en fait défendu par ce qu’on appelle la « société civile ». Son expression est bornée par l’oligarchie et par les médias qu’elle contrôle. Mais c’est en fait de la force, de l’énergie, et de la capacité de persuasion de ces forces populaires que dépend l’évolution des choses.

La conférence de Copenhague a été un tournant, parce que, pour la première fois, dans l’arène du climat y a émergé la société civile, sous le slogan de « justice climatique ». Si un traité sur le climat est nécessaire, il ne pourra s’écrire que sous la pression populaire. C’est pourquoi, plutôt qu’à Cancun, où les diplomates ne feront que sauver les apparences, c’est dans les mouvements de protestation et de proposition qu’il faut chercher l’énergie de l’avenir. En France, c’est à Lire la suite

Les assiettes de nos enfants sont truffées de produits chimiques

http://www.leparisien.fr/environnement/les-assiettes-de-nos-enfants-sont-truffees-de-produits-chimiques-01-12-2010-1173231.php

leparisien.fr, Frédéric Mouchon, le 1er décembre 2010

Les assiettes de nos enfants sont truffées de produits chimiques

On savait déjà que la majorité de nos fruits et légumes étaient gorgés de résidus de pesticides. Mais l’étude dévoilée ce matin par un collectif d’associations écologistes, fait froid dans le dos. En faisant analyser quatre repas types consommés par un enfant d’une dizaine d’années en une seule journée, l’association Générations Futures a découvert pas moins de 81 substances chimiques différentes.

 «Nos analyses montrent qu’en 24 heures, un enfant est susceptible d’être exposé, uniquement par son alimentation, à des dizaines de molécules soupçonnées d’être cancérigènes ou d’être des perturbateurs endocriniens», détaille François Veillerette, le porte-parole de l’association Générations futures.

Les mesures, effectuées par plusieurs laboratoires spécialisés dans les analyses alimentaires, ont notamment montré la présence de PCB, de pesticides, de dioxine, de métaux lourds, etc. Pour mener leur enquête, les militants associatifs ont acheté dans différents supermarchés de l’Oise et de Paris, entre le mois de juillet et le mois de septembre, des aliments non bio.

Ils ont ensuite composé quatre repas et un encas en prenant bien soin de respecter les recommandations du ministère de la Santé : à savoir la présence de cinq fruits et légumes, de trois produits laitiers et d’1,5 litres d’eau. Pour le seul petit déjeuner, qui comprenait un thé au lait, du pain de mie, du beurre, de la confiture et un jus de fruit, les analyses ont montré la présence de 28 résidus de produits chimiques, dont 21 considérés comme des cancérigènes possibles, trois comme des cancérigènes certains et dix-neuf comme des perturbateurs endocriniens.

Pas moins de quinze traces de polluants ont été trouvées dans le beurre doux et sept dans le lait entier vendu en brique. Quant au thon contenu dans la salade composée du déjeuner, des traces d’arsenic, de cadmium, de mercure et de PCB ont été découvertes. Enfin, l’analyse effectuée sur le chewing-gum pour enfant montrait des traces de dioxyde de titane.

 «Même si, dans la quasi totalité des cas, les limites légales pour chaque substance chimique prise individuellement ne sont pas dépassées, ces résultats montrent que les consommateurs ingèrent quotidiennement un impressionnant cocktail de molécules chimiques, constate François Veillerette. Il est urgent que Lire la suite

Après-pétrole : et si les habitants initiaient la transition des villes ?

http://www.rue89.com/passage-a-lacte/2010/11/30/apres-petrole-et-si-les-habitants-initiaient-la-transition-des-villes-178

rue89.com, Cécile Cailliez  le 30 novembre 2010

Après-pétrole : et si les habitants initiaient la transition des villes ?

Les « villes en transition » imaginent la cité de l’après-pétrole, moins dépendante de l’or noir. Une initiative citoyenne d’origine anglo-saxonne qui essaime désormais en France.

Un rapport de l’Agence internationale de l’énergie (AIE) l’a prouvé récemment : les ressources de pétrole s’épuisent indéniablement.

Pire, selon l’AIE, le pic pétrolier, cette phase où la production de pétrole conventionnel sera en déclin par rapport à la demande, serait désormais atteint.

Si l’Agence rassure en tablant sur la découverte et la mise en production de nouveaux champs, le constat est là : il faut dès à présent penser la ville de demain, moins dépendante de l’or noir.

Mais comment envisager l’après-pétrole sans tomber dans le catastrophisme ? Les partis politiques écologiques ont du mal à mobiliser et tous les citoyens ne se reconnaissent pas dans les mouvements associatifs ou décroissants.

La solution : susciter au sein de la communauté un mouvement de réflexion et d’action, s’appuyer sur les ressources et les compétences locales, afin de mettre en place et de diffuser au niveau local les bonnes pratiques.

Comment la mettre en pratique ?

En 2006, à Totnes, une bourgade de 8 000 habitants, Rob Hopkins enseigne la permaculture, une philosophie du développement durable par l’aménagement du territoire et le renforcement de la communauté.

Convaincu de la réalité du pic pétrolier, il tente alors un pari fou : miser sur la participation des habitants pour favoriser la « transition » en douceur de sa ville à l’horizon 2030.

Ainsi naît le mouvement des « villes en transition », qui se fonde avant tout sur la notion de Lire la suite

Jean Gadrey : « La poursuite de la croissance n’assure plus le bien-être »

lavoixeco.com, Yannick Bouchet, le 26 novembre 2010

Jean Gadrey : « La poursuite de la croissance n’assure plus le bien-être »

http://www.lavoixeco.com/actualite/Dossiers/A_la_loupe/Les_marches_financiers_en_crise/2010/11/26/article_jean-gadrey-la-poursuite-de-la-croissan.shtml

«La fin de la croissance quantitative me paraît nécessaire pour éviter les catastrophes écologiques et sociales.»

L’économiste lillois de la post-croissance signe un petit ouvrage remarqué en France sur la recherche d’un mode de développement alternatif au modèle dominant, qui créerait davantage d’emplois sans épuiser les ressources naturelles et en certifiant l’équité sociale.

Il pense qu’un monde meilleur est possible et il prétend en faire la démonstration dans son dernier ouvrage. Jean Gadrey est professeur émérite à l’université de Lille I, membre du conseil scientifique d’ATTAC, publie dans Alternatives économiques (1) ou Politis et participa activement à la commission Stiglitz sur la mesure de la croissance, rapport remis au chef de l’État en 2008.

–          Peut-on résumer votre pensée en affirmant que la croissance n’est pas la solution, mais un problème ?

–          « De plus en plus d’économistes en font la démonstration. Dans les débats, on nous pose la question : « A-t-on encore vraiment besoin de croissance ? » Dans les pays riches, la poursuite de la croissance n’améliore plus le bien-être. La production quantitative de richesses matérielles aggrave de surcroît la crise écologique en épuisant les ressources naturelles.

On pense aujourd’hui que la croissance fait l’emploi, assure les retraites et la protection sociale mais c’est de moins en moins vrai. Même pour la crise écologique, on parle de croissance… mais verte ! Je pense au contraire que la croissance est devenue un facteur de crise, une menace pour la planète et un obstacle au progrès. Attention, je ne suis pas pour la décroissance, mais pour une autre croissance, éco-compatible et plus solidaire. »

–          Une autre croissance est-elle vraiment possible ?

–          « Bien sûr. C’est parce que nous ne savons pas l’imaginer collectivement que nous renonçons à la concevoir. Par exemple, une agriculture moins intensive, moins productiviste permettrait de créer entre 30 et 40 % d’emplois supplémentaires.

La Confédération européenne des syndicats explique qu’une réduction de 30 % des gaz à effets de serre en 2020 dans le seul secteur des transports correspondrait à 4,5 millions d’emplois en moins dans la construction automobile mais à 8 millions d’emplois en plus dans le secteur des transports en commun. En réalité, une baisse de productivité peut Lire la suite

Action anti-LGV: pour Bizi!, l’heure est à la  »désobéissance civile »

http://www.eitb.com/infos/environnement-et-science/detail/552642/action-anti-lgv-bizi-lheure-est-desobeissance-civile/

eitb.com, rédaction, le 27novembre 2010

Action anti-LGV: pour Bizi!, l’heure est à la  »désobéissance civile »

Affirmant « Nous n’avons pas de planète B » et évoquant l’urgence climatique, Bizi a dénoncé samedi à Bayonne l’impact écologique de la LGV et plaidé pour la modernisation des voies existantes.

Trois activistes du mouvement altermondialiste basque Bizi ont déployé sur la façade de la mairie de Bayonne une immense banderole appelant à la désobéissance civile contre le projet de LGV.

Après avoir descendu en rappel le long de la façade, ils ont rejoint quinze autres militants en bas qui actionnaient une sirène et distribuaient des tracts dans le marché de Noël, critiquant notamment le député-maire UMP de Bayonne, M. Jean Grenet, pour son soutien à la LGV.

Affirmant que « nous n’avons pas de planète B » et évoquant l’urgence climatique, le mouvement altermondialiste basque a voulu ainsi dénoncer l’impact écologique de la LGV et plaider pour la modernisation des voies existantes.

« L’heure est aujourd’hui à la désobéissance civile et il va falloir s’opposer concrètement aux sondages de terrain prévus sur le parcours de la LGV, » a estimé Mattin Ihidope, porte-parole des manifestants de Bizi. « L’heure est également à Lire la suite

Transition écologique – Ces villes qui tentent de se libérer du pétrole

bastamag.net, Sophie Chapelle, Chris Jordan, le 25 novembre 2010

http://www.bastamag.net/article1145.html

Transition écologique – Ces villes qui tentent de se libérer du pétrole

Tout le monde n’attend pas que gouvernements et chefs d’État s’entendent sur un hypothétique accord pour sauver le climat. Loin de Cancún, où se tiendra le prochain sommet sur le réchauffement climatique, des réseaux associatifs et des municipalités se lancent dans d’ambitieux programmes pour libérer leurs villes de la dépendance pétrolière. Comment font ces « villes en transition » ? Exemple à Boulder, près de Denver, aux États-Unis.

Aux pieds des montagnes Rocheuses, dans le Colorado, la ville de Boulder, tente l’impossible : se libérer du pétrole au pays des road movies, des drive in, de l’essence peu chère… et des plus grosses émissions de gaz à effet de serre par habitant au monde. L’objectif, pour les 300.000 résidents de ce bastion démocrate, est de passer d’une consommation annuelle de neuf barils de pétrole par personne, à un seul.

L’une des chevilles ouvrières de cette révolution locale s’appelle Michael Brownlee. Ancien journaliste, il a été chercher l’inspiration en Grande-Bretagne, là où est né un étrange mouvement, celui des « villes en transition ». Le concept est lancé en 2006 par un enseignant en permaculture, Rob Hopkins. Celui-ci demande à ses étudiants d’identifier les dépendances au pétrole de la ville de Kinsale, dans le Sud de l’Irlande. Dans la foulée, les chercheurs élaborent un scénario de descente énergétique ambitieux, mais réaliste, d’ici 2030. C’est de cette expérience qu’émerge le concept de « transition ». Le défi est majeur : éviter aux populations les dramatiques conséquences d’un pic pétrolier trop brutal (l’épuisement progressif des ressources pétrolières) et contribuer concrètement à la lutte contre les dérèglements climatiques, sans attendre d’hypothétiques accords internationaux. Le Manuel de Transition : De la dépendance au pétrole à la résilience locale de Rob Hopkins vient d’ailleurs d’être traduit en français (aux éditions Ecosociété avec la revue Silence).

Transition écologique rime avec processus démocratique

À son retour, Michael Brownlee lance le Transition Boulder County pour transformer cette agglomération moyenne en ville « décarbonée ». « Nous avions besoin de modèles à suivre. Le mouvement de la transition nous en fournit un », explique-t-il. Le terrain est favorable. La ville de Boulder et son comté sont déjà en pointe en matière environnementale. Dès 2002, la ville adopte la résolution dite « de Kyoto » pour réduire ses émissions de gaz à effet de serre [1] puis adopte dans la foulée un plan action climat avec un budget annuel avoisinant un million de dollars. Chaque grande mesure est soumise par référendum à la population. Un premier amendement impose ainsi que 10% de l’énergie consommée provienne Lire la suite

France Nature Environnement – Réchauffement climatique : les français, eux, sont convaincus

France Nature Environnement, le 22 novembre 2010, communiqué de presse

Réchauffement climatique : les français, eux, sont convaincus

Le climat est en train de changer et les rejets anthropiques de gaz à effet de serre ont contribué à ce réchauffement. C’est ce dont sont convaincus près de 75% des français et que révèle une enquête exclusive de l’IFOP publiée dans le Monde du 18 novembre. Analyse de France Nature Environnement.

Les français ne sont pas climato-sceptiques

N’en déplaise aux climato-sceptiques récemment « taclés » par l’Académie des Sciences en octobre dernier, c’est pourtant l’opinion de la majorité des français : l’augmentation de la température observée depuis le début du 20è siècle est largement due à l’activité humaine (transport, industrie, agriculture …). En plus d’être persuadés de l’existence et des causes de ce réchauffement global, les français placent le réchauffement climatique en tête des menaces environnementales.

Les convictions des français doivent assoir une stratégie solidaire de lutte

Fort de ce soutien populaire, l’Etat français doit porter une position ambitieuse à Cancún*. Il s’agit d’obtenir des objectifs contraignants de réduction des émissions mondiales de gaz à effet de serre à un niveau suffisant pour tenter de ne pas dépasser +2°C, augmentation au-delà de laquelle nous ne saurions plus nous protéger contre les dérèglements. Les règles de la solidarité internationale pour parvenir à financer l’adaptation et la lutte contre le changement climatique constituent l’autre enjeu de ce nouveau rendez-vous. Comment les pays du Nord vont-ils aider ceux du sud ?

Des négociations internationales en mal de concrétisation

Pour Adeline Mathien, chargée de mission Climat Territoires à FNE : « Nous sommes pour l’instant mal engagés et depuis les négociations de Copenhague en 2009, peu de choses ont réellement bougé. Mal engagés aujourd’hui, au point que la prolongation du protocole de Kyoto qui arrivera à échéance en 2012 pourrait Lire la suite

Morin et Viveret – Comment vivre en temps de crise ? Economie, politique… et si la crise financière permettait de tout repenser ?

http://www.cdurable.info/Comment-vivre-en-temps-de-crise-Edgar-Morin-Patrick-Viveret,3037.html

cdurable.info, David Naulin, le19 novembre 2010

Economie, politique… et si la crise financière permettait de tout repenser ?

Comment vivre en temps de crise ?

Comment vivre en temps de crise ?, s’interrogent les philosophes Edgar Morin et Patrick Viveret dans un livre synthétique et éclairant. Face à la crise que nous traversons, les deux intellectuels nous invitent à prendre de la distance, replacer ce moment dans le cadre plus large des grandes mutations que nous avons déjà connues, apercevoir le cycle qui s’achève et le nouvel ordre qui s’ouvre.

Selon les auteurs, dans cette période critique, où les défis sont cruciaux et le pire – possible, il faut garder à l’esprit cette certitude : l’improbable peut toujours survenir. Même lorsque tout concourt à la catastrophe, la complexité du réel peut donner naissance à des situations inattendues. Alors, tenons-nous prêts à accueillir l’improbable, demeurons attentifs à l’usage positif de cette crise, voyons là une chance d’un nouveau rapport au pouvoir démocratique, à la richesse monétaire et, pour finir, au sens.

Les auteurs se répondent, l’un appelant à définir des critères pour comprendre ce monde qui vient, l’autre s’interrogeant sur les outils à mettre en œuvre pour que le développement économique de nos sociétés s’accompagne d’une croissance en humanité et que la crise que nous traversons soit une chance de redéfinir enfin le monde dans lequel nous souhaitons vivre.

Ainsi, si le probable est catastrophique avec ces crises à répétition ou les désastres écologiques, le futur n’est jamais joué rappelle Edgar Morin. Et si nous assistions à la fin d’un monde plus qu’à la fin du monde ?, s’interroge Patrick Viveret. La crise actuelle serait alors « un rendez-vous critique de l’humanité avec elle-même, lui permettant de travailler sur l’essentiel« . L’occasion d’en finir avec ce que Patrick Viveret appelle le modèle DCD, « dérégulation, compétition à outrance, délocalisation », porteur d’inégalités dans un monde où « trois personnes au monde peuvent avoir les revenus des quarante-huit pays les plus pauvres ». Ce petit livre invite à « se déployer du côté de l’essentiel, c’est-à-dire du côté d’un développement dans l’ordre de l’être plutôt que d’une croissance dans l’ordre de l’avoir. Cette distinction essentielle, traditionnellement considérée comme une question philosophique réservée à une petite minorité, devient une question politique massive ». Inutile d’espérer une transformation sociale sans transformation personnelle, concluent les auteurs qui lancent un appel à la réflexion et à l’action commune pour bâtir un nouveau monde.

A propos des auteurs

Directeur de recherche émérite au CNRS, Edgar Morin Lire la suite

Rapport d’évaluation du Grenelle de l’environnement

Ministère de l’écologie, de l’énergie, du développement durable et de la mer, novembre 2010

http://www.ladocumentationfrancaise.fr/rapports-publics/104000587/index.shtml?xtor=EPR-526

Rapport d’évaluation du Grenelle de l’environnement

FRANCE. Ministère de l’écologie, de l’énergie, du développement durable et de la mer

Ce rapport élaboré par le comité d’évaluation du Grenelle Environnement et par le cabinet Ernst and Young fait le point, thématique par thématique, sur les actions engagées ces trois dernières années en matière de gouvernance, d’énergie et de climat, de politique des déchets, de gestion des risques, de traitements des déchets, de transport, d’urbanisme…

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222 pages

Sommaire

Préambule

Synthèse de l’évaluation

1. Bâtiment et urbanisme

2. Transport et mobilité

3. Énergie

4. Biodiversité

5. Agriculture et milieux aquatiques

6. Risques, santé, environnement

7. Déchets

8. Gouvernance Lire la suite

La nouvelle donne du ministère de l’écologie

novethic.fr, Véronique Smée, le 15 octobre 2010

http://www.novethic.fr/novethic/planete/institution/etats/la_nouvelle_donne_ministere_ecologie/131839.jsp?utm_source=newsletter&utm_medium=Email&utm_content=novethicInfo&newsletter=ok

La nouvelle donne du ministère de l’écologie

Nathalie Kosciusko-Morizet est nommée ministre de l’Écologie, du Développement durable, des Transports et du Logement dans le nouveau gouvernement annoncé dimanche 14 novembre. Elle devient numéro quatre du gouvernement mais n’est pas ministre d’État, contrairement à Jean-Louis Borloo, qui quitte le gouvernement.

François Fillon a nommé Nathalie Kosciusko-Morizet ministre de l’Écologie. Elle était auparavant secrétaire d’État chargée de la Prospective et du Développement de l’économie numérique. Agée de 37 ans, elle a occupé la fonction de secrétaire d’Etat à l’écologie de juin 2007 à janvier 2009, date du dernier remaniement. Beaucoup avaient évoqué à l’époque sa nomination à l’économie numérique comme une « punition » , après ses prises de position et ses critiques contre les lobbies lors du vote de la loi sur les OGM, dont elle s’était finalement excusée sous la pression du Premier ministre, François Fillon.

Député de l’Essonne avant son entrée au gouvernement, elle a également été rapporteur de la Charte de l’environnement à l’Assemblée nationale et a participé au processus du Grenelle de l’environnement.

Si NKM conserve deux secrétaires d’Etat qui lui sont rattachés -Benoist Apparu, qui demeure secrétaire d’État au Logement, mais plus à l’Urbanisme; et Thierry Mariani, député UMP du Vaucluse qui devient secrétaire d’Etat aux Transports à la suite de Dominique Bussereau-, elle perd en revanche Valérie Létard, en charge des technologies vertes auprès du ministère, qui quitte le gouvernement. Enfin, l’ex-secrétaire d’Etat à l’écologie Chantal Jouanno est nommée secrétaire d’Etat aux sports.

Un portefeuille plus restreint

Lors du précédent remaniement, le portefeuille de Jean-Louis Borloo (numéro 2 du gouvernement) avait été élargi à la Mer, aux technologies vertes et aux négociations climatiques. Quatre pôles opérationnels avaient été définis : transports, aménagement du territoire, politiques énergétiques, ressources naturelles et biodiversité. Ce n’est plus le cas dans les nouvelles attributions du Ministère : l’énergie est confiée à Eric Besson, nommé ministre de l’Industrie, de l’énergie, de l’économie numérique. L’aménagement du territoire intègre le portefeuille de Bruno Le Maire, désormais ministre de l’Agriculture, de l’Alimentation, de la Pêche, de la Ruralité et de l’Aménagement du territoire.

Critiques des écologistes

S’ils saluent la compétence de NKM et son courage politique, le fait que l’énergie soit retirée du nouveau ministère fait l’objet de vives critiques de la part des écologistes. « Pour l’avenir des énergies renouvelables, c’est catastrophique », a déclaré Arnaud Gossement (Droit et Environnement). « Il y a des forces hostiles à nos propositions, le monde de l’industrie fossile et nucléaire. Ils ont gagné ce soir », a également déclaré à l’AFP le directeur-général du WWF Serge Orru. Le parti de Corinne Lepage CAP 21 a indiqué dans un communiqué que Lire la suite

Echange sur La permaculture et l’Agriculture Paysanne à l’ENITA de Gradignan le mardi 30 novembre à 20h00

Association Girondine pour l’Agriculture Paysanne (AGAP), communiqué, novembre 2010

La permaculture et l’Agriculture Paysanne – Echange à partir des expériences menées à Cuba et en Aquitaine

Le mardi 30 novembre à 20h à l’ENITA (Gradignan –1 Cours Général de Gaulle – salle de l’Amphithéâtre)

Avec la participation de Maria Caridad CRUZ, responsable du Programme Développement Local de la Fondation Antonio Nuñez Jiménez la Nature et l’Homme (FANJ), ingénieur au département d’Urbanisme de la Havane, et de Bernard RICHARD, agriculteur et Président de l’AGAP

L’Association Girondine pour l’Agriculture Paysanne (AGAP) vous invite à une rencontre débat sur la permaculture et les pratiques dans les fermes en partenariat avec la fondation cubaine FNAJ et l’association France Amérique Latine 33. L’objectif est d’apprendre et d’échanger sur cette conception des systèmes agricoles et humains qui privilégie l’écologie et les savoir-faire traditionnels pour reproduire la diversité, la stabilité et la résilience des écosystèmes naturels, à partir des expériences menées dans les fermes cubaines et des pratiques d’Agriculture Paysanne.

La Fondation Antonio Núñez Jiménez (FANJ), institution civile cubaine non-gouvernementale a développé la permaculture à Cuba, et se consacre à la recherche scientifique et à la promotion de programmes et de projets pour la protection de l’environnement dans sa relation avec la culture et la société. Elle propose d’élargir la formation à la permaculture à de nouveaux territoires, et promouvoir l’échange et la mutualisation des savoirs et des expériences pratiques dans ce domaine. Le travail mené par FNAJ contribue à la  souveraineté alimentaire de Cuba tout en développant une agriculture durable, et s’appuie sur des projets dans 5 provinces du pays.

Programme

– Projection du film documentaire « Permaculture, pour un avenir durable à Cuba »

– Présentation de la permaculture – Maria Caridad CRUZ, responsable du programme de Développement Local Durable de la Fondation FANJ

– Rapprochement des pratiques de permaculture avec l’Agriculture Paysanne

– Echange Lire la suite

La désobeissance civile le jeudi 18 novembre à 20h00 au Samovar à Bordeaux

Le Pas de coté, communiqué, novembre 2010

Le « RDV du 18 » du Pas de Côté, Collectif décroissant bordelais, sur la désobéissance civile

Le jeudi 18 novembre 2010 à 20h Le Samovar 18 rue Camille Sauvageau à Bordeaux

Un rendez-vous tous les 18 du mois pour partager et mûrir des réflexions autour de la décroissance, l’autogestion, la solidarité, la non-violence, le féminisme, la convivialité, l’écologie.  Ce mois-ci :  » la désobéissance civile « 

Quelques sites pour explorer le sujet :
http://www.desobeir.net/
http://www.desobeissancecivile.org/
http://desobeissancecivile.wordpress.com/

Le collectif du Pas de Côté s’oppose à l’idéologie néolibérale : le productivisme, la surconsommation et l’idée de croissance infinie épuisent les ressources et accroissent les inégalités sociales. Le Pas de Côté est un espace à la disposition de tou-te-s pour organiser Lire la suite

Débat sur France Culture entre Yves Cochet et Pascal Bruckner – Le catastrophisme, maladie infantile de l’écologie politique ?

Tribune – Les controverses du progrès – Le catastrophisme, maladie infantile de l’écologie politique ?

liberation.fr, Politiques, débat animé par Max Armanet, retranscrit par Tania Kahn, émission réalisée par Luc-Jean Reynaud et diffusée sur France Culture de 18h20 à 19 heures, le  29 octobre 2010

http://www.liberation.fr/politiques/01012299105-le-catastrophisme-maladie-infantile-de-l-ecologie-politique

Après bien d’autres organismes, l’Académie des sciences vient de confirmer l’essentiel des thèses du Giec, l’instance de l’ONU chargée de synthétiser le savoir scientifique sur le climat. Les émissions de gaz à effet de serre modifient les conditions climatiques qui prévalent sur la planète. Il faut admettre que le modèle de développement posé par l’Occident a atteint des limites, qu’il faut en inventer un autre privilégiant un équilibre à long terme. Pour y parvenir, faut-il jouer sur la peur ? Le catastrophisme est devenu l’un des termes du débat politique porté par une partie du mouvement écologiste. Le pire est-il certain ? Agiter la menace de la catastrophe est-ce le meilleur moyen de mobiliser nos concitoyens ? Cela ne révèle-t-il pas un pessimisme viscéral quant à la nature humaine ?

Yves Cochet : Je récuse la connotation négative du catastrophisme. Il y a bien une maladie sénile, celle du productivisme, du gâchis des ressources naturelles et humaines, qui nous amène vers le pire. L’espèce humaine a depuis deux siècles une empreinte écologique c’est-à-dire un impact sur la nature. 80% de notre mode de vie vient du sous-sol, d’une dotation initiale en matières premières et en énergies fossiles. Or elles s’épuisent au fur et à mesure qu’on les consomme, sans possibilité d’être renouvelées. Ces richesses sont le système de sustentation de notre vie individuelle et collective et leur diminution se ressent au niveau de l’économie, du social et des relations internationales. Tout est lié. Il est probable que la catastrophe soit inévitable. La suite dépendra de la démocratie, des élections et des politiques publiques à tous les échelons. Pour l’instant, la différence entre le constat scientifique et les politiques publiques est accablante. Le but des écologistes politiques est de changer cela.

Pascal Bruckner : Le contexte actuel me rappelle cet album de Tintin, l’Île mystérieuse, dont l’histoire débute par l’arrivée d’une météorite à proximité de la terre. Il fait chaud, l’asphalte fond, le prophète Philippulus annonce la fin du monde et exhorte la population à se repentir. Bien sûr, Tintin s’y refuse et la météorite passe à 45 000 km de la terre. Les savants sont désespérés de s’être trompés et font de nouveaux calculs pour voir si la fin du monde ne serait tout de même pas proche. Cette attitude de catastrophisme contraste avec l’euphorie d’il y a vingt ans. Souvenez-vous de la bonne humeur des démocraties occidentales. On avait gagné contre le communisme, la démocratie allait s’étendre naturellement en même temps que l’économie de marché. Ce conte de fée ne s’est pas produit. L’écologie est devenue l’idéologie dominante, nous avons une vision négative du genre humain et vivons sous l’épée de Damoclès d’un désastre imminent. Il y a une crise du progrès, ce n’est plus l’expansion, la joie de vivre mais l’obsession de la survie et de la longévité. Depuis un siècle, la question que se sont posé nos sociétés est «qui est mon ennemi ?» Les marxistes ont répondu le capitalisme. Les tiers-mondistes ont désigné l’occident impérialiste. L’écologie politique a apporté une réponse tout à fait nouvelle : l’homme serait coupable par nature, il doit se racheter. C’est un retour au péché originel. La notion d’empreinte carbone que vous employez me dérange, elle induit qu’en vivant, en respirant, nous laissons une marque nuisible sur la terre. Ce pessimisme culturel me rappelle les hérésies millénaristes qui ont émaillé l’histoire du christianisme.

Y.C. : L’écologie politique n’est pas une secte millénariste annonçant la fin du monde. Nous ne sommes pas des obscurantistes s’opposant au siècle des lumières. Notre approche est scientifique et quantitative, dans la clarté et la raison. Vous faites une confusion entre des mouvements irrationnels et l’écologie qui tente d’analyser les déterminants de la vie individuelle et collective. Parmi ces déterminants, il y a des phénomènes naturels dont l’évolution est incontestable. Nous avons à cet égard, en tant qu’humanité organisée de manière industrielle, les citoyens de l’OCDE en particulier, une responsabilité différenciée mais commune. Dire que l’homme est coupable n’est pas un discours antihumaniste. Nous appelons simplement à une modération dans l’utilisation de tout ce qui est extrait de la terre, en particulier les ressources énergétiques. Je ne me réfère à aucune religion mais au travail d’Aristote sur le vice d’avidité, l’être humain aura toujours envie de plus. La planète étant finie, nos consommations et nos productions devront l’être également. Nous ne pourrons plus vivre de la même manière d’ici quelques décennies.

P.B. : Vous avez là un discours très rationnel mais l’idéologie politique n’emprunte pas toujours les voies de la raison. Je pense à toutes ces images de catastrophes naturelles diffusées à la télévision pour étayer la thèse du réchauffement climatique : la banquise qui s’effondre, la désertification… J’entends les médecins moliéresques du Malade imaginaire crier au poumon, aujourd’hui c’est le réchauffement climatique. Sans nier le réchauffement, je me demande Lire la suite

Chartier et Deléage – Ecologies politiques : crise, blocages et raisons d’agir

Écologie & Politique, n° 40, juin, 2010, Denis Chartier et Jean-Paul Deléage

http://www.ecologie-et-politique.info/?Introduction,577

Mise à jour des écologies politiques pour une politique de l’anthropocène

Crise, blocages et raisons d’agir

La crise est là, systémique. On la croit parfois seulement financière, économique, sociale ou écologique, mais elle est totale et globale. L’Université, le monde de l’éducation et de la santé, les hôpitaux sont touchés. Les mondes agricoles, les villes, nos lieux d’habitation le sont aussi. Les causes de cette crise ? Un modèle économique et social en faillite et des bouleversements majeurs de notre condition d’être humain, d’être au monde. En doublant au cours du siècle dernier, notre espérance de vie a changé notre rapport au corps et à la nature. Sous l’impulsion d’une croissance démographique accélérée et en déployant une puissance des techniques sans précédent historique, l’humanité s’est donné les outils pour muter en phénomène géobiologi­que. Est-il vraiment nécessaire de poursuivre ? Faut-il en rajouter tant les bouleversements qui nous touchent ont été abondamment décrits, analysés, voire théoriquement résolus ? Faut-il continuer à répéter ce que tout le monde sait désormais alors que rien ne bouge, le cap politique restant le même, droit sur les récifs ?

Ni les conférences internationales, ni les manifestations altermon­dialistes, ni les sempiternels discours du « sommet de la dernière chance pour la Terre et l’humanité » ne réussissent à modifier le cap. Pour­quoi ? Que peut-on y faire ? Existe-t-il un moyen d’adapter nos institutions, nos modèles politiques et économiques aux mutations en cours ? Peut-on inventer et construire une nouvelle vie politique, économique ou sociale ? Peut-on inventer de nouvelles relations au monde vivant et entre nous, un après-capitalisme ? Finalement, peut-on trancher le nœud gordien ? Peut-on sortir de cet état d’immobilisme, d’incapacité à prendre la mesure et les mesures, collectivement et individuellement, pour faire face aux dangers présents ?

C’est à ces questions que ce dossier s’efforce de répondre. Les penseurs de l’écologie politique ayant été parmi les premiers à dénoncer, comprendre et chercher des alternatives à la crise écologique et systé­mique qui touche le monde, nous avons la conviction que de cette pensée hétérogène et diverse émergent les solutions, trop souvent moquées. C’est pourquoi ce numéro initie une série consacrée à un panorama contemporain des différents domaines de ce qu’on peut appeler les écologies politiques, en portant une attention particulière aux spécificités locales, nationales, régionales ou continentales. Notre projet consiste à contribuer au rapprochement et au dialogue de ces différentes écologies politiques dans le but de déchiffrer, à travers ces échanges, les lignes de force et les perspectives futures d’une véritable politique de l’anthropo­cène. Ce projet éditorial qui se déroulera sur deux ans s’ouvre, avec ce numéro, par des contributions françaises.

Écologies politiques et communautés linguistiques

Nous pouvons nous interroger sur la pertinence d’un regroupement des auteurs par continent, par origine culturelle ou communauté linguistique. Pourquoi s’intéresser par exemple et spécifiquement aux contributions d’origine française ? Pas par chauvinisme, mais parce qu’il existe bel et bien une altérité des écologies politiques made in France, comme il peut en exister pour celles provenant du monde anglo-saxon. Comme l’exprime Kerry Whiteside dans son ouvrage Divided natures [1], les théoriciens de l’écologie politique de langue anglaise se lisent, se critiquent, se rencontrent dans des conférences et échanges leurs positions académiques. Il suffit d’analyser les bibliographies de ces différents auteurs pour constater à quel point les travaux des Anglais, des Américains du nord ou des Australiens se croisent et dialoguent les uns avec les autres. L’observation de cette bibliographie permet aussi de constater qu’à l’exception de quelques-uns d’entre eux, les théoriciens français sont rarement référencés, sont absents des débats [2]. Dans l’autre sens, cette constatation vaut aussi pour les travaux en langue française. À l’exception de quelques livres traitant abondamment de cette littérature anglo-saxonne, comme celui de Raphaël et Catherine Larrère, Du bon usage de la nature [3], et de quelques traductions qui ont pu donner lieu à des discussions, en particulier au sein de la revue Écologie & Politique [4], ces travaux n’ont eu en général qu’une faible résonance sur les écrits des théoriciens français. Ce quasi désert d’échange, qui se peuple tout de même depuis quelques années, a induit ce que Kerry Whiteside appelle un champ rhétorique spécifique. La facilité avec laquelle certains penseurs dialoguent les uns avec les autres implique en effet certains types d’argumentaires, une terminologie spécifique, un choix particulier des problèmes exemplaires et des partialités inintentionnées. Ainsi, les théoriciens français prennent pour acquis le rôle que doit jouer (ou pas) l’État-nation alors que cette question peut ailleurs être controversée. Dans un même ordre d’idées, ces théoriciens ont une conception très spécifique de la wilderness (la nature sauvage) ou de la pollution [5]. Par conséquent, dans le pays de Descartes, la question essentielle pour les Anglo-Saxons de l’anthropo­centrisme ou de l’écocentrisme est moins présente dans les débats. Elle n’est en tout cas pas centrale pour comprendre la variété des écologies politiques françaises [6]. Selon Whiteside, l’absence de cette question aurait même permis d’ouvrir un champ discursif permettant de développer ce qui fait une spécificité française, un attachement plus fort à une problématisation réciproque de la nature et de l’humanité qu’à l’affinage de leur distinction. En d’autres termes, un des objectifs communs aux théoriciens français serait de savoir comment les conceptions de la nature et de l’identité humaine s’entrelacent, ce qui les conduirait, au-delà de leurs différences, à concevoir l’écologie politique comme une forme d’humanisme renouvelé, un humanisme écologique [7]. C’est cette existence d’une communauté linguistique et culturelle en matière d’écologie politique qui a justifié de réaliser un diaporama actualisé et de mettre en dialogue ces différentes écologies politiques [8].

Diversité des écologies politiques, diversité des alternatives…

Si nous n’avons bien entendu pas réuni l’ensemble des auteurs qui comptent, tant la production scientifique en matière d’écologie politique est abondante en France depuis une cinquantaine d’années, ce dossier fait la part belle à la plupart des auteurs et des courants de pensées importants en présentant quelques-uns des axes forts de ces théories.

Au-delà des réflexions essentielles ayant trait à ce qu’est l’écologie politique et du constat généralisé de l’ampleur de la crise, la plupart des auteurs appellent et réfléchissent aux moyens nécessaires pour sortir de l’immobilisme et contre les stratégies actives de pérennisation de systèmes qui ont montré leurs limites. Aucun des auteurs n’élude la question : comment l’écologie politique peut-elle répondre aux défis posés par la synergie, inédite dans l’histoire, de la remise en cause des fondamentaux du vivant et de la crise systémique, économique et sociale, de la société productiviste industrielle ? Si le premier constat est celui de l’entrée dans une nouvelle ère géohistorique, l’anthropocène, c’est à la hauteur des enjeux qu’implique la reconnaissance de ce changement d’ère que doit désormais se situer toute pensée de l’écologie politique, ainsi que le précise Jean-Paul Deléage dans ce dossier. Cette société que Mathias Lefèvre persiste à qualifier d’industrielle est instituée à partir de l’improbable imaginaire d’une « expansion illimitée de la maîtrise rationnelle de la nature et des êtres humains », d’où l’importance de la visée d’autonomie afin d’en briser la clôture pour se libérer de solutions ne visant qu’à pérenniser des institutions et un système d’interprétation qui entravent la construction de véritables alternatives. D’où aussi la diversité des écologies analysée par Jean Zin qui insiste pour sa part sur la nécessité d’une écologie politique responsable et tournée vers l’avenir, « afin de continuer l’aventure humaine et l’his­toire de l’émancipation ».

La question posée par les « décroissants » est une question centrale et il doit bien s’agir d’une décroissance choisie plutôt que d’une décroissance subie imposée à des dizaines de millions d’êtres humains par la crise en cours du capitalisme mondialisé, comme le souligne le vigoureux plaidoyer de Serge Latouche. Ce théoricien de l’objection de croissance rappelle la formalisation de la rupture par un cercle vertueux de la sobriété choisie en huit « R » : « Réévaluer, Reconceptualiser, Res­tructurer, Réduire, Relocaliser, Redistribuer, Réutiliser, Recycler ». Avec ces objectifs interdépendants, « construction intellectuelle d’un fonctionnement idéal » retenue parce qu’elle paraît susceptible « d’enclencher une dynamique de décroissance sereine, conviviale et soutenable », l’auteur expose un plan massif de reconversions pour « tenter de construire un autre monde, une nouvelle civilisation ».

Avec son apologue des mille personnes, Denis Duclos analyse quant à lui le chaînage de propositions suivant : toute augmentation de productivité déséquilibre une société stable ; une augmentation forte de la productivité rend contestable la valeur de l’activité humaine ; les producteurs voient alors se dévaloriser leur statut social au profit de celui des improductifs ; plus l’activité des improductifs l’emporte, plus grandit la contestation réciproque des activités ; la promotion de l’État, du Marché et de la Technogestion est le résultat automatique de l’hégémonie des actifs improductifs. Cette suite conduit Denis Duclos à l’hypothèse d’une certaine partition des gigantesques populations du temps présent « dont on peut d’ailleurs se demander si le concept de “société” s’applique encore à elles ? »

Pour Bruno Latour, si l’écologie doit procéder à une redistribution du discutable et de l’indiscutable, le problème est de savoir « comment basculer de la question philosophique des politiques de la nature à l’instrumentation permettant d’équiper les citoyens dans les situations

Les écologies politiques aujourd’hui (1) de débat concernant les objets ci-devant naturels ? » Il faut selon lui inventer une rhétorique et des outils ajustés à un monde où il n’y aurait plus de séparations entre scientifiques et politiques. Sans cela, la politique est condamnée à échouer dans ses tentatives d’extériorisation des questions réputées naturelles, et la science dans sa volonté d’expulsion des questions de la politique.

Finalement, selon Bruno Villalba, l’écologie politique est sommée de réévaluer son projet, car ni l’urgence écologique ni l’urgence sociale ne sont plus à démontrer. L’écologie doit produire une proposition adaptée à cette difficulté de concilier temporalités politiques et écologiques et le cumul des urgences nous met face à la réalité d’une contraction du délai démocratique. La notion de délai, loin de constituer un renoncement, « propose au contraire une méthode pour débrider l’imagination politique », en réconciliant la nécessité de prendre sur le court terme des décisions majeures pour le long terme. C’est bien en cela que « l’écologie politique doit avant tout demeurer une pensée politique des conséquences ».

… mais pour quel engagement des intellectuels ?

Reste à savoir qui voudra bien ou pourra se charger de l’expérimentation ou de la mise en application des solutions évoquées. On peut tourner son regard du côté des mouvements résilients, on peut aussi l’orienter vers les tentatives originales de renouveau du politique qui semblent émerger de mouvements tels qu’Europe Écologie. Mais, sans présager du futur, une chose est certaine, les intellectuels au sens large (nous entendons par là les artistes, les écrivains, les savants qui s’engagent dans une action politique) doivent agir et « opposer les productions de réseaux critiques, rassemblant des “intellectuels spécifiques” (au sens de Foucault) dans un véritable intellectuel collectif capable de définir lui-même les objets et les fins de sa réflexion et de son action, bref, autonome [9] ». Pierre Bourdieu pensait ces réseaux critiques en miroir du rôle joué par les think tanks dans la production et l’imposition de l’idéologie néolibérale aujourd’hui dominante. L’intellectuel devait et doit pour lui « remplir […] des fonctions négatives, critiques, en travaillant à produire et à disséminer des instruments de défense contre la domination symbolique qui s’arme aujourd’hui, le plus souvent, de l’autorité de la science ; fort de la compétence et de l’autorité du collectif réuni, il peut soumettre le discours dominant à une critique logique qui s’en prend notamment au lexique (“mon­dialisation”, “flexibilité”, etc.), mais aussi à l’argumentation, et en particulier à l’usage des métaphores ; il peut aussi le soumettre à une critique sociologique, qui prolonge la première, en mettant au jour les déterminants qui pèsent sur les producteurs du discours dominant (à commencer par les journalistes, économiques notamment) et sur leurs produits ; il peut enfin opposer une critique proprement scientifique à l’autorité à prétention scientifique des experts, surtout économiques [10] ». Plus largement, et toujours selon les mots de Bourdieu, « il peut organiser ou orchestrer la recherche collective de nouvelles formes d’action politique, de nouvelles façons de mobiliser et de faire travailler ensemble les gens mobilisés, de nouvelles façons d’élaborer des projets et de les réaliser en commun [11] ». Il peut finalement contribuer à créer les conditions sociales d’une production collective d’utopies réalistes. Telle est notre ambition avec ce premier dossier en contribuant à ce que nous voulons être, au-delà du travail scientifique, un travail collectif d’invention politique de l’anthropocène.

 [1] K. H. Whiteside, Divided natures. French contributions to political ecology, The MIT Press, Cambridge, 2002.

[2] Mais cela est aussi valable pour les théoriciens italiens, allemands, espagnols, etc.

[3] C. et R. Larrère, Du bon usage de la nature. Pour une philosophie de l’environnement, Aubier, Paris, 1997.

[4] La revue a en effet réalisé depuis 1992 un gros travail de traduction et de discussion d’auteurs étrangers. Parmi eux, citons Barry Commoner, John Baird Callicott, Donald Worster, Richard Grove, Günther Anders, George P. Marsh, William Cronon, Paul J. Crutzen, Anil Agarwal, Isabel Do Carmo, Eduardo Galeano, Joan Martinez Alier, Frieder Otto Wolf, etc.

[5] K. Whiteside, op. cit., p. 5.

[6] Sauf peut-être pour Luc Ferry qui a tenté d’analyser les écologistes français à la lumière de l’écologisme anglo-saxon, tentative pour le moins maladroite et discutable que la revue Écologie & Politique a abondamment traité (B. Latour, « Arrachement ou attachement à la nature », Écologie Politique, n° 5, 1993, p. 15-26, J.-P. Deléage, « L’écologie, humanisme de notre temps, Écologie Politique, n° 5, 1993, p. 1-14, M. Saint-Upery, « L’anti-écologisme stérile de Luc Ferry ?, Écologie Politique, n° 2, 1992, p. 141-147).

[7] K. Whiteside, op. cit., p. 5.

[8] Ce panorama et cette mise en dialogue sont d’autant plus nécessaires que, si certaines traditions, anglo-saxonnes, allemandes ou françaises, sont relativement bien définies, d’autres ne le sont pas encore et méritent de l’être.

 [9] P. Bourdieu, Contre-feux 2, Raisons d’agir, Paris, 2001, p. 35-36.

[10] Ibid., p. 36.

[11] Ibid.

« Adieu à la croissance », de Jean Gadrey : l’écologie, c’est l’emploi

lemonde.fr, Hervé Kempf, le 21 octobre 2010

http://abonnes.lemonde.fr/livres/article/2010/10/21/adieu-a-la-croissance-de-jean-gadrey_1429314_3260.html

« Adieu à la croissance », de Jean Gadrey : l’écologie, c’est l’emploi

Dans le numéro marquant le trentième anniversaire d’Alternatives économiques, le deuxième magazine économique français, son fondateur, Denis Clerc, fait part d’un regret : « Il y a un point sur lequel je m’interroge : l’ambiguïté entretenue sur la question de la croissance depuis le début du journal. » Certes attentif aux questions d’environnement, Alternatives économiques juge pourtant trop souvent le bien-fondé d’une mesure ou d’une donnée à son effet sur la croissance du produit intérieur brut (PIB). « Il nous faut cesser d’être chauves-souris, mammifères à certains moments, mais animaux volants quand ça nous arrange. Le dernier livre de Jean Gadrey m’a convaincu qu’il faudra finir par trancher. On ne peut plus

Il faut saluer l’honnêteté de Denis Clerc, et y voir un tournant : la doxa de la croissance est enfin remise en cause par la fraction la plus éclairée des économistes. Et il faut lire le livre de Jean Gadrey, pour comprendre la pertinence de ce tournant.

Jean Gadrey est professeur honoraire d’économie à l’université de Lille. C’est un expert des comptes de la richesse, et il a participé au travail de la commission Stiglitz sur la mesure du PIB. Son livre commence par un exposé clair des imperfections de cet indice qui fascine politiques et économistes. Jean Gadrey rappelle que le PIB ne mesure ni le bien-être, ni la soutenabilité écologique et sociale. Et que, en revanche, sa croissance est clairement associée avec les dommages à l’environnement. Le livre démontre qu’on ne peut attendre du progrès technologique qu’il résolve le problème écologique dans une société qui voudrait maintenir un taux de croissance de 2 % par an.

Mais Jean Gadrey va plus loin : organisant sa réflexion autour de la nécessité de parer à l’aggravation de la crise écologique, il va chercher à démontrer qu' »une société post-croissance est non seulement une nécessité, mais, moyennant une redéfinition des priorités, correspond à une perspective désirable et crédible de progrès social et de développement humain ».

Une condition en est la remise en question de l’augmentation de la productivité du travail, habituellement considérée par les économistes comme un bien en soi. En réalité, elle est destructrice : produire plus avec autant de travail serait une bonne chose, sauf que, rappelle Jean Gadrey, « il faut en général plus de matériaux, d’eau et d’énergie, que les uns et les autres sont disponibles en quantités limitées, et que certaines ressources naturelles sont proprement vitales ».

Voie féconde

L’abandon de la recherche de gain de productivité est la clé de la nouvelle économie écologique : la plupart des modes de production écologiques demandent plus de travail que les productions polluantes. Une politique environnementale est donc créatrice d’emplois.

Jean Gadrey dresse une prospective pour les principaux secteurs d’activité des créations et des destructions d’emplois entraînées par une politique écologique. Le bilan est sommaire, mais Lire la suite

Les écovillages : laboratoires de modes de vie éco-responsables

cdurable.info, David Naulin, le 17 octobre 2010

http://www.cdurable.info/Ecovillages-laboratoires-modes-de-vie-eco-responsables-Jonathan-DAWSON,2939.html

Les écovillages : laboratoires de modes de vie éco-responsables

Déjà fortement implanté aux Etats-Unis, en Allemagne ou encore en Ecosse notamment à Findhorn, les écovillages – des communautés locales visant à réduire leur impact écologique tout en optimisant le bien-être et le bonheur des hommes – prolifèrent chaque jour un peu plus partout dans le monde. Voici un des premiers ouvrages publiés en français décrivant l’histoire ainsi que l’énorme potentiel que représente ce mouvement qui intègre une multitude d’idées et d’approches radicales qui remontent à Schumacher, Gandhi, l’éco-féminisme et le mouvement de l’éducation alternative.

Dans une période de pénuries et de crises multiples, ce livre examine les leçons que nous pouvons tirer d’ecovillages qui nous montrent comment vivre dans un monde plus écologique et durable :

– Tirer un apprentissage du meilleur des cultures traditionnelles et indigènes ;

– Économie alternative : banques et monnaies communautaires, simplicité volontaire ;

– Concevoir avec la nature : permaculture, éco-construction, production d’énergie à petite échelle, gestion des déchets, systèmes de transport à faible impact sur l’environnement, etc. ;

– Production et traitement de la nourriture biologique locale ;

– Renaissance de la gouvernance participative à petite échelle, facilitation des conflits, intégration sociale et communauté inter-générationnelle active ;

– Création d’une culture de la paix, et méthodes d’éducation alternatives.

Ce livre est une excellente introduction pour ceux qui souhaitent se lancer dans l’aventure de la création d’un écovillage. Il comporte notamment de nombreuses ainsi qu’une liste des sites web d’écovillages à travers le monde.

L’auteur : Jonathan Dawson est auteur, éducateur et consultant sur le développement durable. Président du Réseau Mondial des Ecovillages (GEN) entre 2005 et 2008, il est actuellement consultant pour les Nations-Unies en Afrique de l’est, travaillant sur les initiatives qui promeuvent les petites et moyennes entreprises. Il est également fortement connu et reconnu pour ses nombreux travaux au sein de la communauté de Findhorn, écovillage que vous pourrez découvrir dans ce livre.

Références : Les écovillages : laboratoires de modes de vie éco-responsables de Jonathan Dawson – Editeur : Yves Michel – Date de publication : 18 octobre 2010 – 168 pages – Prix public : 11 €. Pour acheter ce livre, cliquez ici.

Je vous invite également à lire sur le même sujet « Ecovillages, écoquartiers, habitat groupé : vivre ensemble autrement » de Pascale D’Erm publié en 2009 chez Ulmer. Dans cet ouvrage préfacé par Pierre Rabhi, vous pourrez notamment découvrir le hameau coopératif Le viel Audon en Ardèche et le hameau écologique de Carapa dans les Cévennes. Pour en savoir plus, cliquez ici.

Vous pouvez télécharger un extrait de l’ouvrage au format PDF en cliquant ici.

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© LE SOUFFLE D’OR Editions Le Souffle d’Or – 5 allée du Torrent – 05000 GAP

04 92 65 52 24 – contact@souffledor.frhttp://www.souffledor.fr – wwww.yvesmichel.org

Les écovillages

Laboratoires de modes de vie éco-responsables

Jonathan DAWSON

Extrait Chapitre 2 : À quoi ressemblent les écovillages ? Six études de cas

Le mouvement visant à créer des écovillages est peut-être le meilleur antidote contre la dépendance à l’économie globale. Dans le monde entier, des gens construisent des communautés pour tourner le dos au gaspillage, à la pollution, à la concurrence et à la violence de la vie moderne.

Helena Norberg-Hodge, directrice de la Société internationale pour l’écologie et la culture

Les écovillages sont si hétérogènes qu’il est impossible de décrire un seul modèle englobant tous les cas. La définition des Gilman selon laquelle un écovillage est « un établissement de taille humaine, disposant de toutes les fonctions nécessaires à la vie, dans lequel les activités s’intègrent sans dommage à l’environnement naturel tout en soutenant le développement harmonieux des habitants et de manière à pouvoir se prolonger avec succès dans un futur indéfini » est trop imprécise pour faire office de définition stricte. De plus, il s’agit plus d’une aspiration que Lire la suite

Europe écologie : Manifeste pour un nouveau cours écologique et social

europe-ecologie.fr, octobre 2010

http://www.europe-ecologie.fr/2010/09/20/manifeste-pour-un-nouveau-cours-ecologique-et-social/comment-page-6/#comments

Manifeste pour un nouveau cours écologique et social

L’humanité est aujourd’hui devant un choix qui détermine son avenir. Un choix à assumer collectivement et qui requiert, en outre, l’implication de chacune et de chacun. Sous l’impact d’un système aveuglément productiviste et violemment inégalitaire, le train du progrès s’égare. Il faut de toute urgence le remettre sur une autre voie. C’est le sens de l’engagement des écologistes et leur responsabilité, ici et maintenant : ils refusent d’assister passivement au scénario d’une nature qui s’épuise et de sociétés qui se désagrègent ; ils veulent, en association avec les forces vives de la société et les partenaires politiques susceptibles de partager l’essentiel de leur projet, tracer une nouvelle ligne d’horizon sur la base d’une démarche de transition réaliste.

Tel qu’il s’applique, le système de création et de redistribution des richesses ne fonctionne plus. Retournement inédit qui, d’un même mouvement, précipite prédations du vivant et déchirures sociales, déséquilibres et discriminations, pollutions et récessions. Ce bouleversement majeur épuise les ressources aussi bien qu’il creuse les inégalités et déprime les consciences, dressant la biosphère contre les êtres humains et les êtres humains entre eux. Au point que le spectre d’un collapsus historique sans précédent hante l’avenir : celui d’un déclin écologique, économique et social brutal et simultané.

Néanmoins, une aspiration grandissante à refuser la défaite de l’Homme émerge partout dans le monde.

Une multitude d’initiatives entame le modèle dominant et ouvre des voies nouvelles. C’est l’autre visage de la mondialisation et il concerne tous les peuples, toutes les cultures. De nombreux acteurs et actrices de la société et des communautés locales cherchent et trouvent des issues. Ils interviennent dans toutes les couches de la société. Ce sont souvent ceux et celles que la crise fragilise en premier. Ils résistent, s’organisent, innovent, multiplient les initiatives. Chacun et chacune à leur façon, dans leur discipline, leur quartier ou leur village, ils esquissent les contours d’une alternative globale porteuse d’avenir. Des hommes et des femmes luttent et s’engagent, et c’est le seul espoir tangible, le seul point d’appui pour inverser le cours des choses.

Un choc sans précédent

Car les crises n’ont plus de limites. Elles surgissent dans tous les domaines de l’environnement et des activités. Elles se cumulent et s’alimentent pour mettre à nu un système en déroute. Nous sommes parvenus à ce moment clé où la croissance, moteur de l’histoire moderne, a atteint la frontière du possible. L’insoutenable est là, inscrit dans les réalités physiques de la planète et les souffrances des populations : les modes de production et les standards de vie, indexés sur l’imaginaire de la démesure et la boulimie des privilégiés, soumis à la surenchère de la marchandisation et de l’endettement massif, entraînent une consommation de ressources excédant leurs capacités de renouvellement. Elles provoquent un déséquilibre majeur des fondamentaux de la vie et de la culture.

Les conséquences sont sans appel : les modèles économiques et les pactes sociaux d’hier ne résistent pas aux sols qui s’épuisent, aux fleuves et aux mers qui se dépeuplent, aux forêts qui reculent et aux déserts qui avancent, aux séquences brutales d’inondations et de sécheresses, à la disparition des biotopes et à l’érosion de la diversité des espèces, à l’empoisonnement des airs et des eaux.

Déjà, dans les prémisses du chaos énergétique, climatique, alimentaire et sanitaire, dans la mise à sac des biens communs et publics que les logiques financières et marchandes provoquent, un nouveau monde émerge avec Lire la suite

La révolte citoyenne gagne du terrain en Allemagne : les actions de «désobéissance civile» se multiplient

lefigaro.fr, Patrick saint Paul, le 15 octobre 2010

 http://www.lefigaro.fr/international/2010/10/15/01003-20101015ARTFIG00608-la-revolte-            citoyenne-gagne-du-terrain-en-allemagne.php

 La révolte citoyenne gagne du terrain en Allemagne

Soutenues par les Verts, les actions de «désobéissance civile» se multiplient. 

Un vent de fronde souffle sur l’Allemagne. L’activité économique retrouve son niveau d’avant la crise. Le chômage s’apprête à tomber sous la barre des 3 millions, soit une baisse record. Mais cela n’empêche pas l’inquiétude et le mécontentement de gagner les rues, alors qu’un mouvement de «révolte citoyenne» attisé par des maladresses du gouvernement gagne du terrain. Nés de la mouvance protestataire antiatomique et pacifiste, dans les années 1970, les Verts surfent sur cette vague : d’après les sondages, les écologistes de Die Grünen, issus du Flower Power allemand, sont désormais la deuxième force politique du pays, derrière la CDU d’Angela Merkel et devant les sociaux-démocrates du SPD.

À Stuttgart, cela fait des semaines que les opposants au projet de construction d’une nouvelle gare ultramoderne campent sur le chantier pour le bloquer. Plusieurs dizaines de milliers de manifestants antinucléaires ont déjà protesté contre le projet du gouvernement de prolonger la durée de vie des centrales atomiques. Depuis cette semaine, ils préparent un nouveau combat contre les transports de déchets nucléaires Castor, prévus début novembre en Allemagne. Les anti-Castor allemands s’étaient rendus célèbres dans les années 1990 en s’enchaînant sur les voies ferrées, n’hésitant pas à couler leurs chaînes dans le béton pour empêcher le passage des convois de déchets atomiques.

Cours de résistance passive 

Ils ont d’ores et déjà annoncé leur intention de saboter les chemins de fer, en retirant les pierres entre les rails, pour paralyser le transport de déchets allant à l’usine de retraitement de Gorleben, prévu le 6 novembre. Un député du parti d’extrême gauche Die Linke juge légitime cette action de «désobéissance civile». Les élus Verts appellent à bloquer les rues pour empêcher ces transports. Quelque 30 000 manifestants sont attendus autour de Gorleben à partir de début novembre pour «organiser la résistance». La police, qui juge «inquiétante l’érosion de la compréhension du droit par les partis politiques et leurs représentants », a prévu de déployer 16 500 fonctionnaires pour sécuriser le transport. Depuis jeudi, le parquet de Lüneburg (Basse-Saxe) étudie la possibilité d’engager des poursuites contre ceux qui incitent à retirer des pierres des voies ferrées.

Le bras de fer entre les manifestants et la police ne manquera pas d’écorner un peu plus l’image d’une chancelière qui semble avoir perdu pied. Début octobre, plus de 100 manifestants avaient été blessés lorsque les autorités ont fait usage de gaz lacrymogènes et de lances à incendie pour disperser plusieurs milliers de personnes après des heurts autour de la gare de Stuttgart. «Je souhaite que de telles manifestations se déroulent sans violence. Il faut toujours chercher à éviter Lire la suite

« Nos enfants nous accuseront », « Severn », l’ode à la vie en guerre contre l’agriculture intensive

sudouest.com, Patrick Guilloton, le 17 octobre 2010

 http://www.sudouest.fr/2010/10/17/severn-l-ode-a-la-vie-214142-1391.php

« Severn », l’ode à la vie en guerre contre l’agriculture intensive

Le cinéaste Jean-Paul Jaud est parti en guerre contre l’agriculture intensive. Son second film sur ce sujet, tourné en partie dans notre région, tape juste. Et fort.

Tous les amateurs de football connaissent Jean-Paul Jaud, l’homme qui, aux débuts de Canal+, a apporté une vraie révolution dans l’art et la manière de retransmettre les matches.

Par contre, beaucoup d’entre eux ignorent que cet individu entier a toujours refusé de devenir salarié de la chaîne, tenant trop à sa liberté. Une liberté lui ayant permis de mener à sa guise son métier de cinéaste et de réaliser nombre de documentaires basés sur la même trame, celle des saisons. Sa série des « Quatre saisons » l’a conduit dans maints univers : le bassin de Marennes-Oléron, pays de son enfance, les cuisines du chef étoilé Guy Savoy, les vignes et les chais de Château d’Yquem.

Il s’est également penché avec délice sur les variations de la vie d’un berger pyrénéen, selon que le soleil brille ou que tombe la neige. Le berger de Jaud, devenu son ami, avait une drôle d’habitude. À longueur de temps, il se régalait d’oignons crus cultivés dans son propre jardin, sans autre ajout qu’un compost naturel. Le cinéaste, séduit par ce régime, a pris l’habitude, dès son retour à Paris, de faire provision d’oignons au supermarché du coin.

Le jour où il a appris qu’il souffrait d’un cancer, il a hurlé à l’injustice. Comment un homme comme lui, incapable du moindre excès de table, sobre comme un chameau, non-fumeur, sportif, avait-il pu être ciblé par la maladie ? Au fil de ses discussions avec les médecins, il s’est persuadé – et on ne lui a pas dit le contraire – que les produits chimiques de l’agriculture intensive déversés sur sa plante potagère préférée étaient la cause de son malheur. Il s’est soigné. On lui a assuré qu’il était guéri. Il a alors pu entamer sa croisade. Avec son arme de destruction massive : sa caméra.

Succès inespéré

C’est ainsi que, voilà deux ans, est sorti « Nos enfants nous accuseront », terrible réquisitoire contre les pesticides, les herbicides et autres saloperies du même tonneau. En fait, un film d’espoir, puisque son fil rouge racontait l’arrivée tranquille des produits bio à la table de la cantine scolaire de Barjac, petit village du Gard. Quel contraste avec les images d’agriculteurs déversant des tonnes de produits toxiques sur leurs arbres fruitiers et venant confier en pleurant qu’après chaque épandage, ils étaient victimes de saignements de nez des semaines durant. Ce documentaire a réalisé une performance formidable. Un succès inespéré : 300 000 entrées pour une sortie avec seulement vingt copies dans toute la France ! Preuve que lorsque le bouche-à-oreille s’y met…

Le 10 novembre prochain, une nouvelle attaque virulente est programmée avec la sortie du second étage de la fusée, un film titré « Severn, la voix de nos enfants ». Mais, déjà, Lire la suite

Bill McKibben, fondateur de la campagne internationale 350.org : Il faut mener des actions de désobéissance civile aux Etats-Unis

 http://www.terra-economica.info/Les-ecolos-americains-pronent-la,12794.html

terra-economica.info, Anne Sengès, le 10 octobre 2010

« Il faut mener des actions de désobéissance civile aux Etats-Unis »

Interview – Radicaliser le mouvement et mettre les corps en première ligne : face au changement climatique, ce sont des impératifs pour la cause écolo aujourd’hui, d’après Bill McKibben, fondateur de la campagne internationale 350.org.

Terra eco : Dans une lettre ouverte aux Américains que vous cosignez avec Philip Radford, président de Greenpeace USA, et Rebecca Tarbotton, du Rainforest Action Network, vous appelez les écologistes à radicaliser leurs actions. Pourquoi ?

Bill McKibben : Nous savions que notre combat contre le changement climatique serait une bataille difficile. Nous affrontons des adversaires qui représentent les industries les plus riches et les plus rentables du monde et dont les profits dépendent justement de leur capacité à utiliser l’atmosphère comme un gigantesque égout libre et gratuit. Et force est de constater que pour le moment, la communauté environnementale n’a pas bâti de mouvement suffisamment grand pour mener un combat digne de ce nom. Nous devons donc remédier à cela rapidement. Ce combat prendra plusieurs formes comme la désobéissance civile et l’action de masse.

Qu’entendez-vous par désobéissance civile et action de masse ?

Par exemple, ce dimanche 10 octobre aura lieu la Global Work Party (journée du travail, ndlr), gigantesque événement annuel qui va rassembler des millions de participants aux quatre coins de la planète. L’an dernier, il y a eu 5 200 « work parties » dans 181 pays et CNN avait alors jugé qu’il s’agissait de la plus grosse journée d’activisme politique de l’histoire. Cette année, nous allons battre ce record avec au moins 7 000 événements dans presque tous les pays. Les gens vont installer des panneaux solaires ou planter des jardins communautaires. Mais il ne s’agira pas de prouver qu’on peut résoudre le changement climatique à coups de panneaux solaires. Nous savons qu’il faut des lois pour le combattre mais nous voulons, par cette action, à la fois faire le bien dans nos communautés mais aussi envoyer un message fort à nos dirigeants : « Pendant que nous retroussons nos manches, que faites-vous ? Pendant que je passe un week-end à suer pour installer des panneaux solaires, vous pourriez au moins vous contenter de faire votre travail et accoucher d’un traité. »

Ce type d’action constitue un moyen de bâtir un mouvement mais il va falloir aussi songer à signaler l’urgence de la situation en n’hésitant pas à mettre nos corps en première ligne. C’est ce que nous entendons par désobéissance civile. Nous savons qu’il est illusoire de croire que nous pouvons anéantir l’industrie fossile – omniprésente dans notre société – via l’action directe. Mais nous pouvons mener des actions symboliques qui permettront de mettre en lumière l’urgence de la crise et prouveront notre engagement à lutter contre le réchauffement de la planète. Le défi sera de faire en sorte que ce type d’actions attire les gens au lieu de les rebuter. D’où la nécessité d’agir dans la non violence. C’est pourquoi nous sollicitons des idées en ce moment : on peut par exemple cibler une centrale à charbon, une ville ou encore la Maison-Blanche.

La marée noire qui a ravagé pendant cinq mois le golfe du Mexique n’a curieusement pas fait pencher la balance en faveur du camp des défenseurs de l’environnement ou incité les sénateurs à adopter une loi sur le climat. Comment expliquez-vous ce paradoxe ?

Pour justifier ce qui s’est passé dans le golfe, nos dirigeants se sont contentés de Lire la suite

Parution d’Entropia N° 9 – Contre-pouvoirs et décroissance – A mettre dans toutes les mains…

http://www.entropia-la-revue.org/spip.php?article81

entropia-la-revue.org, lundi 27 septembre 2010

N° 9 – Contre-pouvoirs & décroissance

Contre-pouvoirs & décroissance en Amérique latine

L’Amérique latine n’échappe pas aux ravages de l’utilitarisme productiviste. Pour Anna Bednik, les mouvements « socio-environnementaux  » qui s’y développent « se rapprochent autant de la décroissance que de toute forme d’engagement qui conteste la centralité de l’économie dans la vie ». Pour eux, le territoire est « un espace pour être, qui se construit socialement et culturellement, à l’image du peuple qui l’habite ». Les luttes pour empêcher la destruction des ressources naturelles sont l’expression d’une conception de la vie et le changement qui s’attaque aux constructions mentales. Elles rejoignent les engagements des objecteurs de croissance, sans les nommer comme tels.

Raul Zibechi considère que la version latino-américaine de la décroissance pourrait correspondre au « bien-vivre » qui est au coeur des luttes de l’Équateur à l’Argentine. « Il s’agit de vivre, d’établir une manière de vivre qui permette une relation harmonieuse entre les êtres humains, donc entre eux et la nature ». Ces choix entrent en conflit avec l’exploitation des ressources fossiles, comme avec l’idéologie du progrès. La créativité à la base est la seule activité transformatrice. Elle ne peut se réaliser qu’en dehors du système, dans la marge du monde réellement existant. « Dans ces conditions, ce qu’on crée peut-être réellement différent de ce qui est institué. »

Pour lutter contre toutes les formes de corruption, Antonio Gustavo Gomez, en tant que juge, doit s’appuyer sur la volonté et le courage des communautés locales à dénoncer les destructions environnementales et les conséquences sociales qui les accompagnent. Il est évident que « le pouvoir économique multinational, représenté dans la formule consommation/production/croissance, ne sera pas redéfini sans combat  ». L’espoir d’un changement radical ne peut venir que des peuples indigènes qui se coordonnent localement pour s’opposer au désastre et pour affirmer leurs valeurs où les savoirs ancestraux peuvent rejoindre les sciences modernes au service du vivant.

Le concept de communalité est apparu, il y a plus de vingt ans, dans les hautes montagnes de l’Oaxaca, au sud du Mexique. Il est lié à la résistance des peuples indiens de cette région. On l’a retrouvé lors de l’insurrection de la ville d’Oaxaca en 2006 chez les populations des quartiers périphériques et sur les barricades. Pour Georges Lapierre, parce que ces sociétés locales ne voient pas la vie comme une accumulation de biens, d’argent et de pouvoir, mais dans l’art d’être ensemble, dans l’esprit qui préside aux échanges et aux réciprocités, elles constituent un repère précieux, sinon un exemple, en particulier dans la vie politique où les charges sont bénévoles et attribuées pour une durée d’un an par les assemblées générales.

Carlos Manzo complète la contribution précédente en lui apportant de nombreuses précisions en situation et territorialement situées. Il avance que la communalité et le dialogue culturel sont les instruments conceptuels et pratiques de la résistance des peuples indiens au Mexique. « Aujourd’hui, dans le contexte de la crise la plus aiguë que le capitalisme ait connue non seulement comme système historique, mais comme modèle civilisateur, la communalité est amenée à s’affronter aux entreprises transnationales voraces, intéressées par le dépouillement et l’usufruit capitaliste de nos territoires comprenant le patrimoine bioculturel. »

L’objectif des zapatistes est « la construction d’une pratique politique qui ne cherche pas la prise du pouvoir, mais l’organisation de la société ». Jérôme Baschet nous rappelle que, dans chaque commune autonome, ceux qui occupent les fonctions municipales sont élus par leurs communautés pour des mandats de deux ou trois ans révocables à tout moment. « Il est temps d’admettre que la construction du bien commun n’est pas vouée à s’incarner nécessairement dans l’État. À l’opposé d’une politique de la compassion, omniprésente à l’ère de l’humanitarisme, il faut faire de la dignité partagée le fondement d’une lutte pour l’auto-émancipation, sans messies et sans guides, sans spécialistes et sans États. »

Serge Latouche, brossant une fresque de l’histoire sociale et culturelle des Amérindiens, estime que leur réveil contient des promesses, des attitudes et des réalisations locales qui convergent avec les projets de l’objection de croissance. « La lutte pour la dignité et la reconnaissance de la joie de vivre comme partie du processus de changement résonne par-delà les mers avec notre combat. » Toutefois, comme en Afrique, « la rhétorique de l’autre développement, de l’économie solidaire et du commerce équitable, portée surtout par les experts blancs pleins de bonnes intentions est déjà à l’œuvre pour éviter que soit réalisée la sortie de l’économie et la marche vers la décroissance ».

Autres aspects critiques

Bertrand Méheust soutient que le trait dominant de notre époque, c’est l’impuissance de la connaissance, « son apparente inutilité ». Nous croulons, en effet, sous des informations qui convergent toutes vers la probabilité d’une catastrophe écologique et sociale totalement inédite à cette échelle, et pourtant « la pression du confort » est telle que nous sommes incapables d’un agir collectif à la mesure des enjeux. « Quelle contre-violence convient-il légitimement d’exercer contre la prédation financière, contre l’emprise publicitaire, contre la destruction de la biosphère, contre la dépossession lente de notre humanité ? »

Pour Claude Llena, le mouvement de la décroissance n’est pas un enfermement idéologique dans lequel les critiques les plus virulentes veulent l’isoler. « Il est l’expression d’une volonté d’agir sur les écosystèmes biologiques et sociaux à l’intérieur des territoires de vie. Il cherche à minimiser l’empreinte écologique des pratiques productives et participe d’une relation sociale revitalisée par la recherche du sens. » C’est une mutualisation des pratiques d’auto-éco-organisation qui permet Lire la suite

Le dimanche 10/10/10 – Retrouvons-nous à ALTERNATIVA à Cap Sciences Bordeaux de 10h10 à 19h

Le dimanche 10/10/10   Retrouvez-nous à ALTERNATIVA à Cap Sciences de 10h10 à 19h       

AlternativA, c’est un temps de rencontres et de débats, un événement festif organisé à  Bordeaux par le Collectif Climat Gironde, à Bayonne  par l’association Bizi !, à Pau par le collectif CocliPau, le dimanche 10 octobre, journée d’action mondiale en faveur du climat.

AlternativA, c’est le lieu où les alternatives s’exposent, se créent… c’est un espace de transition écologique et sociale vers le monde de demain…

Les effets du changement climatique se précisent et pourtant, le Sommet de Cancun prévu en décembre s’engage, comme celui de Copenhague, dans une impasse.  

Notre système économique, social et démocratique est profondément en crise. Il remet en cause aujourd’hui les conditions mêmes de survie de l’espèce humaine sur notre planète. Mais envisager cette crise comme un possible levier de changement, reprendre du pouvoir sur notre avenir, c’est le défi que nous voulons relever.

Place à l’action locale et au penser global, place à l’inventivité, à l’imagination, au travail solidaire et au plaisir de faire ensemble !

Rendez-vous à Cap Sciences le dimanche 10/10/10 à partir de 10h10

Collectif Climat Gironde : http://collectifgirondecopenhague.eklablog.net   

Contacts : alain.blanc22@orange-ftgroup.com  et brigthomas@free.fr

Le 10/10/10 : ce qui vous attend !

Le matin accueil-café : 10h10 rencontre avec les associations présentes, ateliers-débats  sur les quais : déambulation avec la Batucada Zumbi Rei    

12h30 Apéro-repas avec la fanfare rock  La Collectore  (buvette et brasserie bio sur place)

L’après-midi  rencontre avec les associations, atelier-débats récréation musicale avec Éric Brocard projection du film « The Story of stuff »

17 h Débat « Travailler plus pour (se) détruire plus ? » avec la participation du philosophe et sociologue Daniel Cerezuelle.

18h30 Et après ? Lire la suite

Salon de l’écologie et de l’éco-habitat : Un Horizon vert de plus en plus engagé

sudouest.fr, NC, le 30 septembre 2010

http://www.sudouest.fr/2010/09/30/un-horizon-vert-de-plus-en-plus-engage-199251-736.php

Salon de l’écologie et de l’éco-habitat : Un Horizon vert de plus en plus engagé

Au Parc des expos ce week-end, se tient le 22e Salon de l’écologie et de l’éco-habitat.

Marre de cette société consumériste ? Las de ce monde qui s’auto-phagocyte ? Déprimé par la litanie des désastres écologiques que débitent à longueur de temps les médias ?

Eh bien, vous pouvez toujours faire un tour du côté du salon Horizon vert, traditionnel rendez-vous villeneuvois écolo-altermondialiste qui propose, ce week-end, pour sa 22e édition, de « peindre en vert ou changer la société ». Vaste et ambitieux projet. Bien évidemment, les organisateurs n’ont pas la prétention de changer le monde en trois jours. Mais comme disait Diderot, c’est pas défendu d’essayer.

Moins de commercial

Quoi de neuf donc à l’Horizon vert ? Sans doute, la nouveauté dans cette édition 2010 n’est pas à rechercher du côté des 250 exposants, même si leur force d’attraction demeure toujours conséquente, notamment dans le domaine toujours très prisé des énergies renouvelables et du bien-être.

D’ailleurs, si on en croit les organisateurs, la partie commerciale, sévèrement contrôlée cette année d’après ce qu’on a compris, devrait être appelée à se réduire comme peau de chagrin, la promotion de ces produits étant largement aujourd’hui répandue. Autre signe de cette évolution : le nombre d’ateliers a quasiment doublé sur le site du Parc deseExpos par rapport à l’an passé.

Au menu : du qi gong, « Devenez détective animalier » avec Les Petits débrouillards, « L’Éolienne en folie » des Trotte-lapins, le compostage et le lombricompostage, la cuisine médiévale, la fabrication de maison en briquette de terre, des démonstrations de cuiseurs solaires et à bois, etc.

Un Sarkophage

Moins ludique mais tout aussi intéressant devrait être l’éco-habitat, « le salon dans le salon », un large espace consacré à la construction écologique en France en 2010.

Toutefois, ce sont les conférences (17 au total) qui demeurent, semble-t-il, les temps forts du salon. Le philosophe et essayiste Patrick Viveret (lire notre édition précédente) ouvrira le bal demain soir à 20 h 30 au centre culturel. L’économiste et contempteur de la politique sarkoziste, Paul Ariès, fondateur de la revue « Sarkophage », débattra sur « Changer la société », dimanche à 14 h 30, avec Marie-Christine Zelem, chercheuse et universitaire, et Claude Micmacher, architecte et directeur de l’écocentre du Périgord. Par la suite, Geneviève Azam, membre du conseil scientifique d’Attac, parlera de « L’urgence climat et justice sociale ».

Après cela, si Lire la suite

Paul Ariès : « Les décroissants ne sont pas des talibans verts »

Paul Ariès : « Les décroissants ne sont pas des talibans verts »

rue89.com, Pierre Haski, le 19septembre 2010

http://www.rue89.com/entretien/2010/09/19/paul-aries-les-decroissants-ne-sont-pas-des-talibans-verts-167289

Paul Ariès est considéré par beaucoup comme un « gourou ». L’idéologue de la décroissance a longtemps prêché dans le désert, mais la crise a donné à son discours un nouvel écho, qui lui vaut d’être invité à débattre par Europe écologie, ou de faire une (modeste) apparition sur les plateaux de télévision. Rue89 l’a interrogé sur sa vision, et sa stratégie, notamment en vue d’une possible candidature « décroissante » en 2012.

Longtemps spécialiste des sectes contre lesquelles il s’est fortement engagé, puis parti en guerre contre la malbouffe comme symbole de la mondialisation, le politologue et écrivain Paul Ariès est aujourd’hui la figure la plus en vue du courant, très divers, de la décroissance.

Ultra-minoritaire dans un pays où la quasi totalité des partis politiques fondent leurs hypothèses sur un retour de la croissance, ce courant a longtemps été associé à l’idée d’une régression, d’un retour à la bougie et au puits, avant de commencer à entrer dans le champs du débat politique, notamment au sein des écologistes divisés sur la question comme l’ont montré les Journées d’été Verts-Europe écologie de Nantes.

Paul Ariès reconnaît que la décroissance a longtemps été négative avant de commencer à devenir une force de proposition. Dans cet entretien, réalisé en complément du dossier du numéro 3 de Rue89 Le Mensuel, titré « et si la croissance ne revenait plus ? », « l’objecteur de croissance », comme il se définit, évoque l’hypothèse, non encore tranchée, d’une candidature à la présidentielle de 2012 pour avancer ses idées. Entretien.

Rue89 : Votre cible est autant la gauche que le système capitaliste ?

Paul Ariès : Il y a deux systèmes qui, par-delà leurs différences qui sont énormes, ont totalement pillé la planète pour nourrir leur machine productiviste. Sauf que ces deux systèmes ne se trouvent pas aujourd’hui dans la même situation.

Les droites, les milieux d’affaires, ont un vrai projet, qui est celui du capitalisme vert. Alors que les gauches, à l’échelle internationale, restent largement aphones. Parce qu’elles ne savent pas comment concilier ces nouvelles contraintes environnementales, avec le souci de justice sociale, et le besoin de reconnaissance face à une société du mépris.

Mais il y a toujours eu deux gauches. L’une antiproductiviste, d’un antiproductivisme populaire spontané, celui des paysans qui pendant un siècle et demi ont combattu contre le passage de la faucille à la faux pour préserver le droit de glanage, un certain mode de vie ; celui de ces ouvriers cassant les usines qui prenaient leur place ; celui du « Droit à la paresse » de Paul Lafargue, c’est ce mouvement historique pour la réduction du temps de travail. Cette gauche a toujours été minoritaire, et surtout, elle a été ridiculisée, moquée.

