Jean Ziegler : Le massacre de la faim se déroule dans une normalité glacée – Des crises ou une crise planétaire ?

humanité.fr, propos recueillis par J. S., février 2011

http://www.humanite.fr/04_02_2011-%C2%AB-le-massacre-de-la-faim-se-d%C3%A9roule-dans-une-normalit%C3%A9-glac%C3%A9e-%C2%BB-464377

« Le massacre de la faim se déroule dans une normalité glacée »

Par Jean Ziegler, membre du Comité consultatif du Conseil des droits de l’homme des Nations Unies (*).

Des crises ou une crise planétaire ?

Dans la crise planétaire où se croisent plusieurs crises, la crise alimentaire est singulière. Parmi tous les droits humains, le droit à l’alimentation est celui qui est le plus cyniquement, le plus brutalement violé aujourd’hui. Toutes les cinq secondes, un enfant de moins de dix ans meurt de faim. Près d’un milliard d’êtres humains sont gravement sous-alimentés. La courbe des victimes dépasse celle de la croissance démographique. Selon la FAO, l’agriculture mondiale pourrait nourrir sans problème 12 milliards d’êtres humains, or nous sommes 6,7 milliards sur la planète. Un enfant qui meurt de faim est donc un enfant assassiné.

Quelles sont les causes de cette crise ? Pour la population rurale, celle qui produit sa nourriture (3,2 milliards de personnes), plusieurs raisons structurelles sont identifiables. D’abord, le dumping agricole. Les pays de l’OCDE ont versé, l’an dernier, 345 milliards de dollars de subventions pour leurs productions et exportations agricoles, ce qui fait que, sur n’importe quel marché africain, on achète des légumes grecs, français, portugais, allemands pour le tiers ou la moitié du prix du produit africain correspondant. Pendant ce temps, le paysan africain, sa femme et ses enfants s’épuisent au travail sans la moindre chance d’atteindre le minimum vital convenable. L’hypocrisie des commissaires de Bruxelles est abyssale. Ils organisent la faim sur le continent africain et déploient des forces militaires pour intercepter les survivants qui essaient de passer les frontières sud de l’Europe.

La deuxième raison est la vente de terres. L’an dernier, 41 millions d’hectares de terres arables africaines ont été achetés ou louées pour 99 ans par les hedge funds ou par des pays comme la Corée du Sud. La Banque mondiale, la Banque européenne d’investissement, etc, financent ce vol en arguant que seuls des groupes financiers sont capables de rendre ces terres réellement productives. Les familles d’agriculteurs dépossédées vont alors grossir les bidonvilles avec les conséquences qu’on connaît : prostitution enfantine, sous-alimentation, etc.

Troisième raison : la dette extérieure. Au 31 décembre 2009, celle des 122 pays dits du « tiers-monde », était de 2 100 milliards de dollars. La presque totalité de leurs gains à l’exportation est donc absorbée par les intérêts de la dette.

Quant aux populations urbaines, selon la Banque mondiale, 2,2 milliards de personnes vivent avec 1,25 dollar par jour, en dessous du seuil d’extrême pauvreté. Les prix des trois aliments de base – riz, maïs, blé – ont explosé. La tonne de blé meunier a doublé en un an – le prix de la baguette, multiplié par trois, a été un facteur essentiel dans la formidable révolution tunisienne. On peut expliquer ces augmentations de prix en partie par Lire la suite

Note PAC des Parcs naturels régionaux de France : Réforme de la Politique agricole commune (PAC) 2014-2020 – L’approche territoriale, vecteur d’un développement agricole durable

http://www.cdurable.info/L-approche-territoriale-vecteur-d-un-developpement-agricole-durable,3230.html

Note PAC des Parcs naturels régionaux de France : Réforme de la Politique agricole commune (PAC) 2014-2020 – L’approche territoriale, vecteur d’un développement agricole durable

Cdurable.info, Cyrille Souche, le 3 février 2011

Européen à l’agriculture des propositions relatives à la réforme de la Politique agricole commune dans un document intitulé : « L’approche territoriale, vecteur d’un développement agricole durable ». Dans ce document, la Fédération, qui rassemble un réseau de 46 Parcs naturels en France, part d’un constat qu’elle connaît bien : la diversité de l’agriculture et de ses enjeux sur des territoires marqués par la diminution du nombre d’agriculteurs ; ses nouvelles chartes de Parcs répondant déjà aux grands objectifs de la réforme dans des domaines aussi essentiels que la sécurité alimentaire, la protection des ressources naturelles, la lutte contre le changement climatique, le développement rural et l’emploi. Elle propose donc d’accompagner une agriculture fondée sur la diversité des territoires et des ressources naturelles.

1. Introduction : la réforme de la dernière chance pour une agriculture durable ?

2. L’approche territoriale, gage d’une agriculture plus durable

3. Les Parcs naturels régionaux : une approche territoriale de l’agriculture qui va dans le sens des défis de la réforme de la PAC

4. Un Ier pilier à rapprocher de la dimension territoriale et à rééquilibrer en faveur du second pilier

5. Un second pilier outil d’une approche territoriale combinant les enjeux environnementaux, climatiques et de compétitivité

6. Les 3 options proposées par la Commission ; proposition d’une quatrième voie

7. Conclusion : un retour au bon sens agronomique, enrichi par l’innovation agro-écologique et une approche territoriale

L’agriculture doit en effet être soutenue pour répondre à une demande croissante de qualité des productions et pour développer les pratiques respectueuses de l’environnement. Il en va de même pour la protection et la valorisation des paysages qui vont bien au-delà d’un intérêt touristique évident.

Même si elle évolue dans le bon sens, la Politique agricole commune n’a pas toujours favorisé ces approches. En concentrant les aides sur certaines productions intensives, la PAC a entraîné la spécialisation des productions qui ont eu un impact désastreux sur l’environnement. Pour réussir le tournant environnemental de l’agriculture européenne, la PAC doit s’appuyer sur les ressources des territoires et les projets collectifs qui s’y développent en respectant les spécificités locales, comme le font depuis toujours les Parcs naturels régionaux.

La PAC doit être incitative sur le volet environnemental du premier pilier pour enclencher une évolution vers des pratiques durables qui Lire la suite

Quand le discours politique devient climatologique

Quand le discours politique devient climatologique

Implications-philosophiques.org, Daniel Innerarity, le 3 février 2011

http://www.implications-philosophiques.org/semaines-thematiques/ledition-numerique/quand-le-discours-politique-devient-climatologique/

Réponse de Dominic Desroches à Daniel Innerarity

Résumé – Dans cette réponse à D. Innerarity, l’auteur montre comment le changement climatique, loin d’être à portée scientifique seulement, doit entrer lentement dans le discours politique. Il explique les raisons pour lesquelles le temps actuel, en dépit du fait que l’on parle souvent de la météo, n’est pas encore propice à une telle intégration. Si Innerarity a raison de voir dans les changements climatiques une réhabilitation future de la politique, l’auteur propose de montrer pourquoi.  Il développe l’idée que le bavardage sur la météo et la distance du discours scientifique masquent la montée de la climatologie politique, c’est-à-dire l’étude de la politique se basant sur le temps compris globalement comme horizon temporel, ambiance et climat.

Daniel Innerarity a raison de relever dans son article[1] un changement de statut du discours sur le temps qu’il fait. Avec Sloterdijk[2], on avouera que l’on ne parle plus du temps de la même façon, que ce soit pour meubler nos vides, expliquer la guerre de 1914-1918 ou donner un âge à la Terre. On parle désormais du temps en cherchant des preuves des changements climatiques, non sans manquer de se culpabiliser un peu plus soi-même. À chaque orage, à chaque pluie, au moindre déluge sans arche et autres catastrophes naturelles médiatisées, on panique intérieurement[3] en réalisant le caractère englobant du climat. Les médias globaux ne manquent d’ailleurs pas l’occasion de proposer une nouvelle « vague » sur laquelle, en fans de Noé, on « surfe » volontiers, en attendant peut-être de se noyer tous ensemble dans l’information circulaire. Si l’on sait que la température moyenne du globe se réchauffe et que cela aura des conséquences inédites sur notre mode de vie, nous cultivons un sentiment de responsabilité plus aigu, nous le partageons lors des repas, mais sans changer notre idée du bien commun. Mot de politesse promu au rang d’objet scientifique, le discours sur la météo cherche à nous sensibiliser à un enjeu majeur qui n’existait pas il y a un quart de siècle à peine et qui pose une question bouleversante : l’homme peut-il être, en partie du moins, responsable du temps qu’il fait ? Cette idée a fait sa niche dans les médias, ce qui veut dire qu’elle créera une ambiance, des discours, même un type de gouvernance politique.

Dans ma réponse à Daniel Innerarity, je montre que le changement climatique, qui n’est pas un sujet exclusif de la science, doit entrer dans la politique comme « ambiance ». J’avance des raisons pour lesquelles le temps actuel, en dépit du fait que l’on parle souvent de la météo, n’est pas encore favorable à son intégration dans la politique. Si le penseur espagnol a raison de voir dans l’angoisse environnementale une possibilité de rénovation de la politique, je montrerai, d’une autre façon, pourquoi. Je rappellerai que l’ambiance politique actuelle[4], obsédée par les dégâts de la crise financière de 2008, est sujette à changement, même si on ne le sent pas encore. Ce n’est pas parce que le temps présent est à la Bubble economy et au social Network qu’il ne sera pas bientôt aux biens communs et aux immunisations politiques globales. En résumé, nos usages actuels des termes « temps » et « climat » recouvrent l’émergence de la climatologie politique, qui est l’étude politique appliquée prenant pour objet l’analyse du temps compris globalement comme horizon temporel, ambiance et climat.

« Le climat n’est plus ce qu’il était »

Il convient d’observer d’abord que le titre de l’article rattache le vague passé au présent le plus actuel. Il s’agit pour l’auteur de montrer que ce qui était banal jadis réclame aujourd’hui sa grande part de sérieux[5]. Après avoir pris au sérieux le temps dans le Futur et ses ennemis, il faut faire de même avec le climat. Si l’auteur rapproche la culpabilité de la météo, c’est pour faire sentir le passage du bavardage à l’inquiétude. Le climat s’impose à nous désormais comme l’évidence dangereuse la mieux partagée du monde sans être la plus équitable. Le problème climatique, jusqu’à hier réservé aux savants, mobilise dès lors la conversation quotidienne, ce qui dit en long sur sa grande capacité de pénétration, son impact sur l’imaginaire, mais aussi sur ses implications éthico-politiques. Le climat n’est plus ce qu’il était parce que l’homme agit sur « son » monde  – il est le designer de sa réalité – et qu’il doit faire attention à ce qui est déjà là et qu’il a reçu.

L’homme produit des biens en utilisant les ressources de la Terre et son action favorise un réchauffement qui transforme la culpabilité individuelle en responsabilité commune. Le changement climatique n’est plus une affaire de météo, un running gag, c’est une question qui implique déjà la responsabilité de tous. Le progrès technique, on le sait depuis Jonas, doit se payer en responsabilités élargies dont le mandat est politique : « le climat est aujourd’hui une affaire purement politique » (Hoy el clima es pura política), écrit l’auteur.

De la responsabilité à la justice climatique

Dans ce reformatage de la responsabilité, il faut voir que les riches n’ont pas le même rapport au temps et au climat que les pauvres. En Occident, les plus riches parlent de la météo, mais ne s’en préoccupent guère. La politique se dit verte, mais trouve ses votes du côté des consommateurs. Non seulement les plus fortunés ont-ils les moyens de parler du temps, de s’offrir la climatisation de leurs maisons et de leurs voitures, mais ils ont en outre les moyens de gaspiller, de créer plus de rebuts, ce qui contribue à rendre l’idée du changement climatique triviale. Alors que les pays pauvres seront les plus touchés par le réchauffement, les pays riches ont le luxe de maîtriser les climats des intérieurs et de vivre comme si de rien n’était, en partie « contre » les pays pauvres. Les pays riches tentent de négocier avec les pays pauvres, mais le défi est de taille car l’asymétrie est trop prononcée : les pauvres ont besoin de biens alors que les riches en gaspillent. Cette fuite en avant ressemble à la confiscation du climat par les riches. Nous voilà conduits au seuil d’un problème global, à savoir celui de la justice climatique. Ce problème se résume ainsi : comment partager plus équitablement les effets globaux des variations du climat sur les populations du monde ?

Penser le climat comme une monnaie d’échange…

La réponse n’est pas évidente. Innerarity marque un point lorsqu’il note que notre incapacité à aboutir à un accord politique sur le climat s’explique par le fait que la motivation à changer les comportements s’interprète encore en termes d’incitations économiques (incitación económica). Pour élaborer sa position, il doit toutefois jouer un double jeu : renforcer d’un côté l’opposition entre le climat et le marché, tout en respectant, de l’autre, la capacité d’innovation même des acteurs du marché. On n’avancera pas, écrit-il, en allant contre le marché, non. La solution est ailleurs, mais où ?

Selon l’auteur de La Démocratie sans l’État, penser en termes économiques quelque chose qui n’a rien à voir avec une monnaie d’échange nous empêche de se montrer à la hauteur du défi climatique. L’exemple de la bourse du carbone ou l’achat et l’échange de crédit (de droit) à la pollution n’est pas la meilleure solution à l’exigence de réduire notre consommation. La solution au problème ne serait toutefois pas non plus à trouver dans les contraintes imposées au marché. On ne peut, selon lui, lever le nez sur l’innovation et critiquer sans cesse « la place du marché »[6]. Le marché par contre, redisons-le encore, « n’a pas les outils pour régler un problème de cette ampleur ». Celui-ci, en vérité, le dépasse largement. L’écart entre les prévisions à long terme et la recherche de profits dans les économies financières retarde les ententes et empêche la prise de responsabilité économique et politique.

À qui confier le problème de tous ?

Or, confrontée à un challenge de nature mondiale et globale, la vieille manière de faire de la politique peine à convaincre, car elle a encore besoin du modèle de l’État moderne et des économistes, dont les discours sont souvent contredit par la réalité. L’État moderne hiérarchique atteint sur la gestion du climat son seuil d’incompétence, tout comme l’économie néolibérale. Se référant à la crise financière, Innerarity soulève une question que personne n’entend poser : « comment confier logiquement la recherche de solutions à ceux qui contribuent à créer le problème ? » En demandant la solution du problème à ceux qui le produisent, l’air demeure le même, les discours restent les mêmes et nous perdons l’espoir de trouver des alternatives. On s’intoxique, on respire en marchant à reculons, bref : on masque l’enjeu de la future climatologie politique.

Sur la globalisation et la notion de bien commun

Une des clefs de la réflexion d’Innerarity réside dans son usage du concept de bien commun. Si ce concept a pour vocation de demeurer ambigu (qui peut dire en effet ce qu’est ce bien « commun » ?) et qu’il fait appel à des discussions exigeantes pour son opérationnalité (il n’est jamais la somme des intérêts de tous), cela en fait, dit-il, l’une des tâches politiques par excellence. Et si beaucoup errent en considérant que la notion n’est plus pertinente pour les sociétés pluralistes aux prises avec des procédures complexes, l’argument ne doit pas nous faire oublier que ce qui distingue une société politique d’un simple agrégat d’individus isolés, c’est justement la reconnaissance de biens communs, les opportunités et les risques partagés[7].

Pour Innerarity, le bien commun relève de ce que l’on nomme externalité. Il entend par ce terme un bien dont la consommation ou la production en affecte d’autres, sans que cela puisse être perçu par le marché. Les intérêts du marché peuvent différer des intérêts de la société dans laquelle il se trouve. Si le marché est en mesure de prévoir les risques à court terme de ses opérations et de ses productions, il ne peut cependant voir ni anticiper les risques significatifs qui peuvent apparaître dans le moyen et le « long terme » d’une société complexe. Le bien commun engage dès lors une réflexion éthique sur les génération futures. Ainsi définie, la catégorie de bien commun peut rejoindre le climat car celui-ci, comme externalité, ne peut être livré aux seules forces de l’économie de marché car il le détruira. Devenant un exemple de bien commun, le climat peut exiger une attention relevant désormais de la gouvernance globale.

Je suis persuadé que Daniel Innerarity ne refuserait pas de considérer le climat naturel, dans le cadre de défis globaux, comme un bien commun, mais entendu cette fois comme une « zone à protéger » par des efforts politiques. Une des raison de cet élargissement est d’abord humaine : on verra la protection du climat (modifiable par l’homme) comme un « bien commun » parce que son contraire entraînera l’augmentation des migrants climatiques ou réfugiés environnementaux. Mais là n’est pas pour moi ce qui est le plus important.

Du réchauffement au design d’atmosphère

Pour faire du climat un bien commun, je prendrai une tout autre direction. Je m’intéresserai au climat dans la mesure précisément où il permet d’envisager l’idée du design d’atmosphère[8]. S’il est vrai en effet que l’on ne peut s’opposer au marché, c’est aussi parce que les échanges humains dépendent du temps qu’il fait. Il y a en vérité toujours un climat général derrière le marché, derrière nos actions individuelles et collectives, une ambiance qui nous déborde et nous conditionne, c’est-à-dire que le climat au sens large, plus précisément la météo, influence l’humeur des échanges humains[9]. Nous dépendons plus du temps, du climat général et d’une ambiance « englobante » que nous voulons bien l’imaginer d’ordinaire. Les hommes ont construit des maisons, des villes et des climats culturels politiques, ils ont découvert les continents sous le ciel vouté et ils ont marché sur la lune – ils ont veillé à leurs conditions immunitaires à partir de cultures qui se développent dans la fabrications de climats respirables.

Or nous connaissons désormais un phénomène inédit dans notre recherche immunitaire. Depuis les années 1970, les climats culturels se sont « universalisés » – la terre est ronde – sous l’effet des médias globaux et nous partageons, tous ensemble, un « air du temps ». C’est l’air du temps qui nous fournit le contexte de nos idées, le cadre de nos actions ainsi que nos rêves.

Attention à la climatologie politique…

Pour saisir les difficultés politiques à s’entendre sur les mesures à prendre pour contrer la crise climatique, il faut sentir l’air du temps, c’est-à-dire le courant qui donne le contexte et le sens de nos actions passées et actuelles. Il faut passer, autrement dit, du paradigme physique du climat, des changements climatiques, au climat compris comme « atmosphère générale de la culture des hommes ». Cette atmosphère générale, cet air politique que nous respirons tous ensemble sur la planète, est le cœur de ce qu’il convient d’appeler  la « climatologie politique ».

L’enjeu derrière les changements climatiques n’est donc pas au premier chef physique (géothermique ou géographique), mais il se trouve dans la configuration de l’atmosphère dans lequel les hommes désirent vivre eux-mêmes. Le fait que l’on désire construire un hôpital neuf sur le site de l’ancien sous prétexte que celui-là ne pourrait résister à un séisme n’a rien à voir avec la montée de la climatologie politique, pas plus que la construction de digues ou de murs pour contrer les tsunamis à venir. Le défi principal réside dans la tentative de contrôle des effets dévastateurs produits par les sentiments de peur et de panique relayés dans les espaces émotionnels médiatiques qui sont les nôtres aujourd’hui[10].

Faisons un pas de plus. Contre le bavardage sur le temps qu’il fait et une science qui objective sans cesse les changements climatiques, contre ces discours qui recouvrent l’idée phare que l’homme est son temps, il convient de voir que c’est le climat de l’homme qui est appelé à évoluer. On peut mesurer cette évolution en étudiant la puissance de diffusion dans les nouveaux espaces émotionnels médiatiques. L’espace public qui servira de scène mondiale pour les discussions sur le climat se trouve déjà dans notre espace émotionnel mondialisé. L’intérêt de la climatologie politique, c’est donc d’établir clairement que l’air du temps détermine davantage les modes, les discours et les politiques que les réunions à portes fermées du G8 ou du G20. Cette climatologie spéciale entrera en jeu quand la réflexion s’intéressera au climat politique général donnant un sens aux discours officiels, lorsque l’on s’apercevra que c’est avant tout l’ambiance générale qui explique la gouvernance et les choix politiques.

Sur l’ambiance, la souffrance et l’air du temps

La pensée du climat se traduit dans l’ambiance. C’est à cette ambiance locale et générale, aux micro-climats et aux macro-climats, qu’il faut porter attention si l’on veut expliquer les difficultés actuelles. On comprendra mieux l’argumentaire de Daniel Innerarity en observant que le problème n’est d’abord pas dans une économie qui procèderait à une mauvaise lecture du réel, mais plutôt dans le fait que le « temps » n’est pas encore au changement climatique. Le macro-climat produit par les médias n’envisage pas de changements majeurs. Autrement dit, la panique n’est pas encore ressentie, peut-être seulement par les plus sensibles, d’où l’idée que le « temps du changement » de comportement approche trop lentement au goût de certains. Les plus sensibles souffrent dans le désarroi – ils anticipent, ils connaissent l’angoisse -, car ils sentent le changement du temps, ils vont à contre-temps en n’acceptant plus de vivre dans l’ambiance mortifère et consumériste. On en conclura, de façon curieuse peut-être, que c’est dans l’air du temps qu’il faut penser le problème inédit des changements climatiques. Il importe que le temps, interprété comme ambiance d’abord, relevant d’une climatologie plus large ensuite, fasse son entrée dans le discours politique, qui est présentement mobilisé surtout par la rhétorique de l’économie néolibérale. La politique connaîtra un temps de rénovation, Innerarity a raison, si elle accepte d’avoir à faire avec le temps comme possibilité de changement, c’est-à-dire si elle voit le futur compris comme un climat à partager[11].

De la difficulté de « sentir » à la hauteur du global

On dira donc qu’une partie du problème de l’inaction face aux changements climatiques est à trouver dans le fait que le monde actuel vibre encore dans le temps de l’argent, du confort immédiat et des échanges. Les vents dominants du climat mondial sont tournés vers les affaires. On interprète encore le temps comme de l’argent, même après la crise financière, au lieu de le comprendre comme un climat général à partager. Le modèle économique en vigueur, loin de favoriser la responsabilité commune et la nécessaire coopération, valorise la concurrence, les privilèges, les exceptions. S’il existe un climat des affaires, qui nous trompe par sa normalité, ce climat des affaires carbure aux profits immédiats et se conçoit dans un présentisme qui nous masque l’émergence de la nouvelle  réalité climatique.

Dans le contexte actuel de l’avidité illimitée en période d’épuisement des ressources naturelles, la politique est incapable d’imposer des contraintes parce qu’elle se situe encore dans la conception du temps valorisé par le marché. Elle joue aussi les États les uns contre les autres dans une logique territoriale au lieu de les intégrer dans une gouvernance commune. Mais cela changera. Cela changera par la force du temps qui est la force des choses.

Pour affronter sérieusement la question climatique, on admettra que nous naviguons tous vers un nouveau temps politique – nous sommes tous dans le « même bateau », sujets au naufrage avec spectateurs – une ère de grande sensibilité qui devra faire du climat un bien commun. En accord avec Daniel Innerarity, je pense qu’il faut éviter les pièges de l’impatience et du découragement. Il faut saisir les raisons qui expliquent pourquoi nous continuons de croire que l’économie tous azimuts règlera nos problèmes alors que cela ne sera pas le cas. Peut-être faut-il formuler une nouvelle utopie rationnelle prenant pour toile de fond le climat afin de repenser notre situation globale et mettre le cap sur un modèle souple de coopération[12].

Nous envisagerons alors un autre temps pour lequel la technique du climat et la fabrication d’atmosphères respirables constitueront notre politique. Le temps aura alors changé, comme nos vieilles habitudes. À ce moment-là, lorsque nous regarderons le monde avec hauteur, nous verrons bien que le changement dans la culture du marché s’est opéré, que l’air du temps a changé imperceptiblement et que le discours politique est devenu climatologique.

Dominic Desroches

Département de philosophie

Collège Ahuntsic / Montréal

dominic.desroches@collegeahuntsic.qc.ca

[1] Je réponds et commente ici l’article intitulé « El clima ya no es lo que era » paru dans El País, 30/ 11/2010.  

[2] Sloterdijk, P., Schaume – Sphären III, Suhrkamp, Frankfurt am Main, 2003.

[3] Voir notre étude de la panique relative à l’élément liquide dans La gestion du risque confrontée à l’accélération – De l’inattendu au climat d’urgence et au temps panique, Orkestra, Espagne, déc. 2010 (à paraître).

[4] Je développe en terme d’ambiance générale l’intuition de Paul Virilio voulant que le monde se trouve, par les médias, dans une « communauté d’émotions ». Daniel Innerarity avait pour sa part proposé l’idée d’« espace émotionnel ». Voir El nuevo espacio público, Espasa, Madrid, 2006. Je poursuis leurs efforts ici.

[5] La formule rhétorique « une chose n’est plus ce qu’elle était » est souvent utilisée par l’auteur. Elle engage une manière d’être dans le monde : les choses les plus simples, les plus évidentes du quotidien changent, comme la politique, la société, au même titre que les remarques sur le temps qu’il fait. Ce qui semble relever du propos le plus banal engage une interprétation neuve de la société complexe, opaque et invisible dans laquelle nous vivons. Ce qui est là, dans son imperceptibilité, requiert notre attention, notre réception, car il concerne notre avenir.

[6] Sur la question du marché, voir notre entretien publié sous le titre « La place du marché et la mondialisation » sur le site de la revue Sens Public – Revue web internationale, Cosmopolitique, 2/10/10.

[7] À titre indicatif, je signale que Innerarity a consacré un chapitre fort instructif à la « grammaire des biens communs » dans son livre El nuevo espacio público, Espasa, Madrid, 2006.

[8] Sur l’usage de cette notion par Sloterdijk, voir notre petit article « L’homme comme designer d’atmosphère. Sloterdijk et la critique des milieux métaphysiques », Transverse, numéro 1, France, déc. 2010, 35-47.

[9] Sur le rapport fécond entre la météo et l’histoire des hommes, voir Lee, L., Et s’il avait fait beau ? – De l’influence de la météo sur les grands événements de l’histoire, Acropole, 2007.

[10] Sur la peur et la panique, voir les travaux de Dupuy, J.-P., Le catastrophisme éclairé, Paris, Seuil, 2002, La panique, Seuil, 2003 et Petite métaphysique des tsunamis, Seuil, 2005. Aussi, Virilio, P., L’administration de la peur, 2010 et Innerarity, D., « El miedo global », in El País, 19/09/2010.

[11] « Il se pourrait que la politique de l’environnement, concluait Daniel Innerarity, outre le fait qu’elle enrichit nos conversations quotidiennes, contribue à une rénovation de la politique, dont nous savons qu’elle est nécessaire mais qu’aucune force irrésistible ne nous oblige à la mettre en œuvre. »

[12] Sur le thème de la coopération, voir les remarques éclairantes que Daniel Innerarity propose dans le chapitre 10 de son livre El nuevo espacio público, Espasa, Madrid, 2006.

La « démocratie écologique » de Dominique Bourg n’est pas la solution

alternatives-ecologique.fr, Jean Gadrey, le 18 janvier 2011

La « démocratie écologique » de Dominique Bourg n’est pas la solution

http://www.alternatives-economiques.fr/blogs/gadrey/2011/01/18/la-%C2%AB-democratie-ecologique-%C2%BB-de-dominique-bourg-n%E2%80%99est-pas-la-solution/

Un débat existe sur la démocratie écologique (et plus généralement sur la démocratie scientifique). Il serait dommage de le caricaturer, comme c’est le cas avec certaines critiques des thèses de Dominique Bourg. Deux livres récents et importants peuvent l’éclairer. D’une part celui d’Hervé Kempf, « L’oligarchie ça suffit, vive la démocratie » (Seuil). D’autre part celui de Jacques Testart, Agnès Sinaï et Catherine Bourgain, « Labo planète, ou comment 2030 se prépare sans les citoyens » (Mille et une nuits).

Les idées de Dominique Bourg sont explicitées dans un article qu’il a publié avec Kerry Whiteside dans « La vie des idées » le 1° septembre 2009. Il est accessible via ce lien. Ceux qui y voient une « dictature écologique » (voir ce lien) exagèrent beaucoup. D. Bourg ne propose nullement d’abolir le système actuel mais de l’enrichir, il met en avant le rôle de la société civile et des ONG, le rôle de la démocratie « participative et délibérative » venant compléter la démocratie dite représentative.

J’ai toutefois un sérieux problème avec une partie de ces thèses où est affirmée une sorte d’impuissance des citoyens à prendre en charge les grands enjeux écologiques à long terme, enjeux qui ne pourraient être défendus que par l’alliance de scientifiques et d’ONG environnementales.

Cela conduit D. Bourg à préconiser de nouveaux arrangements institutionnels pour surmonter ce qu’il désigne comme une incapacité du système de la « démocratie » actuelle « à répondre au défi environnemental ». Avec la création 1) d’une « académie du futur » composée de « chercheurs internationalement reconnus » ayant pour mission de veiller à l’état de la planète, et 2) d’un nouveau Sénat. Ce dernier, « formé pour deux tiers au moins de personnalités qualifiées – proposées, par exemple, par les organisations non gouvernementales environnementales – et pour un tiers de citoyens, aurait pour rôle d’élaborer, en amont de l’Assemblée nationale, les grands mécanismes législatifs, par exemple fiscaux, permettant de répondre aux nouveaux objectifs constitutionnels. Ce Sénat pourrait, avec l’aval de conférences de citoyens, opposer son veto aux propositions de loi contraires à ces objectifs. » (Le Monde du 31 octobre 2010).

Je retiens évidemment de l’analyse de D. Bourg le fait que, dans le système de la démocratie et de l’information TEL QU’IL FONCTIONNE – très mal, comme le démontre Hervé Kempf – nombre de risques vitaux pour l’humanité, dont le réchauffement climatique, ne sont pas « ressentis » avec la même acuité et la même urgence que, par exemple, le chômage ou la pauvreté. Je constate aussi que les principales alertes écologiques proviennent de l’alliance de scientifiques (par exemple le GIEC) et d’ONG écolos.

Mais on pourrait faire le même constat de mise à l’écart des citoyens pour d’autres enjeux non écologiques au départ mais essentiels, y compris à long terme : les retraites, la construction européenne, la reprise en main de la finance, les dettes publiques, la création monétaire et les investissements du futur, etc.

L’information déversée sur les citoyens par l’alliance terrible des grands médias, de l’argent et de la publicité bloque la démocratie et conforte l’oligarchie. Elle a pour but Lire la suite

Comment les politiques publiques peuvent-elles orienter les modes de consommation à l’horizon 2030 ? – Rapport : 25 propositions pour une consommation durable

Comment les politiques publiques peuvent-elles orienter les modes de consommation à l’horizon 2030 ? – Rapport : 25 propositions pour une consommation durable

Cdurable.info, David Naulin, vendredi 28 janvier 2011

http://www.cdurable.info/Rapport-25-propositions-pour-une-consommation-durable-Centre-Analyse-Strategique,3223.html

Les études réalisées par le Crédoc montrent que nous sommes de plus en plus nombreux à avoir conscience de la nécessité de protéger notre planète et de s’engager vers le développement durable, mais, que seule une minorité d’entre nous agit en ce sens. Le paradoxe est encore plus important dans la consommation. Les « consomm’acteurs », qui privilégient au moins occasionnellement les produits issus du commerce équitable, de l’agriculture biologique ou de circuits de production régionaux, ne représenteraient environ que 20 % de la population. Face à ces constats, le gouvernement a souhaité que le Centre d’analyse stratégique (CAS) établisse le bilan des pratiques actuelles de « consommation durable », explicite les leviers d’action dont dispose la puissance publique pour modifier les pratiques en faveur d’une consommation plus durable et propose des recommandations en ce sens. Commandé par le Gouvernement, ce rapport du groupe de travail présidé par Elisabeth Laville, présente 25 recommandations pour diffuser pleinement les réflexes de consommation durable au sein de la société française.

Éduquer à la consommation (durable) dès le plus jeune âge

Encourager les initiatives pionnières de terrain dans une logique « ascendante »

Soutenir l’innovation au service de la consommation durable

Mettre en place les outils économiques nécessaires

Encourager l’État et les collectivités territoriales à adopter des politiques de consommation et de commande publique durables

Assurer un suivi pérenne de la politique nationale de consommation durable

Télécharger le rapport

Synthèse du rapport

Avant toute politique de consommation durable, il s’agit de déterminer dans quelle mesure une alternative au modèle de la « consommation-accumulation » est possible. Il ne s’agit aucunement de prôner l’émergence d’une société de la décroissance, qui ne serait compatible ni avec la prospérité de l’économie française ni avec la soutenabilité de notre endettement. Si une évolution vers une société durable doit être amorcée le plus tôt possible, elle ne doit pas être imposée brutalement. Elle devra être suffisamment attractive pour motiver les changements de comportements et se construire en collaboration avec les parties prenantes, comme le souligne le récent livre de Dominique Bourg et Kerry Whiteside, qui propose de « repenser la démocratie » pour répondre au défi écologique [1]. Une politique de consommation durable ne peut de fait se concevoir que dans la mesure où elle s’intègre dans la vision partagée d’une société qui relativise l’importance de la consommation dans nos vies, nos relations sociales, notre culture.

Nous devons faire décroître dès aujourd’hui notre impact environnemental, nos émissions de gaz à effet de serre et les prélèvements de ressources naturelles de manière sélective, dans certains secteurs. Dans le même temps, il est urgent d’explorer les opportunités de croissance liées à la consommation de produits et services durables, innovants (économie de fonctionnalité, écoconception, circuits courts…). Les fondements d’une politique spécifique de consommation durable pourraient donc être posés sous forme d’objectifs simples visant à réduire l’impact des modes de consommation français, en concertation avec les parties prenantes. Cette stratégie devra ensuite être déclinée dans des secteurs prioritaires compte tenu de leur impact (essentiellement l’alimentation, le logement dont l’électronique, le transport dont le tourisme).

L’implication de l’ensemble des acteurs, notamment des ménages dont la contrainte de revenu est la plus forte, est un aspect central et devra conduire à adopter des approches différenciées pour qu’ils ne restent pas à l’écart de cette politique.

Plusieurs facteurs devront être pris en compte pour assurer son efficacité :

  • reconnaître la consommation durable comme un sujet à part entière ;
  • considérer l’ensemble du cycle de vie des produits et services ;
  • instituer une gouvernance mêlant l’approche descendante traditionnelle (réglementation, contrôle, information, incitation, etc.) à une approche plus ascendante, volontaire, participative, à l’écoute des initiatives innovantes, en soutien des groupes sociaux pionniers et déjà convaincus, qui peuvent avoir un effet d’entraînement ;
  • faire évoluer notre modèle de consommation en s’appuyant sur des relais culturels ;
  • adapter la stratégie aux évolutions sociales et technologiques ;
  • viser la réorientation des comportements des producteurs et des consommateurs à long terme.
  • Éduquer à la consommation (durable) dès le plus jeune âge

L’éducation à la consommation devrait amener chaque citoyen, à tout âge, à intégrer le développement durable dans ses réflexes et habitudes de consommation. L’une des difficultés consistera à Lire la suite

Prochaine réunion mensuelle de Gironde en transition le mardi 1er février 2011 à 19h00 à la MNE Bordeaux-Aquitaine – L’après-pétrole a commencé… en 2006 ! C’est confirmé !

Prochaine réunion mensuelle de Gironde en transition le mardi 1er février 2011 à 19h00 à la Maison de la nature et de l’environnement Bordeaux-Aquitaine, 3 rue de Tauzia à Bordeaux, suivi d’un pique-nique partagé tiré du sac. Ouvert à toutes et à tous.

EDITO [imagine 83 – janvier & février 2011]

http://www.imagine-magazine.com/lire/spip.php?article1287

La Transition

L’après-pétrole a commencé… en 2006 ! C’est confirmé !

2006 fut l’année du pic pétrolier. Et maintenant, que fait-on ? Le mouvement de la transition a lancé un séduisant plan B : il propose une renaissance économique, culturelle et sociale, par une relocalisation de l’économie. En se passant progressivement du pétrole et, surtout, en valorisant tous les talents. Une piste à découvrir !

Le pic pétrolier a eu lieu en 2006 ! C’est l’Agence internationale de l’énergie (AIE) qui l’annonce dans le World Energy Outlook 2010, son rapport annuel publié le 9 novembre dernier [1] Le pic pétrolier, c’est ce moment où la production commence à plafonner et puis à décroître, et cela à l’échelle de la planète entière. Dans une économie mondiale fondée sur le pétrole, le temps est donc venu de se poser des questions de civilisation !

La fin du pétrole abondant et bon marché

Dans les années 40, le géophysicien Hubbert suggéra que la production d’une matière première donnée, et en particulier du pétrole, suivait une courbe en forme de cloche (voir ci-contre). L’extrapolation de la première partie de la courbe devait permettre de la dessiner complètement. Et donc de déduire les réserves de pétrole d’une région donnée, ainsi que le maximum de sa production. Pour confirmer son hypothèse, Hubbert annonça que la production de pétrole des Etats-Unis atteindrait son niveau maximal en 1970. Sa présentation fut oubliée… jusqu’en 1971, année où la production américaine atteignit effectivement son maximum, puis déclina, confirmant l’hypothèse du pic de Hubbert. Depuis lors, si la communauté internationale s’est trouvée d’accord pour dire que ce pic allait arriver pour toutes les réserves pétrolières de la planète, il restait à en déterminer la date.
Les spécialistes de l’Aspo [2] annonçaient comme imminente l’arrivée du pic pétrolier, et depuis peu, les plus clairvoyants n’hésitaient pas à affirmer que nous étions « déjà dedans ».
La confirmation est aujourd’hui apportée par le secteur lui-même : le « pic historique » a été franchi en 2006 et la production de pétrole conventionnel n’augmentera « plus jamais  », précise le rapport 2010 de l’Agence internationale de l’énergie.

Cette importante nouvelle n’a pas vraiment fait les grands titres de l’information internationale. « Il y a bien eu quelques papiers plus ou moins inquiets », relève Matthieu Auzanneau, un journaliste indépendant, sur son blog spécialisé [3]. L’AIE prévoit que « la production de pétrole brut se stabilise plus ou moins autour de 68-69 Mb/j (millions de barils par jour) à l’horizon 2020, mais ne retrouve jamais le niveau record de 70 Mb/j qu’elle a atteint en 2006 », relève pour sa part Hervé Kempf, dans un petit article du journal Le Monde marquant l’événement [4].

Pas de panique toutefois : on ne verra pas les stations-service à sec dès demain. Les prix, par contre, risquent bien de monter progressivement. La surconsommation de biens en tous genres, dont beaucoup fabriqués à partir ou consommant des produits pétroliers (avions, autos, plastiques, agriculture intensive, chimie…), continuant à être présentée comme « le » moyen d’accéder au bonheur, chacun revendique – bien légitimement – sa part d’or noir. Il ne faut donc pas s’attendre à ce que demain, par on ne sait quel coup de baguette magique, nos économies dépendantes puissent se passer de pétrole bon marché.

Le début d’un pétrole encore plus polluant ?

Le déclin rapide de la production de pétrole bon marché risque de ne pas être une sinécure pour les populations, si on ne s’y prépare pas dès aujourd’hui. Les plus pauvres seront les premiers à souffrir de la pénurie. Et les risques de conflits, notamment pour les ressources, sont évidents. Il semble que, pour les politiques, soumis aux échéances électorales tous les quatre ou cinq ans, le pic pétrolier soit une question à trop long terme pour être véritablement prise en considération. Se saisir de cette question à bras-le-corps serait en effet choisir de ramer à contre-courant des grandes industries du secteur (pétrole, gaz, automobile…), qui disposent de la puissance de la propagande publicitaire, et qui font tout pour nier l’évidence, dans le but de prolonger autant que possible le business as usual. Car, malgré l’arrivée du pic, le secteur pétrolier prévoit – ce qui est un comble – une augmentation de la production de pétrole et de gaz d’ici 2035 ! Pour y arriver, les pétroliers comptent sur l’exploitation des ressources non conventionnelles, comme les sables bitumineux du Canada, et sur une augmentation de la production de gaz liquide, notamment pour les transports. Mais le secteur table surtout sur l’exploitation de nouveaux gisements situés dans les zones maritimes à grandes profondeurs, ainsi que dans l’océan Arctique (voir le graphique ci-dessous dans l’article d’origine).

L’important à noter dans ce graphique est bien sûr le Lire la suite

La permaculture au sein de l’agriculture urbaine : Du jardin au projet de société

vertigo.revues.org, volume 10, numéro 2, Emmanuel Pezrès, septembre 2010

http://vertigo.revues.org/9941

Volume 10 numéro 2 | septembre 2010

Dossier : L’agriculture urbaine : un outil multidimensionnel pour le développement des villes et des communautés

La permaculture au sein de l’agriculture urbaine : Du jardin au projet de société

La permaculture est souvent considérée comme un procédé « alternatif » de production alimentaire écologique en ville ou à la campagne. Cependant, et bien que la définition et les principes de la permaculture soient en constante évolution, il apparaît que la permaculture n’est pas simplement une autre façon de jardiner, mais une autre façon de concevoir le monde. Considérant la place de la permaculture dans le processus de l’agriculture urbaine, nous remarquons que la conception permaculturelle est, bien entendu, différent de l’agriculture conventionnelle, mais nous observons également que le projet permaculturel est fondamentalement différente de l’urbanisme. De là, face à la crise écologique mondiale croissante, nous interrogeons la permaculture comme une possibilité de re-conception de la structure urbaine existante. Enfin, nous nous questionnons sur les bases épistémologiques de la permaculture en vue de susciter un changement philosophique et matériel global.

Plan

La permaculture : une définition en mouvement.

Permaculture versus urbanisme.

La permaculture et la culture de la ville.

Le travail permaculturel de l’urbain

Cultiver un paradigme alternatif.

1. Stimulée par une recherche contemporaine de relations environnementales et collectives plus harmonieuses, l’ambition d’une agriculture intégrée à des cycles écologiques durables rencontre un souhait citoyen de réinvestir la ville. Les expériences présentes de permaculture et leurs développements dans le mouvement des villes en transition tendent vers ces objectifs. Cet article, prolongeant les potentialités d’aménagement de l’agriculture urbaine au travers de la permaculture se propose de décrire les possibilités de mise en œuvre de production de « cultures alternatives » dans leurs sens le plus large. Pour cela, nous essayerons d’abord de définir la permaculture à partir d’elle-même. Puis, nous chercherons sa spécificité dans ses contrastes avec les disciplines qui travaillent l’agriculture urbaine : l’agriculture et l’urbanisme. Ensuite, nous envisagerons la permaculture, non plus comme seule méthode d’agriculture dans la ville, mais comme une méthode de conception de l’urbain. Enfin, la dernière partie exposera la possibilité de création d’une autre façon de vivre la ville et la mise en place d’une nouvelle urbanité qui pourrait être aussi un nouveau paradigme civilisationnel.

La permaculture : une définition en mouvement.

2. Afin d’éviter que la permaculture ne soit réduite à une simple modalité de l’agriculture urbaine, il nous faut d’abord essayer de définir ce qu’elle est et quel est son objet. Toutefois, fixer le concept de permaculture n’est pas forcément possible car sa définition est mouvante, elle varie selon les auteurs et évolue avec le temps. Du mot, on peut dire qu’il a été formé dans les années soixante-dix, par Mollison et Holmgren à partir de deux termes anglais : « permanent » et « agriculture ». Les créateurs du concept définissent en premier lieu la permaculture comme « (…) un système évolutif intégré, d’auto-perpétuation d’espèces végétales et animales utiles à l’homme. C’est, dans son essence, un écosystème agricole complet, façonné sur des exemples existants, mais plus simples » (1986 :15). Cependant au lieu de rester classiquement dans le domaine agricole comme pourrait le faire l’agriculture biologique, le premier et unique livre en commun des deux co-inventeurs du terme permaculture, lui donne tout de suite un champ d’action plus large : « Nous n’avons pas voulu établir un schéma fixe et dogmatique mais un modèle qui intègre plusieurs principes appartenant à de nombreuses disciplines l’écologie, la conservation de l’énergie, l’aménagement du paysage, la rénovation urbaine, l’architecture, l’agriculture (sous tous ses aspects) et les théories de localisation en géographie. » (1986 :16). De même, bien que l’élaboration du concept de permaculture et son étude, soit d’abord destinés à une population ayant Lire la suite

Jean Zin : L’optimisme de la raison

jeanzin.fr, Jean Zin, le  novembre

http://jeanzin.fr/index.php?post/2010/11/15/L-optimisme-de-la-raison

L’optimisme de la raison

Quelque critiques que puissent être la situation et les circonstances où vous vous trouvez, ne désespérez de rien; c’est dans les occasions où tout est à craindre, qu’il ne faut rien craindre; c’est lorsqu’on est environné de tous les dangers, qu’il n’en faut redouter aucun; c’est lorsqu’on est sans aucune ressource, qu’il faut compter sur toutes; c’est lorsqu’on est surpris, qu’il faut surprendre l’ennemi lui-même. (Sun-Tse, L’Art de la Guerre)

On peut prendre pour une provocation de parler d’optimisme de la raison au moment de la montée de tous les périls, pourtant c’est justement dans ces moments qu’il ne faut pas céder à la panique mais préparer les « lendemains qui chantent », car les beaux jours reviendront même si beaucoup en doutent. On peut dire qu’on en voit déjà les premières lueurs, un peu comme les premiers résistants annonçaient la libération au coeur de la nuit nazie.

Aujourd’hui, la situation est loin d’être aussi dramatique, bien qu’on n’ait rien vu encore, la succession des interventions pour repousser une crise systémique de plus en plus insoluble ayant épuisé tous les moyens des Etats (taux d’intérêts minimum, déficits maximum) jusqu’à se fragiliser eux-mêmes et se retourner contre leurs citoyens pendant que s’amorce une guerre des monnaies. Cependant, l’expérience de la crise de 1929 nous donne un coup d’avance, peut-on dire, la répétition du krach de la dette ayant déjà provoqué un retournement idéologique très sensible. Certes, ce qui domine pour l’instant, c’est plutôt la désorientation et une confusion des esprits qui peut mener à toutes sortes de dérives autoritaires et xénophobes, mais qui met tout de même un terme à une lente descente aux enfers, période de désocialisation et d’individualisme exacerbé où le dogmatisme néolibéral nous a fait entrer dans une des périodes les plus noires pour l’intelligence. Le remake des années folles avec les années fric avait de quoi nous dégoûter d’un monde qui bafouait tous nos idéaux et inversait toutes les valeurs mais quand le désespoir se transforme en colère et qu’il faut passer à l’action, il n’est plus temps de se complaire aux éructations de quelques vieilles badernes atrabilaires qui nous prédisent inlassablement la fin du monde, alors que ce n’est que la fin du vieux monde à laquelle nous assistons et qui ne mérite pas tant de nostalgies.

On peut, tout au contraire, espérer à nouveau et discerner les immenses potentialités de l’époque, époque révolutionnaire comme il n’y en a jamais eu dans l’histoire à cette rapidité et cette ampleur, avec une conjonction inédite des crises (économique, écologique, géopolitique, technologique, anthropologique, idéologique) où tout est bouleversé de fond en comble en quelques dizaines d’années seulement, au point qu’on peut légitimement avoir l’impression que le sol se dérobe sous nos pieds, des idéologies dépassés ne permettant pas de comprendre quoi que ce soit à ce qui se passe. Il y a un nouveau langage à inventer. C’est dans ces périodes pourtant qu’il est peut-être le plus exaltant de vivre, c’est là que s’ouvrent des possibles et que notre action peut être décisive pour orienter l’avenir et peser sur les choix futurs. C’est dans ces commencements qu’il est le plus important de savoir déceler la richesse des possibles, en évitant de s’égarer sur des voies utopiques sans issue pour saisir plutôt les véritables opportunités qui s’offrent à nous. Il s’agit de construire une stratégie politique pour une sortie de crise qui ne sauve pas seulement les meubles mais qui soit la conquête de droits nouveaux et d’une société pacifiée, d’une économie plus soutenable au service du développement humain, prenant en compte les conditions de sa reproduction. Vraiment de quoi retrouver une bonne dose d’optimisme pour notre avenir et les jeunes générations.

Il faut raison garder. L’optimisme de la raison ne signifie en aucun cas qu’on pourrait prendre ses désirs pour la réalité. Cela ne signifie ni que la technologie pourrait tout résoudre, ni qu’on pourrait espérer la fin du capitalisme et le triomphe du communisme. Il faut se persuader au contraire que notre chance, c’est de venir après tous ces égarements. Après l’échec patent du communisme comme du capitalisme. Aucun regret. Il ne peut être question de retomber dans les mêmes erreurs de l’homo economicus comme de l’homo sovieticus, et si l’on peut espérer quelque chose, c’est plutôt Lire la suite

La multiplication des désordres climatiques coûtera très cher aux assureurs

lemonde.fr, Pascale Santi, le 12 décembre 2010

http://abonnes.lemonde.fr/planete/article/2000/12/12/la-multiplication-des-desordres-climatiques-coutera-tres-cher-aux-assureurs_126801_3244.html#ens_id=1459414

La multiplication des désordres climatiques coûtera très cher aux assureurs

Lothar et Martin, les noms des deux tempêtes qui ont balayé l’Europe les 26 et 27 décembre 1999, touchant particulièrement la France, resteront dans la mémoire des victimes… et de leurs assureurs. Ils n’avaient pas vu une telle catastrophe depuis plus d’un siècle. Ces tempêtes ont joué le rôle d’un électrochoc. Elles ont fait prendre conscience des conséquences pour la profession de l’assurance des bouleversements climatiques en cours sur la planète. Inondations, coulées de boues, cyclones… se sont multipliés l’an dernier. Le climat de la planète change et augure de vastes bouleversements pour le prochain millénaire.

C’est « une révolution en marche, une nouvelle problématique », selon les termes des assureurs et réassureurs. « Nous sommes entrés dans une période de variations considérables du climat« , a affirmé Alexis Ruset, PDG de Sorema (filiale de réassurance de Groupama), et président de l’association des réassureurs français, aux Entretiens de l’assurance, organisés par la Fédération française des sociétés d’assurances (FFSA), lundi 11 décembre.

Ces désordres climatiques vont coûter très cher aux assureurs et aux réassureurs qui partagent le risque. Particulièrement pessimiste, l’allemand Munich Ré, le premier réassureur mondial, affirmait dans la revue Environnement et finance de septembre que, si la tendance actuelle des catastrophes se poursuit sur le même rythme jusqu’en 2065, « l’ensemble des acteurs de l’assurance va droit à la faillite ». De nombreuses compagnies se retrouveraient en faillite du jour au lendemain si elles devaient faire face à une tempête dont les dégâts assurés se monteraient à 100 milliards de dollars.

La FFSA a de son côté effectué des simulations, qui n’ont pas été rendues publiques, se fondant à chaque fois sur deux scénarios climatiques. Les conclusions ne sont guère réjouissantes. S’agissant des tempêtes, le surcoût global pour les cinquante années à venir varierait de 10 milliards de francs (hypothèse la plus optimiste) à 50 milliards de francs (hypothèse la plus pessimiste) pour l’ensemble des dommages aux biens. Pour les inondations, ce n’est guère mieux : le surcoût se situerait cette fois entre 35 et 47 milliards pour l’ensemble du marché dommages aux biens, selon le scénario. Ces deux seuls désordres climatiques pourraient coûter en plus 27,5 à 97 milliards de francs aux assureurs… et donc à leurs clients dans les cinquante ans à venir.

DES TARIFS INADAPTÉS

Selon ces schémas, les tarifs actuels en matière de dommages pour les entreprises et les particuliers ne sont pas du tout adaptés, plaide la profession. Les réassureurs ont déjà augmenté leurs tarifs de 30 % à 50 % et considèrent que cela reste totalement insuffisant. Mais la concurrence très vive entre les compagnies ne leur permet pas d’augmenter aussi brutalement leurs tarifs. Pour contourner la difficulté, les réassureurs mettent au point de nouveaux produits spécialement conçus pour se prémunir contre les conséquences des variations du climat.

Les assureurs sont aujourd’hui convaincus que les catastrophes liées aux modifications climatiques vont se multiplier dans les prochaines années. Si de nombreuses incertitudes scientifiques demeurent, les études sur l’évolution du climat sont plutôt Lire la suite

Hervé Kempf : Transition optimiste – Du pic pétrolier à la résilience

Transition optimiste

lemonde.fr, Hervé Kempf, le 28 décembre 2010

http://abonnes.lemonde.fr/idees/article/2010/12/28/transition-optimiste_1458454_3232.html

A suivre le courant des affaires du monde, on pourrait croire que, finalement, tout ne va pas si mal. Oui, c’est la crise, il y a des guerres, des chômeurs, des tensions – mais cela a toujours eu lieu, non ? Et tout pourrait continuer de ce pas, grosso modo. Le discours des écologistes est radicalement différent. Ils affirment que, derrière le déroulement usuel des événements, s’approfondissent les fissures qui, transformées en fractures, peuvent mener à la débâcle de la civilisation. Qu’avec le pic pétrolier, notre société fondée sur l’abondance énergétique va rapidement découvrir la restriction, tandis que le changement climatique, par la transformation rapide de la biosphère qu’il prépare, va déstabiliser le système économique.

On comprend que ce catastrophisme assumé soit refoulé par l’idéologie dominante, puisqu’il en dresse le constat d’échec. Mais une autre raison du refoulement est qu’une prévision présentée sous le mode de la fatalité est paralysante. Les écologistes ne parviennent pas encore à proposer une vision positive. Certes, on observe énormément de propositions, d’initiatives et de démarches préparant une façon de vivre collectivement qui permettrait d’éviter la catastrophe – ou de s’y adapter. Mais elles sont disséminées, parcellaires, et donc presque invisibles. Il faut une vision commune et, sans doute, une méthode.

C’est à ce manque que pallie en partie le Manuel de transition, écrit par Rob Hopkins (coédition Silence et Ecosociété, 216 p., 20 €), et qui suscite un intérêt justifié dans le landerneau écologiste. Hopkins a lancé, en 2006, à Totnes, en Angleterre, le réseau des « villes en transition ». Il s’agit de s’organiser en communauté pour mettre en oeuvre la transition vers une économie sobre. La transition comporte un « plan de descente énergétique », la baisse de la consommation d’énergie étant la priorité pour s’adapter aux conditions nouvelles. Le moyen, outre la sobriété matérielle, en est de relocaliser au maximum les activités : il ne s’agit pas d’être totalement autonome, mais de limiter la dépendance aux importations lointaines.

Plusieurs idées rendent attractive la démarche de la transition. Elle ne rejette pas la crise écologique vers les générations futures, mais affirme qu’elle est déjà là, et qu’on n’échappera pas à plusieurs de ses conséquences, même s’il est vital de la limiter. Catastrophiste dans l’analyse, elle est positive dans l’action, force de proposition et de réalisation. Elle ne s’en remet pas à l’individu isolé et impuissant ni à l’Etat lointain et souvent démuni, mais à la communauté agissant collectivement, sur son terrain. Elle est… Lire la suite

Cancún, un accord à tout prix

bastamag.net, Sophie Chapelle, le 17 décembre 2010

http://www.bastamag.net/article1354.html

Cancún, un accord à tout prix

Ils n’attendaient rien de Cancún ou si peu. L’enjeu pour les participants était de sauver un processus de négociations plombé un an plus tôt à Copenhague. Dès lors, tout valait mieux que l’absence d’accord. C’est donc dans une ambiance survoltée, ou plutôt théâtrale, que 193 pays – à l’exception de la Bolivie – se sont mis d’accord dans les dernières heures sur un texte qui ne fait qu’entériner Copenhague. Déroulé en cinq actes.

Chez tous les négociateurs la crainte était forte de partir de Cancún sans accord. Le fiasco de la conférence de Copenhague en décembre 2009 résonnait encore dans toutes les têtes. Paul Watkinson, chef de la délégation française dans les négociations climatiques, témoigne qu’« après Copenhague, le risque était très élevé de s’enfermer dans Cancún avec un deuxième échec ». Mais les séances plénières qui se déroulent dans la dernière nuit des négociations, du 10 au 11 décembre, vont donner le ton : tout vaut mieux que l’absence d’accord.

Alors que l’ensemble des participants ont dans leurs mains les dernières versions des textes (à lire en anglais ici et ici), ils accueillent sous une salve d’applaudissements Patricia Espinosa, la présidente de la Conférence. Il faut voir là, selon Pierre Radanne, président de l’association 4D, « la reconnaissance de la méthode mexicaine par l’engagement à écouter jusqu’au bout le point de vue de chacun et à gérer l’information et les négociations dans la transparence la plus grande ».

À ce moment-là pour l’assemblée présente, le processus de cette conférence est déjà une première victoire. « Le rôle des Nations unies et le multilatéralisme sortent renforcés de Cancún », se réjouit ainsi Paul Watkinson. Dans ces conditions, les critiques à cette heure avancée de la nuit sont malvenues dans l’enceinte onusienne. Et lorsque la Bolivie intervient en premier par la voix de Pablo Solon pour exprimer ses craintes sur l’accord en voie d’être conclu, c’est un silence glacial qui ponctue son discours.

Acte 1, une unité de façade

Critiquant l’objectif trop faible d’une augmentation des températures limitée à 2°C, l’absence d’engagement contraignant des pays industrialisés en termes de réduction d’émissions, l’inconnue sur les sources de financement du fonds d’adaptation au changement climatique, la Bolivie conclut par son rejet du document. Au sein du Moon Palace, l’hôtel de luxe qui accueille la conférence, l’isolement de la Bolivie va atteindre des sommets. Dans la foulée de son intervention, tous les pays, du Nord au Sud, expriment leur soutien aux deux textes. « Paquet équilibré », « engagements », « pragmatisme », reviennent tour à tour dans les discours du Lesotho, du Kenya, du Pérou, de la Suisse, de l’Union européenne, du Sénégal, des Maldives… Emblématique : les discours des États-Unis et de l’Arabie Saoudite, ambassadeurs en chef du tout pétrole, sont noyés sous les applaudissements. Même le Japon, qui avait douché les espoirs en annonçant son refus de s’engager dans une seconde période du Protocole de Kyoto, est Lire la suite

Hervé Kempf et l’écologie bisounours : Cancon, pas Cancun

http://abonnes.lemonde.fr/idees/article/2010/11/30/cancon-pas-cancun_1446886_3232.html

lemonde.fr, Hervé Kempf, le 30 novembre 2010

Cancon, pas Cancun

Les cancan bobo sur Cancun ont tout du concon : les commentaires entourant l’ouverture de la conférence sur le climat dans la station balnéaire mexicaine ont dénoncé la stagnation des négociations et rappelé les Etats à leur devoir. Faut-il voir là l’expression d’une écologie Bisounours toujours en pleine forme ?

La diplomatie n’est jamais autonome : elle forme l’écho des forces sous-jacentes qui meuvent l’histoire. Celles-ci franchissent parfois des points de rupture. Eclate alors en pleine lumière le nouvel ordonnancement des puissances. Les traités sont, parmi d’autres événements, ces jours de lumière.

Dans le cas du climat, le système de forces est double. D’une part, un jeu géostratégique classique de puissances – Chine, Etats-Unis, Europe, Russie, Inde, etc. – illustrant une tension Nord-Sud. D’autre part, du fait de l’originalité historique de la crise écologique, un jeu planétaire, se déclinant dans chaque société, d’opposition entre deux modes de développement économique et de répartition des richesses.

La négociation climatique est engluée dans la tension géostratégique du bipôle Etats-Unis et Chine, l’Europe ayant abandonné son ambition en ne séparant pas son destin de celui des Etats-Unis. Il reste l’autre opposition, toujours tue par l’écologie Bisounours : celle confrontant une croissance économique assise sur une inégalité sociale, à une économie écologique dont la sobriété suppose la justice sociale. Cela constitue l’autre blocage de la négociation : presque tous les Etats importants sont engagés dans un modèle de croissance matérielle – rebaptisée « verte » – visant à conserver l’ordre social inégal. Et le développement écologique et juste est en fait défendu par ce qu’on appelle la « société civile ». Son expression est bornée par l’oligarchie et par les médias qu’elle contrôle. Mais c’est en fait de la force, de l’énergie, et de la capacité de persuasion de ces forces populaires que dépend l’évolution des choses.

La conférence de Copenhague a été un tournant, parce que, pour la première fois, dans l’arène du climat y a émergé la société civile, sous le slogan de « justice climatique ». Si un traité sur le climat est nécessaire, il ne pourra s’écrire que sous la pression populaire. C’est pourquoi, plutôt qu’à Cancun, où les diplomates ne feront que sauver les apparences, c’est dans les mouvements de protestation et de proposition qu’il faut chercher l’énergie de l’avenir. En France, c’est à Lire la suite

Le sommet de Cancun sur le climat s’ouvre sans grand espoir

lemonde.fr, NC, le 29 novembre 2010

http://www.lemonde.fr/planete/article/2010/11/29/le-sommet-de-cancun-sur-le-climat-s-annonce-laborieux_1445512_3244.html

Le sommet de Cancun sur le climat s’ouvre sans grand espoir

Plus de 190 pays se retrouvent lundi au Mexique pour tenter de redynamiser la lutte contre le changement climatique.

L’ONU cherche à donner un nouveau souffle aux négociations sur le changement climatique. A partir du lundi 29 novembre, jusqu’au vendredi 10 décembre, 194 pays se retrouvent à Cancun, au Mexique, pour la 16e Conférence des parties de la convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC).

Ils vont ainsi tenter de parvenir à un accord visant à limiter les émissions de gaz à effet de serre et tourner enfin la page de Copenhague, après l’échec de décembre 2009.

Quel est l’objectif du sommet de Cancun ?

L’enjeu de cette 16e conférence, surnommée COP16, est le même que celui de la 15e qui s’était tenue à Copenhague : fixer les règles de l’après-Kyoto. Car le protocole à la convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques, adopté à Kyoto le 11 décembre 1997, fixait des engagements chiffrés de réduction des émissions de gaz à effet de serre, et principalement de CO2, par rapport au niveau de 1990, pour la période 2008-2012.

Entré en vigueur en 2005 et ratifié par 183 pays, le traité arrive à échéance le 31 décembre 2012. A Cancun, les délégations doivent plancher sur les bases d’un nouvel accord, pour s’engager à des objectifs pour la période 2013-2020.

Qui va participer aux négociations ?

Les délégations des 194 pays membres de la CCNUCC ont rejoint la station balnéaire mexicaine pour participer aux négociations qui se tiennent au centre des congrès et au Moon Palace, un complexe hôtelier en bord de mer. Mais cette fois, ce ne sont plus les chefs d’Etat et de gouvernement qui conduisent ces délégations, comme pour Copenhague, mais les ministres de l’environnement.

Selon les associations écologistes, cette nouvelle organisation pourrait alléger la pression sur le sommet et faciliter les débats. Les négociations seront orchestrées par la Costaricaine Christiana Figueres, nouvelle secrétaire exécutive de la CCNUCC, qui succède au Néerlandais Yvo de Boer. La délégation européenne sera menée par Joke Schauvliege, la ministre  de l’environnement flamande, tandis que Brice Lalonde se chargera des négociations pour la France.

Quel avait été le bilan de Copenhague ?

Le 18 décembre 2009, après douze jours de négociations, la COP15 s’était soldée par un bilan des plus décevants : un accord non contraignant, signé par seulement 140 pays et obtenu par des négociations de couloirs entre une vingtaine de chefs d’Etat, au premier rang desquels les Etats-Unis et la Chine. Son contenu est par ailleurs loin d’être à la hauteur des attentes que la conférence avait soulevées : s’il réitère la nécessité de limiter le réchauffement planétaire à 2°C par rapport à l’ère pré-industrielle, le texte ne comporte aucun engagement chiffré de réduction des émissions de gaz à effet de serre, se contentant de prôner la « coopération » pour limiter les émissions « aussi tôt que possible ».

En France, comme partout ailleurs dans le monde, associations et partis écologistes avaient dénoncé cet Lire la suite

Jean Gadrey : « La poursuite de la croissance n’assure plus le bien-être »

lavoixeco.com, Yannick Bouchet, le 26 novembre 2010

Jean Gadrey : « La poursuite de la croissance n’assure plus le bien-être »

http://www.lavoixeco.com/actualite/Dossiers/A_la_loupe/Les_marches_financiers_en_crise/2010/11/26/article_jean-gadrey-la-poursuite-de-la-croissan.shtml

«La fin de la croissance quantitative me paraît nécessaire pour éviter les catastrophes écologiques et sociales.»

L’économiste lillois de la post-croissance signe un petit ouvrage remarqué en France sur la recherche d’un mode de développement alternatif au modèle dominant, qui créerait davantage d’emplois sans épuiser les ressources naturelles et en certifiant l’équité sociale.

Il pense qu’un monde meilleur est possible et il prétend en faire la démonstration dans son dernier ouvrage. Jean Gadrey est professeur émérite à l’université de Lille I, membre du conseil scientifique d’ATTAC, publie dans Alternatives économiques (1) ou Politis et participa activement à la commission Stiglitz sur la mesure de la croissance, rapport remis au chef de l’État en 2008.

–          Peut-on résumer votre pensée en affirmant que la croissance n’est pas la solution, mais un problème ?

–          « De plus en plus d’économistes en font la démonstration. Dans les débats, on nous pose la question : « A-t-on encore vraiment besoin de croissance ? » Dans les pays riches, la poursuite de la croissance n’améliore plus le bien-être. La production quantitative de richesses matérielles aggrave de surcroît la crise écologique en épuisant les ressources naturelles.

On pense aujourd’hui que la croissance fait l’emploi, assure les retraites et la protection sociale mais c’est de moins en moins vrai. Même pour la crise écologique, on parle de croissance… mais verte ! Je pense au contraire que la croissance est devenue un facteur de crise, une menace pour la planète et un obstacle au progrès. Attention, je ne suis pas pour la décroissance, mais pour une autre croissance, éco-compatible et plus solidaire. »

–          Une autre croissance est-elle vraiment possible ?

–          « Bien sûr. C’est parce que nous ne savons pas l’imaginer collectivement que nous renonçons à la concevoir. Par exemple, une agriculture moins intensive, moins productiviste permettrait de créer entre 30 et 40 % d’emplois supplémentaires.

La Confédération européenne des syndicats explique qu’une réduction de 30 % des gaz à effets de serre en 2020 dans le seul secteur des transports correspondrait à 4,5 millions d’emplois en moins dans la construction automobile mais à 8 millions d’emplois en plus dans le secteur des transports en commun. En réalité, une baisse de productivité peut Lire la suite

Action anti-LGV: pour Bizi!, l’heure est à la  »désobéissance civile »

http://www.eitb.com/infos/environnement-et-science/detail/552642/action-anti-lgv-bizi-lheure-est-desobeissance-civile/

eitb.com, rédaction, le 27novembre 2010

Action anti-LGV: pour Bizi!, l’heure est à la  »désobéissance civile »

Affirmant « Nous n’avons pas de planète B » et évoquant l’urgence climatique, Bizi a dénoncé samedi à Bayonne l’impact écologique de la LGV et plaidé pour la modernisation des voies existantes.

Trois activistes du mouvement altermondialiste basque Bizi ont déployé sur la façade de la mairie de Bayonne une immense banderole appelant à la désobéissance civile contre le projet de LGV.

Après avoir descendu en rappel le long de la façade, ils ont rejoint quinze autres militants en bas qui actionnaient une sirène et distribuaient des tracts dans le marché de Noël, critiquant notamment le député-maire UMP de Bayonne, M. Jean Grenet, pour son soutien à la LGV.

Affirmant que « nous n’avons pas de planète B » et évoquant l’urgence climatique, le mouvement altermondialiste basque a voulu ainsi dénoncer l’impact écologique de la LGV et plaider pour la modernisation des voies existantes.

« L’heure est aujourd’hui à la désobéissance civile et il va falloir s’opposer concrètement aux sondages de terrain prévus sur le parcours de la LGV, » a estimé Mattin Ihidope, porte-parole des manifestants de Bizi. « L’heure est également à Lire la suite

Transition écologique – Ces villes qui tentent de se libérer du pétrole

bastamag.net, Sophie Chapelle, Chris Jordan, le 25 novembre 2010

http://www.bastamag.net/article1145.html

Transition écologique – Ces villes qui tentent de se libérer du pétrole

Tout le monde n’attend pas que gouvernements et chefs d’État s’entendent sur un hypothétique accord pour sauver le climat. Loin de Cancún, où se tiendra le prochain sommet sur le réchauffement climatique, des réseaux associatifs et des municipalités se lancent dans d’ambitieux programmes pour libérer leurs villes de la dépendance pétrolière. Comment font ces « villes en transition » ? Exemple à Boulder, près de Denver, aux États-Unis.

Aux pieds des montagnes Rocheuses, dans le Colorado, la ville de Boulder, tente l’impossible : se libérer du pétrole au pays des road movies, des drive in, de l’essence peu chère… et des plus grosses émissions de gaz à effet de serre par habitant au monde. L’objectif, pour les 300.000 résidents de ce bastion démocrate, est de passer d’une consommation annuelle de neuf barils de pétrole par personne, à un seul.

L’une des chevilles ouvrières de cette révolution locale s’appelle Michael Brownlee. Ancien journaliste, il a été chercher l’inspiration en Grande-Bretagne, là où est né un étrange mouvement, celui des « villes en transition ». Le concept est lancé en 2006 par un enseignant en permaculture, Rob Hopkins. Celui-ci demande à ses étudiants d’identifier les dépendances au pétrole de la ville de Kinsale, dans le Sud de l’Irlande. Dans la foulée, les chercheurs élaborent un scénario de descente énergétique ambitieux, mais réaliste, d’ici 2030. C’est de cette expérience qu’émerge le concept de « transition ». Le défi est majeur : éviter aux populations les dramatiques conséquences d’un pic pétrolier trop brutal (l’épuisement progressif des ressources pétrolières) et contribuer concrètement à la lutte contre les dérèglements climatiques, sans attendre d’hypothétiques accords internationaux. Le Manuel de Transition : De la dépendance au pétrole à la résilience locale de Rob Hopkins vient d’ailleurs d’être traduit en français (aux éditions Ecosociété avec la revue Silence).

Transition écologique rime avec processus démocratique

À son retour, Michael Brownlee lance le Transition Boulder County pour transformer cette agglomération moyenne en ville « décarbonée ». « Nous avions besoin de modèles à suivre. Le mouvement de la transition nous en fournit un », explique-t-il. Le terrain est favorable. La ville de Boulder et son comté sont déjà en pointe en matière environnementale. Dès 2002, la ville adopte la résolution dite « de Kyoto » pour réduire ses émissions de gaz à effet de serre [1] puis adopte dans la foulée un plan action climat avec un budget annuel avoisinant un million de dollars. Chaque grande mesure est soumise par référendum à la population. Un premier amendement impose ainsi que 10% de l’énergie consommée provienne Lire la suite

France Nature Environnement – Réchauffement climatique : les français, eux, sont convaincus

France Nature Environnement, le 22 novembre 2010, communiqué de presse

Réchauffement climatique : les français, eux, sont convaincus

Le climat est en train de changer et les rejets anthropiques de gaz à effet de serre ont contribué à ce réchauffement. C’est ce dont sont convaincus près de 75% des français et que révèle une enquête exclusive de l’IFOP publiée dans le Monde du 18 novembre. Analyse de France Nature Environnement.

Les français ne sont pas climato-sceptiques

N’en déplaise aux climato-sceptiques récemment « taclés » par l’Académie des Sciences en octobre dernier, c’est pourtant l’opinion de la majorité des français : l’augmentation de la température observée depuis le début du 20è siècle est largement due à l’activité humaine (transport, industrie, agriculture …). En plus d’être persuadés de l’existence et des causes de ce réchauffement global, les français placent le réchauffement climatique en tête des menaces environnementales.

Les convictions des français doivent assoir une stratégie solidaire de lutte

Fort de ce soutien populaire, l’Etat français doit porter une position ambitieuse à Cancún*. Il s’agit d’obtenir des objectifs contraignants de réduction des émissions mondiales de gaz à effet de serre à un niveau suffisant pour tenter de ne pas dépasser +2°C, augmentation au-delà de laquelle nous ne saurions plus nous protéger contre les dérèglements. Les règles de la solidarité internationale pour parvenir à financer l’adaptation et la lutte contre le changement climatique constituent l’autre enjeu de ce nouveau rendez-vous. Comment les pays du Nord vont-ils aider ceux du sud ?

Des négociations internationales en mal de concrétisation

Pour Adeline Mathien, chargée de mission Climat Territoires à FNE : « Nous sommes pour l’instant mal engagés et depuis les négociations de Copenhague en 2009, peu de choses ont réellement bougé. Mal engagés aujourd’hui, au point que la prolongation du protocole de Kyoto qui arrivera à échéance en 2012 pourrait Lire la suite

Rapport d’évaluation du Grenelle de l’environnement

Ministère de l’écologie, de l’énergie, du développement durable et de la mer, novembre 2010

http://www.ladocumentationfrancaise.fr/rapports-publics/104000587/index.shtml?xtor=EPR-526

Rapport d’évaluation du Grenelle de l’environnement

FRANCE. Ministère de l’écologie, de l’énergie, du développement durable et de la mer

Ce rapport élaboré par le comité d’évaluation du Grenelle Environnement et par le cabinet Ernst and Young fait le point, thématique par thématique, sur les actions engagées ces trois dernières années en matière de gouvernance, d’énergie et de climat, de politique des déchets, de gestion des risques, de traitements des déchets, de transport, d’urbanisme…

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(3090  Ko, PDF)

222 pages

Sommaire

Préambule

Synthèse de l’évaluation

1. Bâtiment et urbanisme

2. Transport et mobilité

3. Énergie

4. Biodiversité

5. Agriculture et milieux aquatiques

6. Risques, santé, environnement

7. Déchets

8. Gouvernance Lire la suite

La nouvelle donne du ministère de l’écologie

novethic.fr, Véronique Smée, le 15 octobre 2010

http://www.novethic.fr/novethic/planete/institution/etats/la_nouvelle_donne_ministere_ecologie/131839.jsp?utm_source=newsletter&utm_medium=Email&utm_content=novethicInfo&newsletter=ok

La nouvelle donne du ministère de l’écologie

Nathalie Kosciusko-Morizet est nommée ministre de l’Écologie, du Développement durable, des Transports et du Logement dans le nouveau gouvernement annoncé dimanche 14 novembre. Elle devient numéro quatre du gouvernement mais n’est pas ministre d’État, contrairement à Jean-Louis Borloo, qui quitte le gouvernement.

François Fillon a nommé Nathalie Kosciusko-Morizet ministre de l’Écologie. Elle était auparavant secrétaire d’État chargée de la Prospective et du Développement de l’économie numérique. Agée de 37 ans, elle a occupé la fonction de secrétaire d’Etat à l’écologie de juin 2007 à janvier 2009, date du dernier remaniement. Beaucoup avaient évoqué à l’époque sa nomination à l’économie numérique comme une « punition » , après ses prises de position et ses critiques contre les lobbies lors du vote de la loi sur les OGM, dont elle s’était finalement excusée sous la pression du Premier ministre, François Fillon.

Député de l’Essonne avant son entrée au gouvernement, elle a également été rapporteur de la Charte de l’environnement à l’Assemblée nationale et a participé au processus du Grenelle de l’environnement.

Si NKM conserve deux secrétaires d’Etat qui lui sont rattachés -Benoist Apparu, qui demeure secrétaire d’État au Logement, mais plus à l’Urbanisme; et Thierry Mariani, député UMP du Vaucluse qui devient secrétaire d’Etat aux Transports à la suite de Dominique Bussereau-, elle perd en revanche Valérie Létard, en charge des technologies vertes auprès du ministère, qui quitte le gouvernement. Enfin, l’ex-secrétaire d’Etat à l’écologie Chantal Jouanno est nommée secrétaire d’Etat aux sports.

Un portefeuille plus restreint

Lors du précédent remaniement, le portefeuille de Jean-Louis Borloo (numéro 2 du gouvernement) avait été élargi à la Mer, aux technologies vertes et aux négociations climatiques. Quatre pôles opérationnels avaient été définis : transports, aménagement du territoire, politiques énergétiques, ressources naturelles et biodiversité. Ce n’est plus le cas dans les nouvelles attributions du Ministère : l’énergie est confiée à Eric Besson, nommé ministre de l’Industrie, de l’énergie, de l’économie numérique. L’aménagement du territoire intègre le portefeuille de Bruno Le Maire, désormais ministre de l’Agriculture, de l’Alimentation, de la Pêche, de la Ruralité et de l’Aménagement du territoire.

Critiques des écologistes

S’ils saluent la compétence de NKM et son courage politique, le fait que l’énergie soit retirée du nouveau ministère fait l’objet de vives critiques de la part des écologistes. « Pour l’avenir des énergies renouvelables, c’est catastrophique », a déclaré Arnaud Gossement (Droit et Environnement). « Il y a des forces hostiles à nos propositions, le monde de l’industrie fossile et nucléaire. Ils ont gagné ce soir », a également déclaré à l’AFP le directeur-général du WWF Serge Orru. Le parti de Corinne Lepage CAP 21 a indiqué dans un communiqué que Lire la suite

5ème rassemblement annuel à Bordeaux « Ni nucléaire, ni effet de serre » le Samedi 4 décembre 2010 – 11h – Miroir des quais

TchernoBlaye, communiqué, le 27 octobre 2010

5ème rassemblement annuel à Bordeaux  « Ni nucléaire, ni effet de serre »

Samedi 4 décembre 2010 – 11h – Miroir des quais

Amenez SVP masques, tubas, palmes, etc…

Tchernoblaye amène les « déchets nucléaires » !

Après le fameux (et catastrophique) rendez-vous de Copenhague de l’an dernier,  la 16ème Conférence des Nations Unies sur les Changements Climatiques a lieu du 29 novembre au 10 décembre 2010 à Cancun (Mexique).

Il est nécessaire que les citoyens expriment leur inquiétude face au dérèglement climatique, mais aussi leur rejet du nucléaire, abusivement présenté comme une option favorable au climat.

A Bordeaux, comme tous les ans depuis 2006 (avec même une première initiative en 2000, mais le miroir des quais n’existait pas encore), Tchernoblaye vous invite : Lire la suite

Débat sur France Culture entre Yves Cochet et Pascal Bruckner – Le catastrophisme, maladie infantile de l’écologie politique ?