Et on a toujours eu une gauche productiviste, qui avait foi dans le progrès. Sauf que cette gauche productiviste, qui a été dominante au XXe siècle, a aujourd’hui du plomb dans l’aile. Elle ne peut plus promettre que demain on vivra tous comme des petits bourgeois, que demain sera le pays de Cocagne.

Donc ça crée des possibilités, je l’espère, c’est un pari, de créer aujourd’hui une gauche antiproductiviste qui devienne optimiste.

« Etre des empêcheurs de développer en rond »

Pourquoi avoir fait de Daniel Cohn-Bendit le symbole de ce que vous combattez, en le qualifiant d’« idiot utile du capitalisme vert » ?

Ce qui m’intéressait dans Cohn-Bendit [« Cohn-Bendit, l’imposture », par Paul Ariès et Florence Leray, éd. Milo, ndlr], ce n’est pas la personne mais de quoi il est le symptôme. Le succès électoral d’Europe écologie repose sur des bases idéologiques pas claires. Si les gens ont voté Cohn-Bendit en pensant sauver la gauche et pour sauver une écologie politique antiproductiviste, ils ont été abusés. On voit bien qu’aujourd’hui Europe écologie est à la croisée des chemins. Tout comme la gauche.

Il va falloir choisir entre Corinne Lepage et l’objection de croissance. Il y a des positionnements politiques qui doivent se faire. Ces divisions, qui sont bien réelles à l’intérieur du mouvement, sont effectivement masquées par les succès électoraux.

Ce qui est urgent, c’est une recomposition véritable d’une gauche antiproductiviste. Je travaille avec d’autres au rapprochement des écologistes antilibéraux -ce qui exclue fondamentalement CohnBendit ou Lepage- et des gauches antiproductivistes.

Je ne dis surtout pas que c’est autour de la décroissance que les choses vont se faire. Nous ne sommes pas la petite grenouille qui a vocation à devenir aussi grosse que le bœuf. Notre fonction, c’est d’être des empêcheurs de développer en rond. C’est de poser des questions à l’ensemble des forces politiques, avec l’espoir qu’effectivement on arrive à faire que les minorités qui portent ces idées arrivent à converger.

« Nous marquons le retour des “partageux” »

Votre discours est-il audible auprès des gens qui manifestent pour maintenir la retraite à 60 ans ?

D’abord il me semble que les premiers qui ont à gagner à la décroissance, ce sont les plus pauvres. Pas seulement parce que ce que nous voulons avant tout c’est la décroissance des inégalités sociales, mais aussi parce que le style de vie, qui est tout à fait à distinguer de la notion de pouvoir d’achat, correspond effectivement à des styles de vie populaires.

Avec la revue Le Sarkophage, nous avons organisé l’an dernier notre premier grand colloque sur le thème « Ralentir la ville pour la rendre aux plus pauvres ». Des projets comme Slow Food, ou le Réseau international des villes lentes, posent les bonnes questions. Et notre deuxième colloque, dans l’Essonne en novembre, sera sur le thème de la gratuité des services publics locaux, là encore avec cette visée sociale.

Comme on sait que le gâteau -le PIB- ne peut plus grossir, la grande question devient celle du partage. Nous marquons le retour des « partageux ».

« Passer du socialisme du nécessaire à un socialisme gourmand »

Par rapport à la question des retraites, la décroissance, si elle devait être appliquée, ne créerait pas effectivement des ressources, d’où la nécessité de déplacer le débat.

La question des retraites pose aujourd’hui la question des revenus garantis. On justifie les écarts de revenus, au moment de l’activité des salariés, par la nécessité de rémunérer les compétences et de ne pas faire fuir les plus performants. Ce discours ne tient plus quand on parle à des gens qui deviennent inactifs.

De la même manière qu’il faut rendre aux anciens toute leur place dans la société, parce qu’ils sont les meilleurs représentants de la lenteur, nous pensons que les anciens peuvent être le vecteur de ce combat pour le revenu garanti.

Je me reconnais pleinement dans le mouvement lancé par d’anciens résistants autour de la republication du programme du Conseil national de la résistance, »Les Jours heureux ». Au moment où la France était ruinée, à genoux sur le plan économique et industriel, on a su trouver effectivement les moyens financiers pour permettre cette solidarité avec la Sécurité sociale. Aujourd’hui, avec une France beaucoup plus riche, on voudrait casser cette Sécurité sociale. Il nous semble possible de rénover, d’approfondir les services publics.

Ce qui est urgent, c’est de passer du socialisme du nécessaire à un socialisme gourmand. Il faut en finir avec cette idée de génération sacrifiée, de lendemains qui chantent, c’est dès maintenant qu’il faut construire une société totalement différente.

Nous avons besoin, dans le cadre de la société capitaliste, de pouvoir faire sécession, c’est-à-dire de reconstruire des façons d’être. On a su le faire au XIXe siècle, et même au début du XXe, avec ce qu’on a appelé le « socialisme municipal ». On a su avoir une gauche qui était une contre-société qui reposait sur des valeurs, sur des façons d’être, qui n’étaient pas celles du mode dominant.

« La décroissance, une politique des petits pas »

Peut-on pratiquer la décroissance dans un seul pays ? Ne risque-t-on pas de se retrouver avec la décroissance au Nord, et la croissance au Sud ?

C’est un vrai débat. Mais les questions que pose la décroissance ne sont pas réservées à la France ou aux pays riches. Elles sont abordées en Afrique, de façon massive en Amérique latine, et moins en Asie. Le mouvement de la décroissance n’est pas séparable de ce qu’a pu être le mouvement des paysans sans terre ou de Via Campesina. Les questions que nous posons, avec notre vocabulaire spécifique, appartiennent aux plus humbles.

La décroissance, ce n’est pas l’annonce du Grand Soir, c’est exactement l’inverse. La décroissance, c’est aussi une politique des petits pas, comme celui qu’ont fait des communes de l’Essonne qui ont décidé de donner gratuitement une quantité d’eau à tous leurs administrés.

Donc vous pouvez avoir une période de cohabitation entre croissance et décroissance ?

Bien sûr, l’enjeu c’est de créer des dynamiques de rupture. Bien sûr qu’il faut en finir avec le capitalisme, mais à nos yeux ça ne suffit pas. Parce que le pétrole socialiste n’est pas plus écolo que le pétrole capitaliste, ou le nucléaire socialiste ne serait pas plus autogérable. Nous sommes à la fois anticapitalistes et antiproductivistes.

Il faut penser la transition, ça ne se fera pas d’un coup. Cette politique des petits pas, qui n’oppose pas chaque petit pas avec l’objectif final, est la seule possible. C’est aussi la seule démarche possible pour rendre le projet désirable.

Par où commencez-vous ?

Nous avons décidé de nous battre d’ici 2012 sur quatre grands mots d’ordre d’égale importance :

la question du ralentissement, car on sait depuis les travaux de Paul Virilio que toute accélération de la société se fait au détriment des plus faibles ;

la relocalisation, ce qui peut poser la question d’une fiscalité adaptée, voire la création de monnaies régionales ;

la question de la simplicité volontaire contre le mythe de l’abondance ;

la question du partage, c’est-à-dire la question du revenu garanti couplé à nos yeux à un revenu maximal autorisé.

Ce revenu garanti est l’une des manières que nous avons de réduire la part de l’économie dans nos sociétés. Il doit être attribué en partie en monnaie nationale, l’euro, en partie en monnaie régionale à inventer, et en partie en droits de tirage sur les biens communs (tant de Kw/heure gratuits, tant de mètres cubes d’eau gratuits, de transports en commun urbains gratuits…). Le fait de raisonner en terme d’usage et plus en termes monétaires marque une rupture.

Ce revenu garanti est aussi un pari anthropologique, je veux dire que nous sommes conscients que ça peut foirer. Il s’agit de dire que nous ne sommes pas seulement des forçats du travail et de la consommation, mais beaucoup d’autres choses.

Un des coups de génie du capitalisme a été d’« insécuriser » les gens. « Insécurisés » sur le plan économique, mais aussi sur le plan social avec la casse des identités collectives, « insécurisés » aussi sur le plan individuel avec la difficulté que l’on a de se construire. Nous pouvons au moins agir sur la sécurité économique. Ce n’est pas la fin du travail, mais la fin du travail aliéné.

On vous rétorquera à droite comme à gauche que ça fera fuir l’investissement dans un monde ouvert.

C’est ce même discours qu’on entendait déjà au XIXe siècle quand on a voulu supprimer le travail des enfants, au XXe siècle quand on a créé les congés payés. D’où l’importance symbolique de la republication du programme du Conseil national de la résistance qui montre que quand on a la volonté politique, l’intendance suit.

J’ai été furieux, lors des dernières régionales, d’entendre des listes de gauche dire qu’elles étaient contre la gratuité des transports en commun. Pourquoi refuser aux transports ce qu’on accorde à l’école publique ?

Il y a deux conceptions de la gratuité :

l’une d’accompagnement du système, qui n’est étendu qu’aux plus démunis, et qui s’accompagne de condescendance et d’un certain flicage ;

l’autre est une gratuité d’émancipation, qui dit que nous héritons solidairement d’une planète. Une gratuité créatrice de lien social.

Nous ne sommes pas des talibans verts, pour nous les questions sociales et écologiques ont la même importance. Nous cherchons à élargir la critique habituelle que la gauche fait du capitalisme.

« Nous sommes dans une utopie pratique »

D’ici à 2012, comment allez-vous vous faire entendre ? Une candidature à la présidence ?

Il y a un débat dans le milieu de la décroissance sur la manière de traduire politiquement ce demi succès culturel que nous avons pu emporter. Un appel m’a été lancé par plusieurs réseaux d’objecteurs de croissance. J’accepte de faire campagne, la candidature c’est autre chose…

Nous nous sommes posés la question en 2005 de savoir si nous allions renouer, en 2007, avec le geste de René Dumont en 1965, candidature écolo avant même la création de tout parti écolo. On avait réuni tout le monde, ce fut un échec politique total. Nous avions le versant négatif, on savait ce qui n’allait pas, mais on n’avait rien à proposer.

Depuis les choses ont fortement avancé. Et si j’ai signé un livre-manifeste, qui est une œuvre collective, c’est parce que nous pensons qu’il est possible de peser sur les débats. Nous nous sommes dotés de deux outils :

une charte a minima -il ne faut pas le cacher, la décroissance c’est aussi une auberge espagnole…-,

et un logo pour assurer la visibilité du mouvement, l’escargot.

Ces campagnes -présidentielle et législative- seront moins l’occasion d’avoir des candidats, même s’il y en aura, que de créer des collectifs locaux pour fonder une maison commune des objecteurs de croissance qui réunira des gens qui seront membres d’autres organisations.

Fondamentalement, notre objectif est de faire avancer nos thèmes afin qu’ils deviennent des enjeux de lutte sociale. Nous voulons montrer que nous sommes dans une utopie pratique, que nous avons des propositions qui commencent à être réalisées.

Le succès d’estime du terme de décroissance permet à chacun de mettre des mots sur ce que chacun ressent : on ne peut pas continuer à produire et consommer plus. Et pas seulement sur le plan écologique, mais humain, sans aller jusqu’à péter les plombs.

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« Décroissance », le mot qui met les écolos en ébullition

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Ailleurs sur le Web

La fiche Wikipédia de Paul Ariès

Le site du journal décroissant Le Sarkophage

Gironde-en-transition – vendredi 24 septembre à 19h00 à la MNE – Témoignage d’une ambassadrice de la tansition

 Gironde-en-transition, communiqué, le 14 septembre 2010

Site : www.gironde-en-transition.org

Danielle Grunberg, co-fondatrice de l’initiative de Ville en Transition « A Greener Hawich » en Ecosse, et mandatée comme ambassadrice francophone par le réseau Transition Towns, va nous présenter son témoignage sur ce mouvement le vendredi 24 septembre à 19h00 dans les locaux de la MNE Bordeaux-Aquitaine, 3 rue de Tauzia à Bordeaux

Elle nous fera part de son implication dans la création de la Transition dans sa petite ville écossaise de 15 000 habitants, dans laquelle les priorités de la population modeste étaient bien loin de l’écologie et de la lutte contre le réchauffement climatique.

Sa persévérance à convaincre de l’importance de ces sujets a permis de démarrer la Transition de Hawich vers l’après-pétrole. Son prochain objectif est de créer la première monnaie régionale en Ecosse.

Vous êtes impliqués de près ou de loin dans une initiative de transition ? Vous êtes Lire la suite

Geneviève Azam – Nous vivons plus qu’une convergence de crises, l’effondrement est déjà là

Nous vivons plus qu’une convergence de crises, l’effondrement est déjà là

bastamag.net,  Agnès Rousseaux, le 13 septembre 2010

http://www.bastamag.net/article1174.html

Nous vivons plus qu’une convergence de crises, l’effondrement est déjà là

Crise après crise, le système capitaliste semble perdurer. Spéculation financière, dégâts environnementaux et inégalités mondiales repartent de plus belle. Et pourtant… Pour Geneviève Azam, économiste et co-présidente du conseil scientifique d’Attac, les illusions d’un monde aux ressources infinies et à la croissance illimitée sont tombées. Le modèle capitaliste n’est plus porteur de rêves. Un nouveau rapport au monde émerge, aux contours encore incertains. Réussira-t-il à opérer la transition vers un « postcapitalisme civilisé » ? Entretien avec l’auteure du livre « Le temps du monde fini ».

Basta ! : La succession des crises – financière, sociale, écologique… – n’entraînent toujours pas de changements radicaux au sein du système capitaliste. Faut-il attendre son effondrement total pour que ce modèle soit remis en question ?

L’effondrement est déjà là. Nous vivons plus qu’une crise, plus qu’une convergence des crises, mais l’imbrication de toutes les crises. Des émeutes de la faim viennent de nouveau d’éclater au Mozambique. Un tel événement est quasiment impensable dans nos sociétés ! Ces émeutes sont le résultat d’un modèle agricole productiviste et de la spéculation sur les produits agricoles, sur les terres, donc du système financier. C’est également une conséquence de la crise écologique, avec le réchauffement climatique, et de la crise énergétique, avec le développement des agrocarburants pour remplacer le pétrole. Chaque manifestation de l’effondrement que nous vivons combine toutes ces crises.

Nous nous acharnons à repousser toute limite. C’est, selon vous, ce qui caractérise deux siècles d’histoire économique. Sentez-vous une prise de conscience de la rareté, voire de la finitude, de nos ressources et des limites intrinsèques à notre planète ?

Si on fait l’hypothèse que le capital technique peut se substituer indéfiniment au capital naturel, il n’existe effectivement aucune limite. La pensée économique reste prisonnière de cette hypothèse, et de celle de la réversibilité du temps, du possible retour en arrière. La crise écologique montre au contraire que des phénomènes irréversibles, que des destructions définitives sont à l’œuvre. Depuis une vingtaine d’années, les mouvements sociaux ont pris conscience de ces limites. Une expertise citoyenne s’est peu à peu construite sur l’énergie, les semences ou le climat, démontant l’illusion que la technique pourrait remplacer ce qui est détruit.

Les théories économiques oublient la nature. Quand elle est prise en compte, on parle « d’externalités ». On lui attribue un prix comme s’il existait une mesure commune entre nature et marchandises. Cela me gêne. Fixer un prix laisse penser qu’une compensation est possible, qu’il suffit de payer. Certaines dégradations sont irréversibles, et payer ne remplacera jamais les pertes. Parler d’externalités est aussi très révélateur, comme si c’était juste quelque chose de regrettable. C’est le processus lui-même qui doit être modifié et pas simplement ses effets « regrettables ».

Ne risque-t-on pas de s’enfermer dans une gestion économique de la crise écologique, avec, par exemple, le « marché des droits à polluer » ou le principe pollueur-payeur ?

Donner un prix à des pollutions traduit une prise de conscience. Il est logique que ceux qui abiment l’espace public pour des motifs de rentabilité privée soient Lire la suite

Territoires en transition : un chemin d’auto-organisation de la société

TERRITOIRES EN TRANSITION : UN CHEMIN D’AUTO-ORGANISATION DE LA SOCIETE

alterautogestion.blogspot.com, Joël MARTINE, Marseille, août 2010

http://alterautogestion.blogspot.com/2010/09/territoires-en-transition-un-chemin.html

Parti de petites villes anglaises en 2006, le mouvement des Territoires en transition est une méthode de l’action collective nouvelle et prometteuse en réponse au pic pétrolier et au dérèglement climatique. On demande aux gens de s’interroger sur ce qu’ils peuvent faire avec les ressources existant autour d’eux sur un territoire précis, et pouvant être mises en œuvre sans attendre des décisions des pouvoirs publics (mais en créant le rapport de force qui rendra ces décisions possibles). Par cette prise de conscience et cette prise en main collective de la vie locale, les gens sortent de l’alternance entre insouciance irresponsable et angoisse paralysante.

Il est décisif que cette démarche soit reprise par les citoyens, les collectifs militants, et les élus : c’est une approche pragmatique qui pourrait transformer les conditions mêmes de l’action politique et contribuer à débloquer l’auto-transformation de la société.

Le point de départ n’est pas un parti pris idéologique, mais la force d’une évidence : le pic pétrolier qui est maintenant sous nos yeux provoquera tôt ou tard, mais bientôt, un traumatisme dans la vie de nos sociétés ou tout est dépendant du pétrole : hausse des prix de l’essence et de l’électricité, rupture des approvisionnements alimentaires qui à l’heure actuelle passent par des trajets de longue distance, fermeture d’entreprises, paupérisation rampante ou galopante d’une grande partie de la population, spirale de récession, et développement de logiques politiques ségrégationnistes et autoritaires.

D’autre part, faire comme si on pouvait repousser le pic pétrolier en relançant, même provisoirement, l’exploitation des énergies fossiles (par exemple les forages pétroliers dans le grand nord), ne fait qu’enfoncer le monde dans une autre crise, encore plus grave, qui est le dérèglement climatique. Au contraire, une « décarbonisation » de l’économie (sobriété énergétique, relocalisation de la production, énergies renouvelables, etc.) permettrait à la fois d’amortir les dommages du pic pétrolier et de diminuer radicalement les émissions de gaz à effet de serre.

Donc des alternatives existent. Mais dans l’ensemble ni le système de production ni les consommateurs n’ont été préparés à une transition en douceur vers l’après-pétrole, car les décideurs économiques, pris dans une compétition incessante, guidés par le profit capitaliste ou par la maximisation de la puissance des Etats, misent toujours et encore sur la croissance des richesses et des moyens de pouvoir qui sont à leur disposition à court terme et qui sont massivement pétro-dépendants. C’est pourquoi le pic pétrolier aura inéluctablement des aspects de catastrophe.

Il faut donc, et c’est là l’apport original de la démarche dite « en transition », que la société se prépare à tenir le coup face à des changements brutaux ; qu’elle acquière un pouvoir sur elle-même pour anticiper son auto-transformation, et cela est possible dès à présent par l’auto-organisation à l’échelle locale. En positif, c’est l’occasion de rompre avec Lire la suite

Appel aux associations pour participation au Forum Alterrnativa le 10/10/10 à Bayonne, Bordeaux , Pau…

​Collectif Copenhague, communiqué, septembre 2010

Appel aux associations pour participation au Forum Alterrnativa le 10/10/10 à Bayonne, Bordeaux , Pau…

Votre travail représente une des nombreuses alternatives concrètes  existant dés aujourd’hui et préfigurant le monde de demain, la société que nous voulons et devons construire si nous voulons éviter le pire en matière de changements climatiques.

​C’est à ce titre que nous avons le plaisir d’inviter votre association à être présente au forum ALTERNATIVA qui sera organisé à Bordeaux, comme à Bayonne, Dax, Pau… le dimanche 10 octobre 2010 dans le cadre de la journée internationale de mobilisation pour le climat du 10/10/10 http://www.350.org/fr en perspective des négociations de Cancun en décembre.

​Alternativa constituera un espace de transition vers le monde de demain. Il aura lieu à Cap Sciences, au Hangar 20, quai de Bacalan à Bordeaux.

​On pourra ainsi voir quelles sont les réalisations et alternatives concrètes (AMAP, jardins partagés, agriculture paysanne, écoconstruction, autopartage, commerce équitable, éducation à l’environnement, économies d’énergie, déplacements doux, pédibus, banque éthique, recyclerie…) permettant dès aujourd’hui à chacun (individus, collectivités, associations et entités diverses) de diminuer concrètement ses émissions de gaz à effet de serre.

​Les participants découvriront quelles pratiques alternatives existent et s’engageront à en adopter une, ou deux, ou trois dans l’année qui vient.

​Cet espace sera également un lieu d’échanges, de rencontres, de convivialité, agrémenté d’animations musicales, de spectacles de rue… Tout cela aura des allures à la fois de fête et de mobilisation populaire, de village post-carbone et convivial, de salon des alternatives existantes…

Nous proposerons des Lire la suite

Lagraulet-du-Gers – Projet de centre d’accueil écologique

sudouest.fr, Franck Meslin, le  27 août 2010

http://www.sudouest.fr/2010/08/27/un-centre-ecologique-pour-retrouver-le-bonheur-dans-le-pre-170401-736.php

Un centre écologique pour retrouver le bonheur dans le prè

Anne Gouyon va construire un centre d’accueil pour développer l’écologie positive.

Après dix ans en Asie du Sud-Est à développer des projets d’agriculture durable, l’ingénieure agronome Anne Gouyon est arrivée dans le Gers, en octobre 2009, un peu par hasard. «Je recherchais un lieu dans le Sud où installer un centre d’expérimentation et de transmission du concept d’écologie positive, lorsque j’ai revu le film Le bonheur est dans le prè», raconte-t-elle amusée.

Séduite, la jeune femme pose ainsi ses valises à Lagraulet-du-Gers avec sa famille pour y réaliser son vieux projet. Le couple y achète 18 hectares de terres agricoles, dont 6ha de bois et 7 ha de surfaces constructibles pour y ériger un éco-centre. «L’ambition de ce lieu est avant tout de mettre mes recherches en pratique, de témoigner de ce qui est possible et d’y former ceux qui voudront y venir», explique la jeune femme.

Une maison positive

Dans un premier temps, le couple y construira sa propre maison à partir des quelques murs en ruine d’une bâtisse, selon les techniques d’éco construction. «Les bâtiments seront le premier témoignage d’une autre voie et devront produire plus d’énergie qu’ils n’en consomment».

Le temps de ce premier chantier sera l’occasion pour Anne Gouyon d’affiner le contenu de son éco centre en rencontrant les acteurs locaux de l’environnement, l’artisanat, l’agriculture et le tourisme afin que son offre soit adaptée aux besoins. Déjà ses champs produisent du chanvre pour initier une filière locale d’isolation écologique des habitations. Un potager bio y donnent également de beaux légumes et pourra servir de lieux d’apprentissage des règles du jardinage bio.

Baptisé l’Orta Nou (le jardin neuf, en occitan), l’éco centre d’Anne Gouyon invite chacun à «cultiver son jardin» pour «tisser une relation positive avec notre environnement».

Des colos dès 2011

Déjà la Stéphanoise a tissé des liens avec des associations condomoises œuvrant dans la même direction, telle que Gascogna Terra ou le salon Bio Gascogne. D’autres sont en cours de réflexion, notamment avec l’équipe de l’ancien Carmel de Condom.

Spécialiste en agroforesterie, l’ingénieure agronome souhaite également démontrer dans ce centre son Lire la suite

Permaculture – Révolution permanente en Normandie

politis.fr, Philippe Chibani-Jacquot, le 26 août 2010

http://www.politis.fr/Revolution-permanente-en-Normandie,11302.html

Révolution permanente en Normandie

Depuis deux ans, la Ferme du Bec-Hellouin, dans l’Eure, expérimente la permaculture. Un modèle écologique fondé sur la régénération continue de la fertilité des sols, très peu pratiqué en Europe. Reportage.

Vu du ciel, le jardin principal de Charles et Perrine Hervé-Gruyer fait penser à un délire de paysagiste. Des dizaines de variétés de légumes et de plantes médicinales poussent dans un joyeux mélange apparent sur de longues buttes de terre disposées en cercles concentriques. Un lit de paille – le mulch – recouvre le sol d’une toison dorée qui contraste avec le vert charnu des salades, le bleu violacé des fleurs de bourrache ou le vert profond des courgettes et de la menthe poivrée. Accroupi au milieu de cette abondance estivale, Charles Hervé-Gruyer plonge une main dans la terre qui se cache sous son mulch : si moelleuse et fraîche qu’elle donne envie d’y enfoncer tout le bras. Il n’est pas onze heures du matin, la chaleur est déjà pesante. La canicule sévit depuis une dizaine de jours et pourtant le jardin de 800 m2 n’a eu besoin que d’un peu d’eau. « L’été dernier, nous n’avons pas arrosé du tout », se rappelle Charles. Le mulch fonctionne comme un manteau qui retient l’humidité dans le sol. En se décomposant, il le fertilisera. « Et ça sent la forêt. »

C’est plus qu’une sensation. La permaculture, technique agricole révolutionnaire que pratiquent les Hervé-Gruyer dans leur ferme biologique de l’Eure, consiste en premier lieu à redonner au sol le fonctionnement naturel d’une terre de forêt. Les végétaux en décomposition enrichissent l’humus en matières organiques. La faune du sol (lombrics, acariens…) remue et aère la terre en participant à cette décomposition. Point de labour, donc. « Chaque fois qu’on retourne une terre, on favorise l’oxydation de la matière organique, ce qui se traduit par une perte de carbone, explique Charles. Alors que notre pratique fonctionne comme un piège à carbone, qui entretient le taux de matière organique du sol, et sa fertilité avec. » Du coup, les tiges et feuilles des légumes récoltés sont souvent abandonnées au sol. « Elles seront boulottées par les lombrics, qui rapportent sous terre de quoi l’enrichir. » Le couple, depuis 2006, cultive 1,2 hectare de terres au Bec-Hellouin. Un village prisé des touristes pour son abbaye millénaire et ses maisons typiquement normandes. Installée de part et d’autre de la rivière le Bec, la ferme ne dépare pas le décor avec ses toits de chaume, son portail en bois et son four à pain qui exhale le parfum de miches craquantes tous les mardis. Séduisant comme un caprice de néoruraux qui auraient englouti leurs économies pour jouer aux paysans…

Mais les résultats sont là. Après deux années de tâtonnements, Charles et Perrine découvrent la permaculture au gré de leurs lectures : « une quasi-révélation » pour Perrine. En 2010, deuxième année de récolte depuis cette conversion, « nous atteignons quatre-vingts paniers [1] de fruits et légumes par semaine sur un demi-hectare effectivement cultivé », annonce Charles. Une productivité trois fois supérieure à celle communément constatée chez un maraîcher bio classique. Cela s’explique notamment par Lire la suite

Espagne – Enfin une touche de vert dans le paysage politique

courrierinternational.com, Hebdo n° 1034, Rafael Méndez, le 26 août 2010

http://www.courrierinternational.com/article/2010/08/26/enfin-une-touche-de-vert-dans-le-paysage-politique

Espagne – Enfin une touche de vert dans le paysage politique

Longtemps inexistants, les écologistes espagnols ont décidé de se constituer en parti et entendent imposer leur présence dès les élections locales de 2011. Avec Europe Ecologie comme modèle.

Juantxo López de Uralde vient de quitter Greenpeace Espagne, qu’il a dirigée pendant dix ans, pour lancer un parti vert, avec le soutien de tous les groupes écologistes. Difficile de prévoir ce que donnera son entrée en politique. Les optimistes ont quelques raisons de penser que ce sera un succès. Les enquêtes montrent que les Espagnols s’intéressent autant que les autres Européens à l’écologie, le sujet est négligé par le Parti socialiste au pouvoir et le désenchantement vis-à-vis des grands partis peut donner des ailes aux écologistes. Il est temps que l’Espagne ait un parti vert. C’est maintenant ou jamais.

Les pessimistes, eux, invoquent la crise économique, disent que les gens sont plus préoccupés par l’emploi que par le changement climatique et que les verts ne parviendront pas à surmonter leurs divisions ataviques. Ce sera quitte ou double, l’avenir le dira. En attendant, l’écologie politique espagnole vit un moment de grande excitation.

Le parti se démarquera de la gauche traditionnelle

Uralde et Alejandro Sánchez, qui a quitté la direction de l’ONG environnementale SEO/BirdLife pour le rejoindre, sont les figures de proue d’un processus d’union plus large. Le troisième pilier est le Parti vert européen, quatrième force politique du Parlement européen, qui appuie l’initiative espagnole. “Les eurodéputés verts ne peuvent pas se permettre de n’obtenir qu’un seul représentant [Raúl Romeva, du parti écolo-communiste Initiative pour la Catalogne Verts (ICV)] dans le cinquième pays de l’UE par son PIB, c’est pourquoi ils soutiennent ce processus d’union”, confie Florent Marcellesi, porte-parole de la Coordination verte, qui apporte au projet des groupes de militants disséminés dans toute l’Espagne.

Le dernier pilier de la future formation est le parti ICV, qui possède un député au Parlement espagnol, Joan Herrera, et des représentants au gouvernement régional de Catalogne et à Bruxelles, et qui est membre du Parti vert européen.

Depuis deux ans, tous ces acteurs parlent de s’unir pour de bon, de présenter une candidature commune aux élections et d’en finir avec cette anomalie qu’est l’inexistence des verts en Espagne. Dans un premier temps, ils vont créer une fondation pour fédérer tout ce monde et chercher des soutiens en vue des élections législatives de 2012 et des européennes de 2014. S’ils parviennent à se présenter aux municipales et régionales de 2011, cela pourrait avoir valeur de test. Mais les délais sont courts.

Ils n’aspirent pas à faire aussi bien que les Verts allemands, qui ont obtenu 10,7 % des voix aux législatives de 2009 (17 % à Berlin). Ils regardent plutôt du côté d’Europe Ecologie, le parti français qui a obtenu 13 eurodéputés et 16,28 % des voix aux européennes de 2009.

“L’environnement est absent du débat politique en Espagne, déplore Uralde. En Europe, 10 % des électeurs votent écolo. Et nous pensons qu’en Espagne aussi on peut Lire la suite

Paul Ariès – « Décroissance », le mot qui met les écolos en ébullition

rue89.com, Sophie Verney-Caillat, le 20 août 2010

http://www.rue89.com/planete89/2010/08/20/decroissance-le-mot-qui-met-les-ecolos-en-ebullition-163260  

« Décroissance », le mot qui met les écolos en ébullition

(De Nantes) « Le terme de décroissance a au moins un mérite aujourd’hui, c’est qu’il remplit les salles », se réjouit Paul Ariès, politologue, à la tête du mouvement des « objecteurs de croissance ». Invité à débattre aux Journées d’été Verts-Europe Ecologie, à Nantes, il est vainqueur à égalité à l’applaudimètre avec… Corinne Lepage, l’ancienne ministre de l’Environnement de Jacques Chirac, récemment démissionnaire du MoDem.

C’est son camarade Yves Cochet, « écolo de souche » et vieux théoricien de la fin de la croissance qui l’a invité, au grand dam de Dany Cohn-Bendit, déjà exaspéré lors du premier jour de ces rencontres par l’incantation « anticapitaliste » de Jean-Vincent Placé, numéro deux des Verts. Dany avait boudé et filé à la plage, puis au théâtre.

Dans l’amphi bondé de près d’un millier de sympathisants venus de toutes les familles de l’écologie politique, chacun semble d’accord sur le constat que « la décroissance est une réalité qui s’impose », mais entre l’avocate centriste et l’apôtre de la décroissance, il y a un monde.

Corinne Lepage, en pleine opération séduction, se la joue modeste et s’attend à se faire huer à chaque phrase. Elle fait le plus grand pas possible en direction de la frange rouge d’Europe Ecologie : « J’arrive, au bout de trente-cinq ans de combat écologique, au constat que le développement durable nous propose de continuer avec un modèle qui ne tient pas la route. Je n’aime pas le terme de croissance, je ne l’emploie jamais. Mais il est impossible à court terme d’instaurer la décroissance. »

« Des slogans qui ont une barbe incroyable »

Son discours rejoint largement celui de Daniel Cohn-Bendit. Je le croise errant comme une âme en peine dans les couloirs de la fac de droit, un peu plus tôt dans la matinée. Il refuse lui aussi de se laisser enfermer dans le débat croissance/décroissance : « On a besoin d’une transformation écologique des entreprises, ça ne se fera qu’avec des entrepreneurs. L’anticapitalisme, c’est la recherche de slogans qui ne fonctionnent pas. L’attraction d’Europe Ecologie, c’est d’accepter la complexité. On ne réduit pas cette complexité en sortant des slogans qui ont une barbe incroyable. Si on a envie de ça, on revient à 1,5% des voix. »

La position de l’eurodéputé José Bové n’est pas si éloignée. Sans s’être concerté avec son camarade de Strasbourg, il lance : « Le terme de décroissance a été un très bon slogan coup de poing face à tous ceux qui croyaient au dogme de la croissance, indépassable. Ecrouler ce mythe, c’était important mais la réponse n’est pas dans le slogan. Il faut se demander comment on fait croître la solidarité, la défense de la planète, une économie plus sobre et comment on fait décroître l’impact sur le climat, etc. Il n’y a pas une réponse en noir et blanc, pas un mot qui peut résumer tout. »

A la tribune aux cotés de Corinne Lepage, le député de Paris Yves Cochet réjouit les militants lorsqu’il dénonce « la croissance actuelle au sens d’Aubry et de Fillon qui est antisociale, anti-économique et anti-écologique. » Et de proposer, puisque « la décroissance est notre destin », quatre solutions :

– l’autosuffisance locale et régionale ;

– la décentralisation Lire la suite

Yves Cochet : Quel projet pour Europe Ecologie ?

lemonde.fr, Yves Cochet, député de Paris (Verts), ancien ministre, le 16 août 2010

http://abonnes.lemonde.fr/idees/article/2010/08/16/quel-projet-pour-europe-ecologie_1399408_3232.html#ens_id=1400349

Quel projet pour Europe Ecologie ?

La situation se résume en une phrase : l’économie mondiale se contracte tendanciellement, mais personne ne pense ou ne gère cette décroissance-là. Ou en une autre phrase : aucun gouvernement, aucune organisation internationale (FMI, OCDE…), aucun institut universitaire établi ne publie d’étude qui ne prévoit pas un retour à une croissance économique continue.

Comment expliquer cet aveuglement général autrement que par l’attachement irrationnel des dirigeants économiques et politiques à la croissance comme panacée universelle ? Bien que l’hypothèse de la décroissance objective – correspondant fidèlement aux faits matériels (déplétion des ressources, catastrophes écologiques) – soit plus explicative du mouvement réel du monde que toute théorie de la reprise possible, les responsables de droite comme de gauche continuent d’imaginer des plans à l’ancienne pour retrouver la croissance perdue.

L’unique politique publique mise en œuvre partout, de type keynésien, est de gagner du temps en imprimant plus de monnaie ou en empruntant plus pour quelque relance, en espérant qu’une nouvelle croissance future permettra de rembourser les dettes présentes. Cela marchait jadis, ça ne marche plus aujourd’hui : nous vivons l’époque où la croissance rencontre les limites de la planète.

Les évolutions aux Etats-Unis illustrent notre propos. La récession promet une fin d’année difficile pour le peuple américain, alors même que la « relance » du président Obama est censée être à son apogée. Malgré le maquillage des statistiques par Washington, la dégradation de la situation des ménages se poursuit : le chômage réel est de l’ordre de 20 %, les saisies immobilières continuent, le surendettement s’accroît, le déficit fédéral et celui des Etats se creusent. Comme en Grèce, mais avec un tout autre retentissement international, le gouvernement Obama sera bientôt contraint à un plan d’austérité budgétaire et à une hausse de la pression fiscale. Le mythe de l’indestructible croissance américaine s’effondrera et, avec lui, la majeure partie du système financier international.

C’est dans ce paysage de décroissance que doit s’élaborer le projet d’Europe Ecologie pour la décennie 2010-2020, autour de trois exigences : dire la vérité, garantir la justice, proposer une vision.

Nous n’aimons pas la vérité. Mais les faits n’ont que faire de notre déni. Les sombres perspectives économiques et, surtout, l’immensité du désastre écologique et géologique qui s’avance doivent être reconnues, partagées et diffusées par toute formation politique sérieuse, c’est-à-dire débarrassée de l’hypocrisie de programmes qui se résument tous à : « Votez pour nous, ça ira mieux demain. » S’il est une « politique autrement », sa première qualité est d’annoncer le plus probable – une longue récession -, non de vendre une illusion – la croissance retrouvée.

Dans cette optique, on ne pourra éviter le chaos social que par Lire la suite

Corinne Lepage : « La décroissance n’est pas porteuse d’espoir »

lemonde.fr, Corinne Lepage, députée européenne et présidente de CAP 21, le 20 août 2010

http://abonnes.lemonde.fr/idees/article/2010/08/20/corinne-lepage-la-decroissance-n-est-pas-porteuse-d-espoir_1400812_3232.html

Corinne Lepage : « La décroissance n’est pas porteuse d’espoir »

Pour Corinne Lepage, « nous devons faire du ‘bien-vivre’ un objectif partagé qui repose sur la sécurité humaine« .

Si l’écologie politique décide d’être le porteur de la décroissance et d’un projet défini comme avant tout anticapitaliste et antilibéral, alors elle ratera le coche de l’Histoire qui propose au monde multiple de l’écologie politique d’être le passeur d’une civilisation à à une autre, et ce grâce à un projet de transition.

Les drames climatiques de l’été ont une fois de plus illustré ce que sera le monde du changement climatique avec ses tragédies individuelles et ses risques collectifs. Pour autant, le prochain sommet sur le climat à Cancún s’annonce très mal !

Certes, les menaces économiques font planer les plus grands doutes sur la reprise. La faiblesse de la création d’emplois, la persistance d’un chômage à deux chiffres et touchant, dans le monde entier, les jeunes de plein fouet rendent très pessimiste. Et pourtant, la transformation du système financier apparaît des plus modestes.

Mais le projet d’une décroissance, même qualifiée de prospère (ce qui est un oxymore du même ordre qu’une croissance durable), ne peut aucunement fédérer nos concitoyens et constituer un projet porteur d’espoir. D’ailleurs, les décroissants l’abandonnent progressivement.

Dans un ouvrage, Prospérité sans croissance. La transition vers une économie durable (De Boeck, « Planète en jeu », 248 p., 17euros), Tim Jackson, de la Commission du développement durable du Royaume-Uni, propose d’abandonner le terme et l’idée pour proposer un autre modèle, proche de ce que j’ai appelé l’évolution soutenable.

Plusieurs changements sont nécessaires : il faut avant tout passer d’un modèle économique à deux dimensions (travail et capital) à un modèle macroéconomique à au moins trois dimensions, introduisant le principal facteur de rareté issu de la finitude de notre planète. Il est également indispensable de modifier notre rapport au travail.

Dans le système actuel, le travail est avant tout un coût de production qu’il convient de réduire pour les entreprises, et le moyen d’assurer son existence, qu’il convient donc de conserver coûte que coûte, pour le travailleur.

En prenant la dimension sociale du travail comme un des éléments d’existence dans une société, on ajoute une nouvelle valeur à ce travail. Le travail devient une valeur sociale centrale du modèle macroéconomique qu’il faut à tout prix préserver, développer, voire partager.

Mettre l’emploi au cœur des politiques permet de Lire la suite

Les revues écologistes françaises : S!lence, Ecorev, L’écologiste, La Revue durable et Entropia

lemonde.fr, Hervé Kempf, le 11 août 2010

http://abonnes.lemonde.fr/idees/article/2010/08/11/les-ecologistes-c-est-le-bouquet_1397910_3232.html

27/30 Les écologistes, c’est le bouquet

Une revue écologiste, une seule ? Impossible. Cela ne peut être qu’un bouquet, une flore sauvage, des adventices poussant au bord des autoroutes de papier, des fleurs inattendues prospérant sur le compost de projets évanouis. Car depuis quelques années, la réflexion écologiste a refleuri et, si elle ne connaît ni gros tirages ni forte visibilité – les milieux dits intellectuels ne s’intéressant pas réellement à la thématique -, elle manifeste une vitalité revigorante. En même temps, aucune n’émerge réellement comme le donneur de ton du débat écologique. Elles composent ensemble un paysage chatoyant et assez cohérent, mais où aucun relief accusé n’émerge vraiment.

A mi-chemin entre le journal, la revue et l’expérience militante, S ! lence mérite la palme de la ténacité : lancée en 1982 au moment d’un vif reflux de l’écologisme en France, elle a toujours assuré une parution mensuelle marquée par un dossier thématique complété d’une multitude de petites informations. S ! lence a bien souvent été la première à repérer des thèmes émergents dans la communauté écologiste radicale avant de connaître une assez large fortune publique. Elle a ainsi lancé la thématique de la décroissance, en février 2002, reprise avec succès ensuite par le journal La Décroissance, lancé en 2004. S ! lence diffuse près de 5 000 exemplaires, surtout par abonnements. Issue, de son côté, de militants des Verts, Ecorev a publié son premier numéro en janvier 2000, sous le parrainage d’André Gorz, après un numéro zéro consacré à « Survivre au capitalisme ». Elle est née, selon Jérôme Gleizes, un de ses animateurs, d’un « refus de l’écologie d’accompagnement » incarnée par Dominique Voynet, lors de son passage dans le gouvernement de Lionel Jospin. « Nous allons des écologistes de gauche à des décroissants qui ne veulent pas se positionner à gauche. » La revue trimestrielle, animée par des normaliens ou des universitaires, se définit comme « revue critique de l’écologie politique« , selon son sous-titre, plutôt que théorique. Elle recherche – et obtient – une bonne lisibilité, par des articles concis, sans lourd appareil de notes, et souvent illustrés. Cette volonté pédagogique a fait d’Ecorev l’explorateur de thématiques transversales (le corps, la démocratie, la science, l’histoire de l’écologie, la mondialisation, la décroissance…). Mais ce choix rédactionnel l’a conduite à délaisser des interrogations plus concrètes du débat politique ou économique, si bien que la revue semble parfois en apesanteur par rapport au combat des idées. Ses scores sont modestes mais réguliers, avec une diffusion moyenne de plus de 500 exemplaires.

C’est aussi en 2000 qu’est né L’Ecologiste, version française du mensuel The Ecologist fondé par Teddy Goldsmith, en 1970. Trimestriel, L’Ecologiste a tout de suite pris, tout en se présentant comme un magazine (couverture en couleurs, format A4), une forme de revue centrée sur un dossier écrit par des auteurs souvent scientifiques, et intégrant nombre d’articles traduits de l’anglais. Animé par Thierry Jaccaud, L’Ecologiste a pris son autonomie par rapport à son parrain britannique, tout en restant sur la ligne d’une écologie naturaliste, portant une grande attention aux questions de biodiversité, de forêts, d’agriculture, mais aussi de santé ou de pesticides. Diffusant à plusieurs milliers d’exemplaires, la revue doit trouver un nouveau souffle après le décès de son fondateur et mécène, Teddy Goldsmith, en août 2009.

Fondée en 2002, à Genève, par Susana Jourdan et Jacques Mirenowicz, La Revue durable, sous une forme assez comparable à L’Ecologiste (aspect magazine, un dossier central par numéro), a progressivement gagné une visibilité en adoptant un angle axé sur la question de l’intégration des pratiques écologiques dans les sociétés modernes. S’intéressant davantage à l’économie qu’à la nature, La Revue durable cherche un équilibre entre le pragmatisme du « développement durable », honni par nombre d’écologistes comme un faux nez du capitalisme, et la radicalité des choix qu’impose la crise écologique. Cela compose des numéros intéressants et bien informés de l’état des questions traitées, mais où la dimension conflictuelle des choix sociaux semble évacuée.

Dernier venu dans le champ de la réflexion écologiste, Entropia est née, en novembre 2006, avec un premier numéro consacré à « Décroissance et politique ». La revue, lancée par Jean-Claude Besson-Girard, Serge Latouche, Alain Gras, Agnès Sinaï, et d’autres, affichait une ligne claire définie par son sous-titre : « Revue d’étude théorique et politique de la décroissance« . Editée par la maison d’édition Parangon à raison de deux numéros par an, Entropia assume l’austérité de sa présentation : « Les mots sont importants », résume son principal animateur, Jean-Claude Besson-Girard. Entropia poursuit son chemin avec ténacité, s’interrogeant au fil des numéros sur « Crise éthique, éthique de crise ? », « L’effondrement : et après ? » ou « Territoires de la décroissance », attirant parfois des signatures situées hors du champ de l’écologie comme Zygmunt Bauman ou Hervé Le Bras.

Si l’on en croit le paysage intellectuel dessiné par les revues, la réflexion écologique va à rebours des politiques concrètement mises en place par les gouvernements sous l’étendard du développement durable. Il n’y a guère pour défendre celui-ci que Terra Eco, sous-titré « mensuel du développement durable », qui se présente comme un magazine sans ambition intellectuelle. En ce sens, l’écologie reste une pensée du Lire la suite

Pourquoi le PS est incapable de comprendre les enjeux environnementaux auxquels nous sommes confrontés ?

developpementdurable.com, Propos recueillis par Yann Cohignac, le 30 décembre 2009

http://www.developpementdurable.com/interview/2010/08/I72/eric-loiselet.html

Eric Loiselet, tête de liste Europe Ecologie en Champagne-Ardenne pour les régionales de 2010

Consultant expert dans le développement durable et la RSE, Eric Loiselet a longtemps bataillé au sein du PS pour intégrer l’écologie politique à gauche. Il fut cofondateur du Pôle écologique du parti puis secrétaire national adjoint à l’environnement. Avant de renoncer à son engagement socialiste, lassé par les atermoiements de la rue Solferino, pour rejoindre Europe Ecologie en octobre. Aujourd’hui, il est membre du CAP (Comité d’animation et de pilotage) national du rassemblement écologiste et tête de liste en Champagne-Ardenne pour les élections régionales de 2010. Sans concession avec le PS, il nous parle de son parcours politique, des raisons qui l’ont poussé à entrer chez Europe Ecologie, des actions du gouvernement, et de son programme pour les régionales.

Developpementdurable.com : Consultant expert dans le développement durable et la RSE, vous avez aussi décidé de mener une carrière en politique. Pourquoi cette décision ?

Eric Loiselet : C’est pour moi la poursuite d’un itinéraire citoyen : j’ai été assez jeune engagé politiquement. Ma première carte dans un parti, je l’ai prise en 1979, au PS, à l’époque où il était en pleine ascension puisque c’était deux ans avant la victoire historique de François Mitterrand aux élections présidentielles (mai 1981). J’y suis resté jusqu’en 1992-1993. J’ai ensuite quitté la vie politique militante pendant une dizaine d’années pour me consacrer à mon métier et pour fonder une famille. Avant de renouer avec l’engagement politique au travers d’un club, le Cercle Galilée. J’y ai travaillé sur une thématique qui correspondait à une mon expertise professionnelle : la Responsabilité sociale des entreprises (RSE). Ce club avait la vocation de réfléchir à la manière d’actualiser le logiciel intellectuel et socialiste en prenant en compte la question posée par les mouvements altermondialistes : comment envisager une nouvelle régulation de l’activité des entreprises en prenant plus largement en compte la question des impacts environnemental, social et sociétal de leur activité ? J’ai alors eu l’occasion de travailler sur la préparation de ce qui a été l’article 116 de la loi NRE, dans la zone grise qui précède la décision politique où des professionnels sont consultés pour affiner les projets. J’étais déjà donc à la charnière du professionnel et du citoyen. Comme beaucoup, je voulais donner un sens à ma vie professionnelle.

Puis en 2002, après l’échec de la gauche au premier tour de la présidentielle, j’ai décidé de ré-adhérer au PS pour rejoindre directement sa sensibilité rénovatrice : le Nouveau Parti Socialiste.

dd.com : Quand avez-vous commencé à tenter de « verdir le PS » ?

E. L. : A ce moment-là. Etant donné mon activité « d’expert » au sein du Club Galilée, j’étais devenu « Monsieur écologie » au NPS. J’ai alors essayé de convaincre les socialistes de voter pour la Charte de l’environnement, sans grand succès, et j’ai mené différents combats de cette nature parce que j’avais déjà la conviction que la promesse socialiste était essoufflée : l’élection de 2002 avait clairement montré le décrochage des catégories populaires. Pour moi, il était évident qu’il fallait intégrer au parti les apports de l’écologie politique.
Puis arrivent les présidentielles de 2007 : ayant rejoint Rénover Maintenant, je participe presque machinalement à la candidature, aux primaires, de Ségolène Royal. Pour une raison simple : parmi les trois candidats (avec Dominique Strauss-Khan et Laurent Fabius), je me suis dit qu’elle était celle qui avait le mieux compris les enjeux environnementaux. Elle avait en effet gardé un souvenir de son bref passage au ministère de l’Environnement. Le début de la campagne présidentielle m’avait d’ailleurs conforté dans ma décision : la nomination de Bruno Rebelle (ex-directeur de Greenpeace) comme conseiller à l’Environnement était un choix original. C’était la première fois qu’un ancien dirigeant d’ONG était intégré à ce point dans une équipe de campagne présidentielle. On assistait à une espèce d’ouverture à d’autres filières de recrutement que les grands corps de l’Etat, des filières en phase avec les changements importants et rapides de la société.

dd.com : Expliquez-nous comment vous vous êtes rendu compte que le PS était, selon vos propres mots, incapable de comprendre les enjeux environnementaux auxquels nous sommes confrontés ?

E. L. : Cela a été un long processus : après l’échec de Ségolène Royal, je l’ai entendu dire qu’elle était pour le retour de la TIPP (Taxe intérieure sur les produits pétroliers) flottante. Je me suis dit alors, avec quelques « écolos » du parti, que tout cela commençait à bien faire ! Nous n’avions, au sein de nos différentes sensibilités socialistes, jamais réussi à convaincre au-delà de la rédaction de quelques textes témoignant d’une ouverture intellectuelle. Dès qu’il s’agissait de prendre des décisions, l’écologie politique était exclue. Nous avons donc décidé de créer le Lire la suite

Faites des Possibles : Dimanche 26 septembre 2010 à 11h Quai de Queyries (face au jardin botanique) Bordeaux rive droite de 11h à la nuit

Dimanche 26 septembre 2010 à 11h Quai de Queyries  (face au jardin botanique) Bordeaux rive droite de 11h à la nuit

Venez participer à un événement militant et festif autour des valeurs de liberté, d’écologie, de solidarité et d’autogestion.

La Faites des Possibles, c’est :

Un pique-nique, où chacun-e amène de quoi garnir la table auberge espagnole appétissante et à empreinte écologique réduite, pour le plaisir de goûter, partager, épater…

Une occasion pour échanger sur tout ce qui nous anime : où chacun-e peut transmettre, découvrir, développer des alternatives au système marchand et déshumanisant que nous côtoyons/dénonçons/déplorons chaque jour.

Des temps de rencontres et discussions pour découvrir ce qui se passe sur Bordeaux et ailleurs, les initiatives et luttes de chacun-e-s, refaire le monde, lancer des dynamiques collectives,…

Des ateliers « Faites le vous-même !» : lessive, dentifrices, portefeuilles, pâtisseries, compost …ou tout autre savoir-faire incroyable à diffuser !

Un espace d’expressions : discussions, fresque collective, massage, sculpture, danse, musique….

mais surtout :

Un événement à construire ensemble avec les propositions, expériences, connaissances, savoir-faire et désirs de chacun-e.

Une envie de coopération, de mélange des individus et des idées plutôt que de juxtaposition d’organisations.

Concrètement

= Vous pouvez proposer dès maintenant des Lire la suite

Sortir de la myopie des démocraties, par Pierre Rosanvallon

Sortir de la myopie des démocraties, par Pierre Rosanvallon

lemonde.fr, Pierre Rosanvallon, historien, professeur au Collège de France, le 7 décembre 2010

http://abonnes.lemonde.fr/idees/article/2009/12/07/sortir-de-la-myopie-des-democraties-par-pierre-rosanvallon_1277117_3232_1.html

Les régimes démocratiques ont du mal à intégrer le souci du long terme dans leur fonctionnement. La difficulté devient préoccupante à l’heure où les questions de l’environnement et du climat obligent à penser dans des termes inédits nos obligations vis-à-vis des générations futures.

Cette difficulté n’a rien d’inédit. Ainsi, dès les débuts de la Révolution française, Condorcet attirait l’attention sur les dangers de ce qu’il appelait une « démocratie immédiate ». Le philosophe redoutait en particulier que la gestion des finances publiques soit dominée par les errements d’une action au jour le jour et il invitait en conséquence à soustraire à l’influence du pouvoir exécutif la garde du Trésor public.

Une sorte de « préférence pour le présent » semble effectivement marquer l’horizon politique des démocraties. Il y a des raisons structurelles à cela. Qui dérivent avec évidence de comportements déterminés par les rythmes électoraux et les impératifs sondagiers. La course essoufflée au court terme est d’abord fille des conditions d’exercice de la lutte pour le pouvoir. Il est ainsi banal d’opposer les idéaux types du « politicien », qui ne se préoccuperait que de la prochaine échéance électorale, à ceux de « l’homme d’Etat », qui aurait l’oeil fixé sur un horizon plus lointain.

Mais les choses sont plus compliquées. La myopie des démocraties a des causes plus structurelles. Elles n’ont pu faire leur chemin qu’en s’arrachant aux puissances de la tradition, en légitimant les « droits du présent » pour ne pas se laisser emprisonner dans une temporalité prédéterminée. « La terre appartient aux vivants », disait fermement Jefferson pour dénoncer l’idée même d’une précontrainte fixée à l’expression de la volonté générale par une raison élargie. « Il est absurde que la volonté se donne des chaînes pour l’avenir » : la formule lapidaire du Contrat social a été fondatrice pour les démocraties modernes.

Dans le monde post-révolutionnaire d’aujourd’hui, plus aucune religion séculière ne peut en outre conduire à donner sens à l’action collective en la rapportant prioritairement à une lointaine espérance (le propre des religions, notait Tocqueville, est qu’elles « donnent l’habitude de se comporter en vue de l’avenir »). Autrefois, en effet, le long terme était toujours associé à l’idée d’un salut. Les impératifs de la sécularisation et ceux d’une expression autonome de la volonté générale se sont ainsi superposés dès l’origine pour borner l’horizon temporel des démocraties. Leurs critiques ont souligné avec force ce qui était jugé comme une infirmité congénitale.

Un Tocqueville considérait pour cela les régimes démocratiques « décidément inférieurs aux autres dans la direction des intérêts extérieurs de la société », une politique étrangère digne de ce nom impliquant la capacité de rapporter les actions quotidiennes à une perspective inscrite dans la longue durée. « La politique extérieure n’exige l’usage de presque aucune des qualités qui sont propres à la démocratie, et commande au contraire le développement de presque toutes celles qui lui manquent », résumait-il lapidairement.

On peut d’ailleurs aussi rappeler que les démocraties ont, à l’inverse, également été stigmatisées pour leur difficulté à gérer promptement des circonstances exceptionnelles. Un Carl Schmitt n’a cessé d’instruire leur procès en impuissance à trancher dans l’urgence, freinées qu’elles sont supposées être par le principe de la délibération collective. Entre cette critique décisionniste et la dénonciation du penchant court-termiste, les démocraties ont ainsi souvent été décrites comme temporellement dysfonctionnelles.

Comment remédier à cette situation et corriger cette myopie démocratique, au moment où s’accumulent les diagnostics alarmants sur l’avenir du climat ? Comment renforcer politiquement le futur ? Il y a plusieurs façons de répondre.

La première passe par un élargissement des Lire la suite

Pacte de solidarité écologique : Mardi 31 août à 9h30 à Bordeaux – Organisation d’un Forum sur les initiatives écologiques et solidaires

Mairie de Bordeaux, communiqué, le 26 juillet 2010

http://tr1.bp51.net/do?7DE7A357E64C4202C664308A23765FE9102BD607664D01B52A58856DE799876278CD1F60BAF58FF391A2D309FB97EFAD88C9B0D264BDFC8B

Pacte de solidarité écologique : Organisation d’un Forum sur les initiatives écologiques et solidaires

Alain Juppé, ancien Premier Ministre et maire de Bordeaux et Valérie Létard, secrétaire d’Etat au développement durable vous invitent à participer au Forum : « le développement durable, créateur de lien social« , qui se tiendra :

Le mardi 31 août 2010 de 9h30 à 12h30

Maison Polyvalente Bastide Queyries

13 allée Jean Giono

33100 Bordeaux

Ce Forum s’inscrit dans le cadre du pacte de solidarité écologique, lancé le 18 février dernier par Jean-Louis Borloo, ministre d’Etat et Valérie Létard, Secrétaire d’Etat au développement durable. Ce pacte, conçu de manière concertée avec des associations de protection de l’environnement et du secteur de la solidarité, a pour ambition de concilier environnement et solidarité. Il comporte un important volet « mobilisation citoyenne et sociale« .

L’objectif du rendez-vous du 31 août est ainsi de donner la parole aux citoyens et aux associations ayant imaginé et réalisé des actions positives en faveur du développement durable et génératrices de lien social. Le Forum sera l’occasion de valoriser les bonnes pratiques, les difficultés rencontrées et les perspectives de diffusion de ces initiatives sur d’autres territoires.

9h30 – 11h : associations, élus et experts présenteront leurs Lire la suite

L’habitat collectif de demain : écolo, coopératif, intelligent et solidaire ! et Helvètes underground

mescoursespourlaplanete.com, le 29 avril 2010 et liberation.fr, Laure Noualhat, le 13 octobre 2007

http://www.mescoursespourlaplanete.com/Actualites/L_habitat_collectif_de_demain___aecolo__coopaeratif__intelligent_et_solidaire___836.html

http://www.liberation.fr/cahier-special/0101113044-helvetes-underground

L’habitat collectif de demain : écolo, coopératif, intelligent et solidaire !

Depuis sa création il y a une dizaine d’années, la coopérative suisse INTI existe et s’attire régulièrement l’intérêt de la presse pour son caractère innovant (voir notamment cet article de Libération) : cet immeuble jaune de dix-huit appartements,  du 2 au 6 pièces, est un modèle d’habitat coopératif. Né dans les années 70 en Scandinavie, puis étendu sur la côte Ouest américaine sous le nom de co-housing puis en Allemagne ou en Suisse, ce type d’habitat remet en cause le sacro-saint modèle de l’habitat individuel, avec une touche d’écologie en plus – puisqu’il part du principe qu’un certain nombre de pièces voire d’objets peuvent être partagés, ce qui dispense les habitants de la nécessité de disposer chacun de la même chose chez soi. Ainsi, chez INTI, une pièce au sous-sol sert,  selon les âges et les envies, de dortoir, de studio de répétition ou de salle de jeux ; un appartement est réservé à une association qui fait cohabiter cinq personnes âgées dans ce 80 m2,  avec médecins et infirmiers qui passent régulièrement ; un potager est également disponible en partage, ainsi qu’une buanderie dotée de six machines (lave et sèche-linge), réservables sur planning, des cours de taï-chi, un local à vélos,  une voiture en auto-partage, une terrasse en toiture,  et une grande salle commune au rez-de-chaussée (équipée d’une cuisine, d’une grande table et d’un salon pour fêtes, repas, concerts…). A noter : sur le toit, outre la terrasse, 140 m2 de panneaux solaires produisent de l’électricité que la coopérative loue à une opérateur spécialisé (Inti ne se fournit pas en solaire car l’eau chaude et le chauffage de l’immeuble proviennent de l’usine d’incinération plantée à proximité).

Et INTI fait école dans l’hexagone : à Villeurbane, dans le Rhône, des citoyens sont réunis depuis 2005 au sein de l’association « Village Vertical ». Cette coopérative d’habitants fait construire un ensemble de logements écologiques dont ils deviendront locataires (pour le loyer attractif de 12€/m2/mois) et gèreront les parties communes dans un esprit de solidarité et de vie collective. La construction,  d’un budget avoisinant les 2,3 millions d’euros pour quatorze logements,  devrait démarrer en 2010 pous installation en 2012. A Lyon, plusieurs autres quartiers sont actuellement en discussion pour le développement d’initiatives du même type. Au total, on ne compterait pas moins de 50 projets d’habitat coopératif en France, notamment dans le Maine-et-Loire (Angers) ou le Finistère (Loperhet).

Helvètes underground

A Confignon, les habitants de l’immeuble jaune partagent l’abri antiatomique, la table de ping-pong, la buanderie et les panneaux solaires. Cette «coopérative d’habitation», sise près de Genève, préfigure l’immeuble collectif de demain.

NOUALHAT Laure

Sur les dix-huit boîtes aux lettres de cet immeuble jaune canari, dix-huit autocollants «Pas de pub» qui annoncent la couleur. Ici, on refuse d’être pollué par les prospectus. Dans le canton de Genève, la coopérative d’habitation Inti («soleil» en quechua) a fait sortir de terre l’un des prototypes de l’habitat collectif de demain : l’immeuble écolo, coopératif, intelligent et social. Il se présente sous la forme d’un Lire la suite

Du Vert dans le Rouge : renforcer la prise en compte de l’écologie mais rester à gauche.

legrandsoir.info, Christian Delarue, le 3 août 2010

http://www.legrandsoir.info/Du-Vert-dans-le-Rouge-renforcer-la-prise-en-compte-de-l-ecologie-mais-rester-a-gauche.html

Du Vert dans le Rouge : renforcer la prise en compte de l’écologie mais rester à gauche.

Pour des raisons de fond comme pour des raisons d’alliances politiques contre le sarkozysme en France il importe de relier l’écologie et le social. Pour ce faire, une maitrise politique et démocratique de l’économie est nécessaire au lieu de la laisser à la logique marchande (produire des marchandises) et capitaliste (faire du profit). Il n’y a pas de capitalisme vert dit Michel Husson (1) ! La question dépasse évidemment l’horizon national.

I – Avancer des positions théoriques conséquentes à gauche sur le respect de la nature.

1. QUELLE CROISSANCE ? QUELLE PRODUCTION ?

La gauche de gauche écologiste et socialiste (pas au sens de social-démocrate) pense qu’il faut sortir du dogme de la croissance infinie et de la production anarchique non pas pour tordre le bâton dans l’autre sens avec un dogme de la décroissance généralisée et du ne rien produire du tout mais en se posant des questions sur le contenu et les modalités de la production . Il y a toujours besoin de construire des écoles, des logements, des hôpitaux, et nombres de biens utiles. D’autres productions sont inutiles voire nuisibles. La production de voitures ne va pas baisser sans une politique sectorielle transitoire.

Pour avancer, il faut lier les deux questions celle du contenu et celle du mode de production : Si vous voulez construire moins de voitures, moins d’avions et plus de trains par exemple il faut, outre le changement d’imaginaire, surement changer le mode de production tellement les paramètres en jeux sont importants. On peut user de façon transitoire de certaines taxes pour interdire l’accès aux voitures mais cela ne portera que contre les moins solvables (qui sont nombreux) mais c’est un capitalisme dictatorial qui est alors en place ; clairement contre les intérêts du peuple. On s’en approche ceci dit. On peut aussi baisser beaucoup plus les tarifs de transport ferroviaire ce qui suppose une très forte réhabilitation des services publics et de la fiscalité pour les faire fonctionner. Même ainsi, cela ne résoudra pas toutes les questions.

En fait, il est fort peu probable que le mode de production capitaliste orienté vers a valeur d’échange et le profit sache aller vers cette orientation. Dépasser les régulations marginales suppose d’aller vers le socialisme et pour cela il faut mettre le politique et la démocratie au poste de commande, pas le marché et le capital même avec quelques régulations.

2. TOUS RICHES AU NORD ?

Faut-il faire ici la critique de l’empreinte écologique ou celle de son usage ? Si l’empreinte écologique est pertinente, il faut alors se garder d’une interprétation intégriste de cet outil d’analyse. En effet, à écouter certains écologistes, usant de l’empreinte écologique comme critère, la question de la répartition des richesses est mondiale et oppose le Nord surconsommateur au Sud insolvable. Pourtant disposer d’une automobile ne fait pas le riche dans le vécu ordinaire des travailleurs. Ce qui n’empêche pas qu’ une ville comme Londres a une empreinte écologique 120 fois supérieure à sa superficie . La répartition des richesses se pose aussi au Nord. Il faut continuer à défendre le bouclier social et fiscal des 3000 euros et moins par mois dans les pays comme la France. Cela n’empêche pas de vouloir une bonne répartition des revenus au plan mondial et un meilleur accès au services publics. Mieux, il y a tout lieu de penser que si l’égalité avance au Nord, la volonté de justice sociale grandira alors pour le Sud. Il faut enfin préciser aussi qu’il y a du nord au sud. Il y a dans de nombreux pays du sud une bourgeoisie compradores qui émarge à la mondialisation capitaliste et qui place ses fortunes en Suisse et dans les paradis fiscaux.

3. POUR UN DÉVELOPPEMENT SOCIALISTE SOUTENABLE

Le socialisme c’est la démocratisation de l’économie qui devient un moyen au lieu d’être une fin en soi, un fétiche au-dessus des humains. Le socialisme c’est Lire la suite

une ambitieuse « théorie générale de l’émancipation » et un tour d’horizon des « nouvelles pensées critiques » : Le néo-marxisme des gauches radicales

Le néo-marxisme des gauches radicales

bibliobs.nouvelobs.com, Valéry Rasplus (sociologue), août 2010

http://bibliobs.nouvelobs.com/blog/le-voyageur-social/20100802/20649/le-neo-marxisme-des-gauches-radicales

Membre du comité de rédaction de la revue Contretemps (1) et de la Société Louise Michel, un think tank fondé en 2009 et lié au NPA (2), le sociologue Razmig Keucheyan a ressemblé son savoir universitaire et militant pour nous présenter à la fois une ambitieuse « théorie générale de l’émancipation » et un tour d’horizon des « nouvelles pensées critiques ».

Soit, selon la doxa en question, des pensées et des théories (pro)marxistes influentes dans les diverses communautés de révolte des gauches radicales partant à l’assaut du monde libéral-capitaliste.

Un des objectifs de l’auteur est de réfléchir « non seulement sur ce qui est, mais aussi ce qui est souhaitable (…) [en remettant] en question l’ordre existant de façon globale» grâce à « l’une des théories critiques les plus stimulantes à l’heure actuelle(…) celle de Marx » (3).

Des héritiers en conflit

Les pensées radicales sont des pensées de conflits et de tensions entre héritiers (« anciens » ou « nouveaux »), principalement universitaires, où les styles et les contenus distinguent les écoles et les mouvements de contestation. Entre ceux qui se reconnaissent dans les principes de 1789, voire de 1793, et plus globalement dans l’esprit des Lumières (synonyme de départ de la modernité politique pour les postmodernes), entre ceux qui se réclament de la révolution russe d’octobre 1917, via le marxisme « classique » (Kautsky, Luxembourg, Lénine, Trotski, Staline, Bauer, etc.) ou le marxisme « occidental » (Lukacs, Korsch, Gramsci, Adorno, Marcuse, Althusser, etc. ), entre ceux qui eurent un choc intellectuel au moment de la chute du mur de Berlin en 1989 – si ce n’est avant comme au moment du procès Kravtchenko (1949), du « complot des blouses blanches » (1953) ou du rapport Khrouchtchev (1956), lors de l’insurrection de Budapest(1956) ou du printemps de Prague (1968) par exemple – et de la décomposition du bloc communiste qui s’ensuivit, entre ceux qui, enfin, pensèrent le « renouveau de la critique sociale et politique », s’engageant dans « une critique radicale du capitalisme » (4), au sein d’une nouvelle gauche de transformation sociale ou d’une gauche de gauche (5), héritière des organisations « gauchistes » (maoïstes, trotskistes, etc.), anarchistes (6) et autres nouveaux mouvements sociaux dont, pour l’auteur, « les théories critiques actuelles sont des héritières du marxisme occidental ».

Razmig Keucheyan a classé les penseurs critiques en six idéaux-types. 1. Les convertis : naguère des révolutionnaires qui contestaient le capitalisme avant de s’adapter et défendre la société libérale-marchande comme l’ordre social dominant. 2. Les pessimistes : sceptiques et nihilistes, proches des convertis en ce qu’« ils considèrent la transformation de la société comme impossible ou dangereuse », ne voyant pas un « au-delà du capitalisme » possible sans revivre les « grands désastres du XXe siècle ». 3. Les résistants : figures positives s’il en est, qui « ont maintenu leur position après la défaite de la seconde moitié des années 1970 [où] ils se réclamaient à l’époque d’une forme ou d’une autre de marxisme, d’anarchisme ou autre », et qui sont restés « fidèles (…) à leur engagement initial ». Ce sont finalement des…conservateurs – radicaux – accomplissant de menues adaptations et innovations liées au temps (7). 4. Les novateurs : manient l’hybridation, les références hétérogènes et les mélanges, où l’« on voit d’anciennes références du corpus critique être combinées de manière inédite, ou être associées à de nouveaux auteurs ou courants qui n’étaient pas présents dans ce corpus précédemment ». 5. Les experts : et les contre-experts (souvent universitaires ou liés au monde académique), « visent à prendre à contre-pied [le] discours dominant », à contrer d’autres experts, provenant du monde dominant. 6. Les dirigeants : liés à une organisation, ils posent un problème de choix au militant. Il y a ceux qui pensent qu’une bonne pensée radicale ne peut se soustraire d’un lien fort et d’une implication active au sein d’une structure (politique, syndicale, ouvrière, etc.) de combat (8), où l’intellectuel révolutionnaire est couplé autant à une école du parti qu’à une fonction de militant actif et plus particulièrement de dirigeant, ce stratège confronté à des problèmes politiques réels ayant « besoin de savoirs empiriques pour prendre des décisions », réalisant la synthèse écriture/pensée – action/expérience. A côté de cet intellectuel organique, se trouvent ceux qui, simples sympathisants, compagnons de route d’un instant plus ou moins long, jonglent avec la distance et la fusion. Enfin, il y a ceux qui marquent une séparation franche, par la « professionnalisation croissante de l’activité intellectuelle, qui tend à les éloigner de la politique », à être moins interdisciplinaires, les rapprochant d’analyses et de domaines abstraits, métaphysiques, hermétiques, inaccessibles « au commun des ouvriers » et soumis « aux règles et ressources qui régissent ce champ social ».

La migration de la critique

Pour Razmig Keucheyan, le centre de gravité de la production théorique des pensées critiques a changé de continent, se déplaçant de l’Europe aux mondes anglo-saxons, et plus particulièrement aux Etats-Unis, en longeant « le parcours de la production» où « les nouvelles idées surgissent là où se posent les nouveaux problèmes ». Si l’on suit l’auteur et Perry Anderson qui l’a inspiré (9), les futurs lieux de la géographie des pensées sociales critiques devraient se délocaliser, dans les prochaines années, à la périphérie et à la marge du « système-monde », en Lire la suite

Vient de paraître – Paul Ariès : La simplicité volontaire contre le mythe de l’abondance – Une grève générale de la consommation ?

nonfiction.fr, Fabrice Flipo, le 3 août 2010

http://www.nonfiction.fr/article-3669-p3-une_greve_generale_de_la_consommation_.htm

Vient de paraître – Paul Ariès : La simplicité volontaire contre le mythe de l’abondance – Une grève générale de la consommation ?

Résumé : Paul Ariès présente une réflexion intéressante sur l’écologie politique, la décroissance et la nécessité d’une « grève générale de la consommation ».

Paul Ariès est connu pour ses travaux et ses prises de position en faveur de la décroissance et de la gratuité. Il nous livre ici une réflexion sur la simplicité volontaire, qu’il oppose au mythe de l’abondance.

Ariès commence par résumer les enjeux du « capitalisme vert », dont il souligne à juste titre les risques, des risques qu’il juge gravement sous-estimés par les antiproductivistes (p13). Le capitalisme vert procède en cherchant à mettre en œuvre de nouvelles solutions techniques, telles que des tours géantes, plutôt que d’affronter la question des responsabilités politiques sous-jacentes à la dégradation des écosystèmes planétaires. Il entend adapter l’écologie au marché, ce qui se traduit notamment par l’apparition de « droits à polluer », dont les dérives sont largement avérées, bien avant qu’ils aient eu un quelconque effet positif sur la planète. Ariès liste dix « missiles » de « l’écologie capitaliste croissanciste » contre la possibilité même d’une pensée alternative. Ces missiles sont généralement appuyées sur des économistes, Nobel ou nobélisables, qui vont de Ronald Coase à Gary Becker en passant par Harold Hotelling. Ils ont tous en commun de chercher à démontrer que l’écologie est soluble dans le capitalisme. Ariès donne des arguments permettant de penser que tel n’est pas le cas, sauf à retourner le progrès technique contre l’humain. A ce titre les initiatives telles que Home, le film de Yann Arthus-Bertrand, sont de très mauvaises opérations pour l’écologie politique, car « ce parti-pris esthétique a une fonction : exonérer de toute responsabilité les grandes firmes »  . Home utilise ainsi une esthétique qui ne cherche qu’à transférer les responsabilités.

Ariès se demande ensuite si le productivisme n’est pas la « maladie honteuse des gauches ». Qu’est-ce que le productivisme ? Ariès s’appuie sur une définition d’Henri Lefebvre : le productivisme est le fétichisme de l’Etat et de la technicité. Que ce soit l’Association pour la taxation des transactions financières et l’aide au citoyen (Attac), le Nouveau parti anticapitaliste (NPA), la Fondation Copernic ou même Alain Accardo, aucune pensée se revendiquant « de gauche » ne semble avoir réellement rompu avec ce productivisme. Ariès rappelle l’ambiguïté d’André Gorz sur la question de la technique et notamment des technologies de l’information. « L’économie de l’immatériel et le capitalisme cognitif, loin de permettre de (re)gagner du terrain sur le capitalisme et le productivisme, entraînent l’occupation des derniers territoires qui demeuraient encore un peu autonomes »  . Les gauches ne s’intéressent guère à l’agression publicitaire, par exemple. Elles se n’offusquent pas d’une vie conçue comme une somme de petits plaisirs. En acceptant le progrès technique, elles laissent entrer par la fenêtre le capitalisme sauvage qu’elles ont essayé de chasser par la porte. Que faire pour réveiller la gauche ? Ariès a « longtemps cru à la thèse du retard avant de découvrir qu’elle ne tient pas. […] Nous avons besoin de mots neufs pour réveiller les forces émancipatrices »  . La décroissance, à laquelle Ariès a consacré de nombreux textes, fait partie de ce nouvel arsenal. Pour lui, l’impasse théorique de la gauche a deux visages : le « marxisme officiel optimiste mais productiviste ; […] gauches antiproductivistes mais pessimistes »  . A contrario « la droite est (re)devenue capable de penser […]. Le capitalisme vert lui redonne une seconde jeunesse. La gauche, elle, est moribonde »  . Pour lui la solution viendrait des courants présocialistes, socialismes chrétiens, libertaires, mouvements coopératifs, Proudhon, Bakounine, Gide, Marx. Un Marx « antiéconomiste [qui] permet de comprendre que, par-delà l’extorsion de la plus value, le capitalisme est déjà condamnable au regard de son « incapacité à faire société »  . La gauche aurait donc commis plusieurs « bévues », notamment avoir fait l’éloge du capitalisme, comme libérateur des forces productives, et avoir confondu ces forces productives avec l’émancipation humaine. Ariès montre que le pouvoir d’achat n’a guère augmenté pour les ouvriers, en 1968 un mois de salaire permettait de se payer 1777 baguettes contre 1065 aujourd’hui . Sa solution ? Troquer le pouvoir d’achat pour le pouvoir de vivre.

Un antiproductivisme optimiste est-il possible ?

Dans cette quatrième partie Ariès rappelle qu’il existe un antiproductivisme populaire spontané, par exemple chez les luddites. Cette tendance existe encore, il cite des cas de refus du Lire la suite

Pour Hervé Le Treut « Le réchauffement correspond à ce qu’on avait prévu »

sudouest.fr, Jacques Ripoche, le 3 août 2010

http://www.sudouest.fr/2010/08/03/le-rechauffement-correspond-a-ce-qu-on-avait-prevu-152617-4585.php

« Le réchauffement correspond à ce qu’on avait prévu »

Pour Hervé Le Treut, il ne faut pas confondre événement saisonnier et tendance longue. Mais la théorie du réchauffement se vérifie de plus en plus.

« Sud Ouest ». Sécheresse et canicule exceptionnelles en Russie et vague de froid en Argentine sont-elles des signes du réchauffement climatique, comme certaines organisations écologistes le prétendent ?

Hervé Le Treut. On ne peut pas, d’un côté, dire qu’il existe une différence entre l’évolution climatique et les fluctuations saisonnières et, de l’autre, affirmer dès qu’il y a un été chaud, voilà le réchauffement climatique qui arrive ! Il faut vraiment séparer les échelles de temps. D’une part, il y a des mouvements qui sont à l’œuvre sur des décennies : ce sont les évolutions climatiques. D’autre part, il y a des évolutions naturelles qui se manifestent très fortement depuis quelque temps. Tout le travail de la climatologie est d’arriver à savoir si on rajoute aux fluctuations naturelles des composantes d’évolution du climat. Mais cela ne se constate pas sur une saison. Il nous faut regarder le tableau complet en remontant sur dix, vingt, trente ans en arrière.

Que nous dit le tableau complet ?

Il nous dit que l’on est dans une concordance très grande avec l’idée que les gaz à effet de serre ont commencé à modifier le système climatique. Il y a, par exemple, des évolutions fortes dans les régions polaires qui se manifestent par un rétrécissement de la banquise en été. Mais c’est tout un ensemble de paramètres qu’il faut considérer pour construire une image cohérente. Pas seulement la température moyenne et l’amplitude des glaces.

Quels sont ces paramètres ?

Il y a les précipitations. L’évolution des précipitations, quand on les prend localement ou saisonnièrement, paraît quelque peu erratique. On ne voit pas grand-chose. Puis on commence à faire des statistiques. On s’aperçoit alors, sur la durée, que des zones équatoriales et de moyenne altitude deviennent plus humides, des zones désertiques encore plus sèches. Il faut prendre en compte aussi des éléments comme l’évolution des dates de floraison, des dates de récolte. D’une manière générale, au début, on avait des prévisions de réchauffement qui étaient théoriques. Mais quand on regarde sur plusieurs décennies, on s’aperçoit que cela correspond à ce que l’on avait prévu.

Vers quel barreau de l’échelle des scénarios du Giec (Groupement intergouvernemental d’experts sur les évolutions du climat) se dirigerait-on ?

Cela dépend des émissions de gaz à effet de serre dans le futur. En gros, il y a une inertie du système. Autrement dit : que l’on augmente les gaz à effet de serre ou qu’on les réduise maintenant, cela ne changera pas fortement ce qui va se passer dans les dix ou vingt prochaines années. C’est plus tard que l’on mesurera le niveau du réchauffement, sur une échelle qui va de 2 à 6 degrés. Ça dépendra beaucoup de nos émissions. Donc, l’homme peut encore agir.

Une étude récente annonce que le climat de Séville Lire la suite

Marée noire et fin du monde

vert.courrierinternational.com, John Leland, le 23 juin 2010

http://vert.courrierinternational.com/article/2010/06/23/maree-noire-et-fin-du-monde

Voir l’article original du « New York Times »

Marée noire et fin du monde

La fin du pétrole est un scénario catastrophe dont les conséquences pourraient être dramatiques. De plus en plus d’Américains s’y préparent et envisagent la vie d’après, raconte le New York Times.