Tribune – Les controverses du progrès – Le catastrophisme, maladie infantile de l’écologie politique ?

liberation.fr, Politiques, débat animé par Max Armanet, retranscrit par Tania Kahn, émission réalisée par Luc-Jean Reynaud et diffusée sur France Culture de 18h20 à 19 heures, le  29 octobre 2010

http://www.liberation.fr/politiques/01012299105-le-catastrophisme-maladie-infantile-de-l-ecologie-politique

Après bien d’autres organismes, l’Académie des sciences vient de confirmer l’essentiel des thèses du Giec, l’instance de l’ONU chargée de synthétiser le savoir scientifique sur le climat. Les émissions de gaz à effet de serre modifient les conditions climatiques qui prévalent sur la planète. Il faut admettre que le modèle de développement posé par l’Occident a atteint des limites, qu’il faut en inventer un autre privilégiant un équilibre à long terme. Pour y parvenir, faut-il jouer sur la peur ? Le catastrophisme est devenu l’un des termes du débat politique porté par une partie du mouvement écologiste. Le pire est-il certain ? Agiter la menace de la catastrophe est-ce le meilleur moyen de mobiliser nos concitoyens ? Cela ne révèle-t-il pas un pessimisme viscéral quant à la nature humaine ?

Yves Cochet : Je récuse la connotation négative du catastrophisme. Il y a bien une maladie sénile, celle du productivisme, du gâchis des ressources naturelles et humaines, qui nous amène vers le pire. L’espèce humaine a depuis deux siècles une empreinte écologique c’est-à-dire un impact sur la nature. 80% de notre mode de vie vient du sous-sol, d’une dotation initiale en matières premières et en énergies fossiles. Or elles s’épuisent au fur et à mesure qu’on les consomme, sans possibilité d’être renouvelées. Ces richesses sont le système de sustentation de notre vie individuelle et collective et leur diminution se ressent au niveau de l’économie, du social et des relations internationales. Tout est lié. Il est probable que la catastrophe soit inévitable. La suite dépendra de la démocratie, des élections et des politiques publiques à tous les échelons. Pour l’instant, la différence entre le constat scientifique et les politiques publiques est accablante. Le but des écologistes politiques est de changer cela.

Pascal Bruckner : Le contexte actuel me rappelle cet album de Tintin, l’Île mystérieuse, dont l’histoire débute par l’arrivée d’une météorite à proximité de la terre. Il fait chaud, l’asphalte fond, le prophète Philippulus annonce la fin du monde et exhorte la population à se repentir. Bien sûr, Tintin s’y refuse et la météorite passe à 45 000 km de la terre. Les savants sont désespérés de s’être trompés et font de nouveaux calculs pour voir si la fin du monde ne serait tout de même pas proche. Cette attitude de catastrophisme contraste avec l’euphorie d’il y a vingt ans. Souvenez-vous de la bonne humeur des démocraties occidentales. On avait gagné contre le communisme, la démocratie allait s’étendre naturellement en même temps que l’économie de marché. Ce conte de fée ne s’est pas produit. L’écologie est devenue l’idéologie dominante, nous avons une vision négative du genre humain et vivons sous l’épée de Damoclès d’un désastre imminent. Il y a une crise du progrès, ce n’est plus l’expansion, la joie de vivre mais l’obsession de la survie et de la longévité. Depuis un siècle, la question que se sont posé nos sociétés est «qui est mon ennemi ?» Les marxistes ont répondu le capitalisme. Les tiers-mondistes ont désigné l’occident impérialiste. L’écologie politique a apporté une réponse tout à fait nouvelle : l’homme serait coupable par nature, il doit se racheter. C’est un retour au péché originel. La notion d’empreinte carbone que vous employez me dérange, elle induit qu’en vivant, en respirant, nous laissons une marque nuisible sur la terre. Ce pessimisme culturel me rappelle les hérésies millénaristes qui ont émaillé l’histoire du christianisme.

Y.C. : L’écologie politique n’est pas une secte millénariste annonçant la fin du monde. Nous ne sommes pas des obscurantistes s’opposant au siècle des lumières. Notre approche est scientifique et quantitative, dans la clarté et la raison. Vous faites une confusion entre des mouvements irrationnels et l’écologie qui tente d’analyser les déterminants de la vie individuelle et collective. Parmi ces déterminants, il y a des phénomènes naturels dont l’évolution est incontestable. Nous avons à cet égard, en tant qu’humanité organisée de manière industrielle, les citoyens de l’OCDE en particulier, une responsabilité différenciée mais commune. Dire que l’homme est coupable n’est pas un discours antihumaniste. Nous appelons simplement à une modération dans l’utilisation de tout ce qui est extrait de la terre, en particulier les ressources énergétiques. Je ne me réfère à aucune religion mais au travail d’Aristote sur le vice d’avidité, l’être humain aura toujours envie de plus. La planète étant finie, nos consommations et nos productions devront l’être également. Nous ne pourrons plus vivre de la même manière d’ici quelques décennies.

P.B. : Vous avez là un discours très rationnel mais l’idéologie politique n’emprunte pas toujours les voies de la raison. Je pense à toutes ces images de catastrophes naturelles diffusées à la télévision pour étayer la thèse du réchauffement climatique : la banquise qui s’effondre, la désertification… J’entends les médecins moliéresques du Malade imaginaire crier au poumon, aujourd’hui c’est le réchauffement climatique. Sans nier le réchauffement, je me demande Lire la suite

Europe écologie : Manifeste pour un nouveau cours écologique et social

europe-ecologie.fr, octobre 2010

http://www.europe-ecologie.fr/2010/09/20/manifeste-pour-un-nouveau-cours-ecologique-et-social/comment-page-6/#comments

Manifeste pour un nouveau cours écologique et social

L’humanité est aujourd’hui devant un choix qui détermine son avenir. Un choix à assumer collectivement et qui requiert, en outre, l’implication de chacune et de chacun. Sous l’impact d’un système aveuglément productiviste et violemment inégalitaire, le train du progrès s’égare. Il faut de toute urgence le remettre sur une autre voie. C’est le sens de l’engagement des écologistes et leur responsabilité, ici et maintenant : ils refusent d’assister passivement au scénario d’une nature qui s’épuise et de sociétés qui se désagrègent ; ils veulent, en association avec les forces vives de la société et les partenaires politiques susceptibles de partager l’essentiel de leur projet, tracer une nouvelle ligne d’horizon sur la base d’une démarche de transition réaliste.

Tel qu’il s’applique, le système de création et de redistribution des richesses ne fonctionne plus. Retournement inédit qui, d’un même mouvement, précipite prédations du vivant et déchirures sociales, déséquilibres et discriminations, pollutions et récessions. Ce bouleversement majeur épuise les ressources aussi bien qu’il creuse les inégalités et déprime les consciences, dressant la biosphère contre les êtres humains et les êtres humains entre eux. Au point que le spectre d’un collapsus historique sans précédent hante l’avenir : celui d’un déclin écologique, économique et social brutal et simultané.

Néanmoins, une aspiration grandissante à refuser la défaite de l’Homme émerge partout dans le monde.

Une multitude d’initiatives entame le modèle dominant et ouvre des voies nouvelles. C’est l’autre visage de la mondialisation et il concerne tous les peuples, toutes les cultures. De nombreux acteurs et actrices de la société et des communautés locales cherchent et trouvent des issues. Ils interviennent dans toutes les couches de la société. Ce sont souvent ceux et celles que la crise fragilise en premier. Ils résistent, s’organisent, innovent, multiplient les initiatives. Chacun et chacune à leur façon, dans leur discipline, leur quartier ou leur village, ils esquissent les contours d’une alternative globale porteuse d’avenir. Des hommes et des femmes luttent et s’engagent, et c’est le seul espoir tangible, le seul point d’appui pour inverser le cours des choses.

Un choc sans précédent

Car les crises n’ont plus de limites. Elles surgissent dans tous les domaines de l’environnement et des activités. Elles se cumulent et s’alimentent pour mettre à nu un système en déroute. Nous sommes parvenus à ce moment clé où la croissance, moteur de l’histoire moderne, a atteint la frontière du possible. L’insoutenable est là, inscrit dans les réalités physiques de la planète et les souffrances des populations : les modes de production et les standards de vie, indexés sur l’imaginaire de la démesure et la boulimie des privilégiés, soumis à la surenchère de la marchandisation et de l’endettement massif, entraînent une consommation de ressources excédant leurs capacités de renouvellement. Elles provoquent un déséquilibre majeur des fondamentaux de la vie et de la culture.

Les conséquences sont sans appel : les modèles économiques et les pactes sociaux d’hier ne résistent pas aux sols qui s’épuisent, aux fleuves et aux mers qui se dépeuplent, aux forêts qui reculent et aux déserts qui avancent, aux séquences brutales d’inondations et de sécheresses, à la disparition des biotopes et à l’érosion de la diversité des espèces, à l’empoisonnement des airs et des eaux.

Déjà, dans les prémisses du chaos énergétique, climatique, alimentaire et sanitaire, dans la mise à sac des biens communs et publics que les logiques financières et marchandes provoquent, un nouveau monde émerge avec Lire la suite

Bill McKibben, fondateur de la campagne internationale 350.org : Il faut mener des actions de désobéissance civile aux Etats-Unis

 http://www.terra-economica.info/Les-ecolos-americains-pronent-la,12794.html

terra-economica.info, Anne Sengès, le 10 octobre 2010

« Il faut mener des actions de désobéissance civile aux Etats-Unis »

Interview – Radicaliser le mouvement et mettre les corps en première ligne : face au changement climatique, ce sont des impératifs pour la cause écolo aujourd’hui, d’après Bill McKibben, fondateur de la campagne internationale 350.org.

Terra eco : Dans une lettre ouverte aux Américains que vous cosignez avec Philip Radford, président de Greenpeace USA, et Rebecca Tarbotton, du Rainforest Action Network, vous appelez les écologistes à radicaliser leurs actions. Pourquoi ?

Bill McKibben : Nous savions que notre combat contre le changement climatique serait une bataille difficile. Nous affrontons des adversaires qui représentent les industries les plus riches et les plus rentables du monde et dont les profits dépendent justement de leur capacité à utiliser l’atmosphère comme un gigantesque égout libre et gratuit. Et force est de constater que pour le moment, la communauté environnementale n’a pas bâti de mouvement suffisamment grand pour mener un combat digne de ce nom. Nous devons donc remédier à cela rapidement. Ce combat prendra plusieurs formes comme la désobéissance civile et l’action de masse.

Qu’entendez-vous par désobéissance civile et action de masse ?

Par exemple, ce dimanche 10 octobre aura lieu la Global Work Party (journée du travail, ndlr), gigantesque événement annuel qui va rassembler des millions de participants aux quatre coins de la planète. L’an dernier, il y a eu 5 200 « work parties » dans 181 pays et CNN avait alors jugé qu’il s’agissait de la plus grosse journée d’activisme politique de l’histoire. Cette année, nous allons battre ce record avec au moins 7 000 événements dans presque tous les pays. Les gens vont installer des panneaux solaires ou planter des jardins communautaires. Mais il ne s’agira pas de prouver qu’on peut résoudre le changement climatique à coups de panneaux solaires. Nous savons qu’il faut des lois pour le combattre mais nous voulons, par cette action, à la fois faire le bien dans nos communautés mais aussi envoyer un message fort à nos dirigeants : « Pendant que nous retroussons nos manches, que faites-vous ? Pendant que je passe un week-end à suer pour installer des panneaux solaires, vous pourriez au moins vous contenter de faire votre travail et accoucher d’un traité. »

Ce type d’action constitue un moyen de bâtir un mouvement mais il va falloir aussi songer à signaler l’urgence de la situation en n’hésitant pas à mettre nos corps en première ligne. C’est ce que nous entendons par désobéissance civile. Nous savons qu’il est illusoire de croire que nous pouvons anéantir l’industrie fossile – omniprésente dans notre société – via l’action directe. Mais nous pouvons mener des actions symboliques qui permettront de mettre en lumière l’urgence de la crise et prouveront notre engagement à lutter contre le réchauffement de la planète. Le défi sera de faire en sorte que ce type d’actions attire les gens au lieu de les rebuter. D’où la nécessité d’agir dans la non violence. C’est pourquoi nous sollicitons des idées en ce moment : on peut par exemple cibler une centrale à charbon, une ville ou encore la Maison-Blanche.

La marée noire qui a ravagé pendant cinq mois le golfe du Mexique n’a curieusement pas fait pencher la balance en faveur du camp des défenseurs de l’environnement ou incité les sénateurs à adopter une loi sur le climat. Comment expliquez-vous ce paradoxe ?

Pour justifier ce qui s’est passé dans le golfe, nos dirigeants se sont contentés de Lire la suite

Le dimanche 10/10/10 – Retrouvons-nous à ALTERNATIVA à Cap Sciences Bordeaux de 10h10 à 19h

Le dimanche 10/10/10   Retrouvez-nous à ALTERNATIVA à Cap Sciences de 10h10 à 19h       

AlternativA, c’est un temps de rencontres et de débats, un événement festif organisé à  Bordeaux par le Collectif Climat Gironde, à Bayonne  par l’association Bizi !, à Pau par le collectif CocliPau, le dimanche 10 octobre, journée d’action mondiale en faveur du climat.

AlternativA, c’est le lieu où les alternatives s’exposent, se créent… c’est un espace de transition écologique et sociale vers le monde de demain…

Les effets du changement climatique se précisent et pourtant, le Sommet de Cancun prévu en décembre s’engage, comme celui de Copenhague, dans une impasse.  

Notre système économique, social et démocratique est profondément en crise. Il remet en cause aujourd’hui les conditions mêmes de survie de l’espèce humaine sur notre planète. Mais envisager cette crise comme un possible levier de changement, reprendre du pouvoir sur notre avenir, c’est le défi que nous voulons relever.

Place à l’action locale et au penser global, place à l’inventivité, à l’imagination, au travail solidaire et au plaisir de faire ensemble !

Rendez-vous à Cap Sciences le dimanche 10/10/10 à partir de 10h10

Collectif Climat Gironde : http://collectifgirondecopenhague.eklablog.net   

Contacts : alain.blanc22@orange-ftgroup.com  et brigthomas@free.fr

Le 10/10/10 : ce qui vous attend !

Le matin accueil-café : 10h10 rencontre avec les associations présentes, ateliers-débats  sur les quais : déambulation avec la Batucada Zumbi Rei    

12h30 Apéro-repas avec la fanfare rock  La Collectore  (buvette et brasserie bio sur place)

L’après-midi  rencontre avec les associations, atelier-débats récréation musicale avec Éric Brocard projection du film « The Story of stuff »

17 h Débat « Travailler plus pour (se) détruire plus ? » avec la participation du philosophe et sociologue Daniel Cerezuelle.

18h30 Et après ? Lire la suite

Salon de l’écologie et de l’éco-habitat : Un Horizon vert de plus en plus engagé

sudouest.fr, NC, le 30 septembre 2010

http://www.sudouest.fr/2010/09/30/un-horizon-vert-de-plus-en-plus-engage-199251-736.php

Salon de l’écologie et de l’éco-habitat : Un Horizon vert de plus en plus engagé

Au Parc des expos ce week-end, se tient le 22e Salon de l’écologie et de l’éco-habitat.

Marre de cette société consumériste ? Las de ce monde qui s’auto-phagocyte ? Déprimé par la litanie des désastres écologiques que débitent à longueur de temps les médias ?

Eh bien, vous pouvez toujours faire un tour du côté du salon Horizon vert, traditionnel rendez-vous villeneuvois écolo-altermondialiste qui propose, ce week-end, pour sa 22e édition, de « peindre en vert ou changer la société ». Vaste et ambitieux projet. Bien évidemment, les organisateurs n’ont pas la prétention de changer le monde en trois jours. Mais comme disait Diderot, c’est pas défendu d’essayer.

Moins de commercial

Quoi de neuf donc à l’Horizon vert ? Sans doute, la nouveauté dans cette édition 2010 n’est pas à rechercher du côté des 250 exposants, même si leur force d’attraction demeure toujours conséquente, notamment dans le domaine toujours très prisé des énergies renouvelables et du bien-être.

D’ailleurs, si on en croit les organisateurs, la partie commerciale, sévèrement contrôlée cette année d’après ce qu’on a compris, devrait être appelée à se réduire comme peau de chagrin, la promotion de ces produits étant largement aujourd’hui répandue. Autre signe de cette évolution : le nombre d’ateliers a quasiment doublé sur le site du Parc deseExpos par rapport à l’an passé.

Au menu : du qi gong, « Devenez détective animalier » avec Les Petits débrouillards, « L’Éolienne en folie » des Trotte-lapins, le compostage et le lombricompostage, la cuisine médiévale, la fabrication de maison en briquette de terre, des démonstrations de cuiseurs solaires et à bois, etc.

Un Sarkophage

Moins ludique mais tout aussi intéressant devrait être l’éco-habitat, « le salon dans le salon », un large espace consacré à la construction écologique en France en 2010.

Toutefois, ce sont les conférences (17 au total) qui demeurent, semble-t-il, les temps forts du salon. Le philosophe et essayiste Patrick Viveret (lire notre édition précédente) ouvrira le bal demain soir à 20 h 30 au centre culturel. L’économiste et contempteur de la politique sarkoziste, Paul Ariès, fondateur de la revue « Sarkophage », débattra sur « Changer la société », dimanche à 14 h 30, avec Marie-Christine Zelem, chercheuse et universitaire, et Claude Micmacher, architecte et directeur de l’écocentre du Périgord. Par la suite, Geneviève Azam, membre du conseil scientifique d’Attac, parlera de « L’urgence climat et justice sociale ».

Après cela, si Lire la suite

Gironde-en-transition – vendredi 24 septembre à 19h00 à la MNE – Témoignage d’une ambassadrice de la tansition

 Gironde-en-transition, communiqué, le 14 septembre 2010

Site : www.gironde-en-transition.org

Danielle Grunberg, co-fondatrice de l’initiative de Ville en Transition « A Greener Hawich » en Ecosse, et mandatée comme ambassadrice francophone par le réseau Transition Towns, va nous présenter son témoignage sur ce mouvement le vendredi 24 septembre à 19h00 dans les locaux de la MNE Bordeaux-Aquitaine, 3 rue de Tauzia à Bordeaux

Elle nous fera part de son implication dans la création de la Transition dans sa petite ville écossaise de 15 000 habitants, dans laquelle les priorités de la population modeste étaient bien loin de l’écologie et de la lutte contre le réchauffement climatique.

Sa persévérance à convaincre de l’importance de ces sujets a permis de démarrer la Transition de Hawich vers l’après-pétrole. Son prochain objectif est de créer la première monnaie régionale en Ecosse.

Vous êtes impliqués de près ou de loin dans une initiative de transition ? Vous êtes Lire la suite

Geneviève Azam – Nous vivons plus qu’une convergence de crises, l’effondrement est déjà là

Nous vivons plus qu’une convergence de crises, l’effondrement est déjà là

bastamag.net,  Agnès Rousseaux, le 13 septembre 2010

http://www.bastamag.net/article1174.html

Nous vivons plus qu’une convergence de crises, l’effondrement est déjà là

Crise après crise, le système capitaliste semble perdurer. Spéculation financière, dégâts environnementaux et inégalités mondiales repartent de plus belle. Et pourtant… Pour Geneviève Azam, économiste et co-présidente du conseil scientifique d’Attac, les illusions d’un monde aux ressources infinies et à la croissance illimitée sont tombées. Le modèle capitaliste n’est plus porteur de rêves. Un nouveau rapport au monde émerge, aux contours encore incertains. Réussira-t-il à opérer la transition vers un « postcapitalisme civilisé » ? Entretien avec l’auteure du livre « Le temps du monde fini ».

Basta ! : La succession des crises – financière, sociale, écologique… – n’entraînent toujours pas de changements radicaux au sein du système capitaliste. Faut-il attendre son effondrement total pour que ce modèle soit remis en question ?

L’effondrement est déjà là. Nous vivons plus qu’une crise, plus qu’une convergence des crises, mais l’imbrication de toutes les crises. Des émeutes de la faim viennent de nouveau d’éclater au Mozambique. Un tel événement est quasiment impensable dans nos sociétés ! Ces émeutes sont le résultat d’un modèle agricole productiviste et de la spéculation sur les produits agricoles, sur les terres, donc du système financier. C’est également une conséquence de la crise écologique, avec le réchauffement climatique, et de la crise énergétique, avec le développement des agrocarburants pour remplacer le pétrole. Chaque manifestation de l’effondrement que nous vivons combine toutes ces crises.

Nous nous acharnons à repousser toute limite. C’est, selon vous, ce qui caractérise deux siècles d’histoire économique. Sentez-vous une prise de conscience de la rareté, voire de la finitude, de nos ressources et des limites intrinsèques à notre planète ?

Si on fait l’hypothèse que le capital technique peut se substituer indéfiniment au capital naturel, il n’existe effectivement aucune limite. La pensée économique reste prisonnière de cette hypothèse, et de celle de la réversibilité du temps, du possible retour en arrière. La crise écologique montre au contraire que des phénomènes irréversibles, que des destructions définitives sont à l’œuvre. Depuis une vingtaine d’années, les mouvements sociaux ont pris conscience de ces limites. Une expertise citoyenne s’est peu à peu construite sur l’énergie, les semences ou le climat, démontant l’illusion que la technique pourrait remplacer ce qui est détruit.

Les théories économiques oublient la nature. Quand elle est prise en compte, on parle « d’externalités ». On lui attribue un prix comme s’il existait une mesure commune entre nature et marchandises. Cela me gêne. Fixer un prix laisse penser qu’une compensation est possible, qu’il suffit de payer. Certaines dégradations sont irréversibles, et payer ne remplacera jamais les pertes. Parler d’externalités est aussi très révélateur, comme si c’était juste quelque chose de regrettable. C’est le processus lui-même qui doit être modifié et pas simplement ses effets « regrettables ».

Ne risque-t-on pas de s’enfermer dans une gestion économique de la crise écologique, avec, par exemple, le « marché des droits à polluer » ou le principe pollueur-payeur ?

Donner un prix à des pollutions traduit une prise de conscience. Il est logique que ceux qui abiment l’espace public pour des motifs de rentabilité privée soient Lire la suite

Les écolos américains appellent à « l’action directe de masse »

Les écolos américains appellent à « l’action directe de masse »

rue89.com, Hélène Crié-Wiesner, le 12 septembre 2010 

http://www.rue89.com/american-ecolo/2010/09/12/les-ecolos-americains-appellent-a-laction-directe-de-masse-165943

Le Congrès des Etats-Unis s’est dégonflé cet été en abandonnant son projet contre les changements climatiques. Tout espoir de voir le pays adopter une législation sérieuse s’est envolé. Dégoûtées, trois organisations majeures de la lutte pour l’environnement en appellent maintenant à l’action directe.

J’ai déjà raconté la radicalisation de nombreux écolos américains. Il semble que le fossé entre « verts radicaux » et « écolos mous » soit en train de se combler tout seul. Les partisans de la discussion (Al Gore et ses disciples) n’ont pu que constater l’échec de leur stratégie.

Outre une reprise acharnée des luttes de terrain -notamment dans les Appalaches charbonnières -, un appel spectaculaire vient d’être adressé aux environnementalistes américains.

Publiée sur Grist, site phare du mouvement vert, cette lettre parue le 7 septembre est signée par le directeur de Greenpeace USA, son homologue du Rainforest Action Network, et par le leader du réseau 350.org. En voici une traduction-adaptation.

Je suis curieuse de voir ce que va donner cet appel, comment vont y répondre les groupes locaux, s’ils vont saisir la perche que leur tendent ces professionnels de la lutte. Car pratiquer l’action directe dans son coin, c’est une chose. A l’échelle des Etats-Unis, c’est un défi autrement complexe.

Chers amis,

Bon sang, quel été ! Les scientifiques viennent d’annoncer que nous venons de vivre les six mois les plus chauds, l’année la plus chaude, et la décennie la plus chaude de l’histoire humaine. Dix-neuf pays ont enregistré des records absolus de température : le thermomètre a grimpé à 54°C au Pakistan, un record en Asie.

Quand on voit l’impact de ces chiffres sur les incendies en Russie, ou sur le Pakistan noyé par des inondations sans précédent, on comprend qu’il n’y a rien d’abstrait dans tout ça.

Cet été, justement, le Sénat américain a décidé de reconduire un accord bipartisan en vigueur depuis vingt ans : l’immobilisme politique face aux changements climatiques. Lesquels, rappelons-le, ne résultent pas d’une quelconque volonté divine.

Nous sommes face aux industries les plus puissantes et les plus profitables du monde : celles qui tirent leurs bénéfices de l’exploitation des combustibles fossiles.

Nous ne les vaincrons pas en restant gentils. Nous devons construire un vrai mouvement, d’une ampleur sans commune mesure avec ce que nous avons bâti dans le passé. Un mouvement capable de contrer le pouvoir financier de Big Oil (pétrole) et Big Coal (charbon). Ce mouvement est notre seul espoir, et nous avons besoin de votre aide.

Honte aux leaders politiques

Quelles sont les priorités ? Dans l’immédiat, en ce moment partout dans le monde, des groupes préparent la Global Work Party du 10 octobre. Ce sera l’occasion de présenter nos solutions concrètes pour résoudre la crise climatique.

On ne se contentera pas de sortir quelques panneaux solaires. L’objectif est de faire honte à nos leaders politiques, de les apostropher : « On fait notre boulot. Et vous ? »

En attendant, dans tout le pays, des avocats et des associations locales abattent un travail d’enfer en combattant Lire la suite

Territoires en transition : un chemin d’auto-organisation de la société

TERRITOIRES EN TRANSITION : UN CHEMIN D’AUTO-ORGANISATION DE LA SOCIETE

alterautogestion.blogspot.com, Joël MARTINE, Marseille, août 2010

http://alterautogestion.blogspot.com/2010/09/territoires-en-transition-un-chemin.html

Parti de petites villes anglaises en 2006, le mouvement des Territoires en transition est une méthode de l’action collective nouvelle et prometteuse en réponse au pic pétrolier et au dérèglement climatique. On demande aux gens de s’interroger sur ce qu’ils peuvent faire avec les ressources existant autour d’eux sur un territoire précis, et pouvant être mises en œuvre sans attendre des décisions des pouvoirs publics (mais en créant le rapport de force qui rendra ces décisions possibles). Par cette prise de conscience et cette prise en main collective de la vie locale, les gens sortent de l’alternance entre insouciance irresponsable et angoisse paralysante.

Il est décisif que cette démarche soit reprise par les citoyens, les collectifs militants, et les élus : c’est une approche pragmatique qui pourrait transformer les conditions mêmes de l’action politique et contribuer à débloquer l’auto-transformation de la société.

Le point de départ n’est pas un parti pris idéologique, mais la force d’une évidence : le pic pétrolier qui est maintenant sous nos yeux provoquera tôt ou tard, mais bientôt, un traumatisme dans la vie de nos sociétés ou tout est dépendant du pétrole : hausse des prix de l’essence et de l’électricité, rupture des approvisionnements alimentaires qui à l’heure actuelle passent par des trajets de longue distance, fermeture d’entreprises, paupérisation rampante ou galopante d’une grande partie de la population, spirale de récession, et développement de logiques politiques ségrégationnistes et autoritaires.

D’autre part, faire comme si on pouvait repousser le pic pétrolier en relançant, même provisoirement, l’exploitation des énergies fossiles (par exemple les forages pétroliers dans le grand nord), ne fait qu’enfoncer le monde dans une autre crise, encore plus grave, qui est le dérèglement climatique. Au contraire, une « décarbonisation » de l’économie (sobriété énergétique, relocalisation de la production, énergies renouvelables, etc.) permettrait à la fois d’amortir les dommages du pic pétrolier et de diminuer radicalement les émissions de gaz à effet de serre.

Donc des alternatives existent. Mais dans l’ensemble ni le système de production ni les consommateurs n’ont été préparés à une transition en douceur vers l’après-pétrole, car les décideurs économiques, pris dans une compétition incessante, guidés par le profit capitaliste ou par la maximisation de la puissance des Etats, misent toujours et encore sur la croissance des richesses et des moyens de pouvoir qui sont à leur disposition à court terme et qui sont massivement pétro-dépendants. C’est pourquoi le pic pétrolier aura inéluctablement des aspects de catastrophe.

Il faut donc, et c’est là l’apport original de la démarche dite « en transition », que la société se prépare à tenir le coup face à des changements brutaux ; qu’elle acquière un pouvoir sur elle-même pour anticiper son auto-transformation, et cela est possible dès à présent par l’auto-organisation à l’échelle locale. En positif, c’est l’occasion de rompre avec Lire la suite

Appel aux associations pour participation au Forum Alterrnativa le 10/10/10 à Bayonne, Bordeaux , Pau…

​Collectif Copenhague, communiqué, septembre 2010

Appel aux associations pour participation au Forum Alterrnativa le 10/10/10 à Bayonne, Bordeaux , Pau…

Votre travail représente une des nombreuses alternatives concrètes  existant dés aujourd’hui et préfigurant le monde de demain, la société que nous voulons et devons construire si nous voulons éviter le pire en matière de changements climatiques.

​C’est à ce titre que nous avons le plaisir d’inviter votre association à être présente au forum ALTERNATIVA qui sera organisé à Bordeaux, comme à Bayonne, Dax, Pau… le dimanche 10 octobre 2010 dans le cadre de la journée internationale de mobilisation pour le climat du 10/10/10 http://www.350.org/fr en perspective des négociations de Cancun en décembre.

​Alternativa constituera un espace de transition vers le monde de demain. Il aura lieu à Cap Sciences, au Hangar 20, quai de Bacalan à Bordeaux.

​On pourra ainsi voir quelles sont les réalisations et alternatives concrètes (AMAP, jardins partagés, agriculture paysanne, écoconstruction, autopartage, commerce équitable, éducation à l’environnement, économies d’énergie, déplacements doux, pédibus, banque éthique, recyclerie…) permettant dès aujourd’hui à chacun (individus, collectivités, associations et entités diverses) de diminuer concrètement ses émissions de gaz à effet de serre.

​Les participants découvriront quelles pratiques alternatives existent et s’engageront à en adopter une, ou deux, ou trois dans l’année qui vient.

​Cet espace sera également un lieu d’échanges, de rencontres, de convivialité, agrémenté d’animations musicales, de spectacles de rue… Tout cela aura des allures à la fois de fête et de mobilisation populaire, de village post-carbone et convivial, de salon des alternatives existantes…

Nous proposerons des Lire la suite

Der Spiegel a révélé fin août l’existence d’un rapport de l’armée allemande – Le Peak Oil en 2010 ?

http://www.hns-info.net/spip.php?article25269

hns-info.net, jesusparis, le 3 septembre 2010

Le Peak Oil en 2010 ?

Le journal Der Spiegel a révélé fin août l’existence d’un rapport de l’armée allemande évoquant la survenue probable du Peak Oil courant de l’année 2010, avec des conséquences sur l’économie et la sécurité mondiale à court-terme.

Et si c’était pour 2010 ?

La demande sur le pétrole ne cesse d’augmenter et de faire pression sur les pays producteurs alors même que la production serait en passe d’atteindre ce que l’on nomme le Peak oil, c’est-à-dire le moment où les réserves de pétrole exploitables sont à leur sommet de production. Une fois ce sommet passé, cette production entrera dans une phase de déclin rapide, qui entraînera de très fortes hausses des prix du pétrole en particulier et de l’énergie en général, et aura des répercussions sur l’économie mondiale et la sécurité mondiale.

La fin du pétrole abondant, de bonne qualité et exploitable facilement

Il restera certainement encore du pétrole en réserve pour longtemps mais le problème est de l’extraire : la plus grande partie est inaccessible ou nécessiterait de très lourds investissements économiques et technologiques pour procéder à une extraction. Les sables bitumineux de l’Alberta et les forages offshores sont déjà en passe de devenir économiquement rentables en dépits des dommages environnementaux et sociaux qu’ils génèrent !

L’alerte est donnée mais peu entendue

Depuis des années le problème est connu et encore aujourd’hui un rapport de l’armée allemande évoque une menace pour la pérennité de la démocratie et de l’économie mondiale ! Mise en garde qui intervient après celles de l’AIE, du Pentagone et du département de l’énergie à Washington, de la Lloyd’s et de Chatham House à Londres cet été. D’après ce rapport « A moyen terme, le système économique global et chaque économie de marché nationale pourraient s’effondrer », écrivent les analystes. Des pénuries de biens vitaux et de matières premières, notamment de nourriture, sont à prévoir, entrainant de graves crises sociales si les gouvernements ne prennent pas la mesure exacte de ce problème.

Anticiper et adapter nos territoires maintenant !

FNE ne cesse de le répéter. L’adaptation aux changements climatiques est un enjeu de Lire la suite

Permaculture – Révolution permanente en Normandie

politis.fr, Philippe Chibani-Jacquot, le 26 août 2010

http://www.politis.fr/Revolution-permanente-en-Normandie,11302.html

Révolution permanente en Normandie

Depuis deux ans, la Ferme du Bec-Hellouin, dans l’Eure, expérimente la permaculture. Un modèle écologique fondé sur la régénération continue de la fertilité des sols, très peu pratiqué en Europe. Reportage.

Vu du ciel, le jardin principal de Charles et Perrine Hervé-Gruyer fait penser à un délire de paysagiste. Des dizaines de variétés de légumes et de plantes médicinales poussent dans un joyeux mélange apparent sur de longues buttes de terre disposées en cercles concentriques. Un lit de paille – le mulch – recouvre le sol d’une toison dorée qui contraste avec le vert charnu des salades, le bleu violacé des fleurs de bourrache ou le vert profond des courgettes et de la menthe poivrée. Accroupi au milieu de cette abondance estivale, Charles Hervé-Gruyer plonge une main dans la terre qui se cache sous son mulch : si moelleuse et fraîche qu’elle donne envie d’y enfoncer tout le bras. Il n’est pas onze heures du matin, la chaleur est déjà pesante. La canicule sévit depuis une dizaine de jours et pourtant le jardin de 800 m2 n’a eu besoin que d’un peu d’eau. « L’été dernier, nous n’avons pas arrosé du tout », se rappelle Charles. Le mulch fonctionne comme un manteau qui retient l’humidité dans le sol. En se décomposant, il le fertilisera. « Et ça sent la forêt. »

C’est plus qu’une sensation. La permaculture, technique agricole révolutionnaire que pratiquent les Hervé-Gruyer dans leur ferme biologique de l’Eure, consiste en premier lieu à redonner au sol le fonctionnement naturel d’une terre de forêt. Les végétaux en décomposition enrichissent l’humus en matières organiques. La faune du sol (lombrics, acariens…) remue et aère la terre en participant à cette décomposition. Point de labour, donc. « Chaque fois qu’on retourne une terre, on favorise l’oxydation de la matière organique, ce qui se traduit par une perte de carbone, explique Charles. Alors que notre pratique fonctionne comme un piège à carbone, qui entretient le taux de matière organique du sol, et sa fertilité avec. » Du coup, les tiges et feuilles des légumes récoltés sont souvent abandonnées au sol. « Elles seront boulottées par les lombrics, qui rapportent sous terre de quoi l’enrichir. » Le couple, depuis 2006, cultive 1,2 hectare de terres au Bec-Hellouin. Un village prisé des touristes pour son abbaye millénaire et ses maisons typiquement normandes. Installée de part et d’autre de la rivière le Bec, la ferme ne dépare pas le décor avec ses toits de chaume, son portail en bois et son four à pain qui exhale le parfum de miches craquantes tous les mardis. Séduisant comme un caprice de néoruraux qui auraient englouti leurs économies pour jouer aux paysans…

Mais les résultats sont là. Après deux années de tâtonnements, Charles et Perrine découvrent la permaculture au gré de leurs lectures : « une quasi-révélation » pour Perrine. En 2010, deuxième année de récolte depuis cette conversion, « nous atteignons quatre-vingts paniers [1] de fruits et légumes par semaine sur un demi-hectare effectivement cultivé », annonce Charles. Une productivité trois fois supérieure à celle communément constatée chez un maraîcher bio classique. Cela s’explique notamment par Lire la suite

Espagne – Enfin une touche de vert dans le paysage politique

courrierinternational.com, Hebdo n° 1034, Rafael Méndez, le 26 août 2010

http://www.courrierinternational.com/article/2010/08/26/enfin-une-touche-de-vert-dans-le-paysage-politique

Espagne – Enfin une touche de vert dans le paysage politique

Longtemps inexistants, les écologistes espagnols ont décidé de se constituer en parti et entendent imposer leur présence dès les élections locales de 2011. Avec Europe Ecologie comme modèle.

Juantxo López de Uralde vient de quitter Greenpeace Espagne, qu’il a dirigée pendant dix ans, pour lancer un parti vert, avec le soutien de tous les groupes écologistes. Difficile de prévoir ce que donnera son entrée en politique. Les optimistes ont quelques raisons de penser que ce sera un succès. Les enquêtes montrent que les Espagnols s’intéressent autant que les autres Européens à l’écologie, le sujet est négligé par le Parti socialiste au pouvoir et le désenchantement vis-à-vis des grands partis peut donner des ailes aux écologistes. Il est temps que l’Espagne ait un parti vert. C’est maintenant ou jamais.

Les pessimistes, eux, invoquent la crise économique, disent que les gens sont plus préoccupés par l’emploi que par le changement climatique et que les verts ne parviendront pas à surmonter leurs divisions ataviques. Ce sera quitte ou double, l’avenir le dira. En attendant, l’écologie politique espagnole vit un moment de grande excitation.

Le parti se démarquera de la gauche traditionnelle

Uralde et Alejandro Sánchez, qui a quitté la direction de l’ONG environnementale SEO/BirdLife pour le rejoindre, sont les figures de proue d’un processus d’union plus large. Le troisième pilier est le Parti vert européen, quatrième force politique du Parlement européen, qui appuie l’initiative espagnole. “Les eurodéputés verts ne peuvent pas se permettre de n’obtenir qu’un seul représentant [Raúl Romeva, du parti écolo-communiste Initiative pour la Catalogne Verts (ICV)] dans le cinquième pays de l’UE par son PIB, c’est pourquoi ils soutiennent ce processus d’union”, confie Florent Marcellesi, porte-parole de la Coordination verte, qui apporte au projet des groupes de militants disséminés dans toute l’Espagne.

Le dernier pilier de la future formation est le parti ICV, qui possède un député au Parlement espagnol, Joan Herrera, et des représentants au gouvernement régional de Catalogne et à Bruxelles, et qui est membre du Parti vert européen.

Depuis deux ans, tous ces acteurs parlent de s’unir pour de bon, de présenter une candidature commune aux élections et d’en finir avec cette anomalie qu’est l’inexistence des verts en Espagne. Dans un premier temps, ils vont créer une fondation pour fédérer tout ce monde et chercher des soutiens en vue des élections législatives de 2012 et des européennes de 2014. S’ils parviennent à se présenter aux municipales et régionales de 2011, cela pourrait avoir valeur de test. Mais les délais sont courts.

Ils n’aspirent pas à faire aussi bien que les Verts allemands, qui ont obtenu 10,7 % des voix aux législatives de 2009 (17 % à Berlin). Ils regardent plutôt du côté d’Europe Ecologie, le parti français qui a obtenu 13 eurodéputés et 16,28 % des voix aux européennes de 2009.

“L’environnement est absent du débat politique en Espagne, déplore Uralde. En Europe, 10 % des électeurs votent écolo. Et nous pensons qu’en Espagne aussi on peut Lire la suite

Paul Ariès – « Décroissance », le mot qui met les écolos en ébullition

rue89.com, Sophie Verney-Caillat, le 20 août 2010

http://www.rue89.com/planete89/2010/08/20/decroissance-le-mot-qui-met-les-ecolos-en-ebullition-163260  

« Décroissance », le mot qui met les écolos en ébullition

(De Nantes) « Le terme de décroissance a au moins un mérite aujourd’hui, c’est qu’il remplit les salles », se réjouit Paul Ariès, politologue, à la tête du mouvement des « objecteurs de croissance ». Invité à débattre aux Journées d’été Verts-Europe Ecologie, à Nantes, il est vainqueur à égalité à l’applaudimètre avec… Corinne Lepage, l’ancienne ministre de l’Environnement de Jacques Chirac, récemment démissionnaire du MoDem.

C’est son camarade Yves Cochet, « écolo de souche » et vieux théoricien de la fin de la croissance qui l’a invité, au grand dam de Dany Cohn-Bendit, déjà exaspéré lors du premier jour de ces rencontres par l’incantation « anticapitaliste » de Jean-Vincent Placé, numéro deux des Verts. Dany avait boudé et filé à la plage, puis au théâtre.

Dans l’amphi bondé de près d’un millier de sympathisants venus de toutes les familles de l’écologie politique, chacun semble d’accord sur le constat que « la décroissance est une réalité qui s’impose », mais entre l’avocate centriste et l’apôtre de la décroissance, il y a un monde.

Corinne Lepage, en pleine opération séduction, se la joue modeste et s’attend à se faire huer à chaque phrase. Elle fait le plus grand pas possible en direction de la frange rouge d’Europe Ecologie : « J’arrive, au bout de trente-cinq ans de combat écologique, au constat que le développement durable nous propose de continuer avec un modèle qui ne tient pas la route. Je n’aime pas le terme de croissance, je ne l’emploie jamais. Mais il est impossible à court terme d’instaurer la décroissance. »

« Des slogans qui ont une barbe incroyable »

Son discours rejoint largement celui de Daniel Cohn-Bendit. Je le croise errant comme une âme en peine dans les couloirs de la fac de droit, un peu plus tôt dans la matinée. Il refuse lui aussi de se laisser enfermer dans le débat croissance/décroissance : « On a besoin d’une transformation écologique des entreprises, ça ne se fera qu’avec des entrepreneurs. L’anticapitalisme, c’est la recherche de slogans qui ne fonctionnent pas. L’attraction d’Europe Ecologie, c’est d’accepter la complexité. On ne réduit pas cette complexité en sortant des slogans qui ont une barbe incroyable. Si on a envie de ça, on revient à 1,5% des voix. »

La position de l’eurodéputé José Bové n’est pas si éloignée. Sans s’être concerté avec son camarade de Strasbourg, il lance : « Le terme de décroissance a été un très bon slogan coup de poing face à tous ceux qui croyaient au dogme de la croissance, indépassable. Ecrouler ce mythe, c’était important mais la réponse n’est pas dans le slogan. Il faut se demander comment on fait croître la solidarité, la défense de la planète, une économie plus sobre et comment on fait décroître l’impact sur le climat, etc. Il n’y a pas une réponse en noir et blanc, pas un mot qui peut résumer tout. »

A la tribune aux cotés de Corinne Lepage, le député de Paris Yves Cochet réjouit les militants lorsqu’il dénonce « la croissance actuelle au sens d’Aubry et de Fillon qui est antisociale, anti-économique et anti-écologique. » Et de proposer, puisque « la décroissance est notre destin », quatre solutions :

– l’autosuffisance locale et régionale ;

– la décentralisation Lire la suite

Yves Cochet : Quel projet pour Europe Ecologie ?

lemonde.fr, Yves Cochet, député de Paris (Verts), ancien ministre, le 16 août 2010

http://abonnes.lemonde.fr/idees/article/2010/08/16/quel-projet-pour-europe-ecologie_1399408_3232.html#ens_id=1400349

Quel projet pour Europe Ecologie ?

La situation se résume en une phrase : l’économie mondiale se contracte tendanciellement, mais personne ne pense ou ne gère cette décroissance-là. Ou en une autre phrase : aucun gouvernement, aucune organisation internationale (FMI, OCDE…), aucun institut universitaire établi ne publie d’étude qui ne prévoit pas un retour à une croissance économique continue.

Comment expliquer cet aveuglement général autrement que par l’attachement irrationnel des dirigeants économiques et politiques à la croissance comme panacée universelle ? Bien que l’hypothèse de la décroissance objective – correspondant fidèlement aux faits matériels (déplétion des ressources, catastrophes écologiques) – soit plus explicative du mouvement réel du monde que toute théorie de la reprise possible, les responsables de droite comme de gauche continuent d’imaginer des plans à l’ancienne pour retrouver la croissance perdue.

L’unique politique publique mise en œuvre partout, de type keynésien, est de gagner du temps en imprimant plus de monnaie ou en empruntant plus pour quelque relance, en espérant qu’une nouvelle croissance future permettra de rembourser les dettes présentes. Cela marchait jadis, ça ne marche plus aujourd’hui : nous vivons l’époque où la croissance rencontre les limites de la planète.

Les évolutions aux Etats-Unis illustrent notre propos. La récession promet une fin d’année difficile pour le peuple américain, alors même que la « relance » du président Obama est censée être à son apogée. Malgré le maquillage des statistiques par Washington, la dégradation de la situation des ménages se poursuit : le chômage réel est de l’ordre de 20 %, les saisies immobilières continuent, le surendettement s’accroît, le déficit fédéral et celui des Etats se creusent. Comme en Grèce, mais avec un tout autre retentissement international, le gouvernement Obama sera bientôt contraint à un plan d’austérité budgétaire et à une hausse de la pression fiscale. Le mythe de l’indestructible croissance américaine s’effondrera et, avec lui, la majeure partie du système financier international.

C’est dans ce paysage de décroissance que doit s’élaborer le projet d’Europe Ecologie pour la décennie 2010-2020, autour de trois exigences : dire la vérité, garantir la justice, proposer une vision.

Nous n’aimons pas la vérité. Mais les faits n’ont que faire de notre déni. Les sombres perspectives économiques et, surtout, l’immensité du désastre écologique et géologique qui s’avance doivent être reconnues, partagées et diffusées par toute formation politique sérieuse, c’est-à-dire débarrassée de l’hypocrisie de programmes qui se résument tous à : « Votez pour nous, ça ira mieux demain. » S’il est une « politique autrement », sa première qualité est d’annoncer le plus probable – une longue récession -, non de vendre une illusion – la croissance retrouvée.

Dans cette optique, on ne pourra éviter le chaos social que par Lire la suite

Corinne Lepage : « La décroissance n’est pas porteuse d’espoir »

lemonde.fr, Corinne Lepage, députée européenne et présidente de CAP 21, le 20 août 2010

http://abonnes.lemonde.fr/idees/article/2010/08/20/corinne-lepage-la-decroissance-n-est-pas-porteuse-d-espoir_1400812_3232.html

Corinne Lepage : « La décroissance n’est pas porteuse d’espoir »

Pour Corinne Lepage, « nous devons faire du ‘bien-vivre’ un objectif partagé qui repose sur la sécurité humaine« .

Si l’écologie politique décide d’être le porteur de la décroissance et d’un projet défini comme avant tout anticapitaliste et antilibéral, alors elle ratera le coche de l’Histoire qui propose au monde multiple de l’écologie politique d’être le passeur d’une civilisation à à une autre, et ce grâce à un projet de transition.

Les drames climatiques de l’été ont une fois de plus illustré ce que sera le monde du changement climatique avec ses tragédies individuelles et ses risques collectifs. Pour autant, le prochain sommet sur le climat à Cancún s’annonce très mal !

Certes, les menaces économiques font planer les plus grands doutes sur la reprise. La faiblesse de la création d’emplois, la persistance d’un chômage à deux chiffres et touchant, dans le monde entier, les jeunes de plein fouet rendent très pessimiste. Et pourtant, la transformation du système financier apparaît des plus modestes.

Mais le projet d’une décroissance, même qualifiée de prospère (ce qui est un oxymore du même ordre qu’une croissance durable), ne peut aucunement fédérer nos concitoyens et constituer un projet porteur d’espoir. D’ailleurs, les décroissants l’abandonnent progressivement.

Dans un ouvrage, Prospérité sans croissance. La transition vers une économie durable (De Boeck, « Planète en jeu », 248 p., 17euros), Tim Jackson, de la Commission du développement durable du Royaume-Uni, propose d’abandonner le terme et l’idée pour proposer un autre modèle, proche de ce que j’ai appelé l’évolution soutenable.

Plusieurs changements sont nécessaires : il faut avant tout passer d’un modèle économique à deux dimensions (travail et capital) à un modèle macroéconomique à au moins trois dimensions, introduisant le principal facteur de rareté issu de la finitude de notre planète. Il est également indispensable de modifier notre rapport au travail.

Dans le système actuel, le travail est avant tout un coût de production qu’il convient de réduire pour les entreprises, et le moyen d’assurer son existence, qu’il convient donc de conserver coûte que coûte, pour le travailleur.

En prenant la dimension sociale du travail comme un des éléments d’existence dans une société, on ajoute une nouvelle valeur à ce travail. Le travail devient une valeur sociale centrale du modèle macroéconomique qu’il faut à tout prix préserver, développer, voire partager.

Mettre l’emploi au cœur des politiques permet de Lire la suite

Pourquoi le PS est incapable de comprendre les enjeux environnementaux auxquels nous sommes confrontés ?

developpementdurable.com, Propos recueillis par Yann Cohignac, le 30 décembre 2009

http://www.developpementdurable.com/interview/2010/08/I72/eric-loiselet.html

Eric Loiselet, tête de liste Europe Ecologie en Champagne-Ardenne pour les régionales de 2010

Consultant expert dans le développement durable et la RSE, Eric Loiselet a longtemps bataillé au sein du PS pour intégrer l’écologie politique à gauche. Il fut cofondateur du Pôle écologique du parti puis secrétaire national adjoint à l’environnement. Avant de renoncer à son engagement socialiste, lassé par les atermoiements de la rue Solferino, pour rejoindre Europe Ecologie en octobre. Aujourd’hui, il est membre du CAP (Comité d’animation et de pilotage) national du rassemblement écologiste et tête de liste en Champagne-Ardenne pour les élections régionales de 2010. Sans concession avec le PS, il nous parle de son parcours politique, des raisons qui l’ont poussé à entrer chez Europe Ecologie, des actions du gouvernement, et de son programme pour les régionales.

Developpementdurable.com : Consultant expert dans le développement durable et la RSE, vous avez aussi décidé de mener une carrière en politique. Pourquoi cette décision ?

Eric Loiselet : C’est pour moi la poursuite d’un itinéraire citoyen : j’ai été assez jeune engagé politiquement. Ma première carte dans un parti, je l’ai prise en 1979, au PS, à l’époque où il était en pleine ascension puisque c’était deux ans avant la victoire historique de François Mitterrand aux élections présidentielles (mai 1981). J’y suis resté jusqu’en 1992-1993. J’ai ensuite quitté la vie politique militante pendant une dizaine d’années pour me consacrer à mon métier et pour fonder une famille. Avant de renouer avec l’engagement politique au travers d’un club, le Cercle Galilée. J’y ai travaillé sur une thématique qui correspondait à une mon expertise professionnelle : la Responsabilité sociale des entreprises (RSE). Ce club avait la vocation de réfléchir à la manière d’actualiser le logiciel intellectuel et socialiste en prenant en compte la question posée par les mouvements altermondialistes : comment envisager une nouvelle régulation de l’activité des entreprises en prenant plus largement en compte la question des impacts environnemental, social et sociétal de leur activité ? J’ai alors eu l’occasion de travailler sur la préparation de ce qui a été l’article 116 de la loi NRE, dans la zone grise qui précède la décision politique où des professionnels sont consultés pour affiner les projets. J’étais déjà donc à la charnière du professionnel et du citoyen. Comme beaucoup, je voulais donner un sens à ma vie professionnelle.

Puis en 2002, après l’échec de la gauche au premier tour de la présidentielle, j’ai décidé de ré-adhérer au PS pour rejoindre directement sa sensibilité rénovatrice : le Nouveau Parti Socialiste.

dd.com : Quand avez-vous commencé à tenter de « verdir le PS » ?

E. L. : A ce moment-là. Etant donné mon activité « d’expert » au sein du Club Galilée, j’étais devenu « Monsieur écologie » au NPS. J’ai alors essayé de convaincre les socialistes de voter pour la Charte de l’environnement, sans grand succès, et j’ai mené différents combats de cette nature parce que j’avais déjà la conviction que la promesse socialiste était essoufflée : l’élection de 2002 avait clairement montré le décrochage des catégories populaires. Pour moi, il était évident qu’il fallait intégrer au parti les apports de l’écologie politique.
Puis arrivent les présidentielles de 2007 : ayant rejoint Rénover Maintenant, je participe presque machinalement à la candidature, aux primaires, de Ségolène Royal. Pour une raison simple : parmi les trois candidats (avec Dominique Strauss-Khan et Laurent Fabius), je me suis dit qu’elle était celle qui avait le mieux compris les enjeux environnementaux. Elle avait en effet gardé un souvenir de son bref passage au ministère de l’Environnement. Le début de la campagne présidentielle m’avait d’ailleurs conforté dans ma décision : la nomination de Bruno Rebelle (ex-directeur de Greenpeace) comme conseiller à l’Environnement était un choix original. C’était la première fois qu’un ancien dirigeant d’ONG était intégré à ce point dans une équipe de campagne présidentielle. On assistait à une espèce d’ouverture à d’autres filières de recrutement que les grands corps de l’Etat, des filières en phase avec les changements importants et rapides de la société.

dd.com : Expliquez-nous comment vous vous êtes rendu compte que le PS était, selon vos propres mots, incapable de comprendre les enjeux environnementaux auxquels nous sommes confrontés ?

E. L. : Cela a été un long processus : après l’échec de Ségolène Royal, je l’ai entendu dire qu’elle était pour le retour de la TIPP (Taxe intérieure sur les produits pétroliers) flottante. Je me suis dit alors, avec quelques « écolos » du parti, que tout cela commençait à bien faire ! Nous n’avions, au sein de nos différentes sensibilités socialistes, jamais réussi à convaincre au-delà de la rédaction de quelques textes témoignant d’une ouverture intellectuelle. Dès qu’il s’agissait de prendre des décisions, l’écologie politique était exclue. Nous avons donc décidé de créer le Lire la suite

Sortir de la myopie des démocraties, par Pierre Rosanvallon

Sortir de la myopie des démocraties, par Pierre Rosanvallon

lemonde.fr, Pierre Rosanvallon, historien, professeur au Collège de France, le 7 décembre 2010

http://abonnes.lemonde.fr/idees/article/2009/12/07/sortir-de-la-myopie-des-democraties-par-pierre-rosanvallon_1277117_3232_1.html

Les régimes démocratiques ont du mal à intégrer le souci du long terme dans leur fonctionnement. La difficulté devient préoccupante à l’heure où les questions de l’environnement et du climat obligent à penser dans des termes inédits nos obligations vis-à-vis des générations futures.

Cette difficulté n’a rien d’inédit. Ainsi, dès les débuts de la Révolution française, Condorcet attirait l’attention sur les dangers de ce qu’il appelait une « démocratie immédiate ». Le philosophe redoutait en particulier que la gestion des finances publiques soit dominée par les errements d’une action au jour le jour et il invitait en conséquence à soustraire à l’influence du pouvoir exécutif la garde du Trésor public.

Une sorte de « préférence pour le présent » semble effectivement marquer l’horizon politique des démocraties. Il y a des raisons structurelles à cela. Qui dérivent avec évidence de comportements déterminés par les rythmes électoraux et les impératifs sondagiers. La course essoufflée au court terme est d’abord fille des conditions d’exercice de la lutte pour le pouvoir. Il est ainsi banal d’opposer les idéaux types du « politicien », qui ne se préoccuperait que de la prochaine échéance électorale, à ceux de « l’homme d’Etat », qui aurait l’oeil fixé sur un horizon plus lointain.

Mais les choses sont plus compliquées. La myopie des démocraties a des causes plus structurelles. Elles n’ont pu faire leur chemin qu’en s’arrachant aux puissances de la tradition, en légitimant les « droits du présent » pour ne pas se laisser emprisonner dans une temporalité prédéterminée. « La terre appartient aux vivants », disait fermement Jefferson pour dénoncer l’idée même d’une précontrainte fixée à l’expression de la volonté générale par une raison élargie. « Il est absurde que la volonté se donne des chaînes pour l’avenir » : la formule lapidaire du Contrat social a été fondatrice pour les démocraties modernes.

Dans le monde post-révolutionnaire d’aujourd’hui, plus aucune religion séculière ne peut en outre conduire à donner sens à l’action collective en la rapportant prioritairement à une lointaine espérance (le propre des religions, notait Tocqueville, est qu’elles « donnent l’habitude de se comporter en vue de l’avenir »). Autrefois, en effet, le long terme était toujours associé à l’idée d’un salut. Les impératifs de la sécularisation et ceux d’une expression autonome de la volonté générale se sont ainsi superposés dès l’origine pour borner l’horizon temporel des démocraties. Leurs critiques ont souligné avec force ce qui était jugé comme une infirmité congénitale.

Un Tocqueville considérait pour cela les régimes démocratiques « décidément inférieurs aux autres dans la direction des intérêts extérieurs de la société », une politique étrangère digne de ce nom impliquant la capacité de rapporter les actions quotidiennes à une perspective inscrite dans la longue durée. « La politique extérieure n’exige l’usage de presque aucune des qualités qui sont propres à la démocratie, et commande au contraire le développement de presque toutes celles qui lui manquent », résumait-il lapidairement.

On peut d’ailleurs aussi rappeler que les démocraties ont, à l’inverse, également été stigmatisées pour leur difficulté à gérer promptement des circonstances exceptionnelles. Un Carl Schmitt n’a cessé d’instruire leur procès en impuissance à trancher dans l’urgence, freinées qu’elles sont supposées être par le principe de la délibération collective. Entre cette critique décisionniste et la dénonciation du penchant court-termiste, les démocraties ont ainsi souvent été décrites comme temporellement dysfonctionnelles.

Comment remédier à cette situation et corriger cette myopie démocratique, au moment où s’accumulent les diagnostics alarmants sur l’avenir du climat ? Comment renforcer politiquement le futur ? Il y a plusieurs façons de répondre.

La première passe par un élargissement des Lire la suite

Edouard Bard : Si nous ne changeons pas nos habitudes, les jeunes générations connaitront, d’ici la fin du siècle, les estimations les plus hautes du réchauffement mondial : entre 2 et 6°C

place-publique.fr, Yan de Kerorguen, le 7 décembre 2009

http://www.place-publique.fr/spip.php?article5517

* Une version de cet article est parue dans la revue Dirigeants n°87 (Septembre 2009)

Edouard Bard met en évidence le lien intime entre climat et océan*

En chercheur engagé, Edouard Bard n’hésite pas à aller au front pour défendre ses convictions. Pour atténuer le risque d’une dérive climatique, au cours de la seconde moitié du siècle, cet « archéologue du climat » pense qu’une mutation technologique et économique s’impose.

« Si nous ne changeons pas nos habitudes, les jeunes générations connaitront, d’ici la fin du siècle, les estimations les plus hautes du réchauffement mondial : entre 2 et 6°C en moyenne planétaire en fonction des scénarios d’émissions et de la sensibilité plus ou moins grande du climat à cette perturbation ».

Edouard Bard, professeur au Collège de France et titulaire de la chaire d’évolution du climat et de l’océan, n’est pas un homme à dire les choses à la légère. D’abord, c’est un chercheur à l’état pur qui cultive le doute scientifique et cumule les distinctions : médaille de bronze du CNRS, Grand Prix Gérard Mégie du CNRS et de l’Académie des Sciences et bien d’autres honneurs reçus à l’étranger. Ensuite, sa matière à lui, c’est le temps, plus exactement la paléoclimatologie. Elle lui fournit la possibilité d’obtenir des séries temporelles indispensables pour une vision claire des variations naturelles et des incertitudes associées.

«  Mon travail consiste à comprendre le lien intime qui existe entre l’océan et l’atmosphère sur des échelles de temps allant de quelques siècles à plusieurs millions d’années », explique-t-il.

Avec ses collaborateurs du CEREGE (Centre européen de recherche et d’enseignement des géosciences de l’environnement), basé à Aix-en-Provence, il a mis en évidence des périodes de refroidissement abrupt de l’océan Atlantique Nord en liaison avec des débâcles d’icebergs au cours de la dernière déglaciation. Il a également établi une chronologie précise de la remontée du niveau de la mer depuis 20 000 ans et découvert de brusques variations de ce niveau à des taux supérieurs à un mètre par siècle. Il a aussi réalisé plusieurs autres découvertes majeures notamment sur les méthodes de datation utilisant le carbone14.

Cet archéologue du climat utilise des méthodes de chimie analytique pour déterminer l’ampleur et la chronologie des variations climatiques. De nouvelles méthodes quantitatives lui ont permis de reconstruire les climats passés avec des archives variées comme les sédiments océaniques, les coraux, les stalagmites, les sédiments lacustres et les glaces polaires. Très récemment, lui et son équipe ont mesuré et comparé des enregistrements du Pacifique et de l’Atlantique, ce qui leur a permis d’identifier un nouveau mécanisme d’amplification de ces changements climatiques faisant intervenir l’atmosphère et l’océan tropical

En chercheur engagé, E. Bard n’hésite pas à aller au front pour défendre ses convictions. Par exemple lorsqu’il s’emporte, dans le journal Libération (19 décembre 2007) contre une « malhonnêteté scientifique » aboutissant à nier le rôle des rejets anthropiques de gaz à effet de serre dans le changement climatique en cours.

Pour lui, des scénarios d’augmentation de température de plus de 2 degrés par rapport à aujourd’hui ne sont pas à exclure. En clair, Lire la suite

Climat : les négociations internationales enlisées

lemonde.fr, Grégoire Allix, le 7 août 2010

http://abonnes.lemonde.fr/planete/article/2010/08/07/climat-les-negociations-internationales-enlisees_1396723_3244.html

Climat : les négociations internationales enlisées

Les négociations sur le climat ne sont pas sorties de l’ornière où les a laissées l’échec de la conférence de Copenhague, en décembre 2009. Les délégués de 178 pays réunis à Bonn, du 2 au 6 août, pour aplanir la route vers un accord international avant la Conférence des Nations unies sur le climat, à Cancun, au Mexique, du 29 novembre au 10 décembre, se sont séparés sur un constat d’échec. Baisse des émissions, aide aux pays pauvres, protection des forêts… aucun des sujets sur la table n’a connu d’avancée.

L’annonce, fin juillet, de l’ajournement du projet de loi sur l’énergie aux Etats-Unis, interprétée par des gouvernements du Sud comme le signal que Washington ne tiendrait pas ses engagements sur le climat, a largement contribué à crisper les négociations.

Les discussions ont repris sur la base d’une nouvelle version du texte proposé au mois de juin par la diplomate zimbabwéenne Margaret Mukahanana-Sangarwe. Cette synthèse, qui reprend les termes de l’accord de Copenhague et les propositions de différentes parties, doit servir de base à un accord.

Mais loin de permettre de choisir parmi les nombreuses options entre crochets laissées à la décision des négociateurs, le travail en groupes thématiques de la semaine écoulée n’aura fait que compliquer le paysage. Des délégations, notamment celles des pays en développement et des grands émergents, qui jugent ce texte trop favorable aux pays riches, ont réintroduit certaines de leurs exigences initiales. Et de 45 pages le 2 août, le document était passé à 100 feuillets vendredi.

Les tensions restent vives entre pays riches et monde en développement. Si les discussions entre pays industrialisés ont permis d’affiner les mécanismes qui succéderont au protocole de Kyoto, qui prend fin en 2012, les représentants du Sud ont rappelé que les engagements actuels des gouvernements du Nord ne suffiront pas à limiter le réchauffement à 2°C.

DÉCISIONS SECTORIELLES

La Costaricienne Christiana Figueres, qui a succédé, le 1er juillet, au Néerlandais Yvo de Boer à la tête de la Convention cadre des Nations unies sur les changements climatiques, a appelé les pays du Nord à honorer d’urgence l’engagement, pris à Copenhague, de Lire la suite

L’environnement est-il une préoccupation majeure pour les Français ? Oui et ils sont prêts à payer plus pour vivre mieux !

cdurable.info, le 25 mai 2010.

http://www.cdurable.info/+L-environnement-est-il-une-preoccupation-majeure-pour-les-francais-Sondage-IPSOS-France-Bleu,1730+.html  

L’environnement est-il une préoccupation majeure pour les Français ? Oui et ils sont prêts à payer plus pour vivre mieux !

Publication des résultats du Sondage Ipsos/France bleu : mardi 25 mai, 5h

Le mardi 25 mai, journée spéciale sur les 41 stations du réseau France Bleu.

La Tempête Xynthia, la marée noire au large des côtes américaines, l’éruption du volcan islandais… les événements récents et la prise de conscience collective font de l’environnement un acteur déterminant dans le monde d’aujourd’hui.

Avec l’appui d’un sondage IPSOS exclusif, le réseau France Bleu interroge les Français sur leur manière de préserver ou non l’environnement, sur leurs motivations et les gestes concrets pour « sauver la planète » ; il leur demande s’ils sont prêts à payer plus pour vivre mieux, si le changement climatique les inquiète, s’ils souffrent de la pollution.

A la lumière du sondage, les 41 radios de France Bleu vont enquêter : reportages, interviews, avis de spécialistes, réactions et témoignages d’auditeurs. Tout au long de la journée, elles apporteront des trucs et astuces, des conseils pour préserver l’environnement.

Porteur d’informations exclusives, le réseau France Bleu délivre ici des clés pour comprendre et pour décrypter l’état d’esprit des Français.

RESULTATS

Les Français prédisposés à une augmentation modérée de leurs impôts en faveur de la protection de l’environnement

Les résultats de l’enquête Ipsos / France Bleu [1] confirment, malgré la crise économique et l’émergence de discours écolo-sceptiques, l’importance accordée par les Français à la protection de l’environnement. Elle révèle par ailleurs à quel point cette thématique est présente dans leur vie de tous les jours.

La majorité des Français se déclare inquiète face au changement climatique.

La sensibilisation des Français aux problèmes environnementaux et à leurs effets semble bien résister aux dernières polémiques (remise en cause du réchauffement climatique, taxe carbone) et plus largement à l’émergence récente de discours écolo-sceptiques.

Ainsi, même s’il ne s’agit pas de leur principale préoccupation,  une large majorité de Français (69%) demeure aujourd’hui inquiète face au changement climatique,  contre seulement 31% qui déclarent le contraire.

La multiplication des catastrophes naturelles (séismes en Haïti, au Chili et en Chine, tempête en Vendée) contribue certainement à renforcer ce sentiment.

L’inquiétude est particulièrement marquée chez les jeunes générations

 79% chez les moins de 35 ans,

 les personnes les plus âgées étant en revanche plus Lire la suite

Incendies géants, inondations meurtrières… : Signes de la catastrophe

http://www.temoignages.re/signes-de-la-catastrophe,44871.html

temoignages.re, Geoffroy GÉRAUD-LEGROS, le 6 août 2010

Signes de la catastrophe

Incendies géants, inondations meurtrières… libérant d’immenses forces destructrices, le réchauffement climatique ravage l’ensemble de la planète. Et pose, au-delà de l’observation scientifique, la question du rapport économique, social et politique entre les hommes.

Incendies géants inondations meurtrières libérant d’immenses forces destructrices, le réchauffement climatique ravage l’ensemble de la planète.

Comme les tempêtes, les incendies et les inondations comptent au nombre des “phénomènes extrêmes” identifiés en 2001 par le rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC). Le réchauffement climatique a été identifié à plusieurs reprises comme la cause majeure des énormes inondations, dont celle de la fameuse mousson de 2007.

« Phénomènes extrêmes »

Depuis le début des inondations, 1.200 personnes ont perdu la vie au Pakistan. Selon le Programme alimentaire mondial (PAM), près de deux millions d’entre elles ont actuellement besoin d’une aide alimentaire, et plus d’1 million sont sans abris. Dans le même temps, la Chine du Nord est elle aussi en proie à des inondations dont le bilan provisoire s’élève à plus de 70 morts et à près de 400.000 évacuations. Les projections des experts laissent craindre le pire dans cette partie du monde où, toujours selon le GIEC, « le réchauffement pourrait excéder de 40% le réchauffement moyen de l’ensemble de la planète et en Asie du Nord et en Asie centrale »… ainsi qu’en « Amérique septentrionale… » où le déferlement de la tempête Katrina en 2005 avait contribué à la prise de conscience envers les conséquences du réchauffement climatique.

Prise de conscience ?

Un éveil tardif, alors qu’aux États-Unis, les inondations à répétition enregistrées depuis 1993 dans le Midwest portaient elles aussi la marque du changement climatique. Dès 1995, le National climatic data center avait fait paraître un accroissement des catastrophes climatiques aux USA, estimant à « une chance sur deux » la possibilité d’un lien entre ces dernières et le phénomène de réchauffement climatique… un rapport devenu de plus en plus évident avec l’affinement des recherches, que, les médias américains ont malgré tout tardé à pointer, dans un pays où le « scepticisme climatique » est fort répandu.

L’eau et le feu

L’ Europe n’est pas non plus épargnée, comme l’ont rappelé les crues gigantesques de l’Elbe et du Danube qui ont frappé l’Europe centrale en 2002, entraînant le déplacement de 200.000 personnes en République tchèque, et occasionnant un bilan de 3 milliards de dollars à ce pays, et 9 milliards à Allemagne, qui n’avait pas connu de telles montée des eaux depuis le 13ème siècle.

Autre manifestation de la crise : les incendies. Après les grands embrasements de la Grèce et du Portugal au cours des années 2000, c’est au tour de la Russie Lire la suite

Du Vert dans le Rouge : renforcer la prise en compte de l’écologie mais rester à gauche.

legrandsoir.info, Christian Delarue, le 3 août 2010

http://www.legrandsoir.info/Du-Vert-dans-le-Rouge-renforcer-la-prise-en-compte-de-l-ecologie-mais-rester-a-gauche.html

Du Vert dans le Rouge : renforcer la prise en compte de l’écologie mais rester à gauche.

Pour des raisons de fond comme pour des raisons d’alliances politiques contre le sarkozysme en France il importe de relier l’écologie et le social. Pour ce faire, une maitrise politique et démocratique de l’économie est nécessaire au lieu de la laisser à la logique marchande (produire des marchandises) et capitaliste (faire du profit). Il n’y a pas de capitalisme vert dit Michel Husson (1) ! La question dépasse évidemment l’horizon national.

I – Avancer des positions théoriques conséquentes à gauche sur le respect de la nature.

1. QUELLE CROISSANCE ? QUELLE PRODUCTION ?

La gauche de gauche écologiste et socialiste (pas au sens de social-démocrate) pense qu’il faut sortir du dogme de la croissance infinie et de la production anarchique non pas pour tordre le bâton dans l’autre sens avec un dogme de la décroissance généralisée et du ne rien produire du tout mais en se posant des questions sur le contenu et les modalités de la production . Il y a toujours besoin de construire des écoles, des logements, des hôpitaux, et nombres de biens utiles. D’autres productions sont inutiles voire nuisibles. La production de voitures ne va pas baisser sans une politique sectorielle transitoire.

Pour avancer, il faut lier les deux questions celle du contenu et celle du mode de production : Si vous voulez construire moins de voitures, moins d’avions et plus de trains par exemple il faut, outre le changement d’imaginaire, surement changer le mode de production tellement les paramètres en jeux sont importants. On peut user de façon transitoire de certaines taxes pour interdire l’accès aux voitures mais cela ne portera que contre les moins solvables (qui sont nombreux) mais c’est un capitalisme dictatorial qui est alors en place ; clairement contre les intérêts du peuple. On s’en approche ceci dit. On peut aussi baisser beaucoup plus les tarifs de transport ferroviaire ce qui suppose une très forte réhabilitation des services publics et de la fiscalité pour les faire fonctionner. Même ainsi, cela ne résoudra pas toutes les questions.

En fait, il est fort peu probable que le mode de production capitaliste orienté vers a valeur d’échange et le profit sache aller vers cette orientation. Dépasser les régulations marginales suppose d’aller vers le socialisme et pour cela il faut mettre le politique et la démocratie au poste de commande, pas le marché et le capital même avec quelques régulations.

2. TOUS RICHES AU NORD ?

Faut-il faire ici la critique de l’empreinte écologique ou celle de son usage ? Si l’empreinte écologique est pertinente, il faut alors se garder d’une interprétation intégriste de cet outil d’analyse. En effet, à écouter certains écologistes, usant de l’empreinte écologique comme critère, la question de la répartition des richesses est mondiale et oppose le Nord surconsommateur au Sud insolvable. Pourtant disposer d’une automobile ne fait pas le riche dans le vécu ordinaire des travailleurs. Ce qui n’empêche pas qu’ une ville comme Londres a une empreinte écologique 120 fois supérieure à sa superficie . La répartition des richesses se pose aussi au Nord. Il faut continuer à défendre le bouclier social et fiscal des 3000 euros et moins par mois dans les pays comme la France. Cela n’empêche pas de vouloir une bonne répartition des revenus au plan mondial et un meilleur accès au services publics. Mieux, il y a tout lieu de penser que si l’égalité avance au Nord, la volonté de justice sociale grandira alors pour le Sud. Il faut enfin préciser aussi qu’il y a du nord au sud. Il y a dans de nombreux pays du sud une bourgeoisie compradores qui émarge à la mondialisation capitaliste et qui place ses fortunes en Suisse et dans les paradis fiscaux.

3. POUR UN DÉVELOPPEMENT SOCIALISTE SOUTENABLE

Le socialisme c’est la démocratisation de l’économie qui devient un moyen au lieu d’être une fin en soi, un fétiche au-dessus des humains. Le socialisme c’est Lire la suite

Pour Hervé Le Treut « Le réchauffement correspond à ce qu’on avait prévu »

sudouest.fr, Jacques Ripoche, le 3 août 2010

http://www.sudouest.fr/2010/08/03/le-rechauffement-correspond-a-ce-qu-on-avait-prevu-152617-4585.php

« Le réchauffement correspond à ce qu’on avait prévu »

Pour Hervé Le Treut, il ne faut pas confondre événement saisonnier et tendance longue. Mais la théorie du réchauffement se vérifie de plus en plus.

« Sud Ouest ». Sécheresse et canicule exceptionnelles en Russie et vague de froid en Argentine sont-elles des signes du réchauffement climatique, comme certaines organisations écologistes le prétendent ?

Hervé Le Treut. On ne peut pas, d’un côté, dire qu’il existe une différence entre l’évolution climatique et les fluctuations saisonnières et, de l’autre, affirmer dès qu’il y a un été chaud, voilà le réchauffement climatique qui arrive ! Il faut vraiment séparer les échelles de temps. D’une part, il y a des mouvements qui sont à l’œuvre sur des décennies : ce sont les évolutions climatiques. D’autre part, il y a des évolutions naturelles qui se manifestent très fortement depuis quelque temps. Tout le travail de la climatologie est d’arriver à savoir si on rajoute aux fluctuations naturelles des composantes d’évolution du climat. Mais cela ne se constate pas sur une saison. Il nous faut regarder le tableau complet en remontant sur dix, vingt, trente ans en arrière.

Que nous dit le tableau complet ?

Il nous dit que l’on est dans une concordance très grande avec l’idée que les gaz à effet de serre ont commencé à modifier le système climatique. Il y a, par exemple, des évolutions fortes dans les régions polaires qui se manifestent par un rétrécissement de la banquise en été. Mais c’est tout un ensemble de paramètres qu’il faut considérer pour construire une image cohérente. Pas seulement la température moyenne et l’amplitude des glaces.

Quels sont ces paramètres ?

Il y a les précipitations. L’évolution des précipitations, quand on les prend localement ou saisonnièrement, paraît quelque peu erratique. On ne voit pas grand-chose. Puis on commence à faire des statistiques. On s’aperçoit alors, sur la durée, que des zones équatoriales et de moyenne altitude deviennent plus humides, des zones désertiques encore plus sèches. Il faut prendre en compte aussi des éléments comme l’évolution des dates de floraison, des dates de récolte. D’une manière générale, au début, on avait des prévisions de réchauffement qui étaient théoriques. Mais quand on regarde sur plusieurs décennies, on s’aperçoit que cela correspond à ce que l’on avait prévu.

Vers quel barreau de l’échelle des scénarios du Giec (Groupement intergouvernemental d’experts sur les évolutions du climat) se dirigerait-on ?

Cela dépend des émissions de gaz à effet de serre dans le futur. En gros, il y a une inertie du système. Autrement dit : que l’on augmente les gaz à effet de serre ou qu’on les réduise maintenant, cela ne changera pas fortement ce qui va se passer dans les dix ou vingt prochaines années. C’est plus tard que l’on mesurera le niveau du réchauffement, sur une échelle qui va de 2 à 6 degrés. Ça dépendra beaucoup de nos émissions. Donc, l’homme peut encore agir.

Une étude récente annonce que le climat de Séville Lire la suite

Villes en transition : Le futur en marche

http://www.lecourrier.ch/index.php?name=News&file=article&sid=446506

Le futur en marche

Lecourrier.ch, Annie Pitteloud, le 31 Juillet 2010

LA VILLE (V)

Nées en Grande-Bretagne, les Villes en transition essaiment en terres francophones. Objectif : préparer aujourd’hui un monde sans pétrole. Entretien avec Rob Hopkins, à l’origine du mouvement.

Des villes en transition ? Mais de quoi vers quoi ? De l’ère du pétrole à celle de sa fin programmée. Les experts peinent à s’accorder sur une date, mais le pic pétrolier devrait se produire avant 2030 : la demande croissante en énergie excédera dès lors une offre en constante diminution1. Sans attendre cette pénurie annoncée, qui fait planer sur notre monde dépendant de l’or noir la menace de crises énergétiques, alimentaires et sociales, des militants s’attèlent à sortir dès à présent de la dépendance au pétrole. Afin de faire face au double défi du pic pétrolier et du réchauffement climatique, le réseau des Villes en transition (Transition Towns) en Grande-Bretagne imagine depuis quatre ans de nouveaux paradigmes, et invente des modèles alternatifs dans une révolution des consciences bien loin des discours culpabilisants qui réduisent à l’impuissance. En 2006, la petite ville de Totnes est la première à se lancer dans l’aventure. Aujourd’hui, plus de 250 initiatives de Transition ont vu le jour dans une quinzaine de pays, réunies dans le réseau de Transition (Transition Network). Le mouvement a commencé à essaimer dans le monde francophone (lire en page suivante).

Tout démarre en 2005 à Kinsale, en Irlande: Rob Hopkins, enseignant de permaculture2, imagine avec ses étudiants un moyen de mettre en pratique cette «culture permanente». Ils élaborent des outils conceptuels et un cadre pratique pour motiver les citoyens à agir à l’échelle locale: c’est à ce niveau que le changement est possible, que la population peut passer à l’action sans attendre d’hypothétiques résolutions issues des Sommets sur le climat. Par ailleurs, afin de sortir de sa dépendance au pétrole, l’économie devra en grande partie se relocaliser.

outils psychologiques

La Transition aborde la sortie du pétrole avec les outils utilisés pour traiter les dépendances. Afin d’aider les communautés qui se lancent, la démarche est résumée dans le Guide des initiatives de Transition en douze étapes – non contraignantes, le propre de ces initiatives étant d’être concrètes et pratiques, chaque communauté trouvant les solutions qui lui conviennent en fonction de ses ressources et de ses enjeux. La Transition se base également sur le concept de la résilience, emprunté à la psychologie, pour définir la capacité d’un système social à encaisser sans s’effondrer un choc – énergétique, climatique ou économique – et à rebondir, grâce notamment à son autonomie locale en matière alimentaire et énergétique.