Ce samedi-là, pendant que le pétrole continue de se déverser dans le golfe du Mexique, Jennifer Wilkerson passe trois heures au téléphone à parler de la vie après le pétrole. Trente-trois ans, démocrate modérée, conceptrice d’interfaces informatiques, elle vit à Oakton, en Virginie. La marée noire renforce son obsession : la consommation de pétrole épuise les réserves mondiales. Elle s’inquiète de l’après : pénurie alimentaire, effondrement de l’économie, disparition de l’ordre civil. Son coup de téléphone entre dans le cadre d’un cours de survie.

En période de crise, la fin du monde fait fureur. Les Américains sont depuis longtemps fascinés par les scénarios catastrophe, de l’explosion démographique au réchauffement climatique, en passant par la guerre froide. Les Cassandre font aujourd’hui une nouvelle fixation : la fin du pétrole. Pour eux, les réserves ont atteint leur niveau maximum en 2008 et vont rapidement décliner, entraînant l’économie avec elles. En 2005, Roscoe G. Bartlett, représentant républicain du Maryland, et Tom Udall, représentant démocrate du Nouveau-Mexique (aujourd’hui sénateur) ont même créé au Congrès la commission sur la fin du pétrole.

André Angelantoni, lui, n’entend pas prendre de risques. Il a stocké des provisions dans sa maison de San Rafael, en Californie, et converti ses investissements en or et en argent. La baisse des ressources pétrolières aura des effets brutaux, assure-t-il.

M. Angelantoni, 40 ans, est concepteur de sites web et fondateur de la société Post Peak Living, qui propose des cours par téléphone et en ligne pour survivre après le pétrole. Il a commencé à s’intéresser à la fin du pétrole après s’être penché sur le réchauffement climatique parce qu’il pensait que l’impact en serait plus brutal. “Le débat sur la fin du pétrole en est là où en était le débat sur le réchauffement climatique il y a vingt ans.” Comme pour plusieurs des participants au cours par téléphone, ses préoccupations ont tendu sa relation avec sa femme et créé une distance “infranchissable” entre eux. “Les gens ont beaucoup de mal à comprendre que notre forme d’économie est en train de s’écrouler. Ils pensent que, comme ça ne s’est pas encore produit, ça n’arrivera jamais”, déplore-t-il.

Les livres sinistres se vendent comme des petits pains, comme La Fin du pétrole : le vrai défi du XXIe siècle, de James Howard Kunstler, ou Pétrole : la fête est finie !, de Richard Heinberg. Jennifer Wilkerson a lu une vingtaine d’ouvrages sur le sujet et ce qui s’ensuivra. A un moment, elle s’est sentie déprimée à son travail et a eu du mal à discuter avec son mari. Ses collègues de travail lui ont carrément dit qu’ils “en avaient marre d’entendre parler de ça, raconte-t-elle. Ils trouvaient que j’exagérais de penser que tout allait s’effondrer.” Elle ajoute : “J’étais prête à quitter le pays pour me lancer dansa l’agriculture bio mais j’ai appris que ce n’est pas comme ça qu’il faut faire. Il faut une communauté. »

Transition US, rejeton d’une association britannique qui aide les villes à se préparer à une vie après le pétrole, a commencé avec deux cellules en 2008 et en compte aujourd’hui 68. Entre autres projets, elle propose la création de Lire la suite

Des poules dans les vignes du château Tour du Pas à Montagne Saint Emilion

sudouest.fr, Sarah Bourhis, le 30 juillet 2010

http://www.sudouest.fr/2010/07/30/des-poules-dans-les-vignes-150066-3009.php

Des poules dans les vignes du château Tour du Pas

Halte aux mauvaises herbes. Les poules arrivent à la rescousse et picorent même le chiendent dans les vignes du Château Tour du Pas Saint-Georges à Montagne.

L’idée était de trouver un désherbant qui pollue un minimum. Pour cela, il suffisait d’une pincée de savoir-faire et d’un grain d’imagination.

« Depuis l’hiver 2009, une dizaine de poules se baladent dans trois fonds de vignes pour nettoyer le sol », explique Pascal Berger, propriétaire du Château Tour du Pas-Saint-Georges à Montagne.

 « Cette période d’essai nous permet de mieux connaître leurs mets préférés. Sans manières, elles becquettent le chiendent, les dactyles, le ray-grass mais nous laissent le liseron. »

Malgré cette légère déception, le visage de Pascal Berger s’illumine à nouveau : « Non seulement ces poules à cou-nu grattent bien le sol mais elles pondent près d’un œuf par jour. » Alors sans conteste, ces petites bêtes méritent de l’attention.

Pour se reposer, elles disposent d’un poulailler mobile, fabriqué par les salariés du vignoble. La nuit, les poules sont donc en sécurité dans leur cabane en bois de 3 m². La journée en revanche, les renards sont aux aguets et menacent les « pondeuses ». Une barrière électrique s’est vite imposée pour les protéger des prédateurs. « Cependant, il arrive qu’elles reçoivent un coup de jus lorsqu’elles se frottent trop près. Mais généralement, leur plumage les protège du courant », affirme Cédric Berger, viticulteur et neveu du propriétaire.

Les mini-kangourous

Si la période de test s’avère être un succès, les viticulteurs espèrent introduire jusqu’à 2 000 volailles dans leur vignoble. Reste encore à peaufiner quelques aspects techniques pour garder les « cocottes » sur l’exploitation.

Et comme ces vignerons débordent d’imagination, ils ne seraient pas contre réitérer l’expérience avec des bêtes plus atypiques. « En Angleterre, des particuliers introduisent des Lire la suite

Les « SCoT-Grenelle » se mesurent à la maîtrise de la consommation d’espace

projetdeterritoire.com, Christopher de Laburthe, le 2 juillet 2010

http://www.projetdeterritoire.com/index.php/Espaces-thematiques/Gestion-de-l-espace/Actualites/Les-SCoT-Grenelle-se-mesurent-a-la-maitrise-de-la-consommation-d-espace

Les « SCoT-Grenelle » se mesurent à la maîtrise de la consommation d’espace

Le Ministère de l’Ecologie de l’Energie, du Développement Durable et de la Mer a lancé en mars 2009, une démarche partenariale d’accompagnement de douze SCoT sur les thématiques mises en avant par le Grenelle de l’environnement : énergie, biodiversité, densification, gestion économe des espaces, déplacements. Baptisée « SCoT-Grenelle » cette démarche rassemble également les acteurs des SCoT lors de deux rencontres annuelles pour débattre des thématiques retenues. Les actes de la première journée d’échanges du 30 septembre 2009 consacrés à « la maîtrise et la mesure de la consommation d’espace dans les SCoT » viennent d’être publiés par le MEEDDM.

Dans le préambule des actes, Jean-Marc Michel, le Directeur général de l’aménagement, du logement et de la nature (DGALN), insiste sur la place du SCoT comme pièce maîtresse dans l’échiquier des stratégies de lutte contre les consommations d’espaces pour l’urbanisme et met en avant sa place essentielle dans la nécessaire mise en œuvre d’une «densification acceptée des territoires ».

Consommation foncière. La première partie des actes débute par la restitution d’une étude du CETE qui fait un état de l’art sur les méthodes de suivi des consommations de l’espace, et se poursuit avec des échanges des participants qui, tous, insistent sur la difficulté d’identifier et d’accéder à des sources de données simples et fiables en matière de consommation foncière. Partant du constat alarmant d’une urbanisation annuelle de 75 000 hectares, les intervenants de la table ronde se sont employés à identifier les enjeux et les armes dont disposent, ou non, les SCoT en la matière. Toutes les interventions des représentant de ministères ou des têtes de réseaux impliqués dans les thématiques Grenelle (FNAU, GART, FNSAFER, Ministères de l’agriculture, de l’environnement) ont insisté sur le rôle de pivot du SCoT dans la mise en œuvre des différentes facettes du Grenelle. A ce titre le représentant des agences d’urbanisme a particulièrement insisté sur l’importance de l’émergence d’un portage politique des orientations du SCoT afin d’asseoir sa mise en œuvre locale. Les acteurs des transports et de l’agriculture ont également rappelé la nécessaire articulation des réflexions thématiques trop souvent cloisonnées ainsi que la nécessité de donner une visibilité aux acteurs économiques, particulièrement à la profession agricole. L’attention des acteurs des SCoT a été spécialement attiré sur l’enjeu important de la prise en compte de la biodiversité tant en termes de méthodes de travail, de compétences, d’investissements nécessaires – notamment à l’identification des trames vertes et bleues- que sur la complexité du traitement de la biodiversité ordinaire.

SCoT Grenelle. La seconde partie de la publication est consacrée à la restitution du tour d’horizon des «SCoT –Grenelle» suivis par le CERTU puis à une série de retours d’expériences de SCoT « pionniers » approuvés.

Du suivi des « SCoT –Grenelle », il ressort plusieurs traits saillants. Parmi ceux-ci on peut noter celui d’une très forte hétérogénéité tant en termes de périmètre (de 12 à 465 communes) que de structure porteuse ou de moyens techniques et humains. Le CERTU a également relevé la difficulté générale à cerner la thématique de l’étalement urbain et à envisager des outils de mesure. A ce titre l’ensemble des maîtres d’ouvrage sont en attente de Lire la suite

L’écorésistance ?

voie-militante.com, Virginie, le 29 juillet 2010, Catégorie: Environnement

http://www.voie-militante.com/politique/environnement/lecoresistance/

L’écorésistance ?

L’écologie en aura fait des déçus tout au long de son histoire… l’attrape couillons qu’est – ou plutôt qu’a été – Europe Ecologie en est le dernier exemple, significatif !

Mais est-ce utile de s’apitoyer sur son sort ? Non ! Mieux vaut agir ou réagir !

Michel TARRIER, écologue et écosophe, notamment reconnu pour ses publications en tant qu’entomologiste, a ainsi poussé un cri d’alerte et a créé le groupe ECORESISTANCE !
Si cela vous intéresse, vous pouvez le rejoindre sur Facebook en cliquant ici.

Voici son argumentaire, tiré d’un article paru sur l’excellent site notre-planete.info et dont je ne partage pas l’intégralité des propos mais que je mets simplement à votre disposition :

Causes de cette prise de position

L’écocitoyen français est aujourd’hui plus que perplexe, dubitatif et écœuré. Au moins trois évènements, vécus comme d’irréparables désillusions ou outrages, ont fait de lui un insurgé.

1.- Le formidable dîner de cons qu’a constitué la mascarade du Grenelle de l’environnement ; On sait maintenant de quoi il s’agissait et où nous en sommes…

2.- L’impensable déception qui résulta de l’échec du Sommet de Copenhague dont le battage préalable, du type ultimatum, allait jusqu’à l’envisager comme une opération de dernière chance pour sauver la planète ; Depuis : rien, et les lanceurs de la méga alarme sont passés à autre chose ! Ne s’agissait-il donc qu’un effet d’annonce tout autant hyperbolique que gratuit  à l’échelle mondiale ?

3.- La création, sous l’impulsion de Claude Allègre, d’une fondation intitulée  « Écologie d’avenir », qui serait indûment hébergée par l’Institut de France (rien que ça !), rassemblant un cartel de grands prédateurs que sont des leaders mondiaux de la finance, d’industries de luxe, de l’énergie, de la chimie, de l’agroalimentaire, etc. (Alstom, EDF, Limagrain, Axa, groupe LVMH avec Moët & Chandon, Louis Vuitton, Christian Dior et autres marques prestigieuses…). « Même si l’homme casse et dégrade, la science peut toujours réparer. », tel est l’inacceptable précepte de C. Allègre.

En conséquence :

L’écologie comme confessionnal du consumérisme, ou pire comme caution verte du capitalisme, y’en a un peu-beaucoup marre !

La charte

Il s’agit tant d’entrer en dissidence qu’en résistance afin de pouvoir retrouver les marques principielles d’une écologie-sagesse, d’une écologie contre-culture, d’une écologie-conscience, tout à l’opposé de ce qu’est devenue l’écologie dévoyée, c’est à dire un Lire la suite

Comité interministériel du développement durable : Les ministres planchent sur une croissance verte adaptée à la crise

lesechos.fr, Julie Chauveau, le 27 juillet

http://www.lesechos.fr/info/energie/020682617442-les-ministres-planchent-sur-une-croissance-verte-adaptee-a-la-crise.htm

Les ministres planchent sur une croissance verte adaptée à la crise

Le Comité interministériel du développement durable se réunit aujourd’hui. Il doit adopter un texte dont « Les Echos » ont eu copie, résumant la stratégie française d’ici à 2013. La prise en compte des déficits publics est mise en avant.

Le symbole fera sourire les défenseurs de l’environnement. Aujourd’hui, doit se tenir la réunion du Comité interministériel du développement durable (CIDD) sous l’égide de Jean-Louis Borloo, ministre de l’Ecologie, de l’Energie, et du Développement durable. En 2003 et en 2007, les deux premières réunions de ce comité avaient été présidées par le Premier ministre afin d’adopter la stratégie nationale de développement pour les années à venir. Doit-on y voir un symbole du fait que ce sujet est passé au second rang des préoccupations du gouvernement à la faveur de la crise économique et de l’échec des négociations sur le changement climatique à Copenhague ? Une chose est sûre, le titre du document sur la future stratégie nationale du développement durable, sur laquelle doivent se pencher les ministres et les secrétaires d’Etat aujourd’hui et dont « Les Echos » ont eu copie, est dans l’air du temps : « Vers une économie verte et équitable ».

Lors du sommet de la Terre à Rio en 1992, les gouvernements avaient pris l’engagement d’adopter des stratégies nationales de développement durable. Alors qu’on prépare déjà en coulisse les vingt ans de cet événement qui devrait être célébré en grande pompe dans la capitale Brésilienne en 2012, ce texte d’une quarantaine de pages porte sur la période 2010-2013. Trois ans après le démarrage des débats du Grenelle de l’environnement, il en reprend les principaux objectifs… tout en insistant sur la nécessité de prendre en compte la crise économique et la détérioration des finances publiques. « La stratégie doit à l’évidence inclure la question de la soutenabilité des finances publiques. […] Elle doit s’interdire toute dépense nouvelle qui ne correspondrait pas à un investissement profitable aux générations futures », peut-on lire dans l’introduction, qui précise que cette préoccupation a « sous-tendu » toute l’élaboration de la démarche. Mais si chacun des neuf défis proposés sont assortis d’indicateurs le plus précis possible afin d’en suivre l’application, aucun détail n’est donné sur la manière dont les investissements nécessaire à la réalisation des objectifs seront financés.

Un contenu social enrichi

Pour les profanes, la principale surprise vient du fait que le changement climatique n’est pas le premier mais le Lire la suite

Le Revenu social : sortir de la société salariale

http://cocomagnanville.over-blog.com/article-le-revenu-social-sortir-de-la-societe-salariale-54405880.html

cocomagnanville.over-blog.com, propos recueillis par Gaia Puliero et Yovan Gilles, le 24 juillet 2010

Le Revenu social : sortir de la société salariale

Yovan Gilles : Dans le film encore, André Gorz exprime qu’une crise de la société salariale apparaît aujourd’hui inévitable. Cela ne veut pas dire que le travail va disparaître selon l’idée propagée par Jérémy Rifkin dans les années 1990. À cette période, André Gorz et Jacques Robin dressent un constat à travers un certain nombre d’articles publiés dans la revue Transversale Science et Culture : en bref, l’automation et la robotisation de la production débouchent sur une contraction du volume de travail, de sorte que l’on produit de plus en plus de richesse avec de moins en moins d’heures de travail humain.

L’emploi vient donc à manquer, même si la société ne veut pas entendre parler de crise du salariat et rejette cette évidence, préférant mettre sur le compte de la conjoncture la persistance d’un chômage de masse dans les pays européens. Les deux auteurs incitent à prendre acte d’une mutation qui libère du temps, autant qu’elle produit de l’exclusion par le déni du sens possible de cette mutation. Cette perte de la centralité du travail salarié se traduit négativement par le chômage et la précarisation du travail, mais elle porte aussi l’espoir d’une émancipation progressive du travail salarié, qui est une conséquence irréversible de l’évolution du capitalisme à travers son nouveau mode de management et de gouvernance du travail, le reengenering [1].

Le temps libéré par un mode de production de plus en plus performant doit faire l’objet d’une appropriation sociale. Ce ne sera pas simplement du temps à consacrer aux activités de consommation ou aux loisirs, mais du temps pour travailler autrement, se réaliser. Pour André Gorz le travail comme production de soi se profile à l’horizon des sociétés postindustrielles. En même temps, il se refère à Keynes, qui loin d’avoir la fibre libertaire, prédisait très froidement dans les années 1940 que la semaine de 18 heures serait à l’avenir une réalité découlant logiquement de l’augmentation de la productivité du travail. Cette conception de la production de soi ne va pas de soi, et elle en a irrité beaucoup. Gorz précise que l’autoproduction doit être combinée avec un travail salarié utile, quantifiable, répondant à la satisfaction de besoins sociaux insuppressibles et qui doit être réparti sur la société de la façon la plus égale, comme c’était d’ailleurs l’opinion de Marx. Finalement le travail salarié persiterait pour Gorz sous une forme résiduelle et utilitaire et serait subordonné au déploiement par les individus d’espaces d’autoproduction.

La transition vers une telle société n’est possible que par l’instauration d’un revenu social garanti, ou d’un revenu d’existence (lire un extrait de L’immatériel) qui n’est pas une assistance mais un revenu inconditionnel, donné à chacun, cumulable avec d’autres revenus et activités. Cette position a valu à Gorz des critiques virulentes notamment parce que, à travers la notion de revenu d’existence, beaucoup ont le sentiment que l’on entérine l’exclusion, que l’on rémunère l’oisiveté, et qu’en disjoignant le travail et le revenu on enterre le modèle de la société salariale et les instruments de la justice sociale. Pourrions-nous évoquer ensemble ces questions ?

Marie-Louise Duboin : André Gorz a très clairement fait la distinction entre les deux façons de concevoir un revenu non lié à un travail. Dans une société où le travail est de plus en plus intermittent, l’instauration de ce qui est qualifié maintenant, dans la littérature en général, de revenu d’existence, se substitue aux indemnités de chômage et, en permettant au travailleur de survivre pendant les périodes où il n’a pas d’emploi, le maintient disponible à tout moment. En effet, assurer ainsi une contrepartie à l’intermittence permet à la société Lire la suite

L’autre écologie : l’écologie comme art de faire attention, née à la fois dans le mouvement écologiste et dans les expérimentations de pratiques alternatives

cip-idf.org, 2010

http://www.cip-idf.org/article.php3?id_article=5220

L’autre écologie – Le Sabot, outil de liaison locale sur Rennes et ses environs

L’autre écologie

L’omniprésence de la « question » écologique ne fait maintenant plus de doute. D’une part, les données écologiques prennent une place centrale dans un « système-monde » en perpétuelle mutation et d’autre part, l’incapacité des états à établir des accords mondiaux sur les émissions de gaz à effets de serre marque un réel échec pour le capitalisme.

Cette incapacité chronique confirme qu’il n’y a rien à attendre d’une conversion verte du capitalisme, celle-ci signifiant généralement une accentuation des inégalités sociales et un écrasement de toutes expressions populaires, elle confirme également que l’écologie n’est pas l’apanage des nouveaux entrepreneurs de l’économie verte et des apprentis sorciers de la gestion écologique mondiale. Une autre idée de l’écologie persiste, une idée démocratique : l’écologie comme art de faire attention, née à la fois dans le mouvement écologiste et dans les expérimentations de pratiques alternatives, mais aussi de ceux qui dans certaines luttes s’emparent de cette question alors qu’ils sont jugés a priori incompétents dans ce domaine.

1. L’écologie au cœur des mutations du capitalisme

L’émergence depuis quarante ans de la question écologique, du dérèglement climatique ou de la destruction des écosystèmes et des espèces vivantes a mis en cause les principes du capitalisme industriel. Sous l’influence d’un renouveau dans la théorie économique, les entreprises et les états sont en train d’opérer une modification de leurs modèles productifs sur la base d’une maîtrise des milieux complexes (1) et de la biosphère. Ce renouveau de la théorie économique et cette tentative de maîtrise signifient que l’économie va désormais intégrer des éléments occultés auparavant : les interactions non-économiques ; et analyser quels bénéfices ou pertes elles provoquent sur les échanges économiques. Ainsi la prise en compte et la maîtrise des ressources naturelles rares, des ressources énergétiques, ou des ressources en eau ou en matériaux nécessaires au processus de production, et qui sont le fruit de processus naturels longs de plusieurs millions d’années, deviennent des tâches primordiales pour l’économie et cela constitue une modification fondamentale du capitalisme, celui-ci reposant jusqu’à il y a peu sur un principe de non-limitation des ressources (2).

Si cette révolution écologique est pour le moment sans grandes conséquences visibles sur la destruction des écosystèmes ou sur le réchauffement climatique, c’est que comme le dirait Yann Moulier Boutang ou comme ne cessent de le répéter les cabinets de management : les entreprises et les états n’ont pas encore pris toute la mesure de la mutation qui leur est demandée. Pour ce faire, les états doivent adopter de nouvelles réglementations qui encouragent les entreprises à intégrer la protection de l’environnement et ainsi leur faire prendre conscience que cette question n’est pas réservée aux secteurs spécialisés mais qu’elle concerne toutes les entreprises et que cela constitue un potentiel de croissance important, les premières entreprises à prendre en compte la protection de l’environnement étant celles qui Lire la suite

« Je participe, tu participes, il participe, nous participons, vous participez, ils décident » (Slogan anarchiste) : La démocratie participative entre détournement et inachèvement

divergence.be, Jean-Pierre Garnier, 17 juillet 2010

http://divergences.be/spip.php?article1993

La démocratie participative entre détournement et inachèvement

 « Je participe, tu participes, il participe, nous participons, vous participez, ils décident. » (Slogan anarchiste)

Aujourd’hui, la démocratie participative est devenue un symbole promu officiellement comme une avancée dans le droit octroyé aux citoyens de prendre réellement les affaires de la Cité en main. Mais ce qui est promu ainsi rencontre des limites, qui pourraient — on verra plus loin pourquoi j’utilise le conditionnel — se résumer en deux mots : détournement et inachèvement.

Dans bon nombre de cas, l’expression populaire a été instrumentalisée, voire domestiquée par les municipalités. La plupart des conférences, assemblées et autres réunions « citoyennes », pour ne rien dire des conseils de quartiers ou des « budgets participatifs », sont organisées de telle sorte que les participants soient conduits à donner des avis « constructifs », acceptant les termes de la question posée, collaborant, au même titre que les « experts » chargés de la formuler, à la production de l’étiquette « acceptabilité », un nouveau label de qualité pour les « projets innovants ». Cette manipulation a été d’autant plus aisée que les « dispositifs » induisant la bonne volonté et la soumission — penser dans le cadre institutionnel et conceptuel où l’on vous dit de penser — sont beaucoup plus faciles à mettre en place, pour les « autorités » ou les « responsables », et surtout moins risqués, que ceux qui permettraient de poser les questions qui gênent.

Dans d’autres cas, malgré des efforts louables pour que l’intervention des citoyens dans la prise de décision soit plus effective, la démocratie participative telle quelle est mise en œuvre donne une nette impression d’inachèvement. D’abord, parce les thèmes ou les objets du débat restent confinés dans le localisme et, s’agissant de l’aménagement urbain, dans le spatialisme, alors que l’origine des problèmes à traiter se trouve la plupart du temps « ailleurs », c’est-à-dire à d’autres niveaux géographiques et dans des domaines autres que spatiaux. Ensuite, et ceci explique peut-être cela, parce que le peuple, c’est-à-dire — je vais dire un gros mot — les classes dominées, reste largement en marge des politiques publiques censées l’inclure et l’impliquer. À tel point que certains parlent, à propos de ce retrait ou de cette réserve populaire, d’une « démocratie de l’abstention ». Réponse du berger à la bergère à cette « démocratie sans le peuple » dont le philosophe italien marxiste Domenico Losurdo, pour ne mentionner que lui, a pointé depuis longtemps les tenants et les aboutissants.

Cette non participation de la majorité des citoyens-citadins, n’a pourtant guère de quoi étonner, si l’on y réfléchit bien. « Qui participe ? Qui ne participe pas ? Et pourquoi ? », se demande-t-on souvent dans les cercles de réflexion inféodés aux détenteurs du pouvoir. Une question, qui permettrait pourtant de répondre aux autres, brille par son absence : participer à quoi ? À la prise de décisions ou aux mécanismes mis en place pour faire participer ? Ce n’est pas exactement la même chose.

Affirmer, comme le font certains sociologues ou politologues, que « la question de la mobilisation dans la démocratie participative est un enjeu essentiel tant pour les acteurs de la démocratie participative que pour les chercheurs », laisse entendre que c’en n’est apparemment pas un pour les gens qui ne sont ni des acteurs ni des chercheurs. Laissons de côté les chercheurs. Qui sont les « acteurs » ? Lire la suite

Vers la décroissance : quelles actions ? Essai de classification

apeas.fr, Christian Araud, auteur dans la revue Entropia, le  20 juillet 2010

http://www.apeas.fr/Vers-la-decroissance-quelles.html

Vers la décroissance : quelles actions ? Essai de classification

Face à la crise climatique et à la fin du pétrole bon marché, toute personne convaincue qu’on va « dans le mur » à belle allure peut se poser la question concrète suivante : « Que faire pour ralentir, éviter l’obstacle, ou amortir le choc ? »

Une réponse typique se trouve dans le livre de Matthew Stein [1] dont le sous-titre est très explicite : A Manual for Self-Reliance, Sustainability, and Surviving the Long Emergency (un manuel pour l’autonomie durable et la survie pendant la longue situation d’urgence). Dans ce manuel de savoir-survivre à l’usage des nouvelles générations, l’auteur énonce à la fin de son ouvrage quelques actions, individuelles ou collectives, pour participer au changement nécessaire :

– conservation, recyclage,

– action collective,

– acheter local,

– diète adaptée,

– action politique,

– restructurer les affaires,

– remplacer les ampoules électriques,

– choisir une automobile peu consommatrice,

– aller en bicyclette, prendre le train, covoiturage,

– réduire le chauffage et la climatisation de l’habitat,

– installer des systèmes d’énergie renouvelable chez soi,

– développer ses capacités personnelles d’autonomie,

– participer à des communautés autonomes.

Cette liste est sans doute assez représentative de ce qui s’énonce dans les articles consacrés à ce qu’il faudrait faire pour répondre aux défis posés par le changement climatique. En fait, c’est un peu un inventaire à la Prévert. Il est indéniable que chacune des pistes proposées, si elle était mis en œuvre, serait « bénéfique pour la planète » en utilisant un cliché courant chez les chantres du « développement durable ».

Nous ne sommes pas dans une réflexion « compréhensive » sur la décroissance, tout en ayant une série d’indications concrètes sur ce qui serait « utile » de faire pratiquement pour traduire dans la réalité quelques-unes des idées des objecteurs de croissance. Par ailleurs du point de vue de la personne « active » (ou voulant le devenir), cette liste est fondamentalement hétéroclite.

Dans une première tentative de classification, en me plaçant sur un plan plus descriptif que philosophique, avec une approche résolument pragmatique, je distinguerais volontiers quatre niveaux, de plus en plus éloignés de « l’acteur » et donc embrassant un champ de plus en plus vaste.

Ces niveaux sont :

L’action personnelle et immédiate dont on est le seul maître, compatible avec l’environnement général, la société dans laquelle on vit, mais néanmoins Lire la suite

Education nationale : La géographie, l’écologie, l’esprit critique et… les nouveaux programmes

lemonde.fr  (Point de vue), Aurélien Dupouey-Delezay, professeur d’histoire et géographie, le 13 juillet 2010

La géographie, l’écologie, l’esprit critique et… les nouveaux programmes

Certaines personnes se piquent d’esprit critique. On ne saurait trop s’en réjouir ; à condition pourtant de se souvenir que « de tous les animaux l’homme a le plus de pente à se porter dedans l’excès ». Eh oui ! Il est même possible de pécher par excès de vertu.

Ainsi, un esprit critique poussé à outrance peut facilement devenir borné : on tombe alors dans une attitude facile qui consiste à regarder de haut, avec condescendance et même dédain, tout ce qui est « à la mode », tout ce que transmettent « les médias », et plus généralement tout ce que le monde tient pour acquis. L’esprit critique oublie, paradoxalement, de faire son propre examen critique : il devient alors bien plus (ou bien moins) qu’un doute méthodique et raisonné : on affiche face à toute affirmation un scepticisme de principe d’autant plus fort qu’elle est davantage présentée comme une certitude.

Une telle attitude garantit le succès de celui qui l’adopte, car qui se démarque tend toujours à briller par sa différence si celle-ci se fonde sur un principe universellement reconnu comme positif. L’impression de ne pas tomber dans les mêmes pièges que le vulgaire fait le reste : c’est ainsi que l’on assiste, par exemple, au succès populaire de L’imposture climatique, de Claude Allègre, alors même que le livre se fonde sur de nombreuses approximations ou erreurs.

Mais ce genre de scepticisme ne se rencontre pas que parmi les géologues. Depuis plusieurs années, un certain nombre de géographes semble également s’être lancé sur cette voie.

Pour illustrer ce phénomène, l’application qui semble devoir être faite des nouveaux programmes de géographie en classe de seconde est éclairante. Précisons tout d’abord que le programme en lui-même semblait aller dans la bonne direction. Intitulé Sociétés et développement durable, il était certainement critiquable : qu’est-ce que le « développement durable » ? Est-ce un concept véritablement pertinent ? Dans quelle mesure un développement peut-il être durable ? Mais enfin, il avait au moins le mérite de se saisir de l’enjeu écologique, un des plus fondamentaux de notre temps.

Un programme n’est rien cependant à côté de la manière dont il est mis en œuvre. Face à la nécessité de traiter dès la rentrée prochaine des thèmes qu’ils n’auront encore jamais travaillés, les enseignants vont naturellement se ruer sur les spécimens des manuels qui ont déjà commencé à sortir, ainsi que sur leurs inséparables « livres du professeur ». Bien sûr, ils ne sont pas tous parus, et il est donc un peu tôt pour se faire une idée. On peut toutefois commencer avec les premiers.

Ainsi, prenons le Magnard. Le « livre du professeur » s’ouvre sur un interview d’Yvette Veyret, géographe spécialiste du développement durable, par Jacqueline Jalta, de l’équipe de coordination du manuel. On peut remarquer que nous sommes entre amis, les deux géographes ayant déjà travaillé ensemble. Mais c’est surtout le fond qui interpelle : on nous invite ainsi, au nom de l’esprit critique bien évidemment, à « ne pas faire du développement durable un dogme », à bannir les « solutions clés en main », à « éviter le catastrophisme », les discours « passéistes » et une « vision rousseauiste de la nature ». On vante la qualité de la vie en ville ; on qualifie d’inutiles, voire de néfastes, les « parcs et autres réserves » d’Afrique et de Madagascar ; on parle avec dédain des « ONG protectrices du panda ou de l’éléphant ». La ligne directrice est clairement posée.

Le manuel lui-même, le livre donc que nos élèves sont destinés à tenir en main, ne la trahit pas. La dernière « question en débat », par exemple, se demande si le réchauffement du climat constitue Lire la suite

Le Grenelle 2 confronte la droite et la gauche à leurs bilans

lemonde.fr, Gaëlle Dupont (Service Planète), le 9 juillet 2010

Le Grenelle 2 confronte la droite et la gauche à leurs bilans

A de multiples reprises, la scène s’est produite, lors des discussions au Parlement sur la loi Grenelle 2, définitivement adoptée fin juin. A chaque dénonciation d’un « recul » du gouvernement par l’opposition, le ministre de l’écologie, Jean-Louis Borloo, a renvoyé la gauche dans ses buts d’une phrase : « Vous nous donnez des leçons, mais qu’avez-vous fait quand vous étiez au pouvoir ? »

Les vrais écologistes, c’est nous, disent aujourd’hui en substance les élus de la majorité. « Nous avons le seul bilan crédible », estime l’ancienne secrétaire d’Etat à l’écologie, Nathalie Kosciusko-Morizet. La droite peut revendiquer la création du premier ministère de l’environnement en 1971, la loi sur les déchets (1975), les lois fondatrices sur les installations classées et la protection de la nature (1976), la loi sur le renforcement de la protection de l’environnement (1995), la charte de l’environnement (2005), la création du grand ministère de l’écologie et le Grenelle de l’environnement (2007)…

« L’écologie est identifiée à la gauche, du fait de l’alliance politique entre les Verts et le Parti socialiste, analyse Michel Prieur, professeur de droit de l’environnement. Mais la production juridique en matière de protection de l’environnement a été, quantitativement et qualitativement, plus importante à droite. »

Le bilan des années Mitterrand et Jospin apparaît maigre, avec comme seuls textes majeurs les lois montagne et littoral (1985 et 1986). Géraud Guibert, le fondateur du pôle écologique du Parti socialiste, ne le nie pas. « La droite a su mieux marquer par des textes importants, estime l’élu. Je pense toujours que la gauche, qui est plus régulatrice, devrait être mieux placée sur ces questions, mais elle ne l’a pas encore démontré. »

Plusieurs facteurs relativisent toutefois l’avantage. Un bilan ne se limite pas au nombre de lois promulguées. La politique fiscale et budgétaire, l’application du droit sur le terrain, les tentatives de revenir sur des textes déjà votés, les mesures symboliques pèsent aussi, mais les comparaisons détaillées restent à faire.

Les politiques environnementales sont largement influencées par des facteurs extérieurs. « Le mouvement est impulsé par les Nations unies et l’Union européenne », estime M. Prieur. « 85 % de notre droit de l’environnement provient des politiques communautaires, souligne Arnaud Gossement, fondateur du Réseau environnement et droit. Et les deux camps ont traîné des pieds pour transposer les directives. »

Pour beaucoup d’observateurs, le facteur temps explique aussi le décalage. Le temps passé au pouvoir, mais aussi l’évolution des mentalités et de la sensibilité du public. « Entre le début des années 2000 et aujourd’hui, les époques ne sont pas comparables », estime Christophe Caresche, député PS de Paris, membre du pôle écologique. « Il faut reconnaître le culot et l’ambition de la démarche du Grenelle, juge Dominique Voynet, ministre (Verts) de l’environnement du gouvernement Jospin de 1997 à 2001. Mais il n’aurait pas pu avoir lieu il y a dix ans. Les esprits n’étaient pas prêts. » Il a été lancé en 2007, en pleine prise de conscience internationale de la gravité du changement climatique. Et après une campagne électorale marquée par la démarche de Nicolas Hulot, qui avait fait signer son pacte écologique à tous les candidats.

Mais les explications sont aussi politiques.  » Lionel Jospin Lire la suite

« Le Monde émergent (tome 1) », sous la direction d’Yves Charles Zarka : pour une philosophie de l’écologie

lemonde.fr, Roger-Pol Droit, le 7 juillet 2010

« Le Monde émergent (tome 1) », sous la direction d’Yves Charles Zarka : pour une philosophie de l’écologie

Nous sommes en train de changer de monde. Sans l’avoir voulu, sans le comprendre encore clairement. Sans le penser encore à la hauteur qui convient. Telles sont les convictions de départ qui ont donné naissance à un vaste programme de recherche du CNRS, en collaboration avec l’université Paris-Descartes (Sorbonne). L’objectif est pour le moins ambitieux : dresser un premier état des lieux de toutes les dimensions de la crise écologique dont la planète commence à prendre conscience.

Il ne s’agit pas seulement, on s’en doute, du réchauffement climatique, mais aussi de la fin des ressources énergétiques, des modifications de la biodiversité, de l’interdépendance entre les activités humaines et les équilibres du globe. Sans oublier les multiples mutations de nos comportements, de nos gestes quotidiens aussi bien que de nos horizons politiques. Ce « monde émergent » soulève donc quantité de questions économiques, sociales, politiques, que des problématiques philosophiques nouvelles doivent aborder.

Il ne faudra pas moins de trois volumes pour embrasser les lignes de force et les perspectives de ces changements en cours. Maître d’œuvre de cet ensemble original, le philosophe Yves Charles Zarka, qui dirige notamment la revue Cités, réunit dans ce premier tome onze contributions d’économistes, géographes, sociologues, juristes et philosophes.

Ces études portent sur les problèmes cruciaux qui se posent à présent dans l’espace social et politique. L’urgence écologique et le politique, les nouveaux territoires urbains, les cycles de vie des produits, la diversité des cultures et l’universalité de l’environnement, l’Europe et le développement durable figurent parmi les thèmes retenus.

Si la diversité des analyses et des objets d’étude interdit tout résumé laconique de l’ensemble, il saute aux yeux que ce livre devrait devenir une référence importante pour ceux que préoccupe le renouvellement de la réflexion qu’exige le basculement du monde. Car l’intérêt de ce vaste projet, on l’aura compris, n’est pas de proposer une prospective de plus, mais bien de contribuer à poser les questions de fond.

C’est pourquoi il s’intéresse notamment à l’impact politique des changements d’attitude envers la consommation et la production, et demande, par exemple, comment le passage à une société différente est possible sans détruire la démocratie.

Réflexion interdisciplinaire

Après ce volume consacré aux « Lieux », doivent paraître dans les mois à venir un volume sur les « Défis » et un troisième intitulé « Dénouement ». Outre cette trilogie collective, la collection Emergences, que ce volume inaugure, doit également accueillir un Manifeste sur l’urgence du Lire la suite

Peut-on s’en sortir dans le cadre d’un capitalisme réformé ?

pressegauche.org, Jean Gadrey, le 6 juillet 2010

Peut-on s’en sortir dans le cadre d’un capitalisme réformé ?

La crise actuelle, ainsi que la montée des périls écologiques (composante de cette crise), renforcent les doutes sur la possibilité de concilier capitalisme et société solidaire et soutenable, ou développement humain durable.

Je n’ai pas de réponse ferme et définitive à cette redoutable question. Il me semble quand même que la crise actuelle, ainsi que la montée des périls écologiques (composante de cette crise), renforcent les doutes sur la possibilité de concilier capitalisme et société solidaire et soutenable, ou développement humain durable.

Voici neuf caractéristiques structurelles du capitalisme qui font douter de sa capacité à nous sortir de la zone des tempêtes à répétition. Sans doute chacune d’entre elles n’est-elle pas décisive. Mais leur ensemble l’est peut-être plus.

1. Le capitalisme s’est historiquement développé sur la base (entre autres) de la destruction et de la privatisation de biens naturels « communs » (en propriété commune : terres, forêts…), aussi bien au centre que dans la périphérie colonisée ou dominée. Ces expropriations/privatisations ont d’ailleurs beaucoup contribué à la « mise au travail salarié ». Et cela continue allègrement aujourd’hui. Or on ne voit pas comment on pourra sortir de la crise écologique sans reprendre le contrôle collectif, ou « communal », ou coopératif de ces biens communs privatisés : la terre, les sources d’énergie, l’eau, les forêts, etc. Il faut y ajouter aujourd’hui le climat et la maîtrise de son changement. Pour l’instant, les acteurs dominants du capitalisme résistent puissamment à toute maîtrise collective des risques écologiques majeurs où ils nous ont entrainés.

2. Les dirigeants politiques libéraux ont offert sur un plateau au capital financier le pouvoir de contrôler la monnaie et le crédit, qui sont ou devraient être eux aussi des biens communs, et de créer tous les outils d’une spéculation permanente sur tout. On ne s’en sortira pas sans remettre les pouvoirs financiers à des pôles publics ou coopératifs débarrassés de la pression des actionnaires. Mais enlever au capitalisme les possibilités de la spéculation monétaire et financière, les paradis fiscaux reconnus ou de fait (comme la City), c’est le priver d’une de ses sources majeures de profit et de domination. Aux Etats-Unis, la part des banques dans les profits des entreprises est passée de 10 % en 1980 à 40 % en 2007 !

3. Le capitalisme ne cesse par ailleurs de s’en prendre aux biens communs sociaux que sont le droit du travail, la protection sociale et d’autres droits humains, les services publics, etc. et il est souvent parvenu à les faire régresser depuis les années 1980. S’agissant du travail, toute perspective de société soutenable passe par la promotion du travail décent partout. Le travail indécent est probablement la principale source de profit des multinationales (dumping social). Mais il est devenu aussi, dans les pays dits développés, sous la forme du travail précaire et des petits boulots, sous la forme de la pression à la baisse de la part de la valeur ajoutée revenant aux salaires, sous la forme de l’intensification du travail, un mode d’emploi hautement profitable que les entreprises revendiquent comme une nécessité pour leur « compétitivité ». 4. Le capitalisme global s’est développé sur le terreau d’inégalités sociales mondiales (prenant la forme du colonialisme puis du néocolonialisme : voir le film « La fin de la pauvreté ») qu’il a eu tendance à renforcer depuis trente ans et dont il tire une large part de ses profits. Or on ne résoudra pas la crise écologique sans les réduire fortement. Voir par exemple mon post du 3 septembre 2008.

5. Le capitalisme a besoin de susciter sans cesse des désirs de possession de marchandises en faisant passer le futile pour l’utile et les pulsions pour des besoins, en poussant au renouvellement rapide des achats. C’est pour cela qu’il dépense 500 milliards de dollars par an en publicité et sponsoring. Cette course mortelle devra cesser pour qu’on sorte des crises. Il faudra quitter la voie de la croissance quantitative et s’orienter vers une « prospérité sans croissance ». Je ne développe pas cette hypothèse, j’en ai souvent parlé.

6. Le capitalisme résiste férocement à Lire la suite

La maison écologique est-elle trop chère ?

sudouest.com, Thierry Magnol, le 5 juillet 2010

La maison écologique est-elle trop chère ?

Le logement à faible consommation d’énergie est en plein essor. Mais à quel prix et pour quelles économies ? Éléments de réponse et comparatif détaillé dans la région

BBC, HQE, RT 2012… Difficile de se repérer dans la forêt de ces sigles barbares (lire le lexique ci-contre) qui servent à identifier des labels ou des normes que bien souvent les professionnels du bâtiment sont les seuls à comprendre.

Ils traduisent en fait la révolution qui est en train de se dérouler en matière de construction de logements neufs. La nécessité de réduire notre facture énergétique et d’améliorer la qualité de notre environnement entraîne de profondes modifications traduites notamment par le Grenelle de l’environnement. Une nouvelle réglementation, la RT 2012, imposera à partir du 1er janvier… 2013 que la consommation énergétique d’une construction neuve ne dépasse pas 45 kWh/m²/an, hors appareils électriques. Sachant que la norme actuelle est de 100 kWh, il faudra donc parvenir à une division par deux. Ce n’est pas un exploit car cela correspond en fait à celle du bâtiment basse consommation (BBC). Toutefois, ces nouvelles exigences qui concerneront tous les types de logements ne sont pas forcément faciles à mettre en œuvre.

Traquer les kWh

« Ce qui va changer, c’est qu’il faudra traquer les kWh partout et cela demandera une réalisation parfaite, notamment au niveau des ponts thermiques, explique Éric Aufaure, animateur du pôle bâtiment durable à l’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie). Par ailleurs, il faudra sans doute utiliser de l’énergie renouvelable, au moins pour l’eau chaude. Nous sommes en effet sur un niveau de performances élevées qui nécessitera une formation de tous les acteurs du bâtiment. »

En revanche, il n’est pas forcément utile d’employer des matériaux d’un nouveau type. On peut très bien respecter la norme avec du traditionnel. Le Cerib (Centre d’études et de recherche de l’industrie du béton) propose par exemple une maison en blocs béton creux qui consomme moins de 45 kWh/m²/an.

Mais la première question que se pose l’acheteur potentiel, c’est de savoir si ce type de construction est économiquement rentable. Selon l’Ademe, le coût est en moyenne supérieur de 15 % à celui d’un logement construit selon les normes actuelles.

Pour être concret, une maison de 100 m² vendue 100 000 euros en construction classique (donc consommant 100 kWh/m²/an) reviendra à 115 000 euros avec une consommation réduite à 45 kWh/m²/an.

Les aides proposées par l’État, notamment le crédit d’impôt, permettent Lire la suite

Paul Virilio: « La Terre est devenue trop petite pour le progrès. »

environnement.blogs.liberation.fr, Laure Noualhat, le 5 juillet 2010

Paul Virilio: « La Terre est devenue trop petite pour le progrès. »

Paul Virilio est un urbaniste d’origine devenu peu à peu sociologue et philosophe à force de penser inlassablement la vitesse. Depuis 1977, date à laquelle il a publié Vitesse et politique, essai sur la dromologie, il réfléchit à l’accélération du monde et à ses conséquences sur l’homme, l’économie, l’environnement, la géopolitique. L’urbaniste a travaillé sur la ville et son territoire. Très vite, il lie le territoire aux technologies qui permettent de le parcourir et de le contrôler. TGV, pigeon voyageur ou internet, avion ou minitel, qu’il s’agisse des techniques de communication ou des techniques de déplacement, le territoire est défini, selon lui, comme un espace-temps qui, finalement, rapetisse.

Dans L’administration de la peur, vous soutenez que la peur est un moyen de gouverner utilisé sans cesse.

Dans nos sociétés, depuis l’origine monarchique jusqu’à nos sociétés démocratiques, la peur fait partie des moyens de gouverner. On le voit bien avec les politiques sécuritaires actuelles. Le pouvoir de la peur domine le pouvoir de la reconnaissance du bien public. Dans ce livre, ce qui parle à travers moi, c’est ma génération qui constate que la même situation revient sans cesse, celle de la peur continuée par d’autres moyens, d’abord atomiques, puis terroristes et écologistes. Ainsi, je réactualise la maxime de Clausewitz selon laquelle «la politique est la guerre continuée par d’autres moyens». Non, la politique, c’est la peur continuée par d’autres moyens. Les trois peurs que j’évoque dans mon livre sont les suivantes: l’équilibre de la terreur, le déséquilibre de la terreur et la peur écologique. L’équilibre de la terreur a cessé avec la chute du mur de Berlin, laissant place au déquilibre de la terreur qui correspond au terrorisme qui peut survenir à tout instant, partout, à Londres, New York ou Madrid. Puis aujourd’hui, nous vivons la dernière grande peur: la peur écologique.

Equilibrer nature et homme, une nouvelle façon de gouverner par la peur?

Oui, l’écologie arrive après et il faut absolument éviter qu’elle conduise aux mêmes paniques. Après la forme interétatique de la guerre froide, la forme plus complexe du terrorisme, la peur écologique me rappelle le Lebensraum, cette notion géopolitique de l’espace vital. Je l’ai bien connue lorsque je travaillais en Allemagne où je voyais des pancartes qui signalaient des « forêts interdites aux Juifs ». L’espace vital niait la présence d’une frange de la population dans un lieu considéré comme sacré… Et bien l’idéologie de l’espace vital peut se superposer à l’idéologie de l’écologie aujourd’hui. Mais attention, je ne suis pas contre l’écologie, il est évident qu’il faut préserver notre lieu de vie. Je dis qu’il faut fse méfier énormément l’idéologie de cet espace qui nous manquerait.

Sans aller jusqu’à qualifier l’écologie d’idéologie totalitaire, pourquoi fait-elle si peur?

Nous sommes mortels et tout ce qui menace notre vie fait peur. Notre survie en tant qu’espèce devient notre grande peur. Il ne faut pas avoir peur, mais faire face car la peur fait partie des questions ancestrales. Dans la crise écologique actuelle, domaine extrême s’il en est, la tentation est grande de vouloir vaincre plutôt que convaincre. Il faut toujours refuser le globalitarisme écologique imposé par la peur parce que c’est toujours au nom du bien que l’on terrorise. En cela, les écologistes ont la tentation de gouverner par la peur. Mais je préfère vous convaincre que vous contraindre. Or, la conviction n’est pas la provocation de la peur, c’est Lire la suite

« Philosophie et écologie », ouvrage de Anne Dalsuet chez Gallimard

nonfiction.fr, Manola ANTONIOLI, le 1er juillet 2010

« Philosophie et écologie », ouvrage de Anne Dalsuet chez Gallimard

Résumé : Un ouvrage qui présente à un vaste public les enjeux éthiques et philosophiques des questions environnementales.

Dans un contexte planétaire marqué par le dérèglement climatique, la disparition de la biodiversité, les grandes catastrophes environnementales et la perspective de l’épuisement des ressources énergétiques, on commence à voir apparaître, depuis une quarantaine d’années, un vaste renouvellement conceptuel axé sur les multiples dimensions de l’urgence écologique. Dans le domaine philosophique, le souci de l’environnement dépasse largement les acquis de la science écologique et vise à repenser radicalement les échanges entre la nature, la culture et la technique, à poser un nouveau regard sur les environnements naturels, les environnements sociaux et les environnements techniques contemporains, au-delà de l’ambition exclusive de maîtrise et de domination de la nature qui s’est imposée en Occident au moins depuis la modernité. La réflexion philosophique peut proposer une alternative à l’approche dominante et purement technocratique des problèmes environnementaux et aider à concevoir une vision plus authentiquement démocratique des rapports entre les sociétés humaines et les environnements naturels. L’ouvrage d’Anne Dalsuet, qui a été conçu pour les classes de terminale mais qui s’adresse visiblement à un public plus large, constitue une excellente introduction à ce nouveau champ de la réflexion philosophique, notamment grâce aux analyses consacrées aux approches théoriques d’auteurs étrangers dont la pensée et les travaux ont été longtemps ignorés en France.

La nature en crise

L’ouverture de l’ouvrage (structuré selon six grandes « perspectives ») vise à définir les caractéristiques de la crise écologique contemporaine qui ne fait que traduire une crise plus profonde. S’appuyant sur l’excellent ouvrage d’Isabelle Stengers intitulé Au temps des catastrophes, résister à la barbarie qui vient  , Anne Dalsuet affirme en effet dès le début de sa réflexion que la crise écologique ne demande pas seulement des réponses scientifiques ou techniques (dans l’esprit du « Grenelle de l’environnement », du « développement durable » ou de la « croissance verte »), puisqu’elle implique également une crise morale, métaphysique, sociale et politique, dont il faudra constater l’ampleur et la gravité. Dans cette perspective, nous n’avons plus affaire à des problèmes isolés, puisque les catastrophes environnementales entraînent toujours des effets en cascade sur tous les êtres vivants et notamment « sur la manière même dont les hommes pourront “habiter” cette Terre, s’y nourrir, y travailler, s’y loger, s’y déplacer, s’y gouverner » (p. 8). Les limites de la planète et de ses ressources nous imposent désormais de repenser le rapport de l’homme à la technique : recourir au catastrophisme ou à la déploration mélancolique d’une nature perdue sont deux postures insuffisantes et politiquement dangereuses, qui nous empêchent de comprendre la portée authentiquement politique des questions environnementales.

Cette dimension essentielle du problème écologique est très présente dans les pages des « bilans » qui concluent le livre, où l’auteure interroge les perspectives d’une écologie politique, à la suite de Bruno Latour et de ses Politiques de la nature  . Les analyses de Latour, qui s’efforcent de modifier les termes classiques du débat en renouant différemment les liens entre sciences et politiques, sont ainsi définies « capitales, Lire la suite

Les syndicats se convertissent à la croissance verte

lemonde.fr, Rémi Barroux, le 28 juin 2010

Les syndicats se convertissent à la croissance verte

« Quand on réclame la fermeture d’une usine polluante, nous devons savoir quel impact cela aura sur l’emploi » a fait valoir le directeur international de Greenpeace lors du congrès international des syndicats à Vancouver.

Vancouver

Le syndicalisme international veut faire de la croissance verte un de ses combats. C’est le message fort du congrès de la Confédération syndicale internationale (CSI), qui s’est achevé vendredi 25 juin à Vancouver (Canada).

Manifestation la plus visible de cette évolution : le directeur international de Greenpeace, le Sud-Africain Kumi Naidoo, était présent au même titre que le directeur général de l’Organisation mondiale du commerce, Pascal Lamy, ou celui du Fonds monétaire international, Dominique Strauss-Kahn. « La CSI oeuvrera pour un travail décent dans le cadre d’une économie verte« , a déclaré l’Australienne Sharan Burrow, la nouvelle secrétaire générale de l’organisation, élue vendredi, en remplacement du Britannique Guy Rider. La CSI regroupe 311 organisations de travailleurs représentant 168 millions de membres dans 155 pays et territoires.

Le rapprochement entre les syndicats et le mouvement écologiste est récent. Chaque partie souligne les efforts mutuels qui ont été accomplis. « Les mouvements comme Greenpeace reconnaissent dorénavant que nos préoccupations en matière d’emplois et de salaires sont légitimes, explique Guy Rider. Il y a cinq ans, ils refusaient de nous entendre au motif que l’environnement devait être défendu quel qu’en soit le prix. »

Les écologistes assument cette mutation. « Pour ma part, j’ai toujours pensé qu’il fallait rapprocher les points de vue, malgré les tensions. Quand on réclame la fermeture d’une usine polluante, nous devons savoir quel impact cela aura sur l’emploi », fait valoir Kumi Naidoo. Greenpeace se bat pour l’abandon des énergies fossiles et prône la transition vers des sources d’énergies renouvelables sans oublier désormais de mettre en avant les emplois qui seront créés. Dans la dernière version, publiée en juin, de son document de référence sur la « révolution énergétique », l’Organisation non gouvernementale estime que d’ici à 2030, 12 millions d’emplois « verts » peuvent être créés.

Côté syndical, l’optimisme reste tempéré. « Dans les Asturies, les mines de charbon employaient 45 000 personnes. Aujourd’hui, il ne reste que 6 500 mineurs et nous n’avons pas trouvé d’activité de remplacement », constate Javier Doz, des Commissions ouvrières, la principale organisation syndicale espagnole. « Le secteur de la construction, pilier de la miraculeuse croissance espagnole qui s’est effondrée avec la crise, devrait être un des secteurs de cette transition vers l’économie verte. Mais nous attendons. », poursuit-il.

Comment marier croissance économique et développement durable ? « Petit à petit, notre réflexion syndicale, fondée sur l’analyse des rapports entre le capital et le travail, a intégré Lire la suite

Approfondir la démocratie pour affronter les crises écologiques

ecoloinfo.info, Brendan, le 22 juin 2010

Approfondir la démocratie pour affronter les crises écologiques

Actuellement, plusieurs publications font état des réflexions en cours concernant l’écologie et la démocratie.

Comment renforcer politiquement le futur ?

La Fondation Nicolas Hulot a publié Vers une société sobre et désirable, ouvrage collectif qui traite de l’avenir de notre vivre-ensemble dans un horizon de limitation des ressources naturelles et énergétiques.

Parmi les contributions, Pierre Rosanvallon insiste sur la “myopie démocratique” qu’est la difficulté pour les régimes démocratiques à intégrer le “souci du long terme”. Il estime que “le court-termisme électoral ne peut être que marginalement infléchi ‘de l’intérieur’ du système électoral représentatif”. Il propose alors quatre types de mesure ou d’institution, non représentatives au sens strict :

– introduire des principes écologiques dans l’ordre constitutionnel,

renforcer et étendre la définition patrimoniale de l’Etat,

– mettre en place une grande “Académie du futur”,

instituer des forums publics mobilisant l’attention et la participation des citoyens.

Marcel Gauchet refuse lui l’idée d’une incapacité congénitale de nos institutions à faire face au long terme. Il indique que “seules les démocraties sont fonctionnellement à même d’affronter la question écologique” car, à la différence d’un “écofascisme”, elles disposent de “relais d’autorité dans lesquels les citoyens se reconnaissent et auxquelles ils font confiance”. Il conclut : “C’est sur la démocratie des citoyens et sur sa pression sur les institutions que nous devons compter. Nos régimes excluent par essence de concrétiser “la subordination à des principes supérieurs, écologiques et sociaux” dans la machinerie collective. Le seul lieu où pareille subordination peut licitement et efficacement prendre corps, c’est l’esprit des acteurs. C’est à cela que nous devons travailler. La politique ne nous élèvera pas au-dessus de ce que nous sommes.”

Vers un troisième âge de la démocratie

Dominique Bourg, qui a dirigé avec Alain Papaux l’ouvrage de la Fondation Nicolas Hulot, est en entretien dans le numéro d’été des Grands Dossiers des Sciences Humaines consacré à l’écologie. Il souligne que “l’écologie ne peut progresser que dans un cadre démocratique” et que la démocratie écologique “devrait être, au bout du compte, aussi différente de la forme moderne du gouvernement représentatif que cette dernière l’était de la démocratie grecque antique”. Ainsi, après la démocratie directe de l’Antiquité grecque et le deuxième âge de la démocratie représentative, l’écologie exigerait un troisième âge de la démocratie.

Les propositions de Dominique Bourg reprennent l’introduction de principes écologiques dans la Constitution et l’Académie du futur évoqués précédemment et les complètent par :

“Un nouveau Sénat, composé d’une centaine de membres, prenant appui sur les travaux de l’Académie du futur, opposant son veto à toute proposition législative contredisant Lire la suite

Conférence débat sur l’avenir du Bassin d’Arcachon le samedi 26 juin de 18h00 à 20h00 à Andernos

Collectif interassociatif du Bassin d’Arcachon, communiqué, juin 2010

Réunion d’information « écocitoyenne » avec le concours d’écocitoyen(ne)s, Associations « Le Betey, plage boisée à sauvegarder », « Les Ecocitoyens du Bassin d’Arcachon », « Vive la Forêt », des adhérents de « Bassin Arcachon Ecologie », de « La Sepanso »….

Samedi 26 juin 2010

De 18 h à 20 h, à la salle RPA au Port Ostréicole Andernos

Conférence-Débat

Avenir du Bassin d’Arcachon

–          Impacts des projets locaux (SCOT/PADD/PLU)

–          Equilibre écologique du Bassin d’Arcachon

–          Les projets PADD/PLU  et ses impacts :

–          Terminologie, Scot, Plu, Padd, cos

–          Extension du port du Betey,

–          Foret du Coulin et pointe des quinconces

–          Golf immobilier Développement de l’aérodrome

–          Allongement de la jetée,

–          Matoucat et logements sociaux

–          Etalement Urbain

–          Mitage des zones naturelles

–          Les zones écosensibles

Des solutions alternatives existent : vous nous en Lire la suite

Bordeaux – Machine à lire – 18h30 : Vendredi 18 juin à 18h30, rencontre autour du dernier numéro d’EcoRev’ : « Urgence écologique, urgence démocratique : vers une sortie civilisée du productivisme ? ».

ecorev.org, communiqué, 3 juin 2010

Bordeaux : rencontre autour de notre n°34, vendredi 18 juin

jeudi 3 juin 2010

Vendredi 18 juin à 18h30, rencontre autour du dernier numéro d’EcoRev’ : « Urgence écologique, urgence démocratique : vers une sortie civilisée du productivisme ? ».

Florent Marcellesi, coordinateur du dossier et consultant en participation citoyenne, présentera un tour d’horizon de mécanismes participatifs, à interroger et comparer « pour repenser la démocratie ».

F. Marcellesi, Isabelle Lamaud et Aude Vidal, tous trois membres du comité de rédaction de la revue, animeront ensuite un débat sur les tensions qui peuvent exister entre les nécessités démocratiques et la question écologique.

A la librairie La Machine à Lire – 8, place du Parlement à Bordeaux

Editorial du N°34

Crise climatique, crise énergétique, crise alimentaire, crise économique, crise de sens, crise de civilisation… La crise écologique, d’ampleur mondiale et aux conséquences « glocales » et transgénérationnelles, n’est plus une menace. C’est une réalité, une urgence. Face à cet impératif écologique, André Gorz nous mettait en garde contre la tentation du « fascisme vert » où « la production programmée d’un milieu de vie optimal sera confiée à des institutions centralisées et à des techniques lourdes » (Écologie et liberté) et où il expliquait que « la sortie du capitalisme aurait lieu d’une façon ou d’une autre, civilisée ou barbare » (ÉcoRev’ 28). Parce que nous croyons que l’écologie politique peut apporter une réponse civilisée à l’urgence écologique, il est indispensable de se pencher sur la théorie et la praxis démocratiques qui peuvent accompagner cette sortie du productivisme et la mise en place d’une gestion soutenable, respectant libertés individuelles et intérêt général aujourd’hui et demain, au Nord et au Sud.

De son côté, Cornelius Castoriadis, qui est ici notre classique, rappelait de même qu’il n’était pas impossible que, face à une catastrophe écologique mondiale, des régimes autoritaires imposent des restrictions draconiennes à une population affolée et apathique. Ce pour quoi il prônait une indispensable « insertion de la composante écologique dans un projet politique démocratique radical » et, comme l’expliquent Antoine Chollet et Romain Felli – qui nous proposent une vision condensée de la pensée du philosophe de Socialisme ou barbarie – un nécessaire passage de l’autonomie à l’écologie et d’une l’émancipation vis-à-vis du système technico-productif.

Pour réaliser cette émancipation Bruno Latour réfléchit, dans un entretien réalisée par Isabelle Lamaud, à la place, et à la signification, de la nature et des non-humains en politique et à la redéfinition de fond en comble de « la fonction politique, du rôle même des parlements, de la notion de porte-parole pour retrouver des règles d’autorité, de procédure, de débats » pour décider de notre futur. Bruno Villalba et Luc Semal nous incitent à intégrer le plus tôt possible dans nos sociétés démocratiques les contraintes Lire la suite

Jardins solidaires à Saint Germain du Puch

sudouest.com, Isabelle Leparoux, le 14 juin 2010

Jardins solidaires à Saint Germain du Puch

L’association Solensemble diversifie ses actions, mais toujours dans l’esprit de solidarité qui la caractérise et qui en est le fondement.

La mise en place de jardins solidaires (et familiaux) en est le dernier exemple. Christine Bruand, présidente, Jean-Marc Briard, vice-président, et Didier Texier, secrétaire adjoint, se lancent dans l’aventure de la terre et mettent à disposition des parcelles à cultiver chemin de Claquin.

 « Nous proposons des parcelles à cultiver pour des personnes qui n’ont pas de jardin ou qui souhaitent un lieu spécifique à la culture. Outre l’idée de consommer sa propre production de fruits et légumes, le but est de créer un lieu d’échanges et de rencontres », soulignent-ils. Pour se retrouver, mais aussi pour partager des idées, échanger des conseils autour d’une culture raisonnée autant en terme d’écologie que de consommation d’eau. »

Des parcelles prêtes

Le terrain de 1 000 mètres carrés, qui appartient à Christine Bruand, est d’ores et déjà prêt à la culture. Des parcelles de 50, 100 ou 150 mètres carrés attendent leurs futurs jardiniers. « La priorité est aux Saint-Germanais mais dans l’esprit de l’association, nous restons ouverts à des gens extérieurs à la commune. »

L’eau est fournie par un puits, stockée dans une cuve de 1 000 litres et sera redistribuée vers des tonneaux individuels, ce qui permettra de raisonner sa consommation.

C’est Didier Texier qui suit le projet et proposera régulièrement des réunions de jardiniers pour se rencontrer, évoquer les difficultés ou tout simplement papoter au milieu de la nature. Un terrain adjacent de 6 000 mètres carrés permettra d’agrandir le potentiel des jardins si nécessaire, et les parcelles peuvent être occupées seul ou à plusieurs – une parcelle étant déjà travaillée par quatre copains.

Pour tous renseignements, Lire la suite

Un éco-hameau à Captieux en Sud-Gironde – Il reste de la place pour quelques familles !

adiu.fr, site, mai 2010

Un éco-hameau en Sud-Gironde – Il reste de la place pour quelques familles !

11 mai 2010 Enfin du neuf !

Nous attendions la réponse de la DDE quant à son positionnement par rapport à ce projet. Il est favorable à condition que la surface globale constructible soit réduite. La surface totale de la location par la commune reste la même (environ 5 hectares) mais la partie constructible sera au maximum de 3000m², d’un seul tenant, pour l’ensemble du projet (10 habitations maxi et parties collectives).

Il faudra donc envisager l’habitat de façon plus regroupée. Une des conséquences positives est d’aller plus loin dans l’aspect écologique : moins d’emprise, distribution des réseaux plus courte, chauffage collectif envisageable, etc. Pour l’aspect social, il faudra que nous soyons suffisamment créatifs pour inventer un lieu à la fois ouvert sur les autres, et respectueux de l’intimité.

A nous maintenant de recréer rapidement un groupe prêt à affronter la dernière ligne droite, alors si vous z’avez même pas peur, téléphonez à Hubert au 05 56 65 25 17.

19 janvier 2010 DDE

Nous sommes en discussion actuellement avec la DDE quant aux lieux et la faisabilité du projet. Nous devons travailler en parallèle sur les questions juridiques et légales, sur le fonctionnement du groupe et sur les deux autres volets (éducatif et social) ; pas de quoi s’ennuyer ! Nous sommes 5 foyers, le groupe est toujours ouvert… pendant les travaux.

15 septembre 2009 Nous partîmes 500…

Le projet d’éco-hameau en Sud gironde se poursuit. Nous sommes en phase de constitution du groupe d’habitants depuis fin juin. Nous avons à la date d’aujourd’hui une trentaine de contacts parmi lesquels 5 ou 6 foyers très intéressés. Bienvenue à toute personne souhaitant participer au projet (nous nous fixons la fin de l’année 2009 comme date butoir).

1 juillet 2009 Quelques précisons :

– le lieu se nomme Marahan, au Nord-Ouest de la commune de Captieux, au bord de la Gouaneyre… Une vue d’avion est disponible ici (Géoportail) ; plus de détails très bientôt

21 mai 2009 Champagne !

Le conseil municipal d’une commune du Sud Gironde a voté (le 29 avril) pour l’accompagnement de notre projet d’éco-hameau :

– sur un terrain communal forestier d’environ 5ha

– dans des parcelles forestières de Lire la suite

Transition vers une « prospérité sans croissance »?

transitioneconomique.blogspot.com, Christian Arnsperger, le 11 juin 2010

Transition vers une « prospérité sans croissance »?

L’ouvrage de Tim Jackson, Prosperity Without Growth (Earthscan, Londres, 2009), récemment traduit en français sous le titre Prospérité sans croissance (De Boeck & Etopia, Bruxelles, 2010), est un jalon très important dans la réflexion sur l’écologie politique. Il sera incontournable, à l’avenir, dans tous les débats sur les orientations à donner à nos économies et à nos sociétés dans une perspective de transition. (Le sous-titre français, d’ailleurs, est « La transition vers une économie durable », reprenant celui du rapport préalable de la Sustainable Development Commission qui a servi de base pour le livre.)

Jackson offre une analyse remarquable du contexte dans lequel se posent actuellement les enjeux de la transition: une logique de la dette écologique et économique, impulsée par un impératif de croissance perpétuelle, lui-même ancré dans un consumérisme basé sur la quête effrénée de la nouveauté, au sein d’un monde social où le « langage des biens matériels » prédomine comme moyen de communication entre les gens. Il explique aussi (dans un vocabulaire très clair, qui est l’une des vertus constantes de l’ouvrage) pourquoi il est absurde de vouloir invoquer la notion de « déconnexion » comme solution aux enjeux du changement climatique et de la rareté des ressources. En effet, cela revient à terme à croire que l’on pourra maintenir, voire dépasser, les rythmes actuels d’accumulation en utilisant des flux de ressources énergétiques sans cesse réduits. L’auteur démontre, preuves chiffrées à l’appui (et le degré de documentation statistique de son travail est impressionnant à travers tout son livre), que les chances d’une telle « déconnexion absolue » sont quasiment nulles. Jackson ne nie pas — loin de là — l’importance des progrès technologiques dans le combat environnemental, mais il ferme définitivement (et salutairement) la porte aux fantasmes d’un « productivisme de l’immatériel » qui voudrait que l’on puisse, un jour, produire tous les biens demandés par les consommateurs avec un grain de sable, à la faveur d’une technologie hyper-performante.

Il faudra donc inéluctablement, selon Jackson, en venir à réduire nos rythmes de consommation, et donc de production. Sans toutefois devenir un adversaire dogmatique de la croissance, car notre auteur — en grand pragmatique qu’il semble être — n’utilise jamais le mot « décroissance ». L’expression, en effet plus heureuse, de « prospérité sans croissance » lui permet de ménager la chèvre et le chou: il faut des limites à l’émission de polluants (dont le CO2), mais pas nécessairement un changement radical de rapport à la nature; il faut des investissements « verts » à rentabilité réduite, mais pas nécessairement un abandon de la logique financière en tant que telle; il faut abandonner l’obsession de la productivité du travail, mais pas dans tous les secteurs (car il reste des secteurs où être plus productif restera un impératif), et il ne faut certainement pas contester la logique du salariat comme telle; il faut mettre en question les causes sociales du consumérisme (langage des biens matériels, course au statut social, compulsion de la nouveauté), mais il ne s’agit pas de questionner la « nature humaine ».

Plus généralement, si l’économie de marché contient certes en germes des problèmes qui nous poussent à rechercher la croissance à tout prix, aux yeux de Jackson rien ne nous oblige à lier nécessairement croissance et capitalisme. (Il s’oppose, en cela, notamment à Richard Douthwaite dans son ouvrage The Growth Illusion, selon qui la structure même de l’endettement bancaire dans le capitalisme impulse un impératif absolu de croissance.) De sorte que la question de l’anti-capitalisme et du post-capitalisme est évacuée par l’auteur en deux coups de cuillères à pot. La société sans croissance sera-t-elle capitaliste ou non? Ce n’est pas important à ses yeux. Seules comptent Lire la suite

Les éco-quartiers : de la philosophie à l’usage ; quelques retours d’expérience – Conférence-débat le lundi 14 juin à 18h30 à Floirac

Université populaire de l’environnement, communiqué, le 8 juin 2010

Hauts-de-Garonne Développement et la Maison de la Nature et de l’Environnement Bordeaux-Aquitaine, vous invitent dans le cadre de la 5ème édition de la Quinzaine de l’éco construction qui se tiendra du 14 au 25 juin à Floirac et de l’Université Populaire de l’Environnement, à participer à une conférence-débat

Les éco-quartiers : de la philosophie à l’usage ; quelques retours d’expérience

Lundi 14 juin à 18h30 au Centre d’innovation et de formation (CIF) Avenue Jean Alfonséa à Floirac

Avec la participation de :

Grace Yepez-Salmon

Architecte et urbaniste à NOBATEK

Centre de ressources régional dans les domaines de l’aménagement et de la construction durables http://www.nobatek.com/structure.html

Jean-Marc Gancille

Directeur du développement durable du groupe Evolution

En charge du projet Darwin à Bordeaux, 20.000 m² d’entreprises éco-innovantes, d’associations culturelles… http://www.projetdarwin.eu/

Piou Lacoste

Architecte, membre du bureau de l’association H’Nord

Projet d’écoquartier en coopérative d’habitants à Bordeaux 

http://www.hnord.org/doku.php?id=accueil

Pour accéder au CIF http://www.hdgdev.com/contact.php

L’urbanisme des 50 dernières années a vu s’effacer les quartiers des villes denses, au profit de blocs d’appartements et de pavillons éparpillés sur le territoire au milieu de raccordements routiers. Sur cette période, les villes européennes se sont étendues en moyenne de 78 % alors que les populations ne grossissaient que de 33 %. Les conséquences de ce manque total de maîtrise des sols sont aussi graves que peu connues : perte de précieuses terres fertiles, allongement des distances provoquant une explosion du trafic automobile, de la consommation d’énergie fossile et donc du CO2 responsable du changement climatique.

L’utilisation d’énergie pour le logement, la mobilité et l’alimentation représente 70 à 80 % de l’impact écologique de la consommation des personnes. La marée noire dans le golfe du Mexique comme le désastre écologique des pétroles bitumineux, sont symboliques d’un pétrole de plus en plus difficile à extraire. L’énergie va fortement augmenter dans les prochaines années.

C’est dans ce contexte que l’écoquartier cristallise une énorme attention. C’est vrai aussi bien dans des initiatives citoyennes qu’au sein des Lire la suite

Dossier VertigO : Ethique et Environnement à l’aube du 21ème siècle : la crise écologique implique-t-elle une nouvelle éthique environnementale ?

vertigo.revues.org, juin 2010

VertigO – La revue électronique en sciences de l’environnement –

Parution du Vol10 N°1

Dossier : Ethique et Environnement à l’aube du 21ème siècle : la crise écologique implique-t-elle une nouvelle éthique environnementale ?

L’équipe de rédaction de [VertigO] – La revue électronique en sciences de l’environnement est fière de lancer son Vol10 N° 1.

L’éthique de l’environnement apparait comme une caractéristique principale des sciences de l’environnement, la démarquant de l’écologie, des sciences de la terre et de l’atmosphère ou de la géographie. Dans leur ouvrage, « Deliberative Environmental Politics: Democracy and Ecological Rationality » publié en 2005, les chercheurs Baber et Bartlet stipulent que l’éthique est la base même des questions environnementales. En effet, l’éthique de l’environnement doit répondre de manière pertinente à la façon dont les humains et la société font face aux problèmes environnementaux. Ce dossier de [VertigO] – la revue électronique en sciences de l’environnement publie des textes abordant ce défi par des réflexions théoriques ou appliquées.

Ce dossier regroupe 13 textes touchant tout autant l’éthique du paysage, l’éthique économique, l’éthique environnementale de la gestion des ressources que l’étique de la gouvernance. Il a été coordonné par quatre rédacteurs (trices) associés (es) soit, Sylvie Ferrari (Université Bordeaux 4), Jean-Yves Goffi (Université de Grenoble), Marie-Hélène Parizeau (Université Laval) et Jean-Philippe Pierron (Université Lyon 3).

Pour consulter le dossier : http://vertigo.revues.org/9383

Ce numéro inclut aussi deux textes dans la section courante de la revue soit les textes d’A. Torre et al. d’AgroParistech et de l’INRA s’intitulant Comment évaluer et mesurer la conflictualité liée aux usages de l’espace ? Eléments de méthode et de repérage (http://vertigo.revues.org/9590) et celui de P. Pigeon de l’Université de Savoie qui porte sur les risques naturels et leurs évaluations (http://vertigo.revues.org/9491)

Les textes sont consultables à partir de la page d’accueil de la revue : http://vertigo.revues.org ou à http://vertigo.revues.org/9383

[VertigO] La revue électronique en  sciences de l’environnement est soutenue notamment par Lire la suite

Un rapport du Conseil d’Etat passe en revue tous les aspects du droit de l’eau

localtis.info, le 7 juin 2010

Un rapport du Conseil d’Etat passe en revue tous les aspects du droit de l’eau

Le Conseil d’Etat a présenté le 4 juin 2010 un rapport public consacré à « L’eau et son droit ». La Haute Juridiction s’attache ainsi à un sujet qui intéresse au premier plan les collectivités territoriales comme le rappelle l’actualité (reprise en régie de la gestion des eaux à Paris et dans quelques grandes villes, pollution par les nitrates et développement des algues vertes en Bretagne, tempête Xynthia et inondations en Charente-Maritime…), les projets de réforme en cours touchant au domaine de l’eau (réforme des collectivités territoriales et simplification de l’intercommunalité, vote de la loi Grenelle 2, plans d’accompagnement du Grenelle 1, proposition de loi Cambon au Sénat sur la tarification sociale de l’eau, ouverture prochaine des concessions hydroélectriques à la concurrence…) ou l’agenda international (6e Forum mondial de l’eau à Marseille en 2012, reconquête du bon état des eaux fixée par l’Union européenne à l’horizon 2015).

Présenté comme un document de référence qui englobe pour la première fois tous les aspects du droit de l’eau (problèmes de quantité, de qualité et de risque), le rapport du Conseil d’Etat comporte, à l’appui des problématiques soulevées au fil de 245 pages, de nombreuses données chiffrées, les textes applicables, l’état de la jurisprudence ainsi qu’une description des organisations et des moyens utilisés dans l’application de ce droit. Le rapport est par ailleurs enrichi de nombreuses annexes et de diverses contributions portant sur les aspects internationaux et nationaux de la gestion de l’eau. Il aborde plusieurs débats nationaux très sensibles sur l’application du principe pollueur-payeur, le rôle et les responsabilités des collectivités territoriales, les limites inhérentes en la matière du droit de propriété, l’articulation future entre tous les documents d’aménagement relatifs à l’eau (Sdage, Sage, Scot, PPRN, documents d’urbanisme, schémas de cohérence écologiques, schémas agricoles, trames bleue et verte…) ou encore le modèle de développement agricole et formule de très nombreuses recommandations et pistes de solution.

Les considérations générales exposées dans le rapport invitent l’Etat à ne pas se désengager, notamment au regard des nouvelles questions qui lui seront rapidement posées avec le réchauffement climatique. « Tout en laissant la gestion du petit cycle de l’eau aux collectivités territoriales qui s’en acquittent plutôt bien, il lui revient de se saisir de la gestion de son grand cycle et de l’organiser« , souligne Jean-Marc Sauvé, vice-président du Conseil d’Etat dans son éditorial.

Montée en puissance de l’intercommunalité

La première partie du rapport établit  un panorama des utilisations de la ressource en eau et dresse un état des lieux des différentes sources du droit applicables (au sein desquelles le droit communautaire est en constante expansion), de l’organisation, de la gestion, du financement et de la gouvernance de l’eau, caractérisée par la surabondance des textes et des organismes chargés de la gestion de l’eau. Sont en particulier abordés le rôle accru des collectivités territoriales (au premier chef celui des communes en matière de distribution d’eau potable et d’assainissement), la montée en puissance de l’intercommunalité avec des régimes dissemblables et l’enchevêtrement des compétences qui en résulte. Le rapport attire l’attention sur l’insuffisant renouvellement des infrastructures, spécialement dans le domaine de l’assainissement. Des efforts sont également à faire s’agissant du taux de perte des réseaux d’alimentation en eau potable et des normes techniques de dimensionnement des réseaux de collecte des eaux pluviales ou d’assainissement.

Le rapport identifie par ailleurs les causes d’augmentation du prix de l’eau, encourage à Lire la suite

La marée noire dans le golfe du Mexique : Un Tchernobyl américain ?

ledevoir.com, François Brousseau, le 31 mai 2010 

Un Tchernobyl américain

Depuis maintenant six semaines, le golfe du Mexique, vaste mer intérieure nourricière des États-Unis, saigne depuis ses profondeurs et se souille peut-être jusqu’à l’irréparable.

Depuis une vingtaine d’années, on nous prophétise un désastre environnemental venu du ciel et de l’atmosphère. Mais dans la vie, rien ne se produit jamais comme on l’attend: c’est aujourd’hui du fond de l’océan, par un viol de main humaine inspiré par la voracité énergétique, que le malheur arrive.

L’échec, ce week-end, d’une nouvelle tentative de colmatage de la fuite de la plate-forme Deepwater Horizon — un nom faussement prophétique — laisse maintenant entrevoir des mois supplémentaires de fuite purulente et de catastrophe démultipliée.

Crise écologique, crise économique : la catastrophe de l’environnement s’est vite doublée, dans plusieurs États du sud, d’un désastre économique local et régional. Des dizaines de milliers de personnes ont vu leur gagne-pain disparaître sous une repoussante glu d’hydrocarbures.

Crise politique aussi. Il est ironique que dans ce pays qui a érigé en religion la détestation de Washington, de l’administration et des pouvoirs publics, on crie maintenant — y compris parmi cette droite pro-business et antigouvernementale qui se découvre écologique — «Mais que fait donc le gouvernement?».