Son originalité est d’offrir une vision positive de la sortie du pétrole. Après avoir pris conscience du pic pétrolier, de ses conséquences et de l’urgence de s’y préparer en réduisant ses émissions de CO2, chaque communauté définit et met en oeuvre un «plan d’action de descente énergétique» (PADE). Pour cela, elle dessine une vision à Lire la suite

Marée noire et fin du monde

vert.courrierinternational.com, John Leland, le 23 juin 2010

http://vert.courrierinternational.com/article/2010/06/23/maree-noire-et-fin-du-monde

Voir l’article original du « New York Times »

Marée noire et fin du monde

La fin du pétrole est un scénario catastrophe dont les conséquences pourraient être dramatiques. De plus en plus d’Américains s’y préparent et envisagent la vie d’après, raconte le New York Times.

Ce samedi-là, pendant que le pétrole continue de se déverser dans le golfe du Mexique, Jennifer Wilkerson passe trois heures au téléphone à parler de la vie après le pétrole. Trente-trois ans, démocrate modérée, conceptrice d’interfaces informatiques, elle vit à Oakton, en Virginie. La marée noire renforce son obsession : la consommation de pétrole épuise les réserves mondiales. Elle s’inquiète de l’après : pénurie alimentaire, effondrement de l’économie, disparition de l’ordre civil. Son coup de téléphone entre dans le cadre d’un cours de survie.

En période de crise, la fin du monde fait fureur. Les Américains sont depuis longtemps fascinés par les scénarios catastrophe, de l’explosion démographique au réchauffement climatique, en passant par la guerre froide. Les Cassandre font aujourd’hui une nouvelle fixation : la fin du pétrole. Pour eux, les réserves ont atteint leur niveau maximum en 2008 et vont rapidement décliner, entraînant l’économie avec elles. En 2005, Roscoe G. Bartlett, représentant républicain du Maryland, et Tom Udall, représentant démocrate du Nouveau-Mexique (aujourd’hui sénateur) ont même créé au Congrès la commission sur la fin du pétrole.

André Angelantoni, lui, n’entend pas prendre de risques. Il a stocké des provisions dans sa maison de San Rafael, en Californie, et converti ses investissements en or et en argent. La baisse des ressources pétrolières aura des effets brutaux, assure-t-il.

M. Angelantoni, 40 ans, est concepteur de sites web et fondateur de la société Post Peak Living, qui propose des cours par téléphone et en ligne pour survivre après le pétrole. Il a commencé à s’intéresser à la fin du pétrole après s’être penché sur le réchauffement climatique parce qu’il pensait que l’impact en serait plus brutal. “Le débat sur la fin du pétrole en est là où en était le débat sur le réchauffement climatique il y a vingt ans.” Comme pour plusieurs des participants au cours par téléphone, ses préoccupations ont tendu sa relation avec sa femme et créé une distance “infranchissable” entre eux. “Les gens ont beaucoup de mal à comprendre que notre forme d’économie est en train de s’écrouler. Ils pensent que, comme ça ne s’est pas encore produit, ça n’arrivera jamais”, déplore-t-il.

Les livres sinistres se vendent comme des petits pains, comme La Fin du pétrole : le vrai défi du XXIe siècle, de James Howard Kunstler, ou Pétrole : la fête est finie !, de Richard Heinberg. Jennifer Wilkerson a lu une vingtaine d’ouvrages sur le sujet et ce qui s’ensuivra. A un moment, elle s’est sentie déprimée à son travail et a eu du mal à discuter avec son mari. Ses collègues de travail lui ont carrément dit qu’ils “en avaient marre d’entendre parler de ça, raconte-t-elle. Ils trouvaient que j’exagérais de penser que tout allait s’effondrer.” Elle ajoute : “J’étais prête à quitter le pays pour me lancer dansa l’agriculture bio mais j’ai appris que ce n’est pas comme ça qu’il faut faire. Il faut une communauté. »

Transition US, rejeton d’une association britannique qui aide les villes à se préparer à une vie après le pétrole, a commencé avec deux cellules en 2008 et en compte aujourd’hui 68. Entre autres projets, elle propose la création de Lire la suite

Le maire, acteur clé des enjeux énergétiques

localtis.info, Anne Lenormand, le 22 juin 2010

http://www.localtis.info/cs/ContentServer?c=artJour&pagename=Localtis%2FartJour%2FartJour&cid=1250260023793

Le maire, acteur clé des enjeux énergétiques

Rénovation thermique des bâtiments, transports, urbanisme, chauffage urbain, déchets… : les politiques locales sont au coeur des enjeux de la sobriété énergétique et de la lutte contre le changement climatique. Un colloque organisé par l’Association des maires de France le 16 juin a fait le tour de ces questions en mettant en avant des expériences locales innovantes.

« On ne peut aménager une ville sans avoir en tête les questions de consommations d’énergie de nos bâtiments et de nos transports« , a lancé Jacques Pélissard, président de l’Association des maires de France (AMF), en introduisant le 16 juin à Paris un colloque sur le thème « Le maire et l’énergie : de la sobriété énergétique à la lutte contre les changements climatiques« . A l’occasion de cette rencontre, organisée par l’AMF avec le soutien de la Caisse des Dépôts, les élus ont pu présenter leurs actions en la matière et leurs attentes à l’égard de l’Etat au moment où le Grenelle de l’environnement entre dans sa phase de mise en œuvre.

Deux chiffres suffisent à résumer les enjeux et la puissance d’action des collectivités territoriales : elles gèrent près de 240 millions de mètres carrés de bâtiments et sont en lien direct avec 36 millions d’usagers potentiels des transports publics. Les émissions résultant directement de la gestion de leur patrimoine (flottes de véhicules, bâtiments publics, etc.) et de l’exercice de leurs compétences (transports, déchets, chauffage urbain, etc.) représenteraient plus de 12% du total des émissions de gaz à effet de serre en France. Autant dire qu’elles détiennent en grande partie les clés de la réussite des objectifs du Grenelle.

Rénovation thermique des bâtiments : le double défi technique et financier

Le projet de loi portant engagement national pour l’environnement (Grenelle 2) prévoit d’abord l’obligation de réaliser des travaux d’amélioration énergétique dans tous les bâtiments tertiaires entre 2012 et 2020. Un chantier colossal pour les communes qui disposent d’un patrimoine bâti important. Comme l’a souligné Pierre Jarlier, sénateur-maire de Saint-Flour et vice-président de l’AMF, en charge du groupe de travail collectivités du Plan Bâtiment Grenelle, le défi n’est pas seulement financier. Il passe aussi par des diagnostics solides. « Sans ingénierie territoriale, on ne pourra mettre en œuvre une politique efficace d’amélioration de la performance énergétique car on manque aujourd’hui de connaissances sur l’état du patrimoine et de professionnels qualifiés pour répondre aux questions des élus et des habitants dans ce domaine. »

Comme les investissements en matière d’économies d’énergie s’amortissent sur des périodes longues, il faut aussi réfléchir à de nouveaux modes de calcul. « Le Code des marchés publics va devoir évoluer car on ne peut pas continuer à faire des appels d’offres en prenant uniquement en compte les coûts d’investissement », a souligné Pierre Jarlier. Et de suggérer : « La notion de coût global devrait s’imposer de façon à Lire la suite

La politique énergétique française vue par l’Agence Internationale de l’Energie : une analyse sourde, aveugle et muette !

Revue de l’AIE sur la politique énergétique française : une analyse sourde, aveugle et muette !

cdurable.info, le 27 juillet 2010.

http://www.cdurable.info/+Revue-de-l-AIE-sur-la-politique-energetique-francaise-une-analyse-sourde-aveugle-et-muette-pour-le-CLER,1766+.html

Tous les 4 ans, l’Agence internationale de l’énergie (AIE) – organe de coopération entre les 28 pays membres de l’OCDE centré sur l’énergie – réalise une revue de la politique énergétique de chacun de ses pays membres.

Le rapport concernant la France publié le 26 Juillet 2010 se montre très décevant et même inquiétant. Les experts associatifs pointent les défauts du processus de concertation sur la forme et le manque d’analyse critique de la revue sur le fond.

Un rapport sourd aux ONG

Le processus d’élaboration du rapport comprend plusieurs phases de débat et de concertation entre les représentants des ministères des pays membres et le Secrétariat de l’AIE. Les autres acteurs concernés sont en principe eux aussi associés à la démarche.

Contrairement à ce qui se fait dans les autres pays, le Ministère du développement durable (MEEDDM), en l’occurrence la Direction générale de l’énergie et du climat (DGEC), a refusé d’inclure les acteurs associatifs français de l’énergie et de l’environnement (si ce n’est ponctuellement la Fondation Nicolas Hulot) dans le programme de réunions consultatives.

Ce faisant, la DGEC a privé l’équipe de revue de toute possibilité de discussion directe avec des représentants de la société civile dont la connaissance et l’expertise – notamment en terme d’énergie durable – ont pourtant été largement reconnus durant tout le processus d’élaboration du Grenelle de l’environnement. L’ambitieuse future réglementation thermique RT 2012, dont se félicite l’AIE, est par exemple le fruit des propositions des associations.

Rappelons que le dialogue avec la société civile fait intégralement partie des engagements des pays membres de l’OCDE, ce qu’ont bien compris de nombreux pays membres qui ont pleinement intégré les associations dans le processus de concertation.

Un rapport aveugle vis à vis du nucléaire

Le processus de Grenelle avait été marqué par l’exclusion d’entrée du nucléaire – pourtant placé au centre de la politique énergétique française depuis 1973 – du champ des discussions. Si cette séparation artificielle a sans doute favorisé les avancées de la concertation sur les autres volets de la politique énergétique, elle ne saurait demeurer dans la mise en œuvre concrète des orientations correspondantes.

Les projections officielles « post-Grenelle » du gouvernement français prévoient explicitement, à la fois de stabiliser la consommation d’électricité et de développer la part de la production électrique d’origine renouvelable… tout en assurant le maintien voire l’augmentation de la capacité de production nucléaire. Pour « boucler » le scénario, le Gouvernement ne peut que parier sur une augmentation sans précédent des exportations d’électricité qui n’a aucune chance de se réaliser, ce qui ne peut en retour qu’entraver les progrès sur la demande ou les renouvelables sur un marché national saturé.

L’AIE ignore ou feint d’ignorer dans son analyse cette Lire la suite

Projet Climator de l’INRA : Impact d’un changement climatique (1,6 à 3°) sur des systèmes agricoles et forestiers

inra.fr, Communiqué de presse, le 18 juin 2010

http://www.inra.fr/presse/presentation_resultats_projet_climator

Présentation des résultats du projet Climator

Elaborer des outils et produire des références pour analyser l’impact du changement climatique sur les systèmes agricoles et forestiers

Les résultats du projet Climator ont été présentés lors du colloque de clôture, co-organisé par l’INRA et Arvalis-Institut du végétal, qui s’est tenu à Versailles les 17 et 18 juin 2010. D’une durée de 3 ans, ce projet a fourni des méthodes pour analyser l’impact d’un changement climatique sur des systèmes agricoles et forestiers variés, et produit des résultats synthétisés dans un Livre Vert. S’ils ne concluent pas à un impact uniforme sur les cultures, les chercheurs montrent que l’augmentation de la température et de la concentration en CO2, et la diminution des précipitations auront une influence sur plusieurs facteurs déterminants pour les cultures, les forêts et l’environnement (alimentation des nappes phréatiques en particulier).

Réchauffement, modification de la pluviométrie, augmentation de la concentration en CO2 de l’atmosphère : autant de phénomènes au cœur du changement climatique qui sont susceptibles de modifier, positivement ou négativement, la productivité des cultures et des forêts, et par la suite l’occupation des sols. Ces évolutions sont déjà perceptibles dans les calendriers agricoles : anticipation des dates de floraison des arbres fruitiers et des vendanges, et sont mises en avant pour expliquer la stagnation des rendements du blé. Cependant l’hétérogénéité spatiale des bouleversements climatiques annoncés et la diversité des plantes cultivées, rendent impossible tout pronostic généraliste.

Un exercice de projections basé sur la modélisation

Le travail réalisé au sein du projet Climator est basé sur des hypothèses, devant tenir compte d’un ensemble d’incertitudes. L’agriculture y est représentée par des systèmes de grande culture, des systèmes prairiaux, la vigne et la forêt avec des niveaux de pratiques et des choix variétaux extrêmes (pluvial/irrigué, conventionnel/biologique, cycles longs/cycles courts, monocultures/rotations). Pour appréhender la diversité des climats français, 13 sites répartis sur l’ensemble du territoire français, ont été choisis, dont un situé en moyenne montagne et un autre en Guadeloupe.

Les résultats ont été obtenus en enchainant des simulations climatiques à l’échelle globale puis régionale avec des modèles agronomiques et forestiers. Deux périodes d’intérêt ont été simulées : le futur proche (2020-2049) et le futur lointain (2070-2099) en référence à une période de passé récent (1970-1999). L’hypothèse économique et démographique du monde de demain, qui fournit l’évolution future de l’émission des gaz à effet de serre, introduite dans le modèle global de climat, est, en standard, le scénario A1B du GIEC (forte croissance économique et pic démographique en 2050 aboutissant à 700 ppm de concentration en CO2 dans l’atmosphère à la fin du XXI° siècle, malgré une baisse des émissions mondiales à partir de 2050).

Cependant ces modèles ne sont pas parfaits puisque la connaissance des systèmes climatiques et agricoles est imparfaite. Pour cerner cette erreur plusieurs méthodes ou modèles ont été utilisés en parallèle que ce soit au niveau climatique, comme au niveau agronomique, considérant ainsi que chaque modèle est un point de vue sur la réalité complexe.

Des différences régionales et locales importantes

D’après les modèles, le changement climatique se traduira non seulement par une augmentation de température (de 1,6°C à 3°C selon le lieu et la période de temps considérée), mais également par une diminution des précipitations, surtout Lire la suite

Comité interministériel du développement durable : Les ministres planchent sur une croissance verte adaptée à la crise

lesechos.fr, Julie Chauveau, le 27 juillet

http://www.lesechos.fr/info/energie/020682617442-les-ministres-planchent-sur-une-croissance-verte-adaptee-a-la-crise.htm

Les ministres planchent sur une croissance verte adaptée à la crise

Le Comité interministériel du développement durable se réunit aujourd’hui. Il doit adopter un texte dont « Les Echos » ont eu copie, résumant la stratégie française d’ici à 2013. La prise en compte des déficits publics est mise en avant.

Le symbole fera sourire les défenseurs de l’environnement. Aujourd’hui, doit se tenir la réunion du Comité interministériel du développement durable (CIDD) sous l’égide de Jean-Louis Borloo, ministre de l’Ecologie, de l’Energie, et du Développement durable. En 2003 et en 2007, les deux premières réunions de ce comité avaient été présidées par le Premier ministre afin d’adopter la stratégie nationale de développement pour les années à venir. Doit-on y voir un symbole du fait que ce sujet est passé au second rang des préoccupations du gouvernement à la faveur de la crise économique et de l’échec des négociations sur le changement climatique à Copenhague ? Une chose est sûre, le titre du document sur la future stratégie nationale du développement durable, sur laquelle doivent se pencher les ministres et les secrétaires d’Etat aujourd’hui et dont « Les Echos » ont eu copie, est dans l’air du temps : « Vers une économie verte et équitable ».

Lors du sommet de la Terre à Rio en 1992, les gouvernements avaient pris l’engagement d’adopter des stratégies nationales de développement durable. Alors qu’on prépare déjà en coulisse les vingt ans de cet événement qui devrait être célébré en grande pompe dans la capitale Brésilienne en 2012, ce texte d’une quarantaine de pages porte sur la période 2010-2013. Trois ans après le démarrage des débats du Grenelle de l’environnement, il en reprend les principaux objectifs… tout en insistant sur la nécessité de prendre en compte la crise économique et la détérioration des finances publiques. « La stratégie doit à l’évidence inclure la question de la soutenabilité des finances publiques. […] Elle doit s’interdire toute dépense nouvelle qui ne correspondrait pas à un investissement profitable aux générations futures », peut-on lire dans l’introduction, qui précise que cette préoccupation a « sous-tendu » toute l’élaboration de la démarche. Mais si chacun des neuf défis proposés sont assortis d’indicateurs le plus précis possible afin d’en suivre l’application, aucun détail n’est donné sur la manière dont les investissements nécessaire à la réalisation des objectifs seront financés.

Un contenu social enrichi

Pour les profanes, la principale surprise vient du fait que le changement climatique n’est pas le premier mais le Lire la suite

Entretien avec Dominique Bourg : Démocratie, le défi écologique

scienceshumaines.com, Article de la rubrique « Les pensées vertes », Grands Dossiers N° 19, – juin-juillet-août 2010

Entretien avec Dominique Bourg : Démocratie, le défi écologique

http://www.scienceshumaines.com/articleprint2.php?lg=fr&id_article=25631

Démocratie participative et démocratie délibérative sont les deux pistes à explorer pour enrichir la démocratie représentative et se donner les moyens de répondre aux enjeux environnementaux qui se présentent à nous.

Née dans les années 1970, l’écologie politique a jusqu’à présent peu pesé dans les grandes démocraties, dans lesquelles semblent primer les intérêts de court terme et la satisfaction des besoins individuels. Le mariage entre écologie et démocratie serait-il difficile à réaliser ?

Il est vrai qu’il existe une certaine incompatibilité entre l’écologie et nos démocraties représentatives telles qu’elles fonctionnent aujourd’hui. J’y vois deux raisons.

D’une part, le mécanisme même de la représentation : nos élus doivent régulièrement rendre des comptes aux électeurs, élevés en juges ultimes de leur action. Ils s’adressent alors à la conscience spontanée de chaque citoyen : chacun de nous est considéré comme le meilleur juge de sa situation, en termes de souffrance sociale, de sentiment de bien-être, de satisfaction économique. Or les questions d’environnement sont inaccessibles aux sens, à la « conscience spontanée » du citoyen. Ce dernier perçoit la météo du jour mais il est insensible aux variations de la moyenne des températures sur une longue durée, ou au phénomène de raréfaction globale des ressources. Il est donc difficile de prendre en compte les enjeux environnementaux dans le fonctionnement électoral : ils sont trop abstraits et éloignés.

D’autre part, il y a un problème de fins. Le gouvernement représentatif, tel qu’il est notamment apparu à la fin du XVIIIe siècle dans les écrits d’auteurs modernes tels que Benjamin Constant, est censé limiter l’intervention de la sphère publique et protéger les droits des individus (encadré ci-dessous). Pour les Modernes, le gouvernement a plutôt pour fonction de contribuer à la maximisation des intérêts individuels et de faciliter le commerce entre les nations. Cette conception très individualiste et économiciste était pertinente dans un monde où la croissance de la production et de la consommation n’avait pas de limites perceptibles. Elle est aujourd’hui inadaptée à un monde de ressources limitées et d’équilibres écologiques menacés par les activités humaines…

Cela signifie-t-il que l’écologie aurait besoin d’un cadre autoritaire minimal, d’une « dictature bienveillante » ? Hans Jonas propose par exemple la création d’un Conseil de sages, non tributaires des élections, pour s’assurer que nos choix politiques ne mettent pas en péril les générations futures…

H. Jonas a effectivement prôné l’instauration d’une « tyrannie bienveillante et bien informée ». Il s’agirait de refonder le « Conseil nocturne » imaginé par Platon, agissant dans le secret, sans aucune forme de contrôle et indépendamment des contraintes électorales. On construirait ainsi une Lire la suite

Vers la décroissance : quelles actions ? Essai de classification

apeas.fr, Christian Araud, auteur dans la revue Entropia, le  20 juillet 2010

http://www.apeas.fr/Vers-la-decroissance-quelles.html

Vers la décroissance : quelles actions ? Essai de classification

Face à la crise climatique et à la fin du pétrole bon marché, toute personne convaincue qu’on va « dans le mur » à belle allure peut se poser la question concrète suivante : « Que faire pour ralentir, éviter l’obstacle, ou amortir le choc ? »

Une réponse typique se trouve dans le livre de Matthew Stein [1] dont le sous-titre est très explicite : A Manual for Self-Reliance, Sustainability, and Surviving the Long Emergency (un manuel pour l’autonomie durable et la survie pendant la longue situation d’urgence). Dans ce manuel de savoir-survivre à l’usage des nouvelles générations, l’auteur énonce à la fin de son ouvrage quelques actions, individuelles ou collectives, pour participer au changement nécessaire :

– conservation, recyclage,

– action collective,

– acheter local,

– diète adaptée,

– action politique,

– restructurer les affaires,

– remplacer les ampoules électriques,

– choisir une automobile peu consommatrice,

– aller en bicyclette, prendre le train, covoiturage,

– réduire le chauffage et la climatisation de l’habitat,

– installer des systèmes d’énergie renouvelable chez soi,

– développer ses capacités personnelles d’autonomie,

– participer à des communautés autonomes.

Cette liste est sans doute assez représentative de ce qui s’énonce dans les articles consacrés à ce qu’il faudrait faire pour répondre aux défis posés par le changement climatique. En fait, c’est un peu un inventaire à la Prévert. Il est indéniable que chacune des pistes proposées, si elle était mis en œuvre, serait « bénéfique pour la planète » en utilisant un cliché courant chez les chantres du « développement durable ».

Nous ne sommes pas dans une réflexion « compréhensive » sur la décroissance, tout en ayant une série d’indications concrètes sur ce qui serait « utile » de faire pratiquement pour traduire dans la réalité quelques-unes des idées des objecteurs de croissance. Par ailleurs du point de vue de la personne « active » (ou voulant le devenir), cette liste est fondamentalement hétéroclite.

Dans une première tentative de classification, en me plaçant sur un plan plus descriptif que philosophique, avec une approche résolument pragmatique, je distinguerais volontiers quatre niveaux, de plus en plus éloignés de « l’acteur » et donc embrassant un champ de plus en plus vaste.

Ces niveaux sont :

L’action personnelle et immédiate dont on est le seul maître, compatible avec l’environnement général, la société dans laquelle on vit, mais néanmoins Lire la suite

Le « Bristol Peak Oil Report » : Préparer l’après pétrole

decroissance.blog.lemonde.fr, Thierry Caminel, Ingénieur, le 12 juin 2010

http://decroissance.blog.lemonde.fr/

Notes sur le “Bristol Peak Oil Report”

Le « Bristol Peak Oil Report »

Note de lecture

Saviez-vous qu’on anticipe des émeutes de la faim, en ce début du 21 ° siècle, dans la 6e économie mondiale, et que des villes importantes estiment que les crises énergétiques à venir auront des conséquences locales majeures, et s’y préparent ?

Cette note présente le « Bristol Peal Oil Report » [1],  un document officiel d’une ville anglaise de 430.000 habitants publié récemment.  Après une exposition du contexte de ce rapport,  son contenu est présenté sommairement, et l’on essaie ensuite de montrer les profondes différences d’appréciation de la situation énergétique mondiale entre le France et l’Angleterre.

Contexte

Anciens exportateurs d’hydrocarbures, les Britanniques voient leurs champs de pétrole et de gaz de la mer du Nord décliner depuis 10 ans. L’information concernant l’état des réserves de pétroles mondiales est largement relayée par la presse, alimentant le débat public, renforçant la lutte contre le réchauffement climatique

Au plus haut niveau sont écrits des rapports sur le ‘peak oil’ et ces possibles conséquences économiques et sociales [2]. Les Anglais investissent par ailleurs massivement dans des sources d’énergie non fossile (éolien offshore, nucléaire,…), dans les transports collectifs et vélos, etc. Ils ont introduit une taxe carbone, et prennent en compte le carbone contenu dans la commande publique.

Au niveau local se met en place un réseau de ‘villes en transition’ [3], regroupant plus d’un millier de villes, quartier ou district, destinés à renforcer la résilience de ces communautés, c’est-à-dire leur capacité à résister à un choc externe. Certaines sont de véritables laboratoires,  expérimentant des monnaies complémentaires, des cartes de rationnement ou de nouvelles techniques agricoles.

Bristol s’inscrit dans ce mouvement de ville en transition. La taille de la ville, son importance économique et la qualité de son rapport en font un bon exemple de ce qui se passe outre-Manche et du niveau de prise de conscience des problématiques énergétiques.

« Peak oil Report – Building a positive future for Bristol after Peak Oil »

Ce rapport de 100 pages, publié il y a quelques mois par le conseil municipal de Bristol, commence par expliquer en quoi le pétrole est important, et les raisons qui font qu’il va devenir de plus en plus rare et cher. Il cite les études de l’Agence Internationale de l’Énergie [4], des agences nationales, de Total, Shell ou Aramco, explique qu’il n’y pas d’alternative au pétrole disponible suffisamment rapidement, et rappelle le lien avec le réchauffement climatique.

Le rapport synthétise ensuite les vulnérabilités de Bristol au Peak Oil, telles que Lire la suite

10 octobre 2010, 10/10/10 : AlternativA en Aquitaine à Bayonne, Bordeaux, Dax, Pau… réservez cette date

350.org, Diana, juillet 2010

http://www.350.org/fr/about/blogs/marquez-cette-date-et-allez-voir-le-nouveau-350org

10/10/10 : Réservez cette date (et allez voir le nouveau 350.org!)

Chers amis,

Ces derniers mois ont été incroyables ici à 350.org: des mois de campagne ininterrompue – et nous allons encore passer à la vitesse supérieure. 

A compter d’aujourd’hui, nous sortons le grand jeu et nous nous lançons à l’assaut du 10/10/10, la « Fête Globale du Travail ». Elle a été décrite comme « journée de fête autour des solutions au réchauffement climatique » – et effectivement, il s’agit sans doute de notre meilleure chance cette année de faire pression sur nos dirigeants, tout en s’amusant. Si vous ne connaissez pas encore tous les détails du 10/10/10, lisez ci-dessous la nouvelle lettre d’invitation de Bill McKibben.

Si vous connaissez déjà tous les détails, c’est une occasion parfaite pour en informer quiconque ne serait pas au courant. Le nouveau 350.org peut être diffusé en quelques clics sur Facebook ou Twitter; vous pouvez aussi simplement faire passer la lettre de Bill à 10 de vos amis (nous aimons assez le chiffre 10 cette année), et faire ainsi prendre 10 fois plus d’ampleur au mouvement pour des conditions climatiques plus sûres. 

En avant pour le 10/10/10

Cher Monde,

L’année a été rude: en Amérique du Nord, la marée noire a submergé le Golfe du Mexique; en Asie, jamais température aussi élevée n’avait été enregistrée; dans l’Arctique, la fonte des glaces s’est accélérée jusqu’à un rythme jamais vu auparavant; en Amérique latine, des pluies torrentielles ont dévasté des flancs entiers de la montagne.

Et donc, nous allons faire la fête. 

Marquez le 10/10/10 sur votre calendrier: c’est la date. Le lieu, votre lieu de résidence. Le but, agir pour tenter d’enrayer le changement climatique depuis votre ville ou votre collectivité

Nous l’avons nommée « Fête du Travail Globale« , en insistant sur « travail » autant que sur « fête ». A Auckland, en Nouvelle Zélande, aura lieu un gigantesque atelier de réparation de vélos, pour que tous les vélos de la ville soient remis en circulation. Dans les Maldives, des panneaux solaires vont être mis en place sur les bâtiments présidentiels. A Kampala, en Uganda, des milliers d’arbres seront plantés, et en Bolivie des fours solaires vont être installés, et seront mis à profit dans un immense pique-nique écologiquement neutre. 

Nous avons déjà appelé, écrit, pétitionné, manifesté, par tous les moyens possibles pour faire bouger les hommes politiques: ils ont été trop lents; aussi est-il temps à présent de leur montrer que nous disposons des moyens nécessaires pour corser notre action climatique. 

Le 10/10/10 montrera que Lire la suite

Appel à propositions de recherche – Transition(s) vers une économie écologique ?

agora21.org, Karim Hammou, le 21 juin 2010

http://www.agora21.org/transitions/community/pg/pages/view/258/

Transition(s) vers une économie écologique ?

La Mission prospective du MEEDDM lance un appel à propositions de recherches consacré au verdissement à long terme de l’économie française. En complément aux réflexions en cours et stratégies à l’œuvre sur le thème de la croissance verte, cet appel vise à fournir un éclairage spécifique sur les modalités et enjeux de transition, dans l’hypothèse d’un changement structurel de nos économies à l’horizon 2030-2050. Des contributions sont attendues tant en matière d’évaluation économique et environnementale que d’analyse des freins à l’innovation sociale ou institutionnelle. La date limite de réception des projets est fixée au 30 juillet 2010.

Annonce

La Mission Prospective du MEEDDM pilote et réalise des travaux de prospective sur les modèles et transitions de long terme vers un développement durable au travers de cinq programmes  dont un traite spécifiquement des hypothèses et enjeux de transition relatifs au « verdissement » à long terme de l’économie française. A l’appui de ce dernier programme, la Mission souhaite engager trois types de réflexions complémentaires (1) en organisant un séminaire de prospective, (2) en initiant un appel à projets de recherche et (3) en contribuant à une mise en débat avec les secteurs et territoires concernés. Pour ce faire, le présent appel à propositions s’ouvre sur un rappel du contexte et des enjeux caractérisant la démarche d’ensemble (§.I), avant de proposer un cadre commun aux trois volets évoqués (§.II), puis d’entrer dans le détail des réponses attendues pour chacun d’eux (§.III).

I – Contexte et enjeux du programme 

La reconnaissance du caractère irréversible et globalisé des menaces que l’activité humaine fait peser sur le climat, les ressources ou la biodiversité a conduit les principales économies mondiales à s’engager, au cours de la dernière décennie, dans la voie d’un découplage – entre développement économique et pression environnementales – dont la part d’incertitude et les impacts potentiels sont d’une ampleur considérables. Comme l’illustrent à la fois l’ambition des orientations et la diversité des mesures issues du Grenelle de l’environnement, contenir de tels risques suppose en effet d’agir simultanément sur les modèles productifs, les processus d’innovation, les instruments de régulation et les comportements. Ce qui, à long terme, et du point de vue des stratégies publiques aussi bien que privées, revient ni plus ni moins qu’à devoir accompagner ou conduire – et a fortiori anticiper – une mutation structurelle de nos économies.

Au regard de ce changement de trajectoire conçu en régime permanent et amorcé à des rythmes sensiblement variés selon les secteurs ou les pays concernés, la conjonction récente d’une crise économique mondiale et d’alarmes environnementales majeures (alertes climatiques, choc pétrolier, crise alimentaire) constitue une véritable rupture

de par le caractère d’urgence politique soudainement conféré à la recherche d’un nouveau sentier de Lire la suite

Education nationale : La géographie, l’écologie, l’esprit critique et… les nouveaux programmes

lemonde.fr  (Point de vue), Aurélien Dupouey-Delezay, professeur d’histoire et géographie, le 13 juillet 2010

La géographie, l’écologie, l’esprit critique et… les nouveaux programmes

Certaines personnes se piquent d’esprit critique. On ne saurait trop s’en réjouir ; à condition pourtant de se souvenir que « de tous les animaux l’homme a le plus de pente à se porter dedans l’excès ». Eh oui ! Il est même possible de pécher par excès de vertu.

Ainsi, un esprit critique poussé à outrance peut facilement devenir borné : on tombe alors dans une attitude facile qui consiste à regarder de haut, avec condescendance et même dédain, tout ce qui est « à la mode », tout ce que transmettent « les médias », et plus généralement tout ce que le monde tient pour acquis. L’esprit critique oublie, paradoxalement, de faire son propre examen critique : il devient alors bien plus (ou bien moins) qu’un doute méthodique et raisonné : on affiche face à toute affirmation un scepticisme de principe d’autant plus fort qu’elle est davantage présentée comme une certitude.

Une telle attitude garantit le succès de celui qui l’adopte, car qui se démarque tend toujours à briller par sa différence si celle-ci se fonde sur un principe universellement reconnu comme positif. L’impression de ne pas tomber dans les mêmes pièges que le vulgaire fait le reste : c’est ainsi que l’on assiste, par exemple, au succès populaire de L’imposture climatique, de Claude Allègre, alors même que le livre se fonde sur de nombreuses approximations ou erreurs.

Mais ce genre de scepticisme ne se rencontre pas que parmi les géologues. Depuis plusieurs années, un certain nombre de géographes semble également s’être lancé sur cette voie.

Pour illustrer ce phénomène, l’application qui semble devoir être faite des nouveaux programmes de géographie en classe de seconde est éclairante. Précisons tout d’abord que le programme en lui-même semblait aller dans la bonne direction. Intitulé Sociétés et développement durable, il était certainement critiquable : qu’est-ce que le « développement durable » ? Est-ce un concept véritablement pertinent ? Dans quelle mesure un développement peut-il être durable ? Mais enfin, il avait au moins le mérite de se saisir de l’enjeu écologique, un des plus fondamentaux de notre temps.

Un programme n’est rien cependant à côté de la manière dont il est mis en œuvre. Face à la nécessité de traiter dès la rentrée prochaine des thèmes qu’ils n’auront encore jamais travaillés, les enseignants vont naturellement se ruer sur les spécimens des manuels qui ont déjà commencé à sortir, ainsi que sur leurs inséparables « livres du professeur ». Bien sûr, ils ne sont pas tous parus, et il est donc un peu tôt pour se faire une idée. On peut toutefois commencer avec les premiers.

Ainsi, prenons le Magnard. Le « livre du professeur » s’ouvre sur un interview d’Yvette Veyret, géographe spécialiste du développement durable, par Jacqueline Jalta, de l’équipe de coordination du manuel. On peut remarquer que nous sommes entre amis, les deux géographes ayant déjà travaillé ensemble. Mais c’est surtout le fond qui interpelle : on nous invite ainsi, au nom de l’esprit critique bien évidemment, à « ne pas faire du développement durable un dogme », à bannir les « solutions clés en main », à « éviter le catastrophisme », les discours « passéistes » et une « vision rousseauiste de la nature ». On vante la qualité de la vie en ville ; on qualifie d’inutiles, voire de néfastes, les « parcs et autres réserves » d’Afrique et de Madagascar ; on parle avec dédain des « ONG protectrices du panda ou de l’éléphant ». La ligne directrice est clairement posée.

Le manuel lui-même, le livre donc que nos élèves sont destinés à tenir en main, ne la trahit pas. La dernière « question en débat », par exemple, se demande si le réchauffement du climat constitue Lire la suite

Comment le faux scandale du Climategate s’est dégonflé

rue89.com, Sylvain Biville, le 8 juillet 2010

Comment le faux scandale du Climategate s’est dégonflé

Une commission d’enquête réhabilite les chercheurs de l’université d’East Anglia, accusés d’avoir manipulé des données.

 (De Londres) Après six mois d’enquête, une commission indépendante blanchit les scientifiques britanniques accusés à tort d’avoir manipulé les données sur le réchauffement de la planète.

Trop tard. Le pseudo scandale a contribué à faire capoter le sommet de Copenhague et a réussi à semer le doute sur le rôle de l’homme dans les changements climatiques.

Depuis huit mois, les chercheurs de l’université d’East Anglia vivaient comme des parias. Ils peuvent désormais relever la tête. La commission d’enquête indépendante sur « l’affaire des e-mails » les dédouane de toute pratique frauduleuse.

« Leur rigueur et leur honnêteté ne peuvent être mises en doute » affirment les auteurs de ce rapport très attendu, publié ce mercredi. Le document est censé mettre un point final à l’un des épisodes les plus désolants de la lutte contre le changement climatique.

Le « Climategate » a plombé le sommet de Copenhague fin 2009

Le prétendu scandale, baptisé « Climategate », débute en novembre 2009, lorsque plusieurs centaines d’e-mails privés de membres de l’Unité de recherche climatique (CRU) de l’université d’East Anglia se retrouvent mystérieusement en ligne. Ce prestigieux laboratoire, basé à Norwich, à 170 kilomètres au nord-est de Londres, est réputé pour ses mesures de la température mondiale.

Le CRU a donc un rôle éminemment stratégique. Ses données servent de base aux rapports du Groupe intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec), l’instance suprême chargée de prédire l’avenir de la planète.

Dans un des e-mails, daté du 16 novembre 1999, le chef du CRU se vante d’avoir trouvé une « ruse » pour « dissimuler la baisse » d’une courbe de températures.

Avec ces trois mots, extraits d’une correspondance frauduleusement piratée, les climatosceptiques pensent avoir trouvé la preuve irréfutable d’un complot mondial contre le mode de vie à l’occidentale.

Sarah Palin et la théorie du complot des climatosceptiques

Sarah Palin s’auto-proclame égérie de la coalition hétéroclite des « négationnistes », qui nient le rôle de l’homme dans le réchauffement de la planète. Le 9 décembre 2009, au moment où s’ouvre le sommet de Copenhague, l’éphémère candidate à la vice-présidence américaine écrit dans le Washington Post :

« Le Climategate met au jour un cercle scientifique hautement politisé. […] Ce scandale remet en cause les propositions qui sont sur la table à Copenhague. J’ai toujours pensé qu’un programme de gouvernement devait se baser sur une science solide, pas sur des jugements politiques. […]

Nous ne pouvons pas dire avec certitude que les activités humaines sont Lire la suite

Décroissance ou développement durable ? – Pour le bonheur national brut !

actualites.ca.msn.com, Éric Darier, Directeur de Greenpeace au Québec, le 2 juillet 2010

Décroissance ou développement durable ?

Pour le bonheur national brut !

Les symptômes de la crise économique actuelle (forte fluctuation de la bourse et des devises, instabilité des prix des matières premières, montée du chômage, déficits publics, actifs toxiques dans les institutions bancaires, endettement accrus des ménages, etc.) révèlent un malaise plus profond.

Même la relative reprise économique dans certains endroits comme au Québec ne doit pas être interprétée comme étant la fin de la crise pour autant. Derrière l’instabilité économique se cache une crise bien plus grave qui risque de faire empirer à terme… l’économie. Je veux parler notamment de l’effondrement de la biodiversité et des changements climatiques aux conséquences extrêmes et imprévisibles. Bref, on parle ici d’une crise écologique planétaire qui rend la survie de l’humanité plus incertaine. Vue de cette perspective, la crise économique n’est que le symptôme… de la crise écologique.

Croissance perverse

L’orthodoxie de la croissance illimitée se base un mode de calculs pervers. Par exemple, un accident sur la route va générer des dépenses en services d’urgence, en soin de santé, en réparation, etc. Toutes ces dépenses seront comptabilisées dans les indicateurs d’activités économiques additionnelles et positives alors qu’on devrait les comptabiliser comme une activité… négative.

Même chose, lorsqu’on coupe une forêt intacte, l’économie conventionnelle comptabilisera la vente du bois et les coûts d’extraction comme un plus dans l’activité économique. Nulle part ne sera comptabilisée la perte nette des services écologiques que nous fournissait gratuitement, et jusqu’alors, cette forêt intacte comme la filtration de l’eau et de l’air, la capture du CO2, un milieu de vie pour de nombreuses espèces, un paysage, etc.

Bref, l’orthodoxie de la croissance illimitée dans un contexte de finitude écologique n’est pas durable. Voilà la source fondamentale de la crise actuelle. Ne pas vouloir le reconnaître et faire comme si elle n’existait pas ne fera que retarder et rendre encore plus difficile notre adaptation collective à cette nouvelle réalité.

Le pire est que nous connaissons ce problème depuis longtemps. Déjà dans les années 1970, un groupe d’experts (le Club de Rome) avait, en vain, tiré la sonnette d’alarme dans leur livre sur les limites à la croissance : Halte à la croissance. Aurait-on perdu une génération à la course à la croissance illimitée?

Décroissance ou développement durable ?

Le concept de « développement durable », adopté en 1992 lors du Sommet de la Terre à Rio, représentait, à l’époque, une prise de conscience internationale sur les limites de la croissance illimitée sur une planète aux ressources, elles limitées. Le problème est que le terme de « développement durable » qui signifie un développement des activités humaines qui soit écologiquement et socialement durable, s’est retrouvé perverti avec le temps par les partisans de la croissance illimitée. En effet, pour ces derniers, l’expression « développement durable » signifie pour eux que la croissance (développement!) est durable, c’est-à-dire illimitée!

C’est pour cela que bon nombre d’écologistes actuels sont de plus en plus critiques par rapport au concept de « développement durable » et à juste titre!

Il existe actuellement un foisonnement de critiques notamment regroupé autour de la « décroissance » qui Lire la suite

« Le Monde émergent (tome 1) », sous la direction d’Yves Charles Zarka : pour une philosophie de l’écologie

lemonde.fr, Roger-Pol Droit, le 7 juillet 2010

« Le Monde émergent (tome 1) », sous la direction d’Yves Charles Zarka : pour une philosophie de l’écologie

Nous sommes en train de changer de monde. Sans l’avoir voulu, sans le comprendre encore clairement. Sans le penser encore à la hauteur qui convient. Telles sont les convictions de départ qui ont donné naissance à un vaste programme de recherche du CNRS, en collaboration avec l’université Paris-Descartes (Sorbonne). L’objectif est pour le moins ambitieux : dresser un premier état des lieux de toutes les dimensions de la crise écologique dont la planète commence à prendre conscience.

Il ne s’agit pas seulement, on s’en doute, du réchauffement climatique, mais aussi de la fin des ressources énergétiques, des modifications de la biodiversité, de l’interdépendance entre les activités humaines et les équilibres du globe. Sans oublier les multiples mutations de nos comportements, de nos gestes quotidiens aussi bien que de nos horizons politiques. Ce « monde émergent » soulève donc quantité de questions économiques, sociales, politiques, que des problématiques philosophiques nouvelles doivent aborder.

Il ne faudra pas moins de trois volumes pour embrasser les lignes de force et les perspectives de ces changements en cours. Maître d’œuvre de cet ensemble original, le philosophe Yves Charles Zarka, qui dirige notamment la revue Cités, réunit dans ce premier tome onze contributions d’économistes, géographes, sociologues, juristes et philosophes.

Ces études portent sur les problèmes cruciaux qui se posent à présent dans l’espace social et politique. L’urgence écologique et le politique, les nouveaux territoires urbains, les cycles de vie des produits, la diversité des cultures et l’universalité de l’environnement, l’Europe et le développement durable figurent parmi les thèmes retenus.

Si la diversité des analyses et des objets d’étude interdit tout résumé laconique de l’ensemble, il saute aux yeux que ce livre devrait devenir une référence importante pour ceux que préoccupe le renouvellement de la réflexion qu’exige le basculement du monde. Car l’intérêt de ce vaste projet, on l’aura compris, n’est pas de proposer une prospective de plus, mais bien de contribuer à poser les questions de fond.

C’est pourquoi il s’intéresse notamment à l’impact politique des changements d’attitude envers la consommation et la production, et demande, par exemple, comment le passage à une société différente est possible sans détruire la démocratie.

Réflexion interdisciplinaire

Après ce volume consacré aux « Lieux », doivent paraître dans les mois à venir un volume sur les « Défis » et un troisième intitulé « Dénouement ». Outre cette trilogie collective, la collection Emergences, que ce volume inaugure, doit également accueillir un Manifeste sur l’urgence du Lire la suite

Peut-on s’en sortir dans le cadre d’un capitalisme réformé ?

pressegauche.org, Jean Gadrey, le 6 juillet 2010

Peut-on s’en sortir dans le cadre d’un capitalisme réformé ?

La crise actuelle, ainsi que la montée des périls écologiques (composante de cette crise), renforcent les doutes sur la possibilité de concilier capitalisme et société solidaire et soutenable, ou développement humain durable.

Je n’ai pas de réponse ferme et définitive à cette redoutable question. Il me semble quand même que la crise actuelle, ainsi que la montée des périls écologiques (composante de cette crise), renforcent les doutes sur la possibilité de concilier capitalisme et société solidaire et soutenable, ou développement humain durable.

Voici neuf caractéristiques structurelles du capitalisme qui font douter de sa capacité à nous sortir de la zone des tempêtes à répétition. Sans doute chacune d’entre elles n’est-elle pas décisive. Mais leur ensemble l’est peut-être plus.

1. Le capitalisme s’est historiquement développé sur la base (entre autres) de la destruction et de la privatisation de biens naturels « communs » (en propriété commune : terres, forêts…), aussi bien au centre que dans la périphérie colonisée ou dominée. Ces expropriations/privatisations ont d’ailleurs beaucoup contribué à la « mise au travail salarié ». Et cela continue allègrement aujourd’hui. Or on ne voit pas comment on pourra sortir de la crise écologique sans reprendre le contrôle collectif, ou « communal », ou coopératif de ces biens communs privatisés : la terre, les sources d’énergie, l’eau, les forêts, etc. Il faut y ajouter aujourd’hui le climat et la maîtrise de son changement. Pour l’instant, les acteurs dominants du capitalisme résistent puissamment à toute maîtrise collective des risques écologiques majeurs où ils nous ont entrainés.

2. Les dirigeants politiques libéraux ont offert sur un plateau au capital financier le pouvoir de contrôler la monnaie et le crédit, qui sont ou devraient être eux aussi des biens communs, et de créer tous les outils d’une spéculation permanente sur tout. On ne s’en sortira pas sans remettre les pouvoirs financiers à des pôles publics ou coopératifs débarrassés de la pression des actionnaires. Mais enlever au capitalisme les possibilités de la spéculation monétaire et financière, les paradis fiscaux reconnus ou de fait (comme la City), c’est le priver d’une de ses sources majeures de profit et de domination. Aux Etats-Unis, la part des banques dans les profits des entreprises est passée de 10 % en 1980 à 40 % en 2007 !

3. Le capitalisme ne cesse par ailleurs de s’en prendre aux biens communs sociaux que sont le droit du travail, la protection sociale et d’autres droits humains, les services publics, etc. et il est souvent parvenu à les faire régresser depuis les années 1980. S’agissant du travail, toute perspective de société soutenable passe par la promotion du travail décent partout. Le travail indécent est probablement la principale source de profit des multinationales (dumping social). Mais il est devenu aussi, dans les pays dits développés, sous la forme du travail précaire et des petits boulots, sous la forme de la pression à la baisse de la part de la valeur ajoutée revenant aux salaires, sous la forme de l’intensification du travail, un mode d’emploi hautement profitable que les entreprises revendiquent comme une nécessité pour leur « compétitivité ». 4. Le capitalisme global s’est développé sur le terreau d’inégalités sociales mondiales (prenant la forme du colonialisme puis du néocolonialisme : voir le film « La fin de la pauvreté ») qu’il a eu tendance à renforcer depuis trente ans et dont il tire une large part de ses profits. Or on ne résoudra pas la crise écologique sans les réduire fortement. Voir par exemple mon post du 3 septembre 2008.

5. Le capitalisme a besoin de susciter sans cesse des désirs de possession de marchandises en faisant passer le futile pour l’utile et les pulsions pour des besoins, en poussant au renouvellement rapide des achats. C’est pour cela qu’il dépense 500 milliards de dollars par an en publicité et sponsoring. Cette course mortelle devra cesser pour qu’on sorte des crises. Il faudra quitter la voie de la croissance quantitative et s’orienter vers une « prospérité sans croissance ». Je ne développe pas cette hypothèse, j’en ai souvent parlé.

6. Le capitalisme résiste férocement à Lire la suite

« Philosophie et écologie », ouvrage de Anne Dalsuet chez Gallimard

nonfiction.fr, Manola ANTONIOLI, le 1er juillet 2010

« Philosophie et écologie », ouvrage de Anne Dalsuet chez Gallimard

Résumé : Un ouvrage qui présente à un vaste public les enjeux éthiques et philosophiques des questions environnementales.

Dans un contexte planétaire marqué par le dérèglement climatique, la disparition de la biodiversité, les grandes catastrophes environnementales et la perspective de l’épuisement des ressources énergétiques, on commence à voir apparaître, depuis une quarantaine d’années, un vaste renouvellement conceptuel axé sur les multiples dimensions de l’urgence écologique. Dans le domaine philosophique, le souci de l’environnement dépasse largement les acquis de la science écologique et vise à repenser radicalement les échanges entre la nature, la culture et la technique, à poser un nouveau regard sur les environnements naturels, les environnements sociaux et les environnements techniques contemporains, au-delà de l’ambition exclusive de maîtrise et de domination de la nature qui s’est imposée en Occident au moins depuis la modernité. La réflexion philosophique peut proposer une alternative à l’approche dominante et purement technocratique des problèmes environnementaux et aider à concevoir une vision plus authentiquement démocratique des rapports entre les sociétés humaines et les environnements naturels. L’ouvrage d’Anne Dalsuet, qui a été conçu pour les classes de terminale mais qui s’adresse visiblement à un public plus large, constitue une excellente introduction à ce nouveau champ de la réflexion philosophique, notamment grâce aux analyses consacrées aux approches théoriques d’auteurs étrangers dont la pensée et les travaux ont été longtemps ignorés en France.

La nature en crise

L’ouverture de l’ouvrage (structuré selon six grandes « perspectives ») vise à définir les caractéristiques de la crise écologique contemporaine qui ne fait que traduire une crise plus profonde. S’appuyant sur l’excellent ouvrage d’Isabelle Stengers intitulé Au temps des catastrophes, résister à la barbarie qui vient  , Anne Dalsuet affirme en effet dès le début de sa réflexion que la crise écologique ne demande pas seulement des réponses scientifiques ou techniques (dans l’esprit du « Grenelle de l’environnement », du « développement durable » ou de la « croissance verte »), puisqu’elle implique également une crise morale, métaphysique, sociale et politique, dont il faudra constater l’ampleur et la gravité. Dans cette perspective, nous n’avons plus affaire à des problèmes isolés, puisque les catastrophes environnementales entraînent toujours des effets en cascade sur tous les êtres vivants et notamment « sur la manière même dont les hommes pourront “habiter” cette Terre, s’y nourrir, y travailler, s’y loger, s’y déplacer, s’y gouverner » (p. 8). Les limites de la planète et de ses ressources nous imposent désormais de repenser le rapport de l’homme à la technique : recourir au catastrophisme ou à la déploration mélancolique d’une nature perdue sont deux postures insuffisantes et politiquement dangereuses, qui nous empêchent de comprendre la portée authentiquement politique des questions environnementales.

Cette dimension essentielle du problème écologique est très présente dans les pages des « bilans » qui concluent le livre, où l’auteure interroge les perspectives d’une écologie politique, à la suite de Bruno Latour et de ses Politiques de la nature  . Les analyses de Latour, qui s’efforcent de modifier les termes classiques du débat en renouant différemment les liens entre sciences et politiques, sont ainsi définies « capitales, Lire la suite

Les syndicats se convertissent à la croissance verte

lemonde.fr, Rémi Barroux, le 28 juin 2010

Les syndicats se convertissent à la croissance verte

« Quand on réclame la fermeture d’une usine polluante, nous devons savoir quel impact cela aura sur l’emploi » a fait valoir le directeur international de Greenpeace lors du congrès international des syndicats à Vancouver.

Vancouver

Le syndicalisme international veut faire de la croissance verte un de ses combats. C’est le message fort du congrès de la Confédération syndicale internationale (CSI), qui s’est achevé vendredi 25 juin à Vancouver (Canada).

Manifestation la plus visible de cette évolution : le directeur international de Greenpeace, le Sud-Africain Kumi Naidoo, était présent au même titre que le directeur général de l’Organisation mondiale du commerce, Pascal Lamy, ou celui du Fonds monétaire international, Dominique Strauss-Kahn. « La CSI oeuvrera pour un travail décent dans le cadre d’une économie verte« , a déclaré l’Australienne Sharan Burrow, la nouvelle secrétaire générale de l’organisation, élue vendredi, en remplacement du Britannique Guy Rider. La CSI regroupe 311 organisations de travailleurs représentant 168 millions de membres dans 155 pays et territoires.

Le rapprochement entre les syndicats et le mouvement écologiste est récent. Chaque partie souligne les efforts mutuels qui ont été accomplis. « Les mouvements comme Greenpeace reconnaissent dorénavant que nos préoccupations en matière d’emplois et de salaires sont légitimes, explique Guy Rider. Il y a cinq ans, ils refusaient de nous entendre au motif que l’environnement devait être défendu quel qu’en soit le prix. »

Les écologistes assument cette mutation. « Pour ma part, j’ai toujours pensé qu’il fallait rapprocher les points de vue, malgré les tensions. Quand on réclame la fermeture d’une usine polluante, nous devons savoir quel impact cela aura sur l’emploi », fait valoir Kumi Naidoo. Greenpeace se bat pour l’abandon des énergies fossiles et prône la transition vers des sources d’énergies renouvelables sans oublier désormais de mettre en avant les emplois qui seront créés. Dans la dernière version, publiée en juin, de son document de référence sur la « révolution énergétique », l’Organisation non gouvernementale estime que d’ici à 2030, 12 millions d’emplois « verts » peuvent être créés.

Côté syndical, l’optimisme reste tempéré. « Dans les Asturies, les mines de charbon employaient 45 000 personnes. Aujourd’hui, il ne reste que 6 500 mineurs et nous n’avons pas trouvé d’activité de remplacement », constate Javier Doz, des Commissions ouvrières, la principale organisation syndicale espagnole. « Le secteur de la construction, pilier de la miraculeuse croissance espagnole qui s’est effondrée avec la crise, devrait être un des secteurs de cette transition vers l’économie verte. Mais nous attendons. », poursuit-il.

Comment marier croissance économique et développement durable ? « Petit à petit, notre réflexion syndicale, fondée sur l’analyse des rapports entre le capital et le travail, a intégré Lire la suite

Enchaînement des crises et moyens d’en sortir

politique.eu, François Houtart , septembre 2009

Enchaînement des crises et moyens d’en sortir

Prêtre, sociologue, professeur émérite à l’Université catholique de Louvain-la-Neuve, co-fondateur du Forum social mondial, auteur de « L’agroénergie, solution pour le climat ou sortie de crise pour le (…)

L’effet de loupe médiatique sur les crises financière et climatique occulte d’autre crises en cours (alimentaire, sociale, énergétique), qui s’enchevêtrent. Cet empilement concouret à une crise générale de sens, de civilisation.

Quand 850 millions d’êtres humains vivent sous la barre de la pauvreté et que leur nombre augmente, quand chaque vingt quatre heures, des dizaines de milliers de gens meurent de faim, quand disparaissent jour après jour des ethnies, des modes de vie, des cultures, mettant en péril le patrimoine de l’humanité, quand le climat se détériore et que l’on se demande s’il vaut encore la peine de vivre à la Nouvelle Orléans, au Sahel, dans les Iles du Pacifique, en Asie centrale ou en bordure des océans, on ne peut se contenter seulement de parler de crise financière. Déjà les conséquences sociales de cette dernière sont ressenties bien au delà des frontières de sa propre origine : chômage, chèreté de la vie, exclusion des plus pauvres, vulnérabilité des classes moyennes et allongement dans le temps de la liste des victimes.

Soyons clairs, il ne s’agit pas seulement d’un accident de parcours ou d’abus commis par quelques acteurs économiques qu’il faudra sanctionner, nous sommes confrontés à une logique qui parcourt toute l’histoire économique des deux derniers siècles De crises en régulations, de dérégulations en crises, le déroulement des faits répond toujours à la pression des taux de profit : en hausse on dérégule, en baisse on régule, mais toujours en faveur de l’accumulation du capital, elle-même définie comme le moteur de la croissance. Ce que l’on vit aujourd’hui n’est donc pas nouveau. Ce n’est pas la première crise du système financier et certains disent que ce ne sera pas la dernière.

Cependant, la bulle financière créée au cours des dernières décennies, grâce, entre autres, au développement des nouvelles technologies de l’information et des communications, a surdimensionné toutes les données du problème. L’économie est devenue de plus en plus virtuelle et les différences de revenus ont explosé. Pour accélérer les taux de profits, une architecture complexe de produits dérivés fut mise en place et la spéculation s’est installée comme un mode opératoire du système économique. Cependant, ce qui est nouveau, c’est la convergence de logique entre les dérèglements que connaît aujourd’hui la situation mondiale.

La crise alimentaire en est un exemple. L’augmentation des prix ne fut pas d’abord le fruit d’une moindre production, mais bien le résultat combiné de la diminution des stocks, de manœuvres spéculatives et de l’extension de la production d’agrocarburants. La vie des personnes humaines a donc été soumise à la prise de bénéfices. Les chiffres de la bourse de Chicago en sont l’illustration.

Gaspillage énergétique

La crise énergétique, quant à elle, va bien au-delà de l’explosion conjoncturelle des prix du pétrole. Elle marque la fin du cycle de l’énergie fossile à bon marché (pétrole et gaz) dont le maintien à un prix inférieur provoqua une utilisation inconsidérée de l’énergie, favorable à un mode de croissance accéléré, qui permit une rapide accumulation du capital à court et moyen terme. La surexploitation des ressources naturelles et la libéralisation des échanges, surtout depuis les années 1970, multiplia le transport des marchandises et encouragea les moyens de déplacement individuels, sans considération des conséquences climatiques et sociales. L’utilisation de dérivés du pétrole comme fertilisants et pesticides se généralisa dans une agriculture productiviste. Le mode de vie des classes sociales supérieures et moyennes se construisit sur le gaspillage énergétique. Dans ce domaine aussi, la valeur d’échange prit le pas sur la valeur d’usage.

Aujourd’hui, cette crise risquant de nuire gravement à l’accumulation du capital, on découvre l’urgence de trouver des solutions. Elles doivent cependant, dans une telle perspective, respecter la logique de base : maintenir le niveau des taux de profit, sans prendre en compte les externalités, c’est-à-dire ce qui n’entre pas dans le calcul comptable du capital et dont le coût doit être supporté par les collectivités ou les individus. C’est le cas des agrocarburants et de leurs conséquences écologiques (destruction par la monoculture, de la biodiversité, des sols et des eaux souterraines) et sociales (expulsion de millions de petits paysans qui vont peupler les bidonvilles et aggraver la pression migratoire).

Crise de civilisation

La crise climatique, dont l’opinion publique mondiale n’a pas encore pris conscience de toute la gravité, est, selon les experts du Giec [1], le résultat de l’activité humaine. Nicolas Stern, ancien collaborateur de la Banque mondiale, n’hésite pas à dire que « les changements climatiques sont Lire la suite

Développer les filières courtes d’écomatériaux – Guide à destination des collectivités territoriales

amisdelaterre.org, Cyrielle Den Hartigh, communiqué, le 3 juin 2010,

Développer les filières courtes d’écomatériaux – Guide à destination des collectivités territoriales

Les Amis de la Terre publient un nouveau guide sur le développement des écomatériaux, avec le soutien de plusieurs associations de collectivités territoriales. Y sont proposées des pistes d’actions pour soutenir l’émergence de filières locales d’écomatériaux et leur utilisation dans les constructions et réhabilitations de bâtiments : soutien aux professionnels, aides aux particuliers, sensibilisation, information, politiques d’achats publics notamment.

Le dernier projet de loi Grenelle 2, qui doit encore passer en commission mixte paritaire, aborde du bout des lèvres la question des écomatériaux dans ses articles 4 et 71. Aucune mesure concrète n’y est proposée qui pourrait réellement soutenir le développement des écomatériaux dans la construction et la réhabilitation des bâtiments. La seule réelle avancée est que le mot « écomatériaux » existe maintenant dans un texte ayant une valeur juridique. En savoir plus.

Pour Martine Laplante, Présidente des Amis de la Terre, « Les solutions sont dans les territoires : initiatives citoyennes, associations locales, actions des collectivités territoriales. Nous ne pouvons pas attendre que les solutions viennent des avancées législatives. Nous mettons donc toute notre énergie dans le soutien à ces initiatives locales, respectueuses de l’environnement et intégrées dans un développement social au bénéfice de tous. »

Bois, paille, chanvre, lin… les écomatériaux font de plus en plus parler d’eux. Mais il est encore complexe de se les approprier et des les utiliser sans information adéquate ou ressources financières suffisantes. Le guide Développer les filières courtes d’écomatériaux (1) donne des clefs aux collectivités territoriales pour soutenir l’émergence et la structuration de filières locales d’écomatériaux pour les constructions et rénovations de bâtiments.

Exemples concrets et explications pratiques sont détaillés pour les thèmes suivants :

– Le soutien aux acteurs professionnels ;

– Les incitations à l’amélioration de l’habitat ciblées sur l’utilisation des écomatériaux ;

– Les achats publics et l’utilisation des écomatériaux par les collectivités territoriales ;

– L’information et la sensibilisation du grand public et des professionnels ;

– La structuration et le soutien aux filières courtes d’écomatériaux.

« Pour les collectivités territoriales engagées sur des chantiers publics respectueux de l’environnement, les écomatériaux constituent un outil stratégique et incontournable, développe Cyrielle den Hartigh, chargée de campagne Habitat Écologique aux Amis de la Terre. Parce qu’ils sont susceptibles d’apporter des Lire la suite

Bordeaux – Machine à lire – 18h30 : Vendredi 18 juin à 18h30, rencontre autour du dernier numéro d’EcoRev’ : « Urgence écologique, urgence démocratique : vers une sortie civilisée du productivisme ? ».

ecorev.org, communiqué, 3 juin 2010

Bordeaux : rencontre autour de notre n°34, vendredi 18 juin

jeudi 3 juin 2010

Vendredi 18 juin à 18h30, rencontre autour du dernier numéro d’EcoRev’ : « Urgence écologique, urgence démocratique : vers une sortie civilisée du productivisme ? ».

Florent Marcellesi, coordinateur du dossier et consultant en participation citoyenne, présentera un tour d’horizon de mécanismes participatifs, à interroger et comparer « pour repenser la démocratie ».

F. Marcellesi, Isabelle Lamaud et Aude Vidal, tous trois membres du comité de rédaction de la revue, animeront ensuite un débat sur les tensions qui peuvent exister entre les nécessités démocratiques et la question écologique.

A la librairie La Machine à Lire – 8, place du Parlement à Bordeaux

Editorial du N°34

Crise climatique, crise énergétique, crise alimentaire, crise économique, crise de sens, crise de civilisation… La crise écologique, d’ampleur mondiale et aux conséquences « glocales » et transgénérationnelles, n’est plus une menace. C’est une réalité, une urgence. Face à cet impératif écologique, André Gorz nous mettait en garde contre la tentation du « fascisme vert » où « la production programmée d’un milieu de vie optimal sera confiée à des institutions centralisées et à des techniques lourdes » (Écologie et liberté) et où il expliquait que « la sortie du capitalisme aurait lieu d’une façon ou d’une autre, civilisée ou barbare » (ÉcoRev’ 28). Parce que nous croyons que l’écologie politique peut apporter une réponse civilisée à l’urgence écologique, il est indispensable de se pencher sur la théorie et la praxis démocratiques qui peuvent accompagner cette sortie du productivisme et la mise en place d’une gestion soutenable, respectant libertés individuelles et intérêt général aujourd’hui et demain, au Nord et au Sud.

De son côté, Cornelius Castoriadis, qui est ici notre classique, rappelait de même qu’il n’était pas impossible que, face à une catastrophe écologique mondiale, des régimes autoritaires imposent des restrictions draconiennes à une population affolée et apathique. Ce pour quoi il prônait une indispensable « insertion de la composante écologique dans un projet politique démocratique radical » et, comme l’expliquent Antoine Chollet et Romain Felli – qui nous proposent une vision condensée de la pensée du philosophe de Socialisme ou barbarie – un nécessaire passage de l’autonomie à l’écologie et d’une l’émancipation vis-à-vis du système technico-productif.

Pour réaliser cette émancipation Bruno Latour réfléchit, dans un entretien réalisée par Isabelle Lamaud, à la place, et à la signification, de la nature et des non-humains en politique et à la redéfinition de fond en comble de « la fonction politique, du rôle même des parlements, de la notion de porte-parole pour retrouver des règles d’autorité, de procédure, de débats » pour décider de notre futur. Bruno Villalba et Luc Semal nous incitent à intégrer le plus tôt possible dans nos sociétés démocratiques les contraintes Lire la suite

Un réseau mondial sur la biodiversité va être créé

lemonde.fr, Laurence Caramel, le 12 juin 2010

Un réseau mondial sur la biodiversité va être créé

Un grand pas a été franchi, vendredi 11 juin, vers la création d’un réseau mondial d’expertise sur la biodiversité, à l’image de ce qui existe depuis 1988 pour le climat à travers le Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (GIEC). A l’issue de cinq jours de négociations, quelque 90 Etats, réunis à Pusan (Corée du Sud) sous l’égide des Nations unies, ont adopté à l’unanimité une recommandation favorable à la création d’une Plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES en anglais).

Le faire-part de naissance ne pourra cependant être publié qu’après l’adoption de cette recommandation par l’Assemblée générale des Nations unies, en septembre, à New York. Si le risque de rejet ne peut être exclu, il semble cependant très mince aux yeux des négociateurs qui, depuis cinq ans, bataillent pour que la préservation de la biodiversité planétaire, l’autre grand défi environnemental de ce siècle avec le changement climatique, puisse être appréhendée à partir des connaissances scientifiques les plus incontestables.

L’idée de cette plateforme, dont l’ambition est d’éclairer les décisions que doivent prendre les gouvernements à un moment où la nature disparaît à un rythme sans précédent dans l’histoire de l’humanité, est née en 2005, après la publication de l’Evaluation des écosystèmes pour le millénaire.

Ce rapport, réalisé sous l’égide des Nations unies grâce aux contributions de près de 1 400 scientifiques, offrait une vision globale et ô combien inquiétante de l’état des ressources naturelles dont dépendent les sociétés humaines pour leur survie : effondrement des stocks halieutiques, mortalité élevée des récifs coralliens, destruction des grandes forêts tropicales…

La France a été un des premiers pays – et pendant quelques années le seul – à défendre cette idée d’un GIEC de la biodiversité, avant que le Programme des nations unies pour l’environnement (PNUE) n’endosse en 2008 le projet et ne réussisse à convaincre les plus réticents. Vendredi à Pusan, la délégation française ne cachait pas sa joie : « La communauté internationale a pris conscience que la préservation de la biodiversité est une pièce indispensable du bien-être de l’humanité », se félicitait Claude-Anne Gauthier de la Fondation pour la recherche sur la biodiversité.

L’IPBES, comme le GIEC, sera donc une organisation intergouvernementale dont la mission première sera de fournir aux gouvernements des évaluations et des scénarios sur l’évolution à venir de la biodiversité mondiale. Les pays en développement, où se concentre la plus grande diversité naturelle, ont cependant exigé d’encadrer étroitement le mandat des scientifiques, afin que l’IPBES ne joue pas les donneuses de leçon à l’égard d’Etats peu respectueux de leur patrimoine naturel.

Le Brésil et la Chine se sont ainsi montrés particulièrement offensifs dans la défense de ce qu’ils considèrent comme relevant de la souveraineté nationale : l’IPBES ne pourra ainsi faire aucune recommandation de politique publique. De même, la feuille de route des scientifiques devra être approuvée par Lire la suite

Climat : 200 recommandations pour s’adapter aux changements

developpementdurable.com, Hélène Toutchkov, le 16 octobre 2010

Climat : 200 recommandations pour s’adapter aux changements

La France se prépare aux impacts du changement climatique. Le gouvernement vient de rendre public les grandes lignes du plan national d’adaptation. Le rapport, issu d’une concertation lancée fin 2009, comporte plus de 200 recommandations.

Mardi 15 juin, Chantal Jouanno a reçu le rapport des groupes de travail sur le Plan national d’adaptation au changement climatique. Le texte comporte plus de 200 recommandations sur des sujets aussi divers que la lutte contre les inondations et l’adaptation des zones littorales, l’évolution des forêts, la question de l’eau, la préservation de la biodiversité, l’adaptation de l’économie…

ET AUSSI…

 « Seules l’amélioration des connaissances et leur diffusion auprès de tous les publics permettront de faire de cette question une priorité nationale en ces temps de crise économique », a déclaré Paul Vergès, président de l’Observatoire national sur les effets du réchauffement climatique et coordinateur du rapport.

Tout le monde est concerné

« L’opinion publique considère généralement que le changement climatique ne touchera la France que marginalement, un peu comme le nuage de Tchernobyl qui contournait le pays », a fait remarquer la secrétaire d’Etat à l’Ecologie. Pour Chantal Jouanno, l’adaptation aux changements climatiques doit s’articuler autour de trois priorités : la zone littorale, la ressource en eau et la protection de la biodiversité.

D’après le gouvernement, la France est exposée à quatre types de risques : une hausse des températures supérieure de 20 à 30 % à la moyenne mondiale, soit +3 à +4°C attendu, une diminution de 20 à 30 % des précipitations, doublée d’une forte évaporation due à la chaleur, la baisse de l’enneigement en montagne, et enfin une possible hausse du niveau de la mer d’un mètre à la fin du siècle. « Il faut déjà être capable, dès aujourd’hui, d’intégrer dans toute décision d’investissement les conséquences du changement climatique », a indiqué Chantal Jouanno.

200 recommandations pour s’adapter

Le rapport préconise par exemple de favoriser les économies d’eau dans tous les secteurs et par tous les usagers ou encore d’orienter la recherche et le développement vers des systèmes agricoles plus adaptés au changement climatique. Les groupes de travail ont également souligné que la politique d’adaptation doit davantage passer par « l’intégration de l’adaptation dans les politiques actuelles plutôt que par la création d’une politique spécifique, cloisonnée du reste des politiques publiques ».

Concernant les risques naturels, le rapport propose de Lire la suite

Transition vers une « prospérité sans croissance »?

transitioneconomique.blogspot.com, Christian Arnsperger, le 11 juin 2010

Transition vers une « prospérité sans croissance »?

L’ouvrage de Tim Jackson, Prosperity Without Growth (Earthscan, Londres, 2009), récemment traduit en français sous le titre Prospérité sans croissance (De Boeck & Etopia, Bruxelles, 2010), est un jalon très important dans la réflexion sur l’écologie politique. Il sera incontournable, à l’avenir, dans tous les débats sur les orientations à donner à nos économies et à nos sociétés dans une perspective de transition. (Le sous-titre français, d’ailleurs, est « La transition vers une économie durable », reprenant celui du rapport préalable de la Sustainable Development Commission qui a servi de base pour le livre.)

Jackson offre une analyse remarquable du contexte dans lequel se posent actuellement les enjeux de la transition: une logique de la dette écologique et économique, impulsée par un impératif de croissance perpétuelle, lui-même ancré dans un consumérisme basé sur la quête effrénée de la nouveauté, au sein d’un monde social où le « langage des biens matériels » prédomine comme moyen de communication entre les gens. Il explique aussi (dans un vocabulaire très clair, qui est l’une des vertus constantes de l’ouvrage) pourquoi il est absurde de vouloir invoquer la notion de « déconnexion » comme solution aux enjeux du changement climatique et de la rareté des ressources. En effet, cela revient à terme à croire que l’on pourra maintenir, voire dépasser, les rythmes actuels d’accumulation en utilisant des flux de ressources énergétiques sans cesse réduits. L’auteur démontre, preuves chiffrées à l’appui (et le degré de documentation statistique de son travail est impressionnant à travers tout son livre), que les chances d’une telle « déconnexion absolue » sont quasiment nulles. Jackson ne nie pas — loin de là — l’importance des progrès technologiques dans le combat environnemental, mais il ferme définitivement (et salutairement) la porte aux fantasmes d’un « productivisme de l’immatériel » qui voudrait que l’on puisse, un jour, produire tous les biens demandés par les consommateurs avec un grain de sable, à la faveur d’une technologie hyper-performante.

Il faudra donc inéluctablement, selon Jackson, en venir à réduire nos rythmes de consommation, et donc de production. Sans toutefois devenir un adversaire dogmatique de la croissance, car notre auteur — en grand pragmatique qu’il semble être — n’utilise jamais le mot « décroissance ». L’expression, en effet plus heureuse, de « prospérité sans croissance » lui permet de ménager la chèvre et le chou: il faut des limites à l’émission de polluants (dont le CO2), mais pas nécessairement un changement radical de rapport à la nature; il faut des investissements « verts » à rentabilité réduite, mais pas nécessairement un abandon de la logique financière en tant que telle; il faut abandonner l’obsession de la productivité du travail, mais pas dans tous les secteurs (car il reste des secteurs où être plus productif restera un impératif), et il ne faut certainement pas contester la logique du salariat comme telle; il faut mettre en question les causes sociales du consumérisme (langage des biens matériels, course au statut social, compulsion de la nouveauté), mais il ne s’agit pas de questionner la « nature humaine ».

Plus généralement, si l’économie de marché contient certes en germes des problèmes qui nous poussent à rechercher la croissance à tout prix, aux yeux de Jackson rien ne nous oblige à lier nécessairement croissance et capitalisme. (Il s’oppose, en cela, notamment à Richard Douthwaite dans son ouvrage The Growth Illusion, selon qui la structure même de l’endettement bancaire dans le capitalisme impulse un impératif absolu de croissance.) De sorte que la question de l’anti-capitalisme et du post-capitalisme est évacuée par l’auteur en deux coups de cuillères à pot. La société sans croissance sera-t-elle capitaliste ou non? Ce n’est pas important à ses yeux. Seules comptent Lire la suite

Les éco-quartiers : de la philosophie à l’usage ; quelques retours d’expérience – Conférence-débat le lundi 14 juin à 18h30 à Floirac

Université populaire de l’environnement, communiqué, le 8 juin 2010

Hauts-de-Garonne Développement et la Maison de la Nature et de l’Environnement Bordeaux-Aquitaine, vous invitent dans le cadre de la 5ème édition de la Quinzaine de l’éco construction qui se tiendra du 14 au 25 juin à Floirac et de l’Université Populaire de l’Environnement, à participer à une conférence-débat

Les éco-quartiers : de la philosophie à l’usage ; quelques retours d’expérience

Lundi 14 juin à 18h30 au Centre d’innovation et de formation (CIF) Avenue Jean Alfonséa à Floirac

Avec la participation de :

Grace Yepez-Salmon

Architecte et urbaniste à NOBATEK

Centre de ressources régional dans les domaines de l’aménagement et de la construction durables http://www.nobatek.com/structure.html

Jean-Marc Gancille

Directeur du développement durable du groupe Evolution

En charge du projet Darwin à Bordeaux, 20.000 m² d’entreprises éco-innovantes, d’associations culturelles… http://www.projetdarwin.eu/

Piou Lacoste

Architecte, membre du bureau de l’association H’Nord

Projet d’écoquartier en coopérative d’habitants à Bordeaux 

http://www.hnord.org/doku.php?id=accueil

Pour accéder au CIF http://www.hdgdev.com/contact.php

L’urbanisme des 50 dernières années a vu s’effacer les quartiers des villes denses, au profit de blocs d’appartements et de pavillons éparpillés sur le territoire au milieu de raccordements routiers. Sur cette période, les villes européennes se sont étendues en moyenne de 78 % alors que les populations ne grossissaient que de 33 %. Les conséquences de ce manque total de maîtrise des sols sont aussi graves que peu connues : perte de précieuses terres fertiles, allongement des distances provoquant une explosion du trafic automobile, de la consommation d’énergie fossile et donc du CO2 responsable du changement climatique.

L’utilisation d’énergie pour le logement, la mobilité et l’alimentation représente 70 à 80 % de l’impact écologique de la consommation des personnes. La marée noire dans le golfe du Mexique comme le désastre écologique des pétroles bitumineux, sont symboliques d’un pétrole de plus en plus difficile à extraire. L’énergie va fortement augmenter dans les prochaines années.

C’est dans ce contexte que l’écoquartier cristallise une énorme attention. C’est vrai aussi bien dans des initiatives citoyennes qu’au sein des Lire la suite

Un rapport du Conseil d’Etat passe en revue tous les aspects du droit de l’eau

localtis.info, le 7 juin 2010

Un rapport du Conseil d’Etat passe en revue tous les aspects du droit de l’eau

Le Conseil d’Etat a présenté le 4 juin 2010 un rapport public consacré à « L’eau et son droit ». La Haute Juridiction s’attache ainsi à un sujet qui intéresse au premier plan les collectivités territoriales comme le rappelle l’actualité (reprise en régie de la gestion des eaux à Paris et dans quelques grandes villes, pollution par les nitrates et développement des algues vertes en Bretagne, tempête Xynthia et inondations en Charente-Maritime…), les projets de réforme en cours touchant au domaine de l’eau (réforme des collectivités territoriales et simplification de l’intercommunalité, vote de la loi Grenelle 2, plans d’accompagnement du Grenelle 1, proposition de loi Cambon au Sénat sur la tarification sociale de l’eau, ouverture prochaine des concessions hydroélectriques à la concurrence…) ou l’agenda international (6e Forum mondial de l’eau à Marseille en 2012, reconquête du bon état des eaux fixée par l’Union européenne à l’horizon 2015).

Présenté comme un document de référence qui englobe pour la première fois tous les aspects du droit de l’eau (problèmes de quantité, de qualité et de risque), le rapport du Conseil d’Etat comporte, à l’appui des problématiques soulevées au fil de 245 pages, de nombreuses données chiffrées, les textes applicables, l’état de la jurisprudence ainsi qu’une description des organisations et des moyens utilisés dans l’application de ce droit. Le rapport est par ailleurs enrichi de nombreuses annexes et de diverses contributions portant sur les aspects internationaux et nationaux de la gestion de l’eau. Il aborde plusieurs débats nationaux très sensibles sur l’application du principe pollueur-payeur, le rôle et les responsabilités des collectivités territoriales, les limites inhérentes en la matière du droit de propriété, l’articulation future entre tous les documents d’aménagement relatifs à l’eau (Sdage, Sage, Scot, PPRN, documents d’urbanisme, schémas de cohérence écologiques, schémas agricoles, trames bleue et verte…) ou encore le modèle de développement agricole et formule de très nombreuses recommandations et pistes de solution.

Les considérations générales exposées dans le rapport invitent l’Etat à ne pas se désengager, notamment au regard des nouvelles questions qui lui seront rapidement posées avec le réchauffement climatique. « Tout en laissant la gestion du petit cycle de l’eau aux collectivités territoriales qui s’en acquittent plutôt bien, il lui revient de se saisir de la gestion de son grand cycle et de l’organiser« , souligne Jean-Marc Sauvé, vice-président du Conseil d’Etat dans son éditorial.