C’est qu’aux États-Unis, curieusement, on hait le gouvernement fédéral en même temps que l’on idéalise la fonction présidentielle et sa puissance supposée (comme dans la stupide expression «l’homme le plus puissant du monde»). D’où ces demandes d’intervention adressées à un deus ex machina que Barack Obama n’a jamais été et ne sera jamais.

Dans ce pays qui se réfère toujours à sa propre histoire et rarement à celle des autres, un mot est sur toutes les lèvres pour désigner la calamité qui menace maintenant Barack Obama : Katrina.

Katrina, du nom de cet ouragan qui avait ravagé La Nouvelle-Orléans en août 2005. Katrina ou l’incompétence, l’autisme d’une administration — l’administration Bush — envers les petites gens aux vies disloquées. Katrina ou le choix politique de laisser-faire, de temporiser. Katrina ou la fin piteuse d’un président incapable.

L’actuel président reçoit depuis deux semaines le même genre de reproches. S’il est vrai que le Barack Obama cérébral et analytique a paru quelque peu décalé devant le drame, s’il a mis trop de temps à mesurer la véritable dimension de la crise, la comparaison avec Katrina est injuste.

La catastrophe du golfe du Mexique a certes de lointaines causes politiques. On a laissé agir à leur guise les sociétés pétrolières. On a distribué les permis de creuser aux petits copains. On a laissé faire des opérations extrêmes comme Deepwater Horizon dans des eaux poissonneuses, à 60 km de côtes densément peuplées.

Mais à partir du moment où la plate-forme explose, et qu’un problème technique se pose — et un seul —, que peut le président ?

Une meilleure gestion de crise dans l’ordre symbolique (déclarations outragées, visites plus fréquentes sur les lieux, injonctions à la haute administration et à la compagnie pétrolière coupable, voire prise en charge directe des opérations par l’armée américaine…) n’aurait sans doute pas changé grand-chose au drame tel qu’il se vit sur le terrain, depuis le 20 avril, dans l’attente d’une prouesse salvatrice par 1500 mètres de fond.

Un second Katrina ? Que diriez-vous plutôt d’un second Tchernobyl ? Tchernobyl, Lire la suite

Jean-Louis Laville (sociologue) : Les associations doivent devenir des actrices sociales à part entière

aqui.fr, Propos recueillis par Estelle Maussion, le 27 mai 2010

Interview – Jean-Louis Laville (sociologue) : «Les associations doivent devenir des actrices sociales à part entière »

Redonner du souffle aux associations. La journée de débats, organisée ce vendredi à Bordeaux (1) par la FEP, la FEHAP, l’URIOPSS, la FNARS, s’est fixée cet objectif (2). Jean-Louis Laville, sociologue, économiste et auteur du livre Politique de l’association (3), sera le premier intervenant de cette journée. Fin connaisseur de l’histoire des associations et spécialiste de l’économie sociale et solidaire, il se penchera sur la solidarité en France. Pour Aqui.fr et en introduction aux discussions, il souligne la nécessaire évolution des associations de solidarité.

@qui.fr ! : Difficultés à recruter des bénévoles, subventions en chute libre, désengagement de l’Etat, les associations, notamment dans le domaine sanitaire et social, se sentent menacées aujourd’hui. Comment expliquer ce malaise ?

Jean-Louis Laville : Elles doivent en effet faire face à de nombreuses restrictions budgétaires et parfois à des difficultés avec leurs moyens humains. Mais le problème fondamental est leur manque de reconnaissance. Les associations ont du mal à s’affirmer et à trouver leur place entre les deux principaux acteurs de nos sociétés, le marché et l’Etat. Ce problème est ancien puisqu’il date de leur naissance et qu’il a ponctué leur histoire. Cependant le contexte actuel exacerbe cette faille, créant un malaise en leur sein: un nombre croissant d’associations au niveau mondial avec une société civile de plus en plus organisée mais des structures mal à l’aise. Celles-ci doutent parce qu’elles ne voient pas quel chemin prendre pour sortir de ce paradoxe.

@ ! : Quelles solutions s’offrent aux associations ?

J-L L. : Selon moi, il y a trois scénarios envisageables. Le premier serait la mise au pas des associations par l’Etat. Les nouvelles réglementations fixées par les pouvoirs publics en feraient des prestataires de service devant remplir un cahier des charges. Les associations deviendraient alors de simples sous-traitants d’un Etat qui se modernise, perdant leur autonomie. C’est par exemple le cas des organismes qui gèrent des établissements sanitaires, sociaux ou médico-sociaux. La deuxième possibilité consisterait à faire des associations un complément du capitalisme moralisé. Elles seraient alors des « social business », suivant une gestion fondée sur la rentabilité, mais avec des objectifs sociaux. Le dernier scénario va, lui, dans le sens de nouvelles relations entre les pouvoirs publics et le monde associatif. Plus autonomes, les associations participeraient à la construction des politiques publiques pour faire évoluer la société. Dans ce dernier cas seulement, elles conserveraient et mettraient en valeur leur spécificité, leur apport particulier à la société.

@ ! : Quelle est cette originalité qui fait leur force ?

J-L L. : C’est leur capacité à faire émerger dans l’espace public de nouvelles questions de société, de nouveaux enjeux, à l’instar de ce qui s’est passé avec l’écologie ou le Sida dans le domaine de la santé. Pour cela, il faut prendre en compte les initiatives associatives. Et les politiques publiques peuvent encourager les associations à se saisir, elles-mêmes, de certaines questions afin qu’elles deviennent des actrices sociales à part entière.

@ ! : N’est-ce pas surestimer leur pouvoir ?

J-L L. : Il ne s’agit pas de les mettre sur un piédestal. Les associations ne seront pas les superpuissances de demain. Mais elles seront Lire la suite

Colombie : Antanas Mockus, le candidat du Parti vert, pourrait créer la surprise à l’élection présidentielle du 30 mai

lemonde.fr, Marie Delcas, le 25 mai 2010

La bonne formule du professeur Mockus

Antanas Mockus, le candidat du Parti vert, pourrait créer la surprise à l’élection présidentielle du 30 mai – ici, le 23 mai à Bogota durant sa campagne.

Des centaines de jeunes en tee-shirt vert se sont réunis ce dimanche sur la place de Lourdes, dans le centre de Bogota. Ils brandissent joyeusement tournesols et crayons, réclament « moins de corruption, plus d’éducation ». Sur l’estrade, Antanas Mockus, candidat à l’élection présidentielle colombienne, dirige d’un ton paisible un meeting aux

La petite foule dit sa fatigue de la violence, son refus des magouilles politiciennes, sa confiance dans un pays plus juste, plus honnête, plus vert et moins machiste, bref meilleur. Les manifestants scandent : « Si podemos », la version colombienne du « yes we can » de Barack Obama. Tous sont d’accord : leur candidat, Antanas Mockus, est « le seul homme politique honnête ».

Dans une Colombie que l’on croyait solidement ancrée à droite, la percée du mathématicien excentrique a pris tout le monde par surprise. En deux mois, le candidat du Parti vert est passé de 5 % à 35 % des intentions de vote. Sur Facebook, c’est l’effervescence : les partisans d’Antanas Mockus sont plus de 600 000. Ils rêvent d’une victoire dès le premier tour, dimanche 30 mai.

« Plus la situation est sérieuse, plus je suis calme », affirme le candidat. L’outsider qui incarne l’antipolitique n’a rien d’un nouveau venu pour les 44 millions de Colombiens. Ex-recteur de l’Université nationale, il a été deux fois maire de Bogota. Et il en est à sa troisième campagne présidentielle. Mais Aurelijus Rutenis Antanas Mockus Sivickas reste un politique atypique.

Né de parents lituaniens dans un pays qui compte peu d’immigrés, il est candidat d’un Parti vert peu écologique. Avec ses 58 ans et un début de maladie de Parkinson, il est particulièrement populaire chez les jeunes. « Le Prof » leur promet de faire respecter la loi et d’augmenter les impôts. C’est dire si le populisme n’est pas son fort. Le marketing politique non plus.

Entre amis ou en direct à la télévision, Antanas Mockus pèse chacun de ses mots, hésite, réfléchit, s’excuse de son erreur et réfléchit encore. Son collier de barbe démodé, son discours abscons, ses rectifications désoleraient son conseiller en image, s’il en avait un. Mais Antanas Mockus incarne l’espoir du changement. « Et la promesse d’un saut dans l’inconnu », ne manquent pas de dire ses détracteurs.

Un demi-siècle de conflit armé et les dérives d’une guérilla marxiste embarbouillée de cocaïne pèsent sur la politique colombienne. Après huit ans de pouvoir, Alvaro Uribe et sa politique sécuritaire restent très populaires. L’actuel président, non-candidat, est crédité de plus de 70 % d’opinions favorables. Tout laissait croire à une victoire facile de son ex-ministre de la défense et héritier autoproclamé, Juan Manuel Santos. « Personne ne conteste les mérites d’Alvaro Uribe en matière de sécurité, mais les électeurs veulent se démarquer des affaires et des scandales qui ont entaché son gouvernement », explique l’analyste politique Ricardo Garcia.

« Je ne suis pas un tendre », pointe Antanas Mockus, qui a pourtant la larme facile. Il approuve la lutte engagée contre les rebelles et s’agace de la complaisance d’une certaine gauche européenne envers la lutte armée. « Le romantisme révolutionnaire n’est pas une excuse, c’est Lire la suite

Chantal Jouanno : « Il faut maintenant un Grenelle 3 »

lemonde.fr, Propos recueillis par Gaëlle Dupont et Pierre Jaxel-Truer, le 19 mai 2010

Chantal Jouanno : « Il faut maintenant un Grenelle 3 »

Chantal Jouanno, 41 ans, est secrétaire d’Etat à l’écologie depuis janvier 2009, après avoir été la conseillère de Nicolas Sarkozy pour le développement durable. Appréciée des écologistes, elle a défendu, avec le ministre de l’écologie Jean-Louis Borloo, la loi Grenelle 2 à l’Assemblée nationale, prenant position contre son propre camp sur certains dossiers.

La loi Grenelle 2 a été adoptée par l’Assemblée nationale le 11 mai. L’opposition vous reproche des « reculs »…

Il ne faut pas tomber dans la caricature. La loi n’est pas en recul par rapport à l’existant, c’est une avancée énorme. Le problème de l’écologie, c’est qu’on ne la juge que sur des symboles : les OGM, les pesticides, la taxe carbone… Avec Jean-Louis Borloo, nous demandons à être jugés sur les résultats, le nombre d’éoliennes implantées, le nombre de produits phytosanitaires retirés du marché… Maintenant, la balle est dans notre camp. A nous de mettre en œuvre le Grenelle sur le terrain. Le drame français, c’est qu’on croit que quand on a voté une loi, la messe est dite. Au contraire, tout commence maintenant. Il faut que les élus se saisissent du Grenelle. C’est pour ça que je vais reprendre mon tour de France pour aller « vendre » le Grenelle sur le terrain.

Etes-vous satisfaite, ou déçue, du texte adopté ?

On ne peut pas dire que c’est 100 % de ce qu’on voulait. C’est normal, c’est la démocratie. Mais le bilan global est positif. Avec les dispositions sur le bâtiment, la biodiversité, l’agriculture, l’eau, les risques, on a de quoi avancer. Sur certains sujets, on aurait pu aller plus loin, c’est vrai. J’ai toujours été réservée sur l’application du régime des installations classées pour la protection de l’environnement aux éoliennes, car ce ne sont pas des installations à risque. J’étais favorable à la possibilité d’expérimenter des péages urbains. Sur l’étiquetage environnemental, on aurait pu passer toute de suite à l’obligation sur certains produits.

Le contexte économique et politique n’est-il pas devenu défavorable aux ambitions écologiques ?

Ce sera moins simple qu’avant la conférence de Copenhague sur le climat . A l’époque tout était « vert », il n’y avait pas une voix discordante. Cela ne pouvait pas durer. Je ne suis pas favorable au consensus absolu sur l’écologie, car seules les modes sont consensuelles. Heureusement qu’il n’y a pas une pensée unique sur le sujet, sinon on entrerait dans une dictature technocratique. L’écologie doit rester un sujet politique, qui questionne notre organisation de la société.

En 2007, Nicolas Sarkozy parlait de « New Deal », l’écologie devait être placée au cœur de toutes les politiques publiques. Cette ambition a-t-elle été abandonnée ?

Certainement pas par le président de la République, qui a Lire la suite

Simon Charbonneau : Le prix de la démesure

Simon Charbonneau, mai 2010

A propos de la crise – Le prix de la démesure

La cigale ayant chanté tout l’été ……… Il semble que La Fontaine ait anticipé la crise actuelle qui frappe les économies des pays surdéveloppés dont les peuples ont vécu depuis près de cinquante ans au-dessus de leurs moyens en tirant toujours plus de chèques sans provision sur l’avenir tout en provoquant une empreinte écologique démesurée. Et aujourd’hui, ce qui est en train de se passer démontre que nous nous heurtons aux limites socio-économiques d’un système fondé sur l’utopie d’une croissance éternelle. Le cas de la Grèce est certes révélateur, mais il ne fait qu’illustrer la situation des autres pays de la zone euro, comme l’ont bien compris les dirigeants pompiers de la crise. Car, par delà la spéculation financière, la question des causes économiques structurelles qui en sont à l’origine est rarement posée.

Dans le cas de la Grèce, ce sont les dépenses pharaoniques engagées par ce pays pour les jeux olympiques (9 milliards d’euros selon un article du Figaro) aggravées par un énorme budget militaire causé par le vieux contentieux avec la Turquie. D’où un déficit public important (23 milliards d’euros) entraînant un endettement insupportable pour un petit pays. Mais d’autres pays européens sont aussi concernés par de tels déficits comme l’Angleterre (179 milliards) qui était jadis montré en exemple pour l’efficacité de son économie, suivie par la France (144 milliards). A l’origine de tels déficits, il y a souvent des programmes technologiques d’infrastructures de transport (autoroutes, LGV etc…), ou de grands aménagements urbains (Grand Paris et métropoles régionales) fondés sur l’idéologie de la performance qui, dans le cas d’un pays comme la France, sont aggravés par un budget militaire surdimensionné (force de frappe avec le laser mégajoule du CEA et présence dans plusieurs régions du monde). L’Europe, elle-même, a encouragé cet endettement par l’intervention des fonds structurels (FEDER, Fond de Cohésion) destinés à faire rattraper leur retard économique à un certain nombre de pays du sud comme l’Espagne et le Portugal. Elle est aussi engagée dans le financement du projet ITER, fondé sur l’utopie techno-scientifique d’une production d’énergie inépuisable, dont le budget a récemment explosé (15 milliards d’euros).

Cet endettement public se combine avec un endettement privé des ménages piégés par la surconsommation, mais également des entreprises auprès des banques d’affaires qui, elles mêmes, sont obligées d’emprunter auprès d’autres banques. De là résulte une pyramide de dettes fondée sur de l’argent virtuel et dont la solidité repose sur la confiance dans l’avenir, une croyance collective qui peut parfaitement s’effondrer d’un jour à l’autre, comme l’a parfaitement montré la crise des subprimes aux Etats-Unis en 2008. Pour alimenter cette confiance ébranlée par la défiance croissante des opinions en l’avenir, contrairement à la période des trente glorieuses, les Etats sont alors obligés d’injecter massivement d’énormes sommes d’argent (750 milliards d’euros alimentant un Fond Européen) pour pérenniser le système. Or en agissant ainsi, les Etats s’endettent bien sûr un plus pour alimenter une croissance  de plus en hypothétique. Le cercle vicieux est alors complètement bouclé par une accumulation les dettes au fil des ans pouvant provoquer un effondrement économique comme celui de Dubaï dont la tour inachevée de 1 km en est le symbole. C’est ainsi que la cigale se trouva fort dépourvue quand la bise fut venue !

A l’origine de cette situation pourtant prévisible, il y a la course à l’investissement, tant privé que public qui est au cœur de l’idéologie de la croissance. Alors que les dépenses de fonctionnement sont toujours Lire la suite

Crise écologique, énergétique et crise de civilisation sont étroitement liées

La MNE développe depuis juillet 2007 un projet de « mobilisation des associations environnementales d’Aquitaine ». Nous avons travaillé sur l’analyse qui guide ce projet. Il s’agit d’une position à un moment donné. Elle a vocation à être mise en débat et à évoluer dans le cadre d’une « démocratie participative écologique » à inventer.

La crise écologique : conséquences prévisibles et enjeu

Si l’on prolonge la courbe d’évolution de la température annuelle moyenne en France, nous arrivons d’ici 2100 à une augmentation d’environ 5°. Cinq degrés, en moins cette fois ci, c’est la température qui nous sépare de la dernière glaciation il y a 20 000 ans (un niveau des mers inférieur de 100 m, une agriculture impossible du fait des sols gelés, une population « française » de quelques dizaines de milliers de chasseurs de rennes…).

Les indicateurs environnementaux (réchauffement climatique, biodiversité, pollutions, ressources naturelles non renouvelables…) passent les uns après les autres au rouge. Au delà des conséquences environnementales, sociales et économiques prévisibles (catastrophes climatiques, réduction de la production agricole, pénurie d’eau potable, élévation du niveau des mers, afflux de réfugiés climatiques….) nous savons que les effets cumulés de changements continus dans l’environnement peuvent atteindre des seuils qui se traduisent par des changements brutaux et irréversibles.

Cette idée de point de basculement Lire la suite

Notre tâche centrale de survie pour les décennies à venir, en tant qu’individus et en tant qu’espèces, doit être de…

http://www.a-brest.net/rubrique62.html

a.brest.net, Christian Bucher, le 14 mai 2010

 » Notre tâche centrale de survie pour les décennies à venir, en tant qu’individus et en tant qu’espèces, doit être de faire une transition vers l’utilisation de combustibles fossiles – et pour ce faire, pacifiquement, de manière équitable, et aussi intelligemment que possible  » – Richard Heinberg

Le mouvement « Villes en Transition » provient du terme anglais : « Transition Town network ». Il est né d’une prise de conscience du pic pétrolier et du dérèglement climatique, de leurs profondes conséquences, et de l’urgence à agir localement.

Il a été développé en 2005 par les étudiants du cours de soutenabilité appliquée de l’université de Kinsale (Irlande), mais c’est en Grande-Bretagne, en septembre 2006, qu’il a été mis en œuvre la première fois dans la petite ville de Totnes.

Après avoir essaimé en Grande-Bretagne et en Irlande, le concept de transition town a fait des émules aux Etats Unis, en Nouvelle-Zélande, au Japon et au Chili. Des projets sont en gestation en France et en Italie. En Belgique aussi, Il y a aujourd’hui plus de 250 initiatives de Transition dans une quinzaine de pays (anglo-saxons pour la plupart) réunies dans le réseau de Transition (Transition Network).

En France, Bordeaux, Grenoble, Saint Quentin-en-Yvelynes, Salies-de-Béarn, Sucy-en-Brie, Trièves s’inscrivent dans la démarche, plusieurs centaines d’autres s’apprêtent à le faire…

Qu’est ce qu’une ville en transition ?

L’idée centrale des villes en transition, la résilience, est directement inspirée des écosystèmes naturels. En effet, ces derniers ont la propriété d’être stables, diversifiés, de consommer un minimum d’énergie, d’être autonomes (cycles fermés) et de ne pas produire de pollution (grâce à la forte interconnexion de ses éléments : les déchets d’un système sont utilisés par d’autres systèmes).

La spécificité des villes en transition réside dans le fait qu’elles émanent de la population et non des autorités.

Le concept a plutôt pour ambition d’assurer un rôle d’inspirateur, de facilitateur ou de coordinateur, et de fournir un « toit » commun à l’action des uns et des autres qui reconnaît les réalisations portées par d’autres (associations, Agenda 21, entreprises etc.) et s’articule complètement avec les mesures prises au niveau national ou international. C’est un cadre de travail cohérent, incitatif.

L’originalité réside aussi dans le fait que les crises sont vues comme des opportunités de changer radicalement la société actuelle.

La vision se veut optimiste. Même la question des moyens nécessaires est vécue sur un autre plan : Lire la suite

Vers la sobriété heureuse : interview exclusive de Pierre Rabhi pour la sortie de son livre

femininbio.com, Anne Ghesquière, le 30 avril 2010

Vers la sobriété heureuse : interview exclusive de Pierre Rabhi pour la sortie de son livre

A l’occasion de la sortie de son nouveau livre, Vers la sobriété heureuse, Pierre Rabhi a accepté de nous rencontrer pour nous parler de ce concept enthousiasmant, qu’il applique au quotidien depuis longtemps.

AG – Comment en êtes-vous venu à développer le concept de sobriété heureuse ?

C’est pour moi une conviction ancienne. Quand en 1961, j’ai choisi de partir vivre en Ardèche, c’était déjà une démarche de sobriété. Mais je ne m’en étais pas encore rendu compte. J’agissais naturellement, et la sobriété était en fait incluse dans ma démarche de retour à la terre. C’est pour moi une conviction extrêmement profonde que de vivre simplement pour jouir de la vie et de la nature. J’ai découvert ensuite la décroissance, et ça a été un déclic. La décroissance démontre que l’on court à notre perte puisque nous voulons l’illimité alors que nous vivons dans un système limité. La Terre n’est pas extensible. Il y a donc incompatibilité entre le système et les idées que l’on veut lui appliquer. Les gens ont mal compris la décroissance et pensaient qu’il s’agissait d’un retour en arrière. Pas du tout ! Mais pour présenter l’idée sous un angle plus optimiste, j’ai pensé à la notion de « sobriété heureuse ».

AG – En quoi consiste-t-elle ?

Regardez autour de vous : les gens ne sont pas heureux, car ils veulent avoir toujours plus. C’est le système actuel qui créé cet état permanent de manque. Je pars du principe qu’avec la surabondance, nous ne sommes pas heureux. Aujourd’hui, il y a une performance à réaliser : satisfaire à nos besoins par les moyens les plus simples et les plus sains.

AG – Comment est-ce possible dans une société où nous sommes assaillis par la publicité ?

Il faut être convaincu que dans la sobriété, on trouve la libération. La sobriété est une délivrance par rapport au toujours plus. Il faut que chacun comprenne par soi-même qu’on ne peut pas atteindre la satisfaction permanente puisqu’il est fait en sorte que l’on ne soit jamais satisfait. Aujourd’hui, le superflu est immense, et déséquilibre tout. La sobriété permet de le repérer et de s’en séparer. Je pense que la décroissance est en route, il faut l’accepter et la voir comme une chance.

AG – Quelle place consacrez-vous à la nature dans la quête du bonheur ?

La nature est fondamentale dans la quête du bonheur. Quand on parle de la nature, il faut toujours penser à soi, car l’homme est un mammifère et dépend de la nature. Donc, être attentif à soi, c’est déjà découvrir la nature.

AG – C’est donc par là qu’il faut commencer ?

Disons qu’il faut au moins prendre en compte le fait que l’on comprend la nature en comprenant son corps. Le corps humain est une merveille ! Pensez aux cinq sens, à tout ce Lire la suite

« Entre-deux-Mers 2030 : quel paysage et quel urbanisme voulons-nous ? »le Jeudi 20 mai à 20h30 au Centre Culturel de Créon

MNE Bordeaux-Aquitaine, communiqué, le 12 mai 2010

Le Comité de liaison de l’Entre-deux-Mers et la Maison de la Nature et de l’Environnement Bordeaux-Aquitaine, vous invitent dans le cadre de l’Université Populaire de l’Environnement, à participer à un cycle de deux conférences-débat sur le thème de « L’Entre-deux-Mers en 2030 ».

La deuxième de ces conférences-débat publique aura lieu : « Entre-deux-Mers 2030 : quel paysage et quel urbanisme voulons-nous ? »

Avec la participation de deux architectes bordelais spécialistes de l’éco-construction

Marc Lasaygues et Olivier Lehmans

La conférence débat sera précédée de la diffusion d’un film documentaire de Matthieu Lietaert « Vivre en co-habitat »

La première conférence « La construction du paysage et de l’urbanisme dans l’Entre-deux-Mers » a eu lieu le 25 mars à Créon avec la participation de Jean-Claude Hinnewinkel, professeur honoraire de géographie de l’Université de Bordeaux 3 et François Gondran, Directeur du service départemental de l’architecture et du patrimoine de la Gironde. Elle a été précédée de la diffusion d’un film documentaire de Pierre Pommier, « La vigne de Montgirard » qui évoque la vie au fil des jours au cours de l’année 1977 à Cénac, village de l’Entre-deux-Mers à l’est de Bordeaux.

Ville et humanité

En 1800, environ 3 % de la population mondiale vivait en ville, en 1900 près de 14 % et pour une population totale de 6,4 milliard d’urbains, on table sur 70 % en 2030. Avec l’usage intensif des ressources énergétiques fossiles et suivant la formule de l’historien Lewis Mumford, le monde entier est « devenu une ville », ou plutôt, une constellation en réseau de pôles urbains démesurés. Ils forment les nœuds de l’espace économique mondialisé, avec pour finalité l’accélération permanente de la production et de la consommation de biens et de services.

Nous habitons désormais des milieux artificiels, hypersophistiqués, enveloppés d’outils, de claviers, de rues et de places, de réseaux et d’écrans qui, petit à petit, effacent de nos perceptions la présence de la nature et la consistance réelle de la planète. Les relations entre pôles urbains sont devenues aujourd’hui plus déterminantes que les relations entre ces pôles et leurs arrières pays. Cette évolution est en train de faire disparaitre les circuits économiques entre la ville centre et sa campagne périphérique.

Le cocktail que constituent : croissance démographique exponentielle, concentration urbaine, environnement techno-scientifique de plus en plus complexe et fragile, fin de l’énergie bon marché et de nombreuses ressources naturelles, incapacité à contrôler le changement climatique, incapacité à résoudre les injustices sociales (nord/sud comme nord/nord), incapacité à repenser la relation homme/nature… ne comprend-il pas les ingrédients d’une crise écologique et sociale majeure, qui assombrit très sérieusement notre avenir commun ? Pour ne citer que des exemples récents, l’analyse des causes et/ou des conséquences de la tempête Xhyntia, de l’irruption de l’Eyjafjöll ou de la marée noire dans le golf du Mexique ne révèle-t-elle pas les limites de ce modèle de développement ? L’espèce humaine ne serait-elle qu’une espèce invasive tropicale en train de détruire sa niche écologique !?

Flux et reflux des modèles d’urbanisation

Dans l’ensemble que constitue l’agglomération bordelaise, le bassin d’Arcachon, le libournais, le langonnais et le Médoc, il y a ici comme sur tous les territoires plusieurs Lire la suite

Izon : Le naturel revient au galop

sudouest.com, Jean-François Harribey, le 6 mai 2010

Le naturel revient au galop

Le site d’Anglade exploité par la Cemex devient un parc écologique. Il ouvrira ses portes au public à compter du 1er janvier 2011 avec des vaches et des abeilles.

La dernière usine de la Cemex destinée à concasser la grave extraite du site d’Anglade est partie à la ferraille en juin 2009. À sa place, l’exploitant a créé une zone de hauts fonds qui va favoriser la biodiversité de la faune et de la flore. Ses roselières fourniront en quelque sorte le gîte et le couvert à des espèces aussi variées que le héron cendré et l’aigrette garzette, ou le blongios nain, le râle d’eau et la rousserolle effarvatte.

Autrement dit, la gravière qui était exploitée depuis une quinzaine d’années a cessé de livrer son granulat (entre 3 et 4 millions de tonnes). Et aujourd’hui, la nature reprend ses droits. Avec la complicité de l’exploitant et de la mairie qui ont décidé de transformer le site en parc écologique pour recevoir du public.

Plus de 40 hectares

« Le réaménagement du site a été pensé dès sa mise en exploitation », explique Vincent Raynaud, directeur environnement et foncier régional de la Cemex. C’est ainsi que les premiers lieux d’extraction ont donné naissance à l’étang de pêche de Mandron, aujourd’hui loué à Veolia transports. « Au départ, conformément aux accords liés à son exploitation, le site devait être réaménagé en base de loisirs. C’était la mode il y a une dizaine d’années », poursuit Vincent Arnaud. Et puis il y a eu le Grenelle de l’environnement, l’année de la biodiversité et le changement de municipalité en 2008. Le projet initial qui nécessitait la prise en compte d’importants frais de fonctionnement, d’une réglementation draconienne sur la qualité des eaux et des contraintes liées à la sécurité et à la surveillance, a peu à peu dérivé sur l’idée d’un réaménagement plus naturel des 40 hectares du site compris entre la Dordogne et le bourg.

Des radeaux à sternes

Christian Robin, l’adjoint en charge de l’environnement et du développement urbain, porte aujourd’hui le dossier élaboré en étroite concertation avec les élus du nouveau Conseil municipal qui ont fait de l’environnement une de leurs priorités du mandat. Un projet également porté par la Cemex à la recherche de nouvelles aires d’extraction et qui entend laisser une trace positive de son passage à Izon, et la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO Aquitaine) qui milite pour la sauvegarde de zones humides sur cet important couloir de migration. Rappelons que la Cemex a développé déjà avec le Muséum national d’histoire naturelle une méthode de suivi scientifique normalisé, dans le but d’évaluer statistiquement l’état initial et l’évolution des milieux, pendant et après l’exploitation de la carrière.

Outre la création de la zone de hauts fonds et de sa roselière, les aménagements en cours porteront sur Lire la suite

Hervé Kempf : La vraie dette

reporterre.net, Hervé Kempf, le 5 mai 2010

La vraie dette

Nouvelles en vrac. On apprenait, le 30 avril, que deux membres du peuple surayaku, au sud de l’Equateur, avaient été blessés par un groupe d’hommes armés – les Surayaku s’opposent à l’exploitation du pétrole sur leur territoire.

Le 30 avril, des manifestants ont protesté à Madrid devant le siège du géant pétrolier hispano-argentin Repsol-YPF contre son projet de prospection pétrolière en Amazonie péruvienne.

Le 5 mai, l’organisation Friends of the Earth (Les Amis de la Terre) publie un rapport montrant que les compagnies européennes investissent massivement dans l’exploitation des sables bitumineux au Canada et ailleurs ; ces sables contiennent du pétrole, dont l’extraction est particulièrement polluante et destructrice de l’environnement.

Le 29 avril, la Norvège et la Russie ont passé un accord sur leur frontière en mer de Barents, afin de faciliter l’exploitation du pétrole dans cette mer arctique.

Le 4 mai, une marée noire provoquée par l’explosion d’une plate-forme pétrolière, le 22 avril, continue à faire sentir ses effets catastrophiques dans le golfe du Mexique.

Que se passe-t-il ? Le pic pétrolier commence à se manifester et de plus en plus de pays producteurs voient diminuer le volume de pétrole qu’ils peuvent extraire de leur territoire. Mais la demande de pétrole se maintient. Alors on cherche du pétrole ailleurs : en Amazonie, sous les mers, en Arctique. C’est-à-dire dans des écosystèmes fragiles, et dans des conditions de plus en plus difficiles. Cela promet des destructions écologiques quasi certaines, sans pour autant garantir de repousser le pic pétrolier global très longtemps.

Trois possibilités s’ouvrent alors : on continue en se disant qu’on verra ce qui arrivera ; on parie que la fée technologie résoudra les problèmes, que nucléaire et éoliennes prendront le relais dans quelques décennies ; on s’organise pour réduire la demande. Le chroniqueur ne croit pas exagérer en estimant que cette dernière possibilité suscite assez peu d’intérêt. C’est pourtant la seule qui permettra d’éviter la grande crise, sachant que le temps est compté. Elle n’exclut pas la technologie, mais elle pose que l’enjeu principal est celui du changement des modes de vie.

Nous avons développé une dette écologique énorme. Pour tenter d’éviter l’épreuve de vérité, nous inventons des « actifs écologiques pourris » : exploitation pétrolière en Arctique et offshore profond, multiplication des déchets et des risques nucléaires, banalisation des environnements. Mais toutes les bulles explosent un jour. Il faut payer la dette, dit-on aux Grecs. Quand paierons-nous la dette Lire la suite

Biosphère INFO n° 241, urgence écologique, urgence démocratique

Biosphère INFO n° 241, urgence écologique, urgence démocratique

info à faire circuler sans modération

pour nous écrire, biosphere@ouvaton.org

Ecorev est une revue critique d’écologie politique qui mérite la lecture, d’autant plus que la multiplicité des intervenants permet toujours de trouver du grain à moudre. Voici quelques extraits du dernier numéro paru :

Bruno Latour : Remettre les non-humains au cœur de la politique

C’est quand la nature comme cadre extérieur a commencé à manquer, que l’écologie est devenue de plus en plus visible. L’idée que l’appel à la nature va simplifier ou réorienter la politique n’a donc pas grand sens. Mais par quelle étrangeté de l’histoire a-t-on pu penser que la politique, c’était une affaire d’humains entre eux, lorsque de tout  temps et dans tous les peuples on a toujours eu affaire simultanément aux humains et aux non-humains et que la politique a toujours été aussi une définition du cosmos, une façon de concevoir les liens entre les humains et les non-humains. Après Kyoto et maintenant Copenhague, tout le monde comprend maintenant que les non-humains sont entrés en politique par le truchement de leurs innombrables porte-parole.

Il faut bien comprendre cette idée de porte-parole : cela veut dire qu’il n’y a jamais de rapport simple et direct, mimétique entre celui qui parle et ce dont il parle. En politique classique, les humains parlent par l’intermédiaire de leurs représentants, directs ou indirects. Les scientifiques parlent pour les choses qu’ils sont chargés de représenter dans ces nombreux quasi-parlements qui se sont créés autour de tous les sujets de controverses – le climat, les antennes relais, les éoliennes, le thon rouge, le H1N1, les exemples ne manquent pas. Personne n’a jamais cru que quand les chercheurs disent « les faits parlent par eux-mêmes », ce soit littéralement vrai. Les faits parlent par leur intermédiaire, et les scientifiques sont souvent divisés. On est dans des parlements et c’est un peu la foire puisque tous les porte-parole disent ce que diraient les choses dont ils parlent si elles pouvaient parler !

Il faut donc repenser totalement la fonction politique pour retrouver des règles d’autorité, de procédure, de débats par lesquels nous pouvons décider, en fin de compte, dans quel monde commun nous voulons vivre. Il faut parvenir à clore les controverses tout en acceptant cette multiplication des porte-parole… la décision arrive à la fin, pas au début. Et même après, la discussion continue. Mais on a décidé et on doit pouvoir prendre des mesures, par exemple sur le réchauffement climatique.

Les systèmes autoritaires se préoccupent aussi peu des humains que des non-humains. La crainte d’un autoritarisme fondé sur l’écologie n’est agité que par ceux qui protègent leurs propres positions politiques de toute critique. Le danger ne serait réel que si les écologistes étaient liés à la Nature avec un grand N et qu’ils disaient : « La nature m’a parlé directement, elle veut ceci, donc faites-le ». mais la scène des controverses écologiques montrent exactement le contraire : c’est une extension formidable du « système délibératif » qui donne souvent le tournis. Il nous faut inventer les procédures, les instruments qui permettent de s’y orienter et de retrouver, en fin de compte, un principe d’autorité qui soit légitime.

Hervé Kempf : un capitalisme détaché de la démocratie

Afin de prévenir la réalisation de la catastrophe, Hans Jonas préconise de renoncer à la prospérité au bénéfice d’autres parties de l’humanité et d’adopter la fin nullement reluisante de l’auto modération de l’humanité. Comment, en démocratie, faire ce choix ? Des sacrifices ne sont imaginables que si l’on est inspiré par une vision du long terme. Jonas pensait que « seule une élite peut éthiquement et intellectuellement assumer la responsabilité pour l’avenir », mais il n’excluait pas l’option démocratique, à condition qu’elle soit animée par Lire la suite

Edgar Morin : « L’une des tragédies de l’Europe, c’est que les nations sont égocentriques »

latribune.fr, Propos recueillis par Robert Jules et Philippe Mabille, le 2 mai 2010

|Edgar Morin : « L’une des tragédies de l’Europe, c’est que les nations sont égocentriques »

Dans un grand entretien à lire ce lundi dans La Tribune, le sociologue et philosophe français Edgar Morin revient longuement sur la crise grecque et ses conséquences.

La Tribune : l’impuissance à apporter une solution au problème grec n’est-elle pas la démonstration d’une crise des finalités de l’Europe ?

Edgar Morin : La finalité première de l’Europe, c’était d’en finir avec les guerres suicidaires. Face à l’Union soviétique et ses satellites, il fallait créer et sauvegarder un espace de démocratie et de liberté. Donc, l’idée première était fondamentalement politique. Mais la résistance des Etats nationaux à abandonner une parcelle de souveraineté pour créer une entité politique supranationale a bloqué cette évolution. Dans les années 50, les grands courants économiques qui traversaient l’Europe occidentale ont permis de constituer une unité économique qui s’est achevé avec la constitution de l’euro. Mais sans aller au-delà. Nous avons payé cher cette débilité politique, par exemple avec la guerre de Yougoslavie. Et aujourd’hui, dans le cas de la Grèce, on mesure bien l’absence d’une autorité politique légitime. L’Europe est arrivée dans un état d’impuissance. Elle est paralysée par son élargissement et son approfondissement est bloqué par la crise actuelle.

La montée du nationalisme en Europe vous inquiète-t-elle ?

Avant même 2008-2009, il y avait déjà des poussées de nationalisme, certes limités à 10 ou 15% des voix, mais qui représentaient quelque chose de nouveau dans le paysage européen. Là-dessus s’est greffée la crise financière et économique, qui favorise ces tendances xénophobes ou racistes. L’Europe est arrivée à une situation « crisique » puisque pour la première fois, l’hypothèse que l’euro puisse être abandonné par un pays comme la Grèce a été émise, même si cela a été pour la rejeter. L’euro que l’on pensait institué de façon irréversible ne l’est pas. En fait, on ne sait pas très bien vers quoi le monde se dirige. Et, bien qu’il s’agisse d’une situation très différente de celle de 1929 ne serait ce que par le contexte européen, il ne faut pas oublier que c’est dans le pays le plus industrialisé d’Europe, l’Allemagne, qu’Hitler est arrivé légalement au pouvoir en 1933. Je ne veux pas dire que nous sommes condamnés à une troisième guerre mondiale, mais l’aggravation de la crise économique peut avoir des conséquences politiques et sociales extrêmement graves.

Quelle est la nature profonde de la crise que nous traversons ?

Par delà son déclenchement local, aux Etats-Unis, cette crise est liée à l’autonomisation du capitalisme financier, à l’ampleur de la spéculation, au recours de plus en plus important au crédit chez les classes moyennes appauvries, et aux excès d’un crédit incontrôlé. Mais la cause globale est l’absence de régulation du système économique mondial. Le règne du libéralisme économique est fondé sur la croyance que le marché possède en lui des pouvoirs d’autorégulation, et aussi des pouvoirs bénéfiques sur l’ensemble de la vie humaine et sociale. Mais le marché a toujours eu besoin de régulations externes dans le cadre des Etats nationaux. Après la mythologie du communisme salvateur, la mythologie du marché salvateur a produit des ravages, de nature différente, mais tout aussi dangereux.

Une autorité planétaire telle que le G20 apporte-t-elle la réponse ?

Nous sommes dans le paradoxe de la gestation d’une société monde où l’économie et les territoires sont reliés entre eux, mais pour qu’il y ait au-dessus de cela une autorité légitime, il faudrait qu’il y ait le sentiment d’une communauté de destin partagé. Pour des problèmes vitaux comme la biosphère, la prolifération des armes nucléaires ou l’économie, il n’y a pas de véritable régulation mondiale. Ce qui se passe dans l’économie est à l’image des autres débordements, des autres crises du monde. La crise économique n’est pas un phénomène isolé. Elle éclate au moment où nous vivons une crise écologique.

C’est une crise de civilisation ?

C’est une crise des civilisation traditionnelles, mais aussi de Lire la suite

Sondage 84,3 % des français concernés par les problèmes liés à l’écologie : Le Grenelle plébicité, pas les politiques

20minutes.fr, Charlotte Mannevy, le 3 mai 2010

Le Grenelle plébiscité, pas les politiques

L’écologie préoccupe les Français selon un sondage Obea-InfraForces./Idé

84,3 % des français concernés par les problèmes liés à l’écologie (29 % très concernés, 55,3 % assez concernés, 9 % pas tellement concernés et 6,5 % pas du tout concernés)

A propos du Grenelle de l’environnement, diriez-vous :

– C’était une bonne initiativeoui 84,1 % – non 11,4 %

– Il a apporté des solutions concrètes pour l’avenir – oui 35,2 % – non 57,5 %

– Il a permis aux français de prendre conscience des problèmes environnementaux – oui 68,5 % – 27,4 %

– Il a permis d’ouvrir le débat sur l’écologie – oui 76,8 % – non 18,6 %

– C’était une opération de communication du gouvernement – oui 68,5 % – 24,4 non %

– Je ne sais pas bien ce que c’est – 37,5 oui % – 60,6 non %

– Il n’a servi à rien – 31,4 oui % – 61,4 non %

Parmi ces personnalités quelle est la plus emblématique du Grenelle de l’environnement :

– Nicolas Hulot 65,2 %

– Jean-Louis Borloo 14,9 %

– Nicolas sarkozy 4,9 %

EXCLUSIF – Un sondage Obea-InfraForces pour «20 Minutes» et France Info sur l’environnement…

Bien, mais peut mieux faire. Selon un sondage Obea-InfraForces pour 20 Minutes et France Info, 84,3% des Français se disent concernés par les problèmes liés à l’écologie. Mais cette préoccupation ne serait pas suffisamment prise en compte par le gouvernement. La grande majorité des personnes interrogées (68%) estime en effet qu’«on n’en fait pas assez pour l’environnement».

Défiance

Un désaveu qui trouve sa source dans les déconvenues de ces derniers mois. Il y a d’abord eu, en décembre, l’échec retentissant du sommet de Copenhague sur le réchauffement climatique. Fin mars, c’est le président de la République qui marquait ses distances au Salon de l’agriculture: «L’environnement, ça commence à bien faire.» Enfin, le deuxième volet du Grenelle de l’environnement, présenté demain à l’Assemblée nationale (lire ci-dessous), prévoit un durcissement de la législation en matière d’énergie éolienne.

Du coup, si 84,1 % des Français estiment que le Grenelle était «une bonne initiative» qui a permis d’ouvrir le débat sur l’écologie, 57,5% considèrent qu’il n’a pas «apporté de solutions concrètes pour l’avenir». Ils sont même 68,5% a penser qu’il s’agissait avant tout Lire la suite

L’Europe épingle la chasse dans les sites Natura 2000

sudouest.fr, Jean-Michel Desplos, le 30 avril 2010

L’Europe épingle la chasse dans les sites Natura 2000

Un arrêt de la Cour de justice européenne condamne la France pour avoir affirmé que la pêche et la chasse n’étaient pas des activités perturbantes.

L’inquiétude est forte chez les chasseurs. Dans les assemblées générales des fédérations qui se tiennent partout en France, le sujet revient sur toutes les lèvres. La semaine dernière, les spécialistes de la chasse au gibier d’eau de la Gironde se sont réunis dans la commune du Porge pour dénoncer la décision des « cravatés » de Luxembourg, siège de la Cour de justice européenne. En ligne de mire, les magistrats de l’Union européenne qui, le 4 mars 2010, ont condamné la France pour manquement de la directive 92/43 CEE, dite « habitats, faune, flore » sur les zones classées Natura 2000.

L’arrêt a mis le feu aux poudres. Parmi les griefs soulevés, la Cour estime que la France a affirmé, de manière un peu trop formelle au regard du Code de l’environnement, que « la chasse et la pêche et les autres activités aquacoles et cynégétiques ne constituent pas des activités perturbantes ou ayant de tels effets ».

La France, épinglée, est considérée hors de l’esprit Natura 2000. La copie est donc à revoir urgemment. À ce jour, les chasseurs, comme les pêcheurs, craignent pour leur avenir. « Une interdiction de la pratique sur ces zones serait prise comme une déclaration de guerre contre la chasse mais aussi contre la biodiversité entretenue par tous les acteurs que sont les chasseurs », assure Henri Sabarot, président de la fédération départementale des chasseurs de la Gironde. « Nous tiendrons le porte-plume dans les comités de pilotage où sont établis les documents d’objectifs, les fameux Docob », confie Jésus Veiga, directeur de la fédération girondine. Une fois approuvés, les Docob orientent la gestion des sites par les représentants des collectivités territoriales pour une durée de trois ans.

Pas d’interdiction

« L’exécution de cet arrêt ne remet en cause ni la pratique de la chasse, ni celle de la pêche dans les sites Natura 2000, ni les modalités de gestion du réseau Natura 2000 », s’empresse de préciser Gilbert Tarozzi, chef du bureau des milieux naturels et de la biodiversité à la Direction départementale des territoires et de la mer à la préfecture des Landes.

Tous les préfets ont, en effet, reçu la semaine dernière une instruction ministérielle d’Odile Gauthier, directrice de l’eau et de la biodiversité, stipulant que « si l’exécution de l’arrêt de la Cour impose de supprimer la phrase litigieuse à l’article L. 414-1 du Code de l’environnement, elle ne conduira aucunement à interdire la pratique de la pêche et de la chasse dans les sites Natura 2000 ».

Une réflexion interministérielle est d’ailleurs menée depuis quelques jours, en concertation avec la Fédération nationale des chasseurs, afin de déterminer Lire la suite

Ville en transition, nouvelle initiative en Gironde

wikipedia.org, avril 2010

Ville en transition

(Une initiative de transition vient de débuter en Gironde, 2ème rencontre à la Maison de la nature et de l’environnement Bordeaux-Aquitaine 3 rue de Tauzia à Bordeaux le mardi 4 mai à 18h30. Il est proposé d’amener de quoi pique-niquer sur place. Ouvert à toutes et à tous.)

Une ville en transition est une ville dans laquelle se déroule une initiative de transition, c’est-à-dire un processus impliquant la communauté et visant à assurer la résilience (capacité à encaisser les crises économiques et/ou écologiques) de la ville face au double défi que représentent le pic pétrolier et le dérèglement climatique.

Ce processus a été développé en 2005 par les étudiants du cours de soutenabilité appliquée de l’université de Kinsale (Irlande) sous la direction de Rob Hopkins, formateur et enseignant en permaculture[1]. La première mise en application a été initiée en 2006 dans la ville de Totnes au Royaume Uni. Depuis, le mouvement est devenu international et compte plus de 150 initiatives officielles[2].

L’originalité du mouvement des initiatives de transition sur les mouvements écologistes ou sociaux existants tient en plusieurs points. Tout d’abord, la vision de l’avenir est résolument optimiste, et les crises sont vues comme des opportunités de changer radicalement la société actuelle. La deuxième originalité est que le mouvement concerne la communauté dans son ensemble car c’est cette dernière qui doit porter le changement. L’action ne doit pas exclusivement venir des gestes individuels quotidiens, ni des instances politiques via la législation. C’est pourquoi le mouvement des initiatives de transition est apolitique et ne choisit pas les confrontations (manifestations, …). Ensuite, le mouvement a développé une théorie psychologique inspirée de celle des traitements des dépendances toxicologiques pour tenter de traduire le désespoir ou le déni souvent consécutifs à la découverte du pic pétrolier et de notre dépendance au pétrole, en actions concrètes. Cette originalité semble à la source du succès que connait le mouvement des villes en transition[2], mais elle suscite aussi des critiques, notamment sur le manque d’engagement politique.

Le double défi du pic pétrolier et du dérèglement climatique [modifier]

Le pic pétrolier [modifier]

Article détaillé : Pic pétrolier.

Courbe théorique du pic de production

La notion de pic pétrolier n’exprime pas la fin des réserves de pétrole, mais traduit la fin du pétrole conventionnel bon marché. À l’échelle d’une région, la production de pétrole suit une courbe de distribution normale (voir le cycle d’exploitation d’un gisement), c’est-à-dire que la production croît rapidement, avant de s’infléchir, de passer par un plateau de production, pour suivre le mouvement inverse. Le pic pétrolier est la date à laquelle la courbe de production mondiale n’augmentera plus, traduisant le maximum de production atteint. À ce moment-là, et pour la première fois, la demande excèdera durablement la production, provoquant une hausse des prix qui s’intensifiera à mesure que la production décroîtra.

L’estimation de la date du pic pétrolier varie suivant les compagnies pétrolières, les institutions officielles et les associations d’étude du pic. Ces différences peuvent provenir d’une vision différente (vision économiciste dans laquelle la production suit la demande), d’une divergence sur la théorie (la notion même de pic pétrolier), de l’incertitude sur l’estimation de certaines données (les réserves sont des données géostratégiques) ou sur différents modes opératoires de calcul (prise en compte ou non du pétrole non conventionnel). De plus, la consommation, autre variable affectant le pic, est soumise à des évènements (externes ou issus de rétroactions), par exemple politiques ou économiques. Les différents pronostiques vont donc du déni d’un pic pétrolier pour l’OPEP[3], à l’horizon 2020 pour Lire la suite

Dominique Bourg : « La nature est devenue abstraite pour l’homme »

terra-economica.info, Karen Bastien, avril 2010

Dominique Bourg : « La nature est devenue abstraite pour l’homme »

Interview – SERIE : QUEL AVENIR POUR LA BIODIVERSITE ? 1/5

Cela fait 2 000 ans que l’homme croit vivre dans un immense décor, où il peut puiser sur les ressources naturelles sans compter. Le philosophe Dominique Bourg nous explique les origines religieuses et culturelles de cette relation distanciée entre l’homme et la nature.

Si l’on vous dit que vous faites partie intégrante de la biodiversité au même titre que l’oursin, le pivert, le poisson-lune, la hyène, le géranium ou l’ortie, ça vous chiffonne, n’est-ce pas ? Ne vous inquiétez pas, vous n’êtes pas le (la) seul(e). Cela fait plus de 2 000 ans que ça dure. La faute à l’Homo sapiens qui a toujours cherché à s’émanciper de la tutelle de la nature, en la dominant, en la domestiquant et en l’exploitant. L’homme a si bien réussi qu’il est aujourd’hui contraint de prendre en charge des régulations autrefois naturelles : tenir la comptabilité des gaz rejetés dans l’atmosphère, protéger la pureté des nappes phréatiques, sauvegarder des espèces animales et végétales… Il est devenu « comptable de ses propres conditions naturelles d’existence et du sort des générations futures », comme le souligne le philosophe Dominique Bourg. Comment en est-on arrivé là ? Réponses avec ce spécialiste des questions de philosophie politique et de durabilité, membre actif du comité de veille écologique de la Fondation Nicolas Hulot et ancien vice-président d’une commission du Grenelle de l’environnement.

Depuis janvier, la biodiversité agite colloques et sommets internationaux, s’invite à la une des journaux. Pourquoi faut-il décréter une année internationale pour s’intéresser à la nature ?

Car nous entretenons depuis longtemps une relation distanciée avec elle. Nous n’avons pas l’impression d’en dépendre, nous continuons à supporter l’image d’une nature décor. Ce n’est que lorsque le baril de pétrole atteindra des sommets ou que nous manquerons d’eau que nous réaliserons ce que signifie de piller les ressources naturelles. Les services écologiques que nous rendent les écosystèmes sont aujourd’hui dégradés pour 60 % d’entre eux. Et à consommation constante, les réserves connues d’or, d’argent et de palladium s’élèvent à une quinzaine d’années. Le mot « nature » est lui-même en crise. Que recouvre-t-il ? Le pétrole, l’eau, le renard, le changement climatique, la plage ? Dans nos têtes, c’est un kaléidoscope de tout cela. Des années de célébration comme 2010 ont le mérite de remettre cette nature au centre de nos préoccupations. C’est sûrement nécessaire car nous ne prenons jamais conscience des choses de façon progressive. Il faut choquer, bousculer. 

Selon les spécialistes, nous serions au tout début d’une extinction de masse provoquée par l’homme. Le taux d’extinction actuel est 10 000 fois supérieur au taux naturel. Mesurons-nous ce qui est en train de se dérouler ?

Difficile à dire car la nature est en partie devenue abstraite à nos yeux. Elle n’est plus de l’ordre du sensible. Nous sommes en effet incapables de percevoir par nos sens les grandes dégradations que nous lui infligeons, par exemple Lire la suite

Le réveil d’un volcan islandais : une poussière dans l’œil de la mondialisation et une occasion exceptionnelle pour la relocalisation !

mouvementutopia.org, communiqué, le 19 avril 2010

Le réveil d’un volcan islandais : une poussière dans l’œil de la mondialisation et une occasion exceptionnelle pour la relocalisation !

Un phénomène naturel aura montré la fragilité de l’organisation mondiale du système économique fondé sur les échanges internationaux.

Cette « crise » éphémère préfigure ce que nous promet la fragilité d’un système d’échanges reposant sur l’exploitation sans limite du pétrole, ressource naturelle pourtant limitée. Elle révèle une nouvelle fois l’aveuglement et le court termisme d’un modèle économique mondialisé dont le seul moteur est le profit immédiat en même temps qu’elle nous donne à réfléchir sur le sens de cette organisation productiviste.

Fabriquer et produire loin au moindre coût, dans un système d’échange fondé sur la délocalisation,  n’est possible qu’en sous évaluant le coût réel et global du transport, et en exploitant le déséquilibre économique et social entre pays producteur et pays consommateur.

Une part importante des échanges internationaux se fait par voie aérienne.

Il s’agit principalement des produits à forte obsolescence : les fruits, les légumes, les fleurs…

Sous l’effet de la suie, les roses et les haricots verts devront patienter au Kénya avant de retrouver nos étals de marchés.

Les conséquences mondiales d’un tel système sont désastreuses !

La délocalisation a totalement déstructuré les économies locales. Au delà de la casse industrielle dont sont victimes les ouvriers des bassins de production, elle est à l’origine de la paupérisation des peuples du sud privés volontairement de leurs moyens de subsistance.

70% des habitants de bidonvilles péri-urbains sont d’anciens paysans qui forment la masse corvéable des nouvelles usines ou champs de production agricoles du monde.

Plus, plus loin, moins cher, plus souvent, plus vite !

Un nuage de suie et ce sont plus de 16.000 vols qui sont annulés et 7 millions de passagers bloqués.

200 millions de dollars de pertes journalières pour les compagnies aériennes, et aussitôt une demande de soutien public autorisée par l’union européenne ! Face à ce constat nous ne soutiendrons pas les amoureux des safaris et autres plages exotiques qui auront dû « patienter » quelques jours avant de retrouver le soleil printanier de l’Europe. Un comble pour ces inconditionnels du consommer vite, loin, pas cher !

Cette logique est celle d’un système de croissance économique reposant sur la consommation et l’assouvissement immédiat de « désirs » devenus des « besoins » pour le seul bénéfice immédiat d’une minorité.

Ce volcan islandais pourrait ainsi être un bon augure.

Au delà du signal pédagogique qui préfigure l’ère de l’après pétrole, la pollution induite par ce phénomène naturel sera Lire la suite

« No impact man » de Colin Beavan est un livre qui pose au fond le problème de l’articulation entre comportement individuel et décision collective

Biosphère – INFO n° 240 : « No impact man »

Contact : biosphere@ouvaton.org

No impact man de Colin Beavan est un livre qui pose au fond le problème de l’articulation entre comportement individuel et décision collective. Ces deux aspects sont absolument complémentaires d’autant plus que nous agissons par mimétisme ou interaction spéculaire : tu fais parce que je fais parce que nous faisons tous. Colin Beaval espère une « réaction en chaîne » : plus nous serons nombreux à imiter le no impact man, plus la nécessité de faire de même se répandra dans la société. Mais dans une société bercée par le confort  et la sidération des masses, il n’est pas évident aujourd’hui de se diriger vers la simplicité volontaire et le refus de l’ascenseur quand il faut grimper 9 étages.

Pourtant, c’est possible, et la réduction des ressources naturelles nous incitera de toute façon à limiter notre empreinte écologique. Sauf régime autoritaire et inégalitaire, les politiques suivront alors l’exemple des objecteurs de croissance et seront eux-mêmes en nombre croissant à modifier leur mode de vie…

Voici quelques extraits du livre :

1/7) introduction

Pendant un an (en 2007), ma femme Michelle, ma fille Isabella et moi, qui habitons en plein cœur de New York, avons essayé de vivre sans causer d’impact sur l’environnement. Autrement dit, nous avons fait de notre mieux pour éviter de produire des déchets (finis les plats à emporter), réduire nos émissions de dioxyde de carbone (finis la voiture et l’avion), ne plus rejeter de substances toxiques dans l’eau (fini les détergents), arrêter d’acheter des denrées de contrées lointaines (finis les fruits de Nouvelle-Zélande). Evidemment, finis aussi : l’ascenseur, les aliments conditionnés, le plastique, la climatisation, la télé, les articles neufs…

Je n’avais pas l’intention de faire dans la demi-mesure, de me contenter d’utiliser des ampoules basse consommation ou de recycler à tout-va. L’idée était d’aller aussi loin que possible, d’atteindre le zéro impact environnemental. Je visais non seulement le zéro carbone mais aussi le zéro déchet, zéro pollution dans l’air, zéro toxine dans l’eau, zéro ressource pompée à la planète. Je ne voulais aucune empreinte écologique. J’avais décidé de contrebalancer tout impact négatif par un impact positif. J’avais conscience que ce serait dur. J’ai donc décidé que nous procéderions par étapes. Je ne tenais pas à ce que ma femme et ma fille me quittent. Mais en faisant du mal à ma famille pour ne pas faire du mal à la planète, j’ai mis le doigt sur des choses importantes.

2/7) les raisons d’un engagement

– Dans notre société, il est quasiment impossible d’assouvir ses besoins sans laisser derrière soir une traînée de détritus, de pollution et de gaz à effet de serre. Le jour où la planète ne pourra plus nous offrir cette abondance de ressources, l’humanité tout entière devra faire preuve d’une abstinence surhumaine.

– Evidemment que les Américains achètent des voitures ! L’industrie automobile a fait en sorte que Lire la suite

Stephane Foucart dans Le Monde : Qui finance le climato-scepticisme ?

lemonde.fr, Stéphane Foucart, le 19 avril 2010

Qui finance le climato-scepticisme ?

Washington Envoyé spécial

En 2009, le lobbying des entreprises américaines pour peser sur le projet de loi climat-énergie – aujourd’hui moribond, selon une majorité d’observateurs – a battu tous les records. C’est la conclusion d’analyses indépendantes du Center for Public Integrity (CPI) et du Center for Responsive Politics (CRP), qui fondent leurs travaux sur les chiffres officiels du secteur privé américain. Sur le dossier climatique, ce dernier exerce une influence sur les opinions publiques en finançant des think tanks qui combattent l’idée d’une responsabilité humaine au réchauffement.

LES DÉPENSES DE LOBBYING SUR LE CLIMAT ONT AUGMENTÉ DE 400 %

Le lobbying est très réglementé aux Etats-Unis. Toute organisation, association ou entreprise doit déclarer, chaque trimestre, les sommes qu’elle investit dans les cabinets de lobbyisme pour faire valoir ses points de vue auprès des parlementaires. « Elles doivent aussi déclarer les sujets sur lesquels elles font du lobbying, mais n’ont pas d’obligation d’attribuer une somme précise à chacun de ces sujets, explique Kate Willson, enquêtrice au CPI. Il est donc difficile d’évaluer l’ampleur du lobbying spécifiquement dédié à la question climatique. En prenant une option basse, c’est-à-dire en considérant que le lobbying climatique ne représente que 10 % de l’ensemble des sommes dépensées par des entreprises ayant déclaré faire du lobbying sur le sujet du climat, nous parvenons à une estimation d’environ 90 millions de dollars [67 millions d’euros] spécifiquement dépensés en 2009 sur le climat. Avec une forte accélération au dernier trimestre, au cours duquel environ 30 millions de dollars ont été dépensés selon ce calcul. » Selon les estimations du CPI, l’activité de lobbying sur le dossier climatique a augmenté, aux Etats-Unis, de près de 400 % au cours des six dernières années.

Cette tendance est aussi mesurable, selon David Levinthal, analyste au CRP, à l’explosion du lobbying pratiqué par les producteurs d’énergie fossile, qui seraient les plus touchés par une loi réglementant les émissions. « Par exemple, Exxon dépensait, il y a encore quelques années, entre 6 et 7 millions de dollars par an en lobbying, dit M. Levinthal. Ils ont dépensé entre 25 et 30 millions en 2008 et 2009. Tout n’a pas été consacré au climat, mais cela donne une idée. » En moyenne, sur la période 1998-2009, Exxon arrive à la neuvième place des plus gros lobbyistes ; sur la période 2008-2009, il est deuxième. « En 2009, il y a quatre producteurs d’énergies fossiles – BP, ConocoPhillips, Chevron et Exxon – dans les vingt entreprises américaines les plus dépensières en matière de lobbying« , résume M. Levinthal.

Le lobby des énergies renouvelables – éolien, solaire, ONG, etc. – a aussi accru ses dépenses ces deux dernières années. « Mais les lobbyistes qui travaillent pour les industriels émetteurs de carbone sont à huit contre un, si on les compare à ceux des énergies renouvelables, des ONG, etc. », dit David Kaplan, directeur éditorial du CPI.

SEMER LE DOUTE SUR LA CLIMATOLOGIE

Si elle passe par le Congrès, la lutte d’influences autour du changement climatique se joue aussi dans l’opinion. Cette bataille-là, assure Kert Davies, directeur des recherches de la branche américaine de Greenpeace, « remonte à plus de vingt ans ». M. Davies cite, entre autres, un célèbre mémo révélé en 1998 par le New York Times. Le texte exposait un plan de communication établi par des responsables de géants des énergies fossiles (Exxon, Chevron, Southern Co.) et de think tanks conservateurs (George C. Marshall Institute, Frontiers of Freedom, Advancement of Sound Science Coalition, etc.). « La victoire sera complète », détaillait le document, quand « les citoyens moyens « comprendront » [reconnaîtront] les incertitudes de la science climatique », ou encore quand « la couverture des médias » admettra « la validité des points de vue qui vont à l’encontre de l’actuelle « sagesse conventionnelle » » en science climatique…

EXXON TANCÉ PAR L’ACADÉMIE DES SCIENCES BRITANNIQUE

Selon M. Davies, le « climategate » – le piratage et l’exposition sur Internet, fin novembre 2009, de courriels embarrassants échangés entre plusieurs chercheurs – est le dernier événement de cette Lire la suite

Bilan 2009 de Université populaire de l’environnement – Université nomade d’Aquitaine de la Maison de la nature et de l’environnement Bordeaux-Aquitaine

MNE Bordeaux-Aquitaine, Communiqué, le 19 avril 2010

Bilan 2009 de Université populaire de l’environnement – Université nomade d’Aquitaine de la Maison de la nature et de l’environnement Bordeaux-Aquitaine

I. L’Université nomade d’Aquitaine

1.) 15 janvier – Une conférence-débat à l’IJBA (Institut de journalisme de Bordeaux) [150 participants] avec Marie Monique Robin, journaliste, cinéaste et écrivain sur le thème de « Ecologie et journalisme d’investigation » en partenariat avec Greenpeace Bordeaux et une diffusion du documentaire « Le Monde selon Monsanto » au cinéma l’Utopia de Bordeaux [180 participants] suivi d’un débat avec MM Robin

2.) 4 février et 4 mars – Deux ateliers pratiques écolo au Jardin botanique de Bordeaux [55 participants] sur le thème « Ecologie et numérique » avec Michel Lesbats, enseignant chercheur en biologie, et Anne-Sophie Novel, doctorante en économie politique

3.) 3 avril – Une conférence-débat au cinéma le Festival à Bègles [80 participants] en partenariat avec la municipalité sur le thème « L’homme a-t-il perdu le lien avec la nature ? » avec 4 universitaires : Dominique Prost, Enseignante-chercheuse en géographie, Martine Alcorta, enseignante-chercheuse en psychologie, Charlie Grandjeat, enseignant-chercheur en littérature nord-américaine et Catherine Thomas, enseignante-chercheuse en océanographie

4.) 20 mars, 10 et 24 avril Trois conférences-débats à Cap-Sciences Bordeaux « Changements climatiques et énergie » [80 participants] :

« Le changement climatique : pas plus de 2° C », par Jean-Yves Rossignol, Ingénieur-consultant

« Les énergies : une division par 4 d’ici 2050 », par Gilles Drogou des Amis de la terre

« Crise climatique et énergétique : la taxe carbone peut-elle être une réponse appropriée ? », par Jean Sireyjol, association TACA

5.) 16 mai – Une conférence débat à Mérignac sur le thème « Environnement et nouvelles solidarités » [50 participants] en partenariat avec les associations des Amis Aquitains des semaines sociales de France et Pratiques et dialogues. Après une présentation des enjeux climatiques, énergétiques, écologiques et sociaux par Jean-Yves Rossignol, 4 ateliers ont travaillés sur les thèmes de agriculture / consommation, énergie/habitat, déplacements et formation/insertion avant une restitution des ateliers

6.) Quinze émissions de radio sur la Clé des ondes en partenariat avec Chiche ! Bordeaux [ 3 000 auditeurs cumulés estimés] :

La MNE Bx Aquitaine

AutoCool/L’autopartage

TACA/Changement climatique et taxe carbone

Greenpeace et Vigilance OGM/Les OGM

Droits du piéton 33/Journée de la courtoisie

CATA/Projet collectif d’achat de terre agricole

Débat Ecologie et libertés publiques

Maisons paysannes 33/L’habitat rural

Vélo Cité/Jeu concours mes courses à vélo

Récup’R/Projet de recyclerie / ressourcerie

ICARE/Le jardin d’inspiration médiévale de Gradignan

H’Nord/Le projet d’Ecoquartier de Bordeaux Bacalan

Séphir/La barre d’outil Ecolo-info

SEPANSO 33/Les nouveaux OGM

L’agenda 21 des familles de Bordeaux

7.)1er avril, 6 mai, 3 juin et 1er juillet – Quatre cours au Jardin botanique de Bordeaux « Petite écologie de l’homme et de ses techniques »  [80 participants] avec Michel Lesbats

La main de l’Homme et ses techniques – Evolution des risques techniques de l’Homme préhistorique à nos jours

Autopsie d’un accident / Les mots des maux, les mots du risque – Définitions et polysémie des termes du domaine des risques d’origine technique

Citoyenneté et culture du risque – La participation des citoyens à la Gestion des risques techniques

Table ronde et débat sur la concertation et la démocratie écologique : « Echanges entre les acteurs locaux du Grenelle » suivi d’un Apéros’Ecolos (ex GreenDrinks)

8.) 16 au 25 mai – Sept conférences-débats lors du Salon de l’environnement de Bordeaux [150 participants] :

Au fil des Séounes/Abeilles et frelons asiatiques

CREAQ/Les aides à l’éco-habitat (2 interventions)

AutoCool/L’auto-partage

Achillée et ciboulette/Le compost

Achillée et ciboulette/Le purin d’ortie

Le collectif réduisons nos déchets en Aquitaine/La prévention des déchets

La MNE Bordeaux-Aquitaine/L’Université populaire de l’environnement

9.) 27 mai –  Une conférence-débat à l’IJBA « Quelle Europe pour la planète ? » [50 participants] avec les représentants des principales listes aux Européennes : Europe écologie, Front de gauche, NPA, PS et UMP/NC (Le Modem n’avait pas répondu à l’invitation)

10.) 27 et 28 juin – Deux conférences-débats à Nérigean (Libournais) dans le cadre du marché paysan du Château  Fourton-La Garenne (vignoble en maraîchage biologique) [55 participants]

« Libournais 2020 : quelle agriculture et quelle alimentation voulons-nous ? » avec Philippe Roudié – Professeur émérite de géographie et Jean-Pierre Leroy – Syndicaliste – Confédération paysanne

« Crises climatique, écologique, énergétique… quel rôle pour les associations environnementales ? » avec CATA, Achillée et ciboulette, Auto Cool et la MNE Bordeaux-Aquitaine

11.) Du 24 septembre au 4 novembre, mise en place d’un « module d’appui au développement associatif et aux porteurs de projets », premier cours le jeudi 24 septembre à 18h15 à la MNE Bordeaux-Aquitaine : « Le suivi évaluation dans les projets associatifs ». 5 cours du jeudi 1er octobre au mercredi 4 novembre à 18h30 à l’Athénée : « L’amélioration des moyens de communication des associations ». Ouvert à tous et gratuit, sur réservation.

12.) Du vendredi 25 au dimanche 27 septembre, Salon Viv’Expo à Bordeaux Lac avec des conférences-débat et la participation de nombreuses associations environnementales : AutoCool, Greenpeace, H’Nord, ICARE/Jardin de Pierral, MNE Bordeaux-aquitaine, Réseau des mille-pattes, SEPANSO, Solar Rives de Garonne/Ecocentre de Gironde, Surfrider Foundation…

13.) 7 et 15 octobre et 4 novembre à l’Université Bordeaux 2 Victoire amphithéâtre Pitres – « Crise climatique, énergétique, écologique…, état des lieux » avec Gilbert Haumont, universitaire, « Les énergies : une division par 4 d’ici 2050 » avec Gilles Drogou des Amis de la terre et « Vers une révolution des transports » avec Simon Charbonneau, Universitaire

14.) Le vendredi 9 octobre à 21h00, Salle du Foyer Municipal d’Arbis (7 km de Targon), « Crise climatique, écologique et des ressources naturelles : quelles conséquences pour l’Entre-deux-Mers ? » avec Gilbert Haumont, enseignant à la Faculté  de Pharmacie de l’Université de Bordeaux 2. Manifestation dans le cadre du Colloque 12 « De Benauge à Verdelais » organisée par les Amis du château de Benauge, l’Association des Amis du Musée de l’Art Religieux de Verdelais et le Comité de liaison de l’Entre-deux-Mers (CLEM) à Arbis, Benauge et Verdelais les 9, 10 et 11 octobre 2009

15.) Lundi 16 novembre – Conférence débat avec diffusion du film documentaire Live-bicycle sur « La mobilité urbaine » organisée par le PUMA (Pôle alternatif des Mobilités urbaines) : Vélo Cité, AutoCool, Droits du piéton 33, AIR…à l’Université Bordeaux 2 Victoire amphithéâtre Pitres

16.) Début 2010 une conférence débat sur « La transition » à la Communauté urbaine de Bordeaux jeudi 11 mars avec Pierre Radanne et Simon Charbonneau, deux conférences débat sur « Urbanisme, paysage, architecture dans l’Entre-deux-Mers… » la première à Créon le jeudi 25 mars, un Concert pour le climat à Bègles le jeudi 1er avril et une conférence sur « Climat et viticulture » à Montagne-Saint-Emilion le jeudi 6 mai

II. Soutien de l’UPE aux actions d’adhérents de la MNE et de partenaires

Du 12 au 27 septembre : Quinzaine de l’écologie en Agenais, Samedi 12 à 20h30  « Mieux comprendre les OGM » par Christian Vélot, Dimanche 13  à 10h30 « De jardin en jardin », Mercredi 16 à 20h00 « Nos enfants nous accuseront » Ciné/ débat, Vendredi 18 à 20h00 « Les papillons, indicateurs de bonne santé écologique », Dimanche 20 à partir de 8h30 « Ecorurale des Séounes » à la Sauvetat de Savères, Mercredi 23  à 19h30 « La taxe carbone » Conférence-débat avec TACA et Dimanche 27 à 14h00 « Visite d’une maison écolo » à Pennes d’Agenais.

Le mercredi 16 septembre à 19h30, Conférence-débat avec Hervé Le Treut, membre du GIEC, à l’Athénée municipale de Bordeaux organisée à l’occasion des 40 ans de la SEPANSO Aquitaine.

Du 28 septembre au 2 octobre 2009 « Stage chaux » et du 16 au 20 novembre « Formation à la restauration écologique dans le bâtiment ancien » organisé par l’Ecocentre de Gironde à Toulenne près de Langon.

Le vendredi 2 octobre manifestation du Collectif 33 Copenhague 09 à la gare Saint Jean de Bordeaux

Le dimanche 4 octobre « Picnic sans carbone » à partir de 12h sur les quais au Parc des Sports en face de St Michel (à coté du Pont de Pierre). Ce picnic doit nous permettre de rassembler le plus grand nombre de citoyens désireux d’agir pour protéger le climat. Ceux qui aiment Taca viendront en vélo et les rangeront en forme de 3 5 0 pour la traditionnelle photo, et cette fois nous l’espérons, l’objectif atteint de 350 vélos. Nous souhaitons organiser des vélo-bus, regroupement de cyclistes pédalant ensemble, convergeant  le dimanche matin depuis les 27 communes de la CUB vers le lieu du picnic à coté du Pont de Pierre.

Samedi 24 octobre – Manifestation du Collectif Copenhague au lion bleu sur la rive droite « 350 idées pour la planète »

Le vendredi 6 novembre un film-débat à l’Utopia de Bordeaux « Le syndrome du Titanic » de Nicolas Hulot avec le Collectif associatif Gironde Copenhague 09

Jeudi 10 décembre à 19h00 à l’Athénée municipal de Bordeaux avec la Confédération Paysanne de Gironde Conférence-Débat sur le thème : Agriculture et changement climatique. Comment assurer une production agricole répondant aux besoins des populations, dans un climat bouleversé,  tout en minorant radicalement les dégagements de gaz à effet de serre ?

samedi 12 décembre – Manifestation « Ni nucléaire, ni effet de serre » de 11h00 à 12h00 au miroir d’eau sur les quais face à la Bourse à Bordeaux avec TchernoBlaye, à partir de 12h00 déambulation festive dans Bordeaux avec une Batucada, musique brésilienne, tout le monde habillé en bleu, avec chapeau et lunette de soleil, vers 14h00 arrivée de la vague bleue au grand théâtre, place de la comédie, ou l’association TACA sera présente du samedi de midi à minuit. Veillée climatique sur place : amenez des pots de yaourts en verre peints en bleu pour poser des loupiotes (fournies par TACA), musiciens et chanteurs bienvenus pour réchauffer ceux qui vont veiller pour le climat sur les marches du théâtre comme beaucoup d’autres groupes à travers le monde (350.org, tck tck tck, …). A 19h regroupement des jeûneurs volontaires en soutien des militants de Climate Justice Fast en grève de la faim pour le Climat depuis le 6 novembre.

II. Le blog de la MNE https://mneaquitaine.wordpress.com/

Il fonctionne depuis août 2008 et propose 2 200 articles et 230 adresses de Sites Internet et de blogs dont 120 Aquitains

En 20 mois, près de 300 000 pages ont été consultées par environ 120 000 visiteurs, nous estimons qu’environ 50 % des visiteurs sont Aquitains.

1. TOP 25 des articles depuis 20 mois

Thermographie aérienne infrarouge de la CUB                                10 351

Le tracé sud de la future LGV Bordeaux –                                        10 273

Thermographie aérienne des 27 communes de la CUB                 9 199

La MNE Bordeaux-Aquitaine                                                             7 894

Ligne grande vitesse en 33, 40, 47 et 64                                          4 277

Communauté urbaine de Bordeaux : Isolez                                                 2 630

Langon : ouverture d’un supermarché bio                                        2 549

Centrales photovoltaïques au sol : la crainte de la trame grise       1 998

PAC : La France redistribue et dévoile les aides                             1 679

Appel à la création d’une ressourcerie /                                           1 647

Eco-PTZ : l’éco-prêt à taux zéro pour éc                                         1 499

La grande distribution s’empare du commerce équitable                1 367

Liste des 12 marchés bio et 78 magasins bio d’aquitaine              1 193

EnR : développement de l’énergie solaire                                        1 176

UPE – L’Université nomade d’Aquitaine                                            1 148

Formation à l’agroécologie en Ardèche av                                                   1 065

Eco-prêt à taux zéro et crédit d’impôt «                                             1 051

NON aux LGV Bordeaux-Toulouse et Bordeau                                1 020

Recycleries & Ressourceries : réseau                                            985

« Home » : Yann Arthus-Bertrand rend-il tr                              944

Soustons (40) : Une ferme photovoltaïque                                       904

Huitres du bassin : Du test de la souris                                            848

Bon ap’ avec l’Amap de Mérignac                                                    834

Transports de la CUB : Keolis préféré à                                          779

Toilettes sèches : soulagez l’environnem                                        747

2. Visite sur les sites et blogs des adhérents depuis le blog MNE depuis 20 mois

colibri33.fr                                                      429

collectif.terres.free.fr                                     427

maisons-paysannes.org                                418

recupr.org                                                      383

pagesperso-orange.fr/federation.sepan…    374

creaq.org                                                       284

lesptitsgratteurs.blogspot.com                      278

asso.burdivega.free.fr                                   269

itinerancesculturelles.asso.fr                        262

greenpeace.org/france                                  252

collectif-dechets-girondin.com                      246

sephir.org                                                      201

belcier.eco.quartier.free.fr/sommaire…        177

hnord.org/doku.php                                       169

velo-cite.org                                                   161

taca.asso-web.com                                      147

aramaquitaine.fr                                            141

autocool.fr1                                                    139

La Lettre Nature Humaine n°7, revue d’écologie et de sciences humaines, vient de sortir

nature-humaine.fr, avril 2010

La Lettre Nature Humaine n°7, revue d’écologie et de sciences humaines, vient de sortir.

Elle est téléchargeable gratuitement sur www.nature-humaine.fr/archives.

Au programme :

L’écologie, le temps et l’urgence.

– Le vécu du temps, cause et solution de la crise écologique.

– Aspects pratiques du changement de sa perception temporelle.

– Un autre regard sur le temps – perception des Indiens Kogis.

– Agir pour l’environnement – mieux gérer son temps et concilier ses priorités.

Du nouveau pour Nature Humaine en 2010 : moins d’écriture et plus de terrain. La Lettre fait une pause, et reprendra sous un autre format qui sera déterminé dans les prochains mois. Elle nécessite 1 mois de travail et doit donc se faire plus légère pour son auteure principale (Séverine Millet).

Ensuite, avec le soutien de la Région Rhône-Alpes, Nature Humaine va réaliser une enquête auprès des acteurs de protection de l’environnement et du DD de la région afin de connaitre Lire la suite

Simon Charbonneau : Y a-t-il encore un avenir humain possible ?

mediapart.fr, N. Fabre, le 16 Avril 2010

Edition : Le Parlement du Futur

Y a-t-il encore un avenir humain possible ?

Un taux d’abstention-record (53,6%) au premier tour des élections régionales de mars dernier. Des militants écologistes déçus après l’échec du somment de Copenhague. Des professions en grève, pour dénoncer des conditions de travail difficiles. Les signaux de malaise social ne sont pas nouveaux : déjà, le 20 février dernier, le médiateur de la République Jean-Paul Delevoye dénonçait dans son rapport « l’usure psychologique » de la société, ballottée par d’incessants changements censés l’avantager. Aujourd’hui, Simon Charbonneau, spécialiste en droit de l’environnement, militant associatif à Bordeaux et défenseur du mouvement pour la décroissance, nous livre ses analyses de la situation.

Comment percevez-vous le sentiment actuel de « malaise social » ?

Il y a un désarroi complet des gens face à l’accumulation des questions posées par le développement : la multiplication des catastrophes écologiques et sociales a conduit à l’effondrement de l’idéologie du progrès. Aujourd’hui, nous nous retrouvons avec l’héritage des Trente glorieuses et le sentiment que « la kermesse est finie » : les gens se rendent compte que les discours optimistes concernant l’avenir ne tiennent plus.