Montée en puissance de l’intercommunalité

La première partie du rapport établit  un panorama des utilisations de la ressource en eau et dresse un état des lieux des différentes sources du droit applicables (au sein desquelles le droit communautaire est en constante expansion), de l’organisation, de la gestion, du financement et de la gouvernance de l’eau, caractérisée par la surabondance des textes et des organismes chargés de la gestion de l’eau. Sont en particulier abordés le rôle accru des collectivités territoriales (au premier chef celui des communes en matière de distribution d’eau potable et d’assainissement), la montée en puissance de l’intercommunalité avec des régimes dissemblables et l’enchevêtrement des compétences qui en résulte. Le rapport attire l’attention sur l’insuffisant renouvellement des infrastructures, spécialement dans le domaine de l’assainissement. Des efforts sont également à faire s’agissant du taux de perte des réseaux d’alimentation en eau potable et des normes techniques de dimensionnement des réseaux de collecte des eaux pluviales ou d’assainissement.

Le rapport identifie par ailleurs les causes d’augmentation du prix de l’eau, encourage à Lire la suite

Grenelle de l’environnement : le bilan critique de Nicolas Hulot

lesechos.fr, Julie Chaveau, le 28 mai 2010

Grenelle de l’environnement : le bilan critique de Nicolas Hulot

La fondation Nicolas Hulot a publié un premier bilan à la fois positif et critique du Grenelle de l’environnement. Pour l’avenir, elle demande des moyens supplémentaires et souhaite élargir le débat à la politique agricole commune.

Il a pris le temps de la réflexion. Deux semaines après le vote par l’Assemblée du projet de loi Grenelle de l’environnement, Nicolas Hulot, président de la Fondation pour la nature et l’homme, est sorti du silence. Dans une tribune intitulée « Grenelle, merci et encore ! », et publiée dans « Le Figaro », l’animateur délivre une sorte de satisfecit au gouvernement, immédiatement modéré par des critiques sur ceux qui « s’obstinent à opposer les questions sociales, économiques et écologiques ». Simultanément, sa fondation a publié hier un premier bilan des engagements pris dans le cadre du Grenelle, assorti de propositions.

· Bâtiment et énergie.

Si les mesures en faveur du bâtiment sont les plus connues (relèvement des normes de construction dans le neuf, prêts à taux zéro), la Fondation considère que les moyens mis en oeuvre pour accompagner la rénovation thermique des logements anciens sont « limités ». Il préconise la création d’un éco-prêt à taux zéro spécifique pour les propriétaires modestes qui réaliseront des travaux d’isolation, leur permettant de ne rembourser que ce qu’ils auront économisé sur leur facture énergétique. Les experts de la fondation insistent également sur la nécessité de fixer, dès maintenant dans la loi, l’objectif de rendre obligatoire à partir de 2015 la rénovation d’un logement quand il est vendu. L’ONG demande par ailleurs l’annualisation du malus sur les véhicules dont les émissions de CO2 dépassent 130 grammes de CO2 à partir du 1 er janvier prochain.

· Biodiversité.

Si l’inscription de la « trame verte et bleue » (des corridors de nature) dans la loi est jugée positive, le rapport souligne qu’il manque toujours les plans d’action et des outils juridiques pour la mettre en place. En plein débat sur les niches fiscales, la fondation estime qu’il n’existe pas d’instrument économique pour inciter les collectivités locales à préserver la biodiversité alors que le système fiscal actuel pousse plutôt les élus à construire pour dégager des redevances locales nouvelles. Elle dénonce par ailleurs la manière dont le gouvernement a organisé la création de la future agence de la nature par le simple rapprochement de trois organismes publics spécialisés dans la protection des espaces protégés. « Un regroupement pourrait mener à des réductions de moyens dans le cadre de la révision générale des politiques publiques, alors qu’au contraire il faudrait renforcer leurs moyens. Il y a là un vrai déficit de concertation », souligne le rapport.

· Gouvernance.

Le gouvernement a créé le Comité national du développement durable et du Grenelle de l’environnement. Composé de 80 personnes (dont 11 femmes), de représentants des élus, du patronat, des syndicats des ONG et des associations, il sera chargé de Lire la suite

Chantal Jouanno : « Il faut maintenant un Grenelle 3 »

lemonde.fr, Propos recueillis par Gaëlle Dupont et Pierre Jaxel-Truer, le 19 mai 2010

Chantal Jouanno : « Il faut maintenant un Grenelle 3 »

Chantal Jouanno, 41 ans, est secrétaire d’Etat à l’écologie depuis janvier 2009, après avoir été la conseillère de Nicolas Sarkozy pour le développement durable. Appréciée des écologistes, elle a défendu, avec le ministre de l’écologie Jean-Louis Borloo, la loi Grenelle 2 à l’Assemblée nationale, prenant position contre son propre camp sur certains dossiers.

La loi Grenelle 2 a été adoptée par l’Assemblée nationale le 11 mai. L’opposition vous reproche des « reculs »…

Il ne faut pas tomber dans la caricature. La loi n’est pas en recul par rapport à l’existant, c’est une avancée énorme. Le problème de l’écologie, c’est qu’on ne la juge que sur des symboles : les OGM, les pesticides, la taxe carbone… Avec Jean-Louis Borloo, nous demandons à être jugés sur les résultats, le nombre d’éoliennes implantées, le nombre de produits phytosanitaires retirés du marché… Maintenant, la balle est dans notre camp. A nous de mettre en œuvre le Grenelle sur le terrain. Le drame français, c’est qu’on croit que quand on a voté une loi, la messe est dite. Au contraire, tout commence maintenant. Il faut que les élus se saisissent du Grenelle. C’est pour ça que je vais reprendre mon tour de France pour aller « vendre » le Grenelle sur le terrain.

Etes-vous satisfaite, ou déçue, du texte adopté ?

On ne peut pas dire que c’est 100 % de ce qu’on voulait. C’est normal, c’est la démocratie. Mais le bilan global est positif. Avec les dispositions sur le bâtiment, la biodiversité, l’agriculture, l’eau, les risques, on a de quoi avancer. Sur certains sujets, on aurait pu aller plus loin, c’est vrai. J’ai toujours été réservée sur l’application du régime des installations classées pour la protection de l’environnement aux éoliennes, car ce ne sont pas des installations à risque. J’étais favorable à la possibilité d’expérimenter des péages urbains. Sur l’étiquetage environnemental, on aurait pu passer toute de suite à l’obligation sur certains produits.

Le contexte économique et politique n’est-il pas devenu défavorable aux ambitions écologiques ?

Ce sera moins simple qu’avant la conférence de Copenhague sur le climat . A l’époque tout était « vert », il n’y avait pas une voix discordante. Cela ne pouvait pas durer. Je ne suis pas favorable au consensus absolu sur l’écologie, car seules les modes sont consensuelles. Heureusement qu’il n’y a pas une pensée unique sur le sujet, sinon on entrerait dans une dictature technocratique. L’écologie doit rester un sujet politique, qui questionne notre organisation de la société.

En 2007, Nicolas Sarkozy parlait de « New Deal », l’écologie devait être placée au cœur de toutes les politiques publiques. Cette ambition a-t-elle été abandonnée ?

Certainement pas par le président de la République, qui a Lire la suite

Notre tâche centrale de survie pour les décennies à venir, en tant qu’individus et en tant qu’espèces, doit être de…

http://www.a-brest.net/rubrique62.html

a.brest.net, Christian Bucher, le 14 mai 2010

 » Notre tâche centrale de survie pour les décennies à venir, en tant qu’individus et en tant qu’espèces, doit être de faire une transition vers l’utilisation de combustibles fossiles – et pour ce faire, pacifiquement, de manière équitable, et aussi intelligemment que possible  » – Richard Heinberg

Le mouvement « Villes en Transition » provient du terme anglais : « Transition Town network ». Il est né d’une prise de conscience du pic pétrolier et du dérèglement climatique, de leurs profondes conséquences, et de l’urgence à agir localement.

Il a été développé en 2005 par les étudiants du cours de soutenabilité appliquée de l’université de Kinsale (Irlande), mais c’est en Grande-Bretagne, en septembre 2006, qu’il a été mis en œuvre la première fois dans la petite ville de Totnes.

Après avoir essaimé en Grande-Bretagne et en Irlande, le concept de transition town a fait des émules aux Etats Unis, en Nouvelle-Zélande, au Japon et au Chili. Des projets sont en gestation en France et en Italie. En Belgique aussi, Il y a aujourd’hui plus de 250 initiatives de Transition dans une quinzaine de pays (anglo-saxons pour la plupart) réunies dans le réseau de Transition (Transition Network).

En France, Bordeaux, Grenoble, Saint Quentin-en-Yvelynes, Salies-de-Béarn, Sucy-en-Brie, Trièves s’inscrivent dans la démarche, plusieurs centaines d’autres s’apprêtent à le faire…

Qu’est ce qu’une ville en transition ?

L’idée centrale des villes en transition, la résilience, est directement inspirée des écosystèmes naturels. En effet, ces derniers ont la propriété d’être stables, diversifiés, de consommer un minimum d’énergie, d’être autonomes (cycles fermés) et de ne pas produire de pollution (grâce à la forte interconnexion de ses éléments : les déchets d’un système sont utilisés par d’autres systèmes).

La spécificité des villes en transition réside dans le fait qu’elles émanent de la population et non des autorités.

Le concept a plutôt pour ambition d’assurer un rôle d’inspirateur, de facilitateur ou de coordinateur, et de fournir un « toit » commun à l’action des uns et des autres qui reconnaît les réalisations portées par d’autres (associations, Agenda 21, entreprises etc.) et s’articule complètement avec les mesures prises au niveau national ou international. C’est un cadre de travail cohérent, incitatif.

L’originalité réside aussi dans le fait que les crises sont vues comme des opportunités de changer radicalement la société actuelle.

La vision se veut optimiste. Même la question des moyens nécessaires est vécue sur un autre plan : Lire la suite

James Hansen : « Nous devons fixer un prix au carbone »

terra-economica.info, Karine Le Loët, le 12 mai 2010

James Hansen : « Nous devons fixer un prix au carbone »

Interview – De passage à Paris, le climatologue de la Nasa – l’un des premiers à avoir affirmé le lien entre actions humaines et changement climatique – ne mâche pas ses mots. Reçu ce mercredi à l’Assemblée, il a confié à « Terra eco » son ras-le-bol de l’inaction politique.

Terra eco : Quelle est pour vous la meilleure façon de lutter efficacement contre le réchauffement climatique ?

James Hansen : « Tant que les énergies fossiles resteront les énergies les moins chères, nous continuerons à les brûler. Si elles sont si peu chères aujourd’hui, c’est parce qu’on ne prend pas en compte leur impact sur la société. La pollution de l’air et de l’eau tue près d’un million de personnes par an. Et qui paye la facture ? Le public évidemment. On n’oblige pas les compagnies pétrolières ou charbonnières à vous rembourser si vous êtes affecté par la pollution atmosphérique. Il faut fixer un prix au carbone. Ça n’est que justice. Et cela nous permettrait d’éliminer progressivement le recours aux énergies fossiles dans les prochaines décennies. C’est seulement ainsi que nous pourrons contenir la concentration de carbone dans l’atmosphère à 350 particules par million et que nous éviterons peut-être de franchir certains seuils critiques. Des seuils qui entraîneraient la disparition de la calotte glaciaire et l’extinction des espèces. »

Mais pour que cette taxe soit efficace, il faudrait qu’elle soit mondiale. Pensez-vous vraiment que les gouvernements de tous les pays sont prêts à l’imposer ?

« Aujourd’hui, les hommes politiques essayent de fixer des objectifs de réduction d’émission. Mais ça ne peut pas fonctionner. La Chine, l’Inde n’accepteront pas ces limites alors qu’elles sont en plein développement. En revanche, la Chine pourrait accepter un prix sur le carbone parce qu’elle ne veut pas développer une dépendance vis-à-vis des énergies fossiles, comme c’est le cas aux États-Unis. En fait, ce n’est pas si difficile. Il suffirait que la Chine, l’Europe et les États-Unis se mettent d’accord sur un prix. Ils pourraient ensuite fixer des taxes à l’importation sur les produits fabriqués à partir d’énergies fossiles pour entraîner le reste du monde. Et pour que le public accepte que les prix augmentent, il faut redistribuer un chèque vert. Ceux qui auront une petite empreinte carbone gagneront de l’argent, les autres paieront plus cher. Il n’est pas nécessaire que ça représente un sacrifice. »

Vous pensez donc qu’en tentant d’imposer des limites aux émissions, les gouvernements ne font pas ce qu’il faut ?

« Non. D’ailleurs, la plupart du temps, les mesures qu’ils prennent ne sont rien d’autre que du greenwashing. Prenez l’accord de Kyoto. Avant sa signature, la concentration de CO2 augmentait de 1,5% par an. Depuis la signature, elle augmente de 3%. Tandis que la seule réussite de Copenhague c’est de n’être pas parvenu à un accord sur les marchés d’échange de CO2 qui ne servirait à rien. »

Mais les États peuvent déjà peut-être avancer en interne. Aux États-Unis, Obama essaye de passer sa loi sur le climat par exemple…

« Je ne crois pas qu’Obama comprenne vraiment le problème. On ne peut pas lui en vouloir. Il croit ce que ses conseillers lui disent. Le problème c’est Lire la suite

« Entre-deux-Mers 2030 : quel paysage et quel urbanisme voulons-nous ? »le Jeudi 20 mai à 20h30 au Centre Culturel de Créon

MNE Bordeaux-Aquitaine, communiqué, le 12 mai 2010

Le Comité de liaison de l’Entre-deux-Mers et la Maison de la Nature et de l’Environnement Bordeaux-Aquitaine, vous invitent dans le cadre de l’Université Populaire de l’Environnement, à participer à un cycle de deux conférences-débat sur le thème de « L’Entre-deux-Mers en 2030 ».

La deuxième de ces conférences-débat publique aura lieu : « Entre-deux-Mers 2030 : quel paysage et quel urbanisme voulons-nous ? »

Avec la participation de deux architectes bordelais spécialistes de l’éco-construction

Marc Lasaygues et Olivier Lehmans

La conférence débat sera précédée de la diffusion d’un film documentaire de Matthieu Lietaert « Vivre en co-habitat »

La première conférence « La construction du paysage et de l’urbanisme dans l’Entre-deux-Mers » a eu lieu le 25 mars à Créon avec la participation de Jean-Claude Hinnewinkel, professeur honoraire de géographie de l’Université de Bordeaux 3 et François Gondran, Directeur du service départemental de l’architecture et du patrimoine de la Gironde. Elle a été précédée de la diffusion d’un film documentaire de Pierre Pommier, « La vigne de Montgirard » qui évoque la vie au fil des jours au cours de l’année 1977 à Cénac, village de l’Entre-deux-Mers à l’est de Bordeaux.

Ville et humanité

En 1800, environ 3 % de la population mondiale vivait en ville, en 1900 près de 14 % et pour une population totale de 6,4 milliard d’urbains, on table sur 70 % en 2030. Avec l’usage intensif des ressources énergétiques fossiles et suivant la formule de l’historien Lewis Mumford, le monde entier est « devenu une ville », ou plutôt, une constellation en réseau de pôles urbains démesurés. Ils forment les nœuds de l’espace économique mondialisé, avec pour finalité l’accélération permanente de la production et de la consommation de biens et de services.

Nous habitons désormais des milieux artificiels, hypersophistiqués, enveloppés d’outils, de claviers, de rues et de places, de réseaux et d’écrans qui, petit à petit, effacent de nos perceptions la présence de la nature et la consistance réelle de la planète. Les relations entre pôles urbains sont devenues aujourd’hui plus déterminantes que les relations entre ces pôles et leurs arrières pays. Cette évolution est en train de faire disparaitre les circuits économiques entre la ville centre et sa campagne périphérique.

Le cocktail que constituent : croissance démographique exponentielle, concentration urbaine, environnement techno-scientifique de plus en plus complexe et fragile, fin de l’énergie bon marché et de nombreuses ressources naturelles, incapacité à contrôler le changement climatique, incapacité à résoudre les injustices sociales (nord/sud comme nord/nord), incapacité à repenser la relation homme/nature… ne comprend-il pas les ingrédients d’une crise écologique et sociale majeure, qui assombrit très sérieusement notre avenir commun ? Pour ne citer que des exemples récents, l’analyse des causes et/ou des conséquences de la tempête Xhyntia, de l’irruption de l’Eyjafjöll ou de la marée noire dans le golf du Mexique ne révèle-t-elle pas les limites de ce modèle de développement ? L’espèce humaine ne serait-elle qu’une espèce invasive tropicale en train de détruire sa niche écologique !?

Flux et reflux des modèles d’urbanisation

Dans l’ensemble que constitue l’agglomération bordelaise, le bassin d’Arcachon, le libournais, le langonnais et le Médoc, il y a ici comme sur tous les territoires plusieurs Lire la suite

Conférence-débat jeudi 6 mai à 18h30 : « Quelles conséquences du changement climatique pour la viticulture dans le Libournais ? »

MNE Bordeaux-Aquitaine, Communiqué, le 3 mai 2010

Conférence-débat de l’Université populaire de l’environnement en partenariat avec l’Ecomusée et le Lycée agricole de Montagne Saint-Emilion

Le Jeudi 6 mai à 18h30

« Quelles conséquences du changement climatique pour la viticulture dans le Libournais ? »

avec la participation de Kis Van Leeuwen, Agronome, Enseignant-chercheur à l’ENITA Bordeaux, spécialiste du terroir et de Didier Grimal, Ingénieur-climatologue, Division études et climatologie à Météo-France

Conférence suivi d’un vin d’honneur offert par le Lycée viticole

Entrée libre

Pour ceux qui ne connaissent pas le lycée. Depuis Bordeaux, prendre la rocade de Libourne. Sortir au 2ème rond-point direction Périgueux (D1089), faire environ 6km jusqu’au lieu-dit Goujon. Sortir à droite en suivant les panneaux lycée agricole (300m). Arrivé au lycée, l’amphithéâtre est le 1er bâtiment sur la droite (ce sera indiqué).

Les modifications des équilibres climatiques au niveau mondial sont aujourd’hui au cœur de l’actualité scientifique et des débats médiatiques. Le réchauffement de la planète est déjà amorcé comme l’ont démontré les experts mondiaux du GIEC en 2008. Quels en seront les impacts sur la viticulture et l’œnologie de demain ? Comment y faire face ?

Le climat est un facteur essentiel de la viticulture et il affecte autant la qualité que le goût des vins. Certains prétendent que le réchauffement climatique a déjà influencé le style des vins que nous buvons aujourd’hui.

Des études sur les températures moyennes des 27 plus importants vignobles du monde montrent un accroissement de 2 degrés Celsius depuis 50 ans. La plupart des climatologues estiment que cette tendance se poursuivra et que la hausse des températures pourrait atteindre entre 2° et 5°C en 2100.

La culture de la vigne dépend fortement des conditions climatiques. Cependant, une maturation trop rapide ou trop précoce n’est pas souhaitable, car elle altère l’équilibre du vin produit, qui peut alors être trop alcoolisé ou manquer de finesse. En avançant la date de maturité, le réchauffement climatique met en péril l’équilibre de la production actuelle des grands vins. Certains régions qui produisent aujourd’hui des grands vins peuvent perdre leur prééminence, alors que d’autres, où la maturité est atteinte plus difficilement, peuvent être bénéficiaires du réchauffement climatique.

Toutefois, ce ne sont pas toutes les opinions qui sont alarmistes sur le changement climatique. De grands vinificateurs de la région de Bordeaux affirment que Lire la suite

Biosphère INFO n° 241, urgence écologique, urgence démocratique

Biosphère INFO n° 241, urgence écologique, urgence démocratique

info à faire circuler sans modération

pour nous écrire, biosphere@ouvaton.org

Ecorev est une revue critique d’écologie politique qui mérite la lecture, d’autant plus que la multiplicité des intervenants permet toujours de trouver du grain à moudre. Voici quelques extraits du dernier numéro paru :

Bruno Latour : Remettre les non-humains au cœur de la politique

C’est quand la nature comme cadre extérieur a commencé à manquer, que l’écologie est devenue de plus en plus visible. L’idée que l’appel à la nature va simplifier ou réorienter la politique n’a donc pas grand sens. Mais par quelle étrangeté de l’histoire a-t-on pu penser que la politique, c’était une affaire d’humains entre eux, lorsque de tout  temps et dans tous les peuples on a toujours eu affaire simultanément aux humains et aux non-humains et que la politique a toujours été aussi une définition du cosmos, une façon de concevoir les liens entre les humains et les non-humains. Après Kyoto et maintenant Copenhague, tout le monde comprend maintenant que les non-humains sont entrés en politique par le truchement de leurs innombrables porte-parole.

Il faut bien comprendre cette idée de porte-parole : cela veut dire qu’il n’y a jamais de rapport simple et direct, mimétique entre celui qui parle et ce dont il parle. En politique classique, les humains parlent par l’intermédiaire de leurs représentants, directs ou indirects. Les scientifiques parlent pour les choses qu’ils sont chargés de représenter dans ces nombreux quasi-parlements qui se sont créés autour de tous les sujets de controverses – le climat, les antennes relais, les éoliennes, le thon rouge, le H1N1, les exemples ne manquent pas. Personne n’a jamais cru que quand les chercheurs disent « les faits parlent par eux-mêmes », ce soit littéralement vrai. Les faits parlent par leur intermédiaire, et les scientifiques sont souvent divisés. On est dans des parlements et c’est un peu la foire puisque tous les porte-parole disent ce que diraient les choses dont ils parlent si elles pouvaient parler !

Il faut donc repenser totalement la fonction politique pour retrouver des règles d’autorité, de procédure, de débats par lesquels nous pouvons décider, en fin de compte, dans quel monde commun nous voulons vivre. Il faut parvenir à clore les controverses tout en acceptant cette multiplication des porte-parole… la décision arrive à la fin, pas au début. Et même après, la discussion continue. Mais on a décidé et on doit pouvoir prendre des mesures, par exemple sur le réchauffement climatique.

Les systèmes autoritaires se préoccupent aussi peu des humains que des non-humains. La crainte d’un autoritarisme fondé sur l’écologie n’est agité que par ceux qui protègent leurs propres positions politiques de toute critique. Le danger ne serait réel que si les écologistes étaient liés à la Nature avec un grand N et qu’ils disaient : « La nature m’a parlé directement, elle veut ceci, donc faites-le ». mais la scène des controverses écologiques montrent exactement le contraire : c’est une extension formidable du « système délibératif » qui donne souvent le tournis. Il nous faut inventer les procédures, les instruments qui permettent de s’y orienter et de retrouver, en fin de compte, un principe d’autorité qui soit légitime.

Hervé Kempf : un capitalisme détaché de la démocratie

Afin de prévenir la réalisation de la catastrophe, Hans Jonas préconise de renoncer à la prospérité au bénéfice d’autres parties de l’humanité et d’adopter la fin nullement reluisante de l’auto modération de l’humanité. Comment, en démocratie, faire ce choix ? Des sacrifices ne sont imaginables que si l’on est inspiré par une vision du long terme. Jonas pensait que « seule une élite peut éthiquement et intellectuellement assumer la responsabilité pour l’avenir », mais il n’excluait pas l’option démocratique, à condition qu’elle soit animée par Lire la suite

Sondage 84,3 % des français concernés par les problèmes liés à l’écologie : Le Grenelle plébicité, pas les politiques

20minutes.fr, Charlotte Mannevy, le 3 mai 2010

Le Grenelle plébiscité, pas les politiques

L’écologie préoccupe les Français selon un sondage Obea-InfraForces./Idé

84,3 % des français concernés par les problèmes liés à l’écologie (29 % très concernés, 55,3 % assez concernés, 9 % pas tellement concernés et 6,5 % pas du tout concernés)

A propos du Grenelle de l’environnement, diriez-vous :

– C’était une bonne initiativeoui 84,1 % – non 11,4 %

– Il a apporté des solutions concrètes pour l’avenir – oui 35,2 % – non 57,5 %

– Il a permis aux français de prendre conscience des problèmes environnementaux – oui 68,5 % – 27,4 %

– Il a permis d’ouvrir le débat sur l’écologie – oui 76,8 % – non 18,6 %

– C’était une opération de communication du gouvernement – oui 68,5 % – 24,4 non %

– Je ne sais pas bien ce que c’est – 37,5 oui % – 60,6 non %

– Il n’a servi à rien – 31,4 oui % – 61,4 non %

Parmi ces personnalités quelle est la plus emblématique du Grenelle de l’environnement :

– Nicolas Hulot 65,2 %

– Jean-Louis Borloo 14,9 %

– Nicolas sarkozy 4,9 %

EXCLUSIF – Un sondage Obea-InfraForces pour «20 Minutes» et France Info sur l’environnement…

Bien, mais peut mieux faire. Selon un sondage Obea-InfraForces pour 20 Minutes et France Info, 84,3% des Français se disent concernés par les problèmes liés à l’écologie. Mais cette préoccupation ne serait pas suffisamment prise en compte par le gouvernement. La grande majorité des personnes interrogées (68%) estime en effet qu’«on n’en fait pas assez pour l’environnement».

Défiance

Un désaveu qui trouve sa source dans les déconvenues de ces derniers mois. Il y a d’abord eu, en décembre, l’échec retentissant du sommet de Copenhague sur le réchauffement climatique. Fin mars, c’est le président de la République qui marquait ses distances au Salon de l’agriculture: «L’environnement, ça commence à bien faire.» Enfin, le deuxième volet du Grenelle de l’environnement, présenté demain à l’Assemblée nationale (lire ci-dessous), prévoit un durcissement de la législation en matière d’énergie éolienne.

Du coup, si 84,1 % des Français estiment que le Grenelle était «une bonne initiative» qui a permis d’ouvrir le débat sur l’écologie, 57,5% considèrent qu’il n’a pas «apporté de solutions concrètes pour l’avenir». Ils sont même 68,5% a penser qu’il s’agissait avant tout Lire la suite

Ville en transition, nouvelle initiative en Gironde

wikipedia.org, avril 2010

Ville en transition

(Une initiative de transition vient de débuter en Gironde, 2ème rencontre à la Maison de la nature et de l’environnement Bordeaux-Aquitaine 3 rue de Tauzia à Bordeaux le mardi 4 mai à 18h30. Il est proposé d’amener de quoi pique-niquer sur place. Ouvert à toutes et à tous.)

Une ville en transition est une ville dans laquelle se déroule une initiative de transition, c’est-à-dire un processus impliquant la communauté et visant à assurer la résilience (capacité à encaisser les crises économiques et/ou écologiques) de la ville face au double défi que représentent le pic pétrolier et le dérèglement climatique.

Ce processus a été développé en 2005 par les étudiants du cours de soutenabilité appliquée de l’université de Kinsale (Irlande) sous la direction de Rob Hopkins, formateur et enseignant en permaculture[1]. La première mise en application a été initiée en 2006 dans la ville de Totnes au Royaume Uni. Depuis, le mouvement est devenu international et compte plus de 150 initiatives officielles[2].

L’originalité du mouvement des initiatives de transition sur les mouvements écologistes ou sociaux existants tient en plusieurs points. Tout d’abord, la vision de l’avenir est résolument optimiste, et les crises sont vues comme des opportunités de changer radicalement la société actuelle. La deuxième originalité est que le mouvement concerne la communauté dans son ensemble car c’est cette dernière qui doit porter le changement. L’action ne doit pas exclusivement venir des gestes individuels quotidiens, ni des instances politiques via la législation. C’est pourquoi le mouvement des initiatives de transition est apolitique et ne choisit pas les confrontations (manifestations, …). Ensuite, le mouvement a développé une théorie psychologique inspirée de celle des traitements des dépendances toxicologiques pour tenter de traduire le désespoir ou le déni souvent consécutifs à la découverte du pic pétrolier et de notre dépendance au pétrole, en actions concrètes. Cette originalité semble à la source du succès que connait le mouvement des villes en transition[2], mais elle suscite aussi des critiques, notamment sur le manque d’engagement politique.

Le double défi du pic pétrolier et du dérèglement climatique [modifier]

Le pic pétrolier [modifier]

Article détaillé : Pic pétrolier.

Courbe théorique du pic de production

La notion de pic pétrolier n’exprime pas la fin des réserves de pétrole, mais traduit la fin du pétrole conventionnel bon marché. À l’échelle d’une région, la production de pétrole suit une courbe de distribution normale (voir le cycle d’exploitation d’un gisement), c’est-à-dire que la production croît rapidement, avant de s’infléchir, de passer par un plateau de production, pour suivre le mouvement inverse. Le pic pétrolier est la date à laquelle la courbe de production mondiale n’augmentera plus, traduisant le maximum de production atteint. À ce moment-là, et pour la première fois, la demande excèdera durablement la production, provoquant une hausse des prix qui s’intensifiera à mesure que la production décroîtra.

L’estimation de la date du pic pétrolier varie suivant les compagnies pétrolières, les institutions officielles et les associations d’étude du pic. Ces différences peuvent provenir d’une vision différente (vision économiciste dans laquelle la production suit la demande), d’une divergence sur la théorie (la notion même de pic pétrolier), de l’incertitude sur l’estimation de certaines données (les réserves sont des données géostratégiques) ou sur différents modes opératoires de calcul (prise en compte ou non du pétrole non conventionnel). De plus, la consommation, autre variable affectant le pic, est soumise à des évènements (externes ou issus de rétroactions), par exemple politiques ou économiques. Les différents pronostiques vont donc du déni d’un pic pétrolier pour l’OPEP[3], à l’horizon 2020 pour Lire la suite

Dominique Bourg : « La nature est devenue abstraite pour l’homme »

terra-economica.info, Karen Bastien, avril 2010

Dominique Bourg : « La nature est devenue abstraite pour l’homme »

Interview – SERIE : QUEL AVENIR POUR LA BIODIVERSITE ? 1/5

Cela fait 2 000 ans que l’homme croit vivre dans un immense décor, où il peut puiser sur les ressources naturelles sans compter. Le philosophe Dominique Bourg nous explique les origines religieuses et culturelles de cette relation distanciée entre l’homme et la nature.

Si l’on vous dit que vous faites partie intégrante de la biodiversité au même titre que l’oursin, le pivert, le poisson-lune, la hyène, le géranium ou l’ortie, ça vous chiffonne, n’est-ce pas ? Ne vous inquiétez pas, vous n’êtes pas le (la) seul(e). Cela fait plus de 2 000 ans que ça dure. La faute à l’Homo sapiens qui a toujours cherché à s’émanciper de la tutelle de la nature, en la dominant, en la domestiquant et en l’exploitant. L’homme a si bien réussi qu’il est aujourd’hui contraint de prendre en charge des régulations autrefois naturelles : tenir la comptabilité des gaz rejetés dans l’atmosphère, protéger la pureté des nappes phréatiques, sauvegarder des espèces animales et végétales… Il est devenu « comptable de ses propres conditions naturelles d’existence et du sort des générations futures », comme le souligne le philosophe Dominique Bourg. Comment en est-on arrivé là ? Réponses avec ce spécialiste des questions de philosophie politique et de durabilité, membre actif du comité de veille écologique de la Fondation Nicolas Hulot et ancien vice-président d’une commission du Grenelle de l’environnement.

Depuis janvier, la biodiversité agite colloques et sommets internationaux, s’invite à la une des journaux. Pourquoi faut-il décréter une année internationale pour s’intéresser à la nature ?

Car nous entretenons depuis longtemps une relation distanciée avec elle. Nous n’avons pas l’impression d’en dépendre, nous continuons à supporter l’image d’une nature décor. Ce n’est que lorsque le baril de pétrole atteindra des sommets ou que nous manquerons d’eau que nous réaliserons ce que signifie de piller les ressources naturelles. Les services écologiques que nous rendent les écosystèmes sont aujourd’hui dégradés pour 60 % d’entre eux. Et à consommation constante, les réserves connues d’or, d’argent et de palladium s’élèvent à une quinzaine d’années. Le mot « nature » est lui-même en crise. Que recouvre-t-il ? Le pétrole, l’eau, le renard, le changement climatique, la plage ? Dans nos têtes, c’est un kaléidoscope de tout cela. Des années de célébration comme 2010 ont le mérite de remettre cette nature au centre de nos préoccupations. C’est sûrement nécessaire car nous ne prenons jamais conscience des choses de façon progressive. Il faut choquer, bousculer. 

Selon les spécialistes, nous serions au tout début d’une extinction de masse provoquée par l’homme. Le taux d’extinction actuel est 10 000 fois supérieur au taux naturel. Mesurons-nous ce qui est en train de se dérouler ?

Difficile à dire car la nature est en partie devenue abstraite à nos yeux. Elle n’est plus de l’ordre du sensible. Nous sommes en effet incapables de percevoir par nos sens les grandes dégradations que nous lui infligeons, par exemple Lire la suite

Gan et Billère (64), prochaines villes en transition ? – Projection du film « En transition » le mardi 4 mai à 20h30

amapdegan.over-blog.com, article, le 23 avril 2010

Gan, prochaine ville en transition?

Les associations APQV, Slow Food Béarn, Tiss’liens64 et les Petits Hommes de la Terre, ont le plaisir de vous convier à la projection du film « EN TRANSITION » à la salle Robert De Lacaze, place de la Mairie à Billère, près de la route de Bayonne, le mardi 4 mai 2010 à 20h30.

Un co-voiturage sera organisé au départ de Gan.

La projection du film (50 minutes) sera suivie d’un débat ouvert à tous.

Entrée gratuite

Billère, prochaine ville française en transition : rêve ou réalité ?

VILLES EN TRANSITION est un mouvement citoyen démarré il y a seulement 3 ans un peu partout dans le monde.

Considérant l’épuisement des ressources pétrolières imminent et un réchauffement climatique en plein expansion, Transition considère que notre société moderne (et ses dirigeants politiques et économiques) ne réagit pas de façon suffisante à ces changements profonds. En s’appuyant sur les capacités créatrices du groupe sur la base d’une vision positive de l’avenir, le mouvement local de transition définit des propositions concrètes pour diminuer la dépendance pétrolière (estimée à 4000 litres par personne et par an en France !), résister aux impacts de l’environnement extérieur et survivre par ses propres moyens.

Face à une situation qui nous imposera de vivre dans un monde « plus petit » et de proximité, Transition nous prépare à reconstruire une économie à partir d’initiatives locales, écologiques, solidaires basée sur nos besoins réels et sur la qualité de vie.

Le film ( en anglais sous-titré en français) explique la notion de Lire la suite

Le réveil d’un volcan islandais : une poussière dans l’œil de la mondialisation et une occasion exceptionnelle pour la relocalisation !

mouvementutopia.org, communiqué, le 19 avril 2010

Le réveil d’un volcan islandais : une poussière dans l’œil de la mondialisation et une occasion exceptionnelle pour la relocalisation !

Un phénomène naturel aura montré la fragilité de l’organisation mondiale du système économique fondé sur les échanges internationaux.

Cette « crise » éphémère préfigure ce que nous promet la fragilité d’un système d’échanges reposant sur l’exploitation sans limite du pétrole, ressource naturelle pourtant limitée. Elle révèle une nouvelle fois l’aveuglement et le court termisme d’un modèle économique mondialisé dont le seul moteur est le profit immédiat en même temps qu’elle nous donne à réfléchir sur le sens de cette organisation productiviste.

Fabriquer et produire loin au moindre coût, dans un système d’échange fondé sur la délocalisation,  n’est possible qu’en sous évaluant le coût réel et global du transport, et en exploitant le déséquilibre économique et social entre pays producteur et pays consommateur.

Une part importante des échanges internationaux se fait par voie aérienne.

Il s’agit principalement des produits à forte obsolescence : les fruits, les légumes, les fleurs…

Sous l’effet de la suie, les roses et les haricots verts devront patienter au Kénya avant de retrouver nos étals de marchés.

Les conséquences mondiales d’un tel système sont désastreuses !

La délocalisation a totalement déstructuré les économies locales. Au delà de la casse industrielle dont sont victimes les ouvriers des bassins de production, elle est à l’origine de la paupérisation des peuples du sud privés volontairement de leurs moyens de subsistance.

70% des habitants de bidonvilles péri-urbains sont d’anciens paysans qui forment la masse corvéable des nouvelles usines ou champs de production agricoles du monde.

Plus, plus loin, moins cher, plus souvent, plus vite !

Un nuage de suie et ce sont plus de 16.000 vols qui sont annulés et 7 millions de passagers bloqués.

200 millions de dollars de pertes journalières pour les compagnies aériennes, et aussitôt une demande de soutien public autorisée par l’union européenne ! Face à ce constat nous ne soutiendrons pas les amoureux des safaris et autres plages exotiques qui auront dû « patienter » quelques jours avant de retrouver le soleil printanier de l’Europe. Un comble pour ces inconditionnels du consommer vite, loin, pas cher !

Cette logique est celle d’un système de croissance économique reposant sur la consommation et l’assouvissement immédiat de « désirs » devenus des « besoins » pour le seul bénéfice immédiat d’une minorité.

Ce volcan islandais pourrait ainsi être un bon augure.

Au delà du signal pédagogique qui préfigure l’ère de l’après pétrole, la pollution induite par ce phénomène naturel sera Lire la suite

Stephane Foucart dans Le Monde : Qui finance le climato-scepticisme ?

lemonde.fr, Stéphane Foucart, le 19 avril 2010

Qui finance le climato-scepticisme ?

Washington Envoyé spécial

En 2009, le lobbying des entreprises américaines pour peser sur le projet de loi climat-énergie – aujourd’hui moribond, selon une majorité d’observateurs – a battu tous les records. C’est la conclusion d’analyses indépendantes du Center for Public Integrity (CPI) et du Center for Responsive Politics (CRP), qui fondent leurs travaux sur les chiffres officiels du secteur privé américain. Sur le dossier climatique, ce dernier exerce une influence sur les opinions publiques en finançant des think tanks qui combattent l’idée d’une responsabilité humaine au réchauffement.

LES DÉPENSES DE LOBBYING SUR LE CLIMAT ONT AUGMENTÉ DE 400 %

Le lobbying est très réglementé aux Etats-Unis. Toute organisation, association ou entreprise doit déclarer, chaque trimestre, les sommes qu’elle investit dans les cabinets de lobbyisme pour faire valoir ses points de vue auprès des parlementaires. « Elles doivent aussi déclarer les sujets sur lesquels elles font du lobbying, mais n’ont pas d’obligation d’attribuer une somme précise à chacun de ces sujets, explique Kate Willson, enquêtrice au CPI. Il est donc difficile d’évaluer l’ampleur du lobbying spécifiquement dédié à la question climatique. En prenant une option basse, c’est-à-dire en considérant que le lobbying climatique ne représente que 10 % de l’ensemble des sommes dépensées par des entreprises ayant déclaré faire du lobbying sur le sujet du climat, nous parvenons à une estimation d’environ 90 millions de dollars [67 millions d’euros] spécifiquement dépensés en 2009 sur le climat. Avec une forte accélération au dernier trimestre, au cours duquel environ 30 millions de dollars ont été dépensés selon ce calcul. » Selon les estimations du CPI, l’activité de lobbying sur le dossier climatique a augmenté, aux Etats-Unis, de près de 400 % au cours des six dernières années.

Cette tendance est aussi mesurable, selon David Levinthal, analyste au CRP, à l’explosion du lobbying pratiqué par les producteurs d’énergie fossile, qui seraient les plus touchés par une loi réglementant les émissions. « Par exemple, Exxon dépensait, il y a encore quelques années, entre 6 et 7 millions de dollars par an en lobbying, dit M. Levinthal. Ils ont dépensé entre 25 et 30 millions en 2008 et 2009. Tout n’a pas été consacré au climat, mais cela donne une idée. » En moyenne, sur la période 1998-2009, Exxon arrive à la neuvième place des plus gros lobbyistes ; sur la période 2008-2009, il est deuxième. « En 2009, il y a quatre producteurs d’énergies fossiles – BP, ConocoPhillips, Chevron et Exxon – dans les vingt entreprises américaines les plus dépensières en matière de lobbying« , résume M. Levinthal.

Le lobby des énergies renouvelables – éolien, solaire, ONG, etc. – a aussi accru ses dépenses ces deux dernières années. « Mais les lobbyistes qui travaillent pour les industriels émetteurs de carbone sont à huit contre un, si on les compare à ceux des énergies renouvelables, des ONG, etc. », dit David Kaplan, directeur éditorial du CPI.

SEMER LE DOUTE SUR LA CLIMATOLOGIE

Si elle passe par le Congrès, la lutte d’influences autour du changement climatique se joue aussi dans l’opinion. Cette bataille-là, assure Kert Davies, directeur des recherches de la branche américaine de Greenpeace, « remonte à plus de vingt ans ». M. Davies cite, entre autres, un célèbre mémo révélé en 1998 par le New York Times. Le texte exposait un plan de communication établi par des responsables de géants des énergies fossiles (Exxon, Chevron, Southern Co.) et de think tanks conservateurs (George C. Marshall Institute, Frontiers of Freedom, Advancement of Sound Science Coalition, etc.). « La victoire sera complète », détaillait le document, quand « les citoyens moyens « comprendront » [reconnaîtront] les incertitudes de la science climatique », ou encore quand « la couverture des médias » admettra « la validité des points de vue qui vont à l’encontre de l’actuelle « sagesse conventionnelle » » en science climatique…

EXXON TANCÉ PAR L’ACADÉMIE DES SCIENCES BRITANNIQUE

Selon M. Davies, le « climategate » – le piratage et l’exposition sur Internet, fin novembre 2009, de courriels embarrassants échangés entre plusieurs chercheurs – est le dernier événement de cette Lire la suite

Bilan 2009 de Université populaire de l’environnement – Université nomade d’Aquitaine de la Maison de la nature et de l’environnement Bordeaux-Aquitaine

MNE Bordeaux-Aquitaine, Communiqué, le 19 avril 2010

Bilan 2009 de Université populaire de l’environnement – Université nomade d’Aquitaine de la Maison de la nature et de l’environnement Bordeaux-Aquitaine

I. L’Université nomade d’Aquitaine

1.) 15 janvier – Une conférence-débat à l’IJBA (Institut de journalisme de Bordeaux) [150 participants] avec Marie Monique Robin, journaliste, cinéaste et écrivain sur le thème de « Ecologie et journalisme d’investigation » en partenariat avec Greenpeace Bordeaux et une diffusion du documentaire « Le Monde selon Monsanto » au cinéma l’Utopia de Bordeaux [180 participants] suivi d’un débat avec MM Robin

2.) 4 février et 4 mars – Deux ateliers pratiques écolo au Jardin botanique de Bordeaux [55 participants] sur le thème « Ecologie et numérique » avec Michel Lesbats, enseignant chercheur en biologie, et Anne-Sophie Novel, doctorante en économie politique

3.) 3 avril – Une conférence-débat au cinéma le Festival à Bègles [80 participants] en partenariat avec la municipalité sur le thème « L’homme a-t-il perdu le lien avec la nature ? » avec 4 universitaires : Dominique Prost, Enseignante-chercheuse en géographie, Martine Alcorta, enseignante-chercheuse en psychologie, Charlie Grandjeat, enseignant-chercheur en littérature nord-américaine et Catherine Thomas, enseignante-chercheuse en océanographie

4.) 20 mars, 10 et 24 avril Trois conférences-débats à Cap-Sciences Bordeaux « Changements climatiques et énergie » [80 participants] :

« Le changement climatique : pas plus de 2° C », par Jean-Yves Rossignol, Ingénieur-consultant

« Les énergies : une division par 4 d’ici 2050 », par Gilles Drogou des Amis de la terre

« Crise climatique et énergétique : la taxe carbone peut-elle être une réponse appropriée ? », par Jean Sireyjol, association TACA

5.) 16 mai – Une conférence débat à Mérignac sur le thème « Environnement et nouvelles solidarités » [50 participants] en partenariat avec les associations des Amis Aquitains des semaines sociales de France et Pratiques et dialogues. Après une présentation des enjeux climatiques, énergétiques, écologiques et sociaux par Jean-Yves Rossignol, 4 ateliers ont travaillés sur les thèmes de agriculture / consommation, énergie/habitat, déplacements et formation/insertion avant une restitution des ateliers

6.) Quinze émissions de radio sur la Clé des ondes en partenariat avec Chiche ! Bordeaux [ 3 000 auditeurs cumulés estimés] :

La MNE Bx Aquitaine

AutoCool/L’autopartage

TACA/Changement climatique et taxe carbone

Greenpeace et Vigilance OGM/Les OGM

Droits du piéton 33/Journée de la courtoisie

CATA/Projet collectif d’achat de terre agricole

Débat Ecologie et libertés publiques

Maisons paysannes 33/L’habitat rural

Vélo Cité/Jeu concours mes courses à vélo

Récup’R/Projet de recyclerie / ressourcerie

ICARE/Le jardin d’inspiration médiévale de Gradignan

H’Nord/Le projet d’Ecoquartier de Bordeaux Bacalan

Séphir/La barre d’outil Ecolo-info

SEPANSO 33/Les nouveaux OGM

L’agenda 21 des familles de Bordeaux

7.)1er avril, 6 mai, 3 juin et 1er juillet – Quatre cours au Jardin botanique de Bordeaux « Petite écologie de l’homme et de ses techniques »  [80 participants] avec Michel Lesbats

La main de l’Homme et ses techniques – Evolution des risques techniques de l’Homme préhistorique à nos jours

Autopsie d’un accident / Les mots des maux, les mots du risque – Définitions et polysémie des termes du domaine des risques d’origine technique

Citoyenneté et culture du risque – La participation des citoyens à la Gestion des risques techniques

Table ronde et débat sur la concertation et la démocratie écologique : « Echanges entre les acteurs locaux du Grenelle » suivi d’un Apéros’Ecolos (ex GreenDrinks)

8.) 16 au 25 mai – Sept conférences-débats lors du Salon de l’environnement de Bordeaux [150 participants] :

Au fil des Séounes/Abeilles et frelons asiatiques

CREAQ/Les aides à l’éco-habitat (2 interventions)

AutoCool/L’auto-partage

Achillée et ciboulette/Le compost

Achillée et ciboulette/Le purin d’ortie

Le collectif réduisons nos déchets en Aquitaine/La prévention des déchets

La MNE Bordeaux-Aquitaine/L’Université populaire de l’environnement

9.) 27 mai –  Une conférence-débat à l’IJBA « Quelle Europe pour la planète ? » [50 participants] avec les représentants des principales listes aux Européennes : Europe écologie, Front de gauche, NPA, PS et UMP/NC (Le Modem n’avait pas répondu à l’invitation)

10.) 27 et 28 juin – Deux conférences-débats à Nérigean (Libournais) dans le cadre du marché paysan du Château  Fourton-La Garenne (vignoble en maraîchage biologique) [55 participants]

« Libournais 2020 : quelle agriculture et quelle alimentation voulons-nous ? » avec Philippe Roudié – Professeur émérite de géographie et Jean-Pierre Leroy – Syndicaliste – Confédération paysanne

« Crises climatique, écologique, énergétique… quel rôle pour les associations environnementales ? » avec CATA, Achillée et ciboulette, Auto Cool et la MNE Bordeaux-Aquitaine

11.) Du 24 septembre au 4 novembre, mise en place d’un « module d’appui au développement associatif et aux porteurs de projets », premier cours le jeudi 24 septembre à 18h15 à la MNE Bordeaux-Aquitaine : « Le suivi évaluation dans les projets associatifs ». 5 cours du jeudi 1er octobre au mercredi 4 novembre à 18h30 à l’Athénée : « L’amélioration des moyens de communication des associations ». Ouvert à tous et gratuit, sur réservation.

12.) Du vendredi 25 au dimanche 27 septembre, Salon Viv’Expo à Bordeaux Lac avec des conférences-débat et la participation de nombreuses associations environnementales : AutoCool, Greenpeace, H’Nord, ICARE/Jardin de Pierral, MNE Bordeaux-aquitaine, Réseau des mille-pattes, SEPANSO, Solar Rives de Garonne/Ecocentre de Gironde, Surfrider Foundation…

13.) 7 et 15 octobre et 4 novembre à l’Université Bordeaux 2 Victoire amphithéâtre Pitres – « Crise climatique, énergétique, écologique…, état des lieux » avec Gilbert Haumont, universitaire, « Les énergies : une division par 4 d’ici 2050 » avec Gilles Drogou des Amis de la terre et « Vers une révolution des transports » avec Simon Charbonneau, Universitaire

14.) Le vendredi 9 octobre à 21h00, Salle du Foyer Municipal d’Arbis (7 km de Targon), « Crise climatique, écologique et des ressources naturelles : quelles conséquences pour l’Entre-deux-Mers ? » avec Gilbert Haumont, enseignant à la Faculté  de Pharmacie de l’Université de Bordeaux 2. Manifestation dans le cadre du Colloque 12 « De Benauge à Verdelais » organisée par les Amis du château de Benauge, l’Association des Amis du Musée de l’Art Religieux de Verdelais et le Comité de liaison de l’Entre-deux-Mers (CLEM) à Arbis, Benauge et Verdelais les 9, 10 et 11 octobre 2009

15.) Lundi 16 novembre – Conférence débat avec diffusion du film documentaire Live-bicycle sur « La mobilité urbaine » organisée par le PUMA (Pôle alternatif des Mobilités urbaines) : Vélo Cité, AutoCool, Droits du piéton 33, AIR…à l’Université Bordeaux 2 Victoire amphithéâtre Pitres

16.) Début 2010 une conférence débat sur « La transition » à la Communauté urbaine de Bordeaux jeudi 11 mars avec Pierre Radanne et Simon Charbonneau, deux conférences débat sur « Urbanisme, paysage, architecture dans l’Entre-deux-Mers… » la première à Créon le jeudi 25 mars, un Concert pour le climat à Bègles le jeudi 1er avril et une conférence sur « Climat et viticulture » à Montagne-Saint-Emilion le jeudi 6 mai

II. Soutien de l’UPE aux actions d’adhérents de la MNE et de partenaires

Du 12 au 27 septembre : Quinzaine de l’écologie en Agenais, Samedi 12 à 20h30  « Mieux comprendre les OGM » par Christian Vélot, Dimanche 13  à 10h30 « De jardin en jardin », Mercredi 16 à 20h00 « Nos enfants nous accuseront » Ciné/ débat, Vendredi 18 à 20h00 « Les papillons, indicateurs de bonne santé écologique », Dimanche 20 à partir de 8h30 « Ecorurale des Séounes » à la Sauvetat de Savères, Mercredi 23  à 19h30 « La taxe carbone » Conférence-débat avec TACA et Dimanche 27 à 14h00 « Visite d’une maison écolo » à Pennes d’Agenais.

Le mercredi 16 septembre à 19h30, Conférence-débat avec Hervé Le Treut, membre du GIEC, à l’Athénée municipale de Bordeaux organisée à l’occasion des 40 ans de la SEPANSO Aquitaine.

Du 28 septembre au 2 octobre 2009 « Stage chaux » et du 16 au 20 novembre « Formation à la restauration écologique dans le bâtiment ancien » organisé par l’Ecocentre de Gironde à Toulenne près de Langon.

Le vendredi 2 octobre manifestation du Collectif 33 Copenhague 09 à la gare Saint Jean de Bordeaux

Le dimanche 4 octobre « Picnic sans carbone » à partir de 12h sur les quais au Parc des Sports en face de St Michel (à coté du Pont de Pierre). Ce picnic doit nous permettre de rassembler le plus grand nombre de citoyens désireux d’agir pour protéger le climat. Ceux qui aiment Taca viendront en vélo et les rangeront en forme de 3 5 0 pour la traditionnelle photo, et cette fois nous l’espérons, l’objectif atteint de 350 vélos. Nous souhaitons organiser des vélo-bus, regroupement de cyclistes pédalant ensemble, convergeant  le dimanche matin depuis les 27 communes de la CUB vers le lieu du picnic à coté du Pont de Pierre.

Samedi 24 octobre – Manifestation du Collectif Copenhague au lion bleu sur la rive droite « 350 idées pour la planète »

Le vendredi 6 novembre un film-débat à l’Utopia de Bordeaux « Le syndrome du Titanic » de Nicolas Hulot avec le Collectif associatif Gironde Copenhague 09

Jeudi 10 décembre à 19h00 à l’Athénée municipal de Bordeaux avec la Confédération Paysanne de Gironde Conférence-Débat sur le thème : Agriculture et changement climatique. Comment assurer une production agricole répondant aux besoins des populations, dans un climat bouleversé,  tout en minorant radicalement les dégagements de gaz à effet de serre ?

samedi 12 décembre – Manifestation « Ni nucléaire, ni effet de serre » de 11h00 à 12h00 au miroir d’eau sur les quais face à la Bourse à Bordeaux avec TchernoBlaye, à partir de 12h00 déambulation festive dans Bordeaux avec une Batucada, musique brésilienne, tout le monde habillé en bleu, avec chapeau et lunette de soleil, vers 14h00 arrivée de la vague bleue au grand théâtre, place de la comédie, ou l’association TACA sera présente du samedi de midi à minuit. Veillée climatique sur place : amenez des pots de yaourts en verre peints en bleu pour poser des loupiotes (fournies par TACA), musiciens et chanteurs bienvenus pour réchauffer ceux qui vont veiller pour le climat sur les marches du théâtre comme beaucoup d’autres groupes à travers le monde (350.org, tck tck tck, …). A 19h regroupement des jeûneurs volontaires en soutien des militants de Climate Justice Fast en grève de la faim pour le Climat depuis le 6 novembre.

II. Le blog de la MNE https://mneaquitaine.wordpress.com/

Il fonctionne depuis août 2008 et propose 2 200 articles et 230 adresses de Sites Internet et de blogs dont 120 Aquitains

En 20 mois, près de 300 000 pages ont été consultées par environ 120 000 visiteurs, nous estimons qu’environ 50 % des visiteurs sont Aquitains.

1. TOP 25 des articles depuis 20 mois

Thermographie aérienne infrarouge de la CUB                                10 351

Le tracé sud de la future LGV Bordeaux –                                        10 273

Thermographie aérienne des 27 communes de la CUB                 9 199

La MNE Bordeaux-Aquitaine                                                             7 894

Ligne grande vitesse en 33, 40, 47 et 64                                          4 277

Communauté urbaine de Bordeaux : Isolez                                                 2 630

Langon : ouverture d’un supermarché bio                                        2 549

Centrales photovoltaïques au sol : la crainte de la trame grise       1 998

PAC : La France redistribue et dévoile les aides                             1 679

Appel à la création d’une ressourcerie /                                           1 647

Eco-PTZ : l’éco-prêt à taux zéro pour éc                                         1 499

La grande distribution s’empare du commerce équitable                1 367

Liste des 12 marchés bio et 78 magasins bio d’aquitaine              1 193

EnR : développement de l’énergie solaire                                        1 176

UPE – L’Université nomade d’Aquitaine                                            1 148

Formation à l’agroécologie en Ardèche av                                                   1 065

Eco-prêt à taux zéro et crédit d’impôt «                                             1 051

NON aux LGV Bordeaux-Toulouse et Bordeau                                1 020

Recycleries & Ressourceries : réseau                                            985

« Home » : Yann Arthus-Bertrand rend-il tr                              944

Soustons (40) : Une ferme photovoltaïque                                       904

Huitres du bassin : Du test de la souris                                            848

Bon ap’ avec l’Amap de Mérignac                                                    834

Transports de la CUB : Keolis préféré à                                          779

Toilettes sèches : soulagez l’environnem                                        747

2. Visite sur les sites et blogs des adhérents depuis le blog MNE depuis 20 mois

colibri33.fr                                                      429

collectif.terres.free.fr                                     427

maisons-paysannes.org                                418

recupr.org                                                      383

pagesperso-orange.fr/federation.sepan…    374

creaq.org                                                       284

lesptitsgratteurs.blogspot.com                      278

asso.burdivega.free.fr                                   269

itinerancesculturelles.asso.fr                        262

greenpeace.org/france                                  252

collectif-dechets-girondin.com                      246

sephir.org                                                      201

belcier.eco.quartier.free.fr/sommaire…        177

hnord.org/doku.php                                       169

velo-cite.org                                                   161

taca.asso-web.com                                      147

aramaquitaine.fr                                            141

autocool.fr1                                                    139

Serge Orru – L’écologie va réinventer la politique et la politique va réinitialiser l’écologie.

lexpress.fr, Serge Orru, le 6 avril 2010

Flagrant état d’hybridité de l’écologie avec la politique

L’écologie va réinventer la politique et la politique va réinitialiser l’écologie.

La chronique de Serge Orru, du WWF.

Autrefois dédaignée et souvent raillée, l’écologie est aujourd’hui un argument électoral, un véritable sujet de société. L’écologie atterrit en politique et se retrouve tant aimée ou vilipendée. Elle butine à gauche, elle butine au centre et butine à droite. Elle est verte, rose, bleue. Chaque parti politique offre opportunément ses arguments environnementaux. Mais pourquoi ne reste-t-elle encore qu’une simple variable d’ajustement dans une France qui se hâte lentement vers sa transformation verte. L’écologie ne peut rester en ballottage car elle est la problématique d’émancipation de l’homme au XXIe siècle.

L’actualité montre que la politique et l’économie se sont engouffrées dans l’écologie. Car c’est un atout pour gagner des voix en proposant la prospérité verte.

L’écologie non politique, celle des naturalistes, ne dérange guère de monde, et est hélas ignorée. On aime les baleines et les pandas, mais dès que l’on évoque les émissions de gaz à effet de serre, les déchets nucléaires, les OGM, les incinérateurs, le tout-routier, l’agriculture intensive et ses pesticides, le lien environnement-santé, l’écologie devient alors trop visible voire agaçante et gênante. Car elle demande des changements rapides et radicaux. Face aux récents reculs, les écologistes restent déterminés et toujours impatients.

Les enjeux sont toujours là. Les enjeux, justement… le plus connu, le péril climatique, est remis en question malgré l’avis de milliers de scientifiques que d’aucuns transforment pernicieusement en comploteurs… Et quand bien même les écologistes se tromperaient-ils… serait-ce une raison pour continuer à dilapider notre patrimoine naturel et dévorer la biodiversité de notre unique planète bleue comme une orange ? Une raison pour éventrer les forêts boréales de la Colombie Britannique pour en extraire des sables chargés de pétrole ? D’applaudir des deux mains la fonte des glaces qui permettra d’aller puiser d’autres ressources ? Combien de temps resterons-nous fossiles dans ce monde fini à l’inconscience infinie…

Ce que propose l’écologie n’est pas une punition. Ni une contrition face à l’apocalypse. Il s’agit de revoir le sens du progrès, de nos vies et celles des générations futures. L’écologie politique connaîtra l’âge de raison. Aujourd’hui, c’est une période plus instable qui s’ouvre. Place à son adolescence et à sa créativité bouillonnante. Mais l’écologie est entrée dans la Cité et dans les consciences. Elle n’en sortira plus. N’en déplaise aux rois du carbone.

Progressivement, l’écologie politique sera intégrée dans les programmes des partis politiques avec la même force que Lire la suite

Consommation durable : avant de changer, les Français veulent être convaincus

lesinfosvertes.hautefort.com, NC, le 5 avril 2010

Consommation durable : avant de changer, les Français veulent être convaincus

Faire peur en annonçant l’Apocalypse climatique ou prétendre sauver la planète en vendant du yaourt bio ne suffira pas à convaincre les Français de changer de comportement en matière de consommation durable !

Désormais, ils demandent des preuves, du concret, des résultats vérifiables.

C’est l’enseignement principal de l’enquête Ethicity menée en février et mars 2010 auprès d’un panel de 4 373 Français, menée en collaboration avec Aegis Media Expert et en partenariat avec l’Ademe à l’occasion de la Semaine du développement durable.

Ras-le-bol du marketing sur le développement durable

Le sondage montre que les Français sont saturés, parfois même exaspérés, des discours écolos utilisés par les publicitaires pour vendre des voitures en montrant des ours blancs …

54 % d’entre eux déclarent être méfiants sur le discours des marques et des entreprises en matière de développement durable ;

53 % des Français pensent qu’il y a trop de messages publicitaires sur la consommation durable ;

43 % d’entre eux vont jusqu’à ne plus supporter les messages des marques sur l’environnement, un constat particulièrement marqué chez les seniors ;

65 % estiment qu’il y a trop de labels pour les produits durables : cette profusion d’information tend à créer de la confusion ;

62 % disent ne pas pouvoir juger de la meilleure qualité des produits durables.

Le développement durable, une valeur en baisse

Cette saturation du discours commercial, qui s’ajoute peut-être à la crise économique et aux échecs de la négociation climatique, se lit dans les réponses aux questions sur les comportements des consommateurs.

75% des Français croient toujours à une consommation plus responsable : cela reste élevé mais on note une baisse de 6 points par rapport à l’an passé.

60 % (- 9 points) déclarent avoir changé leur comportement en faveur du développement durable en 2009.

47 % ont opté pour une consommation plus Lire la suite

L’abandon de la taxe carbone, une triple erreur

energie.lexpansion.com, Alain Grandjean, le mardi 30 mars 2010

L’abandon de la taxe carbone, une triple erreur

L’annonce de la taxe carbone au lendemain des régionales ne laisse pas de doute à l’interprétation : il s‘agit bien d’une décision politique qui vise à tenter de rassembler la majorité en supprimant un foyer de discorde.

Une erreur politique

Pour autant, c’est une erreur au plan politique : notre pays n’a jamais eu autant besoin de direction et de sens. Cet volte-face de plus est l’aveu d’un manque de vision. D’autant qu’il  a été annoncé par le premier ministre puis par le président de la République dans des  discours ne faisant pas la moindre allusion  à la nécessité de tenir compte des enjeux écologiques et énergétiques ni du développement durable, alors que le numéro 2 du gouvernement, Jean Louis Borloo également ministre d’Etat,  est toujours le ministre de l’Ecologie. Il est évident que le repli annoncé sur des valeurs traditionalistes ne constitue pas un cadre politique suffisant dans un monde aux incertitudes croissantes et confronté à des risques nouveaux qu’ils soient géopolitiques, sanitaires, énergétiques ou écologiques. Or il est difficile de croire que ces enjeux ne seront pas présents aux élections présidentielles de 2012. Il est encore plus difficile de croire à l’efficacité d’une politique qui ne serait pas fondée sur des processus d’écoute et de concertation permettant de tenir compte sérieusement de l’ensemble des informations disponibles.

Le gouvernement était divisé sur la manière de piloter le passage à une économie durable, avec des missions contradictoires (la relance de la croissance confiée à la commission Attali, la remise en cause du concept et de sa mesure confiée à la commission Stiglitz-Sen-Fitoussi), avec des difficultés de communication et de coopération bien connues entre le MEEDM (Ministère de l’Ecologie, de l’Energie, du Développement Durable et de la Mer) et Bercy. Il était sans doute préférable de procéder un remaniement ministériel d’envergure, par exemple en réunissant  l’économie et le développement durable, pour impulser un nouveau souffle et un nouveau mode de travail, seul à même de redonner cette direction et  ce sens.

Une erreur économique et sociale

Au plan économique, le refus manifeste d’envoyer un « signal carbone », même limité et cantonné (du fait des exemptions du projet de loi),  est une grave erreur. Sans ce signal,  comment orienter les acteurs économiques vers une économie moins dépendante d’énergies fossiles dont le prix va augmenter inévitablement dans les très prochaines années ? Comment  inciter les entreprises à investir dans des produits et des services « bas carbone », dont les ménages et les entreprises auront le plus grand besoin ? Comment préparer les esprits à la grave menace, celle d’une hausse du prix des énergies,  qui pèse sur tous ? Rappelons qu’un « signal prix » est entendu par tous les agents économiques contrairement à des discours, et surtout dans une période de perte de confiance dans les autorités, notamment politiques. Ne rien faire sur ce plan c’est laisser les forces de marché décider de ce prix et de ces aléas. C’est laisser les plus précaires dans des difficultés croissantes. C’est ne pas se préparer à un prochain choc pétrolier (annoncé à horizon de 2 ou 3 ans par les entreprises du secteur et  par les économistes), dont les effets économiques et sociaux seront insupportables à beaucoup d’entreprises et de ménages.

Une erreur écologique

Inutile de dire qu’au plan écologique, c’est aussi une erreur. A supposer que l’Europe retrouve le chemin de la croissance, sans taxation progressivement plus forte du carbone dans les secteurs diffus, ce qui était l’objet de la taxe, cette expansion s’accompagnera Lire la suite

Climat : Les créationnistes entrent dans la danse

vert.courrierinternational.com, The New York Times, Leslie Kaufman, le 18 mars 2010

Les créationnistes entrent dans la danse

Aux Etats-Unis, les opposants à la théorie de l’évolution gagnent du terrain en liant ce débat à celui du réchauffement climatique.

Dans le Kentucky, un projet de loi présenté récemment veut inciter les professeurs des écoles à discuter “des points forts et des points faibles de théories scientifiques [comme] l’évolution, les origines de la vie, le réchauffement climatique et le clonage humain”. Ce texte, actuellement en cours d’examen, s’inspire d’initiatives encore plus radicales cherchant à fusionner ces questions.

L’an dernier, le Texas Board of Education a officiellement demandé aux enseignants de présenter tous les aspects du débat sur la théorie de l’évolution et le réchauffement climatique. En 2009, l’Oklahoma a présenté un projet de loi similaire, mais le texte n’est pas entré en vigueur. Dans le Dakota du Sud, une résolution appelant à un “enseignement impartial sur le réchauffement climatique dans les écoles publiques” a été adoptée au début du mois de mars. “Le dioxyde de carbone n’est pas un agent polluant mais une substance hautement profitable à toute la vie végétale”, affirment les auteurs de cette résolution.

Cette volonté de rattacher le débat sur la théorie de l’évolution à celui du réchauffement climatique fait partie d’une stratégie juridique. Les tribunaux américains ont en effet jugé que, en ne ciblant que la théorie de l’évolution, ses opposants violaient le principe de séparation de l’Eglise et de l’Etat. En incluant le réchauffement climatique comme objet de débat en classe, les opposants à la théorie de l’évolution peuvent donc arguer qu’ils ne font que militer pour la liberté d’enseignement. Ces groupes profitent aussi du scepticisme croissant de l’opinion publique à l’égard du réchauffement climatique, notamment parmi les responsables politiques conservateurs qui s’opposent à la limitation des émissions de gaz à effet de serre.

Les chrétiens évangéliques ne nient pas tous la réalité du réchauffement. Il existe même un mouvement écologique évangélique affirmant que, Dieu ayant créé la Terre, les hommes ont le devoir de la protéger. Il ne fait toutefois guère de doute que les discours des climatosceptiques ont plus de succès chez les conservateurs, notamment chrétiens. Une étude publiée en oc­tobre par le Pew Research Center for the People and the Press, un think tank américain, a révélé que les protestants évangéliques blancs constituaient le groupe le plus méfiant vis-à-vis des “preuves concrètes” liant le réchauffement climatique aux activités hu­maines. Parmi eux, seuls 23 % reconnaissaient la réalité de cette corrélation, tandis qu’ils sont 36 % dans l’ensemble de la population américaine.

Le révérend Jim Ball, directeur des programmes sur le climat de l’Evangelical Environmental Network, réseau de chrétiens acceptant l’interprétation scientifique du réchauffement climatique, explique que, Lire la suite

Positionnement de la SEPANSO sur les LGV

sepanso.org, Pierre Delacroix, Président d’Honneur de la SEPANSO, le 19 mars 2010

Positionnement de la SEPANSO sur les LGV

1.- Rappel historique

Le développement du système TGV date des années 70. A cette époque, le lancement du système avait un double but :

– D’abord, irriguer le territoire national par un réseau modernisé de chemin de fer, s’inscrivant dans une perspective volontariste d’Aménagement du Territoire.

– Ensuite, mettre ce réseau en position d’alternative à la tentation de développement d’un Réseau aérien qui aurait mis les principales métropoles du territoire national à quelques heures de la capitale. Comme on le voit, c’est une vision « hyper-centralisatrice », celle qui a dominé pendant le XIXe siècle et les trois quarts du XXe siècle.

Ces deux finalités ont eu pour effet, par leur logique de modernisation et d’aménagement du territoire, de conduire les écologistes des décennies 70-80 à juger « acceptable » le système TGV, malgré les problèmes déjà perceptibles et déjà analysés à l’époque.

Géographes et économistes discutent encore du résultat de la première option. Elle a été reconnue comme positive de façon générale, à partir des hypothèses de départ, et ce n’est que quelques décennies plus tard (disons en gros à partir de 2000) que le principal effet négatif a été mis en évidence, un effet lié très étroitement au facteur vitesse. Comme prévisible, le système a polarisé positivement les extrémités des lignes : en général, des métropoles régionales, aux dépens des pôles urbains intermédiaires sur lesquels les lignes, par définition, faisaient l’impasse.

Tout autant pour des raisons de capacité des lignes que de sécurité, la grande vitesse à la française (>250 km/h) ne supporte pas le partage des lignes avec des convois lents, malgré les affirmations de ses défenseurs. Il n’existe aucun cas de ce genre en France. Cela ne serait possible qu’avec des vitesses telles que celles pratiquées par nos voisins européens. Cette vitesse élevée impose également une distance de séparation des voies[1] un peu plus importante que sur les lignes classiques afin de limiter les effets de souffle lors des croisements. Ceci a conduit à vouloir créer systématiquement des lignes nouvelles dédiées à la grande vitesse plutôt que de réutiliser le réseau existant.

Compte tenu des contraintes de pente et de courbure imposées par la grande vitesse d’exploitation recherchée, la construction de lignes nouvelles à grande vitesse occasionne des dommages environnementaux très importants et totalement irréversibles sur leur tracé, et impose des contraintes très lourdes (altération des paysages, coupures de voirie, bruits et vibrations, dépréciation du foncier) aux nouveaux riverains qui, des lignes nouvelles, ne subissent que les inconvénients. En effet, non seulement ils ne bénéficient pas de la desserte par TGV qui sera réservée aux métropoles situées aux extrémités des lignes, mais encore ils perdent la qualité du service jusque là offert par le réseau classique puisque les efforts financiers très importants consentis en direction des lignes nouvelles se traduisent systématiquement par un abandon progressif des lignes qui assuraient la desserte fine des territoires.

Aujourd’hui, les Régions ont pris le relais pour les dessertes locales, Le système des TER s’efforce de compenser non sans difficultés la polarisation des villes extrêmes. Mais c’est une des raisons qui a soulevé peu à peu, et de plus en plus vigoureusement, une profonde remise en cause des LGV par les populations régionales, réduites à Lire la suite

Dossier le Monde magazine sur les écolo-sceptiques – Les orphelins du progrès

lemonde.fr, Laurent Carpentier, le 26 mars 2010

Les orphelins du progrès

Dans sa petite bibliothèque des horreurs, Jean-Paul Krivine a rangé homéopathes, militants anti-OGM, agriculteurs biodynamiques, sourciers et chiropracteurs au même rayon que les anti-évolutionnistes à crucifix et les amateurs d’ovni. A la tête de l’AFIS, l’Association française pour l’information scientifique, cet « ingénieur en intelligence artificielle » est un rationaliste qui bataille contre le plus grand risque qui puisse, selon lui, nous frapper : la remise en question de sa sainte trinité, « progrès, humanisme et universalité ».

L’homme est nerveux. Il se demande ce que je lui veux. J’ai bien précisé au téléphone que la revue dont il est le rédacteur en chef, Science et pseudo-sciences, m’avait il y a deux ans étrillé pour un reportage en Suède à la rencontre de ces « électro-sensibles » qui fuient dans les forêts les ondes des portables et de la Wi-Fi. Crime de lèse-science : la revue expliqua comment je manipulais le lecteur, l’amenant à penser qu’une technologie inoffensive pouvait être un risque pour la santé. Disons-le simplement : je n’ai pas d’avis sur la dangerosité des ondes. Et je n’ai pas pris rendez-vous avec Jean-Paul Krivine pour régler des comptes mais pour tenter de comprendre d’où vient ce sentiment de citadelle assiégée qui l’anime.

« LE PRINCIPE D’INCERTITUDE »

« Nous sommes un lobby rationaliste raisonnable, explique-t-il scrupuleusement. Parce que je crois en la notion de progrès. Parce que je ne crois pas que la nature soit bonne. Parce que l’on vit aujourd’hui plus longtemps et en meilleure santé qu’autrefois et que, lorsque sa voiture est en panne, on ne va pas dans un garage alternatif. » Réponse tranchée ? Certes, mais expression d’un malaise qui traverse la recherche française, écartelée entre le primat de l’ingéniosité humaine promettant des lendemains toujours meilleurs et l’émergence, mise en lumière par la crise climatique, d’un sentiment nouveau de finitude du monde. Hors de la science, point de salut ?

Il aura suffi d’un hiver froid pour que les tenants de la suprématie du génie humain reprennent du poil de la bête. Le Mythe climatique, titre le mathématicien Benoît Rittaud (Le Seuil), L’Imposture climatique, confirme Claude Allègre (Plon), CO2 un mythe planétaire, ajoute Christian Gerondeau (Editions du Toucan). Et dans Libération, Pascal Bruckner, nouveau philosophe devenu néoconservateur, dénonce ces climatologues qui jettent le discrédit sur notre modèle de société : « Un nouvel obscurantisme se propage qui avance sous le masque de la science. (…) Sur le thème de l’effroi, une tribu de pythies, mages, utopistes, vaticine et menace. Il manque à ces prophètes de se soumettre aux bénéfices du doute et d’inclure dans leurs prédictions le principe d’incertitude. » Un simple renversement du baromètre et ce n’est pas seulement le spectre du réchauffement climatique qui repart aux oubliettes mais tout ce qui pourrait ressembler de près ou de loin à une critique de notre modèle de société.

AU COIN DU BON SENS

« Pourquoi voulez-vous un développement durable? Notre développement est durable« , s’amuse Christian Gerondeau, de ses mots toujours « frappés au coin du bon sens ». Ne croyez pas que ce robuste et charmant giscardien soit le représentant d’un lobby, ce n’est pas vrai. Oui, bon, d’accord, il reçoit dans ses bureaux à l’Automobile club, mais son livre, CO2 un mythe planétaire, n’est pas du tout le brûlot qu’il semble être, où Al Gore serait décrit comme un « charlatan » et les travaux de Nicholas Stern ne reposeraient « sur aucun chiffrage sérieux ». Non, Christian Gerondeau est un ingénieur, « c’est-à-dire quelqu’un qui regarde les faits et en tire des conclusions ». Son père, son grand-père avant lui, son fils, sa petite-fille après lui… Tous ont fait Polytechnique. Lui-même en est sorti en 1957 pour l’Ecole des ponts et chaussées. Un pedigree qui ne pousse pas à la remise en cause. « Les gens qui ont faim, qui logent dans des huttes et dont les enfants meurent, veulent tous se développer… », déclame-t-il, plein de sa propre sagesse.

Christian Gerondeau est le parangon de cette classe sociale d’ingénieurs née de la révolution industrielle, qui conquit d’abord le pouvoir technique, puis le pouvoir social et enfin politique. Et d’affirmer, dépositaire assumé d’une modernité prospère : « On sous-estime toujours la capacité du progrès technique! Ne nous posons pas aujourd’hui les problèmes de demain. »

« DES GENS DANGEREUX »

Aux gémonies, ces nostalgiques passéistes qui prônent le ferroutage, s’opposent au nucléaire ou firent interdire le DDT, causant, dit-il, Lire la suite

La fin de l’ambition écologique de Nicolas Sarkozy ?

lemonde.fr, Marie-Béatrice Baudet et Laurence Caramel (Service Planète), le 24 mars 2010

La fin de l’ambition écologique de Nicolas Sarkozy ?

Le Grenelle de l’environnement, solennellement adopté, en octobre 2007, par Nicolas Sarkozy, voulait faire de l’écologie une cause nationale, loin de tout clivage partisan. Au nom des menaces qui pèsent sur la planète, entreprises, syndicats, ONG, collectivités locales et pouvoirs publics avaient réussi à bâtir un consensus sur la politique environnementale française, dont le projet de taxe carbone était l’un des symboles les plus forts.

Son ajournement – voire son abandon -, annoncé au lendemain de la défaite de la droite aux régionales, sonne-t-il la fin de cette ambition ? C’est à craindre. Le chef de l’Etat a cédé à la pression de son camp. Depuis des semaines, ce dernier réclamait l’arrêt de cette réforme fiscale impopulaire qui a sans doute coûté beaucoup de voix à la majorité. Dimanche 21 mars, après l’annonce de la victoire de la gauche, Jean-François Copé, président du groupe UMP de l’Assemblée nationale, exprimait tout haut ce que beaucoup d’élus de droite pensent depuis longtemps tout bas : cela ne sert à rien de faire de l’écologie, puisque les écologistes votent à gauche. Il a appelé le gouvernement à « revenir aux fondamentaux » : les retraites, la baisse des déficits publics, l’emploi, la justice sociale, excluant clairement l’écologie du champ des priorités gouvernementales.

A droite, le message du porte-parole des élus de l’UMP s’adresse directement au tandem formé par Jean-Louis Borloo et Chantal Jouanno, les deux hérauts, chargés, chacun dans son rôle, de porter la « révolution écologique » souhaitée par M. Sarkozy. Le ministre de l’écologie, dans son habit d’homme de consensus, apte à fédérer les énergies comme il avait su le faire au ministère de la ville puis à celui de l’emploi. La secrétaire d’Etat à l’écologie, invitée à théoriser « l’écologie de droite » afin de démontrer que cet enjeu de société n’est pas le seul apanage de la gauche. Avant les régionales, elle a donc tenté de convaincre les élus de l’UMP que les choix écologiques de M. Sarkozy étaient réalistes et que la croissance durable était porteuse de centaines de milliers d’emplois.

Leurs efforts n’ont pas suffi. La politique a repris le dessus. A droite comme à gauche. « Le débat sur l’écologie a été finalement pris en otage par des querelles politiques« , déplorait, mardi 23 mars au soir, M. Borloo, en pointant le manque de solidarité des écologistes quand la taxe carbone a commencé à être attaquée. Avant d’être rejetée par le Conseil constitutionnel en décembre 2009.

Le gouvernement assure que ce recul n’est que temporaire, mais la « magie » du Grenelle – pour reprendre l’expression de M. Borloo – s’est évanouie. Depuis 2007, la crise économique s’est installée et l’urgence sociale s’est substituée à l’urgence écologique, sans que les promesses d’une croissance verte ne se concrétisent. Qui plus est, sur la scène internationale, la lutte contre le réchauffement climatique fait moins recette. Les opinions publiques se sont mises à douter, troublées par les mises en cause du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC). Depuis l’échec, en décembre 2009, de la conférence de Copenhague sur le climat, la confusion règne et personne n’imagine qu’un accord à la hauteur des enjeux puisse être trouvé d’ici à la fin de l’année. Les pays jouent à chacun pour soi, l’Union européenne est divisée et sa voix ne porte plus. Dans ce contexte, qu’y a-t-il vraiment à gagner à se montrer exemplaire ? « Je veux que le Grenelle soit l’acte fondateur d’un New Deal écologique en France, en Europe et dans le monde », lançait M. Sarkozy, le 25 octobre 2007, en clôturant le Grenelle de l’environnement. Aujourd’hui, ce volontarisme est remisé derrière les contraintes européennes.