Le problème, c’est que cette angoisse de l’avenir ne trouve aucune réponse politique : les personnes qui nous dirigent continuent à pratiquer la politique du déni, en refusant de se poser les questions de fond, comme celle du bien-fondé des développements. En fait, il y a un décalage complet entre les préoccupations de la population et les discours tenus par l’oligarchie au pouvoir. Les politiques, complètement azimutés et perdus, continuent à appliquer de vieilles recettes inadaptées, faute de vouloir regarder en face les problèmes.

Et vous, comment percevez-vous l’avenir ?

Pour moi, aucun doute, nous allons droit dans le mur : on a mis en marche une machine infernale que l’on est incapable de maîtriser et aujourd’hui on laisse le système aller jusqu’au bout de sa logique absurde et destructrice. Le programme de ligne à grande vitesse à Bordeaux illustre bien cette absurdité : on met en place un programme qui aura un impact écologique considérable et impliquera un endettement important, pour des gains de temps assez ridicules (passer de plus de 200 Km/h à 350 Km/h). Ce projet est typique de l’attitude du « toujours plus » de nos politiques, qui refusent de se poser la question des multiples limites : financières, sociales, écologiques. Cette attitude, focalisée sur le court-terme, est dangereuse, car c’est comme si le cycliste conduisait en regardant uniquement sa roue avant, sans voir venir les obstacles… Cette logique de fuite en avant ne mène à aucun avenir humain. A terme, avec l’accumulation des problèmes, nous risquons d’assister à une implosion différée du système.

Les politiques sont-ils les seuls responsables de cette situation ?

La responsabilité est aussi du côté des intellectuels, car il y a aujourd’hui un déficit de pensée : il manque d’intellectuels pour Lire la suite

Serge Orru – L’écologie va réinventer la politique et la politique va réinitialiser l’écologie.

lexpress.fr, Serge Orru, le 6 avril 2010

Flagrant état d’hybridité de l’écologie avec la politique

L’écologie va réinventer la politique et la politique va réinitialiser l’écologie.

La chronique de Serge Orru, du WWF.

Autrefois dédaignée et souvent raillée, l’écologie est aujourd’hui un argument électoral, un véritable sujet de société. L’écologie atterrit en politique et se retrouve tant aimée ou vilipendée. Elle butine à gauche, elle butine au centre et butine à droite. Elle est verte, rose, bleue. Chaque parti politique offre opportunément ses arguments environnementaux. Mais pourquoi ne reste-t-elle encore qu’une simple variable d’ajustement dans une France qui se hâte lentement vers sa transformation verte. L’écologie ne peut rester en ballottage car elle est la problématique d’émancipation de l’homme au XXIe siècle.

L’actualité montre que la politique et l’économie se sont engouffrées dans l’écologie. Car c’est un atout pour gagner des voix en proposant la prospérité verte.

L’écologie non politique, celle des naturalistes, ne dérange guère de monde, et est hélas ignorée. On aime les baleines et les pandas, mais dès que l’on évoque les émissions de gaz à effet de serre, les déchets nucléaires, les OGM, les incinérateurs, le tout-routier, l’agriculture intensive et ses pesticides, le lien environnement-santé, l’écologie devient alors trop visible voire agaçante et gênante. Car elle demande des changements rapides et radicaux. Face aux récents reculs, les écologistes restent déterminés et toujours impatients.

Les enjeux sont toujours là. Les enjeux, justement… le plus connu, le péril climatique, est remis en question malgré l’avis de milliers de scientifiques que d’aucuns transforment pernicieusement en comploteurs… Et quand bien même les écologistes se tromperaient-ils… serait-ce une raison pour continuer à dilapider notre patrimoine naturel et dévorer la biodiversité de notre unique planète bleue comme une orange ? Une raison pour éventrer les forêts boréales de la Colombie Britannique pour en extraire des sables chargés de pétrole ? D’applaudir des deux mains la fonte des glaces qui permettra d’aller puiser d’autres ressources ? Combien de temps resterons-nous fossiles dans ce monde fini à l’inconscience infinie…

Ce que propose l’écologie n’est pas une punition. Ni une contrition face à l’apocalypse. Il s’agit de revoir le sens du progrès, de nos vies et celles des générations futures. L’écologie politique connaîtra l’âge de raison. Aujourd’hui, c’est une période plus instable qui s’ouvre. Place à son adolescence et à sa créativité bouillonnante. Mais l’écologie est entrée dans la Cité et dans les consciences. Elle n’en sortira plus. N’en déplaise aux rois du carbone.

Progressivement, l’écologie politique sera intégrée dans les programmes des partis politiques avec la même force que Lire la suite

Nouvel agenda collectif et participatif de Bordeaux et de la Gironde

Démosphère Gironde, avril 2010

Depuis le temps qu’on en parle,  l’agenda collectif et participatif  de Bordeaux et la Gironde voit le jour.

Il vous permettra de poster librement tous vos rendez vous militants et culturels sur une page web, d’y rajouter des informations sur le mouvement ou la structure qui le propose et ainsi de les communiquer à un maximum de personnes sur Bordeaux et la Gironde !!

Un bon moyen aussi de savoir en un coup d’œil ce qu’il se passe dans le coin ….

N’hésitez pas à vous en servir, à faire circuler l’information : l’utilité de cet agenda dépend de la participation de celles et ceux qui ont des choses à annoncer !

Pour vous le présenter comme il se doit, rdv au Samovar jeudi 8 avril à 19h30 pour une demo en direct, quelques victuailles et des rencontres en vrai !!!

L’occasion de faire un agenda vivant … venez avec les dates de vos prochains événements !

A jeudi !?

Tout ça sur : Lire la suite

La crise éducative, symptôme et creuset de la crise sociétale, par Anne Fremaux

lemonde.fr, Anne Frémaux, le 5 avril 2010

La crise éducative, symptôme et creuset de la crise sociétale, par Anne Fremaux

On recommence à parler aujourd’hui, après des années d’occultation, de la violence à l’école. Sans doute, ce problème est-il devenu trop évident pour qu’on continue à l’éluder et à faire comme si tout était « pour le mieux dans le meilleur des mondes » au sein de nos écoles. Celles-ci ne sont plus les sanctuaires dont on parlait autrefois. Bien au contraire, elles sont devenues les vitrines d’un mal-être sociétal « global », mal-être dont l’école est en partie victime et en partie responsable dans la mesure où elle ne remplit plus son rôle d’éducation à la pensée et à la citoyenneté. En plaçant « l’élève » et non plus le « savoir » au centre des préoccupations éducatives, les artisans des réformes pédagogistes avaient cru résoudre le problème en jouant sur les mots, comme si la question n’était que sémantique. L’élève ou plutôt « l’apprenant » n’a jamais été aussi pris en considération formellement et pourtant, jamais il ne s’est senti aussi factuellement abandonné.

Les « décideurs », en faisant primer l’économique sur toute autre valeur, en laissant la laideur (publicité, bétonnage, cités…) s’installer dans les villes et les campagnes, en laissant les enfants grandir devant des écrans de verre où violence, médiocrité, cynisme et pornographie se font concurrence, ont contribué à accentuer cet état de déréliction et de désolation morale que connaît actuellement la jeunesse. Que peuvent espérer nos jeunes d’une société dont le rêve se confond avec celui d’une marchandisation totale des corps et des esprits, dont le seul projet est la reconduction infinie des besoins matériels et où l’instrumentalisation économique des connaissances conduit à l’évacuation de la littérature, de l’histoire, des langues anciennes et de la poésie ? Quels espoirs, quels rêves donnons-nous à cette jeunesse qui ne se reconnaît pas dans le monde que nous construisons à coups de croissance, de PIB, de visées exclusivement quantitatives ? Comme le disait un slogan de Mai-68 « on ne tombe pas amoureux d’un taux de croissance »…

Hannah Arendt, dans un texte célèbre – La Crise de la culture, qui n’a pas perdu de sa vigueur –, s’interroge sur ce que la crise de l’éducation révèle de notre société. Loin d’être un symptôme isolé, local, elle traduit la désorientation d’un monde tourné exclusivement vers des buts marchands, des valeurs individualistes (au détriment du collectif), vers le faire-savoir plutôt que vers le savoir. La préoccupation principale des familles est alors que leurs gamins « s’en sortent », quel que soit le moyen : « Star Ac », « Nouvelle Star », football, peu importe ! Les enfants ont parfaitement compris le dogme utilitaire qui régit notre société. En témoignent un tag dans une école primaire qui énonce ainsi sa rage : « On s’en fout de votre école, on veut des thunes » ou encore le leitmotiv, prétendument critique, inlassablement opposé aux professeurs de philosophie : « La philosophie, on s’en fiche, ça ne sert à rien ! » Les téléphones portables et les I-phone s’échangent dans les cours de récré et dans les salles de classe ; c’est à qui aura le survêt le plus cher ou la casquette la plus « tendance », le dernier chic étant de laisser l’étiquette apparaître pour que le prix soit directement visible. Dans certaines classes, impossible de faire un cours de philosophie sur l’art sans analyser la panenka de Zidane en finale de la coupe du Monde, la figure de l’artiste étant définitivement circonscrite, aux yeux de certaines classes sociales, au footballeur ou à la star du show biz.

La mode du débat participatif a rendu le rapport au savoir difficile : tout le monde a le droit de donner son avis (« à chacun ses opinions ») et certains ne voient pas pourquoi ils s’obligeraient à la lecture de tel ou tel auteur qui contredit le leur : pourquoi lire Le Dernier Jour d’un condamné, de Victor Hugo ou le discours de Robert Badinter à l’Assemblée nationale, quand on est résolument partisan de la peine de mort ? C’est là le résultat inévitable d’une relativisation des sources du savoir et de la réduction de la fonction de l’enseignant à celle d' »animateur pédagogique ». Réussite éducative, crieront certains ! L’élève s’est enfin émancipé de la tutelle de l’enseignant pour penser par lui-même. Sauf que tout comme la liberté, la pensée n’est pas une « donnée immédiate », mais nécessite médiation, travail et apprentissage.

L’autonomie, comme l’indique son étymologie (auto-nomos), n’est pas la capacité de faire ou de penser tout ce qui nous passe par la tête, mais bien au contraire de Lire la suite

JF cherche « green lover » : la quête du prince charmant écolo

rue89.com, Hélène Crié-Wiesner, le 5 avril 2010 

JF cherche « green lover » : la quête du prince charmant écolo

Aux Etats-Unis, sites web et livres se multiplient pour aider les défenseurs de l’environnement à trouver leur moitié d’orange.

« Cherche garçon ou fille pas mal, sympa, drôle, écolo très concerné, qui ne devienne pas hystérique si je mange du steak trois fois par an, ou si je prends parfois ma voiture. » Bienvenue dans le monde rigoureux du « green dating » américain.

Pour commencer, la « date » américaine est différente de la simple invitation à dîner, boire un verre, voir un film, qui caractérise le rendez-vous vaguement galant de chez nous. La « date » regorge de règles qu’un étranger à la culture ne maîtrisera jamais. (Décryptage élémentaire ici, par une Française qui s’y connaît.)

La « date » peut être le rendez-vous ou la personne. Ou la situation, si elle se répète sur quelques semaines : « I’m dating him » (« on sort ensemble en ce moment »). On couche ou pas, ça dépend, mais au final, c’est bien l’objectif du dating : trouver un(e) « date » qui devienne un partenaire sérieux.

Il semblerait que les écologistes attachent une attention extrême à la recherche de leur moitié d’orange. Ils sont concernés par le devenir de la planète, attentifs à ce que leur manière de vivre n’aggrave pas les problèmes de celle-ci. En sus des affinités classiques entre deux individus, ils veulent des garanties de compatibilité carbone.

Un partenaire qui ne soit pas un rabat-joie

C’est ce qui ressort d’un certain nombre de sites web dédiés au vert dans la vie de tous les jours. Ici par exemple, sur Grist (site que je n’hésite pas à qualifier de « New York Times de l’environnement »), ce constat dépité d’une internaute :

« Je suis une fille célibataire de Seattle, où l’on pourrait croire qu’il serait facile de trouver un partenaire concerné par l’écologie, qui ne serait pas un rabat-joie permanent. Je cherche juste un chouette type impliqué !

Ben non, je ne trouve pas. A chaque fois que je tombe sur un mec conscient de l’importance de diminuer son empreinte carbone, il s’avère que ce type est un donneur de leçon insupportable. »

A part la cuisine et les régimes, aucun thème aux Etats-Unis ne fait davantage tourner l’édition papier, télé et web que celui du dating. Les sites de « green dating » y sont légion : Earth Wise Singles, Green Passions, Green Singles, et encore Planet Earth Singles, parmi tant d’autres.

Des rencards neutres sur le plan carbone

Comme le souligne TreeHugger, autre site d’informations écolos très fréquenté, les cœurs profondément verts sont sophistiqués, ils veulent bien plus qu’une bonne vieille « date » :

« Vous cherchez quelqu’un qui partage votre passion pour l’environnement. Une fois que vous l’avez rencontré, vous entendez Lire la suite

Consommation durable : avant de changer, les Français veulent être convaincus

lesinfosvertes.hautefort.com, NC, le 5 avril 2010

Consommation durable : avant de changer, les Français veulent être convaincus

Faire peur en annonçant l’Apocalypse climatique ou prétendre sauver la planète en vendant du yaourt bio ne suffira pas à convaincre les Français de changer de comportement en matière de consommation durable !

Désormais, ils demandent des preuves, du concret, des résultats vérifiables.

C’est l’enseignement principal de l’enquête Ethicity menée en février et mars 2010 auprès d’un panel de 4 373 Français, menée en collaboration avec Aegis Media Expert et en partenariat avec l’Ademe à l’occasion de la Semaine du développement durable.

Ras-le-bol du marketing sur le développement durable

Le sondage montre que les Français sont saturés, parfois même exaspérés, des discours écolos utilisés par les publicitaires pour vendre des voitures en montrant des ours blancs …

54 % d’entre eux déclarent être méfiants sur le discours des marques et des entreprises en matière de développement durable ;

53 % des Français pensent qu’il y a trop de messages publicitaires sur la consommation durable ;

43 % d’entre eux vont jusqu’à ne plus supporter les messages des marques sur l’environnement, un constat particulièrement marqué chez les seniors ;

65 % estiment qu’il y a trop de labels pour les produits durables : cette profusion d’information tend à créer de la confusion ;

62 % disent ne pas pouvoir juger de la meilleure qualité des produits durables.

Le développement durable, une valeur en baisse

Cette saturation du discours commercial, qui s’ajoute peut-être à la crise économique et aux échecs de la négociation climatique, se lit dans les réponses aux questions sur les comportements des consommateurs.

75% des Français croient toujours à une consommation plus responsable : cela reste élevé mais on note une baisse de 6 points par rapport à l’an passé.

60 % (- 9 points) déclarent avoir changé leur comportement en faveur du développement durable en 2009.

47 % ont opté pour une consommation plus Lire la suite

Vient de paraître : Entropia n°8 – Territoires de la décroissance

atheles.org, avril 2010

Entropia n°8 – Territoires de la décroissance

L’effondrement en cours possède une origine lointaine et toujours négligée. Il provient en partie d’une amnésie funeste et déterminante ayant fait oublier que l’économie s’exerçait bien sur la Terre et non pas sur Sirius. Les conséquences écologiques et sociales de cette négligence commencent à troubler sérieusement nos sociétés qui subissent une montée des périls et souffrent de leur extension qui menace la pérennité de notre espèce. Partant de cette observation banale que l’humanité ne possède pas de planète de rechange, l’objection de croissance s’affirme donc comme un bouleversement du regard, de la pensée et de l’action qui tend à se refléter et à se mettre en œuvre dans les territoires de la vie réelle et non pas à être relégué dans quelque chimérique empyrée.

L’objection de croissance est une option philosophique et politique. Elle se traduit par des engagements de vie sur des territoires matériels, immatériels et spirituels où se manifestent les capacités de résistance et création de celles et ceux qui affrontent les enjeux de notre temps sans renoncer aux rêves qui les habitent. Mais, c’est aussi une vision dérangeante, une conception et une construction du monde qui intègrent le moyen et le long terme, depuis si longtemps délaissés par les tenants du mythe de la croissance sans limites comme par les politiques autophages des choix à court terme.

Quand, désormais, la moitié de l’humanité est « logée dans des villes », n’est-il pas opportun de questionner les contradictions et les infernales difficultés liées à cet agglutinement ? Quand la globalisation mercantile déchire le tissu des souverainetés locales et territoriales, n’est-il pas légitime de replacer la question de l’échelle humaine au cœur d’un nouvel usage du monde et de son « habiter ».

Quand le livre est inquiété par l’écran, quand la beauté du monde est mutilée par l’injustice et la laideur, quand, de Tchernobyl dévastée aux fragiles territoires des Aborigènes, se répandent comme une peste les séquelles de la domination, de l’irresponsabilité, de l’argent roi, de la démence technologique et du mépris de « l’autre », le devoir d’insurrection est un impératif catégorique.

Sommaire

Territoires de la décroissance

Habiter en poète. Jean-Claude Besson-Girard

1. La ville questionnée

La ville cannibale. Rousseau, le grand nombre et l’abus du lien social. Marcel Hénaff

Un anthropologue en ville. Michael Singleton

Les territoires du temps. Thierry Paquot

La décroissance à l’âge de la révolution urbaine : écologie politique et hyperpolis. Tiziana Villani

L’empreinte écologique des villes. Aurélien Boutaud

2. Échelle humaine et territoires

Des abîmes quotidiens aux limites de la terre. David Besson-Girard

Guerres d’entropie négative Lire la suite

Hervé Kempf : Les colonnes du dogme ont été ébranlées « La décroissance va devenir le courant majeur de l’économie. »

 lemonde.fr, Hervé Kempf, le 31 mars 2010

Objecteur de croissance

L’habit ne fait pas le moine, bien sûr, mais une belle apparence inspire le respect. C’est pourquoi il est tout sauf anecdotique que l’idée de décroissance, si allègrement injuriée par les thuriféraires du dogme « croissanciste », ait été accueillie dans un lieu imprégné de pensée. Du 26 au 29 mars s’est tenue dans la belle université de Barcelone la deuxième conférence sur la décroissance économique.

Ouverte par le recteur, organisée par l’Institut de science et de technologie environnementales (ICTA) de la capitale catalane, elle a réuni plus de 500 chercheurs et activistes venus de nombreux pays européens et américains. On sait maintenant que décroissance se dit degrowth en anglais, decrecimiento en espagnol, decreixement en catalan, decrescita en italien.

Pourquoi ce mot suscite-t-il tant d’intérêt ? Parce qu’il repose les questions radicales qui sont au cœur de l’écologie et que les logiques de développement durable, de croissance verte et de capitalisme vert ont affadies.

En se voulant « réalistes », nombre d’écologistes se retrouvent à teinter de vert un système économique qui ne change pas sa logique de destruction de l’humain et de la biosphère. Radicaux, les objecteurs de croissance affirment que la crise de l’orée du troisième millénaire ne peut se résoudre selon les voies suivies depuis le XIXe siècle.

Sous l’étendard de cette posture peut se redéployer la liberté de pensée contre le dogme, dont un autre important colloque, à Paris, en 2002, avait défini le programme : « Défaire le développement, refaire le monde ».

On ne saurait résumer ici la variété des pistes de recherche présentées à Barcelone et la vivacité des discussions qui s’y sont tenues. Le programme, consultable sur le site Degrowth.eu, en donne un aperçu. Deux idées, rapidement, émergent. La préoccupation de la justice sociale est au coeur du projet de refondation écologique, et Barcelone a continué sur la route ouverte à Copenhague par les mouvements de la société civile avec la revendication de la justice climatique : « Changer le système, pas le climat ». Et pour les « objecteurs de croissance », le système, c’est le capitalisme.

Autre élément nouveau, la parole des mouvements du Sud, qui disent que, chez eux aussi, le développement tel qu’il est porté par les gouvernements est Lire la suite

L’abandon de la taxe carbone, une triple erreur

energie.lexpansion.com, Alain Grandjean, le mardi 30 mars 2010

L’abandon de la taxe carbone, une triple erreur

L’annonce de la taxe carbone au lendemain des régionales ne laisse pas de doute à l’interprétation : il s‘agit bien d’une décision politique qui vise à tenter de rassembler la majorité en supprimant un foyer de discorde.

Une erreur politique

Pour autant, c’est une erreur au plan politique : notre pays n’a jamais eu autant besoin de direction et de sens. Cet volte-face de plus est l’aveu d’un manque de vision. D’autant qu’il  a été annoncé par le premier ministre puis par le président de la République dans des  discours ne faisant pas la moindre allusion  à la nécessité de tenir compte des enjeux écologiques et énergétiques ni du développement durable, alors que le numéro 2 du gouvernement, Jean Louis Borloo également ministre d’Etat,  est toujours le ministre de l’Ecologie. Il est évident que le repli annoncé sur des valeurs traditionalistes ne constitue pas un cadre politique suffisant dans un monde aux incertitudes croissantes et confronté à des risques nouveaux qu’ils soient géopolitiques, sanitaires, énergétiques ou écologiques. Or il est difficile de croire que ces enjeux ne seront pas présents aux élections présidentielles de 2012. Il est encore plus difficile de croire à l’efficacité d’une politique qui ne serait pas fondée sur des processus d’écoute et de concertation permettant de tenir compte sérieusement de l’ensemble des informations disponibles.

Le gouvernement était divisé sur la manière de piloter le passage à une économie durable, avec des missions contradictoires (la relance de la croissance confiée à la commission Attali, la remise en cause du concept et de sa mesure confiée à la commission Stiglitz-Sen-Fitoussi), avec des difficultés de communication et de coopération bien connues entre le MEEDM (Ministère de l’Ecologie, de l’Energie, du Développement Durable et de la Mer) et Bercy. Il était sans doute préférable de procéder un remaniement ministériel d’envergure, par exemple en réunissant  l’économie et le développement durable, pour impulser un nouveau souffle et un nouveau mode de travail, seul à même de redonner cette direction et  ce sens.

Une erreur économique et sociale

Au plan économique, le refus manifeste d’envoyer un « signal carbone », même limité et cantonné (du fait des exemptions du projet de loi),  est une grave erreur. Sans ce signal,  comment orienter les acteurs économiques vers une économie moins dépendante d’énergies fossiles dont le prix va augmenter inévitablement dans les très prochaines années ? Comment  inciter les entreprises à investir dans des produits et des services « bas carbone », dont les ménages et les entreprises auront le plus grand besoin ? Comment préparer les esprits à la grave menace, celle d’une hausse du prix des énergies,  qui pèse sur tous ? Rappelons qu’un « signal prix » est entendu par tous les agents économiques contrairement à des discours, et surtout dans une période de perte de confiance dans les autorités, notamment politiques. Ne rien faire sur ce plan c’est laisser les forces de marché décider de ce prix et de ces aléas. C’est laisser les plus précaires dans des difficultés croissantes. C’est ne pas se préparer à un prochain choc pétrolier (annoncé à horizon de 2 ou 3 ans par les entreprises du secteur et  par les économistes), dont les effets économiques et sociaux seront insupportables à beaucoup d’entreprises et de ménages.

Une erreur écologique

Inutile de dire qu’au plan écologique, c’est aussi une erreur. A supposer que l’Europe retrouve le chemin de la croissance, sans taxation progressivement plus forte du carbone dans les secteurs diffus, ce qui était l’objet de la taxe, cette expansion s’accompagnera Lire la suite

Fondation Nicolas Hulot, Lettre ouverte aux citoyens signataires du pacte écologique

Fondation Nicolas Hulot, Cécile Ostria Directrice générale de la Fondation Nicolas Hulot pour la nature et l’homme, lettre ouverte, le 30 mars 2010

Lettre ouverte aux citoyens signataires du pacte écologique

Cher-e-s ami-e-s,

En 2007, vous avez signé, comme 750 000 Français le Pacte écologique porté par la Fondation Nicolas Hulot pour la Nature et l’Homme. Votre mobilisation sans précédent a permis d’obtenir l’engagement de Nicolas Sarkozy, de 9 autres candidats à la présidentielle, et de plus de 400 députés et sénateurs de faire de l’environnement une priorité de l’action publique. Des avancées concrètes ont été obtenues : création d’un n°2 du gouvernement en charge du développement durable, les conclusions du Grenelle de l’Environnement et le vote à l’unanimité de la loi Grenelle I… qui ont suscité beaucoup d’espoir.

Le Pacte Ecologique n’est plus respecté

Avec le Grenelle de l’Environnement, nous pensions le constat partagé, nous pensions pouvoir nous concentrer sur la recherche de solution, il n’en est rien. Les mots clefs des années à venir sont désormais exclusivement la compétitivité, l’emploi, la santé comme si toutes ces problématiques ne dépendaient pas profondément de l’état de notre environnement. Le développement durable n’est décidément pas l’axe structurant de l’ensemble des politiques publiques. C’est au mieux un axe parmi d’autres : l’économie, le social, l’agriculture, la culture. Au pire, un axe opposé aux autres. Le discours dominant redevient celui d’il y a plusieurs années : la réponse aux défis écologiques est de nouveau systématiquement opposée à la compétitivité économique et à la protection des emplois. L’environnement redevient un simple enjeu électoral, une variable d’ajustement. Ce n’est pas l’esprit du Pacte écologique.

Il nous faut changer de modèle économique, poser les bases d’une croissance sélective, ancrées sur la préservation et un meilleur partage des ressources naturelles. Les emplois, la compétitivité des entreprises, sont menacés par les crises environnementales. La raréfaction des ressources énergétiques, la destruction des écosystèmes vont accentuer la vulnérabilité des plus faibles d’entre nous, fragiliser nos économies et nos démocraties et générer de nouvelles sources d’affrontements. C’est ce que n’ont pas compris la plupart des responsables politiques et économiques.

Une suspension nécessaire pour plus d’efficacité

C’est pourquoi, la Fondation Nicolas Hulot décide de suspendre sa participation aux groupes de travail mis en place par le gouvernement jusqu’à ce que des décisions fortes remettent le développement durable au cœur des politiques publiques. Depuis 3 ans, Lire la suite

Positionnement de la SEPANSO sur les LGV

sepanso.org, Pierre Delacroix, Président d’Honneur de la SEPANSO, le 19 mars 2010

Positionnement de la SEPANSO sur les LGV

1.- Rappel historique

Le développement du système TGV date des années 70. A cette époque, le lancement du système avait un double but :

– D’abord, irriguer le territoire national par un réseau modernisé de chemin de fer, s’inscrivant dans une perspective volontariste d’Aménagement du Territoire.

– Ensuite, mettre ce réseau en position d’alternative à la tentation de développement d’un Réseau aérien qui aurait mis les principales métropoles du territoire national à quelques heures de la capitale. Comme on le voit, c’est une vision « hyper-centralisatrice », celle qui a dominé pendant le XIXe siècle et les trois quarts du XXe siècle.

Ces deux finalités ont eu pour effet, par leur logique de modernisation et d’aménagement du territoire, de conduire les écologistes des décennies 70-80 à juger « acceptable » le système TGV, malgré les problèmes déjà perceptibles et déjà analysés à l’époque.

Géographes et économistes discutent encore du résultat de la première option. Elle a été reconnue comme positive de façon générale, à partir des hypothèses de départ, et ce n’est que quelques décennies plus tard (disons en gros à partir de 2000) que le principal effet négatif a été mis en évidence, un effet lié très étroitement au facteur vitesse. Comme prévisible, le système a polarisé positivement les extrémités des lignes : en général, des métropoles régionales, aux dépens des pôles urbains intermédiaires sur lesquels les lignes, par définition, faisaient l’impasse.

Tout autant pour des raisons de capacité des lignes que de sécurité, la grande vitesse à la française (>250 km/h) ne supporte pas le partage des lignes avec des convois lents, malgré les affirmations de ses défenseurs. Il n’existe aucun cas de ce genre en France. Cela ne serait possible qu’avec des vitesses telles que celles pratiquées par nos voisins européens. Cette vitesse élevée impose également une distance de séparation des voies[1] un peu plus importante que sur les lignes classiques afin de limiter les effets de souffle lors des croisements. Ceci a conduit à vouloir créer systématiquement des lignes nouvelles dédiées à la grande vitesse plutôt que de réutiliser le réseau existant.

Compte tenu des contraintes de pente et de courbure imposées par la grande vitesse d’exploitation recherchée, la construction de lignes nouvelles à grande vitesse occasionne des dommages environnementaux très importants et totalement irréversibles sur leur tracé, et impose des contraintes très lourdes (altération des paysages, coupures de voirie, bruits et vibrations, dépréciation du foncier) aux nouveaux riverains qui, des lignes nouvelles, ne subissent que les inconvénients. En effet, non seulement ils ne bénéficient pas de la desserte par TGV qui sera réservée aux métropoles situées aux extrémités des lignes, mais encore ils perdent la qualité du service jusque là offert par le réseau classique puisque les efforts financiers très importants consentis en direction des lignes nouvelles se traduisent systématiquement par un abandon progressif des lignes qui assuraient la desserte fine des territoires.

Aujourd’hui, les Régions ont pris le relais pour les dessertes locales, Le système des TER s’efforce de compenser non sans difficultés la polarisation des villes extrêmes. Mais c’est une des raisons qui a soulevé peu à peu, et de plus en plus vigoureusement, une profonde remise en cause des LGV par les populations régionales, réduites à Lire la suite

Dossier le Monde magazine sur les écolo-sceptiques – Les orphelins du progrès

lemonde.fr, Laurent Carpentier, le 26 mars 2010

Les orphelins du progrès

Dans sa petite bibliothèque des horreurs, Jean-Paul Krivine a rangé homéopathes, militants anti-OGM, agriculteurs biodynamiques, sourciers et chiropracteurs au même rayon que les anti-évolutionnistes à crucifix et les amateurs d’ovni. A la tête de l’AFIS, l’Association française pour l’information scientifique, cet « ingénieur en intelligence artificielle » est un rationaliste qui bataille contre le plus grand risque qui puisse, selon lui, nous frapper : la remise en question de sa sainte trinité, « progrès, humanisme et universalité ».

L’homme est nerveux. Il se demande ce que je lui veux. J’ai bien précisé au téléphone que la revue dont il est le rédacteur en chef, Science et pseudo-sciences, m’avait il y a deux ans étrillé pour un reportage en Suède à la rencontre de ces « électro-sensibles » qui fuient dans les forêts les ondes des portables et de la Wi-Fi. Crime de lèse-science : la revue expliqua comment je manipulais le lecteur, l’amenant à penser qu’une technologie inoffensive pouvait être un risque pour la santé. Disons-le simplement : je n’ai pas d’avis sur la dangerosité des ondes. Et je n’ai pas pris rendez-vous avec Jean-Paul Krivine pour régler des comptes mais pour tenter de comprendre d’où vient ce sentiment de citadelle assiégée qui l’anime.

« LE PRINCIPE D’INCERTITUDE »

« Nous sommes un lobby rationaliste raisonnable, explique-t-il scrupuleusement. Parce que je crois en la notion de progrès. Parce que je ne crois pas que la nature soit bonne. Parce que l’on vit aujourd’hui plus longtemps et en meilleure santé qu’autrefois et que, lorsque sa voiture est en panne, on ne va pas dans un garage alternatif. » Réponse tranchée ? Certes, mais expression d’un malaise qui traverse la recherche française, écartelée entre le primat de l’ingéniosité humaine promettant des lendemains toujours meilleurs et l’émergence, mise en lumière par la crise climatique, d’un sentiment nouveau de finitude du monde. Hors de la science, point de salut ?

Il aura suffi d’un hiver froid pour que les tenants de la suprématie du génie humain reprennent du poil de la bête. Le Mythe climatique, titre le mathématicien Benoît Rittaud (Le Seuil), L’Imposture climatique, confirme Claude Allègre (Plon), CO2 un mythe planétaire, ajoute Christian Gerondeau (Editions du Toucan). Et dans Libération, Pascal Bruckner, nouveau philosophe devenu néoconservateur, dénonce ces climatologues qui jettent le discrédit sur notre modèle de société : « Un nouvel obscurantisme se propage qui avance sous le masque de la science. (…) Sur le thème de l’effroi, une tribu de pythies, mages, utopistes, vaticine et menace. Il manque à ces prophètes de se soumettre aux bénéfices du doute et d’inclure dans leurs prédictions le principe d’incertitude. » Un simple renversement du baromètre et ce n’est pas seulement le spectre du réchauffement climatique qui repart aux oubliettes mais tout ce qui pourrait ressembler de près ou de loin à une critique de notre modèle de société.

AU COIN DU BON SENS

« Pourquoi voulez-vous un développement durable? Notre développement est durable« , s’amuse Christian Gerondeau, de ses mots toujours « frappés au coin du bon sens ». Ne croyez pas que ce robuste et charmant giscardien soit le représentant d’un lobby, ce n’est pas vrai. Oui, bon, d’accord, il reçoit dans ses bureaux à l’Automobile club, mais son livre, CO2 un mythe planétaire, n’est pas du tout le brûlot qu’il semble être, où Al Gore serait décrit comme un « charlatan » et les travaux de Nicholas Stern ne reposeraient « sur aucun chiffrage sérieux ». Non, Christian Gerondeau est un ingénieur, « c’est-à-dire quelqu’un qui regarde les faits et en tire des conclusions ». Son père, son grand-père avant lui, son fils, sa petite-fille après lui… Tous ont fait Polytechnique. Lui-même en est sorti en 1957 pour l’Ecole des ponts et chaussées. Un pedigree qui ne pousse pas à la remise en cause. « Les gens qui ont faim, qui logent dans des huttes et dont les enfants meurent, veulent tous se développer… », déclame-t-il, plein de sa propre sagesse.

Christian Gerondeau est le parangon de cette classe sociale d’ingénieurs née de la révolution industrielle, qui conquit d’abord le pouvoir technique, puis le pouvoir social et enfin politique. Et d’affirmer, dépositaire assumé d’une modernité prospère : « On sous-estime toujours la capacité du progrès technique! Ne nous posons pas aujourd’hui les problèmes de demain. »

« DES GENS DANGEREUX »

Aux gémonies, ces nostalgiques passéistes qui prônent le ferroutage, s’opposent au nucléaire ou firent interdire le DDT, causant, dit-il, Lire la suite

Le « parler-vrai » de Mme Jouanno, par Franck Nouchi

lemonde.fr, Franck Nouchi, le 26 mars 2010

Le « parler-vrai » de Mme Jouanno, par Franck Nouchi

Une actualité ne chasse pas forcément l’autre. Ceux qui espéraient que l’effet produit par l’abandon de la taxe carbone allait être vite balayé par le vent médiatique en sont pour leurs frais : certains responsables politiques, assez peu nombreux, ne semblent guère disposés à baisser les bras. Après Michel Rocard, qui avait dénoncé, dans Le Monde, « la lâcheté extrêmement dangereuse » de cette « renonciation », c’est au tour de Chantal Jouanno, la secrétaire d’Etat à l’écologie, de monter au créneau. « C’est clair, affirmait-elle jeudi dans Libération, c’est le Medef qui a planté la taxe carbone. Au nom de la compétitivité. »

Fait rarissime s’agissant d’un ministre en exercice, Mme Jouanno a non seulement critiqué une décision prise par le chef de l’Etat, mais elle n’a pas non plus hésité à dire son fait à la classe politique tout entière : « Si on attend que l’Europe prenne une décision, la taxe carbone sera reportée sine die. Cela pose un problème ontologique à la gauche comme à la droite. Nos élus et une partie de la société n’ont pas compris l’importance de l’écologie. » Selon Mme Jouanno, l’abandon de la taxe carbone constitue le triomphe « de la culture du pouvoir sur la culture de l’action« .

Ce n’est pas la première fois que Chantal Jouanno fait passer ses convictions avant des considérations de basse tactique politicienne. Lorsque Ali Soumaré, un candidat socialiste aux élections régionales, avait été accusé, à tort, par des responsables de l’UMP d’être « un délinquant multirécidiviste chevronné », elle s’était immédiatement élevée contre de telles pratiques. Cette fois, elle risque évidemment plus gros. En s’en prenant ainsi, frontalement, au chef de l’Etat – « Non, je ne céderai pas à la petite musique qui vient dire que l’écologie « ça commence à bien faire«  », a-t-elle déclaré jeudi à l’ouverture du congrès de France Nature Environnement -, elle a franchi la ligne rouge. « Il me reste la parole, dit-elle. Je me ferai peut-être exploser mais ce n’est pas grave. Je vais juste parler vrai (…). Quand ils seront lassés de moi, ils me diront d’aller voir ailleurs. » On connaît l’adage fameux de Jean-Pierre Chevènement : « Un ministre, ça ferme sa gueule, si ça veut l’ouvrir, ça démissionne. » Mme Jouanno ne l’entend pas ainsi. N’en déplaise à M. Copé, qui s’est dit « profondément choqué » par ses déclarations et qui déclare sans rire : « Je n’accepterai pas qu’on mette en doute notre engagement écologique qui est très fort. »

Non seulement Mme Jouanno impose le respect, mais Lire la suite

Appel à contribution – Revue L’homme et la société – Agriculture et capitalisme mondialisé : Crise mais permanence d’un débat

calenda.revues.org, Karim Hammou, le 26 mars 2010

Appel à contribution – Revue L’homme et la société

Réponse avant le Samedi 30 octobre 2010

Agriculture et capitalisme mondialisé : Crise mais permanence d’un débat

Résumé

La crise économique et financière a eu un impact sur le secteur agricole et sur les producteurs eux-mêmes. Baisse des revenus des producteurs, fluctuations des prix, « émeutes de la faim » dans une quarantaine de pays, autant de signes annonciateurs d’un bouleversement du mode d’organisation des agricultures. Des questionnements surgissent alors sur le devenir de l’exploitation familiale, sur l’organisation des marchés agricoles, sur l’avènement de nouvelles pratiques agricoles, sur l’accès à la terre, et in fine sur l’identité professionnelle des paysans. Les rapports entre l’agriculture et le capitalisme mondialisé doivent donc être examinés sous différents angles (anthropologie, économie, droit, sociologie…). C’est pourquoi la revue L’homme et la société lance un appel à contributions pour un numéro consacré à l’agriculture et à la paysannerie dans le capitalisme mondialisé.

Annonce

La crise actuelle se distingue certes par la violence du choc financier, par la décomposition accélérée du modèle de croissance établi à partir des années quatre-vingt-dix aux États-Unis, débouchant sur une vaste littérature quant à la durée de cette crise, ses répercussions sociales, sans parler des interrogations resurgissant au sujet de la pérennité ou de l’arrivée aux limites du capitalisme. Elle se distingue tout autant par les effets qu’elle a exercés sur l’agriculture et les agriculteurs du monde entier. L’amplitude des fluctuations des prix des matières premières entre 2007 et 2009, les « émeutes de la faim » dans une cinquantaine de pays en développement qui en ont parfois découlé, le franchissement du milliard d’êtres humains désormais confrontés à la malnutrition, les phénomènes de razzia sur les terres agricoles de certains pays pauvres ou développés pour sécuriser les approvisionnements alimentaires des États loueurs ou acheteurs de ces terres comme la Chine ou la Corée du Sud, entraînant à la fois une dépossession foncière des paysans locaux, et une réhabilitation de ce que la mondialisation entendait éradiquer, à savoir la « souveraineté alimentaire », autant de signes révélateurs que la crise du capitalisme mondial a contaminé tous les secteurs, à commencer par l’agriculture.

Mais à y regarder de plus près, la crise agricole et alimentaire prend ses racines dans les processus enclenchés il y a un quart de siècle, processus s’inscrivant dans le tournant néolibéral visant au démantèlement des politiques agricoles et de tous les dispositifs de régulation, d’organisation des structures agraires, ayant conduit à des formes de dépossession des terres et de paupérisation des paysans, accompagnées de répercussions sur l’environnement. La mondialisation, les exigences du capital transnational et des institutions internationales ont favorisé l’émergence des grandes exploitations agricoles, dont les exemples brésilien et malaisien apparaissent comme les traductions les plus extrêmes, mais qui préfigureraient les structures productives agricoles de demain, caractérisées par une concentration accrue des exploitations, par de grandes surfaces et par une élimination des producteurs eux-mêmes. En découle une hyper-concurrence effrénée entre les pays producteurs de denrées agricoles et de produits alimentaires et désormais non alimentaires comme les agrocarburants, que l’Organisation Mondiale du Commerce ne parvient pas à réglementer tant sont puissants les intérêts des nations s’articulant aux pressions des firmes multinationales de l’agroalimentaire et de l’énergie. La vieille question de l’« absorption de l’agriculture dans le mode de production capitaliste », pour reprendre le titre d’un article célèbre de Claude Servolin, qui a suscité tant de débats depuis que Karl Kautsky l’a énoncée et analysée dans le sillage de Karl Marx, resurgit aujourd’hui. Quel est le devenir de l’agriculture dans Lire la suite

La fin de l’ambition écologique de Nicolas Sarkozy ?

lemonde.fr, Marie-Béatrice Baudet et Laurence Caramel (Service Planète), le 24 mars 2010

La fin de l’ambition écologique de Nicolas Sarkozy ?

Le Grenelle de l’environnement, solennellement adopté, en octobre 2007, par Nicolas Sarkozy, voulait faire de l’écologie une cause nationale, loin de tout clivage partisan. Au nom des menaces qui pèsent sur la planète, entreprises, syndicats, ONG, collectivités locales et pouvoirs publics avaient réussi à bâtir un consensus sur la politique environnementale française, dont le projet de taxe carbone était l’un des symboles les plus forts.

Son ajournement – voire son abandon -, annoncé au lendemain de la défaite de la droite aux régionales, sonne-t-il la fin de cette ambition ? C’est à craindre. Le chef de l’Etat a cédé à la pression de son camp. Depuis des semaines, ce dernier réclamait l’arrêt de cette réforme fiscale impopulaire qui a sans doute coûté beaucoup de voix à la majorité. Dimanche 21 mars, après l’annonce de la victoire de la gauche, Jean-François Copé, président du groupe UMP de l’Assemblée nationale, exprimait tout haut ce que beaucoup d’élus de droite pensent depuis longtemps tout bas : cela ne sert à rien de faire de l’écologie, puisque les écologistes votent à gauche. Il a appelé le gouvernement à « revenir aux fondamentaux » : les retraites, la baisse des déficits publics, l’emploi, la justice sociale, excluant clairement l’écologie du champ des priorités gouvernementales.

A droite, le message du porte-parole des élus de l’UMP s’adresse directement au tandem formé par Jean-Louis Borloo et Chantal Jouanno, les deux hérauts, chargés, chacun dans son rôle, de porter la « révolution écologique » souhaitée par M. Sarkozy. Le ministre de l’écologie, dans son habit d’homme de consensus, apte à fédérer les énergies comme il avait su le faire au ministère de la ville puis à celui de l’emploi. La secrétaire d’Etat à l’écologie, invitée à théoriser « l’écologie de droite » afin de démontrer que cet enjeu de société n’est pas le seul apanage de la gauche. Avant les régionales, elle a donc tenté de convaincre les élus de l’UMP que les choix écologiques de M. Sarkozy étaient réalistes et que la croissance durable était porteuse de centaines de milliers d’emplois.

Leurs efforts n’ont pas suffi. La politique a repris le dessus. A droite comme à gauche. « Le débat sur l’écologie a été finalement pris en otage par des querelles politiques« , déplorait, mardi 23 mars au soir, M. Borloo, en pointant le manque de solidarité des écologistes quand la taxe carbone a commencé à être attaquée. Avant d’être rejetée par le Conseil constitutionnel en décembre 2009.

Le gouvernement assure que ce recul n’est que temporaire, mais la « magie » du Grenelle – pour reprendre l’expression de M. Borloo – s’est évanouie. Depuis 2007, la crise économique s’est installée et l’urgence sociale s’est substituée à l’urgence écologique, sans que les promesses d’une croissance verte ne se concrétisent. Qui plus est, sur la scène internationale, la lutte contre le réchauffement climatique fait moins recette. Les opinions publiques se sont mises à douter, troublées par les mises en cause du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC). Depuis l’échec, en décembre 2009, de la conférence de Copenhague sur le climat, la confusion règne et personne n’imagine qu’un accord à la hauteur des enjeux puisse être trouvé d’ici à la fin de l’année. Les pays jouent à chacun pour soi, l’Union européenne est divisée et sa voix ne porte plus. Dans ce contexte, qu’y a-t-il vraiment à gagner à se montrer exemplaire ? « Je veux que le Grenelle soit l’acte fondateur d’un New Deal écologique en France, en Europe et dans le monde », lançait M. Sarkozy, le 25 octobre 2007, en clôturant le Grenelle de l’environnement. Aujourd’hui, ce volontarisme est remisé derrière les contraintes européennes.

Jusqu’où ce « renoncement » se poursuivra-t-il ? Le projet de loi Grenelle 2 – Lire la suite

Conférence-débat : « Eco-Consommation et Croissance verte » le Mercredi 7 Avril à 18h30 à Cap Sciences

DREAL, Communiqué, mars 2010

Dans le cadre de la semaine du développement durable du 1er au 7 avril,

La Direction Régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement (DREAL), la Direction Régionale des Entreprises, de la Concurrence, de la Consommation, du Travail et de l’Emploi (DIRECCTE) et Cap Sciences présentent

Une conférence débat sur

« Eco-Consommation et Croissance verte » le Mercredi 7 Avril à 18h30 à Cap Sciences en présence de M. Francis Ribeyre, Professeur des Universités (écologie, écologie humaine) à l’Université Michel de Montaigne Bordeaux III, Directeur du certificat international d’écologie humaine et de M. Benoît de Guillebon, Directeur de l’APESA et Animateur du collège des Hautes Etudes du Développement Durable Aquitain

Ce débat sera animé par M. Patrick Troude-Chastenet, Professeur des Universités (Science Politique) à l’Université Montesquieu Bordeaux IV, Président de l’Association Internationale Jacques Ellul.

Cap Sciences – Hangar 20 – Quai de Bacalan. Contact Lire la suite

L’écologie contre l’économie ? Dialogue sur le développement-durable, la décroissance sélective et la gestion écologique

cairn.info, Jean-Paul Gaudillière et Gilbert Wasserman, mars 2010

L’écologie contre l’économie ? Dialogue sur le développement-durable, la décroissance sélective et la gestion écologique

Table ronde avec Bernard Guibert et Jean-Marie Harribey Economistes. Respectivement responsable de la commission économique des Verts, et membre du Conseil scientifique d’Attac.

Jean-Paul Gaudillière et Gilbert Wasserman – L’écologie contre l’économie ? Dialogue sur le développement-durable, la décroissance sélective et la gestion écologique », Mouvements 4/2005 (no 41), p. 24-35.

 1 Mouvements : La notion de développement-durable est-elle encore utile ? Tout le monde en parle, tout le monde semble d’accord sur son importance, des chefs de gouvernement aux dirigeants de grande entreprise. Le terme n’est-il pas devenu vide de sens puisque ce succès même fait qu’on l’associe à un modèle de croissance inchangé, que l’on rend de plus en plus synonyme d’une simple adaptation des techniques aux « contraintes » d’environnement ?

2 Jean-Marie Harribey : C’est devenu un mot d’ordre officiel. Mais le problème n’est pas simplement celui d’une récupération. La faille était contenue dès l’origine, dès la définition du développement-durable comme enjeu de politique internationale. Le rapport Brundtland présentait le développement-durable comme moyen de répondre aux besoins du présent et à ceux des générations futures mais, quelques pages plus loin, il affirmait qu’une croissance économique vigoureuse était absolument indispensable et, sous-entendu, indispensable pour toujours.

3 Bernard Guibert : Hans Jonas a fourni l’une des critiques les plus pertinentes du développementisme : il y a en effet plus que « la satisfaction des besoins matériels des générations présentes sans compromettre celle des générations futures ». Il faut non seulement prendre en compte les besoins matériels des générations futures, mais permettre à ces générations futures d’avoir une existence authentiquement humaine et pas seulement animale. Par là, il pose la question anthropologique sur laquelle l’idéologie développementiste dominante fait l’impasse : qu’est-ce qu’être un être humain, qu’est-ce qu’une vie humaine digne d’être vécue ? Pour qu’un être humain puisse être considéré comme un être humain et non pas un animal, il faut qu’il soit libre, qu’il ait le choix. Et donc les générations présentes n’ont pas le droit de faire des choix économiques qui referment l’éventail des possibles des générations futures. En conséquence certaines formes de développement-durable ne sont tout simplement pas légitimes. Il y a plusieurs théories économiques du développement-durable. Dans la soutenabilité faible, on suppose qu’il peut y avoir substitution sans limite de capital artificiel au capital naturel. À terme, il pourrait ne plus y avoir de nature au sens traditionnel du mot. Ainsi cette substitution du capital artificiel au capital naturel ferme l’éventail des possibles. Cela n’est pas acceptable selon Jonas, puisqu’il y a un minimum de « naturalité » à maintenir. C’est pour respecter un minimum de contraintes de reproduction des écosystèmes naturels que l’artificialisation de la nature doit rester en deçà de certains seuils : c’est ce que les économistes appellent la soutenabilité forte. Dans la soutenabilité poly-dimensionnelle enfin, on suppose une pluralité de critères, techniques, monétaires, sociaux qu’il convient de combiner pour faire des choix qui engagent l’avenir.

4 J.-M. H. : Si l’on suit les initiateurs de la réflexion sur la décroissance, il y a une loi de l’entropie qui s’applique aux activités économiques et qu’il faut prendre en compte. On peut rétorquer que la planète Terre n’est pas un système isolé, qu’elle reçoit de l’énergie solaire en permanence et que cette seconde loi de la thermodynamique ne lui est pas applicable. C’est sans doute vrai globalement. Mais lorsque je brûle une molécule de pétrole dans mon moteur et qu’il sort du tuyau d’échappement des molécules de carbone, il m’est impossible de reconstituer avec cette molécule de carbone une nouvelle molécule de pétrole sauf à une échelle de temps qui dépasse tout horizon humain et ce qui nous ramène à la rareté incontournable de certaines ressources naturelles et nous impose des contraintes qu’on ne peut plus sous-estimer. Il y a donc un hiatus énorme, une dissociation énorme, entre Lire la suite

Les « fémivores » : américaines, féministes ET écolos

rue89.com, Hélène Crié-Wiesner, le 18 mars 2010

Les « fémivores » : américaines, féministes ET écolos

Pour ces « féministes qui font des conserves », écologie et féminisme vont de pair. Elisabeth Badinter n’a qu’à bien se tenir.

Une nouvelle espèce de féministes américaines est-elle en train de naître ? Le New York Times les a baptisées dimanche les « fémivores », et le nom galope désormais de forums en blogs, de radios en télés. La problématique est proche de celle soulevée par Elisabeth Badinter : l’écologie fait-elle régresser les femmes ?

Fémivores, locavores et autres…

Pourquoi « fémivore » ? A cause d’« omnivore » : ce vocable est en vogue depuis le livre essentiel de Michael Pollan, « The Omnivore’s dilemna » (« le dilemme de l’omnivore »), qui a généré aux Etats-Unis une réflexion intense et très populaire sur l’alimentation, l’agriculture, l’agro-alimentaire. Depuis, on qualifie aussi de « locavores » ceux qui mangent des aliments produits localement.

En toute logique, « fémivore » devrait signifier : qui mange des femmes. Mais la journaliste du New York Times, Peggy Orenstein, auteure prolixe de livres faciles à lire sur la vie de ses jeunes concitoyennes, définit ainsi son néologisme :

« Le fémivorisme s’appuie sur les mêmes principes d’auto-suffisance, d’autonomie et d’investissement personnel qui poussent les femmes vers le monde du travail. Il se base aussi sur la prise de conscience aiguë (pour ne pas dire obsessionnelle) de l’origine et la qualité de notre nourriture.

Au lieu de s’enfermer dans les limites d’un de ces deux mouvements, les fémivores les imbriquent : nourrir leur famille avec des aliments sains et goûteux ; diminuer leur empreinte carbone ; produire de manière durable au lieu de consommer frénétiquement.

Qu’est-ce qui pourrait être plus vital, plus gratifiant, plus défendable moralement ? »

Des femmes très diplômées qui désertent le monde du travail

Je les observe depuis longtemps, ces femmes jeunes, appartenant à la classe moyenne ou supérieure, habillées dans ce style très américain ni négligé ni hippie, mais surtout pas à la mode, jamais maquillées, qui font leurs courses dans les supermarchés bios et fréquentent le « farmer’s market » (marché de produits frais) du week-end s’il en existe un dans leur ville.

Elles ont plusieurs enfants qu’elles trimballent partout et tout le temps, parce qu’elles ont souvent choisi le « home schooling » (école à la maison), et que chaque circonstance de la vie est une occasion de les instruire.

Avant, elles travaillaient, souvent comme avocates, architectes, professeures, médecins, cadres d’entreprise, et elles avaient des horaires de dingues. Elles se sont arrêtées pour Lire la suite

Mercredi 31 mars :Conférence chez Mollat « L’Avenir est notre poubelle – L’alternative de la décroissance »

Librairie Mollat, communiqué, mars 2010

Jean-Luc Coudray vous invite à une conférence autour de son dernier ouvrage avec Christian Malaurie comme modérateur

« L’Avenir est notre poubelle – L’alternative de la décroissance » aux éditions Sulliver

A la librairie Mollat – Salons Albert Mollat – 11 rue Vital Carles à Bordeaux – Tram ligne B – Arrêt Gambetta

Le mercredi 31 mars à 18 heures

L’Avenir est notre poubelle est un essai s’adressant aux lecteurs qui s’interrogent sur le futur de notre planète et de notre civilisation et veulent faire le tri dans la masse d’informations qui nous submerge. 

Avec humour et distance, Jean-Luc Coudray constate que nous marchons sur la tête et ne prenons pas le temps de nous poser les bonnes questions. Avant d’entreprendre une réflexion générale, ne faudrait-il pas que chacun d’entre nous se questionne sur son mode de vie ? Se demande s’il n’est pas en train de grever son avenir ? 

À travers des questions en apparence ludiques et superficielles – Pourquoi avons-nous des nains de jardin et des nounours ? – mais aussi plus sérieuses – De quoi libère le libéralisme ? Pourquoi sommes-nous condamnés au travail ? – l’auteur analyse nos comportements. 

De questions en réponses, Jean-Luc Coudray dresse le portrait de  notre civilisation marchande et consumériste. Il confronte ainsi la réflexion morale et écologique à nos actions quotidiennes, tant à l’échelle personnelle qu’à l’échelle nationale et mondiale. 

Peu à peu, il nous conduit à admettre que la folie productiviste a contaminé notre façon de penser et s’est insinuée dans nos comportements les plus anodins

De manière précise et claire, Jean-Luc Coudray décrypte nos Lire la suite

Mardi 23 Mars – 18h00 : Conférence-débat d’Anne-Sophie Novel « Le guide du locavore – Pour mieux consommer local » chez Mollat

Université populaire de l’environnement, communiqué, le 18 mars 2010

En partenariat avec Ecolo-Info et Cap Sciences, dans le cadre de la saison 2009-2010 du Théâtre de la science sur le thème de la consommation en mouvement

Conférence d’Anne-Sophie Novel le Mardi 23 Mars 2010 à 18h00 : Le guide du locavore aux éditions Eyrolles dans les locaux de la librairie Mollat à Bordeaux (salle située au 91 rue Porte Dijeaux). La conférence sera animée par Joël Aubert, directeur d’aqui.fr

Les enjeux liés à nos modes de consommation et à notre alimentation et comment adopter de bons réflexes.

Le terme nous vient des États-Unis et désigne les personnes qui ont décidé de ne s’alimenter qu’avec des produits locaux (dans un rayon de moins de 160 km de là où l’on vit). Parce qu’à force de négliger la provenance de nos aliments et de favoriser le toujours moins cher, nous oublions trop souvent que ce sont nos propres conditions de vie que nous estimons au rabais : notre santé, notre environnement, notre économie, notre Terre… et le bien-être des générations futures.

Sans tomber dans le protectionnisme à outrance, ni moraliser vos modes de consommation, voici comment favoriser l’achat de produits locaux et de saison, et devenir un parfait locavore !

Anne-Sophie Novel est Lire la suite

Alsace : des programmes toujours plus verts

journaldelenvironnement.net,  Valréy Laramée de Tanneberg, le 12 mars 2010

Alsace : des programmes toujours plus verts

L’Alsace est l’une des rares régions françaises où l’écologie a toujours fait partie du débat politique. Les associations écologistes y sont influentes depuis longtemps. Pour preuve: 6 des principales formations en lice accordent à l’environnement une large place dans leur programme.

1.827.248 habitants – Densité 221 hab./km² – Superficie 8.280 km² – Président sortant: André Reichardt (UMP) – Nombre de listes en présence: 9 – Nombre de conseillers régionaux: 47 – Résultats au 1er tour des listes se réclamant de l’écologie en 2004 : 4,17%

Créditée de 18% d’intentions de vote dans le sondage Opinion Way publié le 8 mars dans le Figaro, Europe Ecologie espère, à la faveur d’une alliance avec le PS, emporter la région. Le programme est donc ciselé pour répondre aux attentes des Alsaciens : aide à l’industrie automobile pour développer les véhicules sobres, soutien massif aux transports collectifs (création d’une carte orange régionale et développement des trains régionaux), application de critères environnementaux à l’octroi d’aides publiques, développement des énergies renouvelables, plan de réhabilitation des logements, application de la taxe poids lourds. Un programme auquel ont également souscrit Cap 21 (l’organisation de Corinne Lepage, vice-présidente du Modem!) et le mouvement des écologistes indépendants d’Antoine Waechter.

Le Front de gauche l’annonce clairement: il se bat pour une «Alsace écologique». Ce qui passe, pour la liste créditée de 1% d’intention de vote, par la gratuité des transports publics pour les chômeurs, les bénéficiaires des minima sociaux, les étudiants et les salariés. Ce rassemblement de partis d’extrême gauche entend aussi ouvrir des maisons de l’eau «afin d’inciter les collectivités à gérer ce bien commun en régie publique».

L’UMP veut faire entrer l’Alsace dans l’ère de l’après-pétrole. Un comble dans une région où fut construite la première raffinerie de France ! Plus sérieusement, la formation majoritaire (36% d’intentions de vote) veut implanter localement une industrie des énergies renouvelables: photovoltaïque à couche mince, géothermie. Anticipant l’adaptation des lois Grenelle I et II, le parti du président de la République propose le lancement d’un vaste plan de rénovation des bâtiments régionaux. La mobilité n’est pas oubliée. L’UMP veut multiplier les plates-formes multimodales. Plus original, la formation sortante propose que la région soit chargée de la coordination des schémas régionaux de transport, ferroviaires, fluviaux, mais aussi routiers.

Affaibli par la défection de sa vice-présidente, le Modem présente un programme environnemental bien plus consistant que son crédit d’intentions de vote: 5%. Pesant 47 pages, le projet du parti centriste est très riche. Dans le domaine industriel, Lire la suite

Jean Zin : La transition énergétique

jeanzin.fr, Jean Zin, 12 mars 2010

La transition énergétique

On n’a rien vu encore. La crise économique s’aggrave en devenant crise politique mais ce n’est pas notre seul problème, ni peut-être le pire car la crise énergétique va rapidement revenir sur le devant de la scène. En effet, le pic de la production pétrolière pourrait bien être atteint en 2014. Oui, dans 4 ans seulement, vous avez bien lu ! Ces annonces sont toujours sujettes à caution, très dépendantes du niveau des cours, mais justement la retombée de ce qu’on a pris pour une bulle du pétrole (à l’origine de l’écroulement financier) a découragé des investissements qui auraient pu exploiter d’autres sources et, c’est un fait, les capacités actuelles sont à leur maximum. On va donc se trouver avec des risques de pénurie sur une période de plus de 10 ans sans doute. Ce n’est pas la fin du pétrole, bien sûr, encore moins l’apocalypse mais du moins le signe de la remontée des prix parallèlement à l’activité économique.

On pourrait s’en réjouir si ce qu’on risquait surtout, c’est que le charbon ne se substitue au pétrole ! De quoi nous sauver de la déflation au moins mais en nous enfonçant un peu plus dans la crise… sauf si on décidait de prendre la question énergétique au sérieux et qu’on s’engageait résolument dans la transition énergétique avec une véritable économie de guerre destinée à un basculement rapide vers les énergies renouvelables. C’est ce que proposait Lester Brown dans son « Plan B. », prenant modèle sur la reconversion industrielle opérée par les USA au début de la guerre de 1940 pour produire des avions en masse, ce qu’on pourrait faire pour produire des éoliennes en masse de la même façon sur quelques années. J’avais critiqué ces propositions comme trop éloignées d’un projet écologiste mais, dans le contexte actuel, cela vaudrait quand même mieux qu’une guerre ou de prendre le risque d’un nucléaire mal maîtrisé comme l’EPR, et, sur le court terme, il n’y a pas tellement mieux à faire.

Cela ne veut pas dire qu’il ne faut pas faire des économies d’énergie une priorité mais qui n’empêchent pas l’effet rebond s’il n’y a pas d’énergies alternatives. On sera bien obligé de faire feu de tout bois dans la période de vaches maigres qui s’annonce, et même si à plus long terme l’énergie devrait être abondante puisqu’il y a plus de soleil qu’il ne nous en faut. Appeler à un capitalisme vert et la reconversion des industries automobiles en fabricants d’éolienne ou de panneaux photovoltaïque n’est pas non plus renoncer à sortir du capitalisme, ce qui prendra plus que quelques années. Il ne s’agit pas de faire de l’idéologie mais de bonne stratégie puisque le système de production capitaliste existe, faisons lui produire ce dont nous avons besoin, et puisque l’alternative n’existe pas, construisons-la. Combiner alternative, économie d’énergie et capitalisme vert est incontournable dans cette période de transition.

Il y a le risque bien réel que ce soit la Chine qui rafle la mise, il n’est pas sûr que le secteur florissant jusqu’alors en Allemagne survive à la baisse des soutiens de l’Etat. Il est certain que, pour que ce soit viable, avec l’effet d’entraînement suffisant pour nous sortir à la fois de la crise économique et énergétique, il faudrait l’équivalent Lire la suite

Agriculture : Nicolas Sarkozy prône une nouvelle méthode de mise en œuvre des mesures environnementales

actu-environnement.com, Rachida Boughriet, le 8 mars 2010

Agriculture : Nicolas Sarkozy prône une nouvelle méthode de mise en œuvre des mesures environnementales

A l’occasion d’une visite le samedi 6 mars au Salon de l’Agriculture à Paris, le Président de la République Nicolas Sarkozy a demandé  »un changement de méthode dans la préparation et la mise en œuvre des mesures environnementales en agriculture ». Une  »nouvelle méthode de travail » qui avait déjà été annoncée par le Ministre de l’Agriculture Bruno Le Maire, le 21 janvier lors de la présentation de ses vœux à la presse, afin de favoriser une agriculture  »durable »  »dans le respect des contraintes économiques des producteurs ».

Après être revenu au cours d’une table ronde samedi,  »sur toutes ces questions d’environnement, parce que là aussi ça commence à bien faire », le Président de la République a rappelé qu’il  »croyait à une agriculture durable », tout en soulignant que les agriculteurs  »seraient les premières victimes des pesticides ». Mais  »il faut que nous changions notre méthode de mise en œuvre des mesures environnementales en agriculture. Il faut que cela change », a-t-il martelé.

Le chef de l’Etat a également demandé au ministre de l’Agriculture Bruno Le Maire et au ministre du Développement durable Jean-Louis Borloo de réunir dès cette semaine  »un premier groupe de travail autour d’une nouvelle méthode d’analyse des mesures environnementales en agriculture ». Cette nouvelle méthode sera articulée  »autour de trois axes : une analyse comparée avec ce qui se fait chez nos partenaires européens, une étude d’impact économique et social de cette mesure sur les filières françaises, et un chiffrage du bénéfice attendu pour la société », a précisé Nicolas Sarkozy.  »Je n’accepte plus les distorsions de concurrence à l’intérieur de l’Europe où nos agriculteurs, on leur empoisonne la vie tous les jours et les autres, on ne leur demande rien », a-t-il expliqué. Concernant  »les normes environnementales »,  »je souhaite qu’on montre l’exemple, mais qu’on avance en regardant ce que font les autres, parce que sinon il n’y aura plus d’éleveurs de porcs bientôt chez nous », a ajouté le chef de l’Etat.

 »Un renoncement majeur au Grenelle » pour les écologistes

Si Nicolas Sarkozy s’est voulu rassurant auprès des agriculteurs, les écologistes ont dénoncé  »un renoncement majeur au Grenelle de l’environnement », à une semaine des élections régionales.  »C’est une remise en cause du Grenelle et même une trahison », a estimé Lylian Le Goff, de France nature environnement. Pour les partis écologistes et les associations environnementales, Lire la suite

Le 7 avril – Solutions locales pour un désordre global, un film de Coline Serreau

arnanermad.overblog.com, NC, le 7 mars 2010

Solutions locales pour un désordre global, un film de Coline Serreau

Sujet : Re-voici Coline Serreau avec son nouveau film qui sort en France le 7 avril…

Sortie nationale au cinéma le 7 avril 2010

Solutions locales pour un désordre global, un film de Coline Serreau

Des films catastrophes ont été tournés, des messages alarmistes lancés, ils ont eu leur utilité mais il faut désormais montrer qu’il existe des solutions, faire entendre les réflexions de ceux qui inventent et expérimentent des alternatives. Dépassant la simple dénonciation d’un système agricole perverti par une volonté de croissance irraisonnée, Coline Serreau nous invite dans « Solutions locales pour un désordre global » à découvrir de nouveaux systèmes de production agricole, des pratiques qui fonctionnent, réparent les dégâts et proposent une vie et une santé améliorées en garantissant une sécurité alimentaire pérenne. Caméra au poing, Coline Serreau a parcouru le monde pendant près de trois ans à la rencontre de femmes et d’hommes de terrain, penseurs et économistes, qui expérimentent localement, avec succès, des solutions pour panser les plaies d’une terre trop longtemps maltraitée.

Pierre Rabhi, Claude et Lydia Bourguignon, les paysans sans terre du Brésil, Kokopelli en Inde, M. Antoniets en Ukraine… tour à tour drôles et émouvants, combatifs et inspirés, ils sont ces résistants, ces amoureux de la terre, dont le documentaire de Coline Serreau porte la voix. Cette série d’entretiens d’une incroyable concordance prouve un autre possible : une réponse concrète aux défis écologiques et plus largement à la crise de civilisation que nous traversons.

Oui, des solutions locales et des alternatives concrètes pour un meilleur partage des avoirs et des savoirs existent. Cinéaste à succès, Coline Serreau s’engage depuis toujours pour un monde plus juste et plus humain. La réalisatrice a démarré sa carrière en 1976 par un documentaire féministe et ponctue depuis sa filmographie de productions militantes. Loin d’un effet de mode, l’environnement, l’écologie et la décroissance constituent les fondements de sa personnalité et de son discours. En 1996, Coline Serreau nous invitait déjà à une réflexion écologique et sociale avec « La Belle Verte » pour dénoncer les méfaits d’une société de consommation délirante. La réalisatrice a entamé depuis une profonde réflexion sur la façon même d’exercer son travail. « Solutions locales pour un désordre global » film documentaire écologiste et engagé, est l’un des aboutissements artistiques et intellectuels de son parcours de cinéaste.

« Solutions locales pour un désordre global » est réalisé en partenariat avec l’association Colibris, mouvement pour la Terre et L’humanisme (pour en savoir plus sur Colibris, cliquez ici). L’association créée à l’initiative de Pierre Rabhi a réalisé un entretien avec Coline Serreau qui fait le bilan de ces trois ans de tournage : http://www.youtube.com/watch?v=Etp2_-eqVKU

Coline Serreau , à propos de sa collaboration avec Colibris : « Il faut aujourd’hui montrer qu’il existe des solutions, faire entendre les réflexions des philosophes et économistes qui, tout en expliquant pourquoi notre modèle de société s’est embourbé dans la crise écologique, financière et politique que nous connaissons, inventent et expérimentent des alternatives. Le film que nous réalisons se voudrait un objet Lire la suite

Conférence débat le jeudi 11 mars : « Crise climatique, énergétique, écologique… : l’approche des territoires en transition est-elle adaptée à l’agglomération bordelaise » ?

MNE Bordeaux-Aquitaine – Université populaire de l’environnement, Communiqué, le 4 mars 2010

La Communauté Urbaine de Bordeaux et la Maison de la Nature et de l’Environnement Bordeaux-Aquitaine, vous invitent dans le cadre du Plan climat de la CUB et de l’Université Populaire de l’Environnement, à participer à une conférence-débat publique : le jeudi 11 mars de 18h00 à 20h00

Hôtel de la Cub (Esplanade Charles de Gaulle) – salle des commissions réunies 

« Crise climatique, énergétique, écologique… : l’approche des territoires en transition est-elle adaptée à l’agglomération bordelaise » ? 

Assurer la transition d’un mode de vie qui repose sur une énergie disponible et bon marché, à un mode de vie plus sobre, avec une énergie rare et chère, pourrait bien être une des priorités de cette nouvelle décennie. 

Avec Pierre Radanne (consultant, ancien président de l’ADEME)

et Simon Charbonneau (juriste en droit de l’environnement, militant associatif). 

En présence de Laure Curvale, Vice Présidente de la Cub en charge du plan climat.

Nous vous invitons, en amont de cette conférence, à découvrir plusieurs initiatives qui se mettent en place en Europe :

Lors des négociations de Copenhague en décembre 2009 un collectif de communautés locales a adopté Une déclaration des peuples au Klimaforum09 – Changeons le système ! Pas le climat ! Parmi les revendications : trouver de vraies solutions à la crise climatique basées sur une utilisation sécurisée, propre, renouvelable et durable des ressources naturelles, ainsi qu’une transition vers une souveraineté alimentaire et énergétique, foncière et sur les ressources en eau.

http://www.amisdelaterre.org/IMG/pdf/Declaration_des_Peuples_au_Klimaforum_-_Changeons_le_Systeme_Pas_le_Climat_Ultimate_Version.pdf

Le Parlement Wallon a adopté à l’unanimité le 18 juillet 2008 une Résolution sur les pics du pétrole et du gaz. Elle manifeste la prise de conscience du défi majeur que représente le pic pétrolier, tout en prenant en considération le changement climatique. En effet, si les experts ne s’entendent pas sur la date du pic, ils conviennent qu’il est inéluctable et qu’il n’y a pas d’alternative unique au pétrole. Il est donc urgent pour les députés wallons d’adopter des mesures de transition.

http://www.weblex.irisnet.be/data/crb/Doc/2008-09/113709/images.pdf

Une petite ville du Sud-Ouest de l’Angleterre s’est mobilisée depuis septembre 2006, pour vivre sans dépendre des apports extérieurs. L’objectif : réduire la consommation de produits transportés qui ont une lourde empreinte carbone. Il s’agit de la ville en transition [transition town] la plus avancée du monde, pionnière d’un mouvement qui, face au double défi du changement climatique et de la fin prochaine du pétrole à bon marché, a pour objectif de réduire sa consommation énergétique et son empreinte carbone

Le site francophone des villes et communautés en transition http://www.villesentransition.net/

Les sites des territoires français en transition Lire la suite

Vert pâle. Misère de l’écologie politique française

ecologie-solidaire-en-franche-comte.ouvaton.org, le 6 mars 2010

Article paru sur papier dans la revue Ecorev’ et ensuite en ligne dans la revue Multitudes.

Vert pâle. Misère de l’écologie politique française

En revenant aux sources de ce qui devrait fonder un imaginaire de l’écologie, l’activiste Laurence Guého-Neyrat et le philosophe Frédéric Neyrat en viennent à interroger la « misère » qui découle du manque de représentation de la nature dans notre pays, républicain et encore très peu réceptif aux formes décentralisées de gestion de l’espace dit « naturel ». Pour eux, la faiblesse des Verts peut aussi s’expliquer par cette incapacité à développer un imaginaire fondateur.

Le très mauvais score à la présidentielle 2007 n’est pas un effondrement des Verts, plutôt une évaporation, c’est-à-dire le signe d’un manque d’implantation « durable » de l’écologie politique en France. Cette évaporation est sans doute conjoncturelle, elle tient à la situation de 2007, la tenaille Royal/Sarkozy qui a piégé les électeurs ou bien dans le vote « utile » pour la candidate du PS, ou bien dans le vote pour une programmation néo-conservatrice du candidat libéral-sécuritaire rattaché à l’UMP. Mais cette conjoncture ne permet pas de comprendre sur le long cours l’absence de consistance de l’écologie politique que les Verts ont pour fonction de représenter. Comprendre la possibilité de cette évaporation, c’est s’engager dans une analyse de type généalogique, allant chercher les causes de cette inconsistance au niveau de ce qu’il est convenu d’appeler notre « exception française ». C’est sur ce fond que l’on pourra comprendre ce qui est arrivé en 2007, et risque de se reproduire – à supposer que les Verts survivent autrement que comme simple médiation parlementaire entre le PS et le MoDem… En effet, on aurait pu imaginer tout autre chose : après la canicule de 2003, le cyclone Katrina qui a ravagé la Louisiane, le succès du film de Al Gore sur les changements climatiques (Une vérité qui dérange) et les deux derniers rapports d’évaluation du GIEC, on aurait pu envisager un vote conséquent en faveur des Verts, adossé sur la lente maturation de la « conscience » écologique. Il n’en fut rien. La conscience écologiste française semble jetable, à consommer sur place, recyclable n’importe où. Pourquoi ?

La République contre nature

Pour le dire de façon brutale, il n’y a pas en France de représentation symbolique de la nature digne de ce nom. La nature est pour nous ou bien une ressource comptable et mathématisable, dont on peut calculer l’exploitation, ou bien le jardin quadrillé à la française. Entre les deux, rien. Pour que la nature puisse être représentée, il faut qu’il y ait un certain type de Grand Objet soumis à une certaine attention, un certain type de soin, et tenant une place dans l’histoire d’un espace et de ses habitants. Il faut que cet Objet soit présent et associé à des récits, des mythes, des films, et raconté à des enfants comme à des adultes. Or la France ne connaît pas ce genre de construction d’Artefact de Nature, comme la Forêt en Allemagne ou au Japon, la Mer pour certains pays du Nord. Ou la Wilderness aux Etats-Unis : de Melville aux simples récits des tribulations des trappeurs, les Grands Récits prenant place dans l’espace vierge nord-américain perdurent dans la littérature et le cinéma contemporains, et le trappeur devient même quelques fois le héros d’une certaine radicalité (Un ami de la terre de T.C. Boyle, Grizzly Man…). De même, la partition de l’espace à la japonaise, avec d’un coté les espaces d’ultra-urbanité dévolus aux humains et de l’autre les espaces de type « réserve totale », a donné lieu à divers courants poétiques et picturaux traditionnels et se retrouve sujet et questions des grands films d’animations des studios Ghibli (Princesse Mononoké, Pompoko, Mon voisin Totoro… de Myazaki ou Takahata). Il aura sans doute fallu aussi des Joseph Kessel et des John Boorman pour donner naissance en Angleterre aux grands mouvements végétariens ou anti-spécistes qui sont souvent l’assise d’autres mouvements écologistes plus radicaux et des Joseph Conrad afin que les Londoniens pensent la mer et le vent comme sources d’énergie infinies et acceptent un vaste parc éolien off-shore en face de leur ville. L’absence de la nature comme domaine symbolisé et Grand Objet vécu est traduite – et sur-compensée – depuis des siècles en France par un excès d’aménagement du territoire républicain au détriment Lire la suite

42% des Français ont déjà voté écologiste

terra-economica.info, NC, le 4 mars 2010

42% des Français ont déjà voté écologiste

A quelques jours des élections régionales, Terra eco et OpinionWay ont sondé les Français pour mieux cerner leur perception politique de l’écologie. Nous leur avons posé 4 grandes questions, et les résultats sont parfois surprenants.

 L’écologie est-elle un enjeu des régionales ?

Oui pour 70% des Français, l’écologie va peser beaucoup (26%) ou assez (44%) sur le scrutin des 14 et 21 mars prochains. Et qu’ils aient l’intention de voter UMP ou PS, ils sont une majorité – près des deux tiers – à le penser. D’ailleurs, si l’on en juge les politiques menées à l’échelle régionale (voir notre dossier) depuis 10 ans, les élus ne s’y trompent pas : le développement durable touche aujourd’hui tous les étages de la fusée région et les plans climat ont germé un peu partout.

 L’écologie plutôt à droite ou à gauche ?

Ou ni l’un, ni l’autre, ni même au centre ? Vaste question, sur laquelle débattent d’ailleurs Daniel Cohn-Bendit et Luc Ferry ce mois-ci à l’invitation de Terra eco. Nos sondés placent plutôt l’écologie à gauche (37%), mais pas trop (7% pour la gauche de la gauche). Ils sont 34% à la considérer hors du clivage droite-gauche et encore 17% à la situer au centre. En revanche, bien peu nombreux sont ceux sont qui la place à droite (4%), à peine plus parmi les sympathisants de l’UMP (10%). A force d’ouverture, on finirait presque par en douter : mais Jean-Louis Borloo, notre ministre de l’écologie (et plus), il est bien à l’UMP, non ? Certains se souviennent peut-être qu’il avait cofondé Génération Écologie en 1991 avec Brice Lalonde et Noël Mamère. Pas étonnant que les Français aient parfois du mal à s’y retrouver.

 Les personnalités qui incarnent le mieux la pensée écologiste

Sans surprise, en n’en déplaise à Claude Allègre, ce sont les personnalités issues des médias, Nicolas Hulot et Yann Arthus-Bertrand, qui arrivent en tête. Pour respectivement 41% et 33% des Français, ce sont ces deux hommes d’image qui incarnent le mieux l’écologie. Parmi les personnalités politiques, Daniel Cohn-Bendit explose les scores avec 21%, loin devant José Bové (13%), Jean-Louis Borloo (9%) ou Ségolène Royal (2%), qui s’était pourtant demandée, en septembre dernier et au micro de RTL, si elle ne serait pas la « meilleure candidate écologiste » pour la prochaine élection présidentielle.

 42% des Français ont déjà voté écolo

C’est peut être le résultat le plus surprenant de notre sondage. 42% des sondés déclarent avoir déjà voté – au minimum une fois – pour une liste ou un candidat écologiste dans leur vie. Ce qui démontre l’extrême volatilité Lire la suite

Enquête sur la BIOmania

lefigaro.fr, Sophie Roquelle, le 19 février 2010

Enquête sur la biomania

Alimentation, cosméto, mode, techno… la vague bio déferle sur la France, avec ses codes, ses tribus et ses rites. Enquête sur un phénomène de société devenu un vrai business.

Peut-être avez-vous échappé, mesdames, au cadeau écolo chic de cette Saint-Valentin 2010 : un ensemble lingerie en copeaux de pin recyclés. Ras surez-vous, ce n’est que partie remise car tout porte à croire que ces dessous «sexy et responsables» ont de beaux jours devant eux. Depuis octobre, la petite société qui les fabrique à partir de déchets d’élagage voit ses ventes plus que doubler. Un engouement que sa fondatrice, Sophie Young (1), explique notamment par «le désir de bio».