Jusqu’où ce « renoncement » se poursuivra-t-il ? Le projet de loi Grenelle 2 – Lire la suite

Elaborons ensemble le Plan Climat de la CUB ! 7 réunions publiques du 29 mars au 17 avril

CUB, communiqué, le 24 mars 2010

Elaborons ensemble le Plan Climat de la CUB !

Après la tenue de 5 ateliers thématiques, la concertation menée dans le cadre du plan climat entre dans une 2ème phase.

Des réunions publiques, ouvertes à tous, sont organisées dans différentes communes du territoire, afin de comprendre les enjeux du changement climatique, partager des objectifs concrets et proposer des idées d’actions pour agir efficacement contre le réchauffement climatique.

A vos agendas !

7 réunions publiques sont d’ores et déjà organisées dans différentes communes de la CUB.

Venez nombreux et n’hésitez pas à en parler autour de vous.

Floirac

Le 29 mars à 18h

Auditorium de Floirac

Rue Voltaire

Mérignac

Le 1er avril à 19h

Salle la Glacière

56, Rue Armand Gayral

St Médard en Jalles

Le 6 avril à 19h

Carré des Jalles – Salle des Grands foyers 

Place de la République

Blanquefort

Le 08 avril à 19h

Salle du conseil municipal

Mairie de Blanquefort

Le Bouscat

Le 13 avril à 18h

Complexe Culturel Ermitage-Compostelle

Talence

Le 14 avril à 20h

Salle François Mauriac

Rue du Professeur Arnozan

Pessac

Le 17 avril à 13h30

A l’occasion du printemps du Bourgailh

Ecosite du Bourgailh

Avenue de Beutre

Pour rappel, la Cub a lancé une large démarche de concertation en novembre 2009 pour construire, en partenariat avec les acteurs locaux et les citoyens, un plan d’actions pour lutter, à l’échelle de notre agglomération, contre le réchauffement climatique.

De novembre 2009 à mars 2010, 5 ateliers thématiques ont permis de rassembler plus de 150 personnes parmi les institutions, organismes publics et parapublics, entreprises et associations du territoire afin d’identifier les pistes d’actions dans les domaines du bâtiment, des transports, des énergies renouvelables, de l’économie et de nos modes de consommation.

Cette démarche entre désormais dans une phase de concertation grand public pour Lire la suite

Du 1er au 18 avril :1ères Semaines Intercommunales du DD Pessac/ Mérignac

agenda21.mairie-pessac.fr, communiqué, le 24 mars 2010

1ères Semaines Intercommunales du Développement Durable Pessac/ Mérignac : un grand cru exceptionnel cette année, avec plus de 25 animations prévues sur les 2 villes, qui s’étaleront du 1er au 18 avril 2010.

En temps forts :

– les Forums publics climat Pessac/Mérignac : élaborons ensemble le Plan climat de la CUB

– des ciné-conférences, cafés ecolos, spectacles de danse, marches parrainées, fêtes du DD,

– le 11/04 : nettoyage de plages

– formation gratuite : comment organiser une manifestation de façon éco-responsable

– en clôture, le Printemps du Bourgailh (cf programme détaillé bientôt en ligne sur notre site http://agenda21.mairie-pessac.fr/)  

Le programme est actualisable en continu : aussi, si votre animation n’apparaît pas, merci de la proposer directement par mail à Saida Benidir, chargée de mission Eco-citoyenneté et modes de vie durables / contact : saida.benidir@mairie-pessac.fr.   

Si votre animation a lieu après le 18/04, contactez également Saïda : un agenda permanent du DD, newsletter mensuelle, est en préparation pour Pessac !

*Vous habitez, travaillez ou étudiez à Pessac et êtes motivés par le développement durable de votre territoire ? Déposez votre candidature pour participer au Conseil de Développement Durable de Pessac, nouvelle instance participative pessacaise ! Plus d’infos sur http://agenda21.mairie-pessac.fr/

Contact :  Lire la suite

Parution du prochain numéro de LaRevueDurable « La petite agriculture familiale peut nourrir le monde »

LaRevueDurable, Communiqué, le 17 mars 2010

Parution du prochain numéro de LaRevueDurable

« La petite agriculture familiale peut nourrir le monde »

Le numéro 37 (mars-mai 2010) de LaRevueDurable sort fin mars

Aucun sujet ne cristallise à lui tout seul autant d’enjeux vitaux que l’avenir de l’agriculture mondiale : faim, pauvreté, climat (émissions et adaptation), énergie, biodiversité, eau, justice et équilibres économiques locaux et globaux.

La réponse du 37e dossier de LaRevueDurable à tous ces défis s’articule autour de l’agriculture familiale et de l’agriculture biologique. Leur défense va de pair avec la remise en cause de l’élevage industriel et la mise en garde contre l’accaparement des terres et le marché du carbone appliqué à l’agriculture.

« La petite agriculture familiale peut nourrir le monde » aborde les atouts clefs de l’agriculture biologique pour lutter et s’adapter au réchauffement climatique, le programme pionnier du Limousin pour réduire la dépendance alimentaire et énergétique de ses élevages, la renaissance de variétés de blé oubliées en Italie, des exemples concrets d’adaptation au réchauffement chez les petits paysans du Sud, etc.

Toutes ces initiatives donnent l’espoir que le défi agricole du XXIe siècle sera relevé dans des conditions écologiques et sociales acceptables. Un guide très complet fait le panorama de l’actualité éditoriale et audiovisuelle sur l’agriculture durable.

Le contenu détaillé de ce dossier figure dans le sommaire ci-joint.

Vous voulez recevoir ce numéro et n’êtes pas abonné-e ? Réservez-le dès maintenant au prix de 9 euros en indiquant bien votre adresse postale, par retour de ce courriel.

Les envois se font uniquement après Lire la suite

Alsace : des programmes toujours plus verts

journaldelenvironnement.net,  Valréy Laramée de Tanneberg, le 12 mars 2010

Alsace : des programmes toujours plus verts

L’Alsace est l’une des rares régions françaises où l’écologie a toujours fait partie du débat politique. Les associations écologistes y sont influentes depuis longtemps. Pour preuve: 6 des principales formations en lice accordent à l’environnement une large place dans leur programme.

1.827.248 habitants – Densité 221 hab./km² – Superficie 8.280 km² – Président sortant: André Reichardt (UMP) – Nombre de listes en présence: 9 – Nombre de conseillers régionaux: 47 – Résultats au 1er tour des listes se réclamant de l’écologie en 2004 : 4,17%

Créditée de 18% d’intentions de vote dans le sondage Opinion Way publié le 8 mars dans le Figaro, Europe Ecologie espère, à la faveur d’une alliance avec le PS, emporter la région. Le programme est donc ciselé pour répondre aux attentes des Alsaciens : aide à l’industrie automobile pour développer les véhicules sobres, soutien massif aux transports collectifs (création d’une carte orange régionale et développement des trains régionaux), application de critères environnementaux à l’octroi d’aides publiques, développement des énergies renouvelables, plan de réhabilitation des logements, application de la taxe poids lourds. Un programme auquel ont également souscrit Cap 21 (l’organisation de Corinne Lepage, vice-présidente du Modem!) et le mouvement des écologistes indépendants d’Antoine Waechter.

Le Front de gauche l’annonce clairement: il se bat pour une «Alsace écologique». Ce qui passe, pour la liste créditée de 1% d’intention de vote, par la gratuité des transports publics pour les chômeurs, les bénéficiaires des minima sociaux, les étudiants et les salariés. Ce rassemblement de partis d’extrême gauche entend aussi ouvrir des maisons de l’eau «afin d’inciter les collectivités à gérer ce bien commun en régie publique».

L’UMP veut faire entrer l’Alsace dans l’ère de l’après-pétrole. Un comble dans une région où fut construite la première raffinerie de France ! Plus sérieusement, la formation majoritaire (36% d’intentions de vote) veut implanter localement une industrie des énergies renouvelables: photovoltaïque à couche mince, géothermie. Anticipant l’adaptation des lois Grenelle I et II, le parti du président de la République propose le lancement d’un vaste plan de rénovation des bâtiments régionaux. La mobilité n’est pas oubliée. L’UMP veut multiplier les plates-formes multimodales. Plus original, la formation sortante propose que la région soit chargée de la coordination des schémas régionaux de transport, ferroviaires, fluviaux, mais aussi routiers.

Affaibli par la défection de sa vice-présidente, le Modem présente un programme environnemental bien plus consistant que son crédit d’intentions de vote: 5%. Pesant 47 pages, le projet du parti centriste est très riche. Dans le domaine industriel, Lire la suite

Jean Zin : La transition énergétique

jeanzin.fr, Jean Zin, 12 mars 2010

La transition énergétique

On n’a rien vu encore. La crise économique s’aggrave en devenant crise politique mais ce n’est pas notre seul problème, ni peut-être le pire car la crise énergétique va rapidement revenir sur le devant de la scène. En effet, le pic de la production pétrolière pourrait bien être atteint en 2014. Oui, dans 4 ans seulement, vous avez bien lu ! Ces annonces sont toujours sujettes à caution, très dépendantes du niveau des cours, mais justement la retombée de ce qu’on a pris pour une bulle du pétrole (à l’origine de l’écroulement financier) a découragé des investissements qui auraient pu exploiter d’autres sources et, c’est un fait, les capacités actuelles sont à leur maximum. On va donc se trouver avec des risques de pénurie sur une période de plus de 10 ans sans doute. Ce n’est pas la fin du pétrole, bien sûr, encore moins l’apocalypse mais du moins le signe de la remontée des prix parallèlement à l’activité économique.

On pourrait s’en réjouir si ce qu’on risquait surtout, c’est que le charbon ne se substitue au pétrole ! De quoi nous sauver de la déflation au moins mais en nous enfonçant un peu plus dans la crise… sauf si on décidait de prendre la question énergétique au sérieux et qu’on s’engageait résolument dans la transition énergétique avec une véritable économie de guerre destinée à un basculement rapide vers les énergies renouvelables. C’est ce que proposait Lester Brown dans son « Plan B. », prenant modèle sur la reconversion industrielle opérée par les USA au début de la guerre de 1940 pour produire des avions en masse, ce qu’on pourrait faire pour produire des éoliennes en masse de la même façon sur quelques années. J’avais critiqué ces propositions comme trop éloignées d’un projet écologiste mais, dans le contexte actuel, cela vaudrait quand même mieux qu’une guerre ou de prendre le risque d’un nucléaire mal maîtrisé comme l’EPR, et, sur le court terme, il n’y a pas tellement mieux à faire.

Cela ne veut pas dire qu’il ne faut pas faire des économies d’énergie une priorité mais qui n’empêchent pas l’effet rebond s’il n’y a pas d’énergies alternatives. On sera bien obligé de faire feu de tout bois dans la période de vaches maigres qui s’annonce, et même si à plus long terme l’énergie devrait être abondante puisqu’il y a plus de soleil qu’il ne nous en faut. Appeler à un capitalisme vert et la reconversion des industries automobiles en fabricants d’éolienne ou de panneaux photovoltaïque n’est pas non plus renoncer à sortir du capitalisme, ce qui prendra plus que quelques années. Il ne s’agit pas de faire de l’idéologie mais de bonne stratégie puisque le système de production capitaliste existe, faisons lui produire ce dont nous avons besoin, et puisque l’alternative n’existe pas, construisons-la. Combiner alternative, économie d’énergie et capitalisme vert est incontournable dans cette période de transition.

Il y a le risque bien réel que ce soit la Chine qui rafle la mise, il n’est pas sûr que le secteur florissant jusqu’alors en Allemagne survive à la baisse des soutiens de l’Etat. Il est certain que, pour que ce soit viable, avec l’effet d’entraînement suffisant pour nous sortir à la fois de la crise économique et énergétique, il faudrait l’équivalent Lire la suite

Conférence débat le jeudi 11 mars : « Crise climatique, énergétique, écologique… : l’approche des territoires en transition est-elle adaptée à l’agglomération bordelaise » ?

MNE Bordeaux-Aquitaine – Université populaire de l’environnement, Communiqué, le 4 mars 2010

La Communauté Urbaine de Bordeaux et la Maison de la Nature et de l’Environnement Bordeaux-Aquitaine, vous invitent dans le cadre du Plan climat de la CUB et de l’Université Populaire de l’Environnement, à participer à une conférence-débat publique : le jeudi 11 mars de 18h00 à 20h00

Hôtel de la Cub (Esplanade Charles de Gaulle) – salle des commissions réunies 

« Crise climatique, énergétique, écologique… : l’approche des territoires en transition est-elle adaptée à l’agglomération bordelaise » ? 

Assurer la transition d’un mode de vie qui repose sur une énergie disponible et bon marché, à un mode de vie plus sobre, avec une énergie rare et chère, pourrait bien être une des priorités de cette nouvelle décennie. 

Avec Pierre Radanne (consultant, ancien président de l’ADEME)

et Simon Charbonneau (juriste en droit de l’environnement, militant associatif). 

En présence de Laure Curvale, Vice Présidente de la Cub en charge du plan climat.

Nous vous invitons, en amont de cette conférence, à découvrir plusieurs initiatives qui se mettent en place en Europe :

Lors des négociations de Copenhague en décembre 2009 un collectif de communautés locales a adopté Une déclaration des peuples au Klimaforum09 – Changeons le système ! Pas le climat ! Parmi les revendications : trouver de vraies solutions à la crise climatique basées sur une utilisation sécurisée, propre, renouvelable et durable des ressources naturelles, ainsi qu’une transition vers une souveraineté alimentaire et énergétique, foncière et sur les ressources en eau.

http://www.amisdelaterre.org/IMG/pdf/Declaration_des_Peuples_au_Klimaforum_-_Changeons_le_Systeme_Pas_le_Climat_Ultimate_Version.pdf

Le Parlement Wallon a adopté à l’unanimité le 18 juillet 2008 une Résolution sur les pics du pétrole et du gaz. Elle manifeste la prise de conscience du défi majeur que représente le pic pétrolier, tout en prenant en considération le changement climatique. En effet, si les experts ne s’entendent pas sur la date du pic, ils conviennent qu’il est inéluctable et qu’il n’y a pas d’alternative unique au pétrole. Il est donc urgent pour les députés wallons d’adopter des mesures de transition.

http://www.weblex.irisnet.be/data/crb/Doc/2008-09/113709/images.pdf

Une petite ville du Sud-Ouest de l’Angleterre s’est mobilisée depuis septembre 2006, pour vivre sans dépendre des apports extérieurs. L’objectif : réduire la consommation de produits transportés qui ont une lourde empreinte carbone. Il s’agit de la ville en transition [transition town] la plus avancée du monde, pionnière d’un mouvement qui, face au double défi du changement climatique et de la fin prochaine du pétrole à bon marché, a pour objectif de réduire sa consommation énergétique et son empreinte carbone

Le site francophone des villes et communautés en transition http://www.villesentransition.net/

Les sites des territoires français en transition Lire la suite

Jean-Marie Pelt : Faire coïncider écologie et économie

lalibre.be, Charles Delhez, le 17 février 2010

Entretien avec Jean-Marie Pelt, président de l’Institut européen d’écologie.

Faire coïncider écologie et économie

Dossier « Notre planète »

Fils et petit-fils d’horticulteur, botaniste, Jean-Marie Pelt est un amoureux de la nature. Fondateur de l’Institut européen d’écologie à Metz, voici déjà quarante ans, il est de plus en plus préoccupé de l’avenir de notre la petite Planète bleue, riche jusqu’à présent, d’une étonnante biodiversité, véritable assurance-vie de l’humanité. Elle met en effet des ressources à notre disposition, que nous prélevons directement pour nous nourrir, nous vêtir Elle nous fait également bénéficier de sols fertiles, de forêts prospères, d’eau pure, d’insectes pollinisateurs Et, s’exclame Jean-Marie Pelt, ces services-là sont gratuits ! Rencontre à Metz, dans les bureaux de l’Institut, abrités dans le cloître des Récollets du XIVe siècle.

Jean-Marie Pelt, quel est donc votre vocabulaire actuel ? Parleriez-vous de développement durable, de modération joyeuse, de décroissance ?

Je ne parlerais pas de décroissance, car on reste alors dans le vocabulaire usuel. Or, il faut aujourd’hui percevoir les choses autrement. Je préfère donc parler d’économie durable, d’économie verte, d’économie en équilibre. L’économie doit devenir le mode ordinaire de production et de consommation des biens et services, et le lieu ordinaire où les gens trouvent un emploi. La croissance, elle, fait la part grande à la production de richesses, expression que je n’aime pas. En effet, en créant des richesses, on épuise les ressources qui serviraient aux suivants pour en produire eux-mêmes. Il faut repenser les axiomes de l’économie. Cette science s’est installée uniquement dans la société humaine et n’a pas du tout tenu compte des ressources de leurs limites. Economie et écologie doivent finir par coïncider, sinon l’économie sera une sorte de cancer se développant sur le monde des vivants, qui va finir par s’épuiser et tomber gravement malade.

Dans notre évaluation de la croissance des entreprises, par exemple, n’oublie-t-on pas la variable écologique et la variable humaine ? Sous cet angle, n’est-on pas en décroissance ?

Tout à fait ! Je vois que des gens souffrent au travail, à cause de la non-lisibilité des buts de l’entreprise, à cause de l’encadrement, de la pression au travail. Le bonheur intérieur brut n’y est pas. Il faut changer le fonctionnement de l’économie. Cette science récente repose sur des axiomes et des postulats qui n’ont jamais été démontrés, ainsi celui que plus on a de biens et de richesses, plus on est heureux. Côté écologie, rappelons-nous le procès Erika : on a évalué le prix des oiseaux mazoutés et la compagnie a dû payer. On a donné un prix à la nature pour qu’elle puisse entrer dans la mécanique économique. Mais en fait, c’est à la mécanique économique d’entrer dans la nature. L’économie est un sous-système de l’écologie et pas l’inverse.

Michel Serres reproche d’avoir pensé toujours les choses à deux termes, maîtres et esclaves, riches et pauvres, Nord et Sud… Il nous faudrait aujourd’hui les penser à trois termes, en donnant la parole à ce qu’il appelle la “Biogée”, la sphère des vivants. Serait-ce cela l’économie verte ?

Oui. Il s’agit de voir les choses en cohérence, de manière transversale (pluridisciplinaire aurait-on dit jadis). La vie, en effet, fonctionne en réseau. Les choses les plus lointaines peuvent avoir des rapports entre elles sans que le lien ne soit perceptible par nous. Au Canada, par exemple, les orques, qui sont carnivores, finissent par dévorer les loutres, parce qu’ils n’ont plus de poissons à manger. Du coup, les oursins – nourriture des loutres – se sont mis à proliférer, et le matelas d’algues, à diminuer. Mais c’est là que se logent les coquillages et les alvins. La population de poissons est donc menacée. Nous revoilà à la case départ : les orques dévorent désormais les loutres. C’est en interrelation subtile, avec des effets qui sont parfois éloignés de la cause première par un jeu de causes secondes, comme aux dominos.

L’écologie ne serait-elle pas aussi vieille que l’humanité, datant du jour où l’homme s’est distancé de la nature, tout en disant : et pourtant j’en fais partie ?

Justement, depuis quelques siècles, nous ne parlons plus ainsi en Occident. Les peuples premiers, eux, les Indiens, par exemple, ont un rapport fusionnel avec la nature. A la Renaissance, nous nous en sommes séparés. Cette dernière, devenue inerte, a perdu son sens. On en a fait un objet des sciences et de l’exploitation. C’est à tel point que Descartes Lire la suite

Climat, tabac : une même stratégie de dénigrement de la science

lesechos.fr, Jeffrey D. Sachs, le 1er mars 2010

Jeffrey D. Sachs est professeur d’économie et directeur de l’Institut de la terre (Columbia University)

Climat, tabac : une même stratégie de dénigrement de la science

Depuis, et avant même, la conférence de décembre à Copenhague sur le changement climatique, les critiques se sont multipliées contre la communauté scientifique.  Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) a été accusé d’avoir fait preuve de partialité. Ce qui a suscité une certaine émotion dans l’opinion publique. S’il n’y a pas d’accord sur l’existence d’une crise climatique, pourquoi alors dépenser des milliards pour sauver la planète ? 

Ces critiques existent pourtant depuis longtemps. La tactique, qui a été affinée pendant plus de vingt-cinq ans, consiste à faire croire que d’importants désaccords existent afin d’empêcher toute action contre le réchauffement climatique. Le tout financé par des groupes d’intérêt comme Exxon.

Un ouvrage à paraître prochainement, « Merchants of Doubt » (les marchands du doute), de Naomi Oreskes et Erik Conway, s’intéresse aux petits jeux des « climato-sceptiques ».  Selon les auteurs, le même groupe d’agitateurs a constamment essayé de discréditer les travaux sur le réchauffement climatique.

Ceux qui aujourd’hui plaident pour l’inaction face au réchauffement climatique sont en général soutenus par les mêmes groupes de pression, les mêmes organisations qui hier défendaient les fabricants de tabac en discréditant le travail scientifique établissant un lien entre cigarette et cancer. Ensuite, les mêmes s’attaquèrent à ceux qui, scientifiquement, démontraient que les rejets des centrales à charbon étaient à l’origine des « pluies acides ». Ce qui est incroyable : c’est que, même sans fondement, ces critiques continuent de semer le doute. La vérité c’est qu’il y a beaucoup d’argent derrière les détracteurs du changement climatique, que ce soit des entreprises qui ne veulent pas payer le coût de nouvelles réglementations, que ce soit des idéologues de l’économie de marché qui s’opposent à toute forme de contrôle de l’Etat.

La dernière salve s’articule autour de deux épisodes. Le premier est le piratage du système informatique d’un centre de recherche en Angleterre. Les courriels détournés suggèrent un manque de bonne foi dans la présentation de certaines données climatiques. Quels que soient les détails de ce cas particulier, les études en question ne représentent qu’une infime partie de l’ensemble imposant de preuves prouvant la réalité et l’urgence du changement climatique dû à l’activité humaine.

Le second épisode fut une grossière erreur à propos des glaciers apparue dans une étude du Giec. Il faut savoir que le Giec peut, parfois, se tromper. Mais il s’agit plus de la preuve de l’imperfection de la nature humaine que de défauts fondamentaux dans la recherche. A la suite de ces révélations, une violente campagne a été lancée dans le « Wall Street Journal ». Ces critiques prétendent que les scientifiques fabriquent des preuves pour obtenir des fonds publics pour la recherche. Une accusation sans fondement, avais-je d’abord pensé, car ces chercheurs ont voué leur vie à la quête de la vérité et n’ont certainement pas amassé des richesses comme celles des financiers.

Mais l’un de leurs arguments – sur la conspiration visant à se rallier le monde des affaires – est identique à celui mis en avant par le passé pour le tabagisme, actif et passif, le trou dans la couche d’ozone, les pluies acides…  

L’objectif de ces idéologues, de ces « think tanks » conservateurs est le même : Lire la suite

GIEC dénigré, Copenhague déraillé – Le message dérange, visez le messager

lemonde.fr, Alain Brunel, le 1er mars 2010

GIEC dénigré, Copenhague déraillé

Sociologue des organisations chez Technologia, à Paris, et cofondateur de l’Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique

Pendant que la fonte des glaces s’accélère, les sceptiques, négateurs et manipulateurs de tout acabit font flèche de tout bois. Le message dérange, visez le messager. Piratage sophistiqué de dix ans de courriels des climatologues de l’université East Anglia (le prétendu « Climategate ») ; dénigrement du Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (GIEC) par l’Arabie saoudite dès le premier jour du sommet de Copenhague ; échec de ce sommet où, finalement, les Etats se fixent des objectifs insuffisants pour contenir le réchauffement moyen à + 2 °C et même, pour le Canada, en retrait sur ses précédents « engagements » (!) ; révélation d’une grossière erreur relative au rythme de fonte des glaciers himalayens dans le dernier rapport du GIEC et atteintes à la réputation de son président ; certains faiseurs d’opinion sautent sur l’occasion pour insinuer que tous les propos du GIEC seraient douteux, à l’instar de l’essayiste Guy Sorman, qui ose parler d' »idéologie réchauffiste » à l’émission « Vous aurez le dernier mot » de Franz-Olivier Giesbert. Et il suffit d’une accumulation de neige exceptionnelle sur Washington ou d’une vague de froid et de neige relativement rare en Europe et Adios Global Warming ! Les chacals borgnes sont lâchés…

Les négateurs font douter de plus en plus de gens de la menace climatique, tandis que la réalité des faits dépasse les pronostics scientifiques les plus pessimistes. On croirait rêver. Beau travail de propagande. Mission accomplie pour les agents du Climate Crash ?!

CES VÉRITÉS QUI DÉRANGENT

J’appelle « agents du Climate Crash », ou « climato-crashistes », ceux dont les actions ont pour but ou pour conséquence d’empêcher la mise en place d’un processus international efficace de réduction des gaz à effet de serre (GES) fondé sur les recommandations scientifiques. Soyons clair : des incertitudes subsistent bien évidemment dans la compréhension de dynamiques aussi complexes que celles du climat planétaire. Mais le déni des vérités scientifiques déjà acquises et le refus d’agir résolument dès maintenant aggraveront les bouleversements climatiques et biologiques annoncés aussi sûrement que le jour succède à la nuit et le printemps à l’hiver. C’est de la science dure.

Ainsi, la propriété physique dite d’effet de serre du dioxyde de carbone (CO2) est connue depuis le milieu du XIXe siècle. Toutes choses égales par ailleurs, il est parfaitement logique de penser que l’accumulation de CO2 dans l’atmosphère finisse par la réchauffer. Selon le GIEC, le réchauffement constaté depuis quelques décennies ne peut s’expliquer sans l’action des GES. La dernière décennie a été l’une des plus chaudes jamais recensée, selon l’Organisation météorologique mondiale et, soulignons-le, pendant une période de basse activité du Soleil. Les mesures par satellite indiquent également que l’humidité atmosphérique a augmenté depuis 1998 dans cet air plus chaud, comme le prévoit la théorie. D’ailleurs, les chercheurs du programme Epica sur les glaces des calottes polaires ont établi que les variations de température de l’air sont corrélées avec le niveau de CO2 depuis 800 000 ans… Notez qu’aucune des teneurs en CO2 et en méthane enregistrées au cours des 800 000 ans passés n’a été aussi élevée que celles d’aujourd’hui… Où est l’idéologie ?

L’acidification de l’océan est une menace crainte même par le sceptique Claude Allègre. Elle résulte Lire la suite

Dur de se mettre au vert ! – Pionnière en matière d’environnement, Boulder (Colorado) a bien du mal à réduire ses émissions de GES

courrierinternational.com, N° 1008, The Wall Street Journal, Stephanie Simon, le 25 février 2010

Dur de se mettre au vert !

Réputée pionnière en matière de respect de l’environnement, la ville universitaire de Boulder, dans le Colorado, a pourtant bien du mal à réduire ses émissions de gaz à effet de serre.

Au printemps 2010, des techniciens embauchés par la mairie seront déployés aux quatre coins de la ville pour remplacer, aux frais des contribuables, les ampoules électriques de milliers de foyers par des modèles basse consommation. Pourtant, lorsque les responsables municipaux ont décidé, en 2006, de faire de Boulder une ville pionnière dans la lutte contre le réchauffement climatique, ils ne s’imaginaient pas qu’ils devraient jouer les nounous. La cause semblait parfaitement correspondre aux idéaux des résidents, pour la plupart progressistes et passionnés de plein air. “Mais nous nous sommes rendu compte qu’il est extrêmement difficile de convaincre une majorité de personnes d’agir”, souligne Kevin Doran, chercheur à l’université du Colorado.

Les objectifs de Barack Obama en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre sont ambitieux. Pour les atteindre, le gouvernement compte notamment adopter des mesures d’amélioration de l’efficacité énergétique. Le plan de relance de l’économie voté en 2009 prévoyait également des milliards de dollars pour l’isolation des bâtiments. Les autorités locales ont cependant découvert que les incitations financières et les campagnes de sensibilisation n’étaient pas suffisantes pour pousser les particuliers à agir. Boulder est pourtant l’une des villes les plus écolos du pays : on ne peut même pas acheter de chips à la buvette du stade parce que leur emballage n’est pas recyclable.

Les climatosceptiques ne se cachent plus

Prenez George Karakehian. Il se dit plutôt écolo. Il conduit une voiture hybride, recycle et utilise des ampoules basse consommation. Il refuse pourtant d’adopter les mesures d’efficacité énergétique les plus élémentaires et laisse la porte de sa galerie d’art ouverte même quand le chauffage ou l’air climatisé fonctionne. Il sait qu’il gaspille de l’énergie et s’en moque. “On m’a toujours dit que laisser les portes ouvertes incite les visiteurs à entrer”, explique-t-il. Et il n’est pas le seul dans ce cas. Depuis 2006, la ville de Boulder a accordé des subventions pour la réalisation d’audits énergétiques dans 750 foyers. Comme les propriétaires devaient tout de même débourser 200 dollars, seuls les plus motivés ont participé. Des études ont par la suite révélé que la moitié d’entre eux n’avaient pas suivi les recommandations, malgré de généreuses incitations. “Nous avons encore beaucoup de chemin à faire”, estime Paul Sheldon, consultant auprès des autorités municipales. Les habitants “devraient conduire des véhicules propres, mais ce n’est pas le cas. Ils devraient pratiquer le covoiturage, mais ils ne le font pas.” Et ils devraient changer eux-mêmes leurs ampoules, ajoute-t-il.

La validité scientifique du réchauffement climatique a récemment été contestée. Les auteurs d’un rapport phare sur le changement climatique, publié en 2007, ont admis certaines erreurs dans leurs travaux. Ils continuent cependant de penser que le réchauffement climatique est “sans équivoque” et “fort probablement” dû à l’activité humaine. Des experts britanniques du climat ont également fait l’objet de critiques à la suite de la publication d’extraits de leur correspondance électronique. Ceux-ci semblaient indiquer qu’ils cherchaient à étouffer les opinions divergentes. A Boulder, certains climatosceptiques ont commencé à exprimer leurs doutes en public. Les autorités municipales affirment cependant encore bénéficier du soutien de la majorité de la population, mais le plus difficile, c’est de pousser les citoyens à passer aux actes.

Située au pied des Rocheuses, cette ville de 100 000 habitants a souvent montré l’exemple en matière d’écologie. Elle a été l’une des premières à créer Lire la suite

Conseil Economique pour le Développement Durable : Les pouvoirs publics appelés à renforcer leur action en matière d’adaptation au changement climatique

actu-environnement.com, Rachida Boughriet, le 18 février 2010

Les pouvoirs publics appelés à renforcer leur action en matière d’adaptation au changement climatique

Pour s’adapter au changement climatique, les pouvoirs publics auront un triple défi à relever : investissements, diffusion de l’information, définitions d’outils de pilotage adaptables aux incertitudes des évolutions climatiques. Explications.

Alors qu’un plan national d’adaptation au changement climatique est prévu pour 2011 en France, le Conseil Economique pour le Développement Durable (CEDD) a publié le 17 février le rapport intitulé  »Economie de l’adaptation au changement climatique », qui vise à donner  »un cadrage économique général facilitant la mise en oeuvre de stratégies efficaces d’adaptation par les décideurs publics et privés ».

Prévu dans la loi Grenelle 1, rappelons que ce plan national rassemblera des orientations sur des sujets comme la lutte contre les inondations et l’adaptation des zones littorales, l’évolution des forêts, la question de l’eau et l’adaptation de l’économie. Il doit trouver sa déclinaison territoriale dans les futurs  »schémas régionaux du climat, de l’air et de l’énergie » proposés par le projet de loi Grenelle 2, en cours d’examen au Parlement, et dans les  »Plans climat énergie territoriaux » qui devront être établis par les départements, communautés urbaines, communautés d’agglomérations, communes et communautés de communes de plus de 50.000 habitants avant 2012.

L’objectif du rapport, réalisé à la demande du ministère du Développement Durable, est de mobiliser pouvoirs publics et acteurs privés pour que l’adaptation  »restée pendant longtemps le parent pauvre, à la fois intellectuel et pratique, du débat sur le changement climatique » soit reconnue au même titre que l’atténuation et la limitation des émissions de gaz à effet de serre (GES). Des stratégies d’adaptation,  »nécessaires » pour faire face aux conséquences du réchauffement. D’autant plus qu’un rapport de l’ONERC*, publié en septembre dernier, chiffre les coûts liés au changement climatique à  »plusieurs centaines de millions d’euros par an » pour plusieurs secteurs d’activités (agriculture, tourisme, énergie, tourisme, BTP…) d’ici 2050,  »en cas d’adaptation insuffisante ».

Des incertitudes autour des impacts

Mais au-delà des investissements, la question de l’adaptation au changement climatique s’avère  »complexe », explique Christian de Perthuis, l’un des auteurs du rapport et membre du programme de recherche économie du climat. Et ceci, compte tenu de  »l’incertitude liée notamment à l’évolution future du climat » selon qu’on se situe dans un scénario de hausse moyenne des températures de 2°C ou de 4°C , de celle sur les conséquences possibles d’un scénario climatique donné au plan local et celle sur l’évolution des capacités d’adaptation de  »nos sociétés dans le futur », précise Stéphane Hallegatte du Centre International de Recherche sur l’environnement et le développement (CIRED).

Si l’adaptation peut être définie comme l’ensemble des évolutions que les sociétés  »devront opérer pour limiter les impacts négatifs du changement climatique et en maximiser les effets bénéfiques », les stratégies sont difficiles à élaborer. Par exemple, concernant la traduction locale de ces scénarios climatiques,  »les modèles divergent en France sur la façon dont le changement climatique va affecter la fréquence et l’intensité des épisodes de tempêtes dans le nord du pays ».

Selon les auteurs, les impacts du changement climatique, et donc les bénéfices des mesures d’adaptation,  »dépendent non seulement du scénario climatique, mais aussi Lire la suite

Les attaques des climato-sceptiques contre le Giec sont organisées

terra-economica.info, Karine Le Loêt, le 17 février 2010

« Les attaques des climato-sceptiques contre le Giec sont organisées »

Le Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat (Giec) est dans une mauvaise passe. Accusée d’avoir gonflé le péril climatique avant le sommet de Copenhague, l’institution est aujourd’hui critiquée dans son fonctionnement même et ses rapports remis en question. Va-t-il y laisser des plumes ? D’où viennent les attaques ? L’avis de Stéphane Hallegatte, économiste, ingénieur à Météo France et collaborateur du Giec.

Terra eco : Le Giec est-il en train de perdre sa crédibilité ?

Stéphane Hallegatte : « Ces attaques récentes ne sont pas très bonnes pour sa crédibilité. Mais elles sont assez attendues. Tout simplement parce que le climat est devenu un sujet sensible. Reste qu’aucune autre organisation ne peut publier un rapport validé par 194 pays membres ! Évidemment, on ne peut pas nier qu’il comprenne quelques erreurs. Mais la crédibilité du Giec est toujours là. J’aurais même tendance à dire qu’elle s’est peut-être améliorée. Jusqu’ici on mettait un peu trop le Giec sur un piédestal, comme s’il n’y avait pas d’erreurs possibles, pas de conflits de personnes. Mais les scientifiques ne sont pas au dessus du commun des mortels. Ce qui est inquiétant ce n’est pas ces attaques, c’est la tendance sceptique actuelle… Les gens s’engouffrent dans la brèche. Attaquer le Giec c’est une chose mais attaquer le changement climatique en est une autre. Ces attaques sont organisées, coordonnées. »

Terra eco : Par qui ?

« Elles sont extrêmement liées à la loi américaine sur le climat en discussion au Sénat. Quand on essaye de faire monter les États-Unis à bord, on se retrouve dans leur monde politique, un univers de lobby avec des pressions de chaque côté. C’était la même chose au moment du passage de la loi sur la santé. Je ne sais pas d’où sont orchestrées ces attaques. C’est vrai que beaucoup sont sorties dans la presse anglaise, via le groupe Murdoch qui détient notamment le Sunday Times. On connaît aussi la position du Heartland Institute, un think tank américain qui, dans les années 90 assurait que le tabac n’était pas mauvais pour la santé et qui tente aujourd’hui de démontrer que l’homme n’est pas responsable du changement climatique. Ce que je sais en revanche, c’est que ces attaques profitent d’un moment de flou. Au lendemain de Copenhague, les gens se sont demandés si les négociations au sein de la Convention sur le climat allaient continuer. De leur côté, les politiques sont sortis assez refroidis de la conférence. En forçant un peu, il y a des chances qu’ils laissent la question passer au second plan. Alors c’est le bon moment pour attaquer la base. »

Le Giec a-t-il mal réagi aux attaques ?

« Sur le cas du recul des Glaciers de l’Himalaya [dans son rapport de 2007 le Giec assurait qu’ils auraient disparu en 2035], l’erreur était incontestable. Or, il a fallu plusieurs semaines pour que Lire la suite

Jean Zin : Qu’est-ce que l’écologie politique ?

jeanzin.fr, Jean Zin, le 21 janvier 2010

Qu’est-ce que l’écologie politique ?

La question se pose d’autant plus de la nature de l’écologie-politique qu’il s’agit d’un mouvement émergent et non de l’application d’une doctrine préalable. On peut dire que son corps de doctrine s’est constitué en marchant, ce qui justifie l’approche historique qu’en donne Alain Lipietz dans son petit livre sur le sujet.

L’inconvénient de cette approche est cependant de ne pouvoir sortir de la confusion initiale et du volontarisme dont l’écologie-politique a tant de peine à se débarrasser, réduite à une aspiration morale, à une pure question de valeurs, un désir d’harmonie sinon d’amour des hommes et des bêtes, au lieu d’une responsabilité incontournable qui en fait plutôt un enjeu cognitif vital. Il ne s’agit pas de préférences personnelles : on n’a pas le choix ! La réduction de l’écologie-politique à l’amour de la nature est à la fois inévitable et intenable. Il faut l’affirmer haut et fort, on n’a pas besoin de faire de sentimentalisme pour prendre l’écologie-politique au sérieux, notamment sa dimension politique qui introduit dès lors la division entre les écologistes qu’on ne peut absolument pas rassembler en un seul courant qui irait de l’écologie profonde à l’écologie sociale.

Il y a nécessité d’une définition plus conceptuelle et critique de l’écologie-politique, certes moins habituelle, comme retour au réel et nouveau stade cognitif, celui de la post-modernité et de l’unification du monde dont on est devenu responsables, intégrant la contradiction entre nature et culture ainsi qu’en posant des limites aux possibles, à nos capacités techniques de transformation du monde comme de nous-mêmes.

Notre époque en quête de nouvelles spiritualités est imprégnée, depuis le mouvement hippie au moins, d’une idéologie écolo très naïve mais qui a toutes les raisons de perdurer auprès des jeunes urbains. Dès lors, les écologistes sont invariablement identifiés à ce retour à la nature de sortes de boy scouts qui restent pourtant plus que marginaux. Sans aller jusque là, on leur imputera au moins une forme ou une autre de primitivisme ou de régression. Il n’est certes pas si facile de s’en défaire quand on prétend défendre notre « monde vécu » ou quelque nature originaire, l’indispensable critique de la technique et du progrès glissant facilement à la technophobie comme au conservatisme le plus réactionnaire.

Pendant que les gentils écolos occupent héroïquement la scène, on voit arriver en coulisse une toute autre écologie en costard cravate, plus du tout utopique celle-là, et plutôt technophile, celle du capitalisme vert engagé dans un nouveau cycle de croissance. Ces divergences d’approche prouvent au moins que l’écologie ne se réduit pas à ce que ses partisans en font, mais elles témoignent surtout de l’absence de la dimension politique dans ces approches spirituelles ou marchandes.

De son côté, l’écologie-politique ne peut se limiter à l’environnementalisme au moins parce qu’elle est supposée remonter aux causes (humaines) et adopter un point de vue global (collectif), mais avant tout à cause de l’enjeu politique qui a été souligné par André Gorz dans son texte inaugural « leur écologie et la nôtre » que nous avions mis en exergue du premier EcoRev’. Non seulement ce texte introduit la division dans l’écologie, en particulier avec l’opposition à l’expertocratie, mais il se situe clairement dans la continuité des luttes d’émancipation et dans le camp de l’anti-capitalisme. Avec de grandes différences toutefois, qu’on peut caractériser comme Lire la suite

Renouveau de l’écologie politique : la décroissance en débat

mediapart.fr, Stéphane Lavignotte, le 20 février 2010

Renouveau de l’écologie politique: la décroissance en débat

Pasteur écolo-libertaire, Stéphane Lavignotte présente son livre La décroissance est-elle souhaitable?, un des quatre premiers titres de la collection «Petite Encyclopédie Critique» des éditions Textuel

La thématique de la décroissance a fait florès, des débats entre écologistes, aux échanges avec la gauche de la gauche, jusqu’aux pages de la grande presse. Mais rarement un débat – hormis celui sur l’islam ! – aura été aussi confus. Il me semblait important de commencer par clarifier le débat, en présentant les thèmes de la décroissance, puis étudier la justesse des critiques qui leur étaient adressées, avant d’avancer des éléments plus personnels notamment en terme de stratégie politique et d’éthique.

Vitalité intellectuelle des objecteurs de croissance

Un des intérêts – et pas des moindres – du courant de la décroissance est de donner une seconde jeunesse à l’écologie politique. D’abord parce qu’il reprend les thèmes de l’écologie au moment de sa naissance, tels que René Dumont, Jacques Ellul, Ivan Illich ou André Gorz les ont développés à partir du début des années 1970 : une mise en cause des dogmes de la croissance et du bonheur par la consommation, leurs conséquences pour la planète, la critique de la technique… Ensuite parce qu’il redonne un ton radical à l’écologie après trente cinq ans de participation de ce courant au débat politique et un certain assagissement : la relative institutionnalisation des Verts et des grandes associations écologistes, « le développement durable » comme nouveau consensus (au moins apparent), la naissance du mythe de « la croissance verte »… Des auteurs comme Paul Ariès, Vincent Cheynet, Bruno Clémentin, Serge Latouche sont apparus dans le débat à travers leur critique de ces évolutions. Ils démontrent combien le « développement durable » est une contradiction dans les termes, un oxymore selon Serge Latouche. Par exemple en raison de l’effet rebond : chaque voiture pollue moins – ce qu’on appelle « l’éco-efficience » – mais comme il en y a de plus en plus, au total, le secteur automobile pollue plus… Cette logique de polluer moins pour polluer plus longtemps est dénoncée. Mais la polémique ne se tourne pas uniquement sur la « droite » de l’écologie, elle critique aussi sa gauche altermondialiste : est-ce seulement la croissance qui doit être mise en cause ou toute logique de développement ? Les débats sont vifs notamment avec l’association ATTAC.

Cette approche décapante a d’abord cela de souhaitable qu’elle oblige non seulement l’écologie a se poser la question de sa radicalité, mais à la gauche – notamment radicale – à se poser la question de l’écologie au delà de la seule dénonciation des conséquences de la logique de profit sur la planète. Ce n’est pas seulement la question de la propriété des moyens de production qui doit être posée, mais celle de la croissance des forces productives : pas seulement qui contrôle les usines, mais quelles machines pour quelle production ?

Apports de l’écosocialisme

Cette mise en cause oblige la gauche radicale à accorder plus d’attention au courant de l’écosocialisme qui en son sein tente depuis des années de faire entendre ces problématiques et apporte au débat des éléments nouveaux. Ainsi en est-il de la question de l’élargissement de l’analyse des contradictions principales du capitalisme : de l’analyse (jadis privilégiée) de la contradiction Lire la suite

Alain Lipietz – Climat, emploi, même combat !

alternative-economiques.fr, Alain Lipietz, le 22 février 2010

Climat, emploi, même combat !

Il n’y a plus grand monde aujourd’hui pour opposer l’écologie à l’emploi. La crise du modèle libéral-productiviste qui fut, pendant un quart de siècle, « la seule politique possible » est passée par là. Crise à la fois financière, économique, sociale écologique… Même les ouvriers des l’industrie de l’automobile et des camions en sont convaincus : l’ancien modèle est mort, et seule une reconversion vers de nouvelles lignes de production est susceptible de sauver leurs emplois.

Mais peut–être ne mesure-t-on pas assez que tout retard dans la « conversion verte » est un retard à la création d’emplois. Là, on rencontre souvent des intérêts en place (et des hommes politiques, même de gauche !) pour objecter : « D’accord, rien ne sera plus comme avant, on repartira vers un autre modèle. Mais il faut tenir compte des emplois existants, ne pas aller trop vite ». Tenir compte de l’existant ? D’accord si l’on veut dire « utiliser au mieux les compétences et même les installations existantes pour la conversion verte. » Mais la seconde phrase est absurde. Retarder les reconversions et les nouvelles activités vertes, c’est retarder la création d’emplois. Sans compter l’aspect strictement écologique du problème : tout retard dans la lutte contre le changement climatique est définitif.

Cette pression du temps perdu, qui joue non seulement contre le climat mais contre l’emploi, résulte de la double nature économique de la conversion verte : comme « conversion » et comme « verte ». Nous savons qu’il faut réorienter les transports vers les transports en commun, isoler tout le bâti (en particulier le bâti ancien), et rétablir les circuits courts et si possible « bio » dans l’agriculture et l’alimentation. Or le simple fait de « réorienter » implique du travail, et le futur régime stabilisé sera plus créateur d’emploi. C’est un peu comme dans les 10 premières années du fordisme en France (1945-55) : d’une part il fallait reconstruire le pays, et d’autre part ce qu’on reconstruisait était un régime de quasi-plein emploi. Les deux effets sont indiscernables au départ, ce qui a fait craindre le retour de la Grande Dépression une fois achevée la Reconstruction… Il n’en a rien été.

Le premier effet est facile à comprendre. Dans la « fenêtre de dix ans pour sauver le climat » d’ici 2020, que nous indiquent le rapport Stern et le rapport du GIEC, les politiques régionales, nationales, etc. devront être entièrement tendues vers la conversion verte. La France, l’Europe devraient déjà se couvrir de chantiers. Nos économies devraient fonctionner selon ce que le grand économiste Janos Kornai appelait « économie mobilisée », c’est-à-dire orientée par une demande publique pressante. Les périodes de reconstruction, de reconversion, ou encore plus typiquement de guerre, sont typiques de cette économie mobilisée. Quelques mois après Pearl Harbour, les usines Ford aux Etats-Unis travaillaient 24 heurs sur 24 à produire… des bombardiers, les femmes et les afro-américains avaient envahi les usines qui jusque-là leur étaient interdites.

Question : une fois le régime « soutenable » stabilisé, que va-t-il se passer ? Ici, la réponse notionnelle des économistes invoque ce qu’ils appellent « fonction de Cobb-Douglas », qui formalise le rapport entre usage du travail et usage d’autres facteurs. On admet en général que les techniques qui économisent le travail réclament de ponctionner plus intensément la Nature… et réciproquement. Si l’on veut faire « décroître notre empreinte écologique », eh bien, il va falloir retrousser nos manches et faire fonctionner notre cerveau !

Quand on essaie de planifier (en vue ne serait-ce que de la formation professionnelle) les facteurs techniques du nouveau modèle, on voit tout de suite que cette intuition générale se confirme dans les principales branches de la conversion verte. Il faut 30 à 50% de travail paysan en plus pour produire « bio ». Pour passer de la voiture individuelle aux transports en commun, il faut d’abord construire les sites propres et le matériel roulant (c’est l’aspect « reconversion ») puis conduire ces engins, gérer ces réseaux (c’est l’aspect « régime »). Un immeuble neuf à 0 kilowatt-heure par mètre carré demande pour l’instant 15 % de travail en plus qu’un immeuble standard actuel, mais reconvertir tout le parc ancien mobilisera durablement une armée d’artisan…

On voit aussi qu’il faut distinguer des emplois directs (par exemple Lire la suite

Climat – L’heure du choix, par Hervé Kempf

lemonde.fr, Hervé Kempf, le 22 février 2010

L’heure du choix, par Hervé Kempf

En 1938, on pouvait considérer M. Hitler comme un homme respectable. En 1960, on pouvait juger que l’Union soviétique gagnerait la guerre froide. En 2010, on peut analyser le changement climatique comme une invention de scientifiques malhonnêtes.

L’histoire est faite de choix. Comment organiser son action en fonction d’une information imparfaite ? Des générations se sont divisées, des hommes se sont trompés, d’autres ont choisi juste. Ceux qui font les bons paris dessinent l’avenir. Il fallait choisir : Munich ou Londres ; l’URSS ou le monde libre. Il faut choisir : les climato-sceptiques ou la communauté des climatologues.

La comparaison est-elle exagérée ? Non. La crise écologique – dont le changement climatique n’est qu’un volet – pose à cette génération un défi d’une ampleur historique. En reconnaître l’ampleur permet d’imaginer comment l’enrayer. Du choix que nous ferons dépendra l’équilibre des sociétés humaines de ce siècle. Soit l’on considère le changement climatique comme un défi majeur appelant une mutation profonde de nos sociétés, soit l’on en nie la réalité, et l’on tente de conserver l’ordre établi.

La connaissance du fonctionnement du climat terrestre est-elle parfaite ? Non. Les informations dont nous disposons sont-elles suffisantes pour décider ? Oui. Toutes les questions ne sont pas résolues, tous les débats ne sont pas clos, toutes les recherches ne sont pas achevées. Mais le tableau général prédisant le changement est bien posé et solidement structuré.

Parmi les climato-sceptiques (en France, MM. Allègre, Courtillot, Galam, Gérondeau, Rittaud, etc.), aucun n’a produit un argument suffisamment fort pour passer avec succès le test des procédures de validation scientifique. En revanche, pas une question légitime n’a été mise de côté par les climatologues. Et pour celles qui restent sans réponse, l’investigation continue. Ce que la science nous explique n’est pas un dogme. Mais compte tenu de l’importance de ce qui se joue, les citoyens ont suffisamment d’éléments en main pour déterminer qui décrit le mieux l’état de la biosphère.

Pourquoi le climato-scepticisme, malgré la faiblesse de son argumentation, trouve-t-il un terrain si favorable à sa prolifération ? Parmi moult explications, une paraît décisive. Dès que l’on prend conscience de la gravité du problème écologique, une conclusion finit par s’imposer : pour empêcher le désastre, il faut drastiquement transformer un système qui repose sur une croissance continue de la production matérielle. Changer d’habitudes. Bousculer, aussi, nombre de situations acquises.

Refuser d’admettre ce qu’annoncent les climatologues permet de Lire la suite

Totnes, pionnière européenne de l’autarcie verte

Totnes, pionnière européenne de l’autarcie verte

pouvoirdecreation.blogspot.com, Rafael Ramos Marín, le 6 février 2010

Une petite ville du Sud-Ouest de l’Angleterre s’est mobilisée pour vivre sans dépendre des apports extérieurs. L’objectif : réduire la consommation de produits transportés qui ont une lourde empreinte carbone.

A première vue, Totnes est une petite ville anglaise comme tant d’autres : 8 500 habitants, un château, un marché, des pubs fleuris, une rue principale, des commerces et des supermarchés, le même rythme paresseux de la campagne, les mêmes campagnards grognons qui traitent avec une certaine hostilité les Londoniens qui viennent acheter ici leur résidence secondaire où ils mènent leur vie de citadins sophistiqués…Typique. Mais Totnes est différente, ô combien différente ! Il s’agit de la ville en transition [transition town] la plus avancée du monde, pionnière d’un mouvement qui, face au double défi du changement climatique et de la fin prochaine du pétrole à bon marché, a pour objectif de réduire sa consommation énergétique et son empreinte carbone. Cette petite communauté souhaite atteindre l’autarcie.

Totnes offrait le terreau idéal pour une révolution qui a commencé il y a seulement quatre ans à Kinsale (Cork, Irlande) quand un groupe d’étudiants de troisième cycle a rédigé une étude sur le sujet dont les conclusions ont rapidement été adoptées par la mairie locale dans le but de poursuivre ce même objectif. Le professeur Rob Hopkins, qui a participé à la réalisation de cette étude, a choisi de s’installer à Totnes, une petite ville du comté de Devon dans le Sud-Ouest de l’Angleterre dont il est lui-même originaire, pour y mettre en pratique ses idées. Avec sa population diplômée et un peu hippie de la classe moyenne supérieure, dotée d’un énorme pouvoir d’achat et dont les intérêts sont à la fois conventionnels et alternatifs, Totnes était déjà connue comme la capitale du New Age Chic.

Ce qui surprend d’abord dans cette capitale mondiale des villes en transition, c’est que Totnes possède sa propre monnaie : la livre de Totnes. Au total, 10 000 billets d’une livre (une livre de Totnes vaut une livre sterling) ont été imprimés et sont acceptés par une centaine de commerces qui ont choisi de prendre part au mouvement. L’objectif est évident : favoriser l’achat de produits locaux dans les commerces de la ville afin de limiter le gaspillage d’énergie (transport, etc.) et à la survie des petites entreprises. En parallèle, un système d’échange de biens et de services à base de crédits a été mis en place sans prendre pour base les conventions de l’économie formelle.

Au centre-ville, quatre distributeurs permettent de changer des pièces d’une livre pour des billets d’une livre de Totnes. L’initiative a d’abord provoqué une formidable polémique à cause de la distinction qu’elle établit entre les établissements solidaires et ceux qui ne le sont pas – en particulier ceux qui font partie d’une chaîne, dont la clientèle vient d’ailleurs et ne souhaite pas employer une monnaie qui n’a pas cours dans le reste du pays. « Il est vrai qu’une distinction s’établit : d’un côté, ceux qui assument la responsabilité d’acheter local et, de l’autre, ceux qui suivent d’autres modèles. C’est inévitable », explique Noel Longhurst, pionnier de l’organisation Transition Town Totnes.

Un modèle qui s’exporte

Des villes en transition existent en Grande-Bretagne, en Irlande, au Canada, au Chili, en Australie, en Nouvelle-Zélande et aux Etats-Unis. Elles représentent un mouvement qui Lire la suite

Le rendez-vous raté de la lutte contre le déclin de la biodiversité et six pistes pour trouver des solutions

lemonde.fr, Laurence Caramel, le 19 février 2010

Le rendez-vous raté de la lutte contre le déclin de la biodiversité

Depuis 2002, les chefs d’Etat ou de gouvernement ont adopté, au moins à quinze reprises, l’objectif de « réduire fortement le rythme actuel de perte de la biodiversité d’ici à 2010 ». Ils ont aussi réaffirmé une cinquantaine de fois – dont lors de trois G8 – leur soutien à cet objectif et la nécessité de prendre des mesures pour l’atteindre, selon le décompte établi par Jean-Patrick Le Duc, du Muséum national d’histoire naturelle.

Pour inaugurer l’Année internationale de la biodiversité, les responsables de la Convention sur la biodiversité biologique (CBD) des Nations unies, chargés aujourd’hui de faire le bilan, n’ont pas sorti les flonflons. Il n’y a, en effet, pas de quoi pavoiser. Aucun pays n’est au rendez-vous.

Le bulletin de santé de la biodiversité mondiale, qui sera officiellement dévoilé au mois de mai, à l’occasion de la publication des « Perspectives mondiales de la biodiversité », montre que les cinq pressions majeures exercées sur la diversité biologique « sont restées constantes, voire ont augmenté » par rapport au diagnostic établi en 2006.

Ces pressions sont le changement d’affectation des sols qui transforme les espaces naturels en surfaces agricoles ou en villes, la surexploitation des ressources, les pollutions, la progression des espèces invasives et le changement climatique.

PRUDENCE ET DOUTE

Irréaliste ! Huit ans après avoir décrété cette urgence mondiale, les gouvernements ont beau jeu de dénoncer un objectif perdu d’avance, faute d’avoir été défini avec précision et de disposer des bons outils pour faire un véritable état des lieux et mesurer le chemin parcouru. Du côté des scientifiques, le discours est très semblable.

En 2010, il est néanmoins question de se fixer un nouveau rendez-vous pour freiner le rythme d’extinction des espèces et la destruction des écosystèmes que les scientifiques jugent aussi menaçants pour l’avenir de l’humanité que le changement climatique. Les deux sont au demeurant étroitement liés.

2020 est l’année souvent évoquée. Il en sera débattu lors de l’Assemblée générale des Nations unies, à New York, en septembre, puis à la conférence des parties de la Convention sur la diversité biologique, en octobre, à Nagoya, au Japon.

Mais, au lendemain de l’échec de la conférence mondiale sur le climat à Copenhague (7-18 décembre), la prudence et le doute se sont immiscés dans les esprits. La directrice des biens publics mondiaux au ministère des affaires étrangères, Laurence Tubiana, s’interroge sur la stratégie : « Est-ce vraiment la bonne chose à faire ? Cela ne risque-t-il pas de décrédibiliser un peu plus le processus de gouvernance mondiale ? », demande-t-elle.

Les scientifiques continuent, eux, de se lamenter sur « cette maison qui brûle », pour reprendre la formule lancée par le président de la République, Jacques Chirac, à la tribune du Sommet de la Terre de Johannesburg, en 2002, tout en reconnaissant qu’ils Lire la suite

Elections régionales : 10 propositions pour développer l’éducation à l’environnement vers un DD

actu-environnement.com, Rachida Boughriet, le 19 février 2010

Elections régionales : 10 propositions pour développer l’EEDD

A la veille des élections régionales de mars, le Collectif français pour l’éducation à l’environnement vers un développement durable (CFEEDD) interpelle les candidats et proposent dix mesures  »concrètes » pour développer l’EEDD.

Le collectif propose tout d’abord aux candidats de mettre en œuvre des projets et actions d’EEDD sur le terrain auprès de la population et des jeunes et de mettre en place des débats citoyens sur tous les grands thèmes de l’environnement : climat, biodiversité, eau, pollutions. Le CFEEDD leur propose également de créer les conditions de mise en relation des acteurs de l’EEDD (soutien des réseaux d’éducateurs, plates-formes, espaces de concertation) ou encore de construire une démarche éducative en accompagnement de chaque politique publique  »pour y définir ensemble un volet éducatif ».

Le collectif recommande aussi de développer les partenariats, d’intégrer les notions d’environnement et de développement durable dans toutes les formations professionnelles, de soutenir la formation des animateurs et des enseignants de la maternelle au supérieur, et celle des élus, ou encore de généraliser les démarches de développement durable dans les lycées et les CFA.

Le collectif appelle également à sensibiliser la population aux questions environnementales et de développement durable, à soutenir la professionnalisation et à développer la recherche. Il appelle aussi à consacrer  »un réel budget à l’EEDD », en mettant notamment en place des fonds de financement de l’éducation à l’environnement vers un développement durable à tous les échelons de territoire.

Accéder aux 10 propositions Lire la suite

Des organisations agricoles, de solidarité internationale, de DD, de protection de l’environnement ainsi que des mouvements ruraux font des propositions pour la PAC 2013

La politique agricole commune (PAC) traverse à nouveau une période de mutation. Elle va connaître une nouvelle transformation dans la période 2014-2020 avec une nouvelle réforme, mais également avec la redéfinition de son budget.

La prochaine réforme est à haut risque pour la PAC. En effet les négociations seront étroitement liées à celles sur la révision des perspectives financières de l’Union européenne, et nombre de voix s’élèvent déjà pour mettre en cause la légitimité de la PAC et demander l’affectation de tout ou partie de son budget, qui représente plus de 40% du budget européen, vers d’autres politiques (climat, énergie, recherche…).

Des organisations françaises agricoles, de solidarité internationale, de développement durable, de protection de l’environnement ainsi que des mouvements ruraux (CCFD Terre solidaire, CFSI, CIVAM, Cohérence, 4D, FNAB, Fondation Nicolas Hulot, GRET, Les amis de la terre, Réseau agriculture durable, Réseau Action Climat, Solidarité, WWF) sont profondément convaincues de la nécessité de mobiliser la PAC pour participer aux réponses à apporter aux enjeux européens et mondiaux du début du vingt et unième siècle.

Ces enjeux concernent simultanément la sécurité alimentaire, la protection des ressources naturelles, la lutte contre le changement climatique, le développement rural et l’emploi, tout en étant solidaire avec les pays du Sud.

L’avenir de la PAC concerne donc tous les Européens.

Accedez aux propositions Lire la suite

Nicholas Stern : « J’ai sous-estimé les dangers du réchauffement »

lemonde.fr, Propos recueillis par Laurence Caramel, le 12 février 2010

Nicholas Stern : « J’ai sous-estimé les dangers du réchauffement »

A l’écouter, il ne serait qu’un modeste professeur de la London School of Economics. Mais son emploi du temps trahit une activité qui est loin de se limiter à l’enseignement. Sillonnant le monde pour prodiguer ses conseils, Nicholas Stern, 63 ans, est un des hommes les plus écoutés des gouvernants depuis la parution, en 2006, de son rapport sur l’économie du changement climatique. Huit semaines après la Conférence de Copenhague sur le climat, l’économiste britannique fait part de son indignation sur la tourmente que traverse le Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (GIEC) et revient sur ses propres prédictions.

Les erreurs commises par le GIEC remettent-elles en cause sa crédibilité ?

C’est bien sûr un problème pour son image. Les erreurs relevées dans son quatrième rapport publié en 2007, et qui concernent avant tout la prédiction de fonte des glaciers himalayens, n’auraient pas dû être commises, mais cela ne remet pas en cause son diagnostic global. Le socle scientifique sur lequel le GIEC s’appuie pour nous dire que la planète risque de connaître un réchauffement des températures sans précédent dans l’histoire de l’humanité demeure solide.

Il est inévitable que des erreurs se glissent dans un ouvrage de plusieurs milliers de pages. D’autres seront certainement relevées. Les scientifiques doivent les corriger. Mais pour ébranler le scénario central du GIEC, il faudrait pouvoir démontrer qu’il a peu de chance de se réaliser. Personne aujourd’hui n’est capable de faire cette démonstration. Aucune étude ne nous donne la moindre raison de le penser. Absolument aucune. Si nous agissons comme si la science avait raison et que, in fine, les risques s’avèrent moins importants, ce sera de toute façon une bonne chose : nous aurons découvert de nombreuses technologies utiles, nous aurons un monde plus propre, nous aurons sécurisé nos approvisionnements énergétiques.

En revanche, si nous agissons comme si la science se trompait, nous nous serons mis dans une position dangereuse dont nous serons peut-être incapables de sortir. Les sceptiques ont le droit de s’exprimer et de débattre mais pas celui d’avoir des arguments mal fondés et confus.

Pensez-vous qu’il y a une volonté de déstabilisation du GIEC dont certains gouvernements pourraient être à l’origine ?

La campagne contre le GIEC est très forte et elle semble en effet organisée même si je n’ai aucune information particulière pour étayer cette idée. Cette campagne cherche surtout à discréditer et évite le débat sur le fond. Pour dire les choses clairement, cette campagne est assez sale. Je ne suis pas en train de dire que les critiques doivent être ignorées. Tout travail scientifique doit Lire la suite

La France veut des bâtiments plus sobres en énergie

lemonde.fr, Grégoire Allix, le 10février 2010

La France veut des bâtiments plus sobres en énergie

Nom de code : RT 2012. En France, l’élaboration par le ministère de l’écologie de la future réglementation thermique des bâtiments, avec l’ambition de les rendre plus sobres en énergie, fait l’objet de vifs débats. Elle est censée s’appliquer à partir du 1er janvier 2011 pour les édifices publics et le secteur tertiaire, le 1er janvier 2013 pour le secteur résidentiel.

L’enjeu est considérable. Cette réglementation déterminera largement la capacité de la France à réduire sa consommation énergétique et ses émissions de CO2 – le secteur du bâtiment engloutit 42 % de la première et rejette 25 % des secondes. Si le total des émissions de gaz à effet de serre en France a baissé de 0,6 % entre 2007 et 2008, celles liées au bâtiment ont augmenté (+ 7,7 %).

Dans le maquis de la future réglementation se joue aussi l’avenir de filières industrielles, qui déploient en coulisses un intense lobbying. « Le gaz et l’électricité ne pensent qu’à se détruire l’un l’autre. Quant aux fabricants de convecteurs et de ballons électriques, ils sont prêts à tout pour sauver leurs produits », observe le député (UMP) Claude Birraux, président de l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques (Opecst), auteur en décembre 2009, avec Christian Bataille (PS), d’un rapport sur le sujet.

Prévue par le Grenelle de l’environnement pour remplacer l’actuelle RT 2005, la nouvelle bible de la performance énergétique marque une rupture décisive. Elle définit, pour la première fois, un plafond de consommation : 50 kWh/m2/an d’énergie primaire, contre une consommation de 150 kWh/m2/an pour les bâtiments neufs actuels et de 260 kWh/m2/an en moyenne pour le parc immobilier existant.

Une révolution qui nécessitera d’importants progrès dans les techniques d’isolation, de ventilation et de chauffage, selon ses promoteurs. Une occasion gâchée, plutôt, dénoncent les écologistes. « Le gouvernement n’a pas saisi cette opportunité pour réformer une comptabilité qui oublie, en moyenne, la moitié de la consommation réelle des bâtiments« , regrette Alain Bornarel, ingénieur au bureau technique Tribu et membre de l’Institut pour la conception environnementale du bâti (ICEB).

Traditionnellement, l’éclairage, le chauffage, l’eau chaude, la ventilation et la climatisation sont comptabilisés, mais pas l’électroménager, les parkings, les ascenseurs, la bureautique, l’informatique, les cuisines des restaurants, les plateaux techniques des hôpitaux… « Ce sont des consommations sur lesquelles le concepteur du bâtiment n’a qu’un impact réduit », justifie Jean-Christophe Visier, directeur de l’énergie, de la santé et de l’environnement au Centre scientifique et technique du bâtiment, le principal conseiller technique du ministère de l’écologie.

Autre point de discorde : les « coefficients de conversion« . Ceux-ci permettent de Lire la suite

Les militants du climat restent mobilisés après Copenhague

lemonde.fr, Hervé Kempf, le 8 février 2010

Les militants du climat restent mobilisés après Copenhague

Comment rebondir après Copenhague ? La question ne se pose pas seulement aux diplomates et aux gouvernements, mais aussi au mouvement social. Elle a été au coeur des discussions du collectif Urgence climatique, justice sociale, réuni à Paris samedi 6 février. Plus de cent délégués y ont participé, représentant des partis (Verts, Parti de gauche, NPA), syndicats (FSU, Solidaires), associations (Attac, Amis de la Terre, Réseau action climat), et des collectifs locaux (Bordeaux, Rouen, Lille, Marseille, Saint-Nazaire…).

Créé avant Copenhague, Urgence climatique, justice sociale vise à articuler l’enjeu écologique et la question sociale. Il a rejoint pendant la conférence tenue dans la capitale danoise, en décembre 2009, les mouvements internationaux Climate Justice Action et Climate Justice Now, qui ont organisé des manifestations réussies pendant la durée de la conférence sur le thème : « Changez le système, pas le climat« . Mais après le succès militant de Copenhague, le retour à la maison a été décevant.

« Il y a un sentiment d’impuissance dans la population qui pense que l’ONU, c’est le bazar », a résumé Chantal Delmas, du Val-d’Oise. « On subit le contrecoup de l’échec de Copenhague« , juge Sophie Zafari, de la FSU, tandis que la poussée des « climato-sceptiques » pèse aussi sur l’opinion.

Mais l’atmosphère n’était pas au pessimisme. Laurent Hutinet, des Amis de la Terre, a rappelé que « l’analyse écologique est née dans les années 1970 de la critique du système énergétique, indépendamment de la question du changement climatique. Même si le GIEC avait tout faux, cela ne changerait rien : l’explosion à venir des prix de l’énergie va rendre intenable le modèle de la maison et de la voiture individuelles. »

« L’universel, c’est le local »

Et, résumant un avis largement partagé, il a conclu : « Pour mobiliser nos concitoyens, il faut préciser les analyses, mais aussi les solutions : la relocalisation, qu’il faut mettre en oeuvre comme le paradigme universel. L’universel, c’est le local ! » « Mais sans s’y enfermer ! », s’est exclamée Geneviève Azam, d’Attac, selon qui « il faut travailler la question de la transition vers une économie écologique et sociale, et présenter les alternatives crédibles« .

Proposer des alternatives, mais aussi lutter différemment : l’association Bizi de Bayonne a ainsi été présentée comme un modèle – ses représentants étaient absents en raison d’une manifestation conduite le même jour au Pays basque : « Ils sont partis de questions très concrètes sur le transport et le travail le dimanche, a expliqué un militant de Nanterre, et, surtout, ils mènent une lutte joyeuse, pleine d’humour, les gens prennent du plaisir à militer dans ce mouvement qui a un fonds théorique très important. »

L’assemblée a aussi réfléchi au suivi des Lire la suite

Le « Climategate » piloté par des services secrets ?

lemonde.fr, Stéphane Foucart, le 3 février 2010

Le « Climategate » piloté par des services secrets ?

Barbouzerie d’envergure soigneusement millimétrée, œuvre d’un pirate informatique isolé ? Dans un entretien accordé, lundi 1er février, à The Independent, David King, conseiller scientifique en chef de Tony Blair de 2000 à 2007, penche pour la première option. Selon l’universitaire, le piratage et l’exposition sur le Net, à la mi-novembre 2009, de la correspondance privée de climatologues britanniques ont tous les traits d’une opération orchestrée par une « agence de renseignement ». Le but : torpiller de la conférence de Copenhague, qui s’est tenue du 7 au 18 décembre.

L’affaire, baptisée « Climategate », a consisté en une ou plusieurs intrusions dans les serveurs informatiques de l’unité de recherche climatique (CRU) de l’université d’East Anglia (Royaume-Uni). Les auteurs du piratage ont ensuite divulgué de nombreux documents sur le Net, dont une sélection d’environ un millier de messages entre les chercheurs britanniques et leurs collègues américains ou européens. Le « Climategate » alimente depuis une rumeur selon laquelle les climatologues auraient délibérément manipulé des données pour faire accroire l’existence d’un réchauffement de la planète.

« Cela a été une opération d’une extraordinaire sophistication, a déclaré M. King à The Independent. Il y a plusieurs organisations capables de mener à bien un tel travail. Ce sont des agences de renseignement nationales, et il me semble que cette opération a été le fait d’un tel groupe. Ce n’est pas une coïncidence si les courriels volés à des personnels de l’université d’East Anglia ont été sortis pour publication un mois avant Copenhague« , a noté M. King. Selon les premiers éléments connus, l’opération a impliqué des ordinateurs basés en Turquie, en Arabie saoudite et en Russie, qui ont été utilisés pour faire rebondir des attaques peut-être menées depuis d’autres pays. Les fichiers piratés ont en outre été diffusés à partir d’un serveur installé à Tomsk, en Sibérie.

« Francs-tireurs »

« Si c’était une opération menée à l’instigation d’un gouvernement, alors je suppose que cela puisse être les services de renseignement russes, ajoute M. King. Si c’est un groupe de francs-tireurs, alors je suppose que cela puisse être les Américains, mais je me hasarde comme tout un chacun. La seule chose est que j’ai travaillé au sein du gouvernement, et que j’ai vu ce genre de choses à l’oeuvre. »

En outre, avance l’ancien conseiller de Tony Blair, l’opération a été aussi « sophistiquée » que « coûteuse ». Et, ajoute-t-il, « pour ce qui est du coût, le lobby américain est une source de financement très probable« .

Le « Climategate » a fait l’objet d’une seule tentative publique de récupération au cours de la conférence de Copenhague. Le délégué Lire la suite

«Le Grenelle I ne remet en cause ni les autoroutes, ni le transport aérien»

journaldelenvironnement.net, Sabine Casalonga, le 6 janvier 2010

«Le Grenelle I ne remet en cause ni les autoroutes, ni le transport aérien»

Philippe Billet, professeur de droit public à l’université Jean Moulin (Lyon 3) et président de la Société française pour le droit de l’environnement, analyse pour le JDLE le volet Transports de la loi «Grenelle I». Il estime que nombre de ses objectifs en termes de transport «propre» seront difficiles à atteindre.

Quel état des lieux pour les transports en France ?

La France est très en retard en ce qui concerne le développement des transports en commun par rapport à d’autres pays européens comme l’Allemagne, la Belgique ou la Suisse. Dans ce dernier pays par exemple, la fréquence des trains et des cars postaux -l’équivalent des bus- est de loin supérieure à celle de l’Hexagone, où le réseau des trains express régionaux (TER) est également trop faible, même si on peut saluer l’effort de certaines régions. En conséquence, l’emploi de la voiture y est beaucoup plus répandu. Il en va de même pour le transport routier de marchandises, qui domine le marché au détriment du fret ferroviaire ou du ferroutage, pour des raisons autant économiques que politiques.

Quels changements la loi «Grenelle I» introduit-elle (1) ?

La loi est très marquée par la question des transports du fait de leur forte contribution aux émissions globales de gaz à effet de serre qu’elle vise à réduire de 20% d’ici 2020. Concernant le transport de voyageurs, elle promeut l’augmentation des «transports doux» d’ici 2015. Est prévu le financement de la rénovation du réseau de lignes secondaires SNCF ainsi que de nouvelles voies de TGV. Mais celles-ci ne pourront pas se substituer aux autoroutes à distance égale compte tenu de la fréquence des trains et du nombre de passagers.
Par ailleurs, la loi introduit plusieurs mesures incitatives comme les plans d’entreprise avec incitation au co-voiturage et à l’auto-partage. Autre mesure forte : tout nouveau centre commercial devra prévoir un accès par transport collectif, à l’instar de ce qui se fait déjà en Allemagne et en Suisse.

Quid du transport de marchandises ?

D’après le Grenelle I, la part du fret non routier et non aérien (fluvial, ferroviaire et maritime) devra passer de 14 à 25% de à l’échéance 2022. Le projet des «autoroutes ferroviaires» qui vise à remplacer 2 millions de camions risque toutefois de se heurter à la vétusté des voies existantes et aux cadences insuffisantes pour absorber le volume du trafic routier. Il faut compter avec leur impact environnemental, au même titre que la réalisation de plusieurs grands canaux pourrait être freinée en raison de leurs impacts néfastes sur la biodiversité et l’environnement.

Mais au-delà de ces mesures positives, le «Grenelle I» servirait, selon vous, de caution «verte» au plan de relance et aux projets d’infrastructures ?

En effet, la loi ne remet en cause ni le transport aérien ni les autoroutes, puisque les projets d’autoroutes déjà programmés seront financés par le fonds de capitalisation ad hoc du Grenelle I [voir encadré]. Par ailleurs, les liaisons par TGV sont privilégiées -16 milliards pour 2.000 km d’ici 2020- au détriment des dessertes locales. Globalement, on peut reprocher à ce texte de Lire la suite

De Copenhague 2009 à Cancun 2010 – Négociations climat : Un redémarrage difficile

developpementdurablelejournal.com, Patrick Cros, le 1er février 2010

Négociations climat : Un redémarrage difficile

La date butoir du 31 janvier, annoncée à la clôture du Sommet de Copenhague en décembre, n’a pas eu la valeur symbolique espérée pour relancer les négociations sur le climat. Rares sont les pays à avoir officiellement confirmé auprès de l’ONU leurs objectifs ou stratégies de réduction d’émission de gaz à effet de serre. Un nouveau camouflet pour un traité sur le climat ambitieux, pourtant en préparation depuis deux ans dans la perspective de l’après-Kyoto. Après Copenhague, le nouveau marathon de négociations en vue du Sommet de Cancun (Mexique) en décembre 2010 démarre péniblement.

Les négociations sur le climat continuent à piétiner, selon les observateurs. « A ce stade, les choses ne se présentent pas bien du tout. Soyons honnêtes : c’est très sombre », prévient l’Indien Rajendra Pachauri, chef du GIEC. Embourbé dans des polémiques liés à des rapports contestés, en particulier sur la fonte des glaciers en Himalaya, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, véritable base scientifique de la stratégie de lutte mondiale contre le réchauffement climatique, devient aujourd’hui l’un des points faibles des négociations qui ont timidement repris après l’échec de Copenhague. L’organisation onusienne offre involontairement de nouveaux arguments aux adversaires d’une réduction importante et rapide des émissions de CO2.

Mais l’optimisme reste de rigueur chez nombre de décideurs comme Jean-Louis Borloo ou encore Yvo de Boer, responsable de l’ONU pour le climat, même si ce dernier reconnaît déjà que l’année 2010 pourrait bien ne pas être suffisante pour déboucher sur un accord. Les leaders mondiaux affirment garder leur confiance dans le GIEC qui s’appuie, il est vrai, sur les travaux des plus éminents scientifiques de la planète. Ils se disent également déterminés à poursuivre les négociations, conscients de l’enjeu et de l’intérêt pour l’humanité de réduire les sources de pollution de l’air à l’origine du dérèglement climatique. Reste maintenant à surmonter ce qui a fait l’échec de Copenhague : trouver le difficile – impossible ? – compromis entre réalité économique et soucis écologiques, entre pays pauvres et riches, entre nations émergentes et industrialisées, entre états insulaires ou côtiers déjà menacés et régions encore peu concernés par le réchauffement de la planète.

Un rendez-vous manqué ?

Copenhague avait déçu, et même suscité la colère de certains chefs d’État et de gouvernement. Le texte adopté, bien en retrait au regard des recommandations du GIEC, ne prévoit aucun engagements contraignants et aucune réelles garanties de financements pour les pays les plus pauvres. Consciente de l’énorme travail qui reste à accomplir avant de déboucher sur un éventuel traité en décembre prochain à Cancun (Mexique), l’ONU avait fixé comme premier rendez-vous clé le 31 janvier 2010. Les pays industrialisés devaient confirmer avant cette date butoir leurs objectifs de baisse de leurs émissions gaz à effet de serre tandis que les pays en développement devaient dévoiler leurs stratégies en vue d’une réduction. Force est de constater aujourd’hui que ce rendez-vous a encore était manqué. Seul le Japon s’est vraiment distingué en annonçant à l’ONU à New York, par la voix de son nouveau Premier ministre, une réduction de 25% de ses émissions d’ici à 2020 par rapport à 1990. L’UE a également confirmé son objectif de – 20% qui pourrait même passer à -30% en « cas d’offres comparables » des autres pays riches « et de contributions adéquates » des nations émergentes. Du côté de ces dernières, le Brésil, l’Afrique du Sud, l’Inde et la Chine (groupe Basic) se sont engagés dimanche 24 janvier à New Delhi, à communiquer rapidement leurs « actions volontaires ».