Plus rien n’arrête la biomania qui déferle sur la France ! Du panier bio au savon au lait de jument en passant par le tee-shirt en chanvre et les ordinateurs en bambou, tout le monde veut consommer bio. C’est d’ailleurs le seul secteur à avoir échappé à la crise l’an dernier. Selon le baromètre 2009 de l’Agence Bio, nous sommes 46 % à avoir mangé au moins une fois par mois un produit issu de l’agriculture biologique, contre 44 % en 2008 et 42 % en 2007. La tendance va se poursuivre puisqu’un quart des consommateurs de bio déclarent vouloir en faire encore plus cette année, tandis que 71 % envisagent de maintenir leurs achats. Autrement dit, les adeptes du bio ne se détournent pas, même s’ils sont encore une petite minorité (2,5 % des achats alimentaires).

Il a fallu attendre 2008 pour que le bio quitte le marché ultraconfidentiel des néo-babas cool, rurbains et autres bobos pour devenir un vrai business. Cette année-là, les ventes de l’alimentation bio explosent (+ 25 %), atteignant 2,6 milliards d’euros. Et selon les premières estimations, elles auraient à nouveau connu une croissance à deux chiffres l’an dernier. Incroyable quand on sait qu’un panier de produits bio est en moyenne 22 % plus cher qu’un panier équivalent de produits « conventionnels » ! Selon l’UFC-Que Choisir (2), qui a passé au scanner 120 000 prix alimentaires dans près de 1 800 magasins, l’écart est encore plus important (57 %) si l’on compare notre panier bio avec un panier de marques distributeur.

L’autre grande nouveauté est que le bio sort de la table et envahit tout le champ de la consommation : déco, textile, high-tech… En témoigne le développement de l’enseigne Ekyog et de son «univers du doux-être» – vêtements et cosmétiques bio – créés par un couple de jeunes Rennais.

Les experts mettent en garde contre tout emballement. Le bio reste un marché de «niche» : à terme, il ne devrait guère dépasser les 10 à 15 % de la consommation alimentaire. Mais c’est un marché rentable, très rentable même. Les bio-consommateurs sont souvent issus «des classes moyennes supérieures», explique la sociologue Michelle Dobré (3), qui précise : «C’est bien plus une question de ressources culturelles que financières : le pratiquant intellectualise, il est critique sur sa consommation

Tout le monde veut aujourd’hui sa part du gâteau bio. A commencer par la grande distribution qui, selon l’UFC-Que Choisir, «a intégré ce Lire la suite

Jean-Marie Pelt : Faire coïncider écologie et économie

lalibre.be, Charles Delhez, le 17 février 2010

Entretien avec Jean-Marie Pelt, président de l’Institut européen d’écologie.

Faire coïncider écologie et économie

Dossier « Notre planète »

Fils et petit-fils d’horticulteur, botaniste, Jean-Marie Pelt est un amoureux de la nature. Fondateur de l’Institut européen d’écologie à Metz, voici déjà quarante ans, il est de plus en plus préoccupé de l’avenir de notre la petite Planète bleue, riche jusqu’à présent, d’une étonnante biodiversité, véritable assurance-vie de l’humanité. Elle met en effet des ressources à notre disposition, que nous prélevons directement pour nous nourrir, nous vêtir Elle nous fait également bénéficier de sols fertiles, de forêts prospères, d’eau pure, d’insectes pollinisateurs Et, s’exclame Jean-Marie Pelt, ces services-là sont gratuits ! Rencontre à Metz, dans les bureaux de l’Institut, abrités dans le cloître des Récollets du XIVe siècle.

Jean-Marie Pelt, quel est donc votre vocabulaire actuel ? Parleriez-vous de développement durable, de modération joyeuse, de décroissance ?

Je ne parlerais pas de décroissance, car on reste alors dans le vocabulaire usuel. Or, il faut aujourd’hui percevoir les choses autrement. Je préfère donc parler d’économie durable, d’économie verte, d’économie en équilibre. L’économie doit devenir le mode ordinaire de production et de consommation des biens et services, et le lieu ordinaire où les gens trouvent un emploi. La croissance, elle, fait la part grande à la production de richesses, expression que je n’aime pas. En effet, en créant des richesses, on épuise les ressources qui serviraient aux suivants pour en produire eux-mêmes. Il faut repenser les axiomes de l’économie. Cette science s’est installée uniquement dans la société humaine et n’a pas du tout tenu compte des ressources de leurs limites. Economie et écologie doivent finir par coïncider, sinon l’économie sera une sorte de cancer se développant sur le monde des vivants, qui va finir par s’épuiser et tomber gravement malade.

Dans notre évaluation de la croissance des entreprises, par exemple, n’oublie-t-on pas la variable écologique et la variable humaine ? Sous cet angle, n’est-on pas en décroissance ?

Tout à fait ! Je vois que des gens souffrent au travail, à cause de la non-lisibilité des buts de l’entreprise, à cause de l’encadrement, de la pression au travail. Le bonheur intérieur brut n’y est pas. Il faut changer le fonctionnement de l’économie. Cette science récente repose sur des axiomes et des postulats qui n’ont jamais été démontrés, ainsi celui que plus on a de biens et de richesses, plus on est heureux. Côté écologie, rappelons-nous le procès Erika : on a évalué le prix des oiseaux mazoutés et la compagnie a dû payer. On a donné un prix à la nature pour qu’elle puisse entrer dans la mécanique économique. Mais en fait, c’est à la mécanique économique d’entrer dans la nature. L’économie est un sous-système de l’écologie et pas l’inverse.

Michel Serres reproche d’avoir pensé toujours les choses à deux termes, maîtres et esclaves, riches et pauvres, Nord et Sud… Il nous faudrait aujourd’hui les penser à trois termes, en donnant la parole à ce qu’il appelle la “Biogée”, la sphère des vivants. Serait-ce cela l’économie verte ?

Oui. Il s’agit de voir les choses en cohérence, de manière transversale (pluridisciplinaire aurait-on dit jadis). La vie, en effet, fonctionne en réseau. Les choses les plus lointaines peuvent avoir des rapports entre elles sans que le lien ne soit perceptible par nous. Au Canada, par exemple, les orques, qui sont carnivores, finissent par dévorer les loutres, parce qu’ils n’ont plus de poissons à manger. Du coup, les oursins – nourriture des loutres – se sont mis à proliférer, et le matelas d’algues, à diminuer. Mais c’est là que se logent les coquillages et les alvins. La population de poissons est donc menacée. Nous revoilà à la case départ : les orques dévorent désormais les loutres. C’est en interrelation subtile, avec des effets qui sont parfois éloignés de la cause première par un jeu de causes secondes, comme aux dominos.

L’écologie ne serait-elle pas aussi vieille que l’humanité, datant du jour où l’homme s’est distancé de la nature, tout en disant : et pourtant j’en fais partie ?

Justement, depuis quelques siècles, nous ne parlons plus ainsi en Occident. Les peuples premiers, eux, les Indiens, par exemple, ont un rapport fusionnel avec la nature. A la Renaissance, nous nous en sommes séparés. Cette dernière, devenue inerte, a perdu son sens. On en a fait un objet des sciences et de l’exploitation. C’est à tel point que Descartes Lire la suite

Dur de se mettre au vert ! – Pionnière en matière d’environnement, Boulder (Colorado) a bien du mal à réduire ses émissions de GES

courrierinternational.com, N° 1008, The Wall Street Journal, Stephanie Simon, le 25 février 2010

Dur de se mettre au vert !

Réputée pionnière en matière de respect de l’environnement, la ville universitaire de Boulder, dans le Colorado, a pourtant bien du mal à réduire ses émissions de gaz à effet de serre.

Au printemps 2010, des techniciens embauchés par la mairie seront déployés aux quatre coins de la ville pour remplacer, aux frais des contribuables, les ampoules électriques de milliers de foyers par des modèles basse consommation. Pourtant, lorsque les responsables municipaux ont décidé, en 2006, de faire de Boulder une ville pionnière dans la lutte contre le réchauffement climatique, ils ne s’imaginaient pas qu’ils devraient jouer les nounous. La cause semblait parfaitement correspondre aux idéaux des résidents, pour la plupart progressistes et passionnés de plein air. “Mais nous nous sommes rendu compte qu’il est extrêmement difficile de convaincre une majorité de personnes d’agir”, souligne Kevin Doran, chercheur à l’université du Colorado.

Les objectifs de Barack Obama en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre sont ambitieux. Pour les atteindre, le gouvernement compte notamment adopter des mesures d’amélioration de l’efficacité énergétique. Le plan de relance de l’économie voté en 2009 prévoyait également des milliards de dollars pour l’isolation des bâtiments. Les autorités locales ont cependant découvert que les incitations financières et les campagnes de sensibilisation n’étaient pas suffisantes pour pousser les particuliers à agir. Boulder est pourtant l’une des villes les plus écolos du pays : on ne peut même pas acheter de chips à la buvette du stade parce que leur emballage n’est pas recyclable.

Les climatosceptiques ne se cachent plus

Prenez George Karakehian. Il se dit plutôt écolo. Il conduit une voiture hybride, recycle et utilise des ampoules basse consommation. Il refuse pourtant d’adopter les mesures d’efficacité énergétique les plus élémentaires et laisse la porte de sa galerie d’art ouverte même quand le chauffage ou l’air climatisé fonctionne. Il sait qu’il gaspille de l’énergie et s’en moque. “On m’a toujours dit que laisser les portes ouvertes incite les visiteurs à entrer”, explique-t-il. Et il n’est pas le seul dans ce cas. Depuis 2006, la ville de Boulder a accordé des subventions pour la réalisation d’audits énergétiques dans 750 foyers. Comme les propriétaires devaient tout de même débourser 200 dollars, seuls les plus motivés ont participé. Des études ont par la suite révélé que la moitié d’entre eux n’avaient pas suivi les recommandations, malgré de généreuses incitations. “Nous avons encore beaucoup de chemin à faire”, estime Paul Sheldon, consultant auprès des autorités municipales. Les habitants “devraient conduire des véhicules propres, mais ce n’est pas le cas. Ils devraient pratiquer le covoiturage, mais ils ne le font pas.” Et ils devraient changer eux-mêmes leurs ampoules, ajoute-t-il.

La validité scientifique du réchauffement climatique a récemment été contestée. Les auteurs d’un rapport phare sur le changement climatique, publié en 2007, ont admis certaines erreurs dans leurs travaux. Ils continuent cependant de penser que le réchauffement climatique est “sans équivoque” et “fort probablement” dû à l’activité humaine. Des experts britanniques du climat ont également fait l’objet de critiques à la suite de la publication d’extraits de leur correspondance électronique. Ceux-ci semblaient indiquer qu’ils cherchaient à étouffer les opinions divergentes. A Boulder, certains climatosceptiques ont commencé à exprimer leurs doutes en public. Les autorités municipales affirment cependant encore bénéficier du soutien de la majorité de la population, mais le plus difficile, c’est de pousser les citoyens à passer aux actes.

Située au pied des Rocheuses, cette ville de 100 000 habitants a souvent montré l’exemple en matière d’écologie. Elle a été l’une des premières à créer Lire la suite

Prochains stages de l’Ecocentre de Gironde : Poêle de masse ou à inertie, restauration écologique du bâti ancien, ossature bois, terre, chaux, géobiologie, eau, isolation…

Solar rives de Garonne, communiqué, le 25 février

Prochains stages de l’Ecocentre de Gironde

Poêle de masse ou à inertie : du 12 au 16 avril 2010

Public : Tout public ayant l’envie et/ou l’expérience de la maçonnerie.

Formateur : Sébastien Laplace concepteur/constructeur de poêle à inertie.

Conception et construction d’un poêle de masse de type « Rocket Stove ». Le principe : un foyer à chargement vertical et à double combustion (1200°C en température de croisière) brûle du petit bois pendant environ 2 heures (préférence aux résineux). Ensuite les calories des fumées chaudes sont captées dans des conduits de briques de terre crue compressée (BTC). Ces calories sont restituées dans l’habitation pendant 12 à 24 heures par des rayonnements infrarouges d’une douceur incomparable. Les avantages en sont une fabrication  écologique et abordable aux auto-constructeurs, une combustion propre et économe et une chauffe saine et agréable.

La restauration écologique du bâti ancien du 26 au 30 avril 2010

Public : tout public désireux d’approcher la restauration/rénovation écologique d’un point de vue théorique et global à partir d’exemples concrets (professionnels, autoconstructeurs, amateurs éclairés…).

Formateur : Claude Micmacher, écoarchitecte fondateur de l’Ecocentre® du Périgord.

Il s’agira de faire un tour d’horizon de ce qu’il est nécessaire de maîtriser avant de programmer et d’entamer une restauration/rénovation

Principaux thèmes abordés :

– typologie des constructions anciennes (avant 1920 jusqu’à nos jours), respect des caractéristiques de chaque mode constructif,

– introduction au bioclimatisme, solaire passif, éco-conception,

– propriétés des matériaux écologiques,

– diagnostics et résolutions des éventuels désordres, adaptations aux rénovations précédentes,

– gestion écologique de l’eau et récupération des eaux pluviales.

Stages en prévision (non exhaustif) :

Ossature bois type cadre américain : ossature très légère utilisant Lire la suite

Lettre ouverte aux élus et habitants du bassin d’Arcachon et du val de l’Eyre : Contrat de Pays, SCOT… Les élus à contre-courant

capferret.over-blog.com, communiqué, le jeudi 25 février,

Contrat de Pays, SCOT Les élus à contre-courant

Le Pays du Bassin d’Arcachon et du Val de Leyre constitue une entité écologique exceptionnelle du fait de l’étroite interdépendance du Bassin d’Arcachon d’une part avec l’Océan atlantique, d’autre part avec son arrière-pays abreuvé de zones humides et de précieux cours d’eau. L’extrême fragilité de ces milieux nécessite, de toute urgence, une attention particulière et une démarche protectrice liées à la protection de la biodiversité et à la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Aucun développement n’est concevable sans qu’une place centrale soit faite à la protection de l’intégrité des territoires naturels et à leur rôle pour la préservation du vivant.

CONTRAT DE PAYS Bassin d’Arcachon et Val de Leyre 2010-2012

Lors de la session du Conseil de Développement (CODEV) du 06 octobre 2009, en tant que représentants d’associations de protection de la Nature et de l’Environnement siégeant au CODEV, nous avons assistés au projet de contrat de Pays du Bassin d’Arcachon et du Val de Leyre 2010-2012, que nous devons désapprouver, tel qu’il nous a été présenté.

LETTRE OUVERTE AUX ELUS ET HABITANTS DU BASSIN D’ARCACHON ET DU VAL DE L’EYRE.

Depuis leur fondation, la Coordination Environnement du Bassin d’Arcachon (CEBA) et la SEPANSO regroupent les structures associatives qui ont, de par leurs statuts et leurs agréments, vocation sur le Bassin d`Arcachon et le Val de l’Eyre à être reconnues partenaires de l’Etat et des collectivités.

Depuis de nombreuses années, nous faisons prévaloir, tant auprès des services de l’Etat, des Communautés de communes et des collectivités territoriales que le Bassin d’Arcachon et le Val de l’Eyre sont identifiés au plan aquitain, national et auprès de la Communauté Européenne comme un territoire d’exception, aux caractéristiques géomorphologique et hydrogéologique très rares et pour lequel la préservation des écosystèmes, des milieux remarquables, sont à la base de la pérennité d’un extraordinaire patrimoine naturel au sein duquel les activités humaines doivent s’intégrer en respectant la biodiversité et les fonctions évolutives d’un gisement environnemental unique au bord du littoral Atlantique.

A l’issue d’une année de participation dans les commissions thématiques du SCOT, et après transmission de plusieurs rapports au SYBARVAL, nous observons que devant l’affirmation que ce territoire est quasiment unique en Europe du point de vue environnemental, les formulations, les concepts économiques, urbains, touristiques, démographiques, qui nous sont proposés ont tous pour dénominateur commun un projet de développement par lequel les choix et objectifs escomptés sont, à l’évidence, susceptibles de remettre en cause irréversiblement les équilibres fragiles des milieux, des paysages, des sites, dont l’état actuel est déjà profondément perturbé.

Au-delà de l’immense déception causée par l’observation des options qui n’ont cessé de jalonner les exposés fournis, nous sommes aujourd’hui consternés du Projet d’Aménagement et de Développement Durable (PADD) que le cabinet A’urba ose présenter au nom du SYBARVAL, projet où à l’évidence les facteurs accélérateurs d’un aménagement voué à la reconnaissance d’une future super-agglomération ainsi que les aspects démographiques, d’évolution urbaine, touristiques basés sur une consommation « libérée » des espaces, vont profondément mutiler l’identité environnementale et patrimoniale du Pays Bassin d’Arcachon et Val de L’Eyre.

Dès lors, il nous parait primordial de souligner que Lire la suite

Jean Zin : Qu’est-ce que l’écologie politique ?

jeanzin.fr, Jean Zin, le 21 janvier 2010

Qu’est-ce que l’écologie politique ?

La question se pose d’autant plus de la nature de l’écologie-politique qu’il s’agit d’un mouvement émergent et non de l’application d’une doctrine préalable. On peut dire que son corps de doctrine s’est constitué en marchant, ce qui justifie l’approche historique qu’en donne Alain Lipietz dans son petit livre sur le sujet.

L’inconvénient de cette approche est cependant de ne pouvoir sortir de la confusion initiale et du volontarisme dont l’écologie-politique a tant de peine à se débarrasser, réduite à une aspiration morale, à une pure question de valeurs, un désir d’harmonie sinon d’amour des hommes et des bêtes, au lieu d’une responsabilité incontournable qui en fait plutôt un enjeu cognitif vital. Il ne s’agit pas de préférences personnelles : on n’a pas le choix ! La réduction de l’écologie-politique à l’amour de la nature est à la fois inévitable et intenable. Il faut l’affirmer haut et fort, on n’a pas besoin de faire de sentimentalisme pour prendre l’écologie-politique au sérieux, notamment sa dimension politique qui introduit dès lors la division entre les écologistes qu’on ne peut absolument pas rassembler en un seul courant qui irait de l’écologie profonde à l’écologie sociale.

Il y a nécessité d’une définition plus conceptuelle et critique de l’écologie-politique, certes moins habituelle, comme retour au réel et nouveau stade cognitif, celui de la post-modernité et de l’unification du monde dont on est devenu responsables, intégrant la contradiction entre nature et culture ainsi qu’en posant des limites aux possibles, à nos capacités techniques de transformation du monde comme de nous-mêmes.

Notre époque en quête de nouvelles spiritualités est imprégnée, depuis le mouvement hippie au moins, d’une idéologie écolo très naïve mais qui a toutes les raisons de perdurer auprès des jeunes urbains. Dès lors, les écologistes sont invariablement identifiés à ce retour à la nature de sortes de boy scouts qui restent pourtant plus que marginaux. Sans aller jusque là, on leur imputera au moins une forme ou une autre de primitivisme ou de régression. Il n’est certes pas si facile de s’en défaire quand on prétend défendre notre « monde vécu » ou quelque nature originaire, l’indispensable critique de la technique et du progrès glissant facilement à la technophobie comme au conservatisme le plus réactionnaire.

Pendant que les gentils écolos occupent héroïquement la scène, on voit arriver en coulisse une toute autre écologie en costard cravate, plus du tout utopique celle-là, et plutôt technophile, celle du capitalisme vert engagé dans un nouveau cycle de croissance. Ces divergences d’approche prouvent au moins que l’écologie ne se réduit pas à ce que ses partisans en font, mais elles témoignent surtout de l’absence de la dimension politique dans ces approches spirituelles ou marchandes.

De son côté, l’écologie-politique ne peut se limiter à l’environnementalisme au moins parce qu’elle est supposée remonter aux causes (humaines) et adopter un point de vue global (collectif), mais avant tout à cause de l’enjeu politique qui a été souligné par André Gorz dans son texte inaugural « leur écologie et la nôtre » que nous avions mis en exergue du premier EcoRev’. Non seulement ce texte introduit la division dans l’écologie, en particulier avec l’opposition à l’expertocratie, mais il se situe clairement dans la continuité des luttes d’émancipation et dans le camp de l’anti-capitalisme. Avec de grandes différences toutefois, qu’on peut caractériser comme Lire la suite

Renouveau de l’écologie politique : la décroissance en débat

mediapart.fr, Stéphane Lavignotte, le 20 février 2010

Renouveau de l’écologie politique: la décroissance en débat

Pasteur écolo-libertaire, Stéphane Lavignotte présente son livre La décroissance est-elle souhaitable?, un des quatre premiers titres de la collection «Petite Encyclopédie Critique» des éditions Textuel

La thématique de la décroissance a fait florès, des débats entre écologistes, aux échanges avec la gauche de la gauche, jusqu’aux pages de la grande presse. Mais rarement un débat – hormis celui sur l’islam ! – aura été aussi confus. Il me semblait important de commencer par clarifier le débat, en présentant les thèmes de la décroissance, puis étudier la justesse des critiques qui leur étaient adressées, avant d’avancer des éléments plus personnels notamment en terme de stratégie politique et d’éthique.

Vitalité intellectuelle des objecteurs de croissance

Un des intérêts – et pas des moindres – du courant de la décroissance est de donner une seconde jeunesse à l’écologie politique. D’abord parce qu’il reprend les thèmes de l’écologie au moment de sa naissance, tels que René Dumont, Jacques Ellul, Ivan Illich ou André Gorz les ont développés à partir du début des années 1970 : une mise en cause des dogmes de la croissance et du bonheur par la consommation, leurs conséquences pour la planète, la critique de la technique… Ensuite parce qu’il redonne un ton radical à l’écologie après trente cinq ans de participation de ce courant au débat politique et un certain assagissement : la relative institutionnalisation des Verts et des grandes associations écologistes, « le développement durable » comme nouveau consensus (au moins apparent), la naissance du mythe de « la croissance verte »… Des auteurs comme Paul Ariès, Vincent Cheynet, Bruno Clémentin, Serge Latouche sont apparus dans le débat à travers leur critique de ces évolutions. Ils démontrent combien le « développement durable » est une contradiction dans les termes, un oxymore selon Serge Latouche. Par exemple en raison de l’effet rebond : chaque voiture pollue moins – ce qu’on appelle « l’éco-efficience » – mais comme il en y a de plus en plus, au total, le secteur automobile pollue plus… Cette logique de polluer moins pour polluer plus longtemps est dénoncée. Mais la polémique ne se tourne pas uniquement sur la « droite » de l’écologie, elle critique aussi sa gauche altermondialiste : est-ce seulement la croissance qui doit être mise en cause ou toute logique de développement ? Les débats sont vifs notamment avec l’association ATTAC.

Cette approche décapante a d’abord cela de souhaitable qu’elle oblige non seulement l’écologie a se poser la question de sa radicalité, mais à la gauche – notamment radicale – à se poser la question de l’écologie au delà de la seule dénonciation des conséquences de la logique de profit sur la planète. Ce n’est pas seulement la question de la propriété des moyens de production qui doit être posée, mais celle de la croissance des forces productives : pas seulement qui contrôle les usines, mais quelles machines pour quelle production ?

Apports de l’écosocialisme

Cette mise en cause oblige la gauche radicale à accorder plus d’attention au courant de l’écosocialisme qui en son sein tente depuis des années de faire entendre ces problématiques et apporte au débat des éléments nouveaux. Ainsi en est-il de la question de l’élargissement de l’analyse des contradictions principales du capitalisme : de l’analyse (jadis privilégiée) de la contradiction Lire la suite

Alain Lipietz – Climat, emploi, même combat !

alternative-economiques.fr, Alain Lipietz, le 22 février 2010

Climat, emploi, même combat !

Il n’y a plus grand monde aujourd’hui pour opposer l’écologie à l’emploi. La crise du modèle libéral-productiviste qui fut, pendant un quart de siècle, « la seule politique possible » est passée par là. Crise à la fois financière, économique, sociale écologique… Même les ouvriers des l’industrie de l’automobile et des camions en sont convaincus : l’ancien modèle est mort, et seule une reconversion vers de nouvelles lignes de production est susceptible de sauver leurs emplois.

Mais peut–être ne mesure-t-on pas assez que tout retard dans la « conversion verte » est un retard à la création d’emplois. Là, on rencontre souvent des intérêts en place (et des hommes politiques, même de gauche !) pour objecter : « D’accord, rien ne sera plus comme avant, on repartira vers un autre modèle. Mais il faut tenir compte des emplois existants, ne pas aller trop vite ». Tenir compte de l’existant ? D’accord si l’on veut dire « utiliser au mieux les compétences et même les installations existantes pour la conversion verte. » Mais la seconde phrase est absurde. Retarder les reconversions et les nouvelles activités vertes, c’est retarder la création d’emplois. Sans compter l’aspect strictement écologique du problème : tout retard dans la lutte contre le changement climatique est définitif.

Cette pression du temps perdu, qui joue non seulement contre le climat mais contre l’emploi, résulte de la double nature économique de la conversion verte : comme « conversion » et comme « verte ». Nous savons qu’il faut réorienter les transports vers les transports en commun, isoler tout le bâti (en particulier le bâti ancien), et rétablir les circuits courts et si possible « bio » dans l’agriculture et l’alimentation. Or le simple fait de « réorienter » implique du travail, et le futur régime stabilisé sera plus créateur d’emploi. C’est un peu comme dans les 10 premières années du fordisme en France (1945-55) : d’une part il fallait reconstruire le pays, et d’autre part ce qu’on reconstruisait était un régime de quasi-plein emploi. Les deux effets sont indiscernables au départ, ce qui a fait craindre le retour de la Grande Dépression une fois achevée la Reconstruction… Il n’en a rien été.

Le premier effet est facile à comprendre. Dans la « fenêtre de dix ans pour sauver le climat » d’ici 2020, que nous indiquent le rapport Stern et le rapport du GIEC, les politiques régionales, nationales, etc. devront être entièrement tendues vers la conversion verte. La France, l’Europe devraient déjà se couvrir de chantiers. Nos économies devraient fonctionner selon ce que le grand économiste Janos Kornai appelait « économie mobilisée », c’est-à-dire orientée par une demande publique pressante. Les périodes de reconstruction, de reconversion, ou encore plus typiquement de guerre, sont typiques de cette économie mobilisée. Quelques mois après Pearl Harbour, les usines Ford aux Etats-Unis travaillaient 24 heurs sur 24 à produire… des bombardiers, les femmes et les afro-américains avaient envahi les usines qui jusque-là leur étaient interdites.

Question : une fois le régime « soutenable » stabilisé, que va-t-il se passer ? Ici, la réponse notionnelle des économistes invoque ce qu’ils appellent « fonction de Cobb-Douglas », qui formalise le rapport entre usage du travail et usage d’autres facteurs. On admet en général que les techniques qui économisent le travail réclament de ponctionner plus intensément la Nature… et réciproquement. Si l’on veut faire « décroître notre empreinte écologique », eh bien, il va falloir retrousser nos manches et faire fonctionner notre cerveau !

Quand on essaie de planifier (en vue ne serait-ce que de la formation professionnelle) les facteurs techniques du nouveau modèle, on voit tout de suite que cette intuition générale se confirme dans les principales branches de la conversion verte. Il faut 30 à 50% de travail paysan en plus pour produire « bio ». Pour passer de la voiture individuelle aux transports en commun, il faut d’abord construire les sites propres et le matériel roulant (c’est l’aspect « reconversion ») puis conduire ces engins, gérer ces réseaux (c’est l’aspect « régime »). Un immeuble neuf à 0 kilowatt-heure par mètre carré demande pour l’instant 15 % de travail en plus qu’un immeuble standard actuel, mais reconvertir tout le parc ancien mobilisera durablement une armée d’artisan…

On voit aussi qu’il faut distinguer des emplois directs (par exemple Lire la suite

Climat – L’heure du choix, par Hervé Kempf

lemonde.fr, Hervé Kempf, le 22 février 2010

L’heure du choix, par Hervé Kempf

En 1938, on pouvait considérer M. Hitler comme un homme respectable. En 1960, on pouvait juger que l’Union soviétique gagnerait la guerre froide. En 2010, on peut analyser le changement climatique comme une invention de scientifiques malhonnêtes.

L’histoire est faite de choix. Comment organiser son action en fonction d’une information imparfaite ? Des générations se sont divisées, des hommes se sont trompés, d’autres ont choisi juste. Ceux qui font les bons paris dessinent l’avenir. Il fallait choisir : Munich ou Londres ; l’URSS ou le monde libre. Il faut choisir : les climato-sceptiques ou la communauté des climatologues.

La comparaison est-elle exagérée ? Non. La crise écologique – dont le changement climatique n’est qu’un volet – pose à cette génération un défi d’une ampleur historique. En reconnaître l’ampleur permet d’imaginer comment l’enrayer. Du choix que nous ferons dépendra l’équilibre des sociétés humaines de ce siècle. Soit l’on considère le changement climatique comme un défi majeur appelant une mutation profonde de nos sociétés, soit l’on en nie la réalité, et l’on tente de conserver l’ordre établi.

La connaissance du fonctionnement du climat terrestre est-elle parfaite ? Non. Les informations dont nous disposons sont-elles suffisantes pour décider ? Oui. Toutes les questions ne sont pas résolues, tous les débats ne sont pas clos, toutes les recherches ne sont pas achevées. Mais le tableau général prédisant le changement est bien posé et solidement structuré.

Parmi les climato-sceptiques (en France, MM. Allègre, Courtillot, Galam, Gérondeau, Rittaud, etc.), aucun n’a produit un argument suffisamment fort pour passer avec succès le test des procédures de validation scientifique. En revanche, pas une question légitime n’a été mise de côté par les climatologues. Et pour celles qui restent sans réponse, l’investigation continue. Ce que la science nous explique n’est pas un dogme. Mais compte tenu de l’importance de ce qui se joue, les citoyens ont suffisamment d’éléments en main pour déterminer qui décrit le mieux l’état de la biosphère.

Pourquoi le climato-scepticisme, malgré la faiblesse de son argumentation, trouve-t-il un terrain si favorable à sa prolifération ? Parmi moult explications, une paraît décisive. Dès que l’on prend conscience de la gravité du problème écologique, une conclusion finit par s’imposer : pour empêcher le désastre, il faut drastiquement transformer un système qui repose sur une croissance continue de la production matérielle. Changer d’habitudes. Bousculer, aussi, nombre de situations acquises.

Refuser d’admettre ce qu’annoncent les climatologues permet de Lire la suite

A Montreuil, la Maison des Babayagas pose un regard différent sur le vieillissement

lemonde.fr, Anne Rodier, le 15 février 2010

A Montreuil, la Maison des Babayagas pose un regard différent sur le vieillissement

De nombreuses pertes d’autonomie peuvent être compensées par la solidarité. » Forte de cette conviction, Thérèse Clerc, 82 ans, a créé, à la fin des années 1990 à Montreuil en région parisienne, la Maison des Babayagas. Cette association a élaboré un projet alternatif aux maisons de retraite, sans personnel affecté, sans équipement médicalisé, où les résidents prennent collectivement en charge l’organisation et la gestion du lieu, afin de se passer autant que possible de l’aide extérieure.

Comment ? En anticipant la dépendance par l’attention mutuelle et par un soin particulier apporté à la santé et au corps. En développant aussi la solidarité et en mutualisant les moyens consacrés à la vie quotidienne des personnes (restauration, santé…).

Autogestion, solidarité, citoyenneté, écologie sont les quatre piliers la Maison des Babayagas, association dont le nom fait référence à un conte russe.

Rapidement rejointe par deux amies, Suzanne Gouëffic (78 ans) et Monique Bragard (78 ans), puis par une dizaine d’autres femmes de 60 à 90 ans, Thérèse Clerc, la présidente de l’association, a imaginé ce lieu de vie grâce à un autre regard sur le vieillissement. Les plus de soixante ans ayant encore une vingtaine d’années à vivre, les « Babayagas » estiment qu’il faut dépasser le déni de vieillesse et considérer les vieux non comme des malades potentiels mais comme des acteurs de la société.

« Proposer à la société un modèle « clés en main » de lieu de vie adapté aux personnes âgées et réplicable à l’envi, ce n’est pas seulement de l’innovation sociale, c’est de la démocratie participative« , souligne Thérèse Clerc. Les Babayagas, qui mènent depuis dix ans une vie culturelle active, ont un projet ouvert sur la ville. Le rez-de-chaussée de leur future maison sera le lieu de tables rondes, de conférences et de débats sur la philosophie, la sociologie et l’anthropologie.

De l’Etat à la ville de Montreuil, le projet a tout de suite séduit les pouvoirs publics, car au-delà de l’innovation, il apporte un élément de réponse aux conséquences du vieillissement. « Les solutions lourdes existantes, comme les établissements d’hébergement pour personnes âgées, dépendantes ou non, ne suffiront pas à faire face à l’évolution démographique, explique Jean-Paul Bléry, directeur général de l’office public HLM de Montreuil ; en outre, tout ce qu’on fait en termes d’adaptation des logements pour ce public traite la perte d’autonomie, mais pas l’isolement« , estime-t-il. Dès 2003, la municipalité de Montreuil avait promis un terrain en plein centre-ville, et en 2004, l’office HLM avait lancé un appel d’offres pour choisir l’architecte.

Pourtant, six ans plus tard, le terrain de la rue de la Convention à Montreuil est toujours nu. L’immeuble est dessiné, avec ses 25 logements – il comptent de 26 à 40 mètres carrés ; le permis de construire est, lui, à la mairie. Mais le financement du projet, aujourd’hui quasiment bouclé (à 200 000 euros près sur un total de 4 millions d’euros), a été bloqué à plusieurs reprises.

« L’innovation, qui est notre premier atout, aura aussi été notre plus grand frein, davantage que Lire la suite

Pierre Rabhi : « L’agriculture moderne est une catastrophe écologique »

corsematin.com, propos Recueillis par Julie Quilici, le 16 février 2010

Pierre Rabhi : « L’agriculture moderne est une catastrophe écologique »

L’écrivain, agriculteur et politicien Pierre Rabhi animera des conférences aujourd’hui à Bastia (salle polyvalente de Lupino) et demain à Ajaccio (C.C.A.S Porticcio) dans le cadre des IIIe Universita di l’Omu organisées par l’AFC Umani.

Véritable pionnier et défenseur d’une agriculture respectueuse de l’environnement, Pierre Rabhi sera l’invité des rencontres thématiques Università di l’omu organisées par l’AFC Umani. En grand expert de l’agroécologie et inventeur du concept « Oasis en tous lieux », il se présentera une fois de plus, aujourd’hui à Bastia et demain à Ajaccio, comme « un éveilleur des consciences convaincu que l’écologie doit être la priorité des propriétés ».

 « Se nourrir, un acte politique et de légitime défense ». Pourquoi avoir orienté le débat sur ce sujet ?

C’est une façon de tirer la sonnette d’alarme. Il s’agit d’un thème d’actualité qui n’occupe pas la place qu’il mérite.

Pourtant, lorsque j’observe l’évolution de la problématique de l’alimentation, je constate que tous les paramètres sont négatifs et à ce rythme, l’humanité ne va pas parvenir très longtemps à se nourrir. La France est déjà totalement dépendante des importations.

Est-ce votre façon d’attaquer le système de production moderne ?

Je ne fais pas que bavarder, j’agis et je démontre que c’est possible autrement.

Et un jour nous serons bien obligés de dresser un bilan de notre société marchande car l’agriculture moderne est une des grandes catastrophes écologiques du siècle.

En quoi consiste l’agroécologie que vous avez développée ?

Il s’agit d’une discipline qui permet de régénérer les sols, de se nourrir et d’améliorer notre patrimoine. Une méthode qui prend en compte tous les facteurs écologiques, notamment l’érosion et la gestion de l’eau.

Les consommateurs sont aujourd’hui friands des produits estampillés « bio ». Preuve que votre message a été entendu ?

Nous avons passé notre temps à hurler que l’alimentation est importante pour notre corps. Les consommateurs sont donc en quête de produits « bio », mais la demande est supérieure à l’offre.

Les industriels ricanent lorsque les écologistes montent au créneau car ils souhaitent avant tout rester des samouraïs de l’agriculture en cultivant un culte de puissance.

Ils n’ont pas conscience qu’ils sont en train de détruire Lire la suite

Peut-on être féministe et écolo ?

ecologie.blog.lemonde.fr, Audrey Garric, le 16 février 2010

Peut-on être féministe et écolo ?

Elisabeth Badinter a provoqué un grand raout médiatique avec la sortie de son dernier livre, Le Conflit. La Femme et la Mère (Flammarion, 270 p.). Allaitement, couches lavables, retour de l’accouchement à la maison ou encore pilule en retrait car considérée comme “artificielle” : la philosophe et essayiste dénonce l’influence du naturalisme, un courant d’écologie pure et dure qui, au nom de Mère Nature, irait à l’encontre de l’émancipation féminine. Une fausse opposition pour la chercheur Virginie Maris, spécialisée dans la philosophie de l’environnement au Centre d’écologie fonctionnelle et évolutive (Cefe), qui a publié un article en octobre 2009 sur l’écoféminisme. Selon elle, écologie et féminisme sont deux combats qui doivent être menés de front.

 L’écologie a-t-elle sa part de responsabilité dans la régression de la situation des femmes que dénonce Elisabeth Badinter ?

Il y a une confusion entre les différents mouvements de pensée autour de l’écologie. Elisabeth Badinter parle d’écologie radicale lorsqu’elle cite Nathalie Kosciusko-Morizet, ancienne secrétaire d’Etat chargée de l’Ecologie, qui envisageait une taxe sur les couches jetables, et Cécile Duflot, secrétaire nationale des Verts, qui faisait la promotion des couches lavables. Or, ces deux personnalités ne sont absolument pas représentatives de l’écologie radicale. La “deep ecology”, comme le disent les Anglais, prône une séparation presque totale avec la société de consommation. Ce mouvement, fondé par le philosophe norvégien Arne Næss, induit effectivement une régression par rapport à certains acquis, des hommes et surtout des femmes. Mais ces approches restent marginales et non représentatives du paysage écologique français.

Par ailleurs, Elisabeth Badinter s’est essentiellement prononcée sur trois gros enjeux de consommation liés à la maternité : le lait en poudre (alternative à l’allaitement), les couches jetables (alternatives aux couches lavables) et les petits pots (alternatives à une nourriture maison voire bio). Sa bataille pour le combat féministe s’apparente ici à une bataille contre la décroissance. En tant qu’actionnaire de l’agence de communication Publicis, elle devrait être plus prudente quand elle prend parti, indirectement, pour ces trois noeuds de la consommation de masse. D’autant que la sobriété en matière de consommation ne va pas forcément à l’encontre des droits des femmes. Par exemple, en réduisant leur dépendance à ces produits, les ménages réduisent aussi les importants budgets alloués au bébé, qui pèsent lourd sur les femmes ayant des bas salaires.

Mais certains discours écolos ne sont-ils pas culpabilisants pour les femmes ?

Pas plus que pour les hommes. Il est clair qu’il faut s’attaquer à une meilleure répartition des tâches domestiques au sein du couple mais la sobriété écologique n’est pas davantage un problème pour les femmes que pour les hommes. Par ailleurs, il y a d’autres critères de justice que ceux de l’égalité hommes/femmes tels que la nécessité de développer un rapport plus sain avec la nature. Prôner Lire la suite

La revue Entropia : Le laboratoire des objecteurs de croissance

lemonde.fr, Nicolas Truong, le 14 février 2010

Le laboratoire des objecteurs de croissance

Un spectre hante l’Occident : celui de l’effondrement. Du 11-Septembre à l’actuelle implosion de la bulle spéculative, l’ombre portée des Twin Towers effondrées ne cesse d’imprégner nos mentalités collectives. Du crash au krach, tout serait donc en voie d’effondrement : la banquise comme la social-démocratie, la Banque mondiale comme l’autorité parentale… Notre début de siècle semble s’apparenter au portrait dressé par le biogéographe américain Jared Diamond qui, dans Effondrement (Gallimard, 2006), compare notre situation à celle des habitants de l’île de Pâques, disparus après avoir détruit leur environnement, à force de vouloir ériger leurs mystérieuses statues.

Il n’est donc pas étonnant que les « objecteurs de croissance » se soient penchés sur la question. Car la religion du progrès a conduit les économies mondialisées droit dans le mur, constatent les partisans de la critique radicale du développement – durable ou non – réunis autour du septième numéro de la revue Entropia, publication semestrielle fondée en 2006.

Le député Vert Yves Cochet y explique que la crise des subprimes de l’été 2007, comme celle des « émeutes de la faim » du printemps 2008, sont des conséquences de la hausse des produits pétroliers. Car, d’un côté, l’explosion du cours du baril a empêché les ménages américains de rembourser leurs emprunts, et de l’autre, ruiné les Etats dépendant de cette matière première à cause du productivisme de leur industrie agroalimentaire. Il y a donc une corrélation entre crise économique et dépression écologique, explique le juriste Simon Charbonneau. D’où l’urgence de la décroissance, poursuit l’universitaire Serge Latouche, qui ironise : « Si la croissance engendrait mécaniquement le bien-être, nous devrions vivre aujourd’hui dans un vrai paradis. » Or, le pire est à venir, prévient-il, puisque les rapports internationaux annoncent de sombres scénarios : pénurie globale des ressources non renouvelables en 2030, pic de la pollution en 2040, crise de l’alimentation en 2070…

Mais comment décroître ? En se défaisant des « sortilèges de l’argent », assure l’économiste Bernard Guibert. De la « permaculture » (production agricole économe en énergie) aux « villes lentes » (agglomérations à basse consommation), des « initiatives de transition » s’inventent. Ainsi le polytechnicien Christian Araud relate l’expérience de la petite ville anglaise de Totnes (Devon) qui, dès 2005, a amorcé sa conversion vers une « économie soutenable », notamment grâce à une Bourse d’échange de surplus ou une monnaie du cru qui a revitalisé le commerce local.

Si la décroissance lui apparaît comme l’horizon indépassable de notre temps, Entropia souhaite cependant « ne pas confondre la conviction avec la certitude », indique Jean-Claude Besson-Girard, directeur de la publication. Ainsi a-t-elle invité à dialoguer l’économiste Jean-Marie Harribey, qui maintient l’idée d’un développement qualitatif afin de « démarchandiser nos sociétés ». La revue est consciente du risque que ferait également peser sur son projet une rhétorique de l’excès. Au point que Vincent Cheynet, rédacteur en chef du mensuel La Décroissance, rappelle que « les discours sur la fin du monde peuvent être pénibles et contre-productifs ».

Alors, décroissance ou barbarie ? Lorsqu’elle n’érige pas la nature en valeur, la décroissance peut se présenter comme Lire la suite

L’urbanisme à la française – Comment la France est devenue moche

telerama.fr, Xavier de Jarcy et Vincent Remy, Télérama n° 3135, le 11 février 2010

L’urbanisme à la française

Comment la France est devenue moche

LE MONDE BOUGEEchangeurs, lotissements, zones commerciales, alignements de ronds-points… Depuis les années 60, la ville s’est mise à dévorer la campagne. Une fatalité ? Non : le résultat de choix politiques et économiques. Historique illustré de ces métastases pé­riurbaines.

Un gros bourg et des fermes perdues dans le bocage, des murs de granit, des toits d’ardoise, des tas de foin, des vaches… Et pour rejoindre Brest, à quelques kilomètres au sud, une bonne route départementale goudronnée. C’était ça, Gouesnou, pendant des décennies, un paysage quasi immuable. Jean-Marc voit le jour dans la ferme de ses parents en 1963. Il a 5 ans lorsqu’un gars de Brest, Jean Cam, a l’idée bizarre d’installer en plein champ un drôle de magasin en parpaing et en tôle qu’il appelle Rallye. Quatre ans plus tard, les élus créent un peu plus au nord, à Kergaradec, un proto­­type, une ZAC, « zone d’aménagement concerté » : les hangars y poussent un par un. Un hypermarché Leclerc s’installe au bout de la nouvelle voie express qui se cons­truit par tronçons entre Brest et Rennes. Puis viennent La Hutte, Conforama et les meubles Jean Richou… 300 hectares de terre fertile disparaissent sous le bitume des parkings et des rocades. Quelques maisons se retrouvent enclavées çà et là. La départementale devient une belle quatre-voies sur laquelle filent à vive allure R16, 504 et Ami 8. Un quartier chic voit le jour, toujours en pleine nature, qui porte un nom de rêve : la Vallée verte…

C’est à ce moment-là que ça s’est compliqué pour les parents de Jean-Marc. Avec l’élargissement de la départementale, ils sont expropriés d’un bon bout de terrain et ne peuvent plus emmener leurs vaches de l’autre côté de la quatre-voies. Ils s’adaptent tant bien que mal, confectionnent des produits laitiers pour le centre Leclerc, avant de se reconvertir : la jolie ferme Quentel est au­jourd’hui une des salles de réception les plus courues de Bretagne. Les fermes voisines deviennent gîte rural ou centre équestre. La Vallée verte, elle, se retrouve cernée de rangées de pavillons moins chics : « Nous, on a eu de la chance, grâce à la proximité de l’aéroport, les terres tout autour de la ferme sont restées inconstructibles. » Aujourd’hui, quand il quitte son bout de verdure préservé pour aller à Brest, Jean-Marc contourne juste la zone de Kergaradec, tellement il trouve ça moche : « C’est à qui fera le plus grand panneau, rajoutera le plus de fanions. Comme si tout le monde hurlait en même temps ses messages publicitaires. » 

Ça s’est passé près de chez Jean-Marc, à Brest, mais aussi près de chez nous, près de chez vous, à Marseille, Toulouse, Lyon, Metz ou Lille, puis aux abords des villes moyennes, et désormais des plus petites. Avec un formidable coup d’accélérateur depuis les années 1982-1983 et les lois de décentralisation Defferre. Partout, la même trilogie – infrastructures routières, zones commerciales, lotissements – concourt à l’étalement urbain le plus spectaculaire d’Europe : tous les dix ans, l’équivalent d’un département français disparaît sous le béton, le bitume, les panneaux, la tôle.

Il n’y a rien à comprendre, a-t-on jugé pendant des années, juste à prendre acte de la modernité à l’œuvre, une sorte de chaos naturel et spontané, prix à payer pour la « croissance » de notre bien-être matériel. Les élites intellectuelles de ce pays oscillent entre répulsion (« c’est moche, les entrées de ville »), fascination (« vive le chaos, ça fait Wim Wenders ! ») et indifférence : elles habitent en centre-ville… Rien à comprendre, vraiment ? En 2003, l’architecte urbaniste David Man­gin prend le temps d’y réfléchir quelques mois et sort un an plus tard son formidable bouquin, La Ville franchisée, qui reste l’analyse la plus pertinente des métastases pé­riurbaines. Il faut en finir, dit Mangin, avec l’idée que ce « chaos sort de terre tout seul ». Il résulte au contraire « de rapports de forces politiques, de visions idéologiques, de cultures techniques ».

Lorsque apparaissent les premiers supermarchés, au début des années 60, la France ne compte que Lire la suite

Nouvelle LGV : un gouffre qui nuit au Pays basque

sudouest.com, Eric Mailharrancin, Professeur agrégé d’économie lycée Louis-de-Foix (Bayonne), tribune libre, le 13 Février 2010

Nouvelle LGV : un gouffre qui nuit au pays basque

Comme la réforme des collectivités locales, le schéma national des infrastructures ferroviaires renforce le pouvoir des métropoles régionales. La création de la nouvelle LGV atlantique ne fait pas exception. En Aquitaine, elle bénéficiera à l’agglomération bordelaise qui sera mieux reliée à Paris au nord, à Bilbao et Madrid au sud.

Quand des élus basques invoquent l’argument du développement économique du Pays basque pour défendre la construction d’une ligne nouvelle entre Bayonne et Hendaye, ils sont naïfs ou de mauvaise foi. Le couloir LGV est conçu pour aller vite de Paris à Madrid via Bordeaux et non pour satisfaire les intérêts des zones traversées.

La création d’une gare TGV à Bayonne n’est qu’un leurre destiné à rallier le député Jean Grenet à la cause de la LGV. En effet, il est peu vraisemblable que les trains s’écartent de leur parcours pour desservir Bayonne. Si ce détour était effectué, les TGV n’atteindraient jamais la grande vitesse jusqu’à Hendaye et l’investissement pharaonique de la nouvelle ligne ne serait plus justifié. Quelques TGV de voyageurs transiteront peut-être chaque jour par la gare de Bayonne, mais les autres fileront tout droit à travers les Landes et le Pays basque. En fin de compte, les Basques paieront des impôts pour financer des trains qui ne s’arrêteront pas.

Le scandale du recours aux impôts locaux pour financer la nouvelle LGV

La mise à contribution des taxes locales pour financer la nouvelle LGV est une anomalie antidémocratique qu’un seul de nos conseillers généraux, Alain Iriart, a eu le courage de dénoncer.

Ces impôts sont destinés à créer des services de proximité et non à financer une politique ferroviaire internationale ! Si on poursuit dans cette voie, les taxes locales seront bientôt affectées au budget de l’armée ou de la justice !

Tous les habitants du Pays basque et pas uniquement les riverains de la nouvelle ligne paieront donc le prix fort pour un investissement démentiel aux arguments écologiques non démontrés.

Les dégâts environnementaux de la nouvelle LGV

Le nouveau couloir LGV détruirait des milliers d’habitations, saccagerait les paysages basques en créant une hideuse balafre du nord au sud, avec une enfilade de tunnels et de viaducs en béton. Solution moins coûteuse, l’aménagement des voies existantes éviterait ces dégâts irrémédiables pour l’environnement.

Sur le plan écologique, il est possible que la croissance du fret ferroviaire désengorge le trafic routier et réduise les émissions de carbone dans l’atmosphère. Mais toutes les études montrent que les lignes actuelles sous-utilisées absorberaient une forte augmentation du transport de marchandises.

La limite principale des autoroutes ferroviaires est Lire la suite

Coopérative d’habitants à Villeurbanne – Le Village vertical : habiter écologique et solidaire

novethic.fr, Philippe Chibani-Jacquot, le 8 février 2010

Le Village vertical : habiter écologique et solidaire

Pour la première fois en France, une coopérative d’habitants voit le jour à Villeurbanne. Cette forme d’habitat groupé, très développée en Suisse ou en Norvège, vise le respect de l’environnement, la création de lien social et le refus de la spéculation foncière. Un projet pionnier qui attend une reconnaissance légale pour garantir sa pérennité.

Depuis cinq ans, le Village vertical, c’était beaucoup de réunions, des discussions sur des plans d’architectes et un idéal pour la dizaine de familles qui participent au projet : créer un modèle solidaire et écologique d’accès à la propriété. Le 27 janvier, le concept devient réalité avec le dépôt du permis de construire de la première coopérative d’habitants en France. L’immeuble sera édifié d’ici 2012 sur un terrain de la zone d’aménagement concertée (ZAC) des Maisons neuves à Villeurbanne.

Propriétaire-locataire

« Nous serons locataires de notre espace privé et propriétaires d’un espace plus grand », résume Chikh Chemman, membre du Village vertical. Chaque sociétaire de la coopérative s’est engagé à apporter l’équivalent de 20 % du coût de construction (1360 €/m2) de son appartement sous forme de capital. Une part des loyers mensuels (780 € pour 85 m2) est destinée à rembourser progressivement les 80 % restants. Un coût relativement peu élevé pour habiter un immeuble qui se veut exemplaire sur le plan écologique. L’énergie « grise » (la pollution engendrée par la construction et la confection des matériaux) sera réduite par l’usage de bois et d’isolant écologique pour l’enveloppe du bâtiment, seule la structure porteuse utilisant le béton. Côté consommation, un toit solaire de plus de 600 m2 produira électricité et eau chaude. « Au minimum, ce sera un bâtiment basse consommation (BBC), mais nous visons mieux », explique Marine Morain, du cabinet d’architectes Arbor&Sens.

L’expérience Suisse et Norvégienne

Les coopératives d’habitant sont naissantes en France, en Espagne ou en Italie, mais elles sont ancrées dans le paysage suisse et norvégien. Dans le pays scandinave, 15 % du parc immobilier est composé de coopératives d’habitants instituées depuis 1960. Le chiffre monte à 40 % dans la capitale Oslo. En Suisse, les coopératives d’habitant représentent 8 % du foncier d’habitation avec une forte proportion en région alémanique. En Norvège, l’ampleur des coopératives d’habitants (près de 800 000 membres pour 4,5 millions d’habitants) est dû à une politique de reconstruction, dès le lendemain de la Seconde guerre mondiale, en faveur de l’accès à la propriété des ménages modestes. Une loi de 1960 a institutionnalisé le système qui repose sur l’appui financier à des associations de coopératives chargées d’accompagner la création et le développement du modèle.

Les futurs locataires et associés du Village vertical ont planché sur l’intégration environnementale du bâtiment. Tout en répondant à l’obligation légale de créer des places de parking, la coopérative louera Lire la suite

La France veut des bâtiments plus sobres en énergie

lemonde.fr, Grégoire Allix, le 10février 2010

La France veut des bâtiments plus sobres en énergie

Nom de code : RT 2012. En France, l’élaboration par le ministère de l’écologie de la future réglementation thermique des bâtiments, avec l’ambition de les rendre plus sobres en énergie, fait l’objet de vifs débats. Elle est censée s’appliquer à partir du 1er janvier 2011 pour les édifices publics et le secteur tertiaire, le 1er janvier 2013 pour le secteur résidentiel.

L’enjeu est considérable. Cette réglementation déterminera largement la capacité de la France à réduire sa consommation énergétique et ses émissions de CO2 – le secteur du bâtiment engloutit 42 % de la première et rejette 25 % des secondes. Si le total des émissions de gaz à effet de serre en France a baissé de 0,6 % entre 2007 et 2008, celles liées au bâtiment ont augmenté (+ 7,7 %).

Dans le maquis de la future réglementation se joue aussi l’avenir de filières industrielles, qui déploient en coulisses un intense lobbying. « Le gaz et l’électricité ne pensent qu’à se détruire l’un l’autre. Quant aux fabricants de convecteurs et de ballons électriques, ils sont prêts à tout pour sauver leurs produits », observe le député (UMP) Claude Birraux, président de l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques (Opecst), auteur en décembre 2009, avec Christian Bataille (PS), d’un rapport sur le sujet.

Prévue par le Grenelle de l’environnement pour remplacer l’actuelle RT 2005, la nouvelle bible de la performance énergétique marque une rupture décisive. Elle définit, pour la première fois, un plafond de consommation : 50 kWh/m2/an d’énergie primaire, contre une consommation de 150 kWh/m2/an pour les bâtiments neufs actuels et de 260 kWh/m2/an en moyenne pour le parc immobilier existant.

Une révolution qui nécessitera d’importants progrès dans les techniques d’isolation, de ventilation et de chauffage, selon ses promoteurs. Une occasion gâchée, plutôt, dénoncent les écologistes. « Le gouvernement n’a pas saisi cette opportunité pour réformer une comptabilité qui oublie, en moyenne, la moitié de la consommation réelle des bâtiments« , regrette Alain Bornarel, ingénieur au bureau technique Tribu et membre de l’Institut pour la conception environnementale du bâti (ICEB).

Traditionnellement, l’éclairage, le chauffage, l’eau chaude, la ventilation et la climatisation sont comptabilisés, mais pas l’électroménager, les parkings, les ascenseurs, la bureautique, l’informatique, les cuisines des restaurants, les plateaux techniques des hôpitaux… « Ce sont des consommations sur lesquelles le concepteur du bâtiment n’a qu’un impact réduit », justifie Jean-Christophe Visier, directeur de l’énergie, de la santé et de l’environnement au Centre scientifique et technique du bâtiment, le principal conseiller technique du ministère de l’écologie.

Autre point de discorde : les « coefficients de conversion« . Ceux-ci permettent de Lire la suite

Les militants du climat restent mobilisés après Copenhague

lemonde.fr, Hervé Kempf, le 8 février 2010

Les militants du climat restent mobilisés après Copenhague

Comment rebondir après Copenhague ? La question ne se pose pas seulement aux diplomates et aux gouvernements, mais aussi au mouvement social. Elle a été au coeur des discussions du collectif Urgence climatique, justice sociale, réuni à Paris samedi 6 février. Plus de cent délégués y ont participé, représentant des partis (Verts, Parti de gauche, NPA), syndicats (FSU, Solidaires), associations (Attac, Amis de la Terre, Réseau action climat), et des collectifs locaux (Bordeaux, Rouen, Lille, Marseille, Saint-Nazaire…).

Créé avant Copenhague, Urgence climatique, justice sociale vise à articuler l’enjeu écologique et la question sociale. Il a rejoint pendant la conférence tenue dans la capitale danoise, en décembre 2009, les mouvements internationaux Climate Justice Action et Climate Justice Now, qui ont organisé des manifestations réussies pendant la durée de la conférence sur le thème : « Changez le système, pas le climat« . Mais après le succès militant de Copenhague, le retour à la maison a été décevant.

« Il y a un sentiment d’impuissance dans la population qui pense que l’ONU, c’est le bazar », a résumé Chantal Delmas, du Val-d’Oise. « On subit le contrecoup de l’échec de Copenhague« , juge Sophie Zafari, de la FSU, tandis que la poussée des « climato-sceptiques » pèse aussi sur l’opinion.

Mais l’atmosphère n’était pas au pessimisme. Laurent Hutinet, des Amis de la Terre, a rappelé que « l’analyse écologique est née dans les années 1970 de la critique du système énergétique, indépendamment de la question du changement climatique. Même si le GIEC avait tout faux, cela ne changerait rien : l’explosion à venir des prix de l’énergie va rendre intenable le modèle de la maison et de la voiture individuelles. »

« L’universel, c’est le local »

Et, résumant un avis largement partagé, il a conclu : « Pour mobiliser nos concitoyens, il faut préciser les analyses, mais aussi les solutions : la relocalisation, qu’il faut mettre en oeuvre comme le paradigme universel. L’universel, c’est le local ! » « Mais sans s’y enfermer ! », s’est exclamée Geneviève Azam, d’Attac, selon qui « il faut travailler la question de la transition vers une économie écologique et sociale, et présenter les alternatives crédibles« .

Proposer des alternatives, mais aussi lutter différemment : l’association Bizi de Bayonne a ainsi été présentée comme un modèle – ses représentants étaient absents en raison d’une manifestation conduite le même jour au Pays basque : « Ils sont partis de questions très concrètes sur le transport et le travail le dimanche, a expliqué un militant de Nanterre, et, surtout, ils mènent une lutte joyeuse, pleine d’humour, les gens prennent du plaisir à militer dans ce mouvement qui a un fonds théorique très important. »

L’assemblée a aussi réfléchi au suivi des Lire la suite

Patrick Viveret : Etre heureux, une question politique

liberation.fr, Patrick Viveret, le 29 janvier 2010

Etre heureux, une question politique

Retour sur la perception du bonheur – public ou privé – dans nos sociétés.

Peut-on organiser, comme le fera Libération à Rennes, en mars, un forum civique sur le bonheur après une tragédie comme celle qui vient de meurtrir Haïti ? Paradoxalement, la réponse est plus facilement positive après une catastrophe naturelle qu’après l’une de ces innombrables tragédies provoquées par la maltraitance interhumaine. Car, dans le second cas, pèse le soupçon que c’est précisément une certaine vision d’une politique ou d’une idéologie du bonheur qui aurait engendré un enfer, au départ pavé d’excellentes intentions. Dans le cas de la catastrophe naturelle, en revanche, les pires ennemis des secours et de la reconstruction sont le cynisme et le désespoir. Et la renaissance de la force de vie qu’exprime la solidarité et l’espérance n’est possible que si la motivation ultime des êtres humains, celle d’être ou de devenir heureux, est présente.

«Tout homme veut être heureux, disait Pascal, y compris celui qui va se pendre» : on ne saurait mieux résumer, jusque dans le paradoxe ultime, cette aspiration radicale plus présente encore au cœur de la tragédie que de la grisaille quotidienne. Certes, cette aspiration au bonheur ne peut se réduire, comme le mot français risque de le laisser supposer, à la bonne chance et à son double, le malheur comme malchance. Elle suppose une liberté possible et elle est mieux traduite dans d’autres langues, comme en espagnol par la felicidad, l’aspiration à la joie de vivre. Ou, si l’on veut jouer sur la sonorité du mot français, sur l’art de vivre à la «bonne heure», c’est-à-dire une qualité de présence et d’intensité de vie.

La main invisible

Même avec cette précision sémantique, il nous faut pourtant répondre à l’objection de la contreproductivité du bonheur comme question collective et publique. Cette objection est d’autant plus forte qu’elle vient de deux côtés, souvent antagonistes. Elle est économique, d’inspiration libérale, et souvent exprimée à droite d’une part. Mais elle est aussi politique, d’inspiration démocratique, et souvent formulée à gauche d’autre part.

La première objection est au cœur de l’anthropologie sous-jacente au libéralisme économique. C’est elle qu’exprime le plus radicalement Bernard de Mandeville dans la formule célèbre qui servira de point d’appui à Adam Smith : il n’est nul besoin de s’atteler à la difficulté de construire un bien commun et une bonne société dès lors que «les vices privés forment les vertus publiques».

Comme l’a montré Daniel Cohen, dans son livre la Prospérité du vice, c’est ce postulat anthropologique qui a gouverné le modèle occidental. C’est lui qui sous-tend la main invisible du marché chez Smith. Le problème, mis en évidence par Albert Hirschman dans les Passions et les Intérêts, c’est que la part de vérité de ce postulat suppose une théorie des passions humaines. Quand le libéralisme économique en fait l’économie, et oublie que «l’Homo sapiens demens», comme dirait Edgar Morin, n’est pas réductible à l’Homo economicus, simple individu calculateur rationnel de ses intérêts, il s’engage dans une fausse piste qui, à terme, devient destructrice du lien social. En outre ce modèle ne tient que pour autant qu’il continue de baigner dans des sociétés culturellement chrétiennes, où il est compensé par des normes éthiques qui en limitent les aspects socialement destructeurs. Dès que ce bain culturel chrétien est moins prégnant, les entrepreneurs vertueux du capitalisme, adeptes de l’épargne et de l’investissement, se transforment en hommes d’affaires profiteurs courtiers d’une économie spéculative, qui finit par exploser. Circonstance aggravante mise en lumière ces dernières années : ce modèle est écologiquement insoutenable.

C’est la raison pour laquelle la question du bien-être et du bonheur a fini par faire retour chez les économistes eux-mêmes, et que la commission présidée par Joseph Stiglitz a récemment proposé de donner aux indicateurs de bien-être une place essentielle dans de nouvelles mesures de la richesse.

Le modèle du «toujours plus» – compensant le stress, la course, la compétition permanente, la destruction écologique par la promesse consolatrice vantée par la publicité d’une consommation censée apporter bonheur, beauté, amitié et sérénité – est incapable de se tenir dans des limites Lire la suite

Valeurs, consommation, engagement, possession, convivialité – Ecologie : nos 5 révolutions

psychologies.com, NC, décembre 2009

Ecologie : nos 5 révolutions

Nous sommes de plus en plus responsables. En atteste la dernière édition de Francoscopie, qui met en évidence, entre autres, nos évolutions dans le domaine environnemental. Remise en question de nos valeurs, consommation introspective et engagée, création de nouvelles convivialités… Nous nous détachons de plus en plus du matérialisme pour nous ouvrir aux autres. Mais il nous reste toujours des progrès à faire. Panorama.

1. Un changement de valeurs

En chiffres :

En 2009, 83 % des Français estimaient que « le niveau de vie de l’ensemble des Français allait un peu ou beaucoup moins bien depuis une dizaine d’années ». 51 % d’entre eux pensaient que leurs propres conditions de vie allaient progressivement se déteriorer. (Source Crédoc)

Aujourd’hui, nous semblons de plus en plus conscients que le progrès ne fait pas le bonheur. Une évidence ? Loin de là, explique Gérard Mermet : « nous avons longtemps été guidés par l’idée que plus le développement économique est fort, plus nous pouvons améliorer notre pouvoir d’achat. L’équation traditionnelle était donc progrès = bonheur ».

Il aura fallu une réelle remise en question pour bouleverser cette vision du bonheur qui nous guide depuis plus de deux siècles. Et, à en croire Gérard Mermet, ce travail de longue haleine n’a eu qu’un aboutissement récent : « Cette réflexion de sens a été initiée dès les années 60, mais elle a pris une nouvelle tournure avec la crise actuelle. Nous remettons désormais en cause le système de consommation et recherchons ce qui est mieux pour nous et pour les autres en tentant d’éviter les voies conventionnelles.» De nouvelles valeurs, gage d’un engagement nouveau ?

Les Psychonautes témoignent : simplicité, sciences, Nous sommes nombreux, à l’image d’Apex 42 à nous interroger sur le sens à donner à nos vies. Ce qui est certain : aux yeux des Psychonautes, l’argent ne fait plus le bonheur :

« L’art de la simplicité, c’est la découverte qu’on peut vivre beaucoup mieux avec moins de possessions matérielles. Il ne s’agit pas de rejeter le progrès scientifique, mais de ne pas oublier que le véritable bien-être vient d’une attitude mentale et relationnelle et non de l’accumulation de nouvelles possibilités techniques, » explique-t-il.

Et à Valérie, 42 ans, de renchérir : « Je n’en peux plus de cette course à la possession. Pour mes enfants, je veux un monde où l’on saura que la véritable valeur passe par les gens et non pas par ce que l’on a dans notre placard. »

2. Une consommation introspective

Remettre en question les valeurs qui nous guident, mais aussi les comportements qu’elles engendrent. Nous sommes ainsi de plus en plus nombreux à raisonner nos actes d’achat. « Nous assimilons la consommation à une forme de destruction, selon l’etymologie même du terme – du latin consumere, consumer -, et nous ressentons une certaine forme de culpabilité, analyse le sociologue. Nous sommes progressivement passés d’une consommation ‘vitrine’ à une consommation ‘miroir’, plus réfléchie, plus intériorisée. »

L’explication : nous avons longtemps cherché, à travers la consommation à donner Lire la suite

L’habitat groupé, ou comment vivre ensemble chacun chez soi

lemonde.fr, Catherine Rollot, le 28 décembre 2009

L’habitat groupé, ou comment vivre ensemble chacun chez soi

Laure Teulières, 40 ans, n’a jamais eu de « rêve pavillonnaire ». L’habitat idéal pour cette historienne, maître de conférences à l’université de Toulouse II-Le Mirail, rime plutôt avec « écologie, solidarité, mixité sociale et générationnelle ».

Depuis 2007, avec une vingtaine de familles toulousaines, elle travaille à deux projets d’habitat groupé coopératif. Le petit groupe, qui s’est constitué en association, La Jeune Pousse, comprend des chômeurs, un ingénieur, un artisan chauffagiste, une assistante sociale, des retraités… tous unis par le même désir de vivre dans des habitations écologiques gérées collectivement. Chacun y aura son appartement mais les familles se partageront des parties communes (buanderies, atelier, salle polyvalente et chambres pour y recevoir les hôtes de passage…).

Les différents statuts pour les projets collectifs

Plusieurs statuts sont possibles pour les projets collectifs d’habitat : les cohabitants peuvent se constituer en copropriété, en société civile immobilière (SCI), ou en société civile coopérative de construction (SCCC). Ces différentes solutions ne sont pas toujours bien adaptées notamment en cas de départ et de remplacement d’un propriétaire de l’habitat groupé. Contrairement aux coopératives d’habitants, toutes ces solutions laissent possible une spéculation sur la valeur immobilière des biens construits.

Depuis trois ans, des dizaines de collectifs comme La Jeune Pousse se sont créés autour de projets d’habitat groupé. Derrière ce terme se cachent des formules diverses qui vont de la bande de copains, prêts à partager quelques espaces communs, à des projets plus ambitieux autour de familles réunies dans une coopérative d’habitants. Une centaine de projets seraient en cours dans toute la France.

L’habitat groupé n’est pas vraiment une nouveauté. Dans les années 1970, ce concept collait à l’air du temps. De nombreux collectifs d’habitants fonctionnaient alors sur le mode de l’autogestion. Si quelques-uns survécurent à la décennie suivante, la dynamique était bel et bien cassée. « Les dernières réalisations ont plus de vingt-cinq ans, explique Philippe Yven, chargé de mission habitat durable au sein de l’association Cohérence. Au milieu des années 1980, c’est clairement le modèle de l’habitat individuel qui s’est imposé. »

Aujourd’hui, l’envolée des prix de l’immobilier, les préoccupations environnementales et le désir de retrouver du lien social expliquent ce regain d’intérêt. « Aucun d’entre nous n’aurait les moyens d’habiter dans une maison en ville avec un jardin. Ce rêve devient possible en se regroupant« , témoigne Carole Contant, présidente de l’association Parasol, qui soutient le projet rennais « Les Graines urbaines ».

La conscience écologique est aussi un moteur. Grâce à des achats groupés et à l’autopromotion, la construction à plusieurs permet de faire des économies d’échelle et rend plus accessible le bâti à haute performance énergétique. L’empreinte écologique peut aussi être réduite en mettant en place un système de covoiturage.

Mais la motivation principale reste l’envie de Lire la suite

Les 12 questions à se poser avant un achat

mescoursespourla planete.com, le 2 janvier 2010

Les 12 questions à se poser avant un achat

Dave Chameides, un réalisateur californien passionné par les questions d’environnement, s’est fixé pour défi de ne rien jeter pendant un an – de manière à mieux comprendre (et faire comprendre) l’impact écologique d’un individu. Pour chroniquer son expérience (qui lui a valu les honneurs du New-York Times) et décrire les déchets qu’il accumule (malgré tout ses efforts pour réduire sa production, ainsi que celle de sa famille), celui qui se fait désormais appeler, non sans humour, « Sustainable Dave » (Dave Durable) tient un blog intitulé « 365 Days of Trash » (une année de déchets). Dans ses notes récentes, il liste notamment les 12 questions à se poser avant d’effectuer un achat, qu’il se souvient avoir lues sur un petit aide-mémoire « vert » :

1. Ai-je besoin de cet objet ?

2. N’ai-je pas déjà quelque chose qui peut remplir la même fonction ?

3. Puis-je l’emprunter ?

4. Puis-je le fabriquer moi-même ?

5. Puis-je l’acheter d’occasion ou en partager l’achat et l’utilisation avec quelqu’un ?

6. Cet objet existe-t-il de fabrication locale ?

7. A-t-il été fabriqué de façon responsable ?

8. Puis-je en trouver un qui ait plusieurs fonctions ?

9. Un objet équivalent fonctionnant sans électricité ou gaz existe-t-il ?

10. Est-il recyclable ou compostable ?

11. Quel est son impact écologique direct ?

12. Et celui de Lire la suite

De Copenhague 2009 à Cancun 2010 – Négociations climat : Un redémarrage difficile

developpementdurablelejournal.com, Patrick Cros, le 1er février 2010

Négociations climat : Un redémarrage difficile

La date butoir du 31 janvier, annoncée à la clôture du Sommet de Copenhague en décembre, n’a pas eu la valeur symbolique espérée pour relancer les négociations sur le climat. Rares sont les pays à avoir officiellement confirmé auprès de l’ONU leurs objectifs ou stratégies de réduction d’émission de gaz à effet de serre. Un nouveau camouflet pour un traité sur le climat ambitieux, pourtant en préparation depuis deux ans dans la perspective de l’après-Kyoto. Après Copenhague, le nouveau marathon de négociations en vue du Sommet de Cancun (Mexique) en décembre 2010 démarre péniblement.

Les négociations sur le climat continuent à piétiner, selon les observateurs. « A ce stade, les choses ne se présentent pas bien du tout. Soyons honnêtes : c’est très sombre », prévient l’Indien Rajendra Pachauri, chef du GIEC. Embourbé dans des polémiques liés à des rapports contestés, en particulier sur la fonte des glaciers en Himalaya, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, véritable base scientifique de la stratégie de lutte mondiale contre le réchauffement climatique, devient aujourd’hui l’un des points faibles des négociations qui ont timidement repris après l’échec de Copenhague. L’organisation onusienne offre involontairement de nouveaux arguments aux adversaires d’une réduction importante et rapide des émissions de CO2.

Mais l’optimisme reste de rigueur chez nombre de décideurs comme Jean-Louis Borloo ou encore Yvo de Boer, responsable de l’ONU pour le climat, même si ce dernier reconnaît déjà que l’année 2010 pourrait bien ne pas être suffisante pour déboucher sur un accord. Les leaders mondiaux affirment garder leur confiance dans le GIEC qui s’appuie, il est vrai, sur les travaux des plus éminents scientifiques de la planète. Ils se disent également déterminés à poursuivre les négociations, conscients de l’enjeu et de l’intérêt pour l’humanité de réduire les sources de pollution de l’air à l’origine du dérèglement climatique. Reste maintenant à surmonter ce qui a fait l’échec de Copenhague : trouver le difficile – impossible ? – compromis entre réalité économique et soucis écologiques, entre pays pauvres et riches, entre nations émergentes et industrialisées, entre états insulaires ou côtiers déjà menacés et régions encore peu concernés par le réchauffement de la planète.

Un rendez-vous manqué ?

Copenhague avait déçu, et même suscité la colère de certains chefs d’État et de gouvernement. Le texte adopté, bien en retrait au regard des recommandations du GIEC, ne prévoit aucun engagements contraignants et aucune réelles garanties de financements pour les pays les plus pauvres. Consciente de l’énorme travail qui reste à accomplir avant de déboucher sur un éventuel traité en décembre prochain à Cancun (Mexique), l’ONU avait fixé comme premier rendez-vous clé le 31 janvier 2010. Les pays industrialisés devaient confirmer avant cette date butoir leurs objectifs de baisse de leurs émissions gaz à effet de serre tandis que les pays en développement devaient dévoiler leurs stratégies en vue d’une réduction. Force est de constater aujourd’hui que ce rendez-vous a encore était manqué. Seul le Japon s’est vraiment distingué en annonçant à l’ONU à New York, par la voix de son nouveau Premier ministre, une réduction de 25% de ses émissions d’ici à 2020 par rapport à 1990. L’UE a également confirmé son objectif de – 20% qui pourrait même passer à -30% en « cas d’offres comparables » des autres pays riches « et de contributions adéquates » des nations émergentes. Du côté de ces dernières, le Brésil, l’Afrique du Sud, l’Inde et la Chine (groupe Basic) se sont engagés dimanche 24 janvier à New Delhi, à communiquer rapidement leurs « actions volontaires ».

L’appel à l’aide des petits états insulaires

Plus radical, d’autres états, comme Lire la suite

Luc Ferry : « l’écologie est une affaire de bobos « 

lexpansion.com, Reuters/Charles Platiau, le 28 janvier 2010

Luc Ferry : « l’écologie est une affaire de bobos  »

Luc Ferry, philosophe, ancien ministre de l’éducation nationale, auteur du « nouvel ordre écologique » publié aux éditions Grasset en 1992

Pourquoi les classes populaires ne semblent pas aussi enthousiastes que les cadres à adopter un mode de vie estampillé vert ?

Il y a une réponse évidente, et une autre, qui l’est peut être moins. La réponse évidente, c’est que,  quand la vie est difficile, quand le pouvoir d’achat n’est pas ce qu’on espérait alors, les préoccupations touchant la  protection de l’environnement passent au second plan. Mais il faut, je crois, aller plus loin : à bien des égards, les enquêtes sociologiques le confirment largement, l’écologie est une affaire de « bobos », pour ne pas dire d’intellectuels. Pas exclusivement, bien entendu, mais assez largement quand même. Pourquoi ? Tout simplement parce que les questions touchant l’environnement sont à la fois globales et lointaines. Elles engagent une réflexion qui va loin dans le temps (les générations futures, l’état du monde en 2050, etc.) et dans  l’espace (c’est aujourd’hui l’entrée de la Chine et de l’Inde dans la mondialisation qui pose le plus de problème…). Or il n’est pas sûr que ces questions lointaines soient « populaires », d’autant qu’elles supposent souvent un haut niveau d’étude, notamment scientifiques…

Vous affirmez donc que l’écologie est un luxe de « riches » …

Oui, bien entendu et cela vaut d’ailleurs tout autant pour les individus que pour les nations. Il était totalement déraisonnable, et même absurde d’imaginer que la Chine et l’Inde allaient se passionner à Copenhague pour le climat ou la réduction des gaz à effet de serre. J’ai entendu maintes fois des écolos convaincus m’expliquer que « les chinois ne sont pas idiots ». Justement, c’est bien pour cela qu’à leurs yeux le développement est prioritaire. Un point de croissance en moins dans la Chine d’aujourd’hui, ce sont des émeutes sanglantes dans les mines ou ailleurs, et ce genre de considération est évidemment prioritaire. Voilà pourquoi nous avons eu tout faux à Copenhague : il fallait réfléchir tout autrement que notre gouvernement ne l’a fait : il fallait, non pas essayer d’obtenir que les nouveaux entrants signent un traité, encore moins nous infliger une absurde taxe carbone, mais au contraire investir à fond dans la recherche scientifique permettant de vendre au reste du monde des modes de consommation moins dévastateurs. Là est notre vraie carte à jouer, à nous les Européens, et certainement pas dans un bras de fer aussi ridicule que perdu d’avance avec les Chinois et les Indiens. Je crois que nos politiques ne comprennent rien à l’écologie.

Ce problème d’équité sociale ne risque-t-il pas d’entraîner à terme un rejet des politiques écologiques ?

Oui, vous avez raison, et on le voit bien avec la taxe carbone qui, Lire la suite

Le Grenelle de l’environnement est-il enlisé ?

lemonde.fr, Gaëlle Dupont, le 22 janvier 2010

Le Grenelle de l’environnement est-il enlisé ?

Ambiance morose que celle dans laquelle s’est déroulé, vendredi 22 janvier, le comité de suivi du Grenelle de l’environnement, qui réunit tous les trois mois les cinq collèges participant au processus (ONG, syndicats, patronat, collectivités locales, Etat).

Echec de la négociation sur le climat à Copenhague ; censure de la taxe carbone par le Conseil constitutionnel ; report après les élections régionales (14-21 mars) de l’examen de la loi Grenelle II par l’Assemblée nationale, alors qu’il était initialement prévu en janvier ; regain de l’affrontement entre lobbies patronaux et écologistes… L’élan consensuel qui avait abouti, en octobre 2007, aux 273 engagements censés impliquer la France dans une « évolution écologique » semble bien loin. Deux ans et demi plus tard, le Grenelle est-il en panne ? Si l’impatience monte dans les syndicats et les ONG, certains acteurs soulignent, eux, les premiers progrès accomplis.

Les commentaires les plus acerbes viennent des associations écologistes de terrain. « C’est comme si le Grenelle n’avait pas existé, affirme Gilles Huet, délégué général d’Eaux et rivières de Bretagne. Il n’a pas eu de traduction concrète sur le terrain. La dynamique n’est pas portée au niveau régional, notamment par les fonctionnaires. » Même son de cloche chez Alsace Nature. « Ça n’a pas changé la face du monde, dit son directeur, Stéphane Giraud. L’autoroute de contournement de Strasbourg a été maintenue. Dans le dossier du grand hamster, une espèce au bord de l’extinction, c’est la Commission européenne qui pousse le gouvernement à réagir, pas le Grenelle. »

Philippe Barbedienne, directeur de la Sepanso, ONG écologiste du Sud-Ouest, est sévère, lui aussi. « Seuls les discours ont changé, affirme le militant. Les projets sont badigeonnés en vert, comme la ligne à grande vitesse qui va passer dans notre région. On continue à grignoter la biodiversité. »

Nombreuses sont les associations qui se battent contre les projets d’aménagement jugés « contraires » au Grenelle, souvent portés par des élus locaux.