L’appel à l’aide des petits états insulaires

Plus radical, d’autres états, comme Lire la suite

Luc Ferry : « l’écologie est une affaire de bobos « 

lexpansion.com, Reuters/Charles Platiau, le 28 janvier 2010

Luc Ferry : « l’écologie est une affaire de bobos  »

Luc Ferry, philosophe, ancien ministre de l’éducation nationale, auteur du « nouvel ordre écologique » publié aux éditions Grasset en 1992

Pourquoi les classes populaires ne semblent pas aussi enthousiastes que les cadres à adopter un mode de vie estampillé vert ?

Il y a une réponse évidente, et une autre, qui l’est peut être moins. La réponse évidente, c’est que,  quand la vie est difficile, quand le pouvoir d’achat n’est pas ce qu’on espérait alors, les préoccupations touchant la  protection de l’environnement passent au second plan. Mais il faut, je crois, aller plus loin : à bien des égards, les enquêtes sociologiques le confirment largement, l’écologie est une affaire de « bobos », pour ne pas dire d’intellectuels. Pas exclusivement, bien entendu, mais assez largement quand même. Pourquoi ? Tout simplement parce que les questions touchant l’environnement sont à la fois globales et lointaines. Elles engagent une réflexion qui va loin dans le temps (les générations futures, l’état du monde en 2050, etc.) et dans  l’espace (c’est aujourd’hui l’entrée de la Chine et de l’Inde dans la mondialisation qui pose le plus de problème…). Or il n’est pas sûr que ces questions lointaines soient « populaires », d’autant qu’elles supposent souvent un haut niveau d’étude, notamment scientifiques…

Vous affirmez donc que l’écologie est un luxe de « riches » …

Oui, bien entendu et cela vaut d’ailleurs tout autant pour les individus que pour les nations. Il était totalement déraisonnable, et même absurde d’imaginer que la Chine et l’Inde allaient se passionner à Copenhague pour le climat ou la réduction des gaz à effet de serre. J’ai entendu maintes fois des écolos convaincus m’expliquer que « les chinois ne sont pas idiots ». Justement, c’est bien pour cela qu’à leurs yeux le développement est prioritaire. Un point de croissance en moins dans la Chine d’aujourd’hui, ce sont des émeutes sanglantes dans les mines ou ailleurs, et ce genre de considération est évidemment prioritaire. Voilà pourquoi nous avons eu tout faux à Copenhague : il fallait réfléchir tout autrement que notre gouvernement ne l’a fait : il fallait, non pas essayer d’obtenir que les nouveaux entrants signent un traité, encore moins nous infliger une absurde taxe carbone, mais au contraire investir à fond dans la recherche scientifique permettant de vendre au reste du monde des modes de consommation moins dévastateurs. Là est notre vraie carte à jouer, à nous les Européens, et certainement pas dans un bras de fer aussi ridicule que perdu d’avance avec les Chinois et les Indiens. Je crois que nos politiques ne comprennent rien à l’écologie.

Ce problème d’équité sociale ne risque-t-il pas d’entraîner à terme un rejet des politiques écologiques ?

Oui, vous avez raison, et on le voit bien avec la taxe carbone qui, Lire la suite

On a perdu de vue que notre existence est fondée sur les systèmes vivants

liberation.fr, Eliane Patriarca, le 13 janvier 2010

 «On a perdu de vue que notre existence est fondée sur les systèmes vivants»

Alors que commence l’année de la biodiversité, l’écologue Robert Barbault rappelle sa fragilité :

Lancée officiellement à Berlin lundi par l’ONU, et en France hier à l’Unesco, l’Année internationale de la biodiversité, destinée à mobiliser la communauté internationale, répond à un échec : en 2002, lors du Sommet de la Terre de Johannesburg, les pays membres avaient promis d’enrayer l’érosion de la diversité biologique «d’ici à 2010». L’engagement est resté un vœu pieux. Selon l’Union internationale de conservation de la nature (UICN), un tiers des espèces animales et végétales connues sont menacées d’extinction, à un rythme environ 1 000 fois plus élevé que le taux naturel de disparition, alors même que nous n’avons identifié que 1,8 million d’espèces sur environ 13 millions.

Pourquoi néglige-t-on ce réservoir de ressources essentiel pour le développement des sociétés humaines ? Pourquoi la question du climat sature-t-elle le débat écologique ? «La perte de la biodiversité n’est pas comme le changement climatique dont nous pouvons voir et sentir les impacts (augmentation du niveau de la mer, des tempêtes…), souligne l’UICN. Dans le monde occidental, nous sommes devenus si éloignés de la biodiversité que nous avons oublié à quel point nous l’utilisons dans nos vies quotidiennes, depuis la nourriture jusqu’à nos vêtements, en passant par les médicaments.» Directeur du département Ecologie et Gestion de la biodiversité au Muséum national d’histoire naturelle, Robert Barbault estime que la question de la biodiversité est encore plus complexe que celle du climat.

Quand le mot biodiversité a-t-il été forgé ?

A la fin des années 80, par des biologistes de la conservation qui s’inquiétaient de la disparition des espèces et du peu de cas qui en était fait. L’un d’eux a suggéré le terme «biodiversity» pour désigner l’ensemble du tissu vivant de la planète, tout le réseau de la vie sur Terre. L’entomologiste Edward Wilson l’a repris et propagé comme un drapeau pour attirer l’attention sur cette cause. Le mot est vraiment venu au monde avec le sommet de la terre à Rio de Janeiro en 1992.

On parle de sixième grande crise d’extinction. Y a-t-il consensus parmi les scientifiques ?

Le consensus existe sur l’accélération du taux d’extinction. Mais la communauté scientifique n’est pas unanime sur le fait de parler de sixième grande crise d’extinction [par référence aux cinq recensées au cours des 600 millions d’années écoulées, ndlr]. Les paléontologues, notamment, rappellent que la crise qui a vu s’éteindre les dinosaures, par exemple, s’est étalée sur des centaines de millions d’années. La crise actuelle va beaucoup, beaucoup plus vite. Autre grosse différence : c’est l’homme qui est à l’origine de cette crise et il n’a pas envie de disparaître !

Par quoi la biodiversité est-elle menacée ?

La destruction des milieux et des habitats (déforestation, morcellement du paysage, agriculture intensive) ; la prédation ou la surexploitation de certaines espèces ou ressources ; les invasions d’espèces exotiques, et le Lire la suite

Edgar Morin : Tout est à repenser

fautedemieux.over-blog.com, Edgar Morin, Propos recueillis par WILLIAM BOURTON dans le Soir du samedi 2 janvier 2010

Le point de vue d’Edgar Morin, philosophe et sociologue.

Tout est à repenser

Pouvez-vous nous dresser un bref état des lieux de la situation actuelle du monde ?

Pour dresser ce diagnostic, il convient de considérer la période qui s’est ouverte en 1989, avec l’implosion de l’Union soviétique et la mondialisation de l’économie libérale. Ce processus d’unification technique et économique du globe s’est accompagné d’énormes dislocations. Ainsi, la guerre de Yougoslavie a montré qu’une nation, qui était presque constituée, a éclaté en fragments, chacun sur une base ethnique et religieuse. On a vu d’autres exemples depuis. L’unification par l’« occidentalisation » a provoqué en réaction des replis sur des racines identitaires.

Par ailleurs, on est entré dans une période d’une telle incertitude que la croyance générale au progrès historique s’est effondrée à l’ouest, à l’est, et au sud. Dès lors que le futur est perdu et que le présent est angoissé, on retourne aux racines, c’est-à-dire au passé. Un passé qui, hier encore semblait un tissu de superstitions et d’erreurs, devient la vérité.

Dans ce climat de dislocation, où se multiplient les haines et les rejets d’autrui, le vaisseau spatial Terre est emporté avec une vélocité extraordinaire par trois moteurs incontrôlés : la science, qui produit des armes de destruction massive et pas uniquement des bienfaits ; la technique, qui permet l’asservissement pas seulement des énergies naturelles mais aussi celui des humains ; et l’économie qui ne recherche que le profit pour le profit. Voilà dans quoi nous sommes en effet emportés.

Alors, que s’est-il passé en 2009 qui pouvait susciter de très grandes espérances ?

L’accession, totalement inattendue quelques mois plus tôt, d’Obama à la présidence de la plus grande puissance du globe. Voici un homme de bonne volonté, un homme qui possède une véritable culture planétaire de par ses origines et de par ses expériences, un homme qui a une conscience claire des problèmes, manifestée dans ses discours… Et qu’est-ce qui s’est passé jusqu’à présent ? Partout l’impuissance. Incapacité d’opérer une pression même minime sur Israël pour stopper la colonisation, incapacité de pouvoir traiter le problème afghan, impuissance au Pakistan, aggravation de la situation en Colombie et au Venezuela, en Amérique latine. Partout, sont apparues les limites à cette action de bonne volonté. Ces limites signifient que le monde est arrivé dans un état régressif. Il y a dix ans, peut-être Obama aurait-il pu réussir. Mais désormais, on voit très bien que son avènement, qui était une chance pour l’humanité, n’a pas produit ses promesses. Non pas par la défaillance d’un homme mais par l’ensemble des conditions dans lesquelles il se trouve enfermé.

Un tableau plutôt sombre…

Nous continuons, à mon avis, la course vers l’abîme. Car les probabilités sont que ce processus va vers des catastrophes multiples. Il ne s’agit plus seulement des menaces de guerres et d’emploi d’armes nucléaires, qui se sont multipliées, mais aussi de la dégradation de la biosphère et du problème du réchauffement climatique, de la crise économique, provisoirement jugulée, mais qui a révélé que cette économie mondiale ne subit aucun contrôle sérieux. De plus, nous n’arrivons pas encore à la prise de conscience du cours catastrophique qui nous permettrait de réagir contre lui.

Pourtant, par rapport à la prise de conscience environnementale, il y a eu le sommet de Copenhague…

Pour la première fois, l’ensemble des nations du globe se sont en effet réunies pour prendre des mesures contre un des périls écologiques majeurs : le réchauffement climatique. Mais, on l’a constaté, la solution est très difficile. Pourquoi ? D’abord parce qu’il faut un consensus d’un très grand nombre de nations. Deuxièmement parce qu’on voit bien que les pays riches et dominants ont tendance à vouloir faire payer une grosse note aux pays en voie de développement, lesquels refusent de se soumettre et demandent aux premiers de faire l’effort eux-mêmes. Prenez la question des énergies. Il est souhaitable que les énergies vertes – solaires, éoliennes, etc. – se répandent en Afrique ou en Asie, mais cela signifierait un don des pays développés que ceux-ci, pour le moment, n’ont pas l’intention d’envisager.

Copenhague a donc traduit une certaine prise de conscience, mais insuffisante. Le grand problème de la conscience, c’est toujours son retard sur l’événement. Il faut un certain temps pour comprendre ce qui s’est passé. Par rapport aux dangers sur la biosphère, l’alerte a été donnée en 1970, avec le rapport Meadows (première étude importante soulignant les dangers écologiques de la croissance économique et démographique, demandé à une équipe du Massachusetts Institute of Technology par le Club de Rome). Entre 1970 et 2010, il y a bien entendu eu le sommet de la Terre de Rio (1992), il y a eu la conférence sur le réchauffement climatique de Kyoto (1997), mais ces rencontres étaient toujours en retard sur la gravité de l’événement. Car en quarante ans, le monde a connu une série de catastrophes écologiques.

Dans ce contexte, la globalisation, qui dans un sens est la pire des choses, pourrait également se révéler la meilleure car, pour la première fois, il y a une interdépendance de tous les êtres humains, une véritable communauté de destin qui peut faire de nous de véritables citoyens de la planète. Mais à condition que l Lire la suite

Serge Latouche : La logique de croissance infinie repose fondamentalement sur la destruction de l’environnement

sudouest.com, Serge Latouche, propos recueillis par Sébastien Darsy, le 17 Janvier 2010

L’ENTRETIEN DU DIMANCHE. Pour l’économiste Serge Latouche, la « religion » de la croissance économique condamne inexorablement le monde au chaos, au profit d’une élite planétaire

Serge Latouche : « La logique de croissance infinie repose fondamentalement sur la destruction de l’environnement ».

Vivre mieux avec moins

 « Sud Ouest Dimanche ». Comment définissez-vous la croissance économique, notion qui importe tant aux dirigeants politiques ?

Serge Latouche. Il convient de distinguer la croissance avec un « c » minuscule, celle, quantitative de tel ou tel produit, et la croissance économique avec un « C » majuscule dont parlent les journaux et les hommes politiques, et que je définirai comme une véritable religion. C’est-à-dire un système qui est fondé sur la nécessité d’une croissance infinie et illimitée. Au fond, la croissance est un autre mot pour désigner le capitalisme. L’essence du capitalisme, tel que le définissait Marx, c’est la logique d’accumulation sans limites.

D’où l’importance du produit intérieur brut (PIB), qui mesure l’augmentation de la production de biens marchands…

C’est un indice fétiche supposé mesurer le bien-être dans les sociétés humaines, ce qui est une imposture. Il est intéressant de remarquer qu’il s’agit d’un produit intérieur « brut » et non pas « net », qui déduirait les dégâts engendrés sur l’homme et la nature par le processus de croissance.

Pour éviter l’épuisement des ressources naturelles, vous faites le pari de la décroissance. Faut-il comprendre que cette notion est le contraire de la croissance ?

Pour être tout à fait rigoureux, il conviendrait de parler d’acroissance, comme on parle d’athéisme, pour devenir des athées de l’idéologie de l’accumulation illimitée.

Quelles seraient donc les caractéristiques d’une société qui entrerait en décroissance ?

Alors que nous avons une seule société de croissance, il y aurait une infinité de sociétés de décroissance. La société de croissance a détruit tout autre forme de société : c’est ce qu’on appelle la mondialisation. Si l’on sort de ce monde unidimensionnel, on ouvre à nouveau l’espace à une diversité.

Toutes les sociétés qui ont duré ont été raisonnables en sachant vivre en harmonie avec leur environnement, ce qui implique nécessairement une certaine sobriété sans pour autant se priver des bonnes choses de ce monde : on peut boire une bonne bouteille de vin car le vin est renouvelable ! Faire des centrales nucléaires et des fusées interplanétaires, voilà qui n’est pas raisonnable…

Encore faut-il définir concrètement un projet de société. Or, il existe plusieurs formes de décroissances plus ou moins modérées…

La décroissance doit avant tout prendre la forme d’une société de sobriété choisie : elle doit être à la fois soutenable et équitable. Les sociétés sobres sont moins inégalitaires que la nôtre : comme le dit Hervé Kempf, ce sont les riches qui détruisent la planète (1). Les ressources étant limitées, il faut partager les richesses : vivre mieux avec moins est la base de la décroissance, qui doit être un projet attrayant. Mais les droits de chacun à exploiter les richesses naturelles doivent être limités. Il convient d’empêcher les riches de Lire la suite

Une autre pédagogie de l’environnement, par Chantal Jouanno

lemonde.fr, Chantal Jouanno, secrétaire d’Etat chargée de l’écologie. le 8 janvier 2010

Quelle nouvelle taxe carbone en 2010 ?

Une autre pédagogie de l’environnement, par Chantal Jouanno

Instaurer une contribution carbone est une réforme historique et donc délicate. Inciter à de nouveaux comportements écologiques et corriger notre fiscalité qui pèse tant sur l’emploi et si peu sur la pollution n’est pas une mince affaire.

Le président de la République a pris cet engagement car nous devons sortir d’un système périmé. Face aux réalités démographiques, nos ressources, notamment énergétiques, ne sont plus illimitées, et surtout nous devons laisser une planète vivable. L’enjeu n’est pas tant de préserver l’environnement que l’homme, c’est-à-dire le potentiel de développement pour nos enfants et la cohésion de nos sociétés. Ne nous y trompons pas, les sociétés à venir n’auront plus le luxe de supporter les excès.

Notre responsabilité d’homme ou de femme politique est d’assumer cette réalité. Nous n’avons pas de droit à la lâcheté. Or non seulement ce nouveau modèle de développement est nécessaire, mais il est porteur d’espérance. Au-delà du progrès technologique, la réponse à la crise du climat se trouve dans le progrès de nos comportements et de nos modes de vie. Pour la première fois, nous nous sentons responsables des conséquences de nos actes à l’autre bout de la planète et pour nos enfants.

Or la fiscalité est un outil efficace et juste pour susciter et accompagner ce changement de comportement. Efficace, car cette contribution est une forme de bonus-malus climat. Chaque euro est redistribué aux ménages selon une éthique simple : seuls les excès sont coûteux ; par contre, la vertu des économies d’énergie est récompensée. Pour les entreprises, l’enjeu est de basculer d’une fiscalité pesant sur les investissements, la taxe professionnelle, à une fiscalité pesant sur la pollution.

Et cette efficacité ne dépend pas du niveau initial de cette taxe, mais de l’annonce de sa progressivité qui incite chacun à faire les bons choix pour l’avenir. Juste socialement, car le « chèque vert » est proportionné à la taille de chaque foyer et à sa situation géographique, notamment pour les ruraux. Dans tous les cas, une commission verte indépendante, dans laquelle seront représentées différentes tendances politiques, sera chargée d’en proposer les ajustements et améliorations. Ayons la modestie de considérer que toute innovation est perfectible. Le défi écologique s’accommode mal de la prétention des certitudes.

Le Conseil constitutionnel n’a pas contesté le principe de la contribution carbone, ni ses modalités de compensation. En revanche, il considère que ce système doit être étendu aux grandes entreprises couvertes par le système européen de quotas d’émission de CO2. De nombreux juristes et économistes Lire la suite

En 2010, construisez votre maison en terre et sauvez la planète

bastamag.net, Agnès Rousseaux, le 24 décembre 2009

En 2010, construisez votre maison en terre et sauvez la planète

Construire une maison en terre ? A l’encontre des idées reçues, ce système de construction est possible pratiquement partout. La moitié de la population mondiale vit dans une habitation en terre crue et non en béton. Ces bâtiments sont écologiques et quasiment inusables : certains sont encore debout après des millénaires. Alors, la terre, une ressource pleine d’avenir ?

Construire une maison de terre, ce n’est pas une lubie alternative de salon écologique. La moitié de la population mondiale vit dans des habitations en terre crue. Une tradition tombée en désuétude après 1945 dans les pays riches. « C’est un oubli paradoxal. En France, 15 % du patrimoine architectural est en terre crue  », souligne Romain Anger, chercheur au laboratoire CRATerre de l’École nationale supérieure d’architecture de Grenoble. Les maisons à colombage du Nord de la France sont, par exemple, constituées d’ossatures en bois remplies de terre. En Rhône-Alpes, 50 % des habitations sont construites en terre, selon la technique du pisé. « La norme était de construire avec ce qu’on avait sous les pieds. C’est la logique de la Muraille de Chine : là où le sol est en terre, la muraille est construite en terre. Lorsqu’il y a de la pierre, le matériau principal est la pierre. Comme un caméléon, la construction change de nature selon l’environnement ». Une réalité aujourd’hui oubliée en France, où on préfère transporter des matériaux sur de grandes distances.

Relocalisation des emplois et faible empreinte écologique

Aujourd’hui, dans la plupart des constructions, la terre est considérée comme un déchet. Elle est extraite des chantiers et transformée en collines artificielles reboisées. La terre est pourtant le matériau idéal. D’abord parce que c’est une matière recyclable sur place : les bâtiments détruits retournent à la terre, et celle-ci peut être recyclée indéfiniment. Elle ne subit pas de transformation chimique. La terre crue ne nécessite pas d’apports énergétiques pour la cuisson [1], elle est peu chère, et s’intègre dans le paysage.

Construire en terre, c’est aussi favoriser une relocalisation des emplois, puisque la production peut s’effectuer tout près des chantiers. Sans compter que la terre confère aux habitations un grand confort climatique grâce à son inertie thermique : elle garde une température constante, et écrête les pics de chaleur. Les constructions en terre crue ont une empreinte écologique proche de zéro ! Alors que la fabrication du ciment est à l’origine de 5 % des émissions de CO2 en France : la production d’une tonne de ciment correspond à une tonne de Co2 émis. Quand on sait que le secteur du bâtiment est responsable de 23 % des émissions (soit autant que l’industrie), construire en terre représente une alternative intéressante pour réduire les émissions.

Une ville durable vieille de 5000 ans

Construire en terre est une tradition ancestrale. Elle date sans doute de Lire la suite

Eco-développement – Villes en transition, l’expérience anglaise : Pour des villes moins dépendantes du pétrole

salades-nicoises.net, NC, le 4 janvier 2010

[Article plus complet sur le site d’origine]

Eco-développement : Villes en transition, l’expérience anglaise

Pour des villes moins dépendantes du pétrole

Voir en ligne : http://villesentransition.net

La dépendance de notre société au pétrole est grossièrement sous-évaluée. Un pétrole peu cher a entrainé des bouleversements énormes dans notre mode de vie ces trente derniéres années (nourriture, travail, mobilité, loisirs). Les trente prochaines seront source d’encore plus de changements a notre vie quotidienne.

40 % de notre nourriture est importée. Légumes, fruits et blé le sont a 85 %. Cette dependance sur des produits venus d’aussi loin n’est pas sans risque et a la merci de beaucoup d’aléas. Tout repose sur une chaine d’approvisionnement de plateformes logistiques régionales travaillant en flux tendu, avec peu de réserves et de lieux de stockage, par rentabilité financière. Une menace d’interruption de la chaine met tout de suite en péril l’approvisionnement alimentaire de la population, pouvant entrainer de graves pénuries, puis des troubles etc.

En 2000 durant la greve des routiers en Grande Bretagne, le patron de Sainsbury’s (l’equivalent du group Carrefour chez nous) a contacté dans l’urgence le premier ministre Tony Blair pour l’alerter que les reserves de nourriture de premiére necessité seraient epuisées en quelques jours.

Les supermarchés rationnerent pain, sucre et lait.

Aujourd’hui les réserves mondiales de matiéres alimentaires de première necessité sont au plus bas suite a plusieurs années de mauvaises récoltes et leur prix s’envole faisant l’objet d’une frénésie speculative par la communauté financiére. Cette année de nombreux pays exportateurs ont cessé de l’etre afin d’assurer leur propre souveraineté alimentaire ***.

Le pic pétrolier * c’est pour 2020 estime Fatih Birol économiste en chef de l’Agence Internationale de l’Energie **, les reserves mondiales ont passé un cap, le déclin de la production de pétrole est inéluctable.

En réponse à la double pression du pic pétrolier* et du changement climatique, quelques communes pionnières au Royaume Uni, en Irlande et ailleurs ont adopté une approche fédératrice et globale pour réduire leur bilan carbone et mieux se préparer aux bouleversements qui accompagneront le déclin de la production de pétrole dans les dix ans a venir.*

De la dépendance au pétrole à la résilience des communautés

Bristol (population 416 000 habitants) a été la première grande ville a financer une étude d’impact sur la vie locale ( transport, nourriture, santé, energie, economie, services publics etc) en cas de pic petrolier* et a en tirer des conclusions ( recherche d’autosuffisance alimentaire, relocalisation) pour preparer l’aprés-pétrole.

Bristol en Transition la première initiative d’échelle urbaine, met en réseau, inspire, forme, favorise et soutient les initiatives a l’echelle locale des quartiers et villages – Redland en Transition, Withywood en Transition, etc. – dans leurs propres Initiatives de Transition.

« Les villes en transition sont une manière concrète pour les individus d’agir sur le climat et le défi du pic du pétrole ». C’est ce qu’on appelle un « grassroots movement » mouvement d’autonomisation ** partant de la base, inversant la pyramide decisionnelle.

*Pic pétrolier

*************

Le pic pétrolier c’est en 2020, estimait Fatih Birol économiste en chef de l’Agence Internationale de l’Energie dans son rapport annuel 2008

(Créée en 1974 suite au premier choc pétrolier, l’AIE Lire la suite

Copenhague et Réseau Action Climat : pour conclure et poursuivre…

eco-en-campagne.effraie.org, Maxime Combes, le 3 janvier 2010

Voici la sixième et dernière newsletter qui revient sur les dernières mobilisations et premières déclarations / perspectives pour la suite. En attente de la traduction de la déclaration de Climate Justice Now !, elle a été finalisée aujourd’hui. Ce sera le dernier envoi sur cette liste dont les archives resteront disponibles.

La version .pdf ci-jointe comprend quelques photos. Elle est accessible en ligne ici

N’hésitez pas à la diffuser. A très bientôt sans doute.

Maxime COMBES 0624512944

maxime.combes@gmail.com
http://eco-en-campagne.effraie.org
Newsletter 6 – pour conclure et poursuivre…en vous souhaitant une bonne année.

Copenhague s’est transformé en Flop-enhague. Un premier retour rapide s’impose.

Les mouvements sociaux pour la justice climatique mobilisés jusqu’au bout

Après l’immense succès de la manifestation du 12 décembre, les coalitions Climate Justice Action et Climate Justice Now ont organisé l’action Reclaim Power du 16 déc. L’excellente vidéo du Guardian revient sur les différentes initiatives, à l’intérieur comme à l’extérieur, et leurs objectifs. La vidéo de CNN montre bien que la violence était principalement le fait des forces de polices. Ces quelques photos donnent à voir comment l’action intérieure a bousculé le train-train des négociations et celles-ci la détermination de la manifestation extérieure se rapprochant du centre de conférence. Pour Attac France, les mouvements sociaux avaient montré la voie. Selon Hervé Kempf, les militants du mouvement de la justice climatique tirent un bilan positif de leur mobilisation. Idem pour Nathalie Péré-Marzano, déléguée générale du CRID : Une mobilisation réussie à Copenhague, des messages clairs aux négociateurs.

Rappel : 1800 personnes ont été arrêtées pour « rien », d’après Bastamag, et une pétition est en ligne pour la libération de tous les « prisonniers climatiques » (la majorité sont aujourd’hui libérés, mais quelques-un-e-s restent poursuivi-e-s). Le 16 et 17 décembre, deux actions et une manifestation (2000 personnes) ont été organisées pour dénoncer l’exclusion des ONG et mouvements sociaux du centre officiel des négociations et exiger la libération des prisonniers. Des rassemblements ont été organisés devant les ambassades danoises, notamment en Espagne, Etats-Unis, etc…

Communiqués post-Copenhague :

Depuis la fin du sommet de Copenhague, les déclarations critiques des organisations ou réseaux internationaux ne cessent de se multiplier. En voici quelques-unes.

Déclaration de Climate Justice Now !, signable par les organisations (pour plus d’infos sur le positionnement de CJN !, voir cette conférence de presse, pendant les négociations, le 14 déc, au sein du centre officiel)

Attac : Copenhague ou le fardeau légué par les riches

Amis de la Terre Lire la suite

Pic du pétrole : conséquences et anticipations

contre-la-pensee-unique.org, NC, le 29 décembre 2009

Pic du pétrole : conséquences et anticipations

« Si dans nos climats l’industrie peut se passer de l’emploi direct de la chaleur solaire, il arrivera nécessairement un jour où, faute de combustible, elle sera bien forcée de revenir au travail des agents naturels. Que les dépôts de houille et de pétrole lui fournissent longtemps encore leur énorme puissance calorifique, nous n’en doutons pas. Mais ces dépôts s’épuiseront sans aucun doute : le bois qui, lui, cependant, se renouvelle n’est-il pas devenu plus rare qu’autrefois ? Pourquoi n’en serait-il pas de même un jour d’une provision de combustible où l’on puise si largement sans jamais combler les vides qui s’y forment ?[…] On ne peut s’empêcher de conclure qu’il est prudent et sage de ne pas s’endormir à cet égard sur une sécurité trompeuse ».

Augustin MOUCHOT Professeur et Inventeur Français en 1869

L’inévitable déclin

Et oui ! Le simple constat de l’évidence ne date pas d’hier, le professeur Mouchot cet ingénieur précurseur en matière de cuisson solaire en était déjà conscient. Abordons donc sereinement ce sujet brulant – la fin de l’abondance énergétique – bien que les conséquences (concrètement la fin du mode de vie a l’occidentale) de ce problème ne soit pour ainsi dire jamais évoqué de la part des politiques.

Malgré son importance dans notre quotidien, le thème de l’énergie occupe l’espace du débat public sans véritablement parvenir à éveiller l’intérêt de nos concitoyens. Le secteur reste très largement méconnu […]

Cela s’expliquent à la fois par la façon dont nous l’utilisons et par la façon dont nous la produisons : à la simplicité de notre consommation, s’oppose la complexité de sa genèse. L’énergie est présente en abondance dans nos foyers, prête à l’emploi ou facilement obtenue, mais elle est, dans le même temps, le fruit d’un savoir scientifique inaccessible et de gigantesques machines, aussi étranges qu’éloignées de nos centres urbains. Par ces deux aspects opposés, elle reste dans l’ombre des finalités de son emploi et échappe au questionnement social sur son essence, questionnement où les sciences humaines pourraient justement trouver leur place.

Aurélien Cohen Doctorant en philosophie au CETCOPRA Conférence du 17 avril 2008

Ce n’est pas pour autant que l’on n’a pas connaissance du problème, loin de là.  Dès 1956 la courbe en cloche de la production, telle que suggérée par M. King Hubbert représente assez fidèlement ce qui se profile actuellement. Loin de moi l’envie de vous ennuyer avec des diagrammes, mais si vous le désiré, prenez le temps de visionner cette instructive conférence d’Yves Cochet.

Ceci dit,  imaginez, ne serait-ce que quelques instants, les conséquences concrètes d’une hausse, drastique et exponentielle des prix du baril. Les transports, seront les premiers touchés. Songé aux dépenses faramineuses d’énergies dépensées dans l’agro-alimentaire, des milliers de kilomètres parcourus par votre nourriture pour ne citer qu’un exemple… viendra un jour, pas si lointain, ou la logique du monde globale s’écroulera sur lui-même.

«L’après-pétrole est le défi le plus important auquel l’humanité n’a jamais eu à faire face. La civilisation moderne nous a habitués à la consommation facile de confort et de biens matériels… tout ceci a pu être réalisé bien sûr grâce aux découvertes scientifiques et technologiques modernes… mais nous avons allègrement  » oublié  » que la mise en œuvre de masse a été rendue possible grâce à une énergie facile d’utilisation et massivement et facilement disponible, donc pas chère… Et nous avons fermé les yeux sur la question de savoir si ce pays de cocagne pouvait être perpétué indéfiniment…»

http://apres.petrole.online.fr

L’économie destructrice

Le paradigme quasi religieux d’une croissance infinie Lire la suite

Dominique Bourg et Kerry Whiteside : Pour une démocratie écologique

laviedesidees.fr, Dominique Bourg, Kerry Whiteside, le 1er septembre 2009, Toutes les versions de cet article : [English] Télécharger ce(s) document(s) :

Pour une démocratie écologique (PDF – 548.1 ko) par Dominique Bourg & Kerry Whiteside

Dossier Les défis de l’écologie

Pour une démocratie écologique

Notre consommation ne cesse d’augmenter et la planète est exsangue. Confier notre salut au progrès technologique et à l’économie relève de l’illusion. Car la solution est politique : c’est à la refondation de notre démocratie représentative qu’il faut tendre.

Nous partirons d’une hypothèse acquise pour les environnementalistes, mais dont la réception est mitigée dès qu’on sort d’un cercle restreint, soit pour des raisons d’ignorance, soit au nom d’une autre posture. Quelle que puisse être l’issue de la crise financière et économique actuelle, le monde où nous entrons sera profondément différent de celui que nous quittons. L’expression « inversion des raretés », parfois évoquée, caractérise assez bien le monde qui vient. À une population mondiale massive, quasiment 7 milliards et 9 au milieu du siècle, dotée d’un pouvoir d’achat et de capacités technologiques croissants, s’opposera une planète exsangue.

Il est probable que nous ne parviendrons jamais à extraire plus de 100 millions de barils de pétrole par jour alors que l’Agence internationale de l’énergie estime à 120 millions la production nécessaire en 2020. Nous aurons épuisé au début du siècle prochain l’héritage fossile de l’humanité avec un taux de croissance de la consommation annuelle de 2 %, alors que le rythme était encore de plus de 3 % ces dernières années [1]. À consommation constante, les réserves d’or, d’argent et de palladium s’élèvent à une quinzaine d’années ; elles se situent entre 15 et 30 ans pour le plomb, le cuivre ou le zinc. Nous provoquons la disparition d’un grand nombre d’espèces, les services écologiques que nous rendent les écosystèmes sont pour 60 % d’entre eux dégradés [2].

À quoi s’ajoute le changement climatique en cours. Avec une hausse d’un degré de la température moyenne, que nous atteindrons avant le milieu du siècle, c’est par exemple l’Ouest des États-Unis, du Texas au Dakota, qui pourrait redevenir ce qu’il fut il y a quelques millénaires, un immense désert de sable. La prochaine disparition de la banquise estivale arctique, dans une ou deux décennies, déplacera le front polaire vers le Nord. Il en résultera un changement non moins perturbant du régime des pluies, asséchant par exemple régulièrement et sur de longs mois l’Angleterre. Les ouragans qui ont fait leur apparition sur les côtes du Brésil et au Sud de l’Europe seront plus nombreux et pourraient s’étendre à la Méditerranée [3].

On peut toujours croire que le génie humain permettra, en dépit de ces conditions nouvelles et hostiles, non seulement de continuer à honorer les promesses de la fête industrielle, mais de les étendre à des centaines de millions de convives nouveaux. Qu’on nous permette d’en douter, en dépit des capacités indéniables du génie en question. Cette croyance repose en effet sur un raisonnement par induction relativement étroit. Certes, les exemples qui attestent de la capacité de sociétés à se sortir d’impasses ne manquent pas. Une déforestation précoce avait conduit la Londres du XIIIe siècle à se chauffer déjà largement au charbon ; un ingénieur anglais avait calculé au seuil du XIXe que le crottin de cheval devait atteindre à la fin du siècle le 1er étage des immeubles londoniens ; les révolutions vertes successives n’ont cessé de contredire Malthus. Ces exemples ne confirment qu’une chose : qu’il en est allé maintes fois ainsi, ce qui ne prouve nullement qu’il en ira toujours et systématiquement de la sorte. Le croire reviendrait à omettre trois choses.

La première est qu’il existe de nombreux contre-exemples, ceux recensés par Jared Diamond, comme Lire la suite

Déclaration de Climate Justice Now après Copenhague

climatjustice.org, Maxime Combes, le 19 Décembre 2009

Déclaration de Climate Justice Now après Copenhague

Vous trouverez ci-dessous une première traduction en français de la déclaration de Climate Justice Now après le sommet de Copenhague. Elle est en .pdf ici. La version originale en anglais et en.pdf est ici.

Déclaration du réseau Climate Justice Now ! sur les résultats de la COP15.

Pour que votre organisation signe cette déclaration, envoyez un email à Nicola Bullard n.bullard@focusweb.org

L’appel à « changer le système, pas le climat » réunit un mouvement mondial

L’accord pourri de Copenhague révèle un gouffre entre les revendications des peuples et les intérêts des élites.

La très attendue Conférence des Nations Unies sur le Changement Climatique de Copenhague a débouché sur un accord de dupes, manigancé par les USA et mis sur la table au dernier moment. « L’accord » n’a pas été adopté, mais a été « pris en note », une invention absurde conçue pour convenir aux USA et permettre à Ban Ki-moon de prononcer la ridicule déclaration « nous avons un accord ».

La conférence des Nations Unies a été incapable d’apporter des solutions à la crise climatique, pas même de dessiner des avancées minimales vers ces solutions. Au contraire, les négociations ont complètement trahi les nations appauvries et les états insulaires, et ont jeté les Nations unies et le gouvernement danois dans la plus grande confusion. Au cours d’une conférence dont un objectif central était de limiter les émissions de gaz à effet de serre, il a en finalement été très peu question. Les pays riches et développés ont à l’inverse continué à entraver toute négociation sur des réductions drastiques et contraignantes, préférant plutôt reporter le fardeau sur les pays les moins développés, et ne montrant aucune volonté de réparer les dégâts dont ils sont responsables.

La coalition Climate Justice Now !, aux côtés d’autres réseaux, s’est réunie à la COP15 derrière l’appel pour « changer le système, pas le climat ». La conférence de Copenhague sur le climat a quant à elle montré que les solutions réelles, par oppositions aux fausses solutions basées sur le marché, ne pourront être adoptées tant que nous n’aurons pas vaincu un système économique et politique injuste.

À Copenhague, les responsables de gouvernement comme ceux du business n’ont pas essayé de satisfaire les attentes du monde. Les fausses solutions et les multinationales ont complètement phagocyté le processus des Nations Unies. Les élites mondiales voudraient pouvoir privatiser l’atmosphère au travers des marchés carbone ; dépecer les forêts, brousses et prairies du monde entier en violant les droits des peuples indigènes et en s’accaparant les terres ; promouvoir des technologies à haut-risque pour « réparer » le climat ; remplacer les forêts véritables par des plantations arborées d’essence unique ; transformer les surfaces agricoles en puits de carbone, et, enfin, parachever la restriction et la privatisation des biens communs. En pratique, chaque proposition discutée à Copenhague était basée sur le désir de créer des nouvelles opportunités de profit plutôt que sur la volonté de réduire les émissions, jusqu’aux modestes financements qui risquent finalement de servir à payer les transferts de technologie à risque.

À Copenhague, les seules discussions sur des solutions réelles ont eu lieu dans les mouvements sociaux. Climate Justice Now !, Climate Justice Action et le Klimaforum 09 ont permis d’articuler des idées novatrices et tenté de diffuser ces idées dans la Conférence des Nations Unies par le biais de la « déclaration des peuples » du Klimaforum 09 et l’assemblée des Peuples « Reclaim Power » (ndt : « reprendre le pouvoir », mais aussi Lire la suite

Revue : Un nouvel Esprit écolo ?

ecolosphere.net, Philippe Colomb, le 24 décembre 2009

Un nouvel Esprit écolo ?

Laboratoire d’un certain modernisme progressiste, la revue Esprit découvre à l’occasion de Copenhague que l’écologie politique est l’avenir de la gauche. Une prise de conscience salutaire qui ouvre des chantiers prometteurs et dont on aurait tort de négliger l’importance.

Dossier « Retour sur Terre, retour à nos limites », Esprit décembre 2009, avec des articles de Nicolas Bouleau, Dominique Bourg, François Chérèque, Daniel Cohn-Bendit, Albert Levy, Olivier Mongin, Marc-Olivier Padis, Joël Roman, Edwin Zaccai.

Esprit, « Retour sur Terre, retour à nos limites »

Sommaire du numéro de décembre 2009 (sur le site de la revue).

Si l’on parle ici de ce dossier de la revue Esprit, c’est moins pour ce qu’il pourrait apporter sur le fond aux lecteurs et aux lectrices d’ecolosphere.net que pour ce que signifie une telle publication aujourd’hui. Depuis plusieurs décennies, en effet, Esprit est un lieu essentiel d’élaboration théorique pour la « gauche moderniste ». Antitotalitarisme et autogestion dans les années 70, deuxième gauche dans les années 80, acceptation de l’économie de marché dans les années 90 : cette revue a contribué à façonner la pensée « progressiste » et a toujours revendiqué un rôle actif d’influence des responsables politiques.

Aussi, quand Esprit, qui ne s’est pas beaucoup préoccupé d’écologie politique ces dernières années, consacre son dossier mensuel à ce thème, on est tenté d’y voir un signe important en terme d’évolution socio-politique et de regarder son contenu de plus près.

Articuler en trois parties (« la fin du modèle productiviste », « le déphasage de la gauche » et « la mondialisation freinée par le bas »), ce dossier frappe d’abord par la vigueur de son positionnement. Pas de green washing, pas de croissance verte ou de fascination pour les green tech, une critique franche des mécanismes économiques soi-disant vertueux : dès son article introductif, Marc-Olivier Padis dénonce les « fausses pistes de la croissance », et souligne que « contre la perspective d’un emballement ou d’un effondrement, il convient de se demander comment freiner la mondialisation par le bas, c’est-à-dire maintenir le jeu des échanges mondiaux tout en retrouvant le sens des limites ». Si la revue ne se revendique pas de la décroissance (bien que, pour la première fois en quatre ans, elle ait récemment signalé la parution du dernier numéro de la revue Entropia), ce dossier insiste néanmoins sur la nécessaire limitation de l’emprise humaine sur les biens naturels et négocie la sortie de l’imaginaire productiviste et consumériste.

Du point de vue qui nous intéresse ici, deux articles sont particulièrement intéressants. Tout d’abord, le double entretien avec Daniel Cohn-Bendit et François Chérèque. En soumettant l’euro-député et le secrétaire général à la même série de questions, on voit bien comment la revue tente de lancer un pont entre son histoire (la CFDT, dont elle a été très proche) et l’avenir qu’elle est en train de se choisir. Les divergences entre les réponses soulignent, évidemment, le chemin qu’il reste à parcourir pour pleinement articuler le discours de défense des droits des salarié-e-s et celui de la protection de l’environnement, mais ce double entretien permet aussi de tracer des pistes de convergences et de préciser les points de tension à travailler.

Mais pour nous, c’est évidemment l’article de Joël Roman qui retiendra le plus l’attention puisque, dès son titre, « L’environnement, un défi pour la gauche », il marque une forte intention Lire la suite

Le père Noël ne passera pas à Copenhague ! ou la gouvernance de l’échec

portaildurisque.over-blog.com, Michel Lesbats, le 23 décembre 2009

Le père Noël ne passera pas à Copenhague ! ou la gouvernance de l’échec

Dans les domaines de la gouvernance globale l’heure était à la remise en cause des modèles dominants : la « réalité » géopolitique, la force, l’économie devait être tempérées par l’écologie et le social au niveau mondial. De plus la crise financière récente  devrait nous inciter à prendre le virage. Le GIEC, MM. Gore et Obama ne venaient ils pas d’obtenir le prix Nobel de la Paix ?

Quelle occasion d’espérer que le monde progresse par « bifurcation » et se mette sur les rails du changement de mentalités et de comportements en se montrant exemplaire au niveau de la gouvernance mondiale. Même l’apparition récente des climato-sceptiques semblait être le dernier sursaut d’une société  « has been  » qui avait vécue et que tout le monde (en Europe) semblait vouloir abandonner.

Quelle erreur collective d’appréciation : il est d’actualité de dire que nous croyions tous au Père Noël– le sommet de Copenhague  a servi de plateforme géopolitique et économique aux hommes d’affaires et aux politiques qui les soutiennent… un G20  pour régler des petits problèmes entre amis, sans se préoccuper de l’intérêt général. Tout le monde, à quelques exceptions près, n’a vu que ses intérêts géostratégiques et s’est intéressé qu’à son « petit commerce » ! Les intérêts particuliers des Etats et/ou des marchands priment, une fois de plus, sur l’intérêt général : espérons que cela ne soit pas une fois de trop !

Quelle déception pour les peuples pragmatiques, quelle victoire pour les gouvernants et les affairistes dominants. La rationalité est désormais du coté des peuples éclairés puisque la diplomatie internationale (ONU) qui devait nous accompagner pour changer le monde a accouché d’une souris.

Les Grands de ce Monde ont désormais perdu toute crédibilité et attitude de rationalité aux yeux des Petits. Comment cela sera – il perçu et analysé dans quelques années par les peuples qui seront inévitablement touchés directement ou indirectement par le réchauffement climatique et ses cascades d’effets associés… cet échec va accentuer le nombre de morts et de réfugiés sur la planète… tout le monde le sait !

Le crime contre l’Humanité  pourrait se découvrir deux nouvelles modalités dans les années qui viennent : l’ « inconscience écologique » et la « délinquance écologique mondiale » qui va tuer des millions de personnes, des espèces de la biocénose et de nombreux écosystèmes qui les hébergent – cette modalité devrait permettre, à terme, de condamner les Grands de la  planète, y compris lorsqu’ils  «auront pêché par omission de prendre des décisions ».

Comment mobiliser et demander aux entreprises et aux citoyens français de consentir et d’accentuer les efforts en matière d’écologie sans les contraindre trop…  alors que d’autres vont ruiner ces efforts en quelques semaines aux Etats Unis, en Chine ou en Inde et que le comportement incontrôlé de ces derniers vont de toutes les façons nous précipiter vers la catastrophe ?

Pas mal d’argent et d’intelligence ont été gaspillé ces derniers temps pour mobiliser les « citoyens éclairés » et organiser le Sommet de Copenhague ; cela aurait été mieux utilisé à la prévention sur le terrain du drame humain qui se prépare.

Le Président Sarkozy lui même pensait que le sommet ne pouvait pas échouer parce que Lire la suite

« La lutte contre les inégalités est au cœur du sujet » ou l’insoutenable train de vie des riches

alternatives-economiques.fr, Guillaume Duval, Manuel Domergue, le 22 décembre 2009

« La lutte contre les inégalités est au cœur du sujet » ou l’insoutenable train de vie des riches

Les plus riches du Nord ont une responsabilité dans les désordres écologiques, qui va bien au-delà de l’impact direct de leurs gaspillages sur l’environnement. Par Guillaume Duval et Manuel Domergue, extrait du hors-série « L’économie durable », d’Alternatives Economiques.

« Le mode de vie américain n’est pas négociable« , assénait il y a près de vingt ans George Bush père, pour refuser de s’engager à limiter les émissions de gaz à effet de serre des Etats-Unis. Et ce mode de vie a servi de modèle au monde entier tout au long du XXe siècle. Mais aujourd’hui il est tout simplement incompatible avec les grands équilibres écologiques de la planète. Ce qui complique terriblement les choses pour en changer, c’est l’ampleur des inégalités qui se sont creusées depuis trente ans : la consommation de plus en plus purement ostentatoire des riches des pays riches continue en effet à entraîner la planète tout entière dans la dynamique du toujours plus de gaspillage. Pour pouvoir combattre efficacement le changement climatique et les autres menaces écologiques, il faut donc limiter drastiquement les inégalités.

En théorie, chacun des 6,5 milliards d’habitants de la Terre dispose d’un hectare et demi de ce qu’on appelle « l’empreinte écologique », c’est-à-dire la surface au sol nécessaire pour satisfaire ses besoins de base sans puiser dans les ressources non renouvelables de la planète. Mais, d’après les calculs, cette empreinte soutenable a déjà été dépassée depuis les années 1970, puisque chaque humain « consomme » en moyenne actuellement 2,7 hectares. Cette moyenne, déjà excessive, cache en plus de fortes disparités. Avec cinq hectares, un Européen consomme le double de cette moyenne. Mais il apparaît presque sobre par rapport à un habitant des Etats-Unis (9,5 ha) ou des Emirats arabes unis (9,6 ha).

Un exemple à ne pas suivre

Et ces moyennes nationales masquent elles-mêmes des disparités importantes. Les ménages les plus riches des pays riches sont en effet de très loin ceux qui consomment le plus, et donc ceux qui polluent le plus : des vacances à Bali sont plus énergivores que celles à la campagne, chauffer une maison de 200 m2 nécessite en moyenne plus d’énergie qu’un petit appartement, etc. Sans même parler de la consommation d’eau des parcours de golf d’un vert éclatant au mois d’août, ni des yachts, des jets privés et des hélicoptères dilapidateurs de carburant… Ces intuitions sont confirmées par les données publiées par l’Insee : les 10% des ménages les plus riches dépensent environ 2 000 euros par an en France pour l’énergie, contre 800 euros par an pour les plus bas revenus. De même pour la facture transports : les 10% les plus riches dépensent plus de 7 000 euros par an, contre moins de 2 000 pour les 10% les plus pauvres.

Est-ce si grave ? Les riches des pays riches ne constituent-ils pas finalement une goutte d’eau certes très visible, mais en réalité quantitativement insignifiante à l’échelle de la planète ? 793 personnes sur Terre possèdent plus d’un milliard de dollars et accumulent à elles seules 2 400 milliards de patrimoine en 2009 (classement Forbes). Néanmoins, le gros bataillon des riches est constitué de millionnaires, et rien qu’en Chine, on en compterait 450 000 cette année, selon le Boston Consulting Groupe. Mais la contribution la plus nocive des plus riches à la crise écologique tient surtout à leur fonction Lire la suite

Malgré l’échec de Copenhague, M. Sarkozy continue d’investir le terrain de l’écologie

lemonde.fr, Arnaud Leparmentier, le 21 décembre 2009

Malgré l’échec de Copenhague, M. Sarkozy continue d’investir le terrain de l’écologie

On continue comme avant. En dépit de l’échec de Copenhague, Nicolas Sarkozy veut continuer d’occuper le terrain de l’écologie en France. « Le président ne cédera pas d’un pouce sur les engagements qu’il a pris« , explique Franck Louvrier, conseiller en communication de l’Elysée.

Le chef de l’Etat recevra en début de semaine les associations environnementales et compte, selon M. Louvrier, prendre des « initiatives fortes », alors que de nouveaux rendez-vous sont attendus au printemps 2010 à Bonn, en Allemagne, et à la fin de l’année à Mexico. Il n’empêche, la France est menacée d’un « Copenhague-blues ».

« Il va y avoir un questionnement sur les politiques française et européenne qui avaient vocation à s’inscrire dans un espace mondial« , analyse la spécialiste de l’environnement, la secrétaire d’Etat Nathalie Kosciusko-Morizet. « Ces politiques ne perdent pas forcément de leur pertinence, mais doivent être réinterprétées. Soit l’on tombe dans les désillusions : le monde va dans le mur, allons-y gaiement sous la pression des industriels qui demanderont la levée des contraintes. Soit l’on persévère. Mais cela implique de poser la question de la compensation carbone aux frontières de l’Europe ou d’un espace plus vaste de pays décidés à lutter contre le réchauffement« , précise-t-elle.

Toutefois, la taxe aux frontières proposée par M. Sarkozy ne fait pas l’unanimité en Europe. Mme Kosciusko-Morizet déplore que l’Union européenne impose essentiellement des normes. Elle propose la création d’une politique de l’environnement intégrée, par exemple en matière de recherche.

« PERSÉVÉRANCE »

A l’approche des élections régionales de mars 2010, la droite veut capitaliser sur l’engagement écologique du chef de l’Etat. L’UMP oppose son « écologie populaire » qui lie environnement et croissance, à l' »écologie politique » des Verts, qui aurait reçu un camouflet. « On l’a bien vu à Copenhague, l’argument de la décroissance ne fonctionne dans aucun pays du monde« , estime M. Louvrier, qui conseille aux Verts de « faire un séminaire pour repenser leurs thèses ».

L’idée est de se différencier du parti écologiste après le coup de semonce reçu en septembre à Rambouillet, où les Verts ont failli gagner une législative dans une circonscription ancrée à droite. « Nous devons tenir notre discours sur la croissance verte créatrice d’emplois« , renchérit Mme Kosciusko-Morizet.

Il convient aussi de convaincre les Français qu’ils ne sont pas dispensés d’efforts. « L’Europe fait partie des grands pollueurs« , rappelle Brice Hortefeux, le ministre de l’intérieur. Le gouvernement ne remettra pas en cause l’introduction au 1er janvier de la taxe carbone, qui renchérira le prix de l’essence. « Les Français toucheront leur chèque Vert en février », affirme M. Louvrier.

Pour Hervé Mariton, « Copenhague est une invitation à la persévérance ». Le député de la Drôme, proche de Dominique de Villepin, estime que la politique de l’environnement doit Lire la suite

« On a oublié d’inviter la Terre à la conférence sur le climat »par Michel Serres

lemonde.fr, Michel Serres, philosophe, propos recueillis par Catherine Vincent, le 21 décembre 2009

« On a oublié d’inviter la Terre à la conférence sur le climat »

Professeur à l’université de Standford, Académicien, Michel Serres est l’un des rares philosophes contemporains à proposer une vision du monde qui associe les sciences et la culture. Dans son dernier essai en date, Temps des crises (éd. Le Pommier, 84 p., 10 euros), il retrace les bouleversements qui ont récemment transformé notre condition humaine, et soutient que la planète doit devenir un acteur essentiel de la scène politique. Nous lui avons demandé sa version du sommet de Copenhague.

Douze jours de négociations pour aboutir à un accord a minima : la montagne a accouché d’une souris. Pourquoi un bilan si décevant ?

Copenhague est à la géopolitique ce que les accords de Munich, en septembre 1938, ont été à la politique : un compromis lâche et dilatoire. Mais la comparaison s’arrête là. Si le sommet sur le climat a été un échec, c’est d’abord parce que mettre 192 personnes autour d’une table relève de la grand-messe plus que de négociations véritables. Le problème vient surtout de ce que ces 192 personnes sont des hommes d’Etat, dont la mission première est de défendre les intérêts de leur gouvernement et de leur pays. La politique, c’est son rôle, examine les relations humaines, fussent-elles conflictuelles.

Or, l’enjeu de Copenhague n’était pas les relations humaines, mais le réchauffement de la planète, la fonte des pôles, la montée des eaux, la disparition des espèces. Il s’agit d’un objet qui dépasse l’horizon classique du politique. Ce que montre avant tout le sommet de Copenhague, c’est que les limites du politique, au sens traditionnel du mot, sont aujourd’hui atteintes à un point sans précédent dans l’histoire.

L’échec était donc écrit d’avance ?

Il était en tout cas probable, et pour une raison simple : on a oublié d’inviter à Copenhague un partenaire essentiel, composé d’air, de feu, d’eau et d’êtres vivants. Cette absente, qui n’a encore jamais siégé dans aucun Parlement, je l’appelle la « Biogée », pour dire en un seul mot la vie et la Terre. C’est un pays dont nous sommes tous issus. Qui va représenter ce pays-là ? Quel sera son ambassadeur, quelle langue parlera-t-il ? Cela reste à inventer. Mais nos institutions ne peuvent plus désormais se contenter de jeux à deux. Le jeu de demain doit se jouer à trois : nous ne pourrons plus rien faire sans tenir compte de la Biogée.

Jouer à trois, que voulez-vous dire ?

Il y a un tableau de Goya, Duel à coups de gourdin, qui l’explique très bien. On y voit deux hommes se battre avec des bâtons. De ce jeu à deux, qui va sortir gagnant ? Quand Hegel met aux prises le maître et l’esclave, il donne le résultat de leur lutte (l’esclave devenant le maître du maître), mais il oublie de dire où se déroule la scène. Goya, qui est peintre, ne peut pas se permettre cet oubli, et il situe cette bagarre… dans les sables mouvants. A mesure que les deux hommes se tapent dessus, ils s’enfoncent ! Et voilà pourquoi le jeu à trois, aujourd’hui, devient indispensable.

Les hommes politiques peuvent continuer de gérer leurs conflits de façon stratégique, guerrière ou diplomatique : tant qu’ils oublieront de représenter la Biogée, ils s’enfonceront dans les sables mouvants. A Copenhague, j’aurais voulu que ce tableau soit au milieu de l’amphithéâtre !

« Si le climat était une banque, on l’aurait déjà sauvé », a ironisé le président du Venezuela, Hugo Chavez, durant le sommet. Que vous inspire cette remarque ?

Ce que souligne Chavez, c’est la suprématie qu’a prise l’économie dans la gestion de notre monde. Depuis cent cinquante ans, il est entendu, aussi bien par la gauche extrême marxiste que par la droite la plus pure, que l’économie Lire la suite

Planète : la société civile ne peut plus compter que sur elle-même, par Corinne Lepage

lemonde.fr, Corinne Lepage, vice-présidente du MoDem, présidente de CAP21, eurodéputée, le 22 décembre 2009

Planète : la société civile ne peut plus compter que sur elle-même, par Corinne Lepage

Tout d’abord, soyons clairs. C’est un échec sur toute la ligne et il n’y a même pas de quoi sauver la face. Il n’existe aucun accord puisque les 192 nations réunies à Copenhague n’ont fait que prendre acte d’un texte sans l’approuver. Il n’y a aucun accord puisqu’il n’y a aucun engagement. Aucun objectif précis dans la lutte contre le réchauffement climatique n’est fixé pour 2050, et a fortiori pour 2020. Et contrairement à ce qu’a annoncé le président Sarkozy, les trois annexes jointes au texte accepté par vingt nations ne seront pas remplies puisque aucun accord n’a été signé.

C’est un échec humiliant pour l’Europe puisque le président Obama, qui n’a pas été à la hauteur de son prix Nobel, a présenté ce pseudo-accord aux Européens après l’avoir négocié avec la Chine, l’Inde et le Brésil. Non seulement l’Europe s’est révélée incapable de parler d’une voix et d’avoir sa place, mais encore elle apparaît comme à la traîne, alors qu’elle est en réalité, parmi les pays industrialisés, la seule à avoir pour le moment réalisé des efforts concrets. Enfin, pour ceux qui, comme le président Sarkozy ou Gordon Brown, croyaient pouvoir endosser l’habit de sauveur de la planète, l’échec est encore plus retentissant.

Il est évident que tout ou presque est à recommencer. Personne – à commencer évidemment par tous écologistes sincères – ne doit se contenter de lancer des invectives et de désigner des responsables. Chacun doit repenser la stratégie pour ne pas laisser le champ libre aux fossoyeurs organisés de Copenhague et d’une partie au moins de l’humanité.

Eviter que ce fiasco se transforme en succès pour les climato-sceptiques, les pétroliers et autres lobbys – dont la cupidité, l’esprit de rentier, et pour certains le simple ego, l’emportent sur tout, y compris leur simple intérêt d’être humain, responsable, ne serait-ce qu’à l’égard de leur propre famille – à l’instar du patronat d’un grand pays industrialisé fêtant au champagne au Bella Center, vendredi soir, l’échec de la convention ou du premier ministre du Canada qui se dit très heureux de l’échec ? La réponse est dans la révolte, le refus de toute résignation et l’action organisée des citoyens et consommateurs.

Eviter que les débuts d’une économie verte, qui pourrait jouer un rôle majeur dans la transformation du monde, même si ce n’est pas la solution unique, ne se fracassent devant une incertitude des politiques publiques à venir ? La réponse est dans la responsabilité sociale des entreprises, le développement de la consommation responsable et les nouveaux comportements qui encourageront les entreprises dans cette voie.

Eviter que les engagements financiers à l’égard des pays en développement, à commencer par l’Afrique et l’Alliance des petits Etats insulaires (Aosis), même s’ils n’ont pas été formalisés dans un accord, soient oubliés, à commencer par l’Europe qui a besoin de redorer son blason. La réponse est dans le changement d’attitude à l’égard de l’Afrique, en particulier, pour rétablir la confiance en tenant à la virgule les promesses faites et en assurant réellement les transferts de technologie et la réalisation d’opérations concrètes.

Il est désormais clair qu’il n’est plus possible de faire confiance aux politiques, devenus des hommes d’affaires et non des responsables politiques, pour reprendre l’expression du président brésilien Lula, pour résoudre les problèmes du monde. Le court terme et les visions géostratégiques l’emportent sur le fondamental : notre survie.

Il restera de l’année 2009 que les dirigeants du monde ont été capables de sauver les banques et de leur allouer des milliers de milliards de dollars sans contrepartie, mais ont été incapables de mobiliser quelques dizaines de milliards de dollars pour éviter la disparition de zones entières, l’exode de millions de personnes, l’accroissement de la famine et de la pauvreté de millions d’autres ou les conséquences humaines des phénomènes extrêmes. Et même, puisqu’ils semblerait que cela soit la seule donnée qui compte, la perte de centaines de milliards de dollars, puisque c’est le coût du réchauffement, réévalué récemment par Lord Stern.

Il faut donc changer de gouvernance et le gouverneur Schwarzenegger l’a clairement exprimé. Ce n’est pas dans les couloirs de Washington, a-t-il affirmé, mais dans les grands mouvements sociaux, citant le mouvement des femmes ou de la résistance à la guerre du Vietnam, que se font les grands changements. Au fiasco de Copenhague, il faut opposer les réalisations présentées par les villes et régions, dans toutes les régions du monde qui, elles, changent le monde concrètement. Les technologies existent. Restent à trouver les financements en particulier dans le Sud.

La société civile ne peut désormais plus compter que sur elle-même pour assurer son avenir, et c’est cette gouvernance qu’il convient d’organiser. Notre qualité de consommateur doit être utilisée pour choisir en fonction de nos objectifs généraux. Et si la Chine décide de refuser des efforts et exporte son carbone en considérant qu’il doit être mis à notre débit, la réponse est simple : refusons ses produits et achetons-en d’autres fabriqués à proximité ou issus du commerce équitable. Ce que les politiques occidentaux n’ont pas été capables de faire, les consommateurs, s’ils le décidaient réellement, pourraient le faire.

De même, décidons d’encourager les entreprises socialement et environnementalement responsables en favorisant leurs produits au détriment des autres. Un mouvement de grande ampleur en ce sens est indispensable, et il ne pourra se faire qu’avec une alliance entre les grandes associations de consommateurs, les ONG oeuvrant pour le développement et celles qui agissent pour le climat. Il est indispensable que le monde de l’écologie au niveau national comme au niveau international fasse sa mue pour Lire la suite

Climat : qui est responsable du Flopenhague ?

sciences.blogs.liberation.fr, sylvestre Huet, le 21 décembre 2009

Climat : qui est responsable du Flopenhague ?

Qui est responsable du Flopenhague ? La question est posée dans nombre d’éditoriaux depuis ce matin, après le résultat de la COP-15 de Copenhague, et la réponse est souvent naïve.

Les méchants gouvernements n’auraient pas écouté les gentilles ONG environnementalistes. La solution au problème serait de les écouter plus à l’avenir, dans un système de gouvernement mondial miraculeusement compétent, honnête et n’écoutant que les impératifs du développement durable et l’intérêt des générations futures.

Cette vision relève plus des bisounours au pays des négociations mondiales sur le climat que d’une analyse lucide des raisons de leur enlisement actuel.

Comme l’affiche ci-dessus le suggère, le plus gros lobby ayant conduit Obama à la position minimaliste adoptée à Copenhague, c’est tout simplement… celui de ses électeurs. Et c’est pourquoi il ne suffit pas de rompre avec la brutalité d’expression de Georges Bush – l’auteur de «American way of life is not negociable» – pour rejoindre le bal des bons sentiments et des Yaka professés par la plupart des ONG. La grande majorité du peuple américain ne veut pas bouleverser en profondeur un mode de vie énergivore, n’entend ne le négocier avec personne, et c’est cela le « problème » – si problème il y a – d’Obama.

Si Hu Jintao ne veut pas de contrôle sur les émissions de son pays et refuse d’aller plus loin qu’une croissance des émissions inférieure à celle de son PIB, c’est que 200 millions de chinois ont les moyens d’acquérir une voiture et ont bien l’intention de le faire. Et les deux milliards d’être humains qui n’ont pas d’électricité aimeraient bien en avoir… or, elle se fabrique à plus de 60% avec du charbon et du gaz. Toute approche du problème ne partant pas du fait suivant : 80% de l’énergie consommée dans le monde – pour se nourrir, se loger, se chauffer, se déplacer, travailler et commercer – provient de combustibles fossiles, n’a aucune chance de déboucher sur des solutions efficaces. Dénouer le noeud gordien climat/développement constitue le point de passage obligé d’une politique lucide.

Qu’avions nous à Copenhague ?

► Des gouvernements de pays industrialisés et démocratiques – USA, Canada, Europe de l’Ouest, Japon… – contraints de reconnaître la solidité du dossier scientifique des climatologues. Mais incapable de construire un programme économique, technologique, mais surtout social voire culturel, susceptible de conduire à l’objectif des 80% de réduction de leurs émissions de gaz à effet de serre d’ici 2050. Le volet international d’un tel programme consisterait à une réorientation massive des investissements vers des activités peu ou pas carbonées, à l’aide d’encouragements (prêts à taux zéro….) pour ces derniers, et à des mécanismes défavorisants (prêts à taux élevés, taxes) les activités fortement carbonées. En l’absence de miracle technologique, un tel programme suppose en effet non seulement d’utiliser massivement toutes les technologies connues non ou peu émettrices de carbone, mais également de réduire des consommations, des activités, les importations massives d’objets fabriqués dans les nouvelles usines du monde, en Chine et ailleurs. Ou alors il faut remplacer les charters de retraités allant passer une semaine à Louxor ou Marrakech par des bateaux à voiles. Ces réductions d’activités ne seraient aujourd’hui pas acceptées par les électeurs, donc il faudrait choisir entre démocratie et bonne politique climatique si ce choix avait un sens.

La vérité, désagréable, c’est que même les leaders politiques ayant compris (si l’on en croit leurs discours) la direction à long terme, ne savent pas comment y parvenir… en restant au Lire la suite

Une économie durable ? Ce n’est pas gagné…

alternatives-economiques.fr, Guillaume Duval, décembre 2009

Une économie durable ? Ce n’est pas gagné…

L’économie peut-elle devenir durable ? On en est très loin pour l’instant, et notre capacité à y parvenir avant que l’humanité se soit fracassée sur les conséquences des désastres écologiques qu’elle a suscités paraît bien incertaine. Cela tient moins à la difficulté technique de la chose, bien réelle, qu’aux obstacles sociopolitiques qui s’opposent à toute réorientation rapide et massive de nos modes de production et de consommation. Car les actions à mener ont à la fois un coût élevé et un impact très fort sur la distribution des richesses et des positions sociales. De quoi heurter de puissants intérêts et remettre en cause bien des positions acquises. Dit autrement, réduire les inégalités du monde et de nos sociétés est à la fois une condition pour engager les réorientations nécessaires et, en même temps, une condition pour obtenir des résultats à la hauteur de l’enjeu.

Des outils à disposition

Les périls écologiques qui se sont accumulés depuis les débuts de l’ère industrielle sont colossaux. Dans le contexte de la conférence de Copenhague, il est beaucoup question actuellement du changement climatique et des moyens de le limiter. Et c’est bien normal: il s’agit incontestablement d’une des menaces à la fois les plus lourdes de conséquences et les plus difficiles à combattre, car pour être efficace, la lutte doit absolument être mondiale. Mais le climat est malheureusement très loin d’être le seul problème: les pénuries d’eau douce, la dégradation des sols, les pertes de biodiversité, l’accumulation des déchets toxiques dans notre environnement et dans les chaînes alimentaires…, nous n’avons que l’embarras du choix, alors même que la croissance de la population mondiale, bien qu’en net ralentissement, devrait se poursuivre encore jusqu’au milieu du siècle. Sauf guerre ou catastrophe sanitaire, pas totalement improbables dans le contexte actuel.

Pourtant on sait, dans une grande mesure, ce qu’il faudrait faire. Tout d’abord réduire rapidement et massivement l’usage des combustibles fossiles et des matières premières non renouvelables. Production d’énergie, transports, isolation des bâtiments…, on maîtrise déjà de nombreuses techniques pour y parvenir. Il y a une quinzaine d’années déjà, un rapport du Club de Rome intitulé « Facteur 4 » dénombrait toutes les technologies qui permettraient de diviser par quatre les consommations tout en offrant les mêmes services au final. Et encore, un de ses auteurs, Amory Lovins, du Rocky Mountain Institute, aux Etats-Unis, expliquait-il qu’à l’origine ce rapport devait s’appeler « Facteur 10 », mais qu’il avait été décidé de n’afficher « que » Facteur 4 pour ne pas effaroucher les incrédules… On sait également que si l’on consacrait à ces questions un effort de recherche et développement majeur, au détriment par exemple de celui consacré aux armes de destruction massives, nous serions en mesure d’élargir rapidement le champ des possibles.

Au-delà des technologies proprement dites, on sait aussi dans quelle direction il faudrait réorienter le système productif et les modes de consommation. Il faut emprunter la voie de ce qu’on appelle « l’écologie industrielle » ou encore « l’économie circulaire »: comme c’est le cas dans la nature, les processus de production que nous organisons ne doivent plus produire de déchets, mais Lire la suite

Changement climatique : Les psychologues se mobilisent aussi

courrierinternational.com, le 18 décembre 2009

Les psychologues se mobilisent aussi

La tendance actuelle à vouloir réagir face au changement climatique est certes liée à de nombreuses raisons économiques ou politiques, mais surtout à des facteurs psychologiques. Telle est la conclusion du Sydney Morning Herald à la suite des débats houleux qui ont précédé, en Australie et ailleurs, l’ouverture de la conférence de Copenhague.

La charge émotionnelle que les débats ont suscitée n’est pas si surprenante, commente le journal de Sydney. Les politiciens sont des hommes, et la nature humaine étant ce qu’elle est le plus grand blocage pourrait être ni économique ni politique mais psychologique.” Les sondages montrent que plus de 80 % des Australiens acceptent le fait que le changement climatique est dû aux activités humaines et que 70 % de la population souhaitent que les gouvernements lui donne la plus grande priorité. “Avec un tel consensus, on pourrait penser que nous sommes en alerte maximum ; que citoyens et élus sont mobilisés pour faire le nécessaire. Néanmoins, le soutien mondial à cette action a été décrit comme large de ‘1 km mais épaisse de 1 mm’”, regrette le SMH.

Qualifiée de “tragédie ordinaire”, la situation présente, où se mêlent inaction, inertie, incompétence et incompréhension, rappelle l’exemple qu’utilisait le sociologue américain Garrett Hardin pour commenter les ravages écologiques occasionnés par des bergers partageant les mêmes pâturages. S’ils ne pensent qu’à leur intérêt personnel en mettant trop de bêtes sur ces terres, les bergers détruisent les pâturages pour tout le monde, y compris pour eux-mêmes. “Des facteurs sociologiques œuvrent contre le partage des responsabilités. Des pays craignent de prendre trop de risques ; que le coût soit disproportionné ; que des ‘électrons libres’ évitent de faire quoi que ce soit. De telles craintes ont aboli la volonté politique d’agir face à une menace mondiale.”

Le Sydney Morning Herald mentionne les conclusions d’une étude que le groupe de réflexion Taskforce sur l’interface entre la psychologie et le changement climatique mondial a présentée, en août dernier, à la prestigieuse American Psychological Association (APA), indiquant qu’existent des obstacles encore plus fondamentaux, d’ordre psychologique, à cette action.

D’abord, il est plus difficile d’avoir peur de quelque chose qui se produira dans un futur éloigné. Le changement graduel de température de la planète n’est pas perçu comme un danger personnel imminent, donc son risque apparaît réduit ; on ne lui donne pas la priorité absolue parmi d’autres dangers, comme celui de perdre son emploi, par exemple.

Ensuite, nous sommes dans l’incapacité d’apprécier les effets du futur. En illustration de cette assertion, “des études ont montré que si l’on nous donne le choix entre prendre maintenant 50 dollars ou attendre six mois pour avoir 100 dollars, invariablement nous prenons les 50 dollars”. Ce n’est donc pas une surprise si l’on hésite à souffrir un peu maintenant pour un bénéfice qui n’apparaîtra que dans quelques décennies.

La Taskforce relève aussi que lorsqu’il y a incertitude, les individus ont tendance à hésiter ou ne pas agir du tout. “Tout climatologue sérieux n’hésitera pas à dire qu’il reste un certain niveau d’incertitude quant au changement climatique. Et ceux qui déclarent qu’il n’y a aucun problème – une minorité mais qui trouve un écho dans le public – exploitent cette incertitude.”

Le groupe de réflexion trace également un parallèle entre l’inaction concernant le changement climatique et l’attitude de déni fréquemment adoptée quant aux effets du tabac sur la santé : il est plus facile Lire la suite

Copenhague Dico, par Hervé Kempf

lemonde.fr, Hervé Kempf, le 19 décembre 2009

Copenhague Dico, par Hervé Kempf

Activistes : le mot sonne mieux que « militants ».

Afrique : doute d’elle-même.

American way of life : dépassé, dégoûtant ou décadent ?

Avenir : mieux vaut qu’il soit pris en charge par les citoyens que par des leaders sélectionnés par l’oligarchie.

Banques : elles vont bien, merci.

Bike Bloc : drôle, non violent, beau, insurrectionnel. Vive la Vélorution !

Capitalisme : désigné par certains comme la cause du changement climatique.

Chameau : « passe plus facilement par le chas d’une aiguille qu’un riche n’entre au paradis » ; selon Jésus-Christ, rapporté par Hugo Chavez, lecteur de livres.

Changement climatique : volet de la crise écologique globale.

Chine : lancée sur une voie sans issue. Freiner avant la catastrophe.

Consommation : toxicomanie.

COP 15 : 15e conférence des parties à la Convention-cadre des Nations unies sur le changement climatique. Frénétique.

Danemark : confortable.

Développement durable : roue de secours de plus en plus dégonflée.

Double contrainte : ou injonction contradictoire. Exemple : vouloir obtenir en même temps la croissance économique et la décroissance des émissions de gaz à effet de serre (cf. effondrement).

Effondrement : solution trouvée par un individu ou une civilisation pour sortir d’une situation prolongée de double contrainte.

Empreinte écologique : méthode de mesure discutable, mais beaucoup moins que celle du PIB (produit intérieur brut).

Espoir : Lire la suite

Copenhague : les trous béants d’un projet d’accord

mediapart.fr, Jade Lindgaard, le 18 Décembre 2009

Copenhague : les trous béants d’un projet d’accord

Si le projet d’accord de Copenhague ne permet même pas de limiter la hausse de la température au-dessous de 2 °C, alors à quoi sert-il ? C’est l’interrogation explosive formulée dans une note confidentielle du secrétariat de la convention de l’Onu sur le climat – les organisateurs de la Cop 15 – révélée par Mediapart jeudi après-midi. Même si les pays respectent les objectifs qu’ils se sont fixés de réduction de leurs émissions de gaz à effet de serre, la hausse de la température mondiale risque d’atteindre 3 °C.

Cette note est un désaveu cinglant. Elle met à bas l’une des principales bases des négociations climatiques: comment faire pour que les émissions de CO2 provoquées par l’activité humaine ne réchauffent pas la température mondiale de plus de 2 °C. Le Giec avait conçu des scénarios de l’évolution du climat. Les récentes données de l’agence internationale de l’énergie que cite la note interne de l’Onu les radicalisent : les objectifs de baisse de 25% à 40% des émissions de gaz à effet de serre, pour les pays industrialisés, et de ralentissement de 15% à 30% pour les pays en développement, ne suffiront pas à empêcher de forts dérèglements climatiques. 

« Ce document prouve que l’accord qui se prépare à Copenhague nous mène à la catastrophe si personne ne réagit, a fait savoir Kumi Naidoo, directeur de Greenpeace International, dans un communiqué. Une augmentation de trois degrés signifie la dévastation de l’Afrique et l’effondrement probable d’écosystèmes dont des milliards d’êtres humains dépendent. » C’est un brusque retour au réel dans la bulle des négociations du Bella Center danois.

Jeudi soir, assis dans l’atrium encore bondé du Bella Center, le climatologue Hervé Le Treut, membre du Giec, illustre la portée des chiffres brassés quasi-mécaniquement depuis qu’ont débuté les négociations climatiques : « Si l’on passe à plus de 2 °C, cela ne veut pas dire que la planète va mourir, mais qu’on rentre dans un monde de plus en plus conflictuel, explique-t-il à Mediapart. Des conflits pour l’eau, l’alimentation, le maintien d’agriculture et de sylviculture durables… Plus on dépasse ce seuil de 2 °C, plus la nécessité de construire un système qui permette le vivre ensemble au niveau politique est important. Mais le danger de conflit dans les sociétés existe aussi si on passe à des mesures trop rapides, mal comprises. »

Cette analyse impressionne beaucoup plus que tous les effets de manche entendus jeudi 17 décembre à la tribune de l’Onu, en ce premier jour de sommet climatique avec les chefs d’Etat. « Quand on a fait des études de vulnérabilité, en particulier des écosystèmes, on se rend compte qu’à partir de 2 °C, l’évolution devient non linéaire, poursuit Hervé Le Treut. Il n’y a plus de proportionnalité entre la cause et les effets. On pourrait avoir des effets plus grands que la cause qui les crée. C’est une zone de danger. Ce n’est pas un chiffre absolu. C’est un seuil, une zone grise dans laquelle il ne faut pas pénétrer. »

Le drame de la conférence de Copenhague, c’est que le nez collé aux documents, les yeux rivés sur l’évolution des alliances diplomatiques, petit à petit les grands enjeux de la négociation sont perdus de vue. C’est la raison pour laquelle l’accord de Copenhague – s’il existe – s’annonce si décevant. En deçà des préconisations scientifiques.

Et il y a la bataille financière. Dix milliards de dollars chaque année Lire la suite

Harald Welzer : Les nouvelles guerres seront climatiques

mediapart.fr, Jacques Dubois, le 15 Décembre 2009

Harald Welzer : Les nouvelles guerres seront climatiques

Dans Les Guerres du climat, Harald Welzer, psychosociologue et quelque peu géopolitiste, poursuit ses investigations sur la violence de masse de l’époque moderne. Mais à celle-ci il donne une actualité particulière en l’inscrivant au cœur de la crise climatique que vit notre planète. En fait, pour lui, de nouvelles formes de guerre vont marquer le XXIe siècle, qui seront particulièrement destructrices et qui vont aggraver ce que Welzer nomme l’asymétrie de notre univers, celle des pays riches face aux pays pauvres.

S’il peut ainsi jeter le pont entre un désastre écologique, qu’il tient pour gravissime, et la violence, c’est qu’il considère le premier sous un angle résolument social — mais culturel aussi, ainsi qu’on verra. Et cela donne un ouvrage certes alarmant mais tout autant passionnant en ce qu’il renouvelle largement le discours écologique habituel. Donc à lire de toute urgence.

Welzer a pour thème de départ la violence de masse. C’est pourquoi il remonte à l’Holocauste ou encore aux génocides rwandais ou bosniaque. Il y allait déjà, note-t-il, de l’élimination d’excédents de population. Or, l’extermination des Juifs n’est pas à lire comme un « retour à la barbarie » mais avant tout comme le produit d’une haute technicité qui permet d’éliminer des milliers de personnes rapidement et, si l’on ose dire, proprement. Ce qui donne valeur paradigmatique à cette violence abominable. Mais ce qui la rend encore « exemplaire », c’est que la population allemande s’est progressivement accommodée de la disparition massive d’une de ses composantes. Cela s’est mis sans retard à aller de soi. Et de même pour les hutus s’accoutumant sans mal à massacrer des voisins tutsis avec lesquels leurs relations étaient bonnes jusque là. Donc violence massifiée par la technique, conjointe avec une accoutumance collective au pire. Voilà le modèle que les catastrophes climatiques vont relancer de plus en plus en notre siècle.

Ici il faut partir de la détérioration de l’écosystème : déforestation et désertification, raréfaction du sol et de l’eau, épuisement des ressources énergétiques, réchauffement généralisé. Conséquence inévitable : les pays qui sont les plus atteints, c’est-à-dire les pauvres, sont aussi les plus mal équipés pour trouver des solutions protectrices ou novatrices. Dès lors, des conflits pour la possession des biens rares surviennent forcément entre groupes différents à l’intérieur d’une même zone. Par ailleurs, les phénomènes migratoires vont se multipliant : des groupes se réfugient là où des ressources subsistent et se heurtent aux populations indigènes ; de l’autre et plus individuellement, un certain nombre de gens tentent d’accéder aux pays riches avec tous les aléas de l’aventure. Dans tous les cas se dessine un horizon de misère qui atteint désormais des États entiers. On estime que trente de ces pays, pour la plupart africains, sont en voie de disparition.

Pour ce qui est des conflits internes, le Darfour est emblématique des  guerres climatiques à venir et qui marqueront le XXIe siècle. Un des aspects de ces drames est la création d’un marché de la violence où les États ne sont plus guère en mesure de jouer un rôle. Y interviennent des armées régulières mal contrôlées, des groupes paramilitaires, des unités d’autodéfense, des « prestataires privés ». Beaucoup de ces soldats étant peu ou pas payés se rétribuent sur l’habitant. Et l’on sait ce que cela veut dire.

Quant aux mouvements migratoires vers les pays riches, Lire la suite

La trajectoire verte de Nicolas Sarkozy

lefigaro.fr, Charles Jaigu, le 16 décembre 2009

La trajectoire verte de Nicolas Sarkozy 

Le chef de l’État arrive ce jeudi à Copenhague, où se tient la conférence sur le climat. Depuis 2002, il s’est progressivement rallié aux idées écologistes.

C’était pendant la traversée du désert de Nicolas Sarkozy, il y a plus de dix ans. Sonné par la défaite de Balladur, le quadra du RPR avait du temps. Et, comme il le dira plus tard, il «prend conscience de ses manques». Un jour, il croise dans un mariage à Neuilly Allain Bougrain-Dubourg, le fondateur de la Ligue pour la protection des oiseaux. Le maire de la ville le salue d’un «vous savez je ne suis pas chasseur !» «Ça tombe bien, moi non plus», répond l’ancien compagnon de Brigitte Bardot et militant antichasse. Ce dernier lui explique que l’écologie n’a pas vocation à être le monopole de la gauche. Le propos intéresse Nicolas Sarkozy, qui lui demande de venir le voir. «Nous avons eu depuis de nombreuses réunions de travail.» Au menu : biodiversité, règne animal en péril. Nicolas Sarkozy papillonne autour de ces sujets désertés par la droite, mais il est loin, très loin d’avoir accompli sa mue. Il se montre simplement conscient que la droite doit élargir son spectre vers les sujets plus sociétaux.

En 2002, Claude Guéant devient son directeur de cabinet au ministère de l’Intérieur, et il demande à la toute jeune Chantal Jouanno de suivre les dossiers environnementaux. «J’étais l’emmerdeuse qui travaille sur les sujets considérés comme risibles», se souvient-elle. Ancien haut fonctionnaire au ministère de l’Environnement, Guillaume Sainteny se souvient d’ailleurs que le ministère de l’Intérieur restait «totalement indifférent à ces problématiques». Aujourd’hui Chantal Jouanno est devenue secrétaire d’État chargée de l’Écologie. Elle a été la première issue du cabinet de Nicolas Sarkozy à entrer au gouvernement. Quand elle se retourne sur la trajectoire verte du président, elle indique une date : le début du mois de janvier 2007, quand Nicolas Sarkozy, qui a accepté de signer le pacte de Nicolas Hulot, se présente devant un parterre de militants associatifs au Musée de l’homme, pour y lire un texte dont la durée a été limitée à dix minutes précises. Mais le candidat dépasse d’une minute le temps prescrit : il est sifflé par une partie de la salle. Il ressort ulcéré de ces mauvaises manières. Pourtant, selon Jouanno, ce fut un moment décisif : «Nicolas Sarkozy avait mal vécu la pression exercée par Hulot pour signer le pacte. Dans les coulisses ils se sont expliqués franchement, mais il a apprécié des vrais pros qui connaissaient leur sujet», explique la secrétaire d’État.

Sarkozy endosse donc le combat de Hulot, qui fut si longtemps celui de Chirac. Il y voit un intérêt politique – ne pas laisser Ségolène Royal coloniser cet espace politique. Et il y est sans cesse encouragé par une partie de son cabinet, dont Claude Guéant et Emmanuelle Mignon.

La rencontre avec Al Gore

Dans l’intervalle, Sarkozy fait la connaissance de Yann Arthus-Bertrand, lors d’un déplacement resté fameux en Guyane, où il est accompagné de Cécilia Sarkozy. Survol en hélicoptère de la marée verte des huit millions d’hectares de la forêt guyanaise. Le photographe lui parle beaucoup de l’importance capitale des forêts primaires. Message reçu : c’est devenu, au fil des rencontres, l’un des sujets de prédilection du chef de l’État. Le jour de son arrivée à l’Élysée, le 18 mai 2007, le premier hôte de Nicolas Sarkozy sera d’ailleurs Arthus-Bertrand. «On a découvert ensemble son bureau de président», avoue le photographe qui a renoncé au vote vert pour voter Sarkozy, encore tout étonné de voir le tout nouveau chef d’État essayer devant lui le fauteuil de Chirac, et ouvrir la fenêtre pour admirer la vue.

Dès les premières semaines de son quinquennat, Nicolas Sarkozy reçoit les grands experts en matière d’écologie, avant de lancer le Grenelle de l’environnement. Il voit l’économiste Nicholas Stern, auteur d’un rapport sur le péril climatique commandé par Tony Blair, ou Al Gore, alors en tournée de présentation de son film, Une vérité qui dérange, qu’il rencontre trois fois en 2007. «C’est à ce moment-là qu’il s’est forgé une vraie conviction», raconte Chantal Jouanno : «Il était devant des experts de renommée internationale, ce qui le sortait du débat politicien avec les Verts.» Ils lui expliquent alors, diagrammes à l’appui, que le réchauffement climatique actuel – plusieurs degrés en trente ans – n’a rien à voir avec le cycle interglaciaire classique qui s’étale sur 150.000 ans, objection classique des «climato-sceptiques de droite devenus aujourd’hui pro-Allègre», résume l’un de ses collaborateurs. «Sur l’environnement, Sarkozy est à 50% sincère et à 50% dans la stratégie politique», conclut Nicolas Hulot. «C’est lui qui a porté le paquet climat en Europe, c’est lui qui Lire la suite

Les ONG et l’alerte écologique

laviedesidées.fr, Sylvie Ollitrault, le 8 décembre 2009

Les ONG et l’alerte écologique

La préoccupation écologique semble aujourd’hui faire consensus. On en oublierait presque que ce sont des ONG, longtemps perçues comme marginales, qui les premières ont donné l’alerte et porté le mouvement pour la protection de la planète. Retour sur trente années de mobilisations qui ont changé les représentations.

La défense de l’environnement appartient à la catégorie de ces grandes causes mondialisées comme la lutte contre les discriminations ou la promotion des droits de l’homme. Ce qui se joue à Copenhague relève d’un agenda international qui réunit les représentants des gouvernements, les experts internationaux et les organisations non-gouvernementales (ONG). Le rôle de ces dernières en matière de protection de la planète est complexe ; toutefois, depuis l’origine, le cœur de leur action consiste à informer l’opinion publique et à diffuser l’idée que les enjeux environnementaux réclament des décisions d’urgence. Il s’agit pour elles d’alerter l’opinion, de souligner les paradoxes des politiques publiques internationales – notamment les écarts de conduite des États.

Cependant, à l’occasion de cette conférence, on peut constater que les ONG ont peu renouvelé leur répertoire d’action collective, c’est-à-dire les manières et les mises en scènes permettant de porter la plainte ou de défendre un intérêt (en l’occurrence, la défense de l’environnement). Si le scénario est si bien réglé que les acteurs ne font pas preuve d’inventivité, c’est que les organisations sont de véritables professionnelles de la contestation et que leur savoir-faire militant est extrêmement bien rôdé.

Dans la galaxie des contestataires écologistes, certains groupuscules affectionnent l’action directe sans pesanteur organisationnelle (anti-pub, antivivisection, etc.), d’autres réseaux d’obédience anarchiste et antimondialisation peuvent choisir des modes de vie radicalement alternatifs (squatt, retour à la nature). Les partis politiques écologistes, quant à eux, impulsent de nouvelles orientations, relaient des préoccupations notamment environnementales. Tous ces acteurs interagissent, parfois se connaissent, se croisent au moment des grandes mobilisations fédératrices. Néanmoins, les ONG ont un profil tout à fait singulier et incontournable au niveau des négociations internationales. Tour à tour expertes mandatées par les institutions internationales (onusiennes) ou agitatrices maniant l’arme de la mobilisation de l’opinion publique, certaines savent jouer des deux registres tandis que d’autres, en raison de leur histoire, excellent dans l’un plutôt que dans l’autre. WWF, Sierra Club ou IUCN sont reconnus par leurs travaux d’expertise sur les questions de protection, tandis que Greenpeace ou Les Amis de la Terre ont une image de trublion qu’elles utilisent à dessein. Le paysage français de la défense de l’environnement à un niveau planétaire s’est trouvé, depuis le milieu des années 1990, transformé par l’action locale de ces ONG, nées outre-Atlantique, et par l’émergence d’un nouvel entrepreneur en mobilisation, Nicolas Hulot, qui reprend des registres d’action déjà éprouvés mais en y ajoutant son aura médiatique et son style personnel.

Au moment où commence la conférence de Copenhague, cet article se penche sur le dynamisme de la mobilisation écologiste qui, à force de persévérance, a réussi à imposer ses préoccupations sur les agendas internationaux. Les ONG, aux profils si variés, sont parvenues à impulser des orientations environnementales ambitieuses alors que les acteurs politiques locaux peinaient à exiger l’application de ces mesures internationales. Dans un contexte où les questions environnementales sont prises au sérieux par les opinions publiques nationales et où les bonnes volontés politiques s’affichent de toutes parts, les ONG doivent-elles renouveler leur positionnement ? En effet, de nouveaux acteurs se déclarent écologistes (entreprises) et d’autres se disent prêts à réformer dans ce sens (les dirigeants politiques). Par exemple, le style de la Fondation de Nicolas Hulot est-il Lire la suite

Climat : Dans les coulisses des lobbys pétroliers américains

novethic.fr, Béatrice Héraud, le 7 décembre 2009

Dans les coulisses des lobbys pétroliers américains

A l’occasion de la COP 15, France 4 diffuse le 9 décembre un documentaire aussi éclairant qu’inquiétant sur la façon dont les lobbys pétroliers ont influencé la position du gouvernement américain sur le climat pendant l’administration Bush. Alors que le « climategate » fait rage aux Etats-Unis, l’enquête de Paul Moreira nous donne des clés pour mieux comprendre le scepticisme des Américains.

Depuis quelques semaines, le « Climatgate » fait fureur aux Etats-Unis. Cette affaire, qui a finalement moins d’échos en France, est basée sur le piratage de 13 ans d’e-mails échangés par d’éminents scientifiques du Giec. Selon les « climato-sceptiques », ces conversations montreraient que ces climatologues ont cherché à « minimiser le déclin » des températures ces dix dernières années dans le but de renforcer la gravité du changement climatique. Outre-Atlantique, le buzz est tel que les Parlementaires républicains- et certains démocrates- brandissent l’argument du « doute » pour batailler contre le Plan climat d’Obama… A en croire les derniers sondages, ils sont d’ailleurs soutenus par une large frange de la population américaine : selon le Pew Research Center, ils ne seraient plus que 57 % à juger que les preuves du réchauffement sont solides et scientifiquement prouvées.

Pour comprendre pourquoi ces thèses ont tellement de résonnance aux Etats-Unis, le documentaire de Paul Moreira, « Enfumés », diffusé sur France 4, est particulièrement intéressant. Il montre comment les lobbys pétroliers, automobiles, énergétiques, etc, réunis dans ce que les écologistes appellent le « carbon club », se sont infiltrés au cœur même du gouvernement américain, faisant perdre 10 à la lutte contre la réduction des émissions de gaz à effets de serre. ExxonMobil aurait ainsi distribué près de 16 millions de dollars entre 1998 et 2005 à un réseau composé d’une quarantaine de think tanks et de lobbyistes. Si Exxon a ensuite commencé à admettre la réalité des changements climatiques, le retard qu’il a pris sur cette question a fait douter ses plus grands actionnaires. En mars 2006, 17 fonds de pensions américains contrôlant 110 millions d’actions de l’entreprise, avaient demandé à être reçus par le président du groupe pour évoquer sa stratégie sur ces questions.

Petit retour en arrière. En décembre 1997, au sommet de Kyoto, le vice-président Al Gore « prononce une phrase qui sonne comme une déclaration de guerre », commente Paul Moreira : «  Dans mon pays, nous nous souvenons des industriels du tabac qui nous expliquaient que fumer n’était pas mauvais pour la santé. A ceux qui vont chercher à faire obstruction à notre démarche, nous disons : nous ne vous laisserons pas mettre des intérêts privés étroits au dessus de ceux de toute l’espèce humaine… » Et pourtant, à son retour, le Congrès désavouera son engagement sur le protocole de Kyoto…

Les lobbys au cœur de l’administration

Mais c’est pendant les années Bush, où rappelons-le, au moins trois des dirigeants du pays – le Président lui-même, le vice-président Dick Cheney et la secrétaire d’Etat Condoleeza Rice- venaient de l’industrie pétrolière, que ces agents d’influence vont avoir la voie libre pour diffuser massivement leur thèse. Des lois aussi aberrantes que celle permettant Lire la suite

TCHAT avec Pierre Rabhi : Notre modèle de société va déboucher sur un dépôt de bilan planétaire»

liberation.fr, Pierre Rabhi, le 7 décembre 2009

«Notre modèle de société va déboucher sur un dépôt de bilan planétaire»

La conférence sur le climat sera-t-elle à la hauteur des enjeux? Le philosophe et agronome Pierre Rabhi, pionnier de l’écologie, n’y croit pas et propose des solutions pour protéger la planète. Il a répondu à vos questions.

Vrille. La crise économique pourrait-elle avoir un effet positif sur la crise climatique ?

Je crois que c’est abusif de donner le joli nom d’«économie», et incorrect. Ce que nous appelons économie n’est absolument pas de l’économie, puisqu’il s’agit du pillage généralisé de la planète. C’est-à-dire par cette croissance indéfinie sur laquelle nous avons fondé notre mode de gestion des ressources planétaires. Avant toute chose, il faut s’entendre sur ce qu’est l’économie, qui, pour moi, consiste d’abord à répartir équitablement les ressources entre les êtres humains.

Francoise. Cher monsieur Rabhi, mes respects et mon admiration. Voici ma question : comment décroître en France sans créer de chômage ?

Il faut se rendre à l’évidence : notre modèle de société, basé justement sur une vision erronée de la planète, ne pourra certainement pas se poursuivre sans aboutir à une sorte de désastre et de dépôt de bilan planétaire.

La décroissance doit être mise en perspective et graduellement organisée sur les bases d’un vivre ensemble fondé sur ce que j’appelle «la sobriété heureuse», un art de vivre fondé sur la modération. Cela passe, évidemment, par revoir nos comportements. Pour chacun de nous, au quotidien. Il faut aussi militer pour que le politique et l’économique soient révisés sur la base d’une réalité absolue. Nous ne pourrons pas continuer à appliquer le toujours plus sur une réalité planétaire limitée.

boudhinette@yahoo.com. La reforestation peut-elle avoir un impact contre l’effet de serre ?

Oui. Il est connu que la reforestation a des effets bénéfiques sur le climat. Cependant, cette reforestation devrait être précédée d’une réglementation drastique sur la destruction des forêts existantes. Il ne sert à rien de déforester d’un côté, et, de l’autre, prétendre corriger par la reforestation. En gros, cessons d’abord de déforester, et envisageons ensuite l’avenir avec la reforestation.

Kwami12. Pourquoi, selon-vous, la France est-elle aussi en retard par rapport à d’autres pays européens quant à la création de lieux de vie écologiques et solidaires (écovillages, etc.) ?

Je ne connais pas la raison pour laquelle il n’y a pas encore cet esprit ou cette réalité. L’avenir ne pourra pas être au chacun pour soi, ni à une urbanisation extravagante, comme nous en sommes témoins aujourd’hui. La question qui se pose, c’est: qu’allons-nous faire après que notre modèle de société, qui assure la survie des citoyens par des rémunérations et autres moyens, lorsque ce modèle arrivera à ses limites. Il faut absolument une politique Lire la suite

Xavier renou – Une idée à défendre : la désobéissance civile !

idee-jour.fr, le mardi 7 juillet 2009, par Xavier Renou

Une idée à défendre : la désobéissance civile !

Il y a près d’un quart de siècle, l’Europe passait en bloc au néo-libéralisme, à la suite des Etats-Unis. Vraies droites et pseudo-gauches renonçaient du jour au lendemain à leurs vieux habits keynésiens pour se convertir aux politiques dites du consensus de Washington : désinflation compétitive, dérégulation du crédit, des loyers, des taux de change et des marchés financiers, indépendance des banques centrales, politique de monnaies fortes, réduction du coût du travail, transfert massif des revenus vers le capital, sous-traitance et libre-échange imposés ou généralisés, privatisation ou démantèlement progressif des services publics… Avec pour résultat une explosion de la nouvelle pauvreté et de la population carcérale, une accélération du réchauffement climatique et des bénéfices tirés des revenus financiers, l’augmentation des morts aux frontières fermées et la précarisation d’une grande partie de la main d’œuvre.

Tout cela est relativement connu, au moins d’une partie significative de la population, qui a accès au minimum de culture politique et économique disponible dans la presse, dans les cours d’université, dans les livres et dans les interventions de nombre d’associations militantes, écologistes, de solidarité ou d’éducation populaire. Une partie de la population qui pour n’être peut-être pas majoritaire, n’en constitue pas moins une force capable de peser. Mais qui ne pèse pas. Pourtant, les victimes du néolibéralisme et les gens un peu éclairés continuent de défiler dans les rues, de mener des grèves d’une journée par catégorie professionnelle, de fréquenter les conférences où l’on s’indigne ensemble, en se tenant chaud, et n’oublient évidemment jamais de signer la pétition à la fin. Puis rentrent chez eux, en attendant la prochaine occasion de protester en chœur. Pour rien, bien souvent, mais qui ose se l’avouer ?

La contestation ne conteste pas ses propres méthodes

Parce que la contestation ne se conteste plus elle-même. Je veux dire qu’elle conteste l’ordre injuste des choses, mais assez peu ses propres méthodes. Elle soumet le monde à l’analyse, mais choisit de protéger de l’analyse ses modes d’action, dont l’efficacité est pourtant criante. Pour une part, cette absence d’auto-critique peut être mise au compte de responsables associatifs et syndicaux aux situations professionnelles confortables. C’est un processus classique, auquel il est difficile d’échapper : on proteste, puis on s’organise, et finalement certains conquièrent des positions, attachées à des rentes (symboliques ou matérielles) qui leur procurent de redoutables satisfactions : payés, travaillant dans des conditions de travail meilleures que la plupart des salariés, ils ont en prime un supplément d’âme, la considération de leurs concitoyens, et la reconnaissance des médias. Bref, ils ont réussi à se mettre à l’abri contre les maux qu’ils dénoncent par ailleurs, et tant mieux pour eux ! Seulement, du coup, ils regardent la possibilité de changer de méthode, de s’ouvrir à de nouvelles tactiques plus radicales comme présentant des risques incompatibles avec leurs sécurités professionnelles et personnelles. Les permanents du changement qui ne vient jamais n’aiment pas le changement quand il s’agit du leur, on peut le comprendre facilement.

Mimer la contestation d’un ordre sans jamais lui désobéir est devenu notre lot quotidien

Mais on serait de bien mauvaise foi si l’on s’en prenait aux seuls permanents des organisations progressistes : nous, les militants, avons aussi notre part de responsabilité dans cette attitude qui consiste à préférer le confort de moyens routiniers mais absolument sans risques à l’aventure de la radicalité, avec ses formes de résistance plus « désobéissantes ». Mimer la contestation d’un ordre sans jamais lui désobéir est devenu notre lot quotidien : nous déclarons bien sagement nos manifestations, et acceptons par conséquent qu’elles soient dirigées par les forces de l’ordre et qu’elles s’achèvent à l’heure et au lieu choisis par la préfecture de police. Nous continuons de proposer nos pétitions aux gens sans jamais questionner leur efficacité ni le signal qu’elles leur envoient : est-ce qu’on ne leur fait pas croire à la bonne foi des décideurs ? Est-ce qu’on ne les aide pas à se soulager la conscience à peu de frais, en leur garantissant une absence totale de risques ?

L’urgence sociale et environnementale exige pourtant de revenir à des modes d’action plus radicaux. Qu’on se rappelle un peu Lire la suite

Laure Noualhat – Climat : pédaler pour mieux sauter

environnement.blogs.liberation.fr, Laure Noualhat, le 15 décembre 2009

Climat : pédaler pour mieux sauter

Après plusieurs jours de négociations foutraques, l’invitation faisait carrément saliver: « Put the fun between your legs »! Et pour mettre de la joie entre ses jambes, il fallait à tout prix se procurer un vélo (muni d’une selle, rassurez-vous) pour se rendre à l’usine de bonbons, un squat situé dans le nord de Copenhague surveillé en permanence par une caméra de la police. C’est ici que devait officiellement avoir lieu le dernier entraînement des «Bike Bloc», dénomination du groupe de manifestants qui va pédaler aujourd’hui pour pénétrer le Bella Center, où se déroulent les négociations climatiques.

En réalité, c’est dans la cour d’un autre squat, sous de gros flocons de neige, que 150 bikers sont venus accompagnés de leur destrier pour organiser des actions de diversion. « Nous disposons de plusieurs machines pour notre manif' », explique John Jordan, à l’origine des Bike bloc et fondateur de Reclaim the streets, un mouvement né en Grande-Bretagne dont le but ultime est la reconquête des rues, dessinées pour et colonisées par les voitures. La stratégie des Bike bloc se calque sur les regroupements naturels (essaim d’abeilles, nuée de criquets ou banc de poisson) et nécessite trois types d’appareils. Il y a d’abord le «swarm» ou essaim de vélos individuels, rapides, réactifs, se déplaçant en mode anarchique. Puis le Double, double trouble: deux vélos surélevés grâce à un cadre supplémentaire soudé au premier et reliés entre eux par une plate-forme. Pour finir, la machine… Celle-ci sera dévoilée demain. Motus sur la constitution de cet appareil révolutionnaire. Tout ce que je peux dire, c’est qu’elle alimente les spéculations des journalistes du Bella Center: catapulte? Bélier sauteur? Ressort géant? Rendez-vous demain à 8 heures à la station de métro Tarnby.

A l’entraînement cet après-midi, sous les flocons de neige et le froid, les bikers apprenaient surtout à pédaler ensemble. Pour réaliser un swarm, il faut beaucoup d’adresse, une parfaite maîtrise de son destrier, et surtout, exercer son don de l’anticipation: « voir les trous dans la meute, réagir aux mouvements des autres, c’est le plus dur », confirme John Jordan. Lui fait confiance à l’ingéniosité et à la créativité des manifestants, elles seules devraient assurer le succès de la prise du Bella center. Emmitouflée sous quatre couches de pull, Carla prévient: « moi je n’affronte pas la police, au mieux, je fais le clown pour les attirer à moi mais je ne me jette pas sur eux… » Volodia, venu s’entraîner pour la première et dernière fois, ne se fait pas d’illusion. « De toute façon, on va se faire arrêter tout de suite… »

Au fait, la prise du Bella center n’a pas pour objectif de foutre le bordel pour le plaisir de foutre le bordel. Simultanément, des participants à la COP15, qui négocient, ONG, délégués mais aussi diplomates et journalistes vont sortir du Bella center et tenir une Assemblée des peuples sur le parking. L’idée étant de fusionner les participants aux négos officielles avec ceux qui ont animé le sommet parallèle et citoyen qui se tenait au centre sportif Byen, le Klimaforum.

Toutefois, Volodia a raison, il se pourrait que l’action n’ait jamais lieu car la police poursuit ses arrestations préventives. Trois fourgons de police sont stationnés devant l’usine à bonbons, une arrestation. Puis une vingtaine de personnes ont été arrêtées au klimaforum. Par ailleurs, le porte-parole de Climat Justice Action, Tadzio Müller a été arrêté par trois policiers en civil alors qu’il sortait du Bella center. Lundi soir, il avait appelé à manifester pacifiquement lors d’une grande conférence sous un chapiteau à Christiana en compagnie de la journaliste Naomi Klein et de Michael Hardt. Pourtant, ses mots étaient clairs : de la Lire la suite

Corinne Lepage – Copenhague : La réalité en pleine figure

terra-economica.info, Corinne Lepage, Députée européenne (Modem), le 15 décembre 2009

La réalité en pleine figure

Il est désormais certain qu’il n’y aura pas d’accord au sens juridique et l’accord politique devient très aléatoire. Pour plusieurs raisons. D’abord, il est techniquement impossible qu’un texte de 250 pages comportant des centaines de points à régler au niveau ministériel puisse être adopté. Ensuite, parce que le travail préparatoire qui avait prévalu lors du burden sharing européen en 1997 n’a pas été fait. Autrement dit, il n’existe aucun GIEC pour l’application des politiques, capable d’étudier les capacités et les effets de réduction des GES pour chaque pays et de proposer une juste répartition.

Ensuite, encore, parce qu’il est possible de résoudre un problème mais qu’il est très difficile d’en résoudre simultanément 3 qui sont interdépendants et à somme multiple : les objectifs, la contrainte, les modalités de financement. Or, telle est l’équation actuelle. Enfin, parce que la vraie question, celle de trouver la voie d’une gouvernance mondiale pour résoudre un problème planétaire dans lequel il existe une interdépendance de toutes les Nations impliquant une action collective et non la somme d’actions nationales , est posée et que certains Etats refusent, par principe de s’engager dans cette voie.

Or, cette configuration nouvelle de l’interdépendance modifie profondément les rapports de force. Pour la première fois, l’Afrique et le groupe des 77 adoptent une attitude de grande fermeté à laquelle la Chine n’est probablement pas étrangère. Refusant de s’engager dans Kyoto et dans tout mécanisme de financement contraignant et automatique, les Etats-Unis mettent l’Europe en difficulté alors que les pays du sud font de la reconduction de Kyoto pour une seconde période un impératif absolu. La situation est d’autant plus difficile que la parole européenne est peu audible avec une présidence danoise jugée par certains maladroite et des pays à commencer par la France qui refusent de jouer collectif et veulent à tous prix faire croire à leur opinion publique qu’ils vont à eux seuls changer le monde.

Que va-t-il sortir de tout cela ?

Le risque est grand que nous soyons renvoyés à Mexico après que la conférence de Bali qui fut un échec ait renvoyé à Copenhague le soin d’agir. Si tel était le cas, les opinions publiques qui ont été chauffées à blanc et sont à juste titre inquiètes ne pourraient que constater la carence de leurs politiques à assurer la base, c’est-à-dire les conditions de la survie à moyen et long terme. C’est alors le problème de la gouvernance mondiale qui Lire la suite

Le pape donne sa feuille de route à l’écologie chrétienne

plunkett.hautetfort.com, Benoît 16, le 15 décembre 2009

Le pape donne sa feuille de route à l’écologie chrétienne (message du 1er janvier 2010)

Benoît XVI désigne les causes économiques  de la crise écologique et appelle à changer de modèle – L’écologie chrétienne est renforcée et encouragée –  Démarche de conversion – Débat de fond à ouvrir avec les écologistes non chrétiens et les altermondialistes –  Un message magistral, à lire entièrement : MESSAGE DE SA SAINTETÉ BENOÎT XVI POUR LA CÉLÉBRATION DE LA JOURNÉE MONDIALE DE LA PAIX 1er JANVIER 2010 SI TU VEUX CONSTRUIRE LA PAIX, PROTEGE LA CREATION

1. Au début de cette nouvelle année, je désire adresser mes vœux de paix les plus fervents à toutes les communautés chrétiennes, aux responsables des Nations, aux hommes et aux femmes de bonne volonté du monde entier. J’ai choisi comme thème pour cette XLIIIème Journée Mondiale de la Paix: Si tu veux construire la paix, protège la création. Le respect de la création revêt une grande importance, car «la création est le début et le fondement de toutes les œuvres de Dieu»[1] et, aujourd’hui, sa sauvegarde devient essentielle pour la coexistence pacifique de l’humanité. Si, en effet, à cause de la cruauté de l’homme envers l’homme, nombreuses sont les menaces qui mettent en péril la paix et le développement intégral authentique de l’homme – guerres, conflits internationaux et régionaux, actes terroristes et violations des droits de l’homme – les menaces engendrées par le manque d’attention – voire même par les abus – vis-à-vis de la terre et des biens naturels, qui sont un don de Dieu, ne sont pas moins préoccupantes. C’est pour cette raison qu’il est indispensable que l’humanité renouvelle et renforce «l’alliance entre l’être humain et l’environnement, qui doit être le miroir de l’amour créateur de Dieu, de qui nous venons et vers qui nous allons».[2]

2. Dans l’Encyclique Caritas in veritate, j’ai souligné que le développement humain intégral est étroitement lié aux devoirs qui découlent du rapport de l’homme avec l’environnement naturel, considéré comme un don de Dieu fait à tous, dont l’exploitation comporte une commune responsabilité à l’égard de l’humanité tout entière, en particulier envers les pauvres et les générations à venir. J’ai noté, en outre, que lorsque la nature et, en premier lieu, l’être humain sont considérés simplement comme le fruit du hasard ou du déterminisme de l’évolution, la conscience de cette responsabilité risque de s’atténuer dans les esprits.[3] Au contraire, considérer la création comme un don de Dieu à l’humanité nous aide à comprendre la vocation et la valeur de l’homme. Avec le psalmiste, pleins d’émerveillement, nous pouvons proclamer en effet: «À voir ton ciel, ouvrage de tes doigts, la lune et les étoiles que tu fixas, qu’est-ce que l’homme pour que tu penses à lui, le fils d’un homme, que tu en prennes souci?» (Ps 8, 4-5). Contempler la beauté de la création nous aide à reconnaître l’amour du Créateur, Amour qui, comme l’écrit Dante Alighieri, «meut le soleil et les autres étoiles».[4]

3. Il y a vingt ans, en consacrant le Message de la Journée Mondiale de la Paix au thème La paix avec Dieu créateur, la paix avec toute la création, le Pape Jean-Paul II attirait l’attention sur la relation que nous avons, en tant que créatures de Dieu, avec l’univers qui nous entoure. «À l’heure actuelle, on constate – écrivait-il – une plus vive conscience des menaces qui pèsent sur la paix mondiale […] à cause des atteintes au respect dû à la nature». Et il ajoutait que la conscience écologique ne doit pas être freinée, mais plutôt favorisée, «en sorte qu’elle se développe et mûrisse en trouvant dans des programmes et des initiatives concrets l’expression qui convient».[5] Auparavant, d’autres parmi mes Prédécesseurs avaient déjà fait allusion à la relation existant entre l’homme et l’environnement. Par exemple, en 1971, à l’occasion du quatre-vingtième anniversaire de l’Encyclique Rerum Novarum de Léon XIII, Paul VI avait souligné que «par une exploitation inconsidérée de la nature, (l’homme) risque de la détruire et d’être, à son tour, la victime de cette dégradation». Et il ajoutait qu’ainsi «non seulement l’environnement matériel devient une menace permanente: pollutions et déchets, nouvelles maladies, pouvoir destructeur absolu, mais c’est le cadre humain que l’homme ne maîtrise plus, créant ainsi pour demain un environnement qui pourra lui être intolérable : problème social d’envergure qui regarde Lire la suite

Copenhague : Le mouvement altermondialiste promis à un bel avenir !

copenhague.blogs.liberation.fr, Ronack Monabay (UCJS : Urgence climatique, justice sociale), ; le 13 décembre 2009

Le mouvement altermondialiste promis à un bel avenir !

La manifestation internationale du 12 décembre a été un succès. Plus de 100.000 personnes du monde entier se sont jointes à cette mobilisation unitaire. Au total, 538 organisations de 67 pays ont répondu à l’appel. C’est sous un soleil bienvenu, que le cortège coloré, et son lot de vélos comme c’est la tradition au Danemark, s’est rendu au Bella Center, lieu des négociations officielles. On pouvait lire sur les banderoles et les pancartes de nombreux slogans radicaux tournant autour de l’idée suivante: «Climate Justice means System Change not Climate Change».

On m’a demandé à plusieurs reprises, en tant que membre de l’équipe organisatrice du Klimaforum09, de m’exprimer sur la répression injustifiée qui a eu lieu lors de cette manifestation. Mais se limiter à ces seuls aspects conduirait à se détourner d’une mobilisation massive de fond et des vrais enjeux climatiques qui se jouent à Copenhague, en insistant encore et toujours sur les relations entre police et manifestants. Ce n’est pas un hasard si dimanche pour la première fois les écrans du Bella Center ont diffusé en continu des images de l’extérieur (et non pas des conférences comme c’est le cas habituellement), en l’occurrence celles des arrestations, comme pour assener l’idée que les mobilisations citoyennes sont vouées aux débordements et nier les messages portés des heures durant dans la marche par 100.000 personnes.

Certains médias auraient pu, s’ils l’avaient voulu, évoquer la franche solidarité des centaines de manifestants qui ont refusé de poursuivre la manifestation afin de soutenir les personnes injustement arrêtées, en interpellant les policiers qui constituaient le cordon par des slogans tels que «Let them go». Une action improvisée devant les lignes de la police interloquée par cette attitude bon enfant mais déterminée, le tout alimenté par les rythmes des «sambactivistes»…

Au-delà, cette manifestation est la preuve que les mouvements sociaux rejoignent largement désormais la bataille pour la justice climatique et constitue à ce titre un renouvellement du mouvement altermondialiste. Les mouvements sociaux et les mouvements environnementaux font en effet désormais front commun. Le bloc massif «System Change Not Climate Change» regroupait des mouvements divers tels que les Amis de la Terre, Attac, les réseaux Climate Justice Now! et Climate Justice Action, la Via Campesina et de nombreuses organisations du Sud comme Jubilee South ou Focus on the Global South.

Ces organisations ont défilé pour réclamer un véritable accord contraignant ne s’appuyant pas sur les fausses «solutions» qu’elles reposent sur le marché –dont les récentes crises devraient prouver à tous son inefficacité- ou qu’elles soient technologiques (OGM, agrocarburants, nucléaire, …). La reconnaissance des droits des peuples autochtones -notamment leur droit à participer réellement aux négociations- et celle de la dette écologique étaient également à l’ordre du jour. Derrière toutes ces revendications, c’est bel et bien la logique capitaliste qui est remise en cause et ce d’autant plus que les grandes entreprises ont envahi la ville de leurs logos et le Bella Center de leurs lobbyistes. Le grand prix de la Sirène en colère récompensera le 15 décembre l’entreprise ou le lobby qui a eu l’action la plus néfaste (efficace?) pour bloquer les négociations.

Pendant ce temps là au Klimaforum, le contre sommet de la société civile, une déclaration des mouvements sociaux également intitulée «System Change not Climate Change» a enfin été finalisée. Signée par près de 300 organisations en moins de 3 jours, elle sera présentée prochainement dans des modalités qui restent à déterminer au sein de la COP15. Depuis plusieurs mois, via un forum internet des personnes du monde entier ont envoyé leurs contributions autour d’un ou plusieurs des neuf thèmes du Klimaforum. Une partie de l’équipe du Klimaforum a synthétisé l’ensemble des propositions en rédigeant un premier document, lequel a été soumis à l’ensemble des participants qui ont alors renvoyé leurs commentaires et amendements, permettant la rédaction d’un second document.

Enfin, lors des séances plénières et ateliers des trois premiers jours, toutes les personnes qui le souhaitaient ont pu participer à la finalisation du document. Au terme d’une dernière séance épique, l’ensemble de l’assemblée s’est finalement mis d’accord sur une déclaration finale. Celle-ci est novatrice à plusieurs niveaux. Premièrement, à l’image de la manifestation, elle a rassemblé, les mouvements environnementaux et sociaux et par la même tissé des liens forts entre les questions écologiques et sociales. Si ce n’est pas la première fois, cette alliance très large est révélatrice d’une dynamique renforcée.

Deuxièmement, si elle s’est avérée beaucoup plus longue que les déclarations issues des Forums Sociaux Mondiaux, elle n’en est que plus précise. Radicale tant sur l’état des lieux qu’elle dresse de la situation -une crise multidimensionnelle qui voit converger chaque crise du capitalisme dans sa séquence libérale, elle se veut également source de proposition pour une transition vers des sociétés durables: abandon des énergies fossiles, Lire la suite

Eurobaromètre : le changement climatique est le deuxième problème le plus grave auquel le monde est confronté aujourd’hui

europa.eu, communiqué, 2 décembre 2009

Eurobaromètre : le changement climatique est le deuxième problème le plus grave auquel le monde est confronté aujourd’hui

Les Européens demeurent préoccupés par le changement climatique et ils croient que la lutte contre celui-ci pourrait relancer la croissance économique dans l’UE. Telles sont les principales conclusions d’une enquête Eurobaromètre spéciale sur l’attitude du public qui est publiée aujourd’hui.

Margot Wallström, vice-présidente de la Commission européenne, a déclaré: «Le message des citoyens européens est clair : la lutte contre le changement climatique doit demeurer une priorité absolue de l’action de l’UE. Il confirme notre conviction que s’attaquer au changement climatique et surmonter la récession économique ne s’excluent pas mutuellement».

Le changement climatique est un problème très grave

63  % des citoyens européens estiment que le changement climatique est un problème très grave et 24 % un problème assez grave. Seuls 10 % ne le considèrent pas comme un problème grave et 3 % sont sans opinion. 47 % des personnes interrogées pensent que le changement climatique est l’un des deux problèmes les plus graves auxquels le monde est confronté aujourd’hui. Seule la pauvreté est considérée comme un problème plus grave, puisqu’elle est classée en première ou deuxième position par 69 % des citoyens. La plupart des Européens (62 %) croient qu’il n’est pas impossible de l’enrayer.

Une large majorité estime que le changement climatique peut relancer la croissance économique dans l’UE

Selon l’enquête, près des deux tiers des citoyens européens pensent que la lutte contre le changement climatique peut avoir un effet positif sur l’économie européenne. Au total, 63 % des répondants affirment que c’est le cas, contre 56 % en mars-avril 2008. 66 % sont aussi d’accord avec le fait que «la protection de l’environnement peut relancer la croissance économique dans l’Union européenne».

Demande d’une action renforcée

Une majorité d’Européens considère que l’industrie, les citoyens eux-mêmes, les gouvernements nationaux et locaux ainsi que l’UE ne font pas assez pour lutter contre le changement climatique. Seuls 19 % pensent que les entreprises et l’industrie prennent des mesures suffisantes pour lutter contre le changement climatique, contre 30 % dans le cas de l’UE. Bien que ces résultats marquent une évolution positive par rapport à mars-avril 2008, une majorité variant de 55 % à 72 % estime que les mesures sont insuffisantes à ces niveaux. 63 % des Européens confirment avoir agi d’une manière ou d’une autre pour lutter contre le changement climatique, alors que 31 % déclarent le contraire.

Les citoyens européens sont prêts à payer plus pour une énergie plus verte

49  % des citoyens interrogés indiquent qu’ils seraient prêts à payer plus cher une énergie produite à partir de sources émettant moins de gaz à effet de serre, alors que Lire la suite

ONG à Copenhague : Une mobilisation militante à l’ampleur inédite

lemonde.fr, Hervé Kempf, le 12 décembre 2009

Une mobilisation militante à l’ampleur inédite

Pour Jorn Andersen, moustache et cheveux poivre et sel, le succès est déjà au rendez-vous : « 522 organisations de 67 pays ont appelé à la manifestation de samedi. Ce sera le plus grand rassemblement au Danemark depuis les protestations contre la guerre en Irak ». M. Andersen est un des militants danois qui préparent depuis des mois ce qui sera sans doute la mobilisation la plus importante jamais vue sur le changement climatique.

La manifestation devait partir en début d’après-midi de la place du Parlement, au centre de la capitale danoise, pour rejoindre le Bella Center, à six kilomètres, où se tient la Conférence sur le climat des Nations unies. Le mot d’ordre : « changer le système, pas le climat » (system change, not climate change). Multicolore et internationale, elle réunit les associations écologistes traditionnelles (Greenpeace, WWF, etc.), mais aussi le mouvement altermondialiste réuni dans la coalition Climate Justice Now, et une coalition plus nettement anticapitaliste, Climate Justice Action.

« JUSTICE CLIMATIQUE »

Ce rassemblement marque l’élargissement de la question climatique au-delà de l’environnement, jusqu’aux questions économiques et sociales. Pour Christophe Aguiton, d’Attac, « le premier enjeu est d’obtenir un bon accord, qui reconnaisse la responsabilité historique des pays du Nord, qui n’introduise pas les mécanismes de marché dans le changement climatique, qui trouve des ressources pour le Sud. Mais il y a un deuxième enjeu : que les mouvements sociaux s’impliquent dans cette bataille pour exiger la justice climatique ».

Depuis deux jours, les militants arrivent par train, auto ou bus, logeant en appartements communautaires, dans des entrepôts aménagés, chez des amis, voire dans des caravanes. Leurs motivations sont diverses. Pour Corrina Cordon, venue de Londres, « la croissance n’est plus possible, on attend de la manifestation que le public puisse dire qu’il faut faire quelque chose pour que ça change« . Jonas Schnor, étudiant danois en théâtre, pense que « la façon dont nous vivons est mauvaise pour la planète, nous devons changer. Moi, je vivrai avec moins de consommation que mes parents« . Karine Plantier est venue de Nantes dans un bus alimenté à l’huile de tournesol. Elle vient « dénoncer » le projet d’aéroport du Grand Ouest à Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique).

Si les Européens domineront la manifestation, la conférence de Copenhague suscite un intérêt planétaire exceptionnel. « La couverture de l’événement est très importante au Brésil, dit Andrea Fran, un journaliste brésilien, il y a même une télé qui fait une émission d’une heure par jour sur ce qui s’y passe. »

Quel impact la manifestation aura-t-elle sur la négociation ? Elle appuiera nettement Lire la suite

Copenhague, les actions sur Bordeaux – De Copenhague à Bordeaux : Climat, Pont BaBa, Agriculture, Vague bleue, Facteur 4…

Collectif Gironde Copenhague 09, Communiqué de presse, le 7 décembre 2009

De Copenhague à Bordeaux : Climat, Pont BaBa, Agriculture, Vague bleue, Facteur 4…

Les négociations de Copenhague sont dans l’impasse !

Girondine, Girondin, prends ton avenir en main

Du 7 au 18 décembre 2009, le plus grand sommet sur le climat jamais tenu, aura lieu à Copenhague. Nous sommes à un carrefour de l’histoire humaine. Ce sommet est considéré comme un de nos « derniers espoirs » d’arrêter le changement climatique. Les critères minimum de réussite des négociations sont la réduction de 40 % des GES des pays développés d’ici 2020 et une aide de 110 milliards d’euro par an aux pays du Sud.

Après la Flash Mobilisation du samedi 5 décembre à 12h18 devant le Grand Théâtre, à l’initiative de Greenpeace Bordeaux  avec 150 personnes le Collectif Gironde Copenhague 09 appelle les Girondines et les Girondins à se retrouver :

–        mardi 8 décembre – Soirée-débat à 19h00 au Boulevard des Potes 29 rue Bergeret à Bordeaux. Diffusion du film « Climat en crise » support à un débat sur le dérèglement climatique.

–         mercredi 9 décembre – A l’initiative du Collectif Gironde Copenhague 09 pour un concert de casseroles pour la pose par les élus de la première pierre du Pont Bacalan-Bastide. Rendez-vous à 18h30 sur les quais au niveau de Cap Sciences. A noter que Trans’Cub organise à 12H30 la pose de la première « pierre tombale ». 

– jeudi 10 décembre – A l’Athénée municipal de Bordeaux à 19h30, la Confédération Paysanne de Gironde organise une Conférence-Débat sur le thème : Agriculture et changement climatique. Comment assurer une production agricole répondant aux besoins des populations, dans un climat bouleversé,  tout en minorant radicalement les dégagements de gaz à effet de serre ?

samedi 12 décembre

Manifestation « Ni nucléaire, ni effet de serre » à partir de 11h00 au miroir d’eau sur les quais face à la Bourse à Bordeaux avec TchernoBlaye…

…ensuite à partir du miroir d’eau, à l’appel du Collectif Gironde Copenhague 09 en écho avec la manifestation qui aura lieu à Copenhague, déambulation festive dans Bordeaux avec une Batucada, musique brésilienne, tout le monde habillé en bleu, avec chapeau ou bonnet de bain, lunette de soleil ou de plongée, tuba… vos pancartes et vos banderoles,  vos casseroles ou autres ustensiles à faire du bruit… arrivée de la vague bleue au Grand Théâtre, place de la Comédie…

…où l’association TACA sera présente de 17h00 à minuit pour une veillée climatique (350.org, tck tck tck…). A 19h regroupement des jeûneurs volontaires en soutien des militants de Climate Justice Fast en grève de la faim pour le Climat depuis le 6 novembre. Plus d’information : <http://www.climatejusticefast.com/> <http://taca.asso-web.com/>

lundi 14 décembre – Spectacle débat « Les enjeux de Copenhague » de 20h30 à 22h30 salle La Glacière, rue Armand Gayral, à Mérignac. Le spectacle « Le grand Chaud du Facteur 4 », pédagogique et interactif, sera en introduction du débat entre la salle et les représentants associatifs et municipaux organisateurs de la soirée (entrée gratuite).

Les 26 membres du Collectif : Lire la suite

Avis défavorable du commissaire enquêteur à Mérignac : L’aéroport entre deux eaux

sudouest.com, Olivier Delhoumeau, le 3 décembre 2009

MERIGNAC. Le commissaire enquêteur rend un avis défavorable concernant un dossier de rejet des eaux pluviales

L’aéroport entre deux eaux

Coup de tonnerre dans le ciel de l’aéroport de Bordeaux-Mérignac. Le commissaire enquêteur chargé du dossier d’autorisation de rejet des eaux pluviales de l’aéroport dans les eaux du bassin-versant n° 3 vient de livrer son avis : défavorable (1). De quoi refroidir les projets de développement de l’aéroport.

D’autant que dans son analyse, Jean-Jacques Ducout porte le fer à plusieurs niveaux. Il estime ainsi d’entrée que les observations relatives au transport aérien en général et au low-cost en particulier et qui justifient la demande sont « hors sujet ». « Les aménagements projetés sont liés à une croissance du trafic qui, actuellement, n’est pas démontrée », détaille-t-il. Pourtant, la construction d’une aérogare à services simplifiés est l’élément déterminant dans la stratégie de l’aéroport pour faire face à la menace TGV. Selon les prévisions affichées, le nombre de passagers low-cost à Bordeaux devrait passer de 500 000 en 2008 à 1,2 million à l’horizon 2015. Et les projections portent ce segment à 40 % du trafic total en 2017.

Qualité des eaux

Le commissaire enquêteur s’avoue aussi dubitatif quant à la maîtrise du rejet des eaux pluviales. Le dossier expose la nécessité de travaux s’appuyant sur des données anciennes. « Des événements climatiques particuliers actuels, mettant en cause ces données, ne sont pas pris en compte. » Pire, Jean-Jacques Ducout estime que l’arrêté préfectoral d’autorisation de 1997 (voir ci-contre) formulait des exigences sur les retenues d’eau qui n’ont pas été suivies d’effet.

Côté pollution, il relève les carences dans la qualité des eaux rejetées. Qui seraient dues à la présence de micropolluants minéraux dont l’origine n’est pas déterminée. L’aéroport ne nie pas cet aspect des choses. « Toutefois, dans son mémoire en réponse, il ne donne aucune réponse claire sur la résolution du problème. Des actions de sensibilisation sont en cours. Est-ce suffisant ? L’ambition de qualité des eaux affichée par l’aéroport reste faible », assène Jean-Jacques Ducout. Sur ce point, Pascal Houbre, chargé des relations territoriales et de l’environnement à l’aéroport, plaide qu’il n’existe dans les textes aucun objectif de qualité des eaux de la Devèze sud, ce ruisseau où se déversent les eaux pluviales. Il souligne, par ailleurs, que toutes les préconisations techniques relatives au décret préfectoral de 1997 ont été respectées : création d’un bassin de stockage de 10 000 mètres cubes à côté de Météo France, régulation à 2 mètres cubes par seconde pour le rejet des eaux pluviales, mise en place d’un dispositif de traitement assurant la séparation des hydrocarbures… « On est même allé au-delà, en prenant en compte les autres micropolluants. Malgré notre transparence, on est pénalisé. Ce n’est pas très cohérent », regrette le représentant de l’aéroport.

En première ligne sur le front de l’attaque, les Verts de Mérignac se sont signalés début octobre en votant contre cette autorisation de rejet au conseil municipal.

Métaux lourds

Ils avaient formulé divers griefs : pollution par les métaux lourds (cuivre et zinc) et les pesticides, insuffisance de capacité du bassin de rétention pouvant générer Lire la suite

Laure Noualhat « Climat: militants malvenus à Copenhague ? »

environnement.blogs.liberation.fr, Laure Noualhat, Ronack Monabay, le 2 décembre 2009

Climat: militants malvenus à Copenhague?

Le flegme danois est en train d’en prendre un coup. Et c’est à croire que les autorités danoises commencent à se mordre les doigts d’avoir voulu organiser la 15ème conférence sur le climat, vous savez, la fameuse conférence internationale qui démarre lundi et qui doit enterrer ou mettre sous perfusion le protocole de Kyoto…

Demain, une énième manifestation est organisée devant le parlement danois. Pourquoi ? Parce que les autorités danoises ont durci la législation concernant les actes de désobéissance civile. Il faut dire que lesdites autorités paniquent un peu: 5000 journalistes déjà accrédités, 15000 délégués et des dizaines de milliers d’activistes prêts à en découdre pour faire de ce sommet un événement historique. Quelle qu’en soit l’issue.

Ci-après, vous trouverez un texte de Ronack Monabay, qu’il a gracieusement accepté de publier dans ce bistrot. Pour te remercier, cher Ronack, je t’amène un bon Côtes-du-Rhône lundi, en descendant du train. Tiens bon d’ici là!

Minority Report en danois

Jeudi 26 novembre, le parlement danois, dominé par les libéraux et les conservateurs avec le soutien du parti d’extrême droite dit du «Peuple Danois», a adopté une nouvelle loi renforçant les pouvoirs de la police dans le cadre des manifestations. Cette loi, proposée le 18 octobre par le ministère de la Justice, a pour but officiel d’instaurer des sanctions suffisamment dissuasives afin d’éviter tout débordement pendant les deux semaines de la conférence onusienne sur le changement climatique. Le point d’orgue de la mobilisation sera la manifestation internationale du 12 décembre.

Le texte procure à la police des pouvoirs élargis en matière d’arrestation préventive et accentue les sanctions à l’encontre des actions de désobéissance civile. La police aura la possibilité d’arrêter les manifestants pendant une durée de douze heures (contre six précédemment) si elle soupçonne ceux-ci de vouloir enfreindre la loi. «Si, par exemple, des manifestants étrangers louent un autocar pour se rendre à une manifestation légale au centre de Copenhague, la police aura la possibilité d’arrêter l’autocar et tous les passagers, même si ceux-ci ont des intentions pacifiques uniquement, parce qu’elle estimera que l’endroit où se rend l’autocar va être le lieu d’affrontements», explique l’avocat danois Bjørn Elmquist. La garde à vue pour les «étrangers» (nous ne sommes plus Européens dans ce cas) est portée à 72h, contre 24h pour les Danois. La police n’aura pas l’obligation de notifier aux personnes arrêtées ni le motif ou le soupçon à la base de leur arrestation, ni leurs droits – comme la possibilité de voir un avocat afin de contester par la suite cette arrestation – ce qui constitue une atteinte grave aux droits élémentaires

Au-delà de la garde à vue, si la police considère que les manifestants ont entravé le bon déroulement de son travail, elle pourra les embastiller pendant… 40 jours, sur simple décision d’un procureur ! Enfin, l’amende Lire la suite

Naomi Klein : Le passage à l’âge adulte des militants de Seattle sera désobéissant

mouvements.info, Naomi Klein, le 23 novembre 2009

Le passage à l’âge adulte des militants de Seattle sera désobéissant

Le sommet de Copenhague s’ouvrira quasiment 10 ans jour pour jour après que quelques milliers de militants ont bloqué le sommet de l’OMC à Seattle – le « coming out » d’un nouveau mouvement, dont Copenhague marquera le passage à l’âge adulte. Adulte, mais désobéissant, nous explique Naomi Klein.

L’autre jour, j’ai reçu une copie promotionnelle du livre « La bataille de l’histoire de la bataille de Seattle » par David et Rebecca Solnit. Le livre doit paraître 10 ans après qu’une coalition historique d’activistes ait réussi à bloquer le sommet de l’OMC à Seattle – l’étincelle qui a déclenché un vaste mouvement global contre les multinationales.

Le livre est un récit passionnant de ce qui s’est vraiment passé à Seattle. Mais quand j’ai discuté avec David Solnit, le gourou de l’action directe qui a aidé à organiser le blocage, je l’ai trouvé moins intéressé à nous remémorer ce qui s’est passé en 1999 qu’à parler du futur Sommet de Copenhague des Nations Unies sur le changement climatique et des actions pour la justice climatique qu’il contribue à organiser aux USA le 30 novembre prochain. « C’est clairement un événement de type Seattle », m’a-t-il dit. « Les gens sont prêts à tout renverser« .

De fait, la mobilisation pour Copenhague a quelque chose de Seattle : l’éventail des groupes impliqués, la diversité des tactiques qui seront mises en œuvre, comme le fait que les gouvernements de pays du Sud soient prêts à relayer les revendications des militants à l’intérieur du sommet lui-même. Mais Copenhague ne sera pas uniquement un autre Seattle. Il semble plutôt que les plaques tectoniques se déplacent, créant ainsi un mouvement qui construit à partir des forces issues d’une ère antérieure, tout en apprenant de ses erreurs.

Le mouvement que les médias s’obstinèrent à nommer « anti-mondialisation » a vivement été critiqué comme ne proposant qu’une liste fourre-tout de griefs, et très peu d’alternatives concrètes. Le mouvement qui va converger à Copenhague n’est en revanche focalisé que sur un seul sujet : le changement climatique. Il tisse par contre un récit cohérent sur ces causes et remèdes, qui intègre pratiquement tous les problèmes qui se posent de par le monde.

Dans ce récit, le climat ne change pas seulement à cause de pratique polluantes spécifiques, mais à cause de la logique sous-jacente du capitalisme, qui favorise le profit à court-terme et la croissance perpétuelle par-dessus tout. Nos gouvernements voudraient nous faire croire que cette même logique peut servir à résoudre la crise climatique – en créant un nouveau produit commercialisable appelé « carbone » et en transformant les forêts vierges et terres arables en puits censés compenser les émissions incontrôlées (runaway).

Les militants présents à Copenhague répondront que, loin de résoudre la crise climatique, le marché carbone représente une privatisation sans précédent de l’atmosphère, et que les compensations et puits menacent de déboucher sur un pillage des ressources d’ampleur coloniale. Ces solutions basées sur le marché ne vont pas simplement échouer à résoudre la crise climatique : leur échec augmentera de manière dramatique la pauvreté et les inégalités, parce que les plus pauvres et les plus vulnérables sont les premières victimes du changement climatique – en même temps qu’ils sont les premiers cobayes de ces marchés carbone.

Mais les militants présents à Copenhague ne se contenteront pas de refuser tout cela. Avec détermination, ils vont Lire la suite

Le PS veut convaincre de la réalité de sa conversion à la « social-écologie »

lemonde.fr, Jean-Michel Normand, le 1er décembre 2009

Le PS veut convaincre de la réalité de sa conversion à la « social-écologie »

A Copenhague, pour le PS, l’important ne sera pas tant de participer que de faire passer un message. Quelques jours avant l’ouverture du sommet mondial sur le climat, les socialistes ne lésinent pas sur les signaux. Martine Aubry a fait savoir qu’elle se rendrait les 15 et 16 décembre dans la capitale danoise avec une délégation.

En attendant, la première secrétaire préside mardi 1er décembre une réunion extraordinaire du bureau national consacrée aux enjeux de cette conférence dont les socialistes « souhaitent le succès ». Pour l’occasion, « des experts et des spécialistes » ont été invités afin « d’enrichir la réflexion engagée en faveur d’un nouveau modèle de développement« . Dans la cour de la Rue de Solferino, au siège du parti, les participants seront accueillis par une sculpture de glace, oeuvre éphémère représentant un globe terrestre.

« Il s’agit d’apporter la démonstration que les socialistes sont capables de prendre la question environnementale à bras-le-corps« , insiste Philippe Martin, député du Gers, récemment nommé secrétaire national adjoint à l’environnement en remplacement d’Eric Loiselet, qui a quitté le PS pour conduire la liste Europe-Ecologie en Champagne-Ardenne aux élections régionales. Ces dernières années, les socialistes avaient beau faire régulièrement référence à la « social-écologie » ou à « l’éco-développement » – le 29 novembre, devant l’UMP, Nicolas Sarkozy en a appelé à « l’écologie populaire » – ils admettent aujourd’hui que leur conversion était superficielle.

Le revers électoral des européennes de juin au profit d’Europe-Ecologie a agi comme un brutal rappel à la réalité. « Il ne faut pas noircir le tableau, plaide Géraud Guibert, co-fondateur du Pôle écologique au sein du PS. Le bilan de nos présidents de région est bon – financement des trains régionaux, interdiction des cultures OGM dans certains cas, fort développement des énergies renouvelables. Le problème est que ces expérimentations ne s’articulent pas avec un discours fort au plan national. »

A en croire Philippe Martin, les socialistes ont défini leur feuille de route. « Notre vision des choses, c’est que toute mesure environnementale doit être socialement acceptable« , dit-il. Au PS, le débat engagé sur la « fiscalité verte », s’est noué autour de l’idée d’une « contribution climat-énergie ». Cette proposition alternative à la taxe carbone vise à instaurer un prélèvement élargi aux entreprises et à l’ensemble de la consommation d’électricité. Encore faut-il s’accorder sur les mesures de compensation attribuées aux ménages, notamment en milieu rural ou péri-urbain. Pour l’heure, le dispositif envisagé reste flou. « Mieux vaudrait opter pour une politique de l’offre, comme en Poitou-Charentes, et concentrer les mesures fiscales vers ceux qui peuvent modifier leur comportement », considère Delphine Batho, députée des Deux-Sèvres et proche de Ségolène Royal. « On ne peut tout de même pas considérer que la fiscalité écologique n’est envisageable qu’à condition de ne rien coûter ! », Lire la suite

2/3 des viticulteurs bordelais en dessous du SMIC

libebordeaux.fr, Laure Espieu, le 2 décembre 2009

2/3 des viticulteurs bordelais en dessous du SMIC

VIGNE – L’étude a été menée par la Chambre d’agriculture de la Gironde sur les dix dernières années. Elle se base sur le suivi d’un panel de cent exploitations en AOC Bordeaux, et fait le constat alarmant d’une situation qui, depuis cinq ans, ne cesse de se dégrader. «Il y a une morosité et une angoisse terribles», pointe Florence Lamoureux, l’auteur de la synthèse. «Deux tiers des exploitants ont dégagé moins d’un SMIC en 2007/2008, et parmi eux, 20% sont en perte. Les gens ne vivent pas de leur travail».

En dix ans, le chiffre d’affaire a baissé en moyenne de 27%. Les résultats économiques à l’hectare ont été divisés par quatre, voire même par cinq pour les viticulteurs qui vendent en vrac. Et les ressources globales des exploitations ont été réduites de plus de la moitié. «Avec d’aussi faibles ressources, les exploitations vont avoir du mal à faire face aux mises aux normes, tant au niveau du vignoble que des chais», souligne l’auteur, qui perçoit déjà la tendance des entreprises à se  «replier sur elles-mêmes».

Non seulement l’investissement est en berne, mais depuis 2007, les coûts sont brutalement remontés (+20%). «En effet, 2007 et 2008 ont été deux années difficiles d’un point de vue climatique (plus de traitements) et ont été des années de hausse du prix des intrants (phytosanitaires et fuel) ainsi que du barème des fermages», explique Florence Lamoureux. Comme les rendements ont également baissé, pour le millésime 2008, le coût de revient du tonneau était d’environ 1277 euros. Bien supérieur aux cours du vin de Bordeaux qui s’établissent plutôt entre 750 et 900 euros le tonneau.

Obligés de brader leur vin, les viticulteurs cherchent de l’argent ailleurs. Certains vendent leurs parcelles en terrains à bâtir. D’autres ont pu être tentés par l’arrachage, mais Lire la suite

Ultimatum climatique : CocliPau pousse sur le pavé palois

sudouest.com, Sébastien Darsy, le 28 Novembre 2009

ÉCOLOGIE. Un collectif de 26 associations béarnaises organise un sit-in permanent au centre-ville, dans une yourte jusqu’au 18 décembre. Son but : faire signer aux élus et habitants un « Ultimatum climatique »

CocliPau pousse sur le pavé palois

Une famille mongole aurait-elle décidé d’installer sa yourte cours Bosquet ? Que nenni. La tente, montée mercredi, est occupée depuis par des militants écologistes béarnais de tous poils. Leur objectif, par le biais de ce « symbole mongol signifiant le lien entre la terre et le paradis », est de relayer l’appel de l’Ultimatum climatique, lancé par un collectif d’associations écologistes de France et d’ailleurs (lire ci-contre) à l’intention des chefs d’État qui se réuniront du 7 au 18 décembre à Copenhague pour tenter d’endiguer le réchauffement climatique.

Fait inédit, en Béarn, 26 associations (lire par ailleurs) ont décidé, pour l’occasion, de se regrouper au sein du collectif CocliPau. L’idée est partie de l’un de ses porte-parole, Éric Cazenave-Tapie, natif de Pau, géologue… et « simple citoyen ». « J’ai pris connaissance de l’Ultimatum climatique et j’ai décidé de fédérer plusieurs associations locales, résume-t-il. J’ai alors contacté Sébastien Lamy de Greenpeace Béarn qui a été séduit par l’idée ».

Engagements drastiques

Le collectif oloronais pour la décroissance, (Gédeol), le Comité catholique contre la faim, la Sepanso Béarn, la Maison de la nature et de l’environnement de Pau et bien d’autres appellent les citoyens à se rendre à la yourte pour signer la pétition en faveur d’engagements drastiques contre les rejets de gaz à effet de serre responsables des catastrophes naturelles à venir (sécheresses, canicules, tempêtes…).

Des groupes de quatre personnes se relaieront en permanence pour les accueillir. Un sit-in rendu possible grâce à la yourte, copie quasi conforme de celle des habitants de Mongolie. Un habitacle relativement confortable, bien isolé et spacieux autour duquel des concerts et conférences sont prévues, histoire d’animer le lieu.

Cette occupation de l’espace public n’a rien d’illégale. Les militants ont traité avec les services techniques de la mairie qui leur a accordé cet emplacement, à côté du musée des Beaux-Arts. Au grand regret de Sébastien Lamy, de Greenpeace Béarn, qui aurait souhaité établir le « campement » sur la place Clemenceau, agora incontournable du centre-ville de Pau option « qui ne nous a pas été accordée ». « S’ils n’ont pas eu la place Clemenceau, se justifie de son côté la mairie, c’est parce qu’elle est occupée à partir du 4 décembre par les animations de Noël. »

Par ailleurs, le collectif regrette ne pas avoir traité directement avec la maire de Pau… élue qui ne fait, pourtant pas mystère au sein du Parti socialiste de ses préoccupations environnementales mais qui selon la mairie est fort occupée en ce moment.

Pain-bénit pour les élus ?

Les politiciens locaux, justement, sont concernés au premier chef par l’Ultimatum climatique relayé par CocliPau. « Pour porter haut et fort notre message en Béarn, spécifie Éric Cazenave-Tapie, le CocliPau transmettra par courrier ou en main propre un communiqué à l’ensemble des maires et des présidents de Communauté d’agglomération de Pau-Pyrénées, du Conseil général et du Conseil régional pour qu’ils signent la pétition de l’Ultimatum climatique. » Une initiative qui pourrait néanmoins se révélait être du pain béni pour les élus en mal de légitimité écologique. Ceux qui ont soutenu l’incinération, l’autoroute Pau-Bordeaux, le maintien du Grand Prix de Pau, l’agriculture productiviste, la création d’un nouvel axe Pau-Oloron seraient alors les mêmes qui appelleraient à limiter la pollution atmosphérique ? « C’est avant tout une question de Lire la suite

Régionales : après la sécurité, l’UMP mise sur l’écologie

developpementdurable.com, Yann Cohignac, le  27 novembre 2009

Régionales : après la sécurité, l’UMP mise sur l’écologie

Quatre mois avant le scrutin des régionales, l’UMP se réunit demain (28 novembre) en conseil national à Aubervilliers, en Seine-Saint-Denis, pour investir ses têtes de liste. La sécurité devrait rester un argument de campagne, mais l’écologie prend de plus en plus de place.

Lors de son conseil national, le parti de la majorité adoptera une double tactique pour les élections régionales : comme d’habitude, la droite jouera sur le terrain de la sécurité, et réaffirmera l’importance du débat sur l’identité nationale, histoire de capter les voix du FN. Mais séduire les électeurs frontistes ne sera pas la seule ambition de l’UMP : elle s’attachera aussi à rallier l’électorat écologiste, qui progresse en France depuis les européennes (Europe Ecologie y a talonné le PS avec 16,28 % des voix), en mettant l’accent sur la protection de l’environnement.

Et même si cette stratégie fait débat au sein de la formation politique, elle semble faire son chemin. Elle est notamment soutenue par le président de la République en personne, qui assistera d’ailleurs au conseil national. Chantal Jouanno, elle, plaide même pour que chaque candidat adopte des engagements concrets en matière de développement durable. Signe que le combat écologiste est devenu important pour l’UMP : l’invitation, demain, de Rajendra K. Pachauri, président du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec).

Une polémique malvenue

La présence du climatologue parviendra peut-être à calmer la polémique qui enfle sur le vote de parlementaires UMP à Strasbourg, lors de la résolution sur les négociations de Copenhague le 25 novembre. Yannick Jadot, eurodéputé Europe Ecologie, a en effet constaté que les membres français du Parti populaire européen (PPE) ont « systématiquement tenté de réduire l’ambition du projet ».

« En supprimant la possibilité de recourir à une taxe sur les transactions financières pour financer le soutien aux pays du Sud, les députés UMP ont indiqué leur désaccord avec les propos du Président Sarkozy et, plus gravement, avec le Plan Borloo présenté comme l’étendard de l’ambition climatique française », lance-t-il.

Et d’ajouter : « En demandant explicitement que les pays émergents Chine, Brésil et Inde, aient des objectifs de lutte contre les changements climatiques équivalents aux pays riches, les députés UMP remettent en cause rien de moins que la structure de la négociation internationale et le principe inhérent au protocole de Kyoto : la responsabilité première des pays développés dans l’accumulation des gaz à effet de serre et donc dans la lutte pour leur réduction. En contradiction complète avec la ligne officielle française ».

Selon lui, « la position française dans les négociations, généralisée à l’ensemble de la planète, conduirait Lire la suite

Kempf – Une mesure écologique : réduire l’inégalité

lemonde.fr, Hervé Kempf, le 25 novembre 2009

Une mesure écologique : réduire l’inégalité

Et le social ? C’est le troisième « pilier » du développement durable, avec l’environnement et l’économie, mais il semble toujours oublié du tableau. Sociologues et géographes rappellent cependant avec insistance que la question sociale s’articule fortement avec la crise écologique. L’université de Paris-X vient ainsi de tenir un colloque sur la justice environnementale, l’Agence française de sécurité sanitaire organise le 10 avril des débats sur le rapport entre inégalités environnementales et risques sanitaires, l’université de Bruxelles vient de publier un recueil sur Environnement et inégalités sociales…

Comme l’expliquent dans ce livre les sociologues Edwin Zaccaï et Pierre Cornut, l’inégalité environnementale revêt plusieurs aspects : d’une part, « les impacts subis par les populations du fait d’une dégradation de l’environnement, et les inégalités sociales face à ces impacts » et, d’autre part, « les impacts générés sur l’environnement par les comportements humains et les inégalités sociales relatives à ces impacts ».

De longue date, il a été observé que les couches sociales les plus défavorisées sont les plus exposées aux nuisances environnementales, que ce soit par leur habitat, situé dans les zones les plus polluées, ou par leur incapacité à s’en prémunir, faute de moyens. Le phénomène a été le mieux quantifié à propos du bruit : « Un ménage à faible revenu a quatre à cinq fois plus de probabilité d’être exposé à un bruit très gênant qu’un ménage à revenu élevé« , écrit Jacques Theys, chercheur au ministère de l’équipement.

L’impact environnemental des individus diffère par ailleurs selon leur degré de prospérité. Et de nombreuses études convergent pour conclure que les riches polluent plus que les pauvres, ou, pour le dire autrement, que l’ampleur de la nuisance environnementale des individus est liée à leur niveau de revenu. Par exemple, une note publiée en février par la direction des études économiques et de l’évaluation environnementale du ministère de l’écologie montre que 5 % seulement des Français contribuent à 50 % des émissions de gaz à effet de serre dus aux déplacements touristiques.

Les riches ont un effet négatif d’une autre manière, du fait que « la consommation est tirée par le mode de consommation ostentatoire des plus riches, qui, érigé en modèle, engendre envie et frustration dans le reste de la population« , rappelle Philippe Frémeaux dans L’Etat de l’économie 2008 (hors-série d’Alternatives économiques).

On redécouvre ainsi la pensée de l’économiste Thorstein Veblen qui, à la fin du XIXe siècle, avait analysé l’importance des phénomènes de rivalité ostentatoire et de consommation statutaire. Une leçon en est que réduire la surconsommation matérielle passe par un changement du modèle culturel dominant, donc par la réduction des inégalités.

Dans la foulée du rapport officiel Reconsidérer la richesse, animé par Patrick Viveret en 2002, l’idée d’un revenu maximal admissible (RMA) fait ainsi son chemin. Aux Pays-Bas, une loi va limiter en 2009 Lire la suite

Borloo – Climat : «Tout le monde est dans l’évitement»

liberation.fr, Guillaume Launay, Christian Losson, le 24 novembre 2009

Climat : «Tout le monde est dans l’évitement»

A quinze jours de Copenhague, le ministre de l’Ecologie, Jean-Louis Borloo, confie ses doutes, ses espoirs et évoque son avenir.

La réussite du sommet climat de Copenhague est menacée par la frilosité américaine, estime le ministre français de l’Ecologie Jean-Louis Borloo, qui juge indispensable de prévoir un dispositif – concret et chiffré – de solidarité envers les pays les plus vulnérables.

A deux semaines du sommet climatique de Copenhague, beaucoup craignent un échec des négociations. Entre deux déplacements en Afrique et en Amérique du Sud, le ministre de l’Ecologie, Jean-Louis Borloo, a répondu à Libération.

Le sommet de Copenhague sera-t-il le fiasco annoncé ?

Bien sûr que non. L’enjeu est de taille. Il s’agit de convaincre les pays industrialisés de réduire leurs émissions de gaz à effets de serre de 25% à 40% d’ici 2020 par rapport à leurs émissions de 1990, et de 80% d’ici 2050. Il faut aussi que les pays émergents s’engagent sur des cibles concrètes de maîtrise de leurs émissions de CO2 et les fassent accepter par leur population. C’est énorme, difficile, mais essentiel. Mais on ne peut pas demander à des pays qui ont un fort taux de pauvreté de choisir entre réduction de CO2 et croissance. Ce serait irréaliste.

Un texte fort avec des chiffres et des dates d’engagement est-il possible ?

Plus le texte sera emphatique, plus il sera vide. Plus les chiffres seront globaux et lointains, plus on voudra repousser une décision ou un traité, à six mois ou davantage, plus on cherchera à gagner du temps inutilement. Je le dis à ceux qui parlent déjà d’un Copenhague bis dans six mois : «De quelle information disposera-t-on dans six mois qu’on ne connaît pas déjà aujourd’hui ?»

Pourquoi est-ce si délicat alors que les opinions publiques sont volontaristes ?

Parce que cela engage de vraies révolutions. Or la réalité, c’est que tous les gouvernements réfléchissent et hésitent. Que tout le monde est dans l’évitement. Mais que sans initiative forte, on va dans le mur. Or il faut que l’on parvienne à un texte clair, avec des objectifs précis, et des mesures opérationnelles. Que les chefs d’Etat s’impliquent et soient là, sinon, on fera du surplace malgré tous les efforts déjà accomplis depuis deux ans. A l’image du pas réalisé par l’Europe il y a un an, quand elle a fait voter son paquet énergie climat, avec 20% de baisse des gaz à effet de serre, 20% d’économie d’énergie, 20% d’énergies renouvelables…

La contribution française, «Justice climat», vise-t-elle à court-circuiter le processus de l’ONU ?

Non, elle cherche juste à infuser des idées complémentaires et on l’affine tous les jours. On essaye de tenir compte de la vérité de chacun, dans la droite ligne de ce que veut l’ONU. L’idée, c’est de créer quatre catégories de pays en fonction de leurs émissions de CO2 et de leur PIB par habitant. Et pour les plus pauvres et vulnérables, Lire la suite

Allemagne : Rai-Breitenbach, village énergétiquement indépendant

novethic.fr, Claire Stam à Francfort (Allemagne), le 24 novembre 2009

Allemagne : Rai-Breitenbach, village énergétiquement indépendant

Autosuffisante, la commune de Rai-Breitenbach,produit électricité et chauffage à partir de copeaux de bois, sans émissions de carbone. Alors que les tractations diplomatiques précédant Copenhague s’avèrent difficiles, le concept des villages énergétiquement indépendants « Bioenergiedörfer », gagne toujours plus de terrain en Allemagne.

« Notre village ne fait plus parti du problème. Si la lutte contre le réchauffement climatique capote, nous n’y serons pour rien », déclare, non sans fierté, Horst Stapp, le maire de Rai-Breitenbach, un village situé au sud de Francfort. Cela fait maintenant plus d’un an que cette petite commune de 900 habitants, située dans l’Odenwald, la région forestière qui s’étend au sud de Francfort, se chauffe et s’éclaire grâce aux copeaux de bois de la région. Ce sont 600 000 litres de fuel et 1 200 tonnes de CO2 qui sont ainsi économisés chaque année.

Un projet qui part de la base

Cinq ans auront été nécessaires entre la visite à Jühnde, le premier village énergétiquement autosuffisant d’Allemagne, et la mise en service de la centrale à cogénération à Rai-Breitenbach en août 2008. Mais contrairement à Jühnde, le projet de Rai-Breitenbach « est parti du bas vers le haut », insiste Horst Stapp. De fait, Jühnde, devenu entre-temps une référence mondiale, est l’aboutissement d’un projet d’étude mené par l’université de Göttingen et encadré à l’époque par le Ministère de l’éducation et de la recherche. Le but de la démarche universitaire était de démontrer qu’il était possible de transformer un village classique en un village autosuffisant, en faisant de Jühnde un modèle à suivre. Un pari gagnant : « Ce qui est faisable à Jühnde l’est également à Rai-Breitenbach », conclut l’ingénieur. 

Or, si Jühnde a pu profiter des subsides de l’Etat prodigués dans le cadre du programme de recherche (environ deux millions d’euros), le village de Rai-Breitenbach n’a pas eu d’autre choix que de s’appuyer sur ses propres deniers. Première étape : convaincre les habitants du village de l’opportunité économique du projet, son coût total s’élevant à 3,5 millions d’euros. Le maire de la petite commune ne s’appesantit pas sur l’énergie qu’il a fallu déployer pour convaincre les 150 ménages… Toujours est-il qu’une coopérative a été créée, chaque ménage ayant versé 4500 euros – auxquels il a fallu ajouter les frais individuels de démontage des chaudières de fuel. Le Land de Hesse a participé à hauteur de 300 000 euros et le canton à 130 000 euros. Les 2,4 millions d’euros restant ont été financés via la Kreditanstalt für Wiederaufbau (KfW), le pendant allemand de la Caisse des dépôts.

Un projet politique

La coopérative engendre actuellement un chiffre d’affaires de 500 000 euros et fixe elle-même ses tarifs à l’énergie. Pour le moment, le prix du kilowatt/heure est fixé à 11 centimes – contre une moyenne nationale oscillant autour des 20 centimes. « Nous travaillons de manière neutre : nous ne voulons pas Lire la suite

Patrick Viveret : La démesure est au cœur de la crise systémique que nous traversons

bloguez.com, Patrick Viveret, le 23 novembre 2009

La démesure est au cœur de la crise systémique que nous traversons

Dans l’entretien qu’il a accepté de nous accorder, l’essayiste et militant altermondialiste Patrick Viveret revient sur la nature et les origines de la crise. Il insiste sur l’illégitimité de certaines rémunérations dans l’entreprise et sur la nécessité d’un débat autour de la redéfinition des indicateurs de richesse. Et surtout il évoque la question de l’institution, à l’échelle mondiale, de nouveaux rapports de pouvoir, à laquelle l’Europe, forte de son héritage historique, pourrait contribuer.

L’Elysée et le gouvernement expliquent aujourd’hui que la sortie de crise est proche et que la récession est dernière nous. Quelle a été, à votre sens, ici nature de cette crise et qu’a-t-elle révélé ? Peut-on aujourd’hui considérer que les racines du mai ont été traitées ?

Patrick Viveret : Absolument pas. La sortie de crise n’est pas du tout proche, même s’il y a des éléments conjoncturels de reprise. Il faut d’ailleurs mettre le mot reprise entre guillemets. Il convient en effet de regarder l’ensemble de la crise et de repérer ce qui la rend systémique, et identifier par conséquent ce qui est commun aussi bien à la crise écologique, qu’à la crise sociale ou à la crise financière. On observe des éléments structurels et aucun ne semble à court terme en voie d’amélioration. Prenons la crise écologique et les grands défis auxquels nous sommes confrontés : c’est bien sûr la question du dérèglement climatique qui est l’enjeu de la conférence de Copenhague. Ce sont aussi les risques sur la biodiversité. On évoque même des hypothèses de sixième grande extinction qui concernerait, cette fois, l’espèce humaine. Il faut rappeler que 2010 sera l’année de la biodiversité.
Or les évaluations qui ont été conduites montrent qu’en matière de biodiversité, on est très loin de remplir les objectifs qui avaient été fixés aux niveaux national et international. Ainsi la crise écologique est structurelle. Pour s’en sortir, il faudra assurément beaucoup plus que des mesures conjoncturelles. La crise sociale mondiale est due au creusement des inégalités qui conduisent, comme l’avait montré le programme des Nations unies pour le développement, à ce que trois personnes au monde aient le revenu cumulé des 48 pays les plus pauvres, que 225 personnes aient l’équivalent du revenu de 2 milliards et demi d’êtres humains. Cette crise sociale se trouve aussi à l’origine des crises alimentaires et atteint la substance même du vivre ensemble de la communauté humaine. Cette crise est structurelle et elle est loin d’être terminée, tout comme la crise financière.