« Le Grenelle n’a pas été territorialisé, analyse Arnaud Gossement, ancien porte-parole de France nature Eevironnement (FNE), qui fédère ces associations. L’Etat n’a pas non plus donné les moyens de fonctionner aux ONG locales, qui sont dans une situation financière extrêmement difficile. La déclinaison dans les territoires doit avoir lieu rapidement, sinon le processus sera en grand danger. »

Mais au niveau national aussi, un malaise est perceptible, ravivé par le débat sur l’assiette de la taxe carbone. « L’argument de la compétitivité revient très fort de la part du patronat, constate Jean-Pierre Sotura, à la CGT. Les intérêts pèsent pour éviter que les choses se mettent en place ». « On sent très bien que plus le Grenelle s’éloigne dans le temps, plus le ton se durcit, confirme François Veillerette, président de l’association écologiste Mouvement pour le droit et le respect des générations futures (MDRGF). Le rapport de forces entre les ONG et l’industrie reprend du poil de la bête. »

Dans le même temps, il devient « plus difficile » de parler de développement durable aux salariés, selon Jean-Pierre Bompard, à la CFDT. « Le Grenelle remonte à 2007, il a perdu une partie de son attractivité, la crise économique est passée par là, estime le syndicaliste. Aujourd’hui les salariés sont confrontés à une crise de l’emploi, et ont en même temps le sentiment que Copenhague a été un échec. L’idée qu’il faut d’abord résoudre les problèmes urgents progresse. »

Le ministre de l’écologie Jean-Louis Borloo sent le danger. Il a Lire la suite

On a perdu de vue que notre existence est fondée sur les systèmes vivants

liberation.fr, Eliane Patriarca, le 13 janvier 2010

 «On a perdu de vue que notre existence est fondée sur les systèmes vivants»

Alors que commence l’année de la biodiversité, l’écologue Robert Barbault rappelle sa fragilité :

Lancée officiellement à Berlin lundi par l’ONU, et en France hier à l’Unesco, l’Année internationale de la biodiversité, destinée à mobiliser la communauté internationale, répond à un échec : en 2002, lors du Sommet de la Terre de Johannesburg, les pays membres avaient promis d’enrayer l’érosion de la diversité biologique «d’ici à 2010». L’engagement est resté un vœu pieux. Selon l’Union internationale de conservation de la nature (UICN), un tiers des espèces animales et végétales connues sont menacées d’extinction, à un rythme environ 1 000 fois plus élevé que le taux naturel de disparition, alors même que nous n’avons identifié que 1,8 million d’espèces sur environ 13 millions.

Pourquoi néglige-t-on ce réservoir de ressources essentiel pour le développement des sociétés humaines ? Pourquoi la question du climat sature-t-elle le débat écologique ? «La perte de la biodiversité n’est pas comme le changement climatique dont nous pouvons voir et sentir les impacts (augmentation du niveau de la mer, des tempêtes…), souligne l’UICN. Dans le monde occidental, nous sommes devenus si éloignés de la biodiversité que nous avons oublié à quel point nous l’utilisons dans nos vies quotidiennes, depuis la nourriture jusqu’à nos vêtements, en passant par les médicaments.» Directeur du département Ecologie et Gestion de la biodiversité au Muséum national d’histoire naturelle, Robert Barbault estime que la question de la biodiversité est encore plus complexe que celle du climat.

Quand le mot biodiversité a-t-il été forgé ?

A la fin des années 80, par des biologistes de la conservation qui s’inquiétaient de la disparition des espèces et du peu de cas qui en était fait. L’un d’eux a suggéré le terme «biodiversity» pour désigner l’ensemble du tissu vivant de la planète, tout le réseau de la vie sur Terre. L’entomologiste Edward Wilson l’a repris et propagé comme un drapeau pour attirer l’attention sur cette cause. Le mot est vraiment venu au monde avec le sommet de la terre à Rio de Janeiro en 1992.

On parle de sixième grande crise d’extinction. Y a-t-il consensus parmi les scientifiques ?

Le consensus existe sur l’accélération du taux d’extinction. Mais la communauté scientifique n’est pas unanime sur le fait de parler de sixième grande crise d’extinction [par référence aux cinq recensées au cours des 600 millions d’années écoulées, ndlr]. Les paléontologues, notamment, rappellent que la crise qui a vu s’éteindre les dinosaures, par exemple, s’est étalée sur des centaines de millions d’années. La crise actuelle va beaucoup, beaucoup plus vite. Autre grosse différence : c’est l’homme qui est à l’origine de cette crise et il n’a pas envie de disparaître !

Par quoi la biodiversité est-elle menacée ?

La destruction des milieux et des habitats (déforestation, morcellement du paysage, agriculture intensive) ; la prédation ou la surexploitation de certaines espèces ou ressources ; les invasions d’espèces exotiques, et le Lire la suite

Edgar Morin : Tout est à repenser

fautedemieux.over-blog.com, Edgar Morin, Propos recueillis par WILLIAM BOURTON dans le Soir du samedi 2 janvier 2010

Le point de vue d’Edgar Morin, philosophe et sociologue.

Tout est à repenser

Pouvez-vous nous dresser un bref état des lieux de la situation actuelle du monde ?

Pour dresser ce diagnostic, il convient de considérer la période qui s’est ouverte en 1989, avec l’implosion de l’Union soviétique et la mondialisation de l’économie libérale. Ce processus d’unification technique et économique du globe s’est accompagné d’énormes dislocations. Ainsi, la guerre de Yougoslavie a montré qu’une nation, qui était presque constituée, a éclaté en fragments, chacun sur une base ethnique et religieuse. On a vu d’autres exemples depuis. L’unification par l’« occidentalisation » a provoqué en réaction des replis sur des racines identitaires.

Par ailleurs, on est entré dans une période d’une telle incertitude que la croyance générale au progrès historique s’est effondrée à l’ouest, à l’est, et au sud. Dès lors que le futur est perdu et que le présent est angoissé, on retourne aux racines, c’est-à-dire au passé. Un passé qui, hier encore semblait un tissu de superstitions et d’erreurs, devient la vérité.

Dans ce climat de dislocation, où se multiplient les haines et les rejets d’autrui, le vaisseau spatial Terre est emporté avec une vélocité extraordinaire par trois moteurs incontrôlés : la science, qui produit des armes de destruction massive et pas uniquement des bienfaits ; la technique, qui permet l’asservissement pas seulement des énergies naturelles mais aussi celui des humains ; et l’économie qui ne recherche que le profit pour le profit. Voilà dans quoi nous sommes en effet emportés.

Alors, que s’est-il passé en 2009 qui pouvait susciter de très grandes espérances ?

L’accession, totalement inattendue quelques mois plus tôt, d’Obama à la présidence de la plus grande puissance du globe. Voici un homme de bonne volonté, un homme qui possède une véritable culture planétaire de par ses origines et de par ses expériences, un homme qui a une conscience claire des problèmes, manifestée dans ses discours… Et qu’est-ce qui s’est passé jusqu’à présent ? Partout l’impuissance. Incapacité d’opérer une pression même minime sur Israël pour stopper la colonisation, incapacité de pouvoir traiter le problème afghan, impuissance au Pakistan, aggravation de la situation en Colombie et au Venezuela, en Amérique latine. Partout, sont apparues les limites à cette action de bonne volonté. Ces limites signifient que le monde est arrivé dans un état régressif. Il y a dix ans, peut-être Obama aurait-il pu réussir. Mais désormais, on voit très bien que son avènement, qui était une chance pour l’humanité, n’a pas produit ses promesses. Non pas par la défaillance d’un homme mais par l’ensemble des conditions dans lesquelles il se trouve enfermé.

Un tableau plutôt sombre…

Nous continuons, à mon avis, la course vers l’abîme. Car les probabilités sont que ce processus va vers des catastrophes multiples. Il ne s’agit plus seulement des menaces de guerres et d’emploi d’armes nucléaires, qui se sont multipliées, mais aussi de la dégradation de la biosphère et du problème du réchauffement climatique, de la crise économique, provisoirement jugulée, mais qui a révélé que cette économie mondiale ne subit aucun contrôle sérieux. De plus, nous n’arrivons pas encore à la prise de conscience du cours catastrophique qui nous permettrait de réagir contre lui.

Pourtant, par rapport à la prise de conscience environnementale, il y a eu le sommet de Copenhague…

Pour la première fois, l’ensemble des nations du globe se sont en effet réunies pour prendre des mesures contre un des périls écologiques majeurs : le réchauffement climatique. Mais, on l’a constaté, la solution est très difficile. Pourquoi ? D’abord parce qu’il faut un consensus d’un très grand nombre de nations. Deuxièmement parce qu’on voit bien que les pays riches et dominants ont tendance à vouloir faire payer une grosse note aux pays en voie de développement, lesquels refusent de se soumettre et demandent aux premiers de faire l’effort eux-mêmes. Prenez la question des énergies. Il est souhaitable que les énergies vertes – solaires, éoliennes, etc. – se répandent en Afrique ou en Asie, mais cela signifierait un don des pays développés que ceux-ci, pour le moment, n’ont pas l’intention d’envisager.

Copenhague a donc traduit une certaine prise de conscience, mais insuffisante. Le grand problème de la conscience, c’est toujours son retard sur l’événement. Il faut un certain temps pour comprendre ce qui s’est passé. Par rapport aux dangers sur la biosphère, l’alerte a été donnée en 1970, avec le rapport Meadows (première étude importante soulignant les dangers écologiques de la croissance économique et démographique, demandé à une équipe du Massachusetts Institute of Technology par le Club de Rome). Entre 1970 et 2010, il y a bien entendu eu le sommet de la Terre de Rio (1992), il y a eu la conférence sur le réchauffement climatique de Kyoto (1997), mais ces rencontres étaient toujours en retard sur la gravité de l’événement. Car en quarante ans, le monde a connu une série de catastrophes écologiques.

Dans ce contexte, la globalisation, qui dans un sens est la pire des choses, pourrait également se révéler la meilleure car, pour la première fois, il y a une interdépendance de tous les êtres humains, une véritable communauté de destin qui peut faire de nous de véritables citoyens de la planète. Mais à condition que l Lire la suite

Pierre Rabhi : L’Autonomie… Le temps de l’insécurité créative est venu

pierrerabhi.org, Pierre Rabhi, le 8 février 2008

L’Autonomie… Le temps de l’insécurité créative est venu.

L’écologie une grande leçon d’autonomie

Le terme « autonomie » suggère une organisation, une situation fondée sur la non dépendance. Celle ci nécessite une détermination, une volonté et des actes pour lui donner réalité. Elle concerne aussi bien un individu, qu’un groupe d’individus ; elle a trait également à un état intérieur, à la subjectivité humaine.

L’autonomie s’applique à des domaines très divers comme le territoire, la nation, la politique, l’économie… Traitée d’une façon exhaustive, cette question nous entraînerait trop loin. Pour éviter toute confusion, nous nous bornerons par conséquent à quelques considérations en rapport avec notre engagement pour la Terre et l’Humanisme. D’une façon générale, l’autonomie s’inscrit dans un contexte qui lui donne sa raison d’être, qui la détermine : on est autonome à l’égard de quelque chose. L’écologie bien comprise est, par excellence, une grande leçon d’autonomie. Elle est fondée sur l’interdépendance des règnes et des espèces. Chaque espèce garde sa spécificité propre mais ne peut survivre sans relation avec les autres espèces. La rupture de cette relation génère la sclérose, une dévitalisation qui, faute de la circulation des énergies vitales, peut aller jusqu’à la mort. Ainsi, paradoxalement, l’interdépendance des espèces a pour finalité et résultat l’autonomie de la totalité d’un écosystème. En préconisant, par exemple, la fertilisation de la terre par de la matière organique, issue des déchets végétaux et animaux habituellement gratuits et transformée en humus, l’agroécologie que nous essayons de propager le plus largement possible respecte le cycle des échanges entre la terre, le végétal, l’animal et l’humain, avec bien sûr tous les éléments et conformément aux règles établies par la vie depuis les origines. L’agroécologie concilie ainsi la nécessité de s’alimenter avec l’indispensable intégrité et pérennité de la dynamique du vivant. Elle est donc facteur d’autonomie. A contrario, l’usage des engrais chimiques, des pesticides de synthèse coûteux à produire (il faut environ trois tonnes de pétrole pour la production d’une tonne d’engrais), est facteur de dépendance ; par leur constitution, ces produits détruisent la dynamique en question. Car cela introduit dans le cycle comme des « corps étrangers » que le métabolisme du sol ne peut ni générer, ni recycler. Le principe élémentaire biologique s’applique à tous les domaines de la vie. La planète Terre est dans sa totalité régie par cette intelligence. Bien qu’elle fût à l’origine peuplée par des créatures innombrables, cela ne s’est jamais traduit sur la biosphère par l’épuisement des ressources. La sphère terrestre dépend bien entendu des énergies cosmiques directes et indirectes – soleil, énergies subtiles -, et probablement de cette mécanique céleste qui nous fascine tant. L’espace écologique est par conséquent infini et notre planète exalte en quelque sorte cette intelligence qui, avec la diversité, la complexité illimitée, crée de la vie et de l’autonomie dans la pérennité et la continuité. C’est une des raisons pour lesquelles la planète terre est un miracle et un prodige inégalable de l’intelligence de la vie. Il y a là un phénomène grandiose digne de toute notre admiration. L’autonomie de la planète se fonde également sur le non gaspillage. La nature n’a pas de poubelle parce qu’elle ne crée pas de déchets. Cette loi est exprimée par le fameux « rien ne se crée, rien ne se perd, tout se transforme ». Cette logique inspire la réflexion de l’écologie d’aujourd’hui pour le durable et le reproductible. Cependant, on a tendance à confondre l’autonomie et l’autarcie. On peut définir cette dernière comme un système clos qui prétend suffire à tous ses besoins sans échange avec l’extérieur. Et cela va à l’encontre de l’autonomie telle que la nature nous en donne le principe. Il s’agit donc d’une enclave dans un ordre global, du rejet de tout le contexte dans laquelle elle s’inscrit. Cette option contre nature devient trop souvent le terreau du sectarisme avec le repliement sur une idéologie ou un principe métaphysique qui ne souffre aucun échange ni aucune remise en cause. Les extrémismes ne sont rien d’autre qu’une conviction pathologique de détenir la seule vérité qui soit. Biologiquement, l’autarcie poussée à l’extrême est facteur de dégénérescence. Les anthropologues ont parfois découvert des communautés humaines dites « isolats » qui, faute d’échange avec les populations extérieures, cumulaient les tares par consanguinité et avec un appauvrissement génétique chronique s’acheminaient vers l’extinction. Que ce soit dans l’espace psychique ou physique, il semble que tout confinement va à l’encontre de la dynamique de la vie. Toujours en référence à notre pratique agroécologique, nous faisons une grande distinction entre l’aérobie et l’anaérobie. Un compost aéré donne une matière humique, fermentée et bénéfique ; un compost confiné donne une matière putride et toxique. Les deux principes contraires, autonomie et autarcie, que nous avons essayé d’élucider, devraient nous éclairer pour construire un futur autonome qui s‘avère indispensable pour la survie de notre espèce.

Le hiatus du « pétrolitique »

Cependant, cette nécessité d’autonomie sera mise en échec si nous ne prenons pas en compte, pour nous en affranchir, certains mythes fondateurs de la modernité particulièrement destructeurs d’autonomie. Depuis la révolution industrielle nous avons affaire, pour le meilleur et le pire, à un modèle dominant hégémonique à l’échelle planétaire. Ce modèle, nous le constatons clairement aujourd’hui, repose sur l’option la plus absurde, dépendante et dispendieuse que l’humanité ait imaginé. Cela a donné une civilisation technico-scientifique productiviste et marchande, dont la survie dépend essentiellement d’une matière combustible nauséabonde exhumée des entrailles de la terre, où elle sommeillait depuis des millénaires. Compte tenu de la gigantesque chaotisation qu’elle a provoquée dans l’histoire de l’humanité et de la nature, nous aurions été plus avisés de la laisser où elle était. Car elle est responsable d’un hiatus gigantesque dans le processus de la vie. Avec la thermodynamique, nous sommes entre Prométhée et Vulcain dans la civilisation de la combustion énergique à des fins d’efficacité, de vitesse… La voiture comme l’un des symboles du miracle de la rationalité industrielle chargée de phantasmes – évasion, liberté, emblème social -, est justement l’une des inventions faite du cumul de critères irrationnels. Une analyse objective nous permet de constater que nous avons affaire avec la voiture à un outil qui pèse en moyenne une tonne et demi pour déplacer des individus de plus ou moins 80 kilos. 80% du combustible destiné à le faire se mouvoir servent à produire de la chaleur et à permettre aux usagers de se gazer mutuellement et d’intoxiquer l’atmosphère. Cet outil a inspiré un mode d’organisation de l’espace de vie basé sur la dispersion avec un habitat éloigné des lieux de travail, de commerce, d’éducation… qui ne peut plus fonctionner sans lui. Il pèse lourdement Lire la suite

Michel DEGUY et André LEBEAU ce matin… : La conscience écologique

agorasoulacenergie.over-blog.com, Sylvie Justome, le 4 janvier 2010

Michel DEGUY et André LEBEAU ce matin…

La conscience écologique

Magnifique entretien, ce matin, dans Répliques, sur France Culture, grâce à Alain Finkielkraut, avec Michel DEGUY, poète, essayiste et philosophe, auteur dernièrement (parmi 500 publications !) de La fin dans le monde chez Hermann (novembre 2009) et André LEBEAU, géophysicien et ancien directeur général de Météo France, qui a écrit L’enfermement planétaire (Gallimard, octobre 2008).

Le principal mérite de cet entretien est sans doute de préciser enfin clairement les points essentiels :

Le constat de la situation actuelle des habitants de la planète n’a pas à être qualifié d’optimiste ou pessimiste : il est correct ou incorrect, complaisant ou pas. Or, il suffit de confronter les données démographiques, la limitation des ressources fossiles (en particulier le pétrole dont le maximum d’exploitation sera atteint dès 2020, après quoi s’installera une pénurie d’autant plus grave que le modèle de développement américain continue de s’étendre à des continents qui sont encore à l’aube de leur croissance) et la dimension du temps, pour comprendre que ce constat est clairement catastrophique. C’est brutal et non pessimiste. Il faut dénoncer l’absurde « optimisme béat » des économistes et des technologistes : la technologie est le problème – pas la solution ! Mais c’est, encore et toujours, l’esprit humain qui porte la solution, même si le XXe siècle nous a apporté toute une série de « sans précédent », au sens propre : c’est ce que refusent encore de reconnaître, dénonçait l’émission,  les « optimistes » du constat, répétant à l’envi qu’il n’y a rien de nouveau, que nous avons déjà vécu des changements climatiques, des crises énergétiques, que nous les avons toujours surmontées et donc (sic) que nous surmonterons celles-ci !

A situation sans précédent, il faut trouver, comme le soulignent Michel DEGUY et André LEBEAU une solution sans précédent et non pas faire confiance, comme nous le sussurent constamment économistes ou politiques, au business as usual… Le poète de « l’allégresse pensive » (voir le Colloque de Cerisy de mai 2007 sur et avec Michel DEGUY) et le scientifique s’accordent avec Alain Finkielkraut dans une « lucidité optimiste » reconnaissant, certes, avec Primo LEVI que « la recherche est le fatum de l’humanité », c’est-à-dire que celle-ci est toujours condamnée à avancer toujours plus loin dans les découvertes dont elle est capable, même quand les risques sont de plus en plus grands par la maîtrise sans précédent qu’elle procure – mais croyant aussi aux ressources de l’esprit humain.

Le problème que les habitants de la planète rencontrent déjà pour beaucoup aujourd’hui, et rencontreront de plus en plus – et cette fois tous sans distinction –, ne peut être résolu ni par les seuls « gestes écologiques » individuels, ni par les Etats, qui privilégieront toujours leur « intérêt général » national, au détriment de l’intérêt général planétaire, ni par le fonctionnement libre du « marché », ni par une confiance aveugle en la technologie à venir, mais seulement par l’invention d’un fonctionnement supranational contraignant, dans les domaines fondamentaux de l’accès à l’eau, à l’alimentation et à l’habitat (ressources naturelles et énergie comprises), sur le modèle de ce que l’Europe a déjà commencé à mettre en place avec le Parlement européen, ses Directives et sa juridiction.

On pourrait être tenté de penser que les états-nations étant la cause du problème, la solution serait Lire la suite

Copenhague et Réseau Action Climat : pour conclure et poursuivre…

eco-en-campagne.effraie.org, Maxime Combes, le 3 janvier 2010

Voici la sixième et dernière newsletter qui revient sur les dernières mobilisations et premières déclarations / perspectives pour la suite. En attente de la traduction de la déclaration de Climate Justice Now !, elle a été finalisée aujourd’hui. Ce sera le dernier envoi sur cette liste dont les archives resteront disponibles.

La version .pdf ci-jointe comprend quelques photos. Elle est accessible en ligne ici

N’hésitez pas à la diffuser. A très bientôt sans doute.

Maxime COMBES 0624512944

maxime.combes@gmail.com
http://eco-en-campagne.effraie.org
Newsletter 6 – pour conclure et poursuivre…en vous souhaitant une bonne année.

Copenhague s’est transformé en Flop-enhague. Un premier retour rapide s’impose.

Les mouvements sociaux pour la justice climatique mobilisés jusqu’au bout

Après l’immense succès de la manifestation du 12 décembre, les coalitions Climate Justice Action et Climate Justice Now ont organisé l’action Reclaim Power du 16 déc. L’excellente vidéo du Guardian revient sur les différentes initiatives, à l’intérieur comme à l’extérieur, et leurs objectifs. La vidéo de CNN montre bien que la violence était principalement le fait des forces de polices. Ces quelques photos donnent à voir comment l’action intérieure a bousculé le train-train des négociations et celles-ci la détermination de la manifestation extérieure se rapprochant du centre de conférence. Pour Attac France, les mouvements sociaux avaient montré la voie. Selon Hervé Kempf, les militants du mouvement de la justice climatique tirent un bilan positif de leur mobilisation. Idem pour Nathalie Péré-Marzano, déléguée générale du CRID : Une mobilisation réussie à Copenhague, des messages clairs aux négociateurs.

Rappel : 1800 personnes ont été arrêtées pour « rien », d’après Bastamag, et une pétition est en ligne pour la libération de tous les « prisonniers climatiques » (la majorité sont aujourd’hui libérés, mais quelques-un-e-s restent poursuivi-e-s). Le 16 et 17 décembre, deux actions et une manifestation (2000 personnes) ont été organisées pour dénoncer l’exclusion des ONG et mouvements sociaux du centre officiel des négociations et exiger la libération des prisonniers. Des rassemblements ont été organisés devant les ambassades danoises, notamment en Espagne, Etats-Unis, etc…

Communiqués post-Copenhague :

Depuis la fin du sommet de Copenhague, les déclarations critiques des organisations ou réseaux internationaux ne cessent de se multiplier. En voici quelques-unes.

Déclaration de Climate Justice Now !, signable par les organisations (pour plus d’infos sur le positionnement de CJN !, voir cette conférence de presse, pendant les négociations, le 14 déc, au sein du centre officiel)

Attac : Copenhague ou le fardeau légué par les riches

Amis de la Terre Lire la suite

Dominique Bourg et Kerry Whiteside : Pour une démocratie écologique

laviedesidees.fr, Dominique Bourg, Kerry Whiteside, le 1er septembre 2009, Toutes les versions de cet article : [English] Télécharger ce(s) document(s) :

Pour une démocratie écologique (PDF – 548.1 ko) par Dominique Bourg & Kerry Whiteside

Dossier Les défis de l’écologie

Pour une démocratie écologique

Notre consommation ne cesse d’augmenter et la planète est exsangue. Confier notre salut au progrès technologique et à l’économie relève de l’illusion. Car la solution est politique : c’est à la refondation de notre démocratie représentative qu’il faut tendre.

Nous partirons d’une hypothèse acquise pour les environnementalistes, mais dont la réception est mitigée dès qu’on sort d’un cercle restreint, soit pour des raisons d’ignorance, soit au nom d’une autre posture. Quelle que puisse être l’issue de la crise financière et économique actuelle, le monde où nous entrons sera profondément différent de celui que nous quittons. L’expression « inversion des raretés », parfois évoquée, caractérise assez bien le monde qui vient. À une population mondiale massive, quasiment 7 milliards et 9 au milieu du siècle, dotée d’un pouvoir d’achat et de capacités technologiques croissants, s’opposera une planète exsangue.

Il est probable que nous ne parviendrons jamais à extraire plus de 100 millions de barils de pétrole par jour alors que l’Agence internationale de l’énergie estime à 120 millions la production nécessaire en 2020. Nous aurons épuisé au début du siècle prochain l’héritage fossile de l’humanité avec un taux de croissance de la consommation annuelle de 2 %, alors que le rythme était encore de plus de 3 % ces dernières années [1]. À consommation constante, les réserves d’or, d’argent et de palladium s’élèvent à une quinzaine d’années ; elles se situent entre 15 et 30 ans pour le plomb, le cuivre ou le zinc. Nous provoquons la disparition d’un grand nombre d’espèces, les services écologiques que nous rendent les écosystèmes sont pour 60 % d’entre eux dégradés [2].

À quoi s’ajoute le changement climatique en cours. Avec une hausse d’un degré de la température moyenne, que nous atteindrons avant le milieu du siècle, c’est par exemple l’Ouest des États-Unis, du Texas au Dakota, qui pourrait redevenir ce qu’il fut il y a quelques millénaires, un immense désert de sable. La prochaine disparition de la banquise estivale arctique, dans une ou deux décennies, déplacera le front polaire vers le Nord. Il en résultera un changement non moins perturbant du régime des pluies, asséchant par exemple régulièrement et sur de longs mois l’Angleterre. Les ouragans qui ont fait leur apparition sur les côtes du Brésil et au Sud de l’Europe seront plus nombreux et pourraient s’étendre à la Méditerranée [3].

On peut toujours croire que le génie humain permettra, en dépit de ces conditions nouvelles et hostiles, non seulement de continuer à honorer les promesses de la fête industrielle, mais de les étendre à des centaines de millions de convives nouveaux. Qu’on nous permette d’en douter, en dépit des capacités indéniables du génie en question. Cette croyance repose en effet sur un raisonnement par induction relativement étroit. Certes, les exemples qui attestent de la capacité de sociétés à se sortir d’impasses ne manquent pas. Une déforestation précoce avait conduit la Londres du XIIIe siècle à se chauffer déjà largement au charbon ; un ingénieur anglais avait calculé au seuil du XIXe que le crottin de cheval devait atteindre à la fin du siècle le 1er étage des immeubles londoniens ; les révolutions vertes successives n’ont cessé de contredire Malthus. Ces exemples ne confirment qu’une chose : qu’il en est allé maintes fois ainsi, ce qui ne prouve nullement qu’il en ira toujours et systématiquement de la sorte. Le croire reviendrait à omettre trois choses.

La première est qu’il existe de nombreux contre-exemples, ceux recensés par Jared Diamond, comme Lire la suite

Pays Basque : BIZI. En quelques mois, le mouvement « écologiste et social » a prouvé sa capacité à mobiliser

sudouest.com, Pierre Penin, le 2 Janvier 2010

BIZI. En quelques mois, le mouvement « écologiste et social » a prouvé sa capacité à mobiliser. Il aborde déjà une nouvelle étape de son existence et doit fixer ses priorités

Radicaux et pragmatiques

En six mois d’existence, Bizi s’est fait une place plus que visible, dans le paysage militant local. Passé d’une vingtaine d’adhérents à sa création, à une centaine aujourd’hui, il est un interlocuteur pris au sérieux. Après le sommet de Copenhague, son échéance fondatrice, Bizi doit aujourd’hui assimiler sa croissance et tracer ses nouvelles priorités.

Jean-Noël Etcheverry, membre fondateur, se projette dans les mois post-Copenhague.

« Sud Ouest ».

Quel est le concept essentiel de Bizi ?

Jean-Noël Etcheverry. On est des militants qui veulent créer un mouvement mêlant social et écologie. C’est ce qui nous différencie d’organisations comme par exemple le NPA (Nouveau parti anticapitaliste) d’un côté, et les mouvements purement environnementaux de l’autre. Je veux dire par là que nous sommes à la fois pour la taxe carbone et pour la gratuité des transports en commun. Le NPA est contre la taxe carbone pour des raisons sociales, et des associations environnementales s’opposent à la gratuité totale des transports. Nous voulons faire la synthèse des deux.

Pensez-vous cela vraiment possible sans contradiction ?

La réussite des idées écologistes ne sera pas possible sans la préoccupation sociale. Tout ce qui va vers la préservation de la planète doit s’accompagner de justice sociale et de redistribution. C’est le seul moyen d’impliquer les plus pauvres dans les questions environnementales. L’exemple de la taxe carbone vaut ici. Pas celle de Sarkozy, trop timorée donc peu dissuasive, avec son principe de neutralité fiscale. Mais une taxe plus importante qui permettrait des investissements pour anticiper l’explosion à venir du coût du pétrole, profiterait aux plus modestes.

Si vous deviez résumer la méthode Bizi…

Nous marions radicalisme et pragmatisme. Radicalisme parce que nous voulons changer le système. Nous prônons une évolution profonde des modes de consommation et de production. Je dis radical parce que nous ne sommes pas pour la croissance verte, qui revient à agir à la marge. Nous ne voulons pas traiter les symptômes, mais nous attaquer aux racines. Pour autant, nous ne rêvons pas de Grand soir. Nous sommes pragmatiques parce que déterminés à soutenir les actions qui vont dans le bon sens. Prenez notre soutien à Chronobus : nous avons manifesté pour, aux côtés de mairies de droite. Nous sommes indépendants, mais nous nous associerons ponctuellement aux bonnes idées.

Est-ce à dire que dans l’opposition classique entre idéal et pragmatisme, vous favorisez le second ?

Si vous voulez dire que nous ferons tout ce que nous pourrons pour faire avancer concrètement les choses, je réponds oui. Que nous ne serons pas que dans la protestation, mais dans la proposition, je dis encore oui. Mais cela en restant fidèle à l’idée de bouleversement du système.

Cela pose la question de votre positionnement vis-à-vis du politique. Et du politique vis-à-vis de vous, d’autant que Bizi se développe de façon importante. Existe-t-il pour vous un risque de récupération ?

Ce qui est clair, c’est notre indépendance politique. Après Copenhague, nous commençons aujourd’hui un travail de Lire la suite

Revue : Un nouvel Esprit écolo ?

ecolosphere.net, Philippe Colomb, le 24 décembre 2009

Un nouvel Esprit écolo ?

Laboratoire d’un certain modernisme progressiste, la revue Esprit découvre à l’occasion de Copenhague que l’écologie politique est l’avenir de la gauche. Une prise de conscience salutaire qui ouvre des chantiers prometteurs et dont on aurait tort de négliger l’importance.

Dossier « Retour sur Terre, retour à nos limites », Esprit décembre 2009, avec des articles de Nicolas Bouleau, Dominique Bourg, François Chérèque, Daniel Cohn-Bendit, Albert Levy, Olivier Mongin, Marc-Olivier Padis, Joël Roman, Edwin Zaccai.

Esprit, « Retour sur Terre, retour à nos limites »

Sommaire du numéro de décembre 2009 (sur le site de la revue).

Si l’on parle ici de ce dossier de la revue Esprit, c’est moins pour ce qu’il pourrait apporter sur le fond aux lecteurs et aux lectrices d’ecolosphere.net que pour ce que signifie une telle publication aujourd’hui. Depuis plusieurs décennies, en effet, Esprit est un lieu essentiel d’élaboration théorique pour la « gauche moderniste ». Antitotalitarisme et autogestion dans les années 70, deuxième gauche dans les années 80, acceptation de l’économie de marché dans les années 90 : cette revue a contribué à façonner la pensée « progressiste » et a toujours revendiqué un rôle actif d’influence des responsables politiques.

Aussi, quand Esprit, qui ne s’est pas beaucoup préoccupé d’écologie politique ces dernières années, consacre son dossier mensuel à ce thème, on est tenté d’y voir un signe important en terme d’évolution socio-politique et de regarder son contenu de plus près.

Articuler en trois parties (« la fin du modèle productiviste », « le déphasage de la gauche » et « la mondialisation freinée par le bas »), ce dossier frappe d’abord par la vigueur de son positionnement. Pas de green washing, pas de croissance verte ou de fascination pour les green tech, une critique franche des mécanismes économiques soi-disant vertueux : dès son article introductif, Marc-Olivier Padis dénonce les « fausses pistes de la croissance », et souligne que « contre la perspective d’un emballement ou d’un effondrement, il convient de se demander comment freiner la mondialisation par le bas, c’est-à-dire maintenir le jeu des échanges mondiaux tout en retrouvant le sens des limites ». Si la revue ne se revendique pas de la décroissance (bien que, pour la première fois en quatre ans, elle ait récemment signalé la parution du dernier numéro de la revue Entropia), ce dossier insiste néanmoins sur la nécessaire limitation de l’emprise humaine sur les biens naturels et négocie la sortie de l’imaginaire productiviste et consumériste.

Du point de vue qui nous intéresse ici, deux articles sont particulièrement intéressants. Tout d’abord, le double entretien avec Daniel Cohn-Bendit et François Chérèque. En soumettant l’euro-député et le secrétaire général à la même série de questions, on voit bien comment la revue tente de lancer un pont entre son histoire (la CFDT, dont elle a été très proche) et l’avenir qu’elle est en train de se choisir. Les divergences entre les réponses soulignent, évidemment, le chemin qu’il reste à parcourir pour pleinement articuler le discours de défense des droits des salarié-e-s et celui de la protection de l’environnement, mais ce double entretien permet aussi de tracer des pistes de convergences et de préciser les points de tension à travailler.

Mais pour nous, c’est évidemment l’article de Joël Roman qui retiendra le plus l’attention puisque, dès son titre, « L’environnement, un défi pour la gauche », il marque une forte intention Lire la suite

Le père Noël ne passera pas à Copenhague ! ou la gouvernance de l’échec

portaildurisque.over-blog.com, Michel Lesbats, le 23 décembre 2009

Le père Noël ne passera pas à Copenhague ! ou la gouvernance de l’échec

Dans les domaines de la gouvernance globale l’heure était à la remise en cause des modèles dominants : la « réalité » géopolitique, la force, l’économie devait être tempérées par l’écologie et le social au niveau mondial. De plus la crise financière récente  devrait nous inciter à prendre le virage. Le GIEC, MM. Gore et Obama ne venaient ils pas d’obtenir le prix Nobel de la Paix ?

Quelle occasion d’espérer que le monde progresse par « bifurcation » et se mette sur les rails du changement de mentalités et de comportements en se montrant exemplaire au niveau de la gouvernance mondiale. Même l’apparition récente des climato-sceptiques semblait être le dernier sursaut d’une société  « has been  » qui avait vécue et que tout le monde (en Europe) semblait vouloir abandonner.

Quelle erreur collective d’appréciation : il est d’actualité de dire que nous croyions tous au Père Noël– le sommet de Copenhague  a servi de plateforme géopolitique et économique aux hommes d’affaires et aux politiques qui les soutiennent… un G20  pour régler des petits problèmes entre amis, sans se préoccuper de l’intérêt général. Tout le monde, à quelques exceptions près, n’a vu que ses intérêts géostratégiques et s’est intéressé qu’à son « petit commerce » ! Les intérêts particuliers des Etats et/ou des marchands priment, une fois de plus, sur l’intérêt général : espérons que cela ne soit pas une fois de trop !

Quelle déception pour les peuples pragmatiques, quelle victoire pour les gouvernants et les affairistes dominants. La rationalité est désormais du coté des peuples éclairés puisque la diplomatie internationale (ONU) qui devait nous accompagner pour changer le monde a accouché d’une souris.

Les Grands de ce Monde ont désormais perdu toute crédibilité et attitude de rationalité aux yeux des Petits. Comment cela sera – il perçu et analysé dans quelques années par les peuples qui seront inévitablement touchés directement ou indirectement par le réchauffement climatique et ses cascades d’effets associés… cet échec va accentuer le nombre de morts et de réfugiés sur la planète… tout le monde le sait !

Le crime contre l’Humanité  pourrait se découvrir deux nouvelles modalités dans les années qui viennent : l’ « inconscience écologique » et la « délinquance écologique mondiale » qui va tuer des millions de personnes, des espèces de la biocénose et de nombreux écosystèmes qui les hébergent – cette modalité devrait permettre, à terme, de condamner les Grands de la  planète, y compris lorsqu’ils  «auront pêché par omission de prendre des décisions ».

Comment mobiliser et demander aux entreprises et aux citoyens français de consentir et d’accentuer les efforts en matière d’écologie sans les contraindre trop…  alors que d’autres vont ruiner ces efforts en quelques semaines aux Etats Unis, en Chine ou en Inde et que le comportement incontrôlé de ces derniers vont de toutes les façons nous précipiter vers la catastrophe ?

Pas mal d’argent et d’intelligence ont été gaspillé ces derniers temps pour mobiliser les « citoyens éclairés » et organiser le Sommet de Copenhague ; cela aurait été mieux utilisé à la prévention sur le terrain du drame humain qui se prépare.

Le Président Sarkozy lui même pensait que le sommet ne pouvait pas échouer parce que Lire la suite

« La lutte contre les inégalités est au cœur du sujet » ou l’insoutenable train de vie des riches

alternatives-economiques.fr, Guillaume Duval, Manuel Domergue, le 22 décembre 2009

« La lutte contre les inégalités est au cœur du sujet » ou l’insoutenable train de vie des riches

Les plus riches du Nord ont une responsabilité dans les désordres écologiques, qui va bien au-delà de l’impact direct de leurs gaspillages sur l’environnement. Par Guillaume Duval et Manuel Domergue, extrait du hors-série « L’économie durable », d’Alternatives Economiques.

« Le mode de vie américain n’est pas négociable« , assénait il y a près de vingt ans George Bush père, pour refuser de s’engager à limiter les émissions de gaz à effet de serre des Etats-Unis. Et ce mode de vie a servi de modèle au monde entier tout au long du XXe siècle. Mais aujourd’hui il est tout simplement incompatible avec les grands équilibres écologiques de la planète. Ce qui complique terriblement les choses pour en changer, c’est l’ampleur des inégalités qui se sont creusées depuis trente ans : la consommation de plus en plus purement ostentatoire des riches des pays riches continue en effet à entraîner la planète tout entière dans la dynamique du toujours plus de gaspillage. Pour pouvoir combattre efficacement le changement climatique et les autres menaces écologiques, il faut donc limiter drastiquement les inégalités.

En théorie, chacun des 6,5 milliards d’habitants de la Terre dispose d’un hectare et demi de ce qu’on appelle « l’empreinte écologique », c’est-à-dire la surface au sol nécessaire pour satisfaire ses besoins de base sans puiser dans les ressources non renouvelables de la planète. Mais, d’après les calculs, cette empreinte soutenable a déjà été dépassée depuis les années 1970, puisque chaque humain « consomme » en moyenne actuellement 2,7 hectares. Cette moyenne, déjà excessive, cache en plus de fortes disparités. Avec cinq hectares, un Européen consomme le double de cette moyenne. Mais il apparaît presque sobre par rapport à un habitant des Etats-Unis (9,5 ha) ou des Emirats arabes unis (9,6 ha).

Un exemple à ne pas suivre

Et ces moyennes nationales masquent elles-mêmes des disparités importantes. Les ménages les plus riches des pays riches sont en effet de très loin ceux qui consomment le plus, et donc ceux qui polluent le plus : des vacances à Bali sont plus énergivores que celles à la campagne, chauffer une maison de 200 m2 nécessite en moyenne plus d’énergie qu’un petit appartement, etc. Sans même parler de la consommation d’eau des parcours de golf d’un vert éclatant au mois d’août, ni des yachts, des jets privés et des hélicoptères dilapidateurs de carburant… Ces intuitions sont confirmées par les données publiées par l’Insee : les 10% des ménages les plus riches dépensent environ 2 000 euros par an en France pour l’énergie, contre 800 euros par an pour les plus bas revenus. De même pour la facture transports : les 10% les plus riches dépensent plus de 7 000 euros par an, contre moins de 2 000 pour les 10% les plus pauvres.

Est-ce si grave ? Les riches des pays riches ne constituent-ils pas finalement une goutte d’eau certes très visible, mais en réalité quantitativement insignifiante à l’échelle de la planète ? 793 personnes sur Terre possèdent plus d’un milliard de dollars et accumulent à elles seules 2 400 milliards de patrimoine en 2009 (classement Forbes). Néanmoins, le gros bataillon des riches est constitué de millionnaires, et rien qu’en Chine, on en compterait 450 000 cette année, selon le Boston Consulting Groupe. Mais la contribution la plus nocive des plus riches à la crise écologique tient surtout à leur fonction Lire la suite

Malgré l’échec de Copenhague, M. Sarkozy continue d’investir le terrain de l’écologie

lemonde.fr, Arnaud Leparmentier, le 21 décembre 2009

Malgré l’échec de Copenhague, M. Sarkozy continue d’investir le terrain de l’écologie

On continue comme avant. En dépit de l’échec de Copenhague, Nicolas Sarkozy veut continuer d’occuper le terrain de l’écologie en France. « Le président ne cédera pas d’un pouce sur les engagements qu’il a pris« , explique Franck Louvrier, conseiller en communication de l’Elysée.

Le chef de l’Etat recevra en début de semaine les associations environnementales et compte, selon M. Louvrier, prendre des « initiatives fortes », alors que de nouveaux rendez-vous sont attendus au printemps 2010 à Bonn, en Allemagne, et à la fin de l’année à Mexico. Il n’empêche, la France est menacée d’un « Copenhague-blues ».

« Il va y avoir un questionnement sur les politiques française et européenne qui avaient vocation à s’inscrire dans un espace mondial« , analyse la spécialiste de l’environnement, la secrétaire d’Etat Nathalie Kosciusko-Morizet. « Ces politiques ne perdent pas forcément de leur pertinence, mais doivent être réinterprétées. Soit l’on tombe dans les désillusions : le monde va dans le mur, allons-y gaiement sous la pression des industriels qui demanderont la levée des contraintes. Soit l’on persévère. Mais cela implique de poser la question de la compensation carbone aux frontières de l’Europe ou d’un espace plus vaste de pays décidés à lutter contre le réchauffement« , précise-t-elle.

Toutefois, la taxe aux frontières proposée par M. Sarkozy ne fait pas l’unanimité en Europe. Mme Kosciusko-Morizet déplore que l’Union européenne impose essentiellement des normes. Elle propose la création d’une politique de l’environnement intégrée, par exemple en matière de recherche.

« PERSÉVÉRANCE »

A l’approche des élections régionales de mars 2010, la droite veut capitaliser sur l’engagement écologique du chef de l’Etat. L’UMP oppose son « écologie populaire » qui lie environnement et croissance, à l' »écologie politique » des Verts, qui aurait reçu un camouflet. « On l’a bien vu à Copenhague, l’argument de la décroissance ne fonctionne dans aucun pays du monde« , estime M. Louvrier, qui conseille aux Verts de « faire un séminaire pour repenser leurs thèses ».

L’idée est de se différencier du parti écologiste après le coup de semonce reçu en septembre à Rambouillet, où les Verts ont failli gagner une législative dans une circonscription ancrée à droite. « Nous devons tenir notre discours sur la croissance verte créatrice d’emplois« , renchérit Mme Kosciusko-Morizet.

Il convient aussi de convaincre les Français qu’ils ne sont pas dispensés d’efforts. « L’Europe fait partie des grands pollueurs« , rappelle Brice Hortefeux, le ministre de l’intérieur. Le gouvernement ne remettra pas en cause l’introduction au 1er janvier de la taxe carbone, qui renchérira le prix de l’essence. « Les Français toucheront leur chèque Vert en février », affirme M. Louvrier.

Pour Hervé Mariton, « Copenhague est une invitation à la persévérance ». Le député de la Drôme, proche de Dominique de Villepin, estime que la politique de l’environnement doit Lire la suite

« On a oublié d’inviter la Terre à la conférence sur le climat »par Michel Serres

lemonde.fr, Michel Serres, philosophe, propos recueillis par Catherine Vincent, le 21 décembre 2009

« On a oublié d’inviter la Terre à la conférence sur le climat »

Professeur à l’université de Standford, Académicien, Michel Serres est l’un des rares philosophes contemporains à proposer une vision du monde qui associe les sciences et la culture. Dans son dernier essai en date, Temps des crises (éd. Le Pommier, 84 p., 10 euros), il retrace les bouleversements qui ont récemment transformé notre condition humaine, et soutient que la planète doit devenir un acteur essentiel de la scène politique. Nous lui avons demandé sa version du sommet de Copenhague.

Douze jours de négociations pour aboutir à un accord a minima : la montagne a accouché d’une souris. Pourquoi un bilan si décevant ?

Copenhague est à la géopolitique ce que les accords de Munich, en septembre 1938, ont été à la politique : un compromis lâche et dilatoire. Mais la comparaison s’arrête là. Si le sommet sur le climat a été un échec, c’est d’abord parce que mettre 192 personnes autour d’une table relève de la grand-messe plus que de négociations véritables. Le problème vient surtout de ce que ces 192 personnes sont des hommes d’Etat, dont la mission première est de défendre les intérêts de leur gouvernement et de leur pays. La politique, c’est son rôle, examine les relations humaines, fussent-elles conflictuelles.

Or, l’enjeu de Copenhague n’était pas les relations humaines, mais le réchauffement de la planète, la fonte des pôles, la montée des eaux, la disparition des espèces. Il s’agit d’un objet qui dépasse l’horizon classique du politique. Ce que montre avant tout le sommet de Copenhague, c’est que les limites du politique, au sens traditionnel du mot, sont aujourd’hui atteintes à un point sans précédent dans l’histoire.

L’échec était donc écrit d’avance ?

Il était en tout cas probable, et pour une raison simple : on a oublié d’inviter à Copenhague un partenaire essentiel, composé d’air, de feu, d’eau et d’êtres vivants. Cette absente, qui n’a encore jamais siégé dans aucun Parlement, je l’appelle la « Biogée », pour dire en un seul mot la vie et la Terre. C’est un pays dont nous sommes tous issus. Qui va représenter ce pays-là ? Quel sera son ambassadeur, quelle langue parlera-t-il ? Cela reste à inventer. Mais nos institutions ne peuvent plus désormais se contenter de jeux à deux. Le jeu de demain doit se jouer à trois : nous ne pourrons plus rien faire sans tenir compte de la Biogée.

Jouer à trois, que voulez-vous dire ?

Il y a un tableau de Goya, Duel à coups de gourdin, qui l’explique très bien. On y voit deux hommes se battre avec des bâtons. De ce jeu à deux, qui va sortir gagnant ? Quand Hegel met aux prises le maître et l’esclave, il donne le résultat de leur lutte (l’esclave devenant le maître du maître), mais il oublie de dire où se déroule la scène. Goya, qui est peintre, ne peut pas se permettre cet oubli, et il situe cette bagarre… dans les sables mouvants. A mesure que les deux hommes se tapent dessus, ils s’enfoncent ! Et voilà pourquoi le jeu à trois, aujourd’hui, devient indispensable.

Les hommes politiques peuvent continuer de gérer leurs conflits de façon stratégique, guerrière ou diplomatique : tant qu’ils oublieront de représenter la Biogée, ils s’enfonceront dans les sables mouvants. A Copenhague, j’aurais voulu que ce tableau soit au milieu de l’amphithéâtre !

« Si le climat était une banque, on l’aurait déjà sauvé », a ironisé le président du Venezuela, Hugo Chavez, durant le sommet. Que vous inspire cette remarque ?

Ce que souligne Chavez, c’est la suprématie qu’a prise l’économie dans la gestion de notre monde. Depuis cent cinquante ans, il est entendu, aussi bien par la gauche extrême marxiste que par la droite la plus pure, que l’économie Lire la suite

Planète : la société civile ne peut plus compter que sur elle-même, par Corinne Lepage

lemonde.fr, Corinne Lepage, vice-présidente du MoDem, présidente de CAP21, eurodéputée, le 22 décembre 2009

Planète : la société civile ne peut plus compter que sur elle-même, par Corinne Lepage

Tout d’abord, soyons clairs. C’est un échec sur toute la ligne et il n’y a même pas de quoi sauver la face. Il n’existe aucun accord puisque les 192 nations réunies à Copenhague n’ont fait que prendre acte d’un texte sans l’approuver. Il n’y a aucun accord puisqu’il n’y a aucun engagement. Aucun objectif précis dans la lutte contre le réchauffement climatique n’est fixé pour 2050, et a fortiori pour 2020. Et contrairement à ce qu’a annoncé le président Sarkozy, les trois annexes jointes au texte accepté par vingt nations ne seront pas remplies puisque aucun accord n’a été signé.

C’est un échec humiliant pour l’Europe puisque le président Obama, qui n’a pas été à la hauteur de son prix Nobel, a présenté ce pseudo-accord aux Européens après l’avoir négocié avec la Chine, l’Inde et le Brésil. Non seulement l’Europe s’est révélée incapable de parler d’une voix et d’avoir sa place, mais encore elle apparaît comme à la traîne, alors qu’elle est en réalité, parmi les pays industrialisés, la seule à avoir pour le moment réalisé des efforts concrets. Enfin, pour ceux qui, comme le président Sarkozy ou Gordon Brown, croyaient pouvoir endosser l’habit de sauveur de la planète, l’échec est encore plus retentissant.

Il est évident que tout ou presque est à recommencer. Personne – à commencer évidemment par tous écologistes sincères – ne doit se contenter de lancer des invectives et de désigner des responsables. Chacun doit repenser la stratégie pour ne pas laisser le champ libre aux fossoyeurs organisés de Copenhague et d’une partie au moins de l’humanité.

Eviter que ce fiasco se transforme en succès pour les climato-sceptiques, les pétroliers et autres lobbys – dont la cupidité, l’esprit de rentier, et pour certains le simple ego, l’emportent sur tout, y compris leur simple intérêt d’être humain, responsable, ne serait-ce qu’à l’égard de leur propre famille – à l’instar du patronat d’un grand pays industrialisé fêtant au champagne au Bella Center, vendredi soir, l’échec de la convention ou du premier ministre du Canada qui se dit très heureux de l’échec ? La réponse est dans la révolte, le refus de toute résignation et l’action organisée des citoyens et consommateurs.

Eviter que les débuts d’une économie verte, qui pourrait jouer un rôle majeur dans la transformation du monde, même si ce n’est pas la solution unique, ne se fracassent devant une incertitude des politiques publiques à venir ? La réponse est dans la responsabilité sociale des entreprises, le développement de la consommation responsable et les nouveaux comportements qui encourageront les entreprises dans cette voie.

Eviter que les engagements financiers à l’égard des pays en développement, à commencer par l’Afrique et l’Alliance des petits Etats insulaires (Aosis), même s’ils n’ont pas été formalisés dans un accord, soient oubliés, à commencer par l’Europe qui a besoin de redorer son blason. La réponse est dans le changement d’attitude à l’égard de l’Afrique, en particulier, pour rétablir la confiance en tenant à la virgule les promesses faites et en assurant réellement les transferts de technologie et la réalisation d’opérations concrètes.

Il est désormais clair qu’il n’est plus possible de faire confiance aux politiques, devenus des hommes d’affaires et non des responsables politiques, pour reprendre l’expression du président brésilien Lula, pour résoudre les problèmes du monde. Le court terme et les visions géostratégiques l’emportent sur le fondamental : notre survie.

Il restera de l’année 2009 que les dirigeants du monde ont été capables de sauver les banques et de leur allouer des milliers de milliards de dollars sans contrepartie, mais ont été incapables de mobiliser quelques dizaines de milliards de dollars pour éviter la disparition de zones entières, l’exode de millions de personnes, l’accroissement de la famine et de la pauvreté de millions d’autres ou les conséquences humaines des phénomènes extrêmes. Et même, puisqu’ils semblerait que cela soit la seule donnée qui compte, la perte de centaines de milliards de dollars, puisque c’est le coût du réchauffement, réévalué récemment par Lord Stern.

Il faut donc changer de gouvernance et le gouverneur Schwarzenegger l’a clairement exprimé. Ce n’est pas dans les couloirs de Washington, a-t-il affirmé, mais dans les grands mouvements sociaux, citant le mouvement des femmes ou de la résistance à la guerre du Vietnam, que se font les grands changements. Au fiasco de Copenhague, il faut opposer les réalisations présentées par les villes et régions, dans toutes les régions du monde qui, elles, changent le monde concrètement. Les technologies existent. Restent à trouver les financements en particulier dans le Sud.

La société civile ne peut désormais plus compter que sur elle-même pour assurer son avenir, et c’est cette gouvernance qu’il convient d’organiser. Notre qualité de consommateur doit être utilisée pour choisir en fonction de nos objectifs généraux. Et si la Chine décide de refuser des efforts et exporte son carbone en considérant qu’il doit être mis à notre débit, la réponse est simple : refusons ses produits et achetons-en d’autres fabriqués à proximité ou issus du commerce équitable. Ce que les politiques occidentaux n’ont pas été capables de faire, les consommateurs, s’ils le décidaient réellement, pourraient le faire.

De même, décidons d’encourager les entreprises socialement et environnementalement responsables en favorisant leurs produits au détriment des autres. Un mouvement de grande ampleur en ce sens est indispensable, et il ne pourra se faire qu’avec une alliance entre les grandes associations de consommateurs, les ONG oeuvrant pour le développement et celles qui agissent pour le climat. Il est indispensable que le monde de l’écologie au niveau national comme au niveau international fasse sa mue pour Lire la suite

Une économie durable ? Ce n’est pas gagné…

alternatives-economiques.fr, Guillaume Duval, décembre 2009

Une économie durable ? Ce n’est pas gagné…

L’économie peut-elle devenir durable ? On en est très loin pour l’instant, et notre capacité à y parvenir avant que l’humanité se soit fracassée sur les conséquences des désastres écologiques qu’elle a suscités paraît bien incertaine. Cela tient moins à la difficulté technique de la chose, bien réelle, qu’aux obstacles sociopolitiques qui s’opposent à toute réorientation rapide et massive de nos modes de production et de consommation. Car les actions à mener ont à la fois un coût élevé et un impact très fort sur la distribution des richesses et des positions sociales. De quoi heurter de puissants intérêts et remettre en cause bien des positions acquises. Dit autrement, réduire les inégalités du monde et de nos sociétés est à la fois une condition pour engager les réorientations nécessaires et, en même temps, une condition pour obtenir des résultats à la hauteur de l’enjeu.

Des outils à disposition

Les périls écologiques qui se sont accumulés depuis les débuts de l’ère industrielle sont colossaux. Dans le contexte de la conférence de Copenhague, il est beaucoup question actuellement du changement climatique et des moyens de le limiter. Et c’est bien normal: il s’agit incontestablement d’une des menaces à la fois les plus lourdes de conséquences et les plus difficiles à combattre, car pour être efficace, la lutte doit absolument être mondiale. Mais le climat est malheureusement très loin d’être le seul problème: les pénuries d’eau douce, la dégradation des sols, les pertes de biodiversité, l’accumulation des déchets toxiques dans notre environnement et dans les chaînes alimentaires…, nous n’avons que l’embarras du choix, alors même que la croissance de la population mondiale, bien qu’en net ralentissement, devrait se poursuivre encore jusqu’au milieu du siècle. Sauf guerre ou catastrophe sanitaire, pas totalement improbables dans le contexte actuel.

Pourtant on sait, dans une grande mesure, ce qu’il faudrait faire. Tout d’abord réduire rapidement et massivement l’usage des combustibles fossiles et des matières premières non renouvelables. Production d’énergie, transports, isolation des bâtiments…, on maîtrise déjà de nombreuses techniques pour y parvenir. Il y a une quinzaine d’années déjà, un rapport du Club de Rome intitulé « Facteur 4 » dénombrait toutes les technologies qui permettraient de diviser par quatre les consommations tout en offrant les mêmes services au final. Et encore, un de ses auteurs, Amory Lovins, du Rocky Mountain Institute, aux Etats-Unis, expliquait-il qu’à l’origine ce rapport devait s’appeler « Facteur 10 », mais qu’il avait été décidé de n’afficher « que » Facteur 4 pour ne pas effaroucher les incrédules… On sait également que si l’on consacrait à ces questions un effort de recherche et développement majeur, au détriment par exemple de celui consacré aux armes de destruction massives, nous serions en mesure d’élargir rapidement le champ des possibles.

Au-delà des technologies proprement dites, on sait aussi dans quelle direction il faudrait réorienter le système productif et les modes de consommation. Il faut emprunter la voie de ce qu’on appelle « l’écologie industrielle » ou encore « l’économie circulaire »: comme c’est le cas dans la nature, les processus de production que nous organisons ne doivent plus produire de déchets, mais Lire la suite

Copenhague Dico, par Hervé Kempf

lemonde.fr, Hervé Kempf, le 19 décembre 2009

Copenhague Dico, par Hervé Kempf

Activistes : le mot sonne mieux que « militants ».

Afrique : doute d’elle-même.

American way of life : dépassé, dégoûtant ou décadent ?

Avenir : mieux vaut qu’il soit pris en charge par les citoyens que par des leaders sélectionnés par l’oligarchie.

Banques : elles vont bien, merci.

Bike Bloc : drôle, non violent, beau, insurrectionnel. Vive la Vélorution !

Capitalisme : désigné par certains comme la cause du changement climatique.

Chameau : « passe plus facilement par le chas d’une aiguille qu’un riche n’entre au paradis » ; selon Jésus-Christ, rapporté par Hugo Chavez, lecteur de livres.

Changement climatique : volet de la crise écologique globale.

Chine : lancée sur une voie sans issue. Freiner avant la catastrophe.

Consommation : toxicomanie.

COP 15 : 15e conférence des parties à la Convention-cadre des Nations unies sur le changement climatique. Frénétique.

Danemark : confortable.

Développement durable : roue de secours de plus en plus dégonflée.

Double contrainte : ou injonction contradictoire. Exemple : vouloir obtenir en même temps la croissance économique et la décroissance des émissions de gaz à effet de serre (cf. effondrement).

Effondrement : solution trouvée par un individu ou une civilisation pour sortir d’une situation prolongée de double contrainte.

Empreinte écologique : méthode de mesure discutable, mais beaucoup moins que celle du PIB (produit intérieur brut).

Espoir : Lire la suite

Harald Welzer : Les nouvelles guerres seront climatiques

mediapart.fr, Jacques Dubois, le 15 Décembre 2009

Harald Welzer : Les nouvelles guerres seront climatiques

Dans Les Guerres du climat, Harald Welzer, psychosociologue et quelque peu géopolitiste, poursuit ses investigations sur la violence de masse de l’époque moderne. Mais à celle-ci il donne une actualité particulière en l’inscrivant au cœur de la crise climatique que vit notre planète. En fait, pour lui, de nouvelles formes de guerre vont marquer le XXIe siècle, qui seront particulièrement destructrices et qui vont aggraver ce que Welzer nomme l’asymétrie de notre univers, celle des pays riches face aux pays pauvres.

S’il peut ainsi jeter le pont entre un désastre écologique, qu’il tient pour gravissime, et la violence, c’est qu’il considère le premier sous un angle résolument social — mais culturel aussi, ainsi qu’on verra. Et cela donne un ouvrage certes alarmant mais tout autant passionnant en ce qu’il renouvelle largement le discours écologique habituel. Donc à lire de toute urgence.

Welzer a pour thème de départ la violence de masse. C’est pourquoi il remonte à l’Holocauste ou encore aux génocides rwandais ou bosniaque. Il y allait déjà, note-t-il, de l’élimination d’excédents de population. Or, l’extermination des Juifs n’est pas à lire comme un « retour à la barbarie » mais avant tout comme le produit d’une haute technicité qui permet d’éliminer des milliers de personnes rapidement et, si l’on ose dire, proprement. Ce qui donne valeur paradigmatique à cette violence abominable. Mais ce qui la rend encore « exemplaire », c’est que la population allemande s’est progressivement accommodée de la disparition massive d’une de ses composantes. Cela s’est mis sans retard à aller de soi. Et de même pour les hutus s’accoutumant sans mal à massacrer des voisins tutsis avec lesquels leurs relations étaient bonnes jusque là. Donc violence massifiée par la technique, conjointe avec une accoutumance collective au pire. Voilà le modèle que les catastrophes climatiques vont relancer de plus en plus en notre siècle.

Ici il faut partir de la détérioration de l’écosystème : déforestation et désertification, raréfaction du sol et de l’eau, épuisement des ressources énergétiques, réchauffement généralisé. Conséquence inévitable : les pays qui sont les plus atteints, c’est-à-dire les pauvres, sont aussi les plus mal équipés pour trouver des solutions protectrices ou novatrices. Dès lors, des conflits pour la possession des biens rares surviennent forcément entre groupes différents à l’intérieur d’une même zone. Par ailleurs, les phénomènes migratoires vont se multipliant : des groupes se réfugient là où des ressources subsistent et se heurtent aux populations indigènes ; de l’autre et plus individuellement, un certain nombre de gens tentent d’accéder aux pays riches avec tous les aléas de l’aventure. Dans tous les cas se dessine un horizon de misère qui atteint désormais des États entiers. On estime que trente de ces pays, pour la plupart africains, sont en voie de disparition.

Pour ce qui est des conflits internes, le Darfour est emblématique des  guerres climatiques à venir et qui marqueront le XXIe siècle. Un des aspects de ces drames est la création d’un marché de la violence où les États ne sont plus guère en mesure de jouer un rôle. Y interviennent des armées régulières mal contrôlées, des groupes paramilitaires, des unités d’autodéfense, des « prestataires privés ». Beaucoup de ces soldats étant peu ou pas payés se rétribuent sur l’habitant. Et l’on sait ce que cela veut dire.

Quant aux mouvements migratoires vers les pays riches, Lire la suite

La trajectoire verte de Nicolas Sarkozy

lefigaro.fr, Charles Jaigu, le 16 décembre 2009

La trajectoire verte de Nicolas Sarkozy 

Le chef de l’État arrive ce jeudi à Copenhague, où se tient la conférence sur le climat. Depuis 2002, il s’est progressivement rallié aux idées écologistes.

C’était pendant la traversée du désert de Nicolas Sarkozy, il y a plus de dix ans. Sonné par la défaite de Balladur, le quadra du RPR avait du temps. Et, comme il le dira plus tard, il «prend conscience de ses manques». Un jour, il croise dans un mariage à Neuilly Allain Bougrain-Dubourg, le fondateur de la Ligue pour la protection des oiseaux. Le maire de la ville le salue d’un «vous savez je ne suis pas chasseur !» «Ça tombe bien, moi non plus», répond l’ancien compagnon de Brigitte Bardot et militant antichasse. Ce dernier lui explique que l’écologie n’a pas vocation à être le monopole de la gauche. Le propos intéresse Nicolas Sarkozy, qui lui demande de venir le voir. «Nous avons eu depuis de nombreuses réunions de travail.» Au menu : biodiversité, règne animal en péril. Nicolas Sarkozy papillonne autour de ces sujets désertés par la droite, mais il est loin, très loin d’avoir accompli sa mue. Il se montre simplement conscient que la droite doit élargir son spectre vers les sujets plus sociétaux.

En 2002, Claude Guéant devient son directeur de cabinet au ministère de l’Intérieur, et il demande à la toute jeune Chantal Jouanno de suivre les dossiers environnementaux. «J’étais l’emmerdeuse qui travaille sur les sujets considérés comme risibles», se souvient-elle. Ancien haut fonctionnaire au ministère de l’Environnement, Guillaume Sainteny se souvient d’ailleurs que le ministère de l’Intérieur restait «totalement indifférent à ces problématiques». Aujourd’hui Chantal Jouanno est devenue secrétaire d’État chargée de l’Écologie. Elle a été la première issue du cabinet de Nicolas Sarkozy à entrer au gouvernement. Quand elle se retourne sur la trajectoire verte du président, elle indique une date : le début du mois de janvier 2007, quand Nicolas Sarkozy, qui a accepté de signer le pacte de Nicolas Hulot, se présente devant un parterre de militants associatifs au Musée de l’homme, pour y lire un texte dont la durée a été limitée à dix minutes précises. Mais le candidat dépasse d’une minute le temps prescrit : il est sifflé par une partie de la salle. Il ressort ulcéré de ces mauvaises manières. Pourtant, selon Jouanno, ce fut un moment décisif : «Nicolas Sarkozy avait mal vécu la pression exercée par Hulot pour signer le pacte. Dans les coulisses ils se sont expliqués franchement, mais il a apprécié des vrais pros qui connaissaient leur sujet», explique la secrétaire d’État.

Sarkozy endosse donc le combat de Hulot, qui fut si longtemps celui de Chirac. Il y voit un intérêt politique – ne pas laisser Ségolène Royal coloniser cet espace politique. Et il y est sans cesse encouragé par une partie de son cabinet, dont Claude Guéant et Emmanuelle Mignon.

La rencontre avec Al Gore

Dans l’intervalle, Sarkozy fait la connaissance de Yann Arthus-Bertrand, lors d’un déplacement resté fameux en Guyane, où il est accompagné de Cécilia Sarkozy. Survol en hélicoptère de la marée verte des huit millions d’hectares de la forêt guyanaise. Le photographe lui parle beaucoup de l’importance capitale des forêts primaires. Message reçu : c’est devenu, au fil des rencontres, l’un des sujets de prédilection du chef de l’État. Le jour de son arrivée à l’Élysée, le 18 mai 2007, le premier hôte de Nicolas Sarkozy sera d’ailleurs Arthus-Bertrand. «On a découvert ensemble son bureau de président», avoue le photographe qui a renoncé au vote vert pour voter Sarkozy, encore tout étonné de voir le tout nouveau chef d’État essayer devant lui le fauteuil de Chirac, et ouvrir la fenêtre pour admirer la vue.

Dès les premières semaines de son quinquennat, Nicolas Sarkozy reçoit les grands experts en matière d’écologie, avant de lancer le Grenelle de l’environnement. Il voit l’économiste Nicholas Stern, auteur d’un rapport sur le péril climatique commandé par Tony Blair, ou Al Gore, alors en tournée de présentation de son film, Une vérité qui dérange, qu’il rencontre trois fois en 2007. «C’est à ce moment-là qu’il s’est forgé une vraie conviction», raconte Chantal Jouanno : «Il était devant des experts de renommée internationale, ce qui le sortait du débat politicien avec les Verts.» Ils lui expliquent alors, diagrammes à l’appui, que le réchauffement climatique actuel – plusieurs degrés en trente ans – n’a rien à voir avec le cycle interglaciaire classique qui s’étale sur 150.000 ans, objection classique des «climato-sceptiques de droite devenus aujourd’hui pro-Allègre», résume l’un de ses collaborateurs. «Sur l’environnement, Sarkozy est à 50% sincère et à 50% dans la stratégie politique», conclut Nicolas Hulot. «C’est lui qui a porté le paquet climat en Europe, c’est lui qui Lire la suite

Les ONG et l’alerte écologique

laviedesidées.fr, Sylvie Ollitrault, le 8 décembre 2009

Les ONG et l’alerte écologique

La préoccupation écologique semble aujourd’hui faire consensus. On en oublierait presque que ce sont des ONG, longtemps perçues comme marginales, qui les premières ont donné l’alerte et porté le mouvement pour la protection de la planète. Retour sur trente années de mobilisations qui ont changé les représentations.

La défense de l’environnement appartient à la catégorie de ces grandes causes mondialisées comme la lutte contre les discriminations ou la promotion des droits de l’homme. Ce qui se joue à Copenhague relève d’un agenda international qui réunit les représentants des gouvernements, les experts internationaux et les organisations non-gouvernementales (ONG). Le rôle de ces dernières en matière de protection de la planète est complexe ; toutefois, depuis l’origine, le cœur de leur action consiste à informer l’opinion publique et à diffuser l’idée que les enjeux environnementaux réclament des décisions d’urgence. Il s’agit pour elles d’alerter l’opinion, de souligner les paradoxes des politiques publiques internationales – notamment les écarts de conduite des États.

Cependant, à l’occasion de cette conférence, on peut constater que les ONG ont peu renouvelé leur répertoire d’action collective, c’est-à-dire les manières et les mises en scènes permettant de porter la plainte ou de défendre un intérêt (en l’occurrence, la défense de l’environnement). Si le scénario est si bien réglé que les acteurs ne font pas preuve d’inventivité, c’est que les organisations sont de véritables professionnelles de la contestation et que leur savoir-faire militant est extrêmement bien rôdé.

Dans la galaxie des contestataires écologistes, certains groupuscules affectionnent l’action directe sans pesanteur organisationnelle (anti-pub, antivivisection, etc.), d’autres réseaux d’obédience anarchiste et antimondialisation peuvent choisir des modes de vie radicalement alternatifs (squatt, retour à la nature). Les partis politiques écologistes, quant à eux, impulsent de nouvelles orientations, relaient des préoccupations notamment environnementales. Tous ces acteurs interagissent, parfois se connaissent, se croisent au moment des grandes mobilisations fédératrices. Néanmoins, les ONG ont un profil tout à fait singulier et incontournable au niveau des négociations internationales. Tour à tour expertes mandatées par les institutions internationales (onusiennes) ou agitatrices maniant l’arme de la mobilisation de l’opinion publique, certaines savent jouer des deux registres tandis que d’autres, en raison de leur histoire, excellent dans l’un plutôt que dans l’autre. WWF, Sierra Club ou IUCN sont reconnus par leurs travaux d’expertise sur les questions de protection, tandis que Greenpeace ou Les Amis de la Terre ont une image de trublion qu’elles utilisent à dessein. Le paysage français de la défense de l’environnement à un niveau planétaire s’est trouvé, depuis le milieu des années 1990, transformé par l’action locale de ces ONG, nées outre-Atlantique, et par l’émergence d’un nouvel entrepreneur en mobilisation, Nicolas Hulot, qui reprend des registres d’action déjà éprouvés mais en y ajoutant son aura médiatique et son style personnel.

Au moment où commence la conférence de Copenhague, cet article se penche sur le dynamisme de la mobilisation écologiste qui, à force de persévérance, a réussi à imposer ses préoccupations sur les agendas internationaux. Les ONG, aux profils si variés, sont parvenues à impulser des orientations environnementales ambitieuses alors que les acteurs politiques locaux peinaient à exiger l’application de ces mesures internationales. Dans un contexte où les questions environnementales sont prises au sérieux par les opinions publiques nationales et où les bonnes volontés politiques s’affichent de toutes parts, les ONG doivent-elles renouveler leur positionnement ? En effet, de nouveaux acteurs se déclarent écologistes (entreprises) et d’autres se disent prêts à réformer dans ce sens (les dirigeants politiques). Par exemple, le style de la Fondation de Nicolas Hulot est-il Lire la suite

TCHAT avec Pierre Rabhi : Notre modèle de société va déboucher sur un dépôt de bilan planétaire»

liberation.fr, Pierre Rabhi, le 7 décembre 2009

«Notre modèle de société va déboucher sur un dépôt de bilan planétaire»

La conférence sur le climat sera-t-elle à la hauteur des enjeux? Le philosophe et agronome Pierre Rabhi, pionnier de l’écologie, n’y croit pas et propose des solutions pour protéger la planète. Il a répondu à vos questions.

Vrille. La crise économique pourrait-elle avoir un effet positif sur la crise climatique ?

Je crois que c’est abusif de donner le joli nom d’«économie», et incorrect. Ce que nous appelons économie n’est absolument pas de l’économie, puisqu’il s’agit du pillage généralisé de la planète. C’est-à-dire par cette croissance indéfinie sur laquelle nous avons fondé notre mode de gestion des ressources planétaires. Avant toute chose, il faut s’entendre sur ce qu’est l’économie, qui, pour moi, consiste d’abord à répartir équitablement les ressources entre les êtres humains.

Francoise. Cher monsieur Rabhi, mes respects et mon admiration. Voici ma question : comment décroître en France sans créer de chômage ?

Il faut se rendre à l’évidence : notre modèle de société, basé justement sur une vision erronée de la planète, ne pourra certainement pas se poursuivre sans aboutir à une sorte de désastre et de dépôt de bilan planétaire.

La décroissance doit être mise en perspective et graduellement organisée sur les bases d’un vivre ensemble fondé sur ce que j’appelle «la sobriété heureuse», un art de vivre fondé sur la modération. Cela passe, évidemment, par revoir nos comportements. Pour chacun de nous, au quotidien. Il faut aussi militer pour que le politique et l’économique soient révisés sur la base d’une réalité absolue. Nous ne pourrons pas continuer à appliquer le toujours plus sur une réalité planétaire limitée.

boudhinette@yahoo.com. La reforestation peut-elle avoir un impact contre l’effet de serre ?

Oui. Il est connu que la reforestation a des effets bénéfiques sur le climat. Cependant, cette reforestation devrait être précédée d’une réglementation drastique sur la destruction des forêts existantes. Il ne sert à rien de déforester d’un côté, et, de l’autre, prétendre corriger par la reforestation. En gros, cessons d’abord de déforester, et envisageons ensuite l’avenir avec la reforestation.

Kwami12. Pourquoi, selon-vous, la France est-elle aussi en retard par rapport à d’autres pays européens quant à la création de lieux de vie écologiques et solidaires (écovillages, etc.) ?

Je ne connais pas la raison pour laquelle il n’y a pas encore cet esprit ou cette réalité. L’avenir ne pourra pas être au chacun pour soi, ni à une urbanisation extravagante, comme nous en sommes témoins aujourd’hui. La question qui se pose, c’est: qu’allons-nous faire après que notre modèle de société, qui assure la survie des citoyens par des rémunérations et autres moyens, lorsque ce modèle arrivera à ses limites. Il faut absolument une politique Lire la suite

Xavier renou – Une idée à défendre : la désobéissance civile !

idee-jour.fr, le mardi 7 juillet 2009, par Xavier Renou

Une idée à défendre : la désobéissance civile !

Il y a près d’un quart de siècle, l’Europe passait en bloc au néo-libéralisme, à la suite des Etats-Unis. Vraies droites et pseudo-gauches renonçaient du jour au lendemain à leurs vieux habits keynésiens pour se convertir aux politiques dites du consensus de Washington : désinflation compétitive, dérégulation du crédit, des loyers, des taux de change et des marchés financiers, indépendance des banques centrales, politique de monnaies fortes, réduction du coût du travail, transfert massif des revenus vers le capital, sous-traitance et libre-échange imposés ou généralisés, privatisation ou démantèlement progressif des services publics… Avec pour résultat une explosion de la nouvelle pauvreté et de la population carcérale, une accélération du réchauffement climatique et des bénéfices tirés des revenus financiers, l’augmentation des morts aux frontières fermées et la précarisation d’une grande partie de la main d’œuvre.

Tout cela est relativement connu, au moins d’une partie significative de la population, qui a accès au minimum de culture politique et économique disponible dans la presse, dans les cours d’université, dans les livres et dans les interventions de nombre d’associations militantes, écologistes, de solidarité ou d’éducation populaire. Une partie de la population qui pour n’être peut-être pas majoritaire, n’en constitue pas moins une force capable de peser. Mais qui ne pèse pas. Pourtant, les victimes du néolibéralisme et les gens un peu éclairés continuent de défiler dans les rues, de mener des grèves d’une journée par catégorie professionnelle, de fréquenter les conférences où l’on s’indigne ensemble, en se tenant chaud, et n’oublient évidemment jamais de signer la pétition à la fin. Puis rentrent chez eux, en attendant la prochaine occasion de protester en chœur. Pour rien, bien souvent, mais qui ose se l’avouer ?

La contestation ne conteste pas ses propres méthodes

Parce que la contestation ne se conteste plus elle-même. Je veux dire qu’elle conteste l’ordre injuste des choses, mais assez peu ses propres méthodes. Elle soumet le monde à l’analyse, mais choisit de protéger de l’analyse ses modes d’action, dont l’efficacité est pourtant criante. Pour une part, cette absence d’auto-critique peut être mise au compte de responsables associatifs et syndicaux aux situations professionnelles confortables. C’est un processus classique, auquel il est difficile d’échapper : on proteste, puis on s’organise, et finalement certains conquièrent des positions, attachées à des rentes (symboliques ou matérielles) qui leur procurent de redoutables satisfactions : payés, travaillant dans des conditions de travail meilleures que la plupart des salariés, ils ont en prime un supplément d’âme, la considération de leurs concitoyens, et la reconnaissance des médias. Bref, ils ont réussi à se mettre à l’abri contre les maux qu’ils dénoncent par ailleurs, et tant mieux pour eux ! Seulement, du coup, ils regardent la possibilité de changer de méthode, de s’ouvrir à de nouvelles tactiques plus radicales comme présentant des risques incompatibles avec leurs sécurités professionnelles et personnelles. Les permanents du changement qui ne vient jamais n’aiment pas le changement quand il s’agit du leur, on peut le comprendre facilement.

Mimer la contestation d’un ordre sans jamais lui désobéir est devenu notre lot quotidien

Mais on serait de bien mauvaise foi si l’on s’en prenait aux seuls permanents des organisations progressistes : nous, les militants, avons aussi notre part de responsabilité dans cette attitude qui consiste à préférer le confort de moyens routiniers mais absolument sans risques à l’aventure de la radicalité, avec ses formes de résistance plus « désobéissantes ». Mimer la contestation d’un ordre sans jamais lui désobéir est devenu notre lot quotidien : nous déclarons bien sagement nos manifestations, et acceptons par conséquent qu’elles soient dirigées par les forces de l’ordre et qu’elles s’achèvent à l’heure et au lieu choisis par la préfecture de police. Nous continuons de proposer nos pétitions aux gens sans jamais questionner leur efficacité ni le signal qu’elles leur envoient : est-ce qu’on ne leur fait pas croire à la bonne foi des décideurs ? Est-ce qu’on ne les aide pas à se soulager la conscience à peu de frais, en leur garantissant une absence totale de risques ?

L’urgence sociale et environnementale exige pourtant de revenir à des modes d’action plus radicaux. Qu’on se rappelle un peu Lire la suite

Le pape donne sa feuille de route à l’écologie chrétienne

plunkett.hautetfort.com, Benoît 16, le 15 décembre 2009

Le pape donne sa feuille de route à l’écologie chrétienne (message du 1er janvier 2010)

Benoît XVI désigne les causes économiques  de la crise écologique et appelle à changer de modèle – L’écologie chrétienne est renforcée et encouragée –  Démarche de conversion – Débat de fond à ouvrir avec les écologistes non chrétiens et les altermondialistes –  Un message magistral, à lire entièrement : MESSAGE DE SA SAINTETÉ BENOÎT XVI POUR LA CÉLÉBRATION DE LA JOURNÉE MONDIALE DE LA PAIX 1er JANVIER 2010 SI TU VEUX CONSTRUIRE LA PAIX, PROTEGE LA CREATION

1. Au début de cette nouvelle année, je désire adresser mes vœux de paix les plus fervents à toutes les communautés chrétiennes, aux responsables des Nations, aux hommes et aux femmes de bonne volonté du monde entier. J’ai choisi comme thème pour cette XLIIIème Journée Mondiale de la Paix: Si tu veux construire la paix, protège la création. Le respect de la création revêt une grande importance, car «la création est le début et le fondement de toutes les œuvres de Dieu»[1] et, aujourd’hui, sa sauvegarde devient essentielle pour la coexistence pacifique de l’humanité. Si, en effet, à cause de la cruauté de l’homme envers l’homme, nombreuses sont les menaces qui mettent en péril la paix et le développement intégral authentique de l’homme – guerres, conflits internationaux et régionaux, actes terroristes et violations des droits de l’homme – les menaces engendrées par le manque d’attention – voire même par les abus – vis-à-vis de la terre et des biens naturels, qui sont un don de Dieu, ne sont pas moins préoccupantes. C’est pour cette raison qu’il est indispensable que l’humanité renouvelle et renforce «l’alliance entre l’être humain et l’environnement, qui doit être le miroir de l’amour créateur de Dieu, de qui nous venons et vers qui nous allons».[2]

2. Dans l’Encyclique Caritas in veritate, j’ai souligné que le développement humain intégral est étroitement lié aux devoirs qui découlent du rapport de l’homme avec l’environnement naturel, considéré comme un don de Dieu fait à tous, dont l’exploitation comporte une commune responsabilité à l’égard de l’humanité tout entière, en particulier envers les pauvres et les générations à venir. J’ai noté, en outre, que lorsque la nature et, en premier lieu, l’être humain sont considérés simplement comme le fruit du hasard ou du déterminisme de l’évolution, la conscience de cette responsabilité risque de s’atténuer dans les esprits.[3] Au contraire, considérer la création comme un don de Dieu à l’humanité nous aide à comprendre la vocation et la valeur de l’homme. Avec le psalmiste, pleins d’émerveillement, nous pouvons proclamer en effet: «À voir ton ciel, ouvrage de tes doigts, la lune et les étoiles que tu fixas, qu’est-ce que l’homme pour que tu penses à lui, le fils d’un homme, que tu en prennes souci?» (Ps 8, 4-5). Contempler la beauté de la création nous aide à reconnaître l’amour du Créateur, Amour qui, comme l’écrit Dante Alighieri, «meut le soleil et les autres étoiles».[4]

3. Il y a vingt ans, en consacrant le Message de la Journée Mondiale de la Paix au thème La paix avec Dieu créateur, la paix avec toute la création, le Pape Jean-Paul II attirait l’attention sur la relation que nous avons, en tant que créatures de Dieu, avec l’univers qui nous entoure. «À l’heure actuelle, on constate – écrivait-il – une plus vive conscience des menaces qui pèsent sur la paix mondiale […] à cause des atteintes au respect dû à la nature». Et il ajoutait que la conscience écologique ne doit pas être freinée, mais plutôt favorisée, «en sorte qu’elle se développe et mûrisse en trouvant dans des programmes et des initiatives concrets l’expression qui convient».[5] Auparavant, d’autres parmi mes Prédécesseurs avaient déjà fait allusion à la relation existant entre l’homme et l’environnement. Par exemple, en 1971, à l’occasion du quatre-vingtième anniversaire de l’Encyclique Rerum Novarum de Léon XIII, Paul VI avait souligné que «par une exploitation inconsidérée de la nature, (l’homme) risque de la détruire et d’être, à son tour, la victime de cette dégradation». Et il ajoutait qu’ainsi «non seulement l’environnement matériel devient une menace permanente: pollutions et déchets, nouvelles maladies, pouvoir destructeur absolu, mais c’est le cadre humain que l’homme ne maîtrise plus, créant ainsi pour demain un environnement qui pourra lui être intolérable : problème social d’envergure qui regarde Lire la suite

Croissance contre «décroissance», la guerre est déclarée

slate.fr, Thomas Legrand, le 8 décembre 2009

Croissance contre «décroissance», la guerre est déclarée

Le consensus autour du sommet de Copenhague dans la classe politique française est un leurre. Il existe un vrai clivage.

Depuis la signature du pacte de Nicolas Hulot, pendant la campagne de 2007 et le Grenelle de l’environnement, on a pris l’habitude d’entendre des accents écologistes dans le discours du président. C’est relativement nouveau (2007) et ça représente une virevolte idéologique assez spectaculaire, si l’on y réfléchit bien. Elle est soudaine mais personne ne peut dire (et finalement peu importe) si elle est due à l’analyse de l’évolution des rapports de force politique ou à une véritable prise de conscience de l’ampleur de la catastrophe annoncée. Un peu des deux sans doute.

Alors au fur et à mesure que se généralise l’idée de l’urgence écologique, on assiste aussi, et tout naturellement, à la naissance d’une écologie dite de droite et d’une écologie dite de gauche. La différence entre ces deux versants de l’écologie se cristallise autour de la définition de la croissance. Après avoir affirmé qu’il était écologiste et qu’il œuvrait pour le sauvetage de la planète, Nicolas Sarkozy, à l’approche des élections régionales, a dû réadapter son discours pour ne pas valider trop ouvertement les thèses des écologistes et risquer de subir la fameuse règle (qui ne se vérifie pas toujours d’ailleurs), la règle du «quand on a la choix entre l’original et la copie, on préfère toujours l’original»… donc il s’est démarqué. Ce n’est pas une démarcation que tactique, elle correspond d’abord à une différence idéologique.

Le chef de l’Etat développe l’idée d’une écologie qui ne fustige pas la croissance, qui, de ce fait, accepte et même promeut le nucléaire, présenté comme une énergie propre, non émettrice de CO2. En réaffirmant sa foi en la croissance, l’écologie dite de droite peut également se présenter comme une idéologie du progrès qui fait le pari que les avancées technologiques apporteront les solutions de remplacement à la raréfaction et au danger des énergies fossiles. Ces idées sont par exemple défendues par le philosophe Luc Ferry. C’est ce que le Président appelle la «croissance verte»... Réconcilier croissance et écologie correspond à un positionnement assez confortable. Il comporte une forme d’optimisme qui tranche avec les analyses déprimantes et catastrophistes des écologistes classiques. Il permet, en plus (et pour une fois), de mettre la droite dans le parti du mouvement, de la foi en l’avenir.

Un positionnement qui promet enfin de ne pas trop bouleverser nos modes de vie consuméristes, voilà pour l’aspect conservateur nécessaire pour rassurer l’électorat de ce côté du spectre politique. De l’autre côté, les Verts et Europe écologie se classent, eux-mêmes, à gauche. C’est assez cruel pour le PS parce que, en gros, la vision de l’écologie, telle que la développe en ce moment Nicolas Sarkozy, n’est pas éloignée de ce que peut dire un PS qui place aussi la croissance au pinacle. Mais le PS doit éviter l’affrontement idéologique avec les écologistes avec lesquelles ils comptent construire une alternance ! Ils sont donc, en quelque sorte, squeezés du débat !

Parce que de l’autre côté, les Verts et Europe écologie ont aussi un discours spécifique sur la croissance. Contrairement à la caricature que veut en faire Nicolas Sarkozy qui dénonce leur penchant pour la décroissance, les écologistes (la plupart d’entre eux en tout cas) refusent d’employer ce terme qui reprend Lire la suite

Jean-Paul Besset (Europe Ecologie) face à Pierre Moscovici (PS) : «Vive la sociale» ou «sauvons la planète» ?

hebdo.nouvelobs.com, Daniel Cohn-Bendit, Guillaume Malaurie, Maël Thierry, le 3 décembre 2009

Jean-Paul Besset (Europe Ecologie) face à Pierre Moscovici (PS)

«Vive la sociale» ou «sauvons la planète» ?

Taxe carbone contre pouvoir d’achat, croissance contre décroissance, progressisme contre environnementalisme… Entre écologistes et socialistes, l’échange est vif

Le Nouvel Observateur. – Vous avez politiquement grandi l’un et l’autre dans la religion du progrès servie par une croissance éternelle et une nature inépuisable. Et pourtant, à gauche, René Dumond, Edgar Morin, André Gorz ou… Serge Moscovici tiraient très tôt la sonnette d’alarme sur l’inévitable crise de ce modèle trahi par la finitude des ressources. On y est. Pourquoi un tel retard à l’allumage ?

Jean-Paul Besset. – Ce constat-là vaut tout autant pour la gauche que pour la droite. Ces deux grands courants idéologiques sont issus, pour aller vite, de la même matrice : la révolution industrielle. La grande ligne de clivage, c’était la répartition des fruits de cette croissance. Et c’est l’honneur de la social-démocratie d’avoir su utiliser cette richesse pour développer la justice sociale et forger les bases de l’Etat-providence. Mais quand cette manne de la croissance conçue comme une vis sans fin vient à disparaître sous l’impact de la crise écologique, la social-démocratie, qui fut la grande aventure de ces deux derniers siècles, arrive à bout de souffle.

Pierre Moscovici. – Vous semblez considérer que le clivage gauche-droite n’est plus pertinent. Et moi, je continue de penser qu’il l’est, peut-être plus que jamais face à un président liquidateur comme Nicolas Sarkozy ! La question écologique est certes essentielle, mais je ne crois pas du tout que la question sociale soit éteinte. Je note d’ailleurs que les pères de l’écologie qui étaient évoqués, vous avez cité à juste titre le mien, se situent tous dans le champ culturel de la gauche. Je reconnais bien volontiers que le manque d’appétence des socialistes pour l’approche écologique s’explique par leur passé ouvriériste, productiviste ou étatiste. L’avenir, aujourd’hui, je suis d’accord, c’est la social-écologie. Mais pas le dépassement de la gauche et de la droite.

J.-P Besset. – Ne faites pas comme si l’écologie politique ignorait la question sociale, dont vous seriez propriétaire ! Moi aussi, j’ai la question sociale rivée au cœur, mais elle est désormais indissociable de la question écologique. Les inondations, les sécheresses, les cyclones, les mers qui se dépeuplent, les forêts qui reculent et les déserts qui avancent, ça concerne quand même 60% de la population mondiale. La vraie question sociale contemporaine, massive, intolérable, elle est là !

N. O. – Et sur la croissance, verte ou grise, forte ou faible, vous pouvez trouver un langage commun ?

P. Moscovici.

Ce dont je suis sûr, c’est que nous avons toujours besoin de croissance. Prenons l’exemple de la France : il y a 3,7 millions de chômeurs, des déficits publics de 140 milliards d’euros, une dette publique équivalente à 82% du PIB. Je ne sais pas comment nous pouvons résorber ces gouffres financiers, investir dans des programmes écologiques lourds et réduire le chômage sans un taux de croissance significatif. Tout le défi est là : il faut à la fois Lire la suite

Michel Serres : « L’amorce d’un nouveau monde »

lejdd.fr, le 5 Décembre 2009, Michel Serres  

Michel Serres : « L’amorce d’un nouveau monde »

Le philosophe Michel Serres ne veut pas s’illusionner sur Copenhague. Sauf si les politiques admettent qu’ils ne sont pas à la hauteur…

Il a pensé l’écologie quand ce n’était pas à la mode, s’est fait vilipender en voulant introduire la nature dans le débat politique. Aujourd’hui que l’actualité lui donne raison, Michel Serres pense le Temps des crises (*) et se méfie d’un soulagement conjoncturel. Les politiques et les peuples sauront-ils retrouver un lien au monde? En dehors de cela, point de salut.

Copenhague commence, la planète est sauvée ?

Copenhague me passionne, mais méfions-nous de notre regard scotché à l’actualité. On ne rattrape pas si vite des années d’oubli. Les chefs d’Etat, les politiques, seront à Copenhague, chacun représentant leur Nation, leur peuple. Mais personne ne représente la terre; il n’y a pas de représentant des océans, de la banquise, des espèces menacées. Et nos gouvernants n’ont pas la culture nécessaire pour parler au nom de la planète. Elle, personne ne l’a invité au sommet…

Les politiques sont dépassés par la crise climatique ?

La crise climatique est un aspect d’une crise globale : l’homme, l’espèce humaine, a perdu son lien avec la terre, avec la planète, ses rythmes, ses limites et ses dangers. Cette crise-là, les politiques ne sont pas armés intellectuellement pour l’affronter. Depuis des millénaires, la politique, c’est l’art de gérer les relations humaines : les rapports de force, de pouvoir, de territoire, la liberté ou l’oppression.

Ce ne sont plus des sujets ?

Cela reste. Mais la terre, le monde, se dérobe à l’homme, et c’est le sujet politique majeur. Il y a vingt ans, j’ai écrit le Contrat naturel. J’y expliquais pourquoi la politique traditionnelle devait céder la place, puisque que la nature devenait l’enjeu. Tout le monde m’est tombé dessus. Réintroduire la nature dans le débat, c’était du fascisme! Je suis allé présenter ma thèse devant les députés à l’Assemblée nationale. Ils sortaient tous de sciences po, je leur disais qu’ils devaient apprendre la physique et l’écologie, sinon, ils ne s’en sortiraient pas. Ils ont éclaté de rire. Ils avaient un nouveau métier à apprendre, ils ne l’ont pas fait.

«Je tiens les philosophes pour responsables. Ils sont silencieux, pris par l’actualité immédiate»

Il n’y a donc plus d’espoir ?

Non, parce que la science est là. Les scientifiques appréhendent le risque climatique depuis un quart de siècle. La science est la clé, et ceux qui la portent. On le voit avec le GIEC, dont je partage l’optimisme de combat. Les politiques doivent écouter les scientifiques… Ils sont les seuls à avoir une expertise de ces questions complexes.

Mais où est la démocratie si les « sachants » mènent le monde ?

Je connais par cœur cet argument. Mais la clé de la démocratie, c’est le peuple, et le peuple bouge. La question, c’est d’établir un nouveau rapport entre le peuple et la science. Lire la suite

Mélenchon fan d’écologie

Mélenchon fan d’écologie

lemonde.fr, Sylvia Zappi, le 5 décembre 2009

Jean-Luc Mélenchon a décidé d’afficher son ancrage écolo. Lors de la convention du Parti de gauche (PG), qui se réunit samedi 5 et dimanche 6 décembre à Crosnes (Essonne), le député européen devrait annoncer que le nom du parti comportera dorénavant un sous titre Ecologie – Socialisme – République. Et que, comme porte-parole, il a choisi Martine Billard, partie des Verts pour le rejoindre. Aux yeux de la députée de Paris, qui amène avec elle quelque trois cents écolos, « la prise en compte de l’écologie est réelle » et pas seulement un vernis.

Les amis de Jean-Luc Mélenchon entendent proclamer leur flamme écolo aussi fortement que leur fibre sociale et républicaine. « Pour nous, c’est une refondation intellectuelle qui nous fait nous revendiquer de l’écologie politique au nom de l’intérêt général humain pour parvenir au socialisme et à la république« , affirme le président du PG. Pas moins. Plus question d’apparaître comme la « vieille gauche », le PG est moderne et donc écolo.

Et il recrute. Depuis sa fondation, voilà un an, les effectifs ont gonflé pour afficher quelque cinq mille cinq cents adhérents. Des recrues venues du PS – « une centaine depuis un mois », explique un communiqué – et de toute la gauche. « On ne fait pas de gonflette comme le NPA, mais nous, on ne s’est pas mangé de scission ni de tendances », ricane M. Mélenchon.

Faire la différence était vital pour ce petit parti qui a du mal à se faire entendre, coincé entre le PCF et le NPA. Alors, pestant contre le premier qui « reste l’arme au pied en attendant de régler ses équilibres internes » et le second qui « a préféré une ligne gauchiste en partant seul aux régionales », le député européen veut tendre la main aux Verts en préparation des régionales et, pourquoi pas, en faire un nouveau partenaire.

Jean-Luc Mélenchon l’avait déjà fait, mercredi 2 décembre, sur France Inter en lançant à un Cohn-Bendit médusé une proposition d’alliance « préalable » avant de négocier avec le PS au second tour des régionales. Il la refera dimanche en annonçant une rencontre, mardi 8 décembre, avec Cécile Duflot, la secrétaire nationale des Verts. « Je m’adresse aux Verts, car c’est là qu’il reste un rai de lumière après les déclarations de Martine Aubry sur France 2, où elle fait une offre d’alliance au MoDem », explique-t-il. Il sait que les écolos doivent décider de leur stratégie pour le second tour en janvier et veut « les aider ». Pour le député européen, l’objectif est simple, déloger le PS de sa position dominante à gauche, et tous les moyens sont bons. Y compris de passer un accord avec les Verts pour leur faire gagner des présidences de région en échange de quelques postes.

Il sait qu’il choque ses alliés du Front de gauche – PCF et Gauche unitaire –, mais n’en a cure. « Je veux être en mouvement, sinon Lire la suite

Laure Noualhat « Climat: militants malvenus à Copenhague ? »

environnement.blogs.liberation.fr, Laure Noualhat, Ronack Monabay, le 2 décembre 2009

Climat: militants malvenus à Copenhague?

Le flegme danois est en train d’en prendre un coup. Et c’est à croire que les autorités danoises commencent à se mordre les doigts d’avoir voulu organiser la 15ème conférence sur le climat, vous savez, la fameuse conférence internationale qui démarre lundi et qui doit enterrer ou mettre sous perfusion le protocole de Kyoto…

Demain, une énième manifestation est organisée devant le parlement danois. Pourquoi ? Parce que les autorités danoises ont durci la législation concernant les actes de désobéissance civile. Il faut dire que lesdites autorités paniquent un peu: 5000 journalistes déjà accrédités, 15000 délégués et des dizaines de milliers d’activistes prêts à en découdre pour faire de ce sommet un événement historique. Quelle qu’en soit l’issue.

Ci-après, vous trouverez un texte de Ronack Monabay, qu’il a gracieusement accepté de publier dans ce bistrot. Pour te remercier, cher Ronack, je t’amène un bon Côtes-du-Rhône lundi, en descendant du train. Tiens bon d’ici là!

Minority Report en danois

Jeudi 26 novembre, le parlement danois, dominé par les libéraux et les conservateurs avec le soutien du parti d’extrême droite dit du «Peuple Danois», a adopté une nouvelle loi renforçant les pouvoirs de la police dans le cadre des manifestations. Cette loi, proposée le 18 octobre par le ministère de la Justice, a pour but officiel d’instaurer des sanctions suffisamment dissuasives afin d’éviter tout débordement pendant les deux semaines de la conférence onusienne sur le changement climatique. Le point d’orgue de la mobilisation sera la manifestation internationale du 12 décembre.

Le texte procure à la police des pouvoirs élargis en matière d’arrestation préventive et accentue les sanctions à l’encontre des actions de désobéissance civile. La police aura la possibilité d’arrêter les manifestants pendant une durée de douze heures (contre six précédemment) si elle soupçonne ceux-ci de vouloir enfreindre la loi. «Si, par exemple, des manifestants étrangers louent un autocar pour se rendre à une manifestation légale au centre de Copenhague, la police aura la possibilité d’arrêter l’autocar et tous les passagers, même si ceux-ci ont des intentions pacifiques uniquement, parce qu’elle estimera que l’endroit où se rend l’autocar va être le lieu d’affrontements», explique l’avocat danois Bjørn Elmquist. La garde à vue pour les «étrangers» (nous ne sommes plus Européens dans ce cas) est portée à 72h, contre 24h pour les Danois. La police n’aura pas l’obligation de notifier aux personnes arrêtées ni le motif ou le soupçon à la base de leur arrestation, ni leurs droits – comme la possibilité de voir un avocat afin de contester par la suite cette arrestation – ce qui constitue une atteinte grave aux droits élémentaires

Au-delà de la garde à vue, si la police considère que les manifestants ont entravé le bon déroulement de son travail, elle pourra les embastiller pendant… 40 jours, sur simple décision d’un procureur ! Enfin, l’amende Lire la suite

Dominique Bourg : «  J’en appelle à la démocratie écologique »

terra-economica.info, Dominique Bourg, le 29 novembre 2009

«  J’en appelle à la démocratie écologique  »

Dominique Bourg est directeur de l’Institut de politiques territoriales et d’environnement humain à l’Université de Lausanne.

 « A quelques jours de Copenhague, on est bien obligé d’être pessimiste. Les faits parlent d’eux-mêmes. Sous la pression des lobbies pétroliers et charbonniers, Barack Obama n’a pas encore réussi à faire avaliser par le Sénat son marché du carbone. De son côté, l’Europe a refusé de chiffrer sa contribution sur le climat aux pays pauvres tant que Washington ne dévoilera pas ses intentions. Et, plus généralement, seule l’Europe affiche pour l’heure des objectifs répondant aux appels du Giec (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat). Ce dernier recommande en effet une réduction des émissions de 25 à 40 % d’ici à 2020. 

Ce sont autant d’indices qui accréditent l’idée selon laquelle le gouvernement représentatif est aujourd’hui inadapté aux enjeux globaux et de long terme. Il est, par nature, coincé par des frontières spatiales et temporelles. En se développant dans le cadre d’Etats-nations, la représentation moderne impose des limites territoriales à la capacité des citoyens de se sentir concernés par les problèmes de leurs voisins. En outre, la démocratie vit au rythme électoral. Elle n’envisage pas la contrainte à long terme, ne serait-ce que sur les vingt ou trente ans à venir. Vulnérables face au court terme électoral, les élus sont réticents à considérer des changements politiquement risqués, dont les bénéfices ne concerneraient que de futurs électeurs.

L’écologie, ça n’est pas gentil

La légitimité de la représentation moderne est en outre conditionnée par une conception particulière de la liberté : la production et la consommation y sont virtuellement considérées comme illimitées et comme les instruments principaux du bonheur individuel. Or, l’écologie, cela n’est pas systématiquement gentil, ça impose des choses. Face à cette situation, j’en appelle à la démocratie écologique. Cette dernière nécessitera de faire bouger la représentation elle-même, notamment sa chambre haute. Il faudrait en effet pouvoir élire ses représentants sur un programme touchant exclusivement la défense du long terme, tant en matière environnementale qu’en ce qui concerne d’autres enjeux comme le devenir du soubassement biologique de notre condition humaine commune. Et concernant ces enjeux, à certains égards vitaux et à long terme, l’analyse coûts-avantages ne devrait pas avoir droit de cité.

Puis, face à une représentation qui flatte les intérêts particuliers, il faudrait renforcer dans l’espace public ce qui oblige à prendre en compte les causes. Par exemple, les ONG, vecteurs de démocratie écologique. Beaucoup sont de portée internationale ou sont organisées en fonction de territoires environnementaux définis. Leurs ordres du jour ne sont pas liés au court terme des cycles électoraux. Depuis trente ans, les ONG ont largement évolué dans l’espace politique mondial. En France, cette nouvelle gouvernance et la reconnaissance de ces structures ont pris forme depuis le Grenelle de l’environnement et la réforme du Conseil économique, social et environnemental. Plus les ONG feront pression, plus Lire la suite

Bassin d’Arcachon : La Sepanso et les associations critiquent sévèrement le projet d’aménagement du territoire

sudouest.com, Bernadette Dubourg, le 2 Décembre 2009

SCOT. La Sepanso et les associations regroupées au sein du Ceba critiquent sévèrement le projet d’aménagement du territoire

« Un brouillon à réviser »

 «Nous sommes déçus par le projet de PADD et très mobilisés pour y apporter les modifications qui s’imposent », résument Jean Mazodier, président de la Ceba qui regroupe 17 associations du bassin d’Arcachon et du Val de l’Eyre, et René Serrano, au nom de la Sepanso.

« On a salué, en son temps, le travail remarquable de l’État et sa note d’enjeux, rappellent les deux associatifs.

Aujourd’hui, nous désapprouvons les orientations qui sont prises par le Sybarval (Syndicat mixte du bassin d’Arcachon et du Val de l’Eyre), et nous tenons à le faire savoir, car ce texte doit être revu ». Explications.

1 Ateliers et séminaires

« Nous avons demandé à participer aux différents ateliers et groupes de travail mis en place pour élaborer le projet d’aménagement et de développement durable, préfiguration du futur Scot (schéma de cohérence territoriale).

Il a fallu une forte pression pour qu’on nous accepte. Il faut reconnaître que nous avons été aidés par certains élus.

Nous avons également participé aux deux séminaires des 16 juin et 15 octobre. Nous avons, chaque fois, fait des observations orales et écrites mais n’avons pas reçu un seul mot d’observation sur nos commentaires. Le sous-préfet que nous avons longuement rencontré nous a cependant assuré que nous interviendrions lors de la consultation. Le Scot est un document fondamental, il ne doit pas être élaboré en vase clos. »

2 La population et l’eau

« Le projet, qui privilégie très clairement les aspects économiques et démographiques, va à l’encontre des exigences de l’État quant à la hiérarchisation des priorités et la prise en compte des enjeux écologiques. L’État incitait à limiter l’accroissement de la population à 35 000 habitants de plus d’ici à 2030. Avec le PADD, nous atteignons les 70 000 habitants, soit une augmentation de la population de 4 % par an, c’est de la folie.

On ne sait pas comment alimenter cette population en eau potable. Le Siba ne sera pas non plus en capacité de traiter les eaux usées. Sans parler des risques Lire la suite

Régionales : après la sécurité, l’UMP mise sur l’écologie

developpementdurable.com, Yann Cohignac, le  27 novembre 2009

Régionales : après la sécurité, l’UMP mise sur l’écologie

Quatre mois avant le scrutin des régionales, l’UMP se réunit demain (28 novembre) en conseil national à Aubervilliers, en Seine-Saint-Denis, pour investir ses têtes de liste. La sécurité devrait rester un argument de campagne, mais l’écologie prend de plus en plus de place.

Lors de son conseil national, le parti de la majorité adoptera une double tactique pour les élections régionales : comme d’habitude, la droite jouera sur le terrain de la sécurité, et réaffirmera l’importance du débat sur l’identité nationale, histoire de capter les voix du FN. Mais séduire les électeurs frontistes ne sera pas la seule ambition de l’UMP : elle s’attachera aussi à rallier l’électorat écologiste, qui progresse en France depuis les européennes (Europe Ecologie y a talonné le PS avec 16,28 % des voix), en mettant l’accent sur la protection de l’environnement.

Et même si cette stratégie fait débat au sein de la formation politique, elle semble faire son chemin. Elle est notamment soutenue par le président de la République en personne, qui assistera d’ailleurs au conseil national. Chantal Jouanno, elle, plaide même pour que chaque candidat adopte des engagements concrets en matière de développement durable. Signe que le combat écologiste est devenu important pour l’UMP : l’invitation, demain, de Rajendra K. Pachauri, président du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec).

Une polémique malvenue

La présence du climatologue parviendra peut-être à calmer la polémique qui enfle sur le vote de parlementaires UMP à Strasbourg, lors de la résolution sur les négociations de Copenhague le 25 novembre. Yannick Jadot, eurodéputé Europe Ecologie, a en effet constaté que les membres français du Parti populaire européen (PPE) ont « systématiquement tenté de réduire l’ambition du projet ».

« En supprimant la possibilité de recourir à une taxe sur les transactions financières pour financer le soutien aux pays du Sud, les députés UMP ont indiqué leur désaccord avec les propos du Président Sarkozy et, plus gravement, avec le Plan Borloo présenté comme l’étendard de l’ambition climatique française », lance-t-il.

Et d’ajouter : « En demandant explicitement que les pays émergents Chine, Brésil et Inde, aient des objectifs de lutte contre les changements climatiques équivalents aux pays riches, les députés UMP remettent en cause rien de moins que la structure de la négociation internationale et le principe inhérent au protocole de Kyoto : la responsabilité première des pays développés dans l’accumulation des gaz à effet de serre et donc dans la lutte pour leur réduction. En contradiction complète avec la ligne officielle française ».

Selon lui, « la position française dans les négociations, généralisée à l’ensemble de la planète, conduirait Lire la suite

Nicolas Hulot et la malédiction du « Titanic »

lemonde.fr, Laurence Caramel, le 26 novembre 2009

Nicolas Hulot et la malédiction du « Titanic »

Il y eut une véritable défermante médiatique, une promotion digne d’un blockbuster, des avant-premières avec ministres et même un ancien président de la République. Puis plus grand-chose. Le film de Nicolas Hulot et de Jean-Albert Lièvre, Le Syndrome du Titanic, sorti dans 178 salles, le 7 octobre, est vite tombé dans l’indifférence, perdant plus de la moitié de son audience dès la deuxième semaine. Depuis son lancement, il dépasse à peine 250 000 entrées, une misère quand « Ushuaïa nature », l’émission de Hulot diffusée sur TF1, attire en moyenne 5,7 millions de téléspectateurs. Premier dans la veine climatique, le documentaire de l’ancien vice-président américain Al Gore, Une vérité qui dérange, sorti fin 2006, a été vu, lui, par 741 000 spectateurs en France.

Loin de susciter le débat, la prophétie catastrophiste du reporter écolo, chouchou des Français et apprécié des politiques de tous bords, a fait office de repoussoir. Le ministre de l’écologie, Jean-Louis Borloo avait pourtant pris la peine de le défendre.

L’échec est plus ou moins assumé. L’auteur, en tournage en Afrique, n’est pas joignable. Sa fondation, au motif que « le film n’est pas son projet », botte en touche. Le producteur Eric Altmayer, de Mandarin Cinéma, lui, ne cache pas « une petite déception ». « Nous espérions entre 400 000 et 500 000 entrées pour une sortie prévue au mois de mai. Nous avons pris du retard, et le film Home, de Yann Artus-Bertrand, lancé gratuitement et à la télévision en prime time, nous est passé dessus. Notre différence n’a pas été perçue », explique-t-il.

Selon M. Altmayer, ce n’est pas la seule raison : « Les gens vont au cinéma comme ils vont à la pharmacie. Pour se soigner et se consoler. Voilà pourquoi Les Choristes ou Le Petit Nicolas ont du succès. C’est l’inverse de ce que propose Nicolas Hulot. On le savait, mais nous pensions que la curiosité médiatique permettrait de lancer le film. »

Trop noir, trop radical : le discours anticapitaliste et sans concession du nouvel Hulot a pris à rebrousse-poil ceux qui le trouvaient sympathique, notamment parce qu’il avait su garder une forme de neutralité politique. « Pour être populaire, il faut être consensuel. Les politiques font rarement partie de notre Top 50 des personnalités préférées des Français« , souligne Jérôme Fourquet, directeur adjoint au département Opinions de l’IFOP. En juillet, Nicolas Hulot arrivait en 7e position de ce classement, entre Mimie Mathy et Michel Sardou, et en 3e position auprès des électeurs de droite, à qui il offrait une version audible de l’écologie.

Erreur de stratégie donc ? « Non », répond Pascal Durand, porte-parole d’Europe Ecologie, « parce que Nicolas Hulot n’est pas dans une démarche marketing. Il a fait un film d’auteur qui exprime une souffrance face à la destruction de la planète ».

Il n’empêche. Avec l’échec du Syndrome du Titanic, l’auteur du Pacte écologique va devoir s’interroger sur son positionnement. Sa popularité Lire la suite

Verts de rage : les nouveaux militants écolos

naturavox.fr, Samia Ferjani – Ecofaubourgs, le 13 novembre 2009

Verts de rage : les nouveaux militants écolos

Les années 2000 ont vu l’émergence d’un activisme acéphale, festif, non-violent et capable de séduire les médias. Si le droit au logement et la guerre aux affiches publicitaires sont les chevaux de bataille de ce nouveau militantisme, l’écologie mobilise aussi…

Quelle contestation possible dans une société qui se targue d’avoir vu la fin des idéologies ? Une contestation festive, répondent les nouveaux militants. Exit les manifestations et le syndicalisme à la papa, avec sa hiérarchie, ses rites et son formalisme. Pour les activistes nouvelle génération de Jeudi noir, Sauvons les riches ou la BAC (Brigade activiste des clowns), l’engagement doit être aussi léger que spectaculaire. Et pour cause : l’objectif est de frapper les esprits et d’interpeller l’opinion – ce qui revient à faire la une des médias. D’où des actions ponctuelles et à forte portée symbolique, où priment l’humour, la créativité ou l’émotion. L’occupation du Canal Saint-Martin par les tentes des enfants de Quichotte, les fêtes improvisées lors de visites d’appartements aux loyers abusifs et les manifs de droite en sont autant d’exemples.

Comme le droit au logement ou la résistance à la publicité, l’écologie est un thème de prédilection pour ce nouveau militantisme. Ainsi, nombre de collectifs ont fleuri ces dernières années autour de la protection de l’environnement. Revue des troupes.

La BAD, ou Brigade d’action contre la déforestation

Emanation informelle des Amis de la Terre (une association pionnière en matière d’écologie), la BAD s’est donné pour spécialité la lutte contre la déforestation. Son credo : mettre à jour les causalités à l’œuvre dans la destruction des forêts primaires. « Le problème est lié à la surconsommation, explique Sylvain Angerand, membre de l’association, dans Un nouvel art de militer. Il faudrait consommer moins de viande, moins de papier, s’approvisionner en bois local, prendre uniquement ce que la forêt nous donne. » D’où une série d’actions coup de poing : missions de sensibilisation des consommateurs dans les magasins de meubles de banlieue, plantations « sauvages » d’arbres sur la Butte Montmartre ou la Tour Eiffel, verbalisation d’une société importatrice de bois présumé illégal et apposition de scellés factices sur le stock saisi… L’enjeu est de sensibiliser l’opinion, mais sans la braquer.

Du Carré vert à la Vélorution

Ces dernières années ont vu naître nombre de collectifs affairés à reconquérir l’espace public hypothéqué par la bagnole. Leur modèle : Reclaim the streets. Créée en 1995, cette association anglaise s’est rendue célèbre par l’organisation de street parties, ou fêtes de rue spontanées destinées à paralyser totalement le trafic routier.

Parmi les rejetons du collectif anglais, le Carré vert. Son haut fait d’armes : avoir bloqué le périphérique parisien pour y dérouler un tapis vert de 200 m2 planté d’arbustes afin d’en appeler à un nouveau partage de la voirie. Voir la vidéo ci-dessous (on conseille vivement de couper le son) :

Carré Vert envoyé par DESOBEIR. –

La reconquête de l’espace public est la revendication phare d’un autre groupe de militants : Vélorution. « Nous ne bloquons pas la circulation, nous sommes Lire la suite

Kempf – Une mesure écologique : réduire l’inégalité

lemonde.fr, Hervé Kempf, le 25 novembre 2009

Une mesure écologique : réduire l’inégalité

Et le social ? C’est le troisième « pilier » du développement durable, avec l’environnement et l’économie, mais il semble toujours oublié du tableau. Sociologues et géographes rappellent cependant avec insistance que la question sociale s’articule fortement avec la crise écologique. L’université de Paris-X vient ainsi de tenir un colloque sur la justice environnementale, l’Agence française de sécurité sanitaire organise le 10 avril des débats sur le rapport entre inégalités environnementales et risques sanitaires, l’université de Bruxelles vient de publier un recueil sur Environnement et inégalités sociales…

Comme l’expliquent dans ce livre les sociologues Edwin Zaccaï et Pierre Cornut, l’inégalité environnementale revêt plusieurs aspects : d’une part, « les impacts subis par les populations du fait d’une dégradation de l’environnement, et les inégalités sociales face à ces impacts » et, d’autre part, « les impacts générés sur l’environnement par les comportements humains et les inégalités sociales relatives à ces impacts ».

De longue date, il a été observé que les couches sociales les plus défavorisées sont les plus exposées aux nuisances environnementales, que ce soit par leur habitat, situé dans les zones les plus polluées, ou par leur incapacité à s’en prémunir, faute de moyens. Le phénomène a été le mieux quantifié à propos du bruit : « Un ménage à faible revenu a quatre à cinq fois plus de probabilité d’être exposé à un bruit très gênant qu’un ménage à revenu élevé« , écrit Jacques Theys, chercheur au ministère de l’équipement.

L’impact environnemental des individus diffère par ailleurs selon leur degré de prospérité. Et de nombreuses études convergent pour conclure que les riches polluent plus que les pauvres, ou, pour le dire autrement, que l’ampleur de la nuisance environnementale des individus est liée à leur niveau de revenu. Par exemple, une note publiée en février par la direction des études économiques et de l’évaluation environnementale du ministère de l’écologie montre que 5 % seulement des Français contribuent à 50 % des émissions de gaz à effet de serre dus aux déplacements touristiques.

Les riches ont un effet négatif d’une autre manière, du fait que « la consommation est tirée par le mode de consommation ostentatoire des plus riches, qui, érigé en modèle, engendre envie et frustration dans le reste de la population« , rappelle Philippe Frémeaux dans L’Etat de l’économie 2008 (hors-série d’Alternatives économiques).

On redécouvre ainsi la pensée de l’économiste Thorstein Veblen qui, à la fin du XIXe siècle, avait analysé l’importance des phénomènes de rivalité ostentatoire et de consommation statutaire. Une leçon en est que réduire la surconsommation matérielle passe par un changement du modèle culturel dominant, donc par la réduction des inégalités.

Dans la foulée du rapport officiel Reconsidérer la richesse, animé par Patrick Viveret en 2002, l’idée d’un revenu maximal admissible (RMA) fait ainsi son chemin. Aux Pays-Bas, une loi va limiter en 2009 Lire la suite

Borloo – Climat : «Tout le monde est dans l’évitement»

liberation.fr, Guillaume Launay, Christian Losson, le 24 novembre 2009

Climat : «Tout le monde est dans l’évitement»

A quinze jours de Copenhague, le ministre de l’Ecologie, Jean-Louis Borloo, confie ses doutes, ses espoirs et évoque son avenir.

La réussite du sommet climat de Copenhague est menacée par la frilosité américaine, estime le ministre français de l’Ecologie Jean-Louis Borloo, qui juge indispensable de prévoir un dispositif – concret et chiffré – de solidarité envers les pays les plus vulnérables.

A deux semaines du sommet climatique de Copenhague, beaucoup craignent un échec des négociations. Entre deux déplacements en Afrique et en Amérique du Sud, le ministre de l’Ecologie, Jean-Louis Borloo, a répondu à Libération.

Le sommet de Copenhague sera-t-il le fiasco annoncé ?

Bien sûr que non. L’enjeu est de taille. Il s’agit de convaincre les pays industrialisés de réduire leurs émissions de gaz à effets de serre de 25% à 40% d’ici 2020 par rapport à leurs émissions de 1990, et de 80% d’ici 2050. Il faut aussi que les pays émergents s’engagent sur des cibles concrètes de maîtrise de leurs émissions de CO2 et les fassent accepter par leur population. C’est énorme, difficile, mais essentiel. Mais on ne peut pas demander à des pays qui ont un fort taux de pauvreté de choisir entre réduction de CO2 et croissance. Ce serait irréaliste.

Un texte fort avec des chiffres et des dates d’engagement est-il possible ?

Plus le texte sera emphatique, plus il sera vide. Plus les chiffres seront globaux et lointains, plus on voudra repousser une décision ou un traité, à six mois ou davantage, plus on cherchera à gagner du temps inutilement. Je le dis à ceux qui parlent déjà d’un Copenhague bis dans six mois : «De quelle information disposera-t-on dans six mois qu’on ne connaît pas déjà aujourd’hui ?»

Pourquoi est-ce si délicat alors que les opinions publiques sont volontaristes ?

Parce que cela engage de vraies révolutions. Or la réalité, c’est que tous les gouvernements réfléchissent et hésitent. Que tout le monde est dans l’évitement. Mais que sans initiative forte, on va dans le mur. Or il faut que l’on parvienne à un texte clair, avec des objectifs précis, et des mesures opérationnelles. Que les chefs d’Etat s’impliquent et soient là, sinon, on fera du surplace malgré tous les efforts déjà accomplis depuis deux ans. A l’image du pas réalisé par l’Europe il y a un an, quand elle a fait voter son paquet énergie climat, avec 20% de baisse des gaz à effet de serre, 20% d’économie d’énergie, 20% d’énergies renouvelables…

La contribution française, «Justice climat», vise-t-elle à court-circuiter le processus de l’ONU ?

Non, elle cherche juste à infuser des idées complémentaires et on l’affine tous les jours. On essaye de tenir compte de la vérité de chacun, dans la droite ligne de ce que veut l’ONU. L’idée, c’est de créer quatre catégories de pays en fonction de leurs émissions de CO2 et de leur PIB par habitant. Et pour les plus pauvres et vulnérables, Lire la suite

Revue EcoRev’ : numéro spécial André Gorz « Penser l’après capitalisme »

Ecorev, communiqué, le 23 novembre 2009

Je ne dis pas que ces transformations radicales se réaliseront. Je dis seulement que, pour la première fois, nous pouvons vouloir qu’elles se réalisent. Les moyens en existent ainsi que les gens qui s’y emploient méthodiquement. » André Gorz (2007).

Il y a deux ans nous recevions le dernier texte de notre parrain André Gorz, seulement quelques jours avant que sa femme et lui ne nous quittent.

Le présent numéro d’EcoRev’ rend hommage à ce penseur de l’écologie politique et prend une forme particulière puisqu’il parait dix ans après notre premier numéro : Survivre au capitalisme. Mais ce n’est pas un hommage qui tenterait de sacraliser « une pensée gorzienne », c’est plutôt – dans un contexte de crises systémiques globales – une réflexion qui vient interroger et prolonger l’idée centrale de son dernier texte : La sortie du capitalisme a déjà commencé.

Ce numéro a également pour objet de montrer combien ses intuitions sont plus que jamais actuelles et capables de contribuer à la construction, certes complexe mais nécessaire, d’une écologie politique alternative au capitalisme.

Une revue ne vit que par ses abonnements, alors n’hésitez pas !

Penser l’après capitalisme avec André Gorz

Dossier coordonné par Anita Rozenholc et Emmanuel Dessendier

Editorial par la rédaction

Classique : Les limites de l’adaptabilité du capitalisme par Ernest Mendel

La sortie du capitalisme a bien commencé par Yann Moulier-Boutang

Transformation/révolution/transition revisitées au tranchant de l’écologie politique par Yann Moulier-Boutang

La crise de l’immatériel, la production entre pairs (P2P) et l’économie éthique à venir par Michel Bauwens

Pour une science écologique par Marc Robert

L’après consumerisme par Emmanuel Dessendier & Anita Rozenholc

Autoproduction et numérique par Daniel Kaplan/Rémi Sussan

De la transformation des modes de vie. Quartiers populaires et écologie par Élise Lowy

Changer de système de production par Lire la suite

Surfrider Foundation : Soirée cinéma mêlant glisse et écologie le 3 décembre à Bordeaux

Surfrider Foundation Europe – Gironde, communiqué, le 23 novembre 209

L’antenne Gironde de Surfrider Foundation Europe s’invite à nouveau au Cinéma Jean Eustache à Pessac (Gironde) en partenariat avec l’association Mandora (www.asso-mandora.com).

Jeudi 03 décembre 2009 à 20h00

L’antenne Gironde de Surfrider Foundation Europe se joint à l’association Mandora pour proposer une soirée cinéma mêlant glisse et écologie afin de sensibiliser à la nécessité de préserver notre environnement et notamment notre littoral.

Ugo Benghozi nous fera l’honneur de présenter 3 épisodes de la saga Riddim qu’il a réalisé (Maroc, Ecosse et Timor).

L’antenne Gironde de Surfrider a souhaité également inviter Pierre Troquereau artiste peintre bordelais qui nous présentera ses toiles sur le thème de la pollution (www.pierretroquereau.fr) et Jérémy Ferrara shaper qui exposera des planches uniques qu’il a réalisé entièrement à la main en utilisant différentes techniques de résines teintées (www.ferrara-surfboards.com)

Le tarif pour cette soirée est de 6 Euros par personne ou 5 Euros pour les personnes venues en vélo, tram ou bus !

En fin de soirée l’association Mandora vous convie à un apéritif qui vous permettra de rencontrer les bénévoles de l’antenne Gironde de Surfrider ainsi que les artistes présents, venez nombreux !

Plus d’infos : Lire la suite

Patrick Viveret : La démesure est au cœur de la crise systémique que nous traversons

bloguez.com, Patrick Viveret, le 23 novembre 2009

La démesure est au cœur de la crise systémique que nous traversons

Dans l’entretien qu’il a accepté de nous accorder, l’essayiste et militant altermondialiste Patrick Viveret revient sur la nature et les origines de la crise. Il insiste sur l’illégitimité de certaines rémunérations dans l’entreprise et sur la nécessité d’un débat autour de la redéfinition des indicateurs de richesse. Et surtout il évoque la question de l’institution, à l’échelle mondiale, de nouveaux rapports de pouvoir, à laquelle l’Europe, forte de son héritage historique, pourrait contribuer.

L’Elysée et le gouvernement expliquent aujourd’hui que la sortie de crise est proche et que la récession est dernière nous. Quelle a été, à votre sens, ici nature de cette crise et qu’a-t-elle révélé ? Peut-on aujourd’hui considérer que les racines du mai ont été traitées ?

Patrick Viveret : Absolument pas. La sortie de crise n’est pas du tout proche, même s’il y a des éléments conjoncturels de reprise. Il faut d’ailleurs mettre le mot reprise entre guillemets. Il convient en effet de regarder l’ensemble de la crise et de repérer ce qui la rend systémique, et identifier par conséquent ce qui est commun aussi bien à la crise écologique, qu’à la crise sociale ou à la crise financière. On observe des éléments structurels et aucun ne semble à court terme en voie d’amélioration. Prenons la crise écologique et les grands défis auxquels nous sommes confrontés : c’est bien sûr la question du dérèglement climatique qui est l’enjeu de la conférence de Copenhague. Ce sont aussi les risques sur la biodiversité. On évoque même des hypothèses de sixième grande extinction qui concernerait, cette fois, l’espèce humaine. Il faut rappeler que 2010 sera l’année de la biodiversité.
Or les évaluations qui ont été conduites montrent qu’en matière de biodiversité, on est très loin de remplir les objectifs qui avaient été fixés aux niveaux national et international. Ainsi la crise écologique est structurelle. Pour s’en sortir, il faudra assurément beaucoup plus que des mesures conjoncturelles. La crise sociale mondiale est due au creusement des inégalités qui conduisent, comme l’avait montré le programme des Nations unies pour le développement, à ce que trois personnes au monde aient le revenu cumulé des 48 pays les plus pauvres, que 225 personnes aient l’équivalent du revenu de 2 milliards et demi d’êtres humains. Cette crise sociale se trouve aussi à l’origine des crises alimentaires et atteint la substance même du vivre ensemble de la communauté humaine. Cette crise est structurelle et elle est loin d’être terminée, tout comme la crise financière.

En réalité, nous allons certainement vers des répliques — au sens sismique du terme — de ce qui s’est produit avec la crise des subprimes et la faillite de Lehman Brothers, dans la mesure où perdurent les éléments structurels qui ont conduit à cette crise, et en particulier le décalage entre l’économie spéculative et l’économie réelle. Un des anciens responsable de la banque centrale de Belgique, Bernard Liétaer, mettait en évidence que sur les 3 200 milliards de dollars qui s’échangeaient quotidiennement sur les marchés financiers, seulement 2,7 % correspondaient à des biens et des services effectifs, donc à de l’économie réelle. Le problème structurel auquel on est confronté est la sous-monétarisation dans l’économie réelle. Les chiffres du rapport du PNUD s’agissant des 2 milliards et demi d’êtres humains qui vivent avec 1 ou 2 dollars par jour, montrent bien que nous sommes dans une situation de sous-monétarisation. Même avec une théorie tout à fait classique de la monnaie, la monnaie est supposée faciliter l’échange et la création de richesses. Au plan économique, les capacités (les « capabilités » au sens de Aniartya Sen) de ces 2 milliards d’êtres humains se trouvent « stérilisées » par le fait que la monnaie en leur possession n’est pas à la hauteur de leur potentiel d’échanges et de richesses. Inversement, dans l’économie spéculative et dans le monde (les 225 personnes qui disposent de l’équivalent du revenu des 2 milliards et demi d’êtres humains, on assiste à un phénomène de sur-monétarisation.

Quel que soit leur degré de luxe, qui est pourtant élevé, ces personnes n’ont en effet pas la possibilité de recycler dans l’économie réelle des avoirs absolument colossaux. Le résultat, c’est l’économie spéculative qui tourne en boucle sur elle-même, et c’est l’hyper-inflation dans l’économie spéculative. Pour toutes ces raisons, la démesure est au coeur de la crise systémique que nous traversons. On est loin d’en avoir tiré toutes les conséquences. On le voit aussi avec Lire la suite

Flipo et Gaudillière : Inégalités écologiques, « croissance verte » et utopies technocratiques.

mediapart.fr, Fabrice Flipo, Jean-Paul Gaudillière, le 23 Novembre 2009

Première publication par Mouvements

Inégalités écologiques, « croissance verte » et utopies technocratiques.

Les auteurs de ce texte, tout en définissant la notion de « décroissance », déclinent trois priorités : reconnaître une « valeur » et non un prix à la nature ; redistribuer et réduire les inégalités tant celles sous-jacentes à la crise écologique que celle induites par les mesures imaginées pour y remédier ; relocaliser et resocialiser l’économie pour démocratiser les choix.

La crise écologique et financière oblige les décideurs à se pencher sur les scénarios de sortie de crise verte. Mais cette prise de conscience court le risque de s’arrêter à mi-chemin. « Capitalisme vert », « croissance verte », « keynésianisme vert » et « technologies propres » constituent autant de confortables mirages destinés à nous épargner les nécessaires remises en cause liées aux limites écologiques d’une planète aux ressources finies. La prise en compte conséquente de ces limites amène à aborder de front la question des inégalités écologiques et sociales et à changer les modes de production, de consommation et donc les modes de vie les plus prédateurs. Sans autre échappatoire, dans cette redistribution des richesses à opérer, que la redéfinition collective du sens de ces richesses elles-mêmes.

Grenelle de l’environnement, succès aux élections européennes, invitation des leaders écologistes à l’Élysée, débat (difficile) sur une loi créant une taxe carbone…L’écologie politique semble avoir gagné un statut nouveau sur la scène politique française. La crise écologique et la dégradation de notre environnement ont apparemment cessé d’exister comme cette chose dont il faut parler en fin de discours pour faire bonne mesure pour devenir un enjeu à propos duquel il est bon de réfléchir, voire même d’inventer des événements.

Cette nouvelle donne doit beaucoup à la conjonction des deux crises : la crise climatique et la crise financière. La visibilité de la première tient bien sûr à l’agenda des négociations internationales, aux discussions sur l’après Kyoto. Au-delà de la conjoncture, en matière de climat, tous les signaux sont en effet au rouge. Les organisations internationales, du GIEC aux grandes ONG environnementales en passant par le PNUD, multiplient les mises en garde sur l’accélération du réchauffement, sur l’ampleur de ses effets à relativement court terme, sur la vulnérabilité phénoménale des pays d’Afrique, d’Asie du Sud et d’Amérique Latine, sur les inégalités que le changement climatique va créer ou renforcer. Les médias européens et nord-américains relaient désormais le consensus des experts du climat sur la réalité du phénomène et font largement écho à la fonte des calottes glaciaires, aux migrations d’espèces ou encore aux nouvelles « guerres » de l’eau. Parallèlement, l’éclatement de la crise financière a rouvert un espace pour discuter des changements du capitalisme, du fonctionnement des marchés financiers, des effets « pervers » du déplacement de pouvoir vers l’actionnariat et les places boursières, des défauts de « l’auto-régulation » des marchés et du même coup signé le retour en grâce de l’intervention publique, ne serait-ce que pour sauver les banques et assurer la pérennité d’un régime d’accumulation (légèrement) amendé.

À gauche, cette conjonction des deux crises a paradoxalement des effets délétères. En rendant la question écologique plus visible et urgente, elle rend encore plus patente la difficulté à proposer des réponses autres que cosmétiques. La vivacité et surtout la nature des dénonciations venant tant du parti socialiste que de la gauche de la gauche d’un projet de taxe carbone présenté comme « anti-sociale » alors qu’il s’agit au contraire de le configurer pour en faire un outil liant redistribution et changement des façons de produire en a été un bien triste révélateur.

On n’aurait toutefois tort de considérer que les discours sur la sortie de crise « verte » ou le Green Deal ne sont que des temporaires, de simple effet de couverture médiatique grâce auxquels on découvre ces exotiques décroissants du midi de la France. Bénéficiant des acquis de l’expertise économico-climatique poursuivie depuis une dizaine d’années dans et autour du GIEC et des institutions en charge des politiques énergétiques, les propositions – voire les scénarios – liant réponse à la crise financière, re-régulation et investissements écologiques massifs tendent à faire référence, y compris du côté de la présidence américaine. Les registres varient, depuis la simple mise en avant d’un recours significatif aux sources d’énergie renouvelables dans le « bouquet » énergétique jusqu’à des argumentations plus fondamentales sur la nécessité d’une politique écologique globale faisant intervenir des transferts importants de ressources vers les pays du Sud. Dans un ouvrage récent, Lester Brown évoquait ainsi la perspective d’une « éco-écologie » Lire la suite

Sandrine Mathy du Réseau Action Climat : Lobbyiste du climat

terra-economica.info, Benjamin Bonneau, étudiant au CFPJ (Centre de formation professionnelle des journalistes), le 22 novembre 2009

Lobbyiste du climat

A 35 ans, Sandrine Mathy a déjà un emploi du temps de ministre, qu’elle partage entre son travail de chercheuse au CNRS et la présidence du Réseau Action Climat (RAC). A quelques jours du sommet de Copenhague, rencontre avec l’une des lobbyistes françaises les plus compétentes sur le sujet.

Militante ? « Oui, c’est un sacerdoce, mais ça donne du sens à ma vie. » Sandrine Malthy, chercheuse en économie de l’environnement, tient les rennes du Réseau Action Climat (RAC) depuis 2006, un collectif d’associations qui fait référence en matière de lutte contre le changement climatique. Être née en 1974, au lendemain du second choc pétrolier, prédestine-t-il à acquérir très vite des réflexes verts ? « Éteindre la lumière quand on sort de la pièce ou couper l’eau pendant que l’on se brosse les dents ? » : Sandrine Malthy en rit comme pour rejeter tout héritage familial. Tout juste consent-elle à rappeler, sourire au coin, que son papa « fait son jardin depuis toujours » et qu’il « ne met ni engrais ni pesticides ». Un peu juste pour se forger une conscience verte. C’est donc seule que sa destinée de militante écologiste s’est forgée.

Au cours de ses études d’ingénieur, elle rejoint l’Inde. Ce voyage « confirme une sensibilité déjà présente. Étudiante, je travaillais déjà bénévolement pour Ingénieurs sans frontières. Cela m’a permis de me poser des questions sur le monde dans lequel on vit. » A la fin de ses études, c’est l’heure des choix : « Si j’étais partie bosser dans le privé, je n’aurais jamais obtenu les réponses à mes préoccupations de militante. Du coup, comme les problématiques environnementales sont étroitement liées au secteur économique, je me suis lancée dans l’éco. » Une thèse sur l’intégration des pays en développement dans les politiques climatiques, un poste de chargée de recherche au CNRS en économie de l’environnement au CIRED (Centre International de Recherche en Environnement et Développement), de multiples publications et colloques : sa route est tracée. Enfin presque. En 2006, en acceptant la présidence du RAC, la vie de la jeune femme bascule.

Pas intimidée par Sarkozy

Depuis, Sandrine Mathy, mère d’un garçon de sept ans, a mis sa vie privée entre parenthèses. « Le gros problème est apparu lors du Grenelle de l’environnement où le RAC coordonnait l’action des ONG sur le thème du climat, avoue-t-elle. Cela a été très compliqué au niveau personnel. Mais je m’étais engagée, je devais assumer. Les gens attendaient des choses de moi et il ne fallait pas les décevoir. Depuis, je pose un peu plus de limites… » Mais se profile déjà la Conférence sur le climat de Copenhague. C’est plus fort qu’elle. Elle ira, dit-elle. Pour sentir l’ambiance. Seulement ?

Avec sa tignasse rousse, ses yeux pétillants et sa tenue décontractée, Sandrine Mathy ne passe pas inaperçue. Quand elle prend la parole, elle est de celles que l’on écoute. Avec un CV long comme le bras en guise de caution, la jeune femme n’a peur de rien, ni de personne. Beaucoup disent s’être sentis intimidés face à Nicolas Sarkozy. Pas elle. « Je l’ai vu souvent. Je le trouve hautain et agressif, mais cela ne m’a jamais empêchée de lui dire ce que j’avais à lui dire, notamment sur son paquet énergie-climat, dont il n’y avait pas de quoi se vanter… » La franchise est sa vertu cardinale. On la croit sur parole. « Mais je manque parfois d’assurance. » Là, on ne la croit plus. L’un des administrateurs du RAC confirme pourtant : « Elle a parfois du mal à se mettre en avant, à être proactive, mais elle s’est nettement améliorée depuis le Grenelle. »

Stop ou encore ?

La jeune femme ne rejette pas l’idée d’une éventuelle entrée en politique, . « Si Lire la suite

Entretien avec Antoine Waechter: « Ni droite, ni gauche, une nouvelle pensée globale ! »

« Ni droite, ni gauche, une nouvelle pensée globale ! » (entretien avec Antoine Waechter)

europamaxima.com, Maximilien Malirois, le  22 novembre 2009

Conseiller municipal de Fulleren (Alsace), Antoine Waechter est le président-fondateur du M.E.I. (Mouvement écologiste indépendant). Il a été président de la Commission du développement régional d’aménagement du territoire du Parlement européen en tant que député européen de juillet 1989 à décembre 1991. Candidat écologiste à l’élection présidentielle de 1988 (3,77 %, soit 1 149 897 voix), il a voulu être candidat à l’élection présidentielle de 2002, mais il n’a pu obtenir que 152 parrainages sur un minimum obligatoire de 500.

Antoine Waechter est l’auteur de plusieurs ouvrages, entre autres : Vosges vivantes, avec Daniel Daske (Éditions S.A.E.P., 1972), Animaux d’Alsace, avec Daniel Daske (Éditions Mars et Mercure, 1974) et Dessine-moi une planète. L’écologie, maintenant ou jamais (Albin Michel, 1990).

L’Esprit européen : Pouvez-vous, Monsieur Waechter, présenter brièvement le Mouvement écologiste indépendant ?

Antoine Waechter : Le Mouvement écologiste indépendant est né d’un éclatement des Verts en 1994, lorsque la Gauche prit le pouvoir au sein de cette organisation. Ses animateurs sont des écologistes historiques, qui ont créé l’écologie politique en France en 1973-74.

Le Mouvement écologiste indépendant défend un écologisme affranchi des pensées libérales et socialistes, avec l’ambition de promouvoir une société capable de privilégier la Vie avant toutes autres considérations.

L’E.E. : Dans votre livre Dessine-moi une planète. L’écologie, maintenant ou jamais, vous écrivez que « les références de la pensée écologiste n’ont aucune parenté avec le socialisme ou avec le libéralisme économique, dont les partisans ont en commun la même foi dans les capacités inépuisables de la planète et dans un progrès technologique salvateur, la même adhésion à un économisme dominant et à une conception matérialiste du bonheur, la même quête de puissance ». La pensée écologiste est-elle la théorie du XXIe siècle ?

A.W. : La pensée écologiste est, en effet, au XXIe siècle ce qu’est la pensée socialiste au XIXe siècle et le libéralisme économique au XXe siècle.

L’E.E. : En quoi votre vision de l’écologie diffère-t-elle de celle des partis Verts européens dont certains participent à l’action gouvernementale ?

A.W. : La majorité des partis Verts est culturellement à Gauche : ce parti réduit l’écologisme à sa dimension environnementale, considère qu’il est plus important de devenir ministre que de convaincre l’opinion publique, privilégie les conflits sociaux au détriment d’une recherche d’adhésion majoritaire de l’opinion, et rêve de construire une troisième Gauche.

Notre priorité est de diffuser une culture (sensibilité) écologiste, de convaincre tous les citoyens, que leur origine soit de Droite ou de Gauche, de donner une traduction politique à cette culture, en privilégiant le vivant et la non violence, en refusant les manichéismes. Notre ambition est de Lire la suite

Jouanno et Duflot, duel de choc pour l’écologie

lexpress.fr, Ludovic Vigogne, Marcelo Wesfreid, le 13 novembre 2009

Jouanno et Duflot, duel de choc pour l’écologie

Cécile Duflot et Chantal Jouanno s’affronteront lors des régionales en Île-de-France

Elles partagent le même combat, l’une à gauche, l’autre à droite. Cécile Duflot, numéro 1 des Verts, et Chantal Jouanno, secrétaire d’Etat à l’Ecologie, incarnent une nouvelle génération de femmes politiques. Portraits croisés.

Elles ne poseront pas ensemble. Cécile Duflot n’a pas envie d’être photographiée au côté de Chantal Jouanno. Elle garde un mauvais souvenir de la Une de Paris Match de mars 2005 où François Hollande et Nicolas Sarkozy avaient été immortalisés ensemble. « Il y en a un des deux à qui cela n’a pas porté chance », ironise-t-elle. Superstitieuse, la secrétaire nationale des Verts ? Comme pour la secrétaire d’Etat à l’Ecologie, 2009 lui a tellement réussi.

A ma droite, Chantal Jouanno, 40 ans, membre du gouvernement Fillon depuis janvier. A ma gauche, Cécile Duflot, 34 ans, cheville ouvrière de l’heureux mariage entre Daniel Cohn-Bendit, les Verts et moult figures de la société civile, qui a fait un malheur aux européennes de juin.

Deux nouvelles venues sur la scène politique incarnant la priorité – et la mode – qu’est devenu le combat environnemental. Deux fortes têtes aussi. Douze fois championne de France de karaté, Chantal Jouanno s’est vu intimer l’ordre de choisir entre le sport et ses études par le sélectionneur de l’équipe nationale de karaté. Elle lui a claqué la porte au nez.

Jouanno: « Je ne serais pas là sans Sarkozy »

Lors de leur première rencontre, en avril 2008, « Dany » a expliqué à Cécile Duflot que ses propositions en vue du scrutin européen étaient à prendre ou à laisser par les Verts. « Eh bien, ce sera toi qui iras te faire foutre », lui a-t-elle rétorqué.

Depuis, avec le député européen franco-allemand, tout s’est arrangé. « Il nous arrive de nous disputer, mais je n’ai pas de problème avec lui », raconte-t-elle. Régulièrement, à 22 heures, son portable sonne. Patiemment, elle écoute Daniel Cohn-Bendit se plaindre d’un parti trop renfermé sur lui-même à son goût.

Avec Nicolas Sarkozy, Chantal Jouanno n’aura jamais ce genre de rapports. « Je lui serai toujours profondément reconnaissante. Je ne serais pas là sans lui », explique-t-elle. En 2002, cette énarque, sous-préfète, intègre le cabinet du ministre de l’Intérieur, devient sa plume, se spécialise, à la demande de Claude Guéant (alors directeur du cabinet), sur les questions écologiques.

Pendant la campagne présidentielle de 2007, elle sera celle qui fera le lien avec les associations environnementales ; devenue conseillère à l’Elysée, elle veillera attentivement au succès du Grenelle de l’environnement. Jamais elle n’aura le comportement de la rebelle Rama Yade. Jouanno a un principe : « On ne mord pas la main qui vous nourrit. »

Le credo de Duflot? « Ne jamais dire Lire la suite

NOBATEK. Le centre de ressources dédié à la construction durable s’est installé dans un bâtiment pilote à Anglet

sudouest.com, Philippe Hemmert, le 19 Novembre 2009

NOBATEK. Le centre de ressources dédié à la construction durable s’est installé dans un bâtiment pilote

L’habitat écologique expose sa nouvelle vitrine à Anglet

La côte basque accueille depuis cet été l’un des rares bâtiments aquitain labellisé HQE (haute qualité environnementale). Et d’ici quelques mois, cet équipement devrait être le premier de la région à décrocher la certification BBC (bâtiment basse consommation) très en vogue en Europe du nord, mais encore peu répandue en France.

C’est là une première réalisation très concrète de Nobatek, le centre de ressources technologiques dédié à la construction durable. Autrement dit un laboratoire d’idées – et de solutions – pour rendre notre habitat plus respectueux de l’environnement et plus économe en énergie. Depuis sa création, il y a cinq ans, cette émanation de la fondation espagnole Tecnalia, co-financée en France par la fédération des entreprises du BTP, a d’emblée été sollicitée sur des projets très divers.

Une approche globale

Recherche d’une optimisation thermique dans la rénovation de l’habitat social – une commande de la SEMSIB de Bègles -, valorisation des déchets industriels comme matériaux de remblai dans le BTP au Pays Basque, utilisation maximale du bois naturel dans les schémas de construction au Québec, etc… Ces pistes d’expérimentation ont été les pionnières. Mais la structure a entretemps considérablement étoffé sa panoplie.

Matériaux, systèmes, process, eau énergie, architecture, urbanisme ?.Le centre de recherches présente aujourd’hui une pluridisciplinarité qui lui permet de proposer une approche globale à ses clients. Présent sur de nombreux marchés d’aménagement en Aquitaine, Nobatek développe en cette année 2009 une activité de plus de 2 millions d’euros pour une centaine de projets traités.

« Le secteur du bâtiment absorbe 40 % des ressources énergétiques de la planète, il est donc urgent de réfléchir à des solutions alternatives » répète Jacques Tortos, le directeur de Nobateak, à la tête désormais forte d’une trentaine d’ingénieurs. L’équipe a en effet doublée ses effectifs en juillet dernier, après la fusion avec Ecocampus, une cellule de transfert de technologie de l’ENSAM de Bordeaux.

Innover, le maître mot

Du coup, Nobatek possède aussi un pôle relais dans la capitale girondine, même si son siège social reste à Anglet et offre dorénavant une formidable vitrine de son activité. Car le nouveau bâtiment du centre de recherche, dans les Landes de Juzan, entre Cantau et Montaury, constitue le parfait reflet de sa vocation.

Tout y est passé au crible de l’aménagement durable. L’orientation Lire la suite

Le mouvement politique des Objecteurs de Croissance vient officiellement de voir le jour en Belgique : « Les réalistes, c’est nous ! »

mondequibouge.be, Céline Teret, le 16 novembre 2009

Interview réalisée dans le cadre du dossier « Moins de biens, plus de liens », de Symbioses (n°84 – automne 2009), magazine d’éducation à l’environnement du Réseau IDée

« Les réalistes, c’est nous ! »

Le mouvement politique des Objecteurs de Croissance vient officiellement de voir le jour en Belgique. Bernard Legros, l’un de ses membres, revient sur le parcours du mouvement, ses réflexions, ses actions à venir… et fustige ceux qui accusent les objecteurs de croissance d’être des rêveurs.

Le mouvement politique des Objecteurs de Croissance vient d’être lancé. Quel est son parcours ?

Au départ il y a une initiative du Grappe, Groupe d’action pour une politique écologique, en 2006, qui désirait rassembler les associations ayant pour objectif commun de trouver des alternatives au système économique actuel. Donc, des associations qui se reconnaissaient dans une démarche d’écologie politique, et même d’objection de croissance. De ces 20 associations, des points communs ont été dégagés. La phase d’incubation avançant, on s’est retrouvé à une dizaine d’associations. Il y a eu des perspectives sans lendemain, puis l’idée est venue de fonder un mouvement politique d’objecteurs de croissance en Belgique. Nous avons décidé de commencer par une journée de réflexion et d’information sur ce qu’est la décroissance « soutenable » et l’objection de croissance. Cette journée s’est tenue le 21 février 2009, avec deux prestigieux conférenciers, Serge Latouche et Marie-Dominique Perrot, avec un panel d’associations liées à l’objection de croissance, et avec la présence d’intellectuels qui ont donné leur avis sur la décroissance (voir les actes de cette journée sur www.objecteursdecroissance.be).

Une journée qui a rencontré un vif succès… Comment expliquez-vous cet engouement ?

En effet, nous nous attendions à avoir 200 ou 300 personnes, nous en avons eu 800. Ca a été un succès inattendu. Ca s’explique peut-être parce que l’idée de la décroissance a fait son chemin dans les têtes, dans les consciences. Suffisamment de monde a entendu parler de décroissance pour se décider à venir à une séance d’information afin d’en savoir plus. Le fait, évidemment, qu’on ait eu un nom aussi connu que Serge Latouche, a également beaucoup joué. Nous avons été grisé par notre succès, nous n’en revenions pas !

Cette journée marquait le premier pas vers la création du mouvement politique…

L’un des objectifs de cette journée était de « prendre la température », de voir comment était perçue l’objection de croissance et quel est le public que ce courant rassemble. La journée a été un succès, et elle s’est donc clôturée par un appel à nous rejoindre pour fonder un mouvement politique nouveau basé sur l’objection de croissance. Parmi les 800 personnes qui étaient présentes à la journée, une bonne centaine étaient intéressées par l’idée. Nous avons fait une première plénière en mai, où nous avons commencé à mettre en place les étapes qui mènent à la fondation d’un mouvement. Pendant ce temps-là, il y a toujours un groupe de pilotage, appelé AdOC pour Association d’Objecteurs de Croissance, qui continue à fixer le cadre et la marche à suivre pour y aller par étapes. Nous avons rédigé un manifeste et les statuts du mouvement. Le 18 octobre a été lancé officiellement le mouvement politique des Objecteurs de Croissance.

Pourquoi un « mouvement politique » ?

Il n’a jamais été question de faire un parti politique et de foncer aux élections. Et en même temps, on voulait aussi éviter la dépolitisation, c’est-à-dire penser qu’on peut changer la société uniquement par l’activité associative ou par la transformation personnelle, via la simplicité volontaire. Nous ne pensons pas que ce soit suffisant. Il faut Lire la suite

La crise relance le thème de la décroissance

lemonde.fr, Sylvia Zappi, le 14 novembre 2009

La crise relance le thème de la décroissance

Jusqu’alors cantonnées à des économistes en marge ou d’écologistes radicaux, les théories des décroissants (remise en cause de l’accumulation matérielle comme source d’épanouissement et de la croissance économique à tout prix) progressent. Des Verts à la gauche radicale, elles font des adeptes.

Il y a deux ans à peine, la thématique effrayait. Parler de sobriété économique était synonyme de limitation du progrès, un nouveau jansénisme triste. On raillait ceux qui voulaient revenir à la bougie comme on avait moqué les premiers écologistes et leur lait de brebis bio. Même les Verts se méfiaient du mot, le jugeant trop « raide ». A l’automne 2006, Yves Cochet, alors candidat à la candidature pour la présidentielle, avait perdu la primaire interne ; son discours ouvertement décroissant avait fait peur à ses camarades.

Depuis, la crise a sévi, la récession est là. La critique d’un système économique fondé sur la seule croissance des biens et de la consommation est générale. L’opinion n’y croit plus et d’aucuns découvrent la théorie de la tempérance. Selon un sondage IFOP-Sud-Ouest (réalisé les 8 et 9 octobre auprès de 955 personnes), 27 % des Français se disent « prêts à changer en profondeur leur mode de vie et à restreindre leur consommation de manière significative« . 53 %, en revanche, concèdent n’être prêts qu’à « des efforts limités ».

« On sent la montée en puissance de comportements écocitoyens et d’une consommation plus sobre mais ce n’est pas encore la décroissance« , tempère Jérome Fourquet, directeur de l’IFOP. « Plutôt que de décroissance, il s’agit d’une autre croissance. Les Français ont envie d’un mode de consommation en harmonie entre ce qu’ils estiment bénéfique pour la société et ce dont ils ont besoin« , complète Jean-Daniel Lévy, directeur de CSA-opinions. Le succès des Associations pour le maintien d’une agriculture paysanne (AMAP, un réseau d’achat du producteur au consommateur) le confirme.

Les Verts l’ont compris mais essaient de présenter leur projet décroissant sans endosser les habits de Cassandre. Ils prônent désormais une « décroissance sélective et équitable » pour « diminuer l’empreinte écologique et améliorer le niveau de vie pour le plus grand nombre« , selon les termes de Pascal Canfin, député européen. « La décroissance du PIB, avec la crise, on y est et cela va continuer. Il faut un projet plus sobre, plus délocalisé et plus démocratique« , plaide M. Cochet. Pour lui, cela passe par des jardins partagés, des énergies écologistes de proximité, de l’achat « local » ou la limitation drastique de la vitesse sur autoroutes. Voire, la limitation des naissances…

« ÇA BOUGE »

Les autres partis politiques ont plus de mal à interroger leur doxa héritée du siècle du progrès et de la croyance dans l’inépuisable « croissance des forces productives » comme horizon humain. La droite préfère parler de « croissance verte », slogan repris par Chantal Jouanno, secrétaire d’Etat à l’écologie.

A gauche, on interroge plus profondément le modèle. Les think tanks s’y mettent. Terra Nova a Lire la suite

Une zone artisanale intégrée regroupant de nombreux acteurs de l’éco-construction devrait bientôt voir le jour dans les environs de Vélines

sudouest.com, Arnauld Bernard, le 12 Novembre 2009

ECOPÔLE. Une zone artisanale intégrée regroupant de nombreux acteurs de l’éco-construction devrait bientôt voir le jour dans les environs de Vélines

« Pas de la construction mais de l’habitat »

En octobre, une réunion était organisée à Périgueux entre différents acteurs économiques, pour étudier les futurs aménagements du quartier du Gour-de-l’Arche. Dans l’hypothèse d’un projet pilote d’éco-quartier, les « écopôliens » du Pays de Montaigne-Montravel étaient de la partie. Depuis qu’ils travaillent sur cette problématique, les membres de cette association commencent à avoir une certaine expertise dans la région.

Pour eux, l’éco-construction, ce n’est pas seulement un mot à la mode, c’est l’utilisation de nouveaux matériaux, mais aussi de nouveaux procédés dans la conception d’un habitat.

Jean-Philippe Geoffriau, un membre de l’association, résume : « Avant, l’objectif, était de monter vite avec des matériaux pas chers. Nous, on adapte parfois des techniques anciennes à la construction d’habitats modernes. Cela peut entraîner un surcoût, mais ça tient plus longtemps, et l’économie en énergie est considérable. »

L’écopôle, c’est donc la réunion d’acteurs autour de ces valeurs. Il y a des architectes, des ingénieurs, des paysagistes, un bureau d’études, des conseillers en traitement et en valorisation des déchets organiques, un charpentier, un maçon, un plasticien, un électricien, des communicants ? Tout ce petit monde participe au même projet : la construction d’une zone artisanale sur-mesure.

Une zone sur-mesure

Bertrand Quattrocchi, ingénieur environnement en habitat bio, est impatient : « Nous avons mis en place une charte. L’objectif est de minimiser son impact sur l’environnement et pour cela, on mutualise nos moyens. Nous n’avons pas encore d’espace physique, mais ce sera l’étape suivante. D’habitude, les collectivités sont à l’initiative de la création des zones artisanales, mais là, c’est un groupement local qui essaye de mobiliser les politiques autour d’un projet, une zone écoresponsable. Ce sont donc les futurs usagers qui conçoivent la zone, en fonction de leurs besoins. Tout, des locaux à l’assainissement, serait de l’éco-construction. Le lieu serait aussi pédagogique, avec de la formation, des ateliers ?

Aujourd’hui, on sépare zone industrielle, zone artisanale et zone d’habitat. Nous, nous sommes dans une démarche intégrale. Pourquoi pas y organiser des manifestations, de l’événementiel ? »

La signature de la convention de partenariat avec la Communauté de communes est imminente. Le Conseil général a également assuré son soutien. Il ne reste finalement plus qu’à trouver un terrain.

« Depuis un an, je trouve qu’on assiste à une montée de la demande écologique, Lire la suite

NON aux LGV Bordeaux-Toulouse et Bordeaux-Espagne : Manifestation à LANGON le Samedi 28 Novembre à 10 heures

coordination-asso-vigilance-lgv.fr, communiqué, le 12 novembre 2009

NON aux LGV Bordeaux-Toulouse et Bordeaux-Espagne

Manifestation à LANGON

Samedi 28 Novembre à 10 heures

Départ devant la gare de Langon

Agir maintenant

Manifestation organisée par les élus et les associations opposées aux projets de lignes nouvelles LGV Bordeaux-Espagne et Bordeaux-Toulouse

OUI à l’aménagement des voies existantes

NON aux nouvelles lignes LGV

15 000 000 000 € * pour détruire notre cadre de vie !

L’État, Réseau Ferré de France et certains grands élus veulent nous imposer le projet inutile et destructeur de deux nouvelles lignes ferroviaires à grande vitesse: Bordeaux-Toulouse et Bordeaux-Espagne. 

Ne vous laissez pas leurrer par la publicité pour les LGV

Non, la grande vitesse ferroviaire n’est pas une solution écologique, elle consomme beaucoup trop d’énergie.

Non, la construction d’infrastructures nouvelles ne respecte ni la nature ni ceux qui y vivent.

Non, les LGV n’enlèveront pas les camions de nos routes.

Non, les contribuables d’Aquitaine n’ont pas à payer les chantiers inutiles qui vont saccager leur cadre de vie.

Une alternative existe : l’aménagement des voies existantes

Oui, l’amélioration progressive des voies existantes permettra d’accueillir le trafic pendant au moins un demi-siècle.

Oui, la modernisation des voies existantes répond à l’urgent besoin de ferroviaire de proximité.

Oui, le réseau existant Lire la suite

Patrick Viveret : «S’engager dans l’écologie politique implique un autre rapport au pouvoir»

liberation.fr, Matthieu Ecoiffier, le 10 novembre 2009

«S’engager dans l’écologie politique implique un autre rapport au pouvoir»

Le philosophe Patrick Vivenet analyse les mutations de la culture de gauche :

Philosophe et essayiste altermondialiste, Patrick Viveret avait été chargé, sous le gouvernement Jospin, d’une mission visant à redéfinir les indicateurs de richesse. Il est l’un des auteurs de l’ouvrage collectif Pour un nouvel imaginaire politique (1).

En quoi l’écologie politique est-elle est en phase avec un nouvel imaginaire de gauche ?

L’aspiration à une «sobriété heureuse» est présente chez beaucoup d’acteurs dans la société. Europe Ecologie fait partie des acteurs politiques qui expriment le plus cette logique, et en tirent donc un certain nombre de bénéfices. Sauf que s’engager véritablement dans cette voie, que Félix Guattari nomme «écosophie» ou «écologie comportementale», nécessite aussi un changement du rapport au pouvoir. Un pouvoir qui n’est plus considéré comme «à prendre» et dominateur, mais comme créateur. L’écologie politique a encore un vrai travail à faire sur elle-même pour sortir de cette posture classique de «part de marché à gagner» sur ses concurrents politiques. Ce n’est pas la même chose de penser un renouvellement profond de la politique.

Le paradigme écologique est-il un outil pour renouveler le logiciel productiviste de la gauche classique ?

C’est une bonne entrée de renouvellement et d’interpellation, mais ce n’est qu’une entrée. Le fait que Nicolas Hulot dise dans son documentaire [le Syndrome du Titanic, ndlr]: «On ne réussira pas le pari écologique sur le dos de la pauvreté», est significatif. On ne peut traiter le défi écologique sans prendre en charge la question sociale et le renouveau de la question économique, en lien avec une nouvelle approche de la richesse et de ses indicateurs. Si on ne travaille pas sur les causes économiques de la croissance insoutenable, on passera à côté du problème. Le rapport Stiglitz fait suite à dix ans de travaux et de conférences internationales reconnaissant que les indicateurs macroéconomiques classiques de type PIB ne permettent pas de répondre aux défis économiques, écologiques et sociétaux actuels.

Chantal Jouanno, secrétaire d’Etat à l’Ecologie, vient de bâtir un argumentaire sur une «écologie de droite» «positive», par opposition à une écologie punitive de la décroissance de gauche…

Tous les acteurs, quelle que soit leur famille politique d’origine, sont confrontés au fait que le mode de consommation actuel est insoutenable. La «sobriété heureuse» définie par Pierre Rahbi comprend une acception des Lire la suite