En réalité, nous allons certainement vers des répliques — au sens sismique du terme — de ce qui s’est produit avec la crise des subprimes et la faillite de Lehman Brothers, dans la mesure où perdurent les éléments structurels qui ont conduit à cette crise, et en particulier le décalage entre l’économie spéculative et l’économie réelle. Un des anciens responsable de la banque centrale de Belgique, Bernard Liétaer, mettait en évidence que sur les 3 200 milliards de dollars qui s’échangeaient quotidiennement sur les marchés financiers, seulement 2,7 % correspondaient à des biens et des services effectifs, donc à de l’économie réelle. Le problème structurel auquel on est confronté est la sous-monétarisation dans l’économie réelle. Les chiffres du rapport du PNUD s’agissant des 2 milliards et demi d’êtres humains qui vivent avec 1 ou 2 dollars par jour, montrent bien que nous sommes dans une situation de sous-monétarisation. Même avec une théorie tout à fait classique de la monnaie, la monnaie est supposée faciliter l’échange et la création de richesses. Au plan économique, les capacités (les « capabilités » au sens de Aniartya Sen) de ces 2 milliards d’êtres humains se trouvent « stérilisées » par le fait que la monnaie en leur possession n’est pas à la hauteur de leur potentiel d’échanges et de richesses. Inversement, dans l’économie spéculative et dans le monde (les 225 personnes qui disposent de l’équivalent du revenu des 2 milliards et demi d’êtres humains, on assiste à un phénomène de sur-monétarisation.

Quel que soit leur degré de luxe, qui est pourtant élevé, ces personnes n’ont en effet pas la possibilité de recycler dans l’économie réelle des avoirs absolument colossaux. Le résultat, c’est l’économie spéculative qui tourne en boucle sur elle-même, et c’est l’hyper-inflation dans l’économie spéculative. Pour toutes ces raisons, la démesure est au coeur de la crise systémique que nous traversons. On est loin d’en avoir tiré toutes les conséquences. On le voit aussi avec Lire la suite

Flipo et Gaudillière : Inégalités écologiques, « croissance verte » et utopies technocratiques.

mediapart.fr, Fabrice Flipo, Jean-Paul Gaudillière, le 23 Novembre 2009

Première publication par Mouvements

Inégalités écologiques, « croissance verte » et utopies technocratiques.

Les auteurs de ce texte, tout en définissant la notion de « décroissance », déclinent trois priorités : reconnaître une « valeur » et non un prix à la nature ; redistribuer et réduire les inégalités tant celles sous-jacentes à la crise écologique que celle induites par les mesures imaginées pour y remédier ; relocaliser et resocialiser l’économie pour démocratiser les choix.

La crise écologique et financière oblige les décideurs à se pencher sur les scénarios de sortie de crise verte. Mais cette prise de conscience court le risque de s’arrêter à mi-chemin. « Capitalisme vert », « croissance verte », « keynésianisme vert » et « technologies propres » constituent autant de confortables mirages destinés à nous épargner les nécessaires remises en cause liées aux limites écologiques d’une planète aux ressources finies. La prise en compte conséquente de ces limites amène à aborder de front la question des inégalités écologiques et sociales et à changer les modes de production, de consommation et donc les modes de vie les plus prédateurs. Sans autre échappatoire, dans cette redistribution des richesses à opérer, que la redéfinition collective du sens de ces richesses elles-mêmes.

Grenelle de l’environnement, succès aux élections européennes, invitation des leaders écologistes à l’Élysée, débat (difficile) sur une loi créant une taxe carbone…L’écologie politique semble avoir gagné un statut nouveau sur la scène politique française. La crise écologique et la dégradation de notre environnement ont apparemment cessé d’exister comme cette chose dont il faut parler en fin de discours pour faire bonne mesure pour devenir un enjeu à propos duquel il est bon de réfléchir, voire même d’inventer des événements.

Cette nouvelle donne doit beaucoup à la conjonction des deux crises : la crise climatique et la crise financière. La visibilité de la première tient bien sûr à l’agenda des négociations internationales, aux discussions sur l’après Kyoto. Au-delà de la conjoncture, en matière de climat, tous les signaux sont en effet au rouge. Les organisations internationales, du GIEC aux grandes ONG environnementales en passant par le PNUD, multiplient les mises en garde sur l’accélération du réchauffement, sur l’ampleur de ses effets à relativement court terme, sur la vulnérabilité phénoménale des pays d’Afrique, d’Asie du Sud et d’Amérique Latine, sur les inégalités que le changement climatique va créer ou renforcer. Les médias européens et nord-américains relaient désormais le consensus des experts du climat sur la réalité du phénomène et font largement écho à la fonte des calottes glaciaires, aux migrations d’espèces ou encore aux nouvelles « guerres » de l’eau. Parallèlement, l’éclatement de la crise financière a rouvert un espace pour discuter des changements du capitalisme, du fonctionnement des marchés financiers, des effets « pervers » du déplacement de pouvoir vers l’actionnariat et les places boursières, des défauts de « l’auto-régulation » des marchés et du même coup signé le retour en grâce de l’intervention publique, ne serait-ce que pour sauver les banques et assurer la pérennité d’un régime d’accumulation (légèrement) amendé.

À gauche, cette conjonction des deux crises a paradoxalement des effets délétères. En rendant la question écologique plus visible et urgente, elle rend encore plus patente la difficulté à proposer des réponses autres que cosmétiques. La vivacité et surtout la nature des dénonciations venant tant du parti socialiste que de la gauche de la gauche d’un projet de taxe carbone présenté comme « anti-sociale » alors qu’il s’agit au contraire de le configurer pour en faire un outil liant redistribution et changement des façons de produire en a été un bien triste révélateur.

On n’aurait toutefois tort de considérer que les discours sur la sortie de crise « verte » ou le Green Deal ne sont que des temporaires, de simple effet de couverture médiatique grâce auxquels on découvre ces exotiques décroissants du midi de la France. Bénéficiant des acquis de l’expertise économico-climatique poursuivie depuis une dizaine d’années dans et autour du GIEC et des institutions en charge des politiques énergétiques, les propositions – voire les scénarios – liant réponse à la crise financière, re-régulation et investissements écologiques massifs tendent à faire référence, y compris du côté de la présidence américaine. Les registres varient, depuis la simple mise en avant d’un recours significatif aux sources d’énergie renouvelables dans le « bouquet » énergétique jusqu’à des argumentations plus fondamentales sur la nécessité d’une politique écologique globale faisant intervenir des transferts importants de ressources vers les pays du Sud. Dans un ouvrage récent, Lester Brown évoquait ainsi la perspective d’une « éco-écologie » Lire la suite

Sandrine Mathy du Réseau Action Climat : Lobbyiste du climat

terra-economica.info, Benjamin Bonneau, étudiant au CFPJ (Centre de formation professionnelle des journalistes), le 22 novembre 2009

Lobbyiste du climat

A 35 ans, Sandrine Mathy a déjà un emploi du temps de ministre, qu’elle partage entre son travail de chercheuse au CNRS et la présidence du Réseau Action Climat (RAC). A quelques jours du sommet de Copenhague, rencontre avec l’une des lobbyistes françaises les plus compétentes sur le sujet.

Militante ? « Oui, c’est un sacerdoce, mais ça donne du sens à ma vie. » Sandrine Malthy, chercheuse en économie de l’environnement, tient les rennes du Réseau Action Climat (RAC) depuis 2006, un collectif d’associations qui fait référence en matière de lutte contre le changement climatique. Être née en 1974, au lendemain du second choc pétrolier, prédestine-t-il à acquérir très vite des réflexes verts ? « Éteindre la lumière quand on sort de la pièce ou couper l’eau pendant que l’on se brosse les dents ? » : Sandrine Malthy en rit comme pour rejeter tout héritage familial. Tout juste consent-elle à rappeler, sourire au coin, que son papa « fait son jardin depuis toujours » et qu’il « ne met ni engrais ni pesticides ». Un peu juste pour se forger une conscience verte. C’est donc seule que sa destinée de militante écologiste s’est forgée.

Au cours de ses études d’ingénieur, elle rejoint l’Inde. Ce voyage « confirme une sensibilité déjà présente. Étudiante, je travaillais déjà bénévolement pour Ingénieurs sans frontières. Cela m’a permis de me poser des questions sur le monde dans lequel on vit. » A la fin de ses études, c’est l’heure des choix : « Si j’étais partie bosser dans le privé, je n’aurais jamais obtenu les réponses à mes préoccupations de militante. Du coup, comme les problématiques environnementales sont étroitement liées au secteur économique, je me suis lancée dans l’éco. » Une thèse sur l’intégration des pays en développement dans les politiques climatiques, un poste de chargée de recherche au CNRS en économie de l’environnement au CIRED (Centre International de Recherche en Environnement et Développement), de multiples publications et colloques : sa route est tracée. Enfin presque. En 2006, en acceptant la présidence du RAC, la vie de la jeune femme bascule.

Pas intimidée par Sarkozy

Depuis, Sandrine Mathy, mère d’un garçon de sept ans, a mis sa vie privée entre parenthèses. « Le gros problème est apparu lors du Grenelle de l’environnement où le RAC coordonnait l’action des ONG sur le thème du climat, avoue-t-elle. Cela a été très compliqué au niveau personnel. Mais je m’étais engagée, je devais assumer. Les gens attendaient des choses de moi et il ne fallait pas les décevoir. Depuis, je pose un peu plus de limites… » Mais se profile déjà la Conférence sur le climat de Copenhague. C’est plus fort qu’elle. Elle ira, dit-elle. Pour sentir l’ambiance. Seulement ?

Avec sa tignasse rousse, ses yeux pétillants et sa tenue décontractée, Sandrine Mathy ne passe pas inaperçue. Quand elle prend la parole, elle est de celles que l’on écoute. Avec un CV long comme le bras en guise de caution, la jeune femme n’a peur de rien, ni de personne. Beaucoup disent s’être sentis intimidés face à Nicolas Sarkozy. Pas elle. « Je l’ai vu souvent. Je le trouve hautain et agressif, mais cela ne m’a jamais empêchée de lui dire ce que j’avais à lui dire, notamment sur son paquet énergie-climat, dont il n’y avait pas de quoi se vanter… » La franchise est sa vertu cardinale. On la croit sur parole. « Mais je manque parfois d’assurance. » Là, on ne la croit plus. L’un des administrateurs du RAC confirme pourtant : « Elle a parfois du mal à se mettre en avant, à être proactive, mais elle s’est nettement améliorée depuis le Grenelle. »

Stop ou encore ?

La jeune femme ne rejette pas l’idée d’une éventuelle entrée en politique, . « Si Lire la suite

L’association Taca teste une méthode pour calculer le bilan carbone des familles

sudouest.com, Gilles Guitton, le 23 Novembre 2009

BÈGLES. L’association Taca teste une méthode pour calculer le bilan carbone des familles

A chacun son carbone

Il n’y a pas foule en ce samedi, à la bibliothèque de Bègles, au rendez-vous proposé par l’association Taca (pour taxe carbone). Du coup, Jean Sireyjol, son président, a tout le temps d’expliquer comment on calcule son propre bilan carbone domestique. C’est à cela que sont conviés les participants : objectif Copenhague, bien sûr.

Impossible de résumer ici la méthode, mise au point par Jean-Marc Jancovici, cet expert en réchauffement climatique, co-auteur du « bilan carbone » de l’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie). L’exercice révèle quelques surprises. Un des testeurs, pourtant écolo, mesure ainsi qu’habiter seul dans une maison de 180 mètres carrés, c’est très mauvais. En revanche, tel autre, qui partage 35 mètres carrés à deux, « chauffé par les voisins » peu économes en calories, va voir sa note carbonique s’élever « grave » dans sa future échoppe. Vivons petit…

Jean Sireyjol, qui a fait le calcul pour son couple, a renoncé à aller visiter leur fille au Brésil : catastrophique pour son bilan. Plus d’avion : « Ça change aussi toutes nos destinations de vacances. » La peur de l’avion résout le problème. Vivons proche plutôt que lointain. Qu’est-ce qui ne va pas ? La viande rouge, à cause notamment du méthane produit par les vaches. « Mais il faut quand même des vaches pour le lait, non ? », objecte un des testés.

Concerner tout le monde

Et les tomates, tiens : « Acheter un kilo de tomates produites sous serre, c’est comme consommer un litre d’essence. » Haro sur le raisin d’Italie. « Mais pourquoi c’est moins cher ? » s’indigne un testé : « Il faut des taxes aux frontières. » Taca a une autre logique : « Que ce soit de Provence ou d’Italie, c’est presque pareil. Il faut taxer le carbone, mais avec redistribution. »

Au rayon vins, le bilan inclut la production du verre, et les transports. Buvons en Bordelais (il y a pire !) et en vrac… Même l’eau minérale est très chère en gaz à effets de serre. Il faut aussi économiser sur l’ordinateur ou l’électroménager. Ce qui n’empêche pas Taca d’être très actif sur Internet : on peut faire son bilan carbone à partir de son site (1). Il faut ses factures de gaz et d’électricité, son kilométrage, et une estimation de ce que l’on consomme en produits alimentaires, vêtements et chaussures… Moyennant quoi, « on sait où on peut agir individuellement ».

Car le président de Taca, qui milite pour que les communes proposent ces bilans à leurs administrés, est convaincu d’une chose : « Il faut bien sûr que les entreprises et les politiques réduisent. Mais si on veut diminuer par quatre, les émissions de gaz à effet de serre, il faut que Lire la suite

Aux Etats-Unis, la « Transition » prépare l’après-pétrole

lemonde.fr, Grégoire Allix, le 21 novembre 2009

Aux Etats-Unis, la « Transition » prépare l’après-pétrole

Boulder (Colorado) Envoyé spécial

Au beau milieu des Etats-Unis, l’après-pétrole a commencé. Au pays de l’essence pas chère et de la négation du réchauffement, des groupes de citoyens se sont donné pour mission d’aider les communautés américaines à se préparer à la double échéance de la fin du pétrole et du changement climatique. Leur mouvement a un nom : la Transition. Son cœur bat à Boulder, dans l’Etat du Colorado (Etats-Unis), une enclave libérale et progressiste de 100 000 habitants au sein de montagnes Rocheuses, réputées très conservatrices.

Tous les mercredis, on se bouscule sur le marché fermier de Boulder – une curiosité en soi au royaume du centre commercial. Entre les étals de fruits et légumes des agriculteurs bio, les militants de la Transition distribuent leurs tracts. « L’agriculture industrielle, fondée sur des carburants bon marché, va s’effondrer« , prédit Michael Brownlee, chef de file du mouvement aux Etats-Unis. « Tout notre mode de vie est condamné. C’est très dur à entendre pour les Américains, élevés dans l’idée qu’ils le méritent. »

Fondé par Rob Hopkins, le mouvement de la Transition a pris corps en 2006 à Totnes, petite ville anglaise de 8 000 habitants, avant d’essaimer dans le monde entier. Ses militants ont un but : rendre leurs villes résilientes avant le chaos qui s’annonce, par la quête de l’autarcie énergétique et alimentaire. Avec une conviction : c’est l’opportunité pour l’humanité de construire un monde meilleur. Et un credo : la relocalisation de toutes les productions.

Formé par les fondateurs du mouvement à Totnes, Michael Brownlee, ancien journaliste, a créé à Boulder, en 2008, la première initiative américaine de la Transition. Depuis, l’association locale, qui emploie trois salariés, a mué en centre de formation de nouveaux groupes dans tout le pays et accouché d’un Transition Colorado, puis d’un Transition US. En un an, quarante initiatives ont vu le jour aux Etats-Unis.

« 80 % de notre travail est centré sur l’agriculture locale, c’est le levier le plus efficace à court terme, ce dans quoi les gens peuvent le plus facilement s’engager« , explique M. Brownlee. « 1 % seulement de notre nourriture est produite à l’intérieur du comté, or ses habitants dépensent 650 millions de dollars par an pour l’alimentation. Il y aurait là de quoi sauver notre économie ! » Les groupes créent des potagers communautaires, encouragent l’installation d’agriculteurs bio par des systèmes d’abonnement proches de ceux des Associations de maintien d’une agriculture paysanne (AMAP) en France.

Au sein d’une nation où le sens de la communauté et du lobbying ne sont pas des vains mots, le message passe. Soixante-quinze restaurants du comté affichent leur engagement à privilégier les produits locaux. Même les supermarchés mettent en valeur sur leurs rayons la production de la région. « La Transition ne doit pas juste être un groupe de gens dans leur coin. Il faut engager toute la communauté pour avoir une chance de réussir », explique M. Brownlee.

Le comté de Boulder soutient et finance le mouvement. La collectivité a créé un Lire la suite

Copenhague : comment éviter l’échec ? – L’Union européenne détient les clefs du succès

lemonde.fr, Jean-Paul Besset, Daniel Cohn-Bendit, Yannick Jadot, Eva Joly, députés européens, le 20 novembre 2009

Copenhague : comment éviter l’échec ?

L’Union européenne détient les clefs du succès

Du 7 au 18 décembre, le monde joue sa tête à Copenhague. A l’issue de ce sommet sur le climat, l’avenir sera écrit : soit l’humanité décidera de s’engager dans la construction d’un mode de développement soutenable pour les hommes et la nature, soit elle s’enfoncera dans des temps obscurs où l’imprévisibilité des catastrophes le disputera au déclin économique et aux déchirements des conflits pour la survie. C’est dire que les chefs d’Etat et de gouvernement doivent relever un défi colossal. C’est dire que la responsabilité de chacun est engagée.

Copenhague se présente comme un rendez-vous clé de l’histoire, un de ces moments charnières où un monde doit s’éteindre pour qu’un autre puisse naître : si Copenhague marque la volonté de rompre avec des modes de production et de consommation destructeurs de l’ensemble du vivant ainsi qu’avec un système d’exacerbation des inégalités où 20 % de la population mondiale consomme 80 % des ressources planétaires .

Si Copenhague ouvre une nouvelle ère de relations entre le Nord et le Sud, mettant fin aux prédations, parfois à la compassion, toujours aux promesses non tenues ; si Copenhague indique clairement un changement de cap dans la marche vers un progrès humain, alors le sommet climatique constituera une formidable opportunité pour engager nos sociétés et nos économies vers l’innovation, la sobriété en ressources et la création d’emplois qualifiés et non délocalisables dans tous les secteurs : le bâtiment, les énergies renouvelables, l’industrie, les transports individuels et collectifs, l’artisanat, le commerce de proximité, l’agriculture durable ou la protection de la biodiversité.

On ne négocie pas avec la planète, on ne négocie pas avec la science : déjà 300 000 morts par an, des millions à venir du fait des sécheresses, inondations, épidémies… et des centaines de millions de déplacés. L’inaction est un crime contre l’humanité. Le péril est connu, les responsabilités aussi : les pays industrialisés sont responsables de 80 % des gaz à effet de serre concentrés dans l’atmosphère alors que les pays du Sud supporteront 80 % des dégâts liés aux changements climatiques.

Il n’y aura pas de solution technique miraculeuse, comme le recours massif au nucléaire ou au captage du carbone. Ce sont autant d’illusions dangereuses. L’effort à accomplir est incontournable : les pays industrialisés doivent modifier radicalement leurs façons de produire et de consommer et, chaque année, mobiliser plus de 100 milliards d’euros de financement pour permettre à des milliards de personnes de faire face au défi climatique. Somme toute, ce n’est qu’une petite partie de ce que les pays riches ont réuni pour endiguer leur crise financière.

Il y a urgence et il n’y a pas de plan B. Or la plupart des pays piétinent, prisonniers d’intérêts nationaux à court terme. A quelques jours du sommet, nous sommes au bord du gouffre. La probabilité d’un échec est grande. Autrement dit, la photo de famille et les déclarations d’autosatisfaction risquent de succéder aux discours sans qu’aucun engagement sérieux n’ait été pris.

L’Union européenne n’est plus la championne climatique qu’elle prétend être. Généralisé à l’ensemble de la planète, son niveau d’ambition conduirait à un réchauffement de notre planète de plus de 4 °C, donc à une catastrophe humanitaire. Inacceptable. Le Japon, l’Australie ou encore la Norvège ont pris des engagements de réduction d’émissions à la hauteur de leur responsabilité.

Du côté des pays émergents, la Chine Lire la suite

Jouanno et Duflot, duel de choc pour l’écologie

lexpress.fr, Ludovic Vigogne, Marcelo Wesfreid, le 13 novembre 2009

Jouanno et Duflot, duel de choc pour l’écologie

Cécile Duflot et Chantal Jouanno s’affronteront lors des régionales en Île-de-France

Elles partagent le même combat, l’une à gauche, l’autre à droite. Cécile Duflot, numéro 1 des Verts, et Chantal Jouanno, secrétaire d’Etat à l’Ecologie, incarnent une nouvelle génération de femmes politiques. Portraits croisés.

Elles ne poseront pas ensemble. Cécile Duflot n’a pas envie d’être photographiée au côté de Chantal Jouanno. Elle garde un mauvais souvenir de la Une de Paris Match de mars 2005 où François Hollande et Nicolas Sarkozy avaient été immortalisés ensemble. « Il y en a un des deux à qui cela n’a pas porté chance », ironise-t-elle. Superstitieuse, la secrétaire nationale des Verts ? Comme pour la secrétaire d’Etat à l’Ecologie, 2009 lui a tellement réussi.

A ma droite, Chantal Jouanno, 40 ans, membre du gouvernement Fillon depuis janvier. A ma gauche, Cécile Duflot, 34 ans, cheville ouvrière de l’heureux mariage entre Daniel Cohn-Bendit, les Verts et moult figures de la société civile, qui a fait un malheur aux européennes de juin.

Deux nouvelles venues sur la scène politique incarnant la priorité – et la mode – qu’est devenu le combat environnemental. Deux fortes têtes aussi. Douze fois championne de France de karaté, Chantal Jouanno s’est vu intimer l’ordre de choisir entre le sport et ses études par le sélectionneur de l’équipe nationale de karaté. Elle lui a claqué la porte au nez.

Jouanno: « Je ne serais pas là sans Sarkozy »

Lors de leur première rencontre, en avril 2008, « Dany » a expliqué à Cécile Duflot que ses propositions en vue du scrutin européen étaient à prendre ou à laisser par les Verts. « Eh bien, ce sera toi qui iras te faire foutre », lui a-t-elle rétorqué.

Depuis, avec le député européen franco-allemand, tout s’est arrangé. « Il nous arrive de nous disputer, mais je n’ai pas de problème avec lui », raconte-t-elle. Régulièrement, à 22 heures, son portable sonne. Patiemment, elle écoute Daniel Cohn-Bendit se plaindre d’un parti trop renfermé sur lui-même à son goût.

Avec Nicolas Sarkozy, Chantal Jouanno n’aura jamais ce genre de rapports. « Je lui serai toujours profondément reconnaissante. Je ne serais pas là sans lui », explique-t-elle. En 2002, cette énarque, sous-préfète, intègre le cabinet du ministre de l’Intérieur, devient sa plume, se spécialise, à la demande de Claude Guéant (alors directeur du cabinet), sur les questions écologiques.

Pendant la campagne présidentielle de 2007, elle sera celle qui fera le lien avec les associations environnementales ; devenue conseillère à l’Elysée, elle veillera attentivement au succès du Grenelle de l’environnement. Jamais elle n’aura le comportement de la rebelle Rama Yade. Jouanno a un principe : « On ne mord pas la main qui vous nourrit. »

Le credo de Duflot? « Ne jamais dire Lire la suite

Le Pic Pétrolier ne sauvera pas le climat – bien au contraire

contreinfo.info, David Strahan, le 16 avril 2007, première diffusion BBC News, le 29 mars 2007

Le Pic Pétrolier ne sauvera pas le climat – bien au contraire

Si vous pensez que le pic pétrolier apportera la solution au problème de l’effet de serre, en diminuant de fait les émissions de CO2, vous avez tort. Vraiment tort. David Strahan explique pourquoi.

De nombreuses personnes pensent que la raréfaction du pétrole – le Pic Pétrolier – donnera l’occasion de combattre efficacement le réchauffement. Ils ont tort.

Il est de plus en plus évident que la production pétrolière connaîtra bientôt un déclin, aux conséquences économiques potentiellement dévastatrices.

Bien que le concept de pic pétrolier ait traditionnellement été considéré comme peu sérieux par l’industrie du pétrole, aujourd’hui, même les grands patrons du secteur en acceptent l’idée.

L’année dernière Thierry Desmarest, le président de Total, quatrième compagnie au monde, a déclaré que le pic pourrait intervenir aux alentours de 2020, et enjoint les gouvernements à mettre en œuvre des politiques de limitation de la demande afin de reculer le moment fatidique où s’amorcera le déclin de la ressource.

D’autres observateurs sont convaincus que le pic de production est plus proche encore. De nombreux écologistes se méfient de ces prévisions qu’ils interprètent comme des manœuvres visant à faire croire que le problème du réchauffement se réglera de lui-même en l’absence de pétrole.

Stephen Tindale de Greepeace, lui, ne croit pas à l’imminence du pic, mais espère tout de même qu’il se produira rapidement.

« Espérons que le pétrole s’épuise, ainsi le monde devra développer des énergies alternatives rapidement, et pour le problème du climat, le résultat sera excellent », m’a-t-il déclaré.

Rien n’est plus faux.

Croissance sale

Il est mathématiquement impossible que le pic pétrolier soit la solution au changement climatique. Bien que le pétrole soit la première source énergétique responsable de l’émission des gaz à effet de serre, le charbon et le gaz, pris ensemble, ont un rôle encore plus important, et la croissance probable des émissions qui leur sont dues sera supérieure à la diminution de celles causées par le pétrole.

Ainsi que je le démontre dans « Le Dernier Choc Pétrolier » [1], en utilisant les chiffres du scénario d’estimation moyenne [2] de L’Agence Internationale de l’Energie (AIE), même si la production pétrolière atteignait son sommet en 2010 et commençait immédiatement à décliner de 3% par an, le total des émissions des gaz à effets de serre continuerait à croître de 25% pour atteindre 32 milliards de tonnes en 2030.

Alors que nous devrions à cette époque avoir diminué nos émissions d’au moins 60%.

De fait, le pic pétrolier pourrait rendre les choses encore pires s’il nous pousse à Lire la suite

34% des Français considèrent le changement climatique comme un problème grave

terra-economica.info, Julien Vinzent, le 5 novembre 2009

34% des Français considèrent le changement climatique comme un problème grave

A un mois de la conférence de Copenhague, rendez-vous crucial pour la lutte contre le changement climatique, certains chiffres ont de quoi surprendre. Ainsi, le phénomène et ses conséquences ne semble pas faire partie des problèmes prioritaires des Français, selon un sondage effectué dans 12 pays par l’Observatoire de la confiance climatique HSBC. Depuis 3 ans, le niveau de préoccupation a chuté de 8%. En France, seules 34% des personnes interrogées estiment que « le changement climatique et la manière d’y répondre fait partie des problématiques qui les inquiètent le plus », un niveau égal à la moyenne mondiale rapporte la banque.

Mais l’enseignement principal de cette étude est le gouffre entre les pays émergents, beaucoup plus inquiets et volontaristes, et les pays développés. Exemple avec « l’importance d’obtenir un accord à Copenhague » : au Brésil, l’idée obtient un score soviétique de 86%, quand elle ne rencontre même pas une majorité aux États-Unis. L’Europe ne fait pas forcément mieux, en particulier le Royaume-Uni : le niveau de préoccupation y est le plus bas avec 15%, et seuls 22% des sondés affirment faire des efforts au niveau individuel.

Pessimisme quand tu nous tiens… Dans ce domaine, l’Hexagone est champion avec un petit 6% de Français persuadés que le changement climatique peut-être arrêté et 7% qui pensent que « ceux qui devraient faire quelque chose font ce qui est nécessaire« . En revanche, 44% d’entre eux Lire la suite

Le mouvement politique des Objecteurs de Croissance vient officiellement de voir le jour en Belgique : « Les réalistes, c’est nous ! »

mondequibouge.be, Céline Teret, le 16 novembre 2009

Interview réalisée dans le cadre du dossier « Moins de biens, plus de liens », de Symbioses (n°84 – automne 2009), magazine d’éducation à l’environnement du Réseau IDée

« Les réalistes, c’est nous ! »

Le mouvement politique des Objecteurs de Croissance vient officiellement de voir le jour en Belgique. Bernard Legros, l’un de ses membres, revient sur le parcours du mouvement, ses réflexions, ses actions à venir… et fustige ceux qui accusent les objecteurs de croissance d’être des rêveurs.

Le mouvement politique des Objecteurs de Croissance vient d’être lancé. Quel est son parcours ?

Au départ il y a une initiative du Grappe, Groupe d’action pour une politique écologique, en 2006, qui désirait rassembler les associations ayant pour objectif commun de trouver des alternatives au système économique actuel. Donc, des associations qui se reconnaissaient dans une démarche d’écologie politique, et même d’objection de croissance. De ces 20 associations, des points communs ont été dégagés. La phase d’incubation avançant, on s’est retrouvé à une dizaine d’associations. Il y a eu des perspectives sans lendemain, puis l’idée est venue de fonder un mouvement politique d’objecteurs de croissance en Belgique. Nous avons décidé de commencer par une journée de réflexion et d’information sur ce qu’est la décroissance « soutenable » et l’objection de croissance. Cette journée s’est tenue le 21 février 2009, avec deux prestigieux conférenciers, Serge Latouche et Marie-Dominique Perrot, avec un panel d’associations liées à l’objection de croissance, et avec la présence d’intellectuels qui ont donné leur avis sur la décroissance (voir les actes de cette journée sur www.objecteursdecroissance.be).

Une journée qui a rencontré un vif succès… Comment expliquez-vous cet engouement ?

En effet, nous nous attendions à avoir 200 ou 300 personnes, nous en avons eu 800. Ca a été un succès inattendu. Ca s’explique peut-être parce que l’idée de la décroissance a fait son chemin dans les têtes, dans les consciences. Suffisamment de monde a entendu parler de décroissance pour se décider à venir à une séance d’information afin d’en savoir plus. Le fait, évidemment, qu’on ait eu un nom aussi connu que Serge Latouche, a également beaucoup joué. Nous avons été grisé par notre succès, nous n’en revenions pas !

Cette journée marquait le premier pas vers la création du mouvement politique…

L’un des objectifs de cette journée était de « prendre la température », de voir comment était perçue l’objection de croissance et quel est le public que ce courant rassemble. La journée a été un succès, et elle s’est donc clôturée par un appel à nous rejoindre pour fonder un mouvement politique nouveau basé sur l’objection de croissance. Parmi les 800 personnes qui étaient présentes à la journée, une bonne centaine étaient intéressées par l’idée. Nous avons fait une première plénière en mai, où nous avons commencé à mettre en place les étapes qui mènent à la fondation d’un mouvement. Pendant ce temps-là, il y a toujours un groupe de pilotage, appelé AdOC pour Association d’Objecteurs de Croissance, qui continue à fixer le cadre et la marche à suivre pour y aller par étapes. Nous avons rédigé un manifeste et les statuts du mouvement. Le 18 octobre a été lancé officiellement le mouvement politique des Objecteurs de Croissance.

Pourquoi un « mouvement politique » ?

Il n’a jamais été question de faire un parti politique et de foncer aux élections. Et en même temps, on voulait aussi éviter la dépolitisation, c’est-à-dire penser qu’on peut changer la société uniquement par l’activité associative ou par la transformation personnelle, via la simplicité volontaire. Nous ne pensons pas que ce soit suffisant. Il faut Lire la suite

Copenhague : Vers un Munich climatique

planete.blogs.nouvelsobs.com, Guillaume Malaurie, le 16 novembre 2009

Copenhague : Vers un Munich climatique

Ce qui est sûr à quelques jours du Sommet de Copenhague sur le réchauffement climatique, c’est que l’esprit de Kyoto est mort. Comme est mort l’esprit  d’un nouvel ordre mondial et d’une SDN arbitre des conflits dans les années vingt. Il n’y aura pas, sauf miracle,  à  Copenhague d’engagement mondial  contraignant sur la baisse des émissions de Gaz à effet de serre. Mais au mieux un compromis sur des vœux.  La contrainte, elle,  est remise à plus tard. Quand ? Dans six mois ou un peu plus ou dans un an ?  Comment ? On verra… Et comme dans l’entre deux Guerres, les États Unis, dont on attendait tant  et trop  en matière d’environnement avec l’arrivée de la nouvelle administration Obama, se sont mis  en stand by. En attente des votes, il est vrai fort incertains, du Congrès.

Accord sur le diagnostic pas sur la thérapie

Le paradoxe, c’est que tous les exécutifs de toutes les grandes nations, sauf le Canada, sont aujourd’hui convaincus que le réchauffement n’est pas une lubie de climatologue. Et que le rôle des activités humaines est déterminant.

La Chine est convaincue  qui sait que la fonte des glaciers de l’Himalaya déstabilisera violemment son écosystème et que son régime des moussons est déjà largement perturbé qui lui fait courir le risque de sécheresses redoutables, les Etats-Unis le sont qui cherchent une solution à leur dépendance au « poison » charbon,  le Japon l’est de manière récente, les pays du Sud le sont qui seront sans doute les premiers à subir les conséquences …

Le  diagnostic est donc partagé, mais sur la thérapie, chacun y va de sa réserve. De sa priorité. De sa croissance. De son territoire ( voir entretien avec Dominique Bourg) .  De ses exigences vis à vis du voisin ou du concurrent.  Toutes sont plus ou moins légitimes. Mais pendant ce temps, les émissions de Gaz à effet continuent leur montée en puissance.

Et d’ores et déjà, les mécanismes incontrôlables, dits rétroactifs, sont à l’œuvre sans qu’une baisse des émissions de CO2 dans les années à venir y fasse quoi que ce soit.

Pendant ce temps, les glaciers fondent plus vite. Beaucoup plus vite…

C’est l’effet cliquet redouté. Un seuil est atteint  et les lois de la nature s’autonomisent.   De ce point de vue, la   fonte des glaciers  arctiques et antarctiques qui s’accélère est emblématique. Les experts du GIEC (Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat)  avaient sous estimé  la tendance. Une tendance dont les conséquences sur le niveau de la mer  à la fin de ce siècle deviennent de plus en plus inquiétants   : + 30 centimètres ?  +  50 centimètres ?  + 80  centimètres ? + 1 mètre ? On n’en est pas là dans la supposition. Mais sur le constat du toujours plus et de l’irréversible. La seule chose que l’on puisse faire c’est sortir son double décimètre.  Ce ne sont plus les îles du Pacifique qui jouent leur survie mais Londres qui risque  l’engorgement.

Il faut lire à ce sujet le livre du canadien Gwynne Dyer «  Alerte , Changement climatique : La menace de guerre. » . Laffont. Dyer ne parle  pas seulement de guerre des hommes avec leur climat  mais de guerres tout court suite au réchauffement climatique. Ses sources ? Des rapports du Pentagone ou des militaires britanniques. Ça fait froid dans le dos. C’est alarmiste. C’est aussi tout bétement alarmant. Comme le livre préfacé par le climatologue Jean Jouzel :  » Réfugiés climatiques». Soit le passage en revue des 150 millions d’hommes et de femmes qui selon l’Onu vont quitter leur sols pour chercher asile ailleurs.

Bourreau encore une minute…

Le mol esprit munichois  «  Bourreau, encore une minute, ça va sûrement  s’arranger  pour le moins pire » a pourtant ses adeptes. Ses pacifistes comme dans les années trente. Ses incrédules.  Claude Allègre, invité  d’un  débat sur Public Sénat en fin de semaine dernière,   fait partie de cette mouvance relativiste et rassurante. La montée des eaux ? «  Pas du tout, c’est le Bangladesh qui s’affaisse » assure Claude Allègre.  » Les experts du GIEC ? »  « Des extrémistes ! Des spéculateurs idéologues et  anxiogènes ! »  « Hulot ? »  » Un va-t-en guerre idiot et irresponsable. » La solution ? Allègre, qui ne nie pas le réchauffement, ni l’excès de CO2, ni l’acidification des océans qui captent moins le carbone, l’a trouvée comme Maginot avait trouvé sa « ligne » : la captation et l’enfouissement  du CO2.  Tout le monde est d’accord que Lire la suite

Découvrez le site et les actions de l’association taca Agir pour réduire tes émissions de CO2 et demander une TAxe CArbone avec redistribution

 taca, le site,  novembre 2009

taca Agir pour réduire tes émissions de CO2 et demander une TAxe CArbone avec redistribution

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Le picnic de nov 2008

Des témoignages brûlants

Les citoyens du monde hyperconcernés !

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Lettre de l’Université populaire de l’environnement, programme de novembre et décembre 2009

MNE Bordeaux-Aquitaine, Université populaire de l’environnement, communiqué, le 3 novembre 2009

UNIVERSITE POPULAIRE DE L’ENVIRONNEMENT – L’Université nomade d’Aquitaine

Cinquième lettre de l’UPE [Saison 2] avec :

– Plus de 150 personnes à la manifestation lionbleu.350 du samedi 24 octobre du Collectif Gironde Copenhague 09 https://mneaquitaine.wordpress.com/2009/10/26/plus-de-150-participants-a-la-journee-lionbleu-org-a-bordeaux/ 

– ce soir, mardi 3 novembre à 19h30 à l’Athénée Municipale déclinaison régionale du débat national sur les nanotechnologies qui se tient du 15 octobre 2009 au 24 février 2010. A Bordeaux les thèmes retenus sont « Process industriels / Nanotechnologies et protection des travailleurs ». Chacun peut s’informer et participer au débat à partir du site “http://www.debatpublic-nano.org/

le mercredi 4 novembre à 18h00, conclusion du cycle de conférences de l’UPE « Climat, énergie et transports » à l’Université Bordeaux 2 Victoire « Vers une révolution des transports ? » [plus d’infos ci-dessous]

– jeudi 5 novembre – Vélorution spéciale Copenhague, ces rendez-vous ne sont pas déclarés, il s’agit d’une coïncidence heureuse provoquée… Rendez-vous à 17h00 place Pey-Berland à Bordeaux http://www.velorution.org/articles/rubrique59.html [plus d’infos ci-dessous]

– mardi 10 novembre à 18h30 à la MNE Bordeaux-Aquitaine, 3 rue de Tauzia, dans le cadre de l’UPE poursuite de la formation, ouverte à tous, sur la communication des associations, thème du jour « Le communiqué de presse », séance suivante « Les nouveaux outils de communication Internet », si vous êtes intéressé, merci de vous signaler à mnebxaquitaine@aol.com

vendredi 13 novembre – Soirée à l’Utopia « Climat, la lutte des glaces » avec la diffusion du film « Le syndrome du Titanic » de Nicolas Hulot et Jean-Albert Lievre. Il sera suivi d’un débat animé par le Collectif Copenhague en présence de Bruno Malaizé, climatologue, et de Simon Charbonneau, juriste. Il faut réserver sa place à l’Utopia. Découvrez la bande-annonce du film. http://www.fondation-nicolas-hulot.org/blog/exclu-bande-annonce-le-syndrome-du-titanic

– lundi 16 novembre – Organisée par le PUMA (Pôle alternatif des Mobilités urbaines) : Vélo Cité, AutoCool, Droits du piéton 33, AIR… en partenariat avec l’UPE, soirée « Quand le vélo prend le pouvoir ! » diffusion du film « Live Bicycle » suivi d’un débat sur la mobilité urbaine, à l’Université Bordeaux 2 Victoire amphithéâtre Pitres [plus d’infos ci-dessous]

– samedi 21 novembre une nouvelle « Action médiatique » du Collectif Gironde Copenhague 09 [plus d’infos dans la prochaine lettre]

samedi 5 décembre – Journée nationale d’action Greenpeace, Lire la suite

Le Sud, première victime du réchauffement climatique

lemonde.fr, Hervé Kempf, le 10 novembre 2009

Le Sud, première victime du réchauffement climatique

Plusieurs études confirment que les pays pauvres seront les premières victimes du changement climatique, alors même que, faibles émetteurs de gaz à effet de serre, ils en sont les moins responsables. Une étude publiée début septembre 2009 par Maplecroft, un cabinet britannique d’expertise des risques globaux, montre que les pays les plus vulnérables au réchauffement sont la Somalie, Haïti, l’Afghanistan et la Sierra Leone. Des vingt-huit pays exposés à un « risque extrême « , vingt-deux sont situés en Afrique subsaharienne.

A Manille, au même moment, la Banque asiatique de développement présentait les résultats d’une enquête concluant que la fonte des glaciers de l’Himalaya menace la sécurité alimentaire et la disponibilité en eau des 1,6 milliard d’habitants d’Asie du Sud. A New York, Rob Vos, directeur du département des affaires économiques et sociales de l’ONU, a jugé que, « si l’on ne réduit pas les émissions de GES de façon significative, les dommages causés à l’économie des pays pauvres seront dix fois supérieurs à ceux enregistrés dans les pays développés « . M. Vos commentait le rapport publié par son département. Selon les conclusions, il faudrait investir chaque année, dans l’atténuation du changement climatique et l’adaptation à ses effets, de l’ordre de 1?% du produit intérieur brut (PIB) mondial, soit plus de 500 milliards de dollars.

Quelques mois plus tôt, en mai 2009, l’ONU avait publié un rapport issu de la Stratégie internationale de réduction des risques, lancée en 2000. Le document opère la première synthèse des connaissances sur les désastres naturels qui se sont produits entre 1975 et 2008. S’il reconnaît ne pas être exhaustif, le texte n’en représente pas moins une masse de connaissances unique.

Entre 1975 et 2008, il dénombre 8 866 désastres ayant tué 2 284 000 personnes. Concernant les inondations, le risque mortel a augmenté de 13 % entre 1990 et 2007. Le tableau n’est pas, si l’on ose dire, uniformément catastrophique. Certes, le nombre absolu des pertes humaines ou économiques augmente sur l’ensemble de la période, mais il reste proportionnellement stable, du fait de l’augmentation démographique et de celle du PIB mondial.

Mais, selon les experts de l’ONU, la situation devrait se dégrader, en raison du changement climatique et de la dégradation des écosystèmes. Celle-ci est un facteur trop ignoré. Or ces derniers parviennent à amortir l’impact des catastrophes d’origine naturelle. Quant au changement climatique, il va augmenter le risque des désastres. La vulnérabilité des populations est l’un des autres facteurs qui accentuent les risques. L’action des pouvoirs publics (normes antisismiques, etc.) devient cruciale : le Japon et les Philippines subissent à peu près le même nombre de typhons, mais ceux-ci provoquent 17 fois plus de morts aux Philippines qu’au Japon.

Le « Bilan Planète » 2009

L’article ci-contre est extrait d’un numéro hors-série du « Monde » intitulé « Bilan Planète », Lire la suite

Dur, dur, d’être écolo

lexpress.fr, Eric Lecluyse, Richard De Vendeuil, le 09 novembre 2009

Dur, dur, d’être écolo

Se soucier de l’état de la planète, c’est bien. Sauf quand le quotidien du citoyen « vert » devient un parcours du combattant. Et vire au stress, voire à la parano.

Depuis quelques semaines, avec la disparition des ampoules à filament de 100 watts et plus, un étrange spectacle se répète au rayon luminaires des grands magasins. Des grappes de clients hagards tentent désespérément de décrypter les étiquettes des lampes basse consommation ou d’accrocher un vendeur qui les sauvera (peut-être) de l’enfer. Certains transpirent même carrément d’angoisse, depuis qu’ils ont vu la vidéo alarmiste postée sur DailyMotion par Annie Lobé, une journaliste indépendante. La dame -dont on n’entend que la voix off- y compare les champs électromagnétiques émis par les ampoules classiques et par les fluo-compactes, très inférieurs. Les fréquences basses « sont des cancérogènes possibles pour l’homme », affirme-t-elle, citant un rapport de l’Agence internationale de recherche sur le cancer. Le tout sans apporter d’autre preuve scientifique que son « gaussmètre », un boîtier mesurant les fameux champs, filmé en gros plan. Panique chez les internautes. Au point que l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie a dû publier un avis pour rassurer le public. Annie Lobé, elle, se défend : « J’apporte des élements scientifiques et j’émets des hypothèses ».

conso verte: des sites utiles

Pour mieux choisir, Mescoursespourlaplanete.com : un guide soutenu par l’Ademe, avec de nombreuses fiches produit, de l’épicerie aux vacances équitables.

Pour repérer ceux qui abusent, Observatoiredelapublicite.fr : les pires marques du greenwashing (ou « écoblanchiment », procédé qui consiste à faire passer pour vert ce qui ne l’est pas) sont épinglées par ce site qui émane de l’Alliance pour la planète (groupement d’associations écologistes).

Pour échanger, Planete-attitude.fr: édité par le WWF-France, ce réseau social est un lieu d’échanges et de débats, de la meilleure façon d’introduire le bio dans les cantines à la préservation du loup…

N’empêche. Réchauffement climatique, famine, désertification, taxe carbone : les nerfs sont à vif. Même les gosses s’y mettent. « Maman, tu aurais dû jeter ce papier dans la poubelle à recycler », lance Grégoire, 6 ans, à sa mère, débordée. Et Nicolas Hulot qui enfonce le clou, avec son documentaire Le Syndrome du Titanic, tour d’horizon affolant de notre amie la Terre martyrisée par l’Homme. Certes, il faut bien donner l’alerte, puisqu’il y a urgence, mais comment empêcher qu’une affreuse angoisse ne submerge ceux qui ont capté le message ? L’autre jour, j’ai lu un article sur la qualité de l’eau potable dans certains coins de Paris, ça m’a fait flipper », confie la jeune actrice Sara Forestier au magazine Elle. Et flipper peut mener loin. « Les piles, ça ne se jette jamais, c’est quand même pas compliqué d’aller dans un centre de tri en un coup de Noctambus ! » hurle Valérie Lemercier dans son dernier spectacle, en écolo givrée tellement préoccupée de l’état de la planète qu’elle harcèle ses voisins jusqu’à pas d’heure pour qu’ils trient leurs déchets.

« A force de voir la vie comme une série de nuisances, une source d’émissions de carbone et de pollutions diverses, on tombe dans l’anxiogène, confirme la géographe Sylvie Brunel, auteure de A qui profite le développement durable ? (Larousse). Hélas, donner mauvaise conscience et demander aux gens de se repentir est au cœur du discours écolo! C’est même le nerf de la guerre. L’empreinte écologique -l’impact des activités humaines sur les écosystèmes- est une façon de nous dire: ‘Combien de bonnes terres gaspillées par votre train de vie!' »

Des labels trompeurs…

Le citoyen « vert » a compris qu’il devait changer de comportement. Oui, mais Lire la suite

Tchernoblaye fête ses dix ans au cinéma Utopia de Bordeaux le dimanche 22 novembre 2009

tchernoblaye.free.fr, communiqué de presse, le 10 novembre 2009

Tchernoblaye fête ses dix ans au cinéma Utopia de Bordeaux le dimanche 22 novembre 2009

5 place Camille Jullian 33000 Bordeaux

1) Salle de la Cheminée

17h30 : Point presse

18h : Apéro offert par Tchernoblaye

19h : Buffet amenez de quoi partager – tartes, cakes, etc –  Tchernoblaye offre les boissons

2) Cinéma

20h30 : film « INELUCTABLE »

http://www.cinemas-utopia.org/bordeaux/index.php?id=734&mode=film

Réservez vos places à Utopia à partir du 12 novembre

21h45 : Débat « Aurons-nous de l’électricité à Noël? »

Au pays du nucléaire, les vieux réacteurs sont malades, les nouveaux sont déjà périmés, les déchets s’accumulent et… il faut importer massivement de l’électricité de chez nos voisins, lesquels ne pourront pas nous sauver indéfiniment…

Tchernoblaye a dix ans !

Le 22 novembre 1999, cinéma Utopia de Bordeaux, fraîchement ouvert, accueillait sa toute première soirée « film-débat », consacrée au risque nucléaire, autour du film Raspad décrivant la catastrophe de Tchernobyl. Lors du débat, un appel était lancé pour la création d’un collectif antinucléaire en Gironde : Tchernoblaye était née !

Connu dans un premier temps sous le nom « Collectif girondin pour la sortie du nucléaire », ce regroupement citoyen se réunissait pour la première fois formellement le 15 décembre. Et, douze jours plus tard, au cours de la fameuse tempête des 27 et 28 décembre 1999, un million de litres d’eau de la Gironde pénétraient illégalement dans la centrale nucléaire du Blayais qui frôlait alors le désastre.

Tchernobyl à Blaye, cela donnait bien sûr Tchernoblaye, un nouveau nom tout naturel pour le collectif antinucléaire. Mais le maire de Blaye ne l’entendit pas de la même oreille et, Lire la suite

Yves Cochet – Copenhague : trois certitudes et une crainte

actu-environnement.com, Yves Cochet, Mathématicien, ancien Ministre de l’Environnement, Député de la 11e circonscription de Paris, le 28 octobre 2009

Copenhague : trois certitudes et une crainte

Si l’objectif de la conférence de Copenhague est clair – aboutir à un accord pour lutter contre le réchauffement climatique – une inquiétude demeure cependant car toute manoeuvre échappatoire à l’affrontement direct de la réalité climatique et énergétique mènera au chaos.

Nous avons trois certitudes. La modification de la composition de l’atmosphère en gaz à effet de serre (GES) est rapide et importante depuis cinquante ans. Le réchauffement global est sans équivoque lorsqu’on observe l’évolution des températures moyennes, mais aussi l’élévation du niveau des mers par dilatation, l’accroissement de la vapeur d’eau, la fonte des glaciers et d’autres facteurs. Enfin, l’essentiel de ce changement est dû aux activités humaines, même si certaines activités naturelles telles que les cycles du soleil et le volcanisme peuvent parfois amplifier ou contrecarrer ce changement. Parce qu’il n’y a pas, dans le passé, l’analogue de ce qui se passe actuellement, il est nécessaire de réduire drastiquement et rapidement nos émissions de GES et de mettre en œuvre des politiques d’adaptation, notamment pour la protection des populations de certains pays du Sud.

Il y a une autre raison d’agir vite et fort à Copenhague. Nous n’avons plus que quelques années pour profiter de notre capacité de faire, de notre puissance disponible, de notre relative prospérité avant que l’énergie ne devienne rare et beaucoup plus chère qu’aujourd’hui, tandis que la récession concomitante nous empêchera d’agir efficacement. Si un bon accord juridique n’est pas conclu à Copenhague, nous n’aurons plus le temps de nous en tirer, faute de moyens physiques économiquement disponibles. Nous ne sommes plus dans le rêve essentialiste d’une bienheureuse société post-carbone en 2050, nous sommes dans le compte à rebours pour éviter le pire, pour réduire les souffrances de nos enfants et petits-enfants, pour sauver le plus grand nombre de nos frères et sœurs du Sud. Pratiquement, le point le plus important de Copenhague est un accord contraignant sur la décroissance réelle et forte des émissions de GES à partir de 2015.

Moins connu que les autres arguments en faveur de la réduction des GES, cette raison d’agir basée sur la raréfaction et le renchérissement imminents de l’énergie doit être expliquée plus avant. Essentiellement : le modèle économique dominant – que l’on peut qualifier de « libéral-productiviste » – nécessite une croissance sans fin et une création d’emplois continuelle, ce qui est physiquement impossible. Plus explicitement : l’économie actuelle s’appuie sur les marchés et les emplois pour distribuer les biens et les services ; la croissance du PIB et des emplois exige la croissance de l’énergie nette disponible ; cette dernière est liée au pic de production de pétrole qui arrive aujourd’hui et sera donc suivi – dès la décennie 2010-2020 – d’une décroissance longue et définitive du PIB, la récession actuelle se transformant en dépression puis en chaos si nos dirigeants ne décillent pas les yeux. Bref, lorsque l’énergie nette disponible décroît, tout décroît. Cette décroissance n’est même plus un choix politique issue d’un débat politique sur les meilleures orientations pour une planète soutenable, cette décroissance est notre destin.

De ce point de vue, les débats préparatoires à Copenhague sont souvent affligeants. Les sujets qui occupent le devant de la scène ne Lire la suite

Crise climatique et fin du pétrole : Démarrer une initiative de transition

Démarrer une initiative de transition

Worldies, Pierre, Trièves après pétrole, le 5 novembre 2009

Schématiquement, lancer une initiative de transition peut se découper en trois phases :

préparation, à l’issue ou pendant laquelle se créer le groupe de départ ;

sensibilisation, à l’issue de laquelle le groupe de départ se dissout pour laisser place à un groupe de pilotage plus large et plus représentatif de la population ;

action.

À Trièves Après-Pétrole, nous en sommes à la fin de la préparation, aussi nous ne parlerons que de cette étape pour le moment.

Un peu d’histoire…

L’initiative Trièves Après-Pétrole a été relativement facile à démarrer : le Trièves est un territoire rural relativement petit, très dynamique, où il est facile de rencontrer les gens et les élus. Les initiatives écologiques et alternatives sont nombreuses, les élus sont sensibles à ces thèmes, les collectivités expérimentent, tout le monde se connaît dans ces réseaux et en dehors. Il n’a donc pas été complexe de rassembler un premier groupe de personnes prêtes à soutenir l’initiative.

Néanmoins, l’incrédulité à laquelle on se heurte quand on aborde le pic pétrolier, le choc que cela représente généralement pour les gens et l’ampleur du travail nous ont amené à procéder par étapes. Un principe nous guide depuis le début : ne pas s’adresser au public avant d’être prêts, c’est-à-dire ne pas précipiter les chose au risque de rencontrer un échec. De fait, nous avons réfléchi un an avant de lancer l’initiative en septembre 2008, et depuis nous réunissons informations et outils pédagogiques en vue de la phase de sensibilisation du public, qui débutera début avril 2009.

… et quelques conseils

Soyez sûr(e) de votre motivation : c’est un travail de longue haleine qui vous amènera à côtoyer beaucoup de gens, avec tous les hauts et les bas des relations humaines. Un goût pour la pédagogie, l’écoute des autres et les réalisations concrètes est crucial. Une approche purement intellectuelle risque de ne pas aller bien loin. Soyez prêt(e) à partager l’aventure avec des gens très différents de vous par leurs histoires, leurs sensibilités et leurs motivations.

Choisissez une échelle d’action cohérente et à votre mesure (commune, terroir, canton, quartier) ; commencer trop grand risque de vous épuiser et de vous éloigner du terrain.

Commencez par rencontrer les gens qui agissent et qui ont une expérience dans l’écologie, les alternatives, la décroissance, la sensibilisation du public, la démocratie participative, l’éducation populaire. Faites-leur connaissance et faites-vous connaître. sachez ce qu’ils font.

– La crédibilité est un facteur important : il est plus facile d’être écouté et de convaincre si Lire la suite

Bayonne – Climat : un forum pour une prise de conscience générale

jejpb.com, Fabienne Oçafrain, le 06 novembre 2009

Climat : un forum pour une prise de conscience générale

Un mois avant la conférence mondiale des Nations Unies à Copenhague, qui se déroulera du 7 au 18 décembre, sur le changement climatique, plusieurs associations ont décidé d’organiser un forum sur cette thématique à Bayonne. Une manière pour les Amis de la Terre, ATTAC, Bizi !, la Fondation Manu Robles-Arangiz et Survie de lancer le compte à rebours devant l’importance et l’urgence de prise de conscience de la population et des politiques quant au devenir de l’humanité et de la vie sur la planète.

En effet, ce soir, dès 20 h 30 au grand amphi de la Faculté de Bayonne, une conférence sera consacrée aux causes et conséquences du réchauffement climatique et à l’importance et les enjeux du Sommet de Copenhague. Tour à tour, interviendront Patric Piro, journaliste spécialisé en environnement, Hervé Le Treut, climatologue, Jean Stéphane Devisse, responsable du pôle Changement climatique et politiques publiques au WWF, et enfin Cyrielle Den Hartigh, chargée de la campagne climat aux Amis de la Terre-France. Tous sont spécialistes et étaleront leur savoir devant le grand public.

Le premier à prendre la parole sera Patric Piro. Journaliste, spécialisé depuis 20 ans dans les questions d’écologie et des relations Nord-Sud, il présentera les enjeux du Sommet de Copenhague et réalisera une présentation globale des causes et conséquences prévisibles du réchauffement climatique. Conséquences que s’attachera de préciser Hervé le Treut. Membre du fameux Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) et membre de l’Académie des Sciences, il est aussi directeur de L’Institut Pierre Simon Laplace créé au début des années 90 pour fédérer les activités de six laboratoires de la région parisienne impliqués dans les sciences de l’environnement terrestre et planétaire. Son intervention apportera donc une approche scientifique des conséquences du changement climatique en présentant les prévisions du GIEC. On notera à ce propos que le dernier rapport de ce groupe d’experts publié en 2007 évoque l’inquiétude des scientifiques quant à la hausse probable pour 2 100 de la température moyenne de 2 à 4,5 degrés et une montée du niveau des océans de 19 à 58 centimètres et les conséquences alarmantes de ces modifications.

Et le Pays Basque…

Les conséquences du changement climatique seront-elles les mêmes pour tous les territoires ? Jean-Stéphane Devisse, coordinateur de l’action des ONG pendant le Grenelle de l’environnement en 2007 précisera ce qui va changer au Pays Basque dans les décennies à venir, compte tenu du fait que ce dernier cumule les facteurs à risque : littoral, montagne et position géographique au Sud de l’Europe. Une intervention importante pour Lire la suite

Le réchauffement pourrait coûter très cher à la France

lefigaro.fr, Marielle Court, le 6 novembre 2009

Le réchauffement pourrait coûter très cher à la France

Sécheresse, inondations de zones côtières, etc. : le surcoût se chiffrerait à plusieurs milliards d’euros par an.

Déficit en eau, impact sur la forêt, nécessaire évolution du tourisme, risque de submersion… À l’heure où tous les yeux sont braqués sur Copenhague dans l’espoir d’un grand accord international sur le climat, la France se penche sur son territoire. Objectif : mesurer chez nous les effets et le coût du changement climatique pour les vingt ou cinquante ans à venir. Et le constat est sans surprise : bien que pour certains secteurs «on observe des coûts et des opportunités… On peut s’attendre à un impact global négatif», précise l’Onerc (Observatoire national sur les effets du réchauffement climatique) qui vient de remettre son travail à Jean-Louis Borloo, le ministre de l’Écologie. L’Observatoire, qui a pratiqué plusieurs chiffrages, évoque, selon qu’il s’appuie sur un scénario optimisme ou pessimiste du Giec (Groupe d’experts sur le climat), une charge financière supplémentaire de plusieurs milliards d’euros par an. Les quelque 200 spécialistes qui ont travaillé durant deux ans sur ce document ont abordé la question par grands secteurs sur la base d’une situation économique constante.

• Raréfaction des ressources en eau

Si la demande en eau reste identique, le déficit sera de 2 milliards de m3 par an (sur 32 milliards de m3). Les zones les plus touchées seront les mêmes qu’actuellement, à commencer par le grand Sud-Ouest. Une multiplication des conflits d’usage est à craindre entre agriculteurs, industriels et particuliers. Les agriculteurs sont les plus gros utilisateurs (48 % de la consommation totale).

• Des risques naturels accrus

Certaines régions sont en première ligne avec la montée du niveau de la mer. Dans le seul Languedoc-Roussillon, des milliers de logements sont concernés avec un coût évalué à plusieurs dizaines de milliards d’euros. De même, les dégâts causés par la sécheresse aux maisons construites sur des sols argileux devraient faire passer le coût des réparations de 220 millions d’euros par an à 700 millions, voire 1,3 milliard d’euros, selon les scénarios les plus noirs d’ici 2100.

• Des coûts indirects en matière de santé

Les impacts potentiels sur la santé n’ont pas été évalués. Ils pourraient être considérables étant donné que la valeur des années de vie perdues du fait de la canicule de 2003 a été chiffrée à 500 millions d’euros. La seule augmentation de consommation de psychotropes après l’inondation du Gard en 2002 a représenté une charge supplémentaire de 245 euros par personne concernée.

• Les saisons touristiques chamboulées

À l’horizon 2100, l’attractivité touristique de la France pourrait diminuer en été et en hiver. Dans un cas en raison de trop fortes chaleurs, dans l’autre, faute d’un bon enneigement. Pour les sports d’hiver, Lire la suite

Pourquoi le changement climatique n’est pas une question environnementale

hns-info.net, Ludo, le 5 novembre 2009

Pourquoi le changement climatique n’est pas une question environnementale

Le COP 15 réunira prochainement « dirigeants » mondiaux, multinationales et grosses ONG pour dessiner l’après-Kyoto et tenter d’empêcher une crise climatique catastrophique. L’objectif de ce texte n’est pas de monter à bord du train fonçant des élites et de dépeindre une apocalypse imminente, encourageant les politiques basées sur la peur. Il est, en reliant les différents points que sont les différentes luttes, de faire apparaître l’image dans sa globalité. De montrer les enjeux réels des négociations sur le changement climatique, et de dénoncer ce dernier, non comme une question purement « environnementale », mais comme le symptôme qu’il est de la faillite d’un système qui nous détruit et ravage notre planète.

Les « solutions » de ce système, dont on sait déjà qu’elles seront les seules abordées à Copenhague, sont basées sur le marché, afin de satisfaire les puissants lobbies des multinationales. Marché du carbone, agrocarburants, énergie nucléaire, mécanismes de « compensation »… Ces fausses solutions n’envisagent pas un instant de réduire les émissions de gaz à effet de serre directement à la source, dans nos pays industrialisés, et sont par conséquent très loin de permettre les réductions d’émissions réellement nécessaires. Elles se révèlent par ailleurs parfois extrêmement dangereuses dans leurs applications, en accroissant dramatiquement les inégalités Nord/Sud, les problèmes environnementaux et l’injustice sociale au sein des pays en voie de développement. Ces pays, ces paysan-ne-s, ont pourtant des solutions. La justice climatique, ces alternatives et solutions réelles qui viennent de la base, sont les enjeux de la lutte globale à laquelle appellent des réseaux comme CJA et CJN (« Climate Justice Network », Réseau pour la Justice Climatique, qui regroupe de nombreux groupes des pays du Sud).

Le capitalisme, ou à qui profite le crime climatique ?

La prise de conscience environnementale généralisée actuelle est utile à ceux qui développent activement la notion de « capitalisme vert ». Il permet de recréer l’adhésion citoyenne à des structures dépassées et discréditées par la crise systémique qui les secoue.

Les multinationales repeignent leurs enseignes en vert, leurs campagnes publicitaires rivalisent de « greenwashing » [1], et elles poursuivent les mêmes pratiques destructrices.

Avec l’effondrement des marchés financiers, la foi dans le futur du capitalisme a été sérieusement ébranlée. Malgré cela, le même principe qui a conduit à la crise, celui de marché immatériel de produits dérivés [2], est à l’origine de la création du marché du carbone, qui invente un prix au CO2 contenu dans l’air. C’est cela, la proposition principale de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (UNFCCC) : un marché du carbone mondialisé, au sein duquel les entreprises vendent et achètent des crédits symbolisant leur droit à polluer. Ce type de marché immatériel, dont le prix du « bien » est inventé, conduit immanquablement à une spéculation et des pratiques frauduleuses gigantesques, puis à une bulle géante, et à son éclatement. Or cette fois, ce ne sont pas les profits des banques et des multinationales ou nos emplois qui sont en jeu, mais un changement climatique irréversible de grande ampleur qui pourrait laisser nos enfants hériter d’un terrain vague.

Le nouveau « COLONIALISME »

Les multinationales qui en ont les moyens peuvent obtenir des crédits-carbone ; et des mécanismes à la complexité bien pratique peuvent leur en faire obtenir encore davantage, comme le « mécanisme de développement propre », MDP (en anglais Clean Development Mechanism ou CDM). Au sein de ces « mécanismes flexibles », Lire la suite

Bayonne les 6 et 7 novembre : Forum sur le changement climatique

sudouest.com, NC, le 4 Novembre 2009

ENVIRONNEMENT. Un forum sur le changement climatique se tiendra vendredi et samedi à Bayonne

Il faut préparer les esprits

Le forum sur le changement climatique organisé à Bayonne les 6 et 7 novembre s’inscrit en pleine actualité. Un mois plus tard, en effet, du 7 au 12 décembre, se tiendra à Copenhague la Conférence des Nations Unies sur le changement climatique. Laquelle doit déterminer les objectifs et les solutions à mettre en oeuvre à l’échelle internationale pour prolonger le protocole de Kyoto qui prend fin en décembre 2012.

Et le forum de Bayonne coïncidera avec la dernière séance de travail avant la Conférence sur le climat. Elle aura pour cadre Barcelone, du 2 au 6 novembre. Ce sera le « dernier round avant Copenhague », comme dit Jean-Noël Etcheverry, de la fondation Manu Robles-Arangiz, organisatrice de la manifestation avec les Amis de la Terre, Attac, Bizi ! et Survie.

Avant Copenhague

Le forum de Bayonne aura pour but, indiquent ces associations, de « transmettre l’information et d’activer la population », afin d’influer sur les chefs d’Etat qui se réuniront à Copenhague. Le forum débutera vendredi à 20 h 30 au grand amphi de la faculté de Bayonne. Les intervenants seront Patrick Piro, journaliste spécialisé en questions environnementales, Cyrielle den Hartigh, des Amis de la Terre, Jean-Stéphane Devisse, responsable du pôle Changement climatique de WWF, coordonnateur de l’action des ONG pendant le Grenelle de l’environnement, et Hervé Le Treut, climatologue. Ils débattront des causes et des conséquences prévisibles du changement climatique, montreront l’importance et les enjeux du sommet de Copenhague.

Le lendemain, à 10 h 30, à l’amphi de l’IUT de Bayonne, Geneviève Azam, maître de conférence en économie, membre du Conseil scientifique d’Attac, exposera les mesures à prendre pour lutter contre ce réchauffement climatique, au Nord et au Sud, qui « met en danger les moyens d’existence et les vies de milliards d’êtres humains et menace d’extinction des millions d’espèces ».

A partir de 14 h 30, au même endroit, Cyrielle Den Hartigh, Jean-Stéphane Devisse et l’agronome Philippe Pointereau présenteront les alternatives locales au changement climatique. Et enfin, à 17 h 30, le mot de la fin (provisoire) appartiendra à Christophe Aguiton, membre du conseil scientifique d’Attac. Il reviendra sur Lire la suite

Le Canard enchaîné : Dès demain, l’atomobile !

Le Canard enchaîné, Jean-Luc Porquet, le 14 octobre 2009

Dès demain, l’atomobile !

Ça serait génial, non ? Au lieu d’être sillonnées comme aujourd’hui par 30 millions de bagnoles polluantes recrachant chacune 2,5 kg de gaz carbonique pour chaque litre d’essence brûlée, les routes de notre beau pays ne verraient passer que des voitures électriques à pollution zéro, estampillées Renault ou Peugeot, fabriquées à Flins et à Montbéliard, du coup on en exporterait partout, y aurait plus de chômeurs en France, les rois du pétrole on leur rirait au nez vu que l’électricité serait fabriquée dans nos centrales nucléaires tricolores qu’on sait tellement gentilles pour la planète.

C’est au nom de ce doux rêve, un chouïa revu à la baisse (atteindre 10% de voitures électriques en 2020 sera déjà un exploit) que not’ président Sarkozy s’agite énormément ces temps-ci. La semaine dernière, il est allé en Moselle promettre des subventions à l’usine (allemande) qui fabriquera bientôt des Smart électriques. Quelques jours auparavant, ses ministres Borloo, Estrosi et Jouanno lançaient un grand plan volontariste destiné à faire de la France le champion européen de la bagnole électrique. Un superbonus de 5 000 euros par achat ! une commande groupée de 50 000 exemplaires pour les entreprises publiques ! 120 millions offerts à Renault pour qu’il fabrique avec le CEA (Commissariat à l’énergie atomique) des batteries à Flins ! et 900 millions en rab pour commencer à installer un réseau mahousse de prises électriques ! Quatre millions de prises en 2020 ! Prix total : 4 milliards… Bref, l’argent va couler à flot pour la voiture « écolo », et on ne sentira rien puisque le Grand Emprunt y contribuera largement, qu’on remboursera à la saint-glinglin.

Mais il y a – au minimum – deux hic. D’abord, le point faible de cette bagnole : sa batterie, dite « lithium-ion ». elle est hors de prix, aussi chère que la voiture elle-même, soit dans les 120 000 euros, du coup, pour ne pas écoeurer l’automobiliste, on la lui louera (100 euros par mois). Non seulement sa durée de vie est brève, dans les 50 000 km, mais au bout de 200 km maxi, il faudra la recharger, ce qui prendra une nuit en mode normal, une heure trente en mode « semi-rapide », vingt minutes en très rapide (mais faudra raquer plus pour charger plus !). Mieux : Bolloré, le grand ami de Sarkozy, affirme qu’elle est tellement peu fiable qu’ « une voiture sur 5000 brûlera » (« Le Monde », 16/9). Et de jurer que la sienne, une batterie dite « sèche » qu’il fait fabriquer près de Quimper, sera sans risque. Bluff, ou vrai lézard ? Certains en ont déjà conclu qu’il vaudra mieux prendre le bus…

Autre hic : l’électricité vient de quelque part. Dans le monde, les deux tiers sont produits à partir du charbon, du fioul et du gaz. Bonjour le CO2 ! En France, 80 % de l’électricité viennent des centrales nucléaires, qu’on sait très propres : Tchernobyl ne se reproduira plus jamais, promis-juré ; les déchets, on trouvera bien une solution ; et pour les incidents à répétition, pas de panique, chacun a reçu ses comprimés d’iode. Que le doux rêve d’une France à 30 millions de voitures exige 20 réacteurs nucléaires en plus ne doit donc inquiéter personne. Subventionné à mort, l’automobile est en train de se transformer en Lire la suite

Université Bordeaux 2 Victoire : 3 conférences-débat « Climat, énergie et transports » les 7, 15 octobre et 4 novembre

MNE Bordeaux-Aquitaine, communiqué, le 7 octobre 2009

3 conférences-débat « Climat, énergie et transports »

Université populaire de l’environnement – L’Université nomade d’Aquitaine en partenariat avec le Collectif Gironde Copenhague 09

Université Bordeaux 2 Victoire – Place de la Victoire – Amphithéâtre Pitres – Bordeaux
Le mercredi 7 octobre à 18h00 : « Crise climatique, énergétique, écologique…, état des lieux » avec Gilbert Haumont – Universitaire

Le jeudi 15 octobre à 18h00 : « Les énergies : une division par 4 d’ici 2050 » avec Gilles Drogou – Les Amis de la terre

Le mercredi 4 novembre à 18h00 : « Vers une révolution des transports ? » avec Simon Charbonneau – Universitaire

Ouvert à tous – Entrée libre et gratuite

Contact : Maison de la nature et de l’environnement Bordeaux-Aquitaine et Université populaire de l’environnement : mnebxquitaine@aol.com

D’après le Commissaire européen à l’environnement Stavros Dimas, le sommet de Copenhague qui aura lieu en décembre prochain sera la dernière chance du monde pour éviter un changement climatique fatal et engager une lutte sérieuse contre les émissions de gaz à effet de serre. Le monde fera face à sa dernière chance de se mettre d’accord sur une réponse mondiale appropriée au changement climatique.  

Les dirigeants d’environ 190 pays se rencontreront pour essayer de se mettre d’accord sur une convention mondiale pour remplacer le Protocole de Kyoto et lutter contre le changement climatique. Le Protocole de Kyoto, qui engage 37 nations industrialisées à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre de 5% en moyenne entre 2008 et 2012, expirera en 2012.  « Cela fait maintenant douze ans que Kyoto a été créé. Cela signifie que Copenhague est la dernière opportunité pour le monde de faire cesser le changement climatique avant qu’il ne dépasse un point de non retour » a déclaré le Commissaire européen à l’environnement, Stavros Dimas. « Conclure un accord à Copenhague est non seulement possible, mais c’est impératif et nous allons le conclure ».

Les émissions de gaz à effet de serre mondiales augmentant plus rapidement que prévu, Stavros Dimas a déclaré qu’il était essentiel que les principaux pollueurs tels que les Etats-Unis et les pays émergents du Moyen-Orient et de l’Amérique du sud signent également le nouveau traité. Stavros Dimas a déclaré qu’un accord à Copenhague devrait viser à limiter le changement climatique en maintenant l’augmentation des températures au dessous du seuil critique des 2°C par rapport à la période préindustrielle, soit moins de 1,2°C au-dessus des températures actuelles.

Pour cela il faudra au moins diviser par deux les émissions mondiales d’ici Lire la suite

Harald Welzer, chercheur allemand « Le réchauffement du climat crée de nouvelles sources de conflits »

lemonde.fr, le 30 octobre 2009, Propos recueillis par Bertrand d’Armagnac

Harald Welzer, chercheur allemand

« Le réchauffement du climat crée de nouvelles sources de conflits »

D’ici à 2050, le changement climatique pourrait jeter sur les routes 200 millions de « réfugiés climatiques« , selon l’Institut pour l’environnement et la sécurité humaine de l’université des Nations unies. Qu’il s’agisse des sécheresses qui réduisent les cultures et les pâturages, ou de la montée des eaux qui submerge les petits Etats insulaires… Les désastres environnementaux vont provoquer des catastrophes sociales et favoriser l’éruption de conflits.

Psychosociologue allemand, chercheur au Kulturwissenschaftlichen d’Essen, Harald Welzer travaille sur les causes de l’émergence de la violence, et sur la perception des évolutions de société par ceux qui les vivent. Dans l’ouvrage Les Guerres du climat (Gallimard), paru mi-octobre, il décrypte la manière dont les dérèglements environnementaux peuvent générer des conflits entre pays et à l’intérieur des sociétés ; et explique comment la perception du danger créé par le réchauffement climatique peut être faussée.

Vous soulignez dans votre livre l’ampleur des catastrophes sociales engendrées par le changement climatique, aujourd’hui et dans les années à venir. Comment les problèmes environnementaux peuvent-ils conduire à des violences et à des guerres ?

Les guerres proviennent, bien sûr, de causes multiples, mais le réchauffement climatique crée de nouvelles sources de violence, et amplifie les pénuries et les tensions existantes en matière de nourriture, d’eau ou de terres.

Prenez le cas du Darfour. Même si le conflit a des origines diverses, il est clair que la désertification progressive vers le sud a conduit à une compétition pour les terres entre les nomades éleveurs de bétail et les fermiers sédentaires, d’ethnies différentes. Et le Soudan, Etat en déroute, est incapable de réguler ce conflit, ou n’importe quel autre.

Des catastrophes peuvent aussi découler d’événements météorologiques extrêmes, comme ce fut le cas à La Nouvelle-Orléans, où l’ouragan Katrina a conduit à un effondrement total de l’ordre social. Et en provoquant la fonte de la glace arctique, le réchauffement ouvre la voie à un conflit autour des ressources naturelles du Grand Nord, qui n’étaient pas exploitables jusqu’à maintenant.

La tension provoquée par les dérèglements climatiques se retrouve aussi dans le face-à-face entre les réfugiés, qui fuient leur pays pour survivre, et les nations riches. La politique de protection des frontières des pays développés est-elle aussi facteur de violence ?

Il est évident que le nombre de « réfugiés climatiques » augmentera dans les années qui viennent. Comment les Etats développés les accueilleront-ils ? De la même manière, je crains, qu’ils reçoivent déjà ceux qui fuient la faim et la pauvreté. En Europe, la volonté actuelle des gouvernements est d’abord de rendre de plus en plus difficile le voyage des demandeurs d’asile. Résultat : les tentatives de traversée sont de plus en plus dangereuses et mortelles.

Les pouvoirs publics cherchent également les moyens de Lire la suite

Intervenons ensemble dans le débat des régionales 2010 – Appel : Alimentons les régions

alimentons-les-régions.fr, appel, novembre 2009

Appel : Alimentons les régions

ALIMENTONS LES REGIONS

Pour le droit à une alimentation saine et équilibrée pour tous,

Pour une politique foncière agro-écologique,

Pour l’emploi des jeunes

Intervenons ensemble dans le débat des régionales 2010

Faire de la question alimentaire une priorité en matière de développement, ce n’est pas revenir en arrière, mais bien répondre aux défis auxquels l’humanité est confrontée (crise alimentaire, préservation de la biodiversité, changement climatique). C’est aussi et surtout ouvrir à l’ensemble de nos concitoyens une perspective d’emplois, et d’emplois utiles, que ni l’industrie, ni les services ne peuvent à eux seuls satisfaire. C’est répondre aujourd’hui à une demande sociale émergente de la part de jeunes, de plus en plus nombreux, de plus en plus qualifiés, qui aspirent à s’installer professionnellement dans l’agriculture nourricière. C’est répondre aux difficultés d’approvisionnement de la restauration collective en matière d’alimentation de qualité et de proximité.

Faire de la question alimentaire une priorité, c’est construire avec le Sud une réponse durable pour en finir avec la faim, en fondant la souveraineté alimentaire, du niveau local au niveau international, sur des politiques agraires favorisant la multiplication des lopins vivriers et sur la création de filières de formation et d’installation massive de jeunes dans les métiers de l’agro-écologie et de l’alimentation saine.

Faire de la question alimentaire une priorité, c’est remettre en cause les politiques d’aménagement du territoire et d’urbanisme qui consomment en France l’équivalent de 60 000 hectares par an d’espace agricole, soit la disparition d’un département tous les six ans. C’est utiliser le foncier pour changer de développement et permettre aux citoyens de reconquérir de nouvelles libertés, de nouveaux droits.

Faire de la question alimentaire une priorité, c’est freiner le développement des grandes surfaces et soutenir le commerce de proximité indépendant, le développement des marchés de plein air et celui des infrastructures de Lire la suite

L’habitat groupé : une pratique en construction

planete-terra.fr, Julien Vinzent, octobre 2009

L’habitat groupé : une pratique en construction

Sans passer par des promoteurs, de plus en plus de particuliers s’associent pour dessiner leurs logements à la carte et créer des espaces de vie collective. Le point sur cette tendance avec Stefan Singer, gérant de Toits de choix, une jeune société qui accompagne plusieurs projets dans le Sud de la France.

Terra eco : où en est l’habitat groupé en France ?

Stefan Singer : « Après un mouvement initial dans les années 80, où environ 200 expériences ont été menés à terme, il ne s’est pas passé grand chose pendant 15 ans. Depuis quelques années, il y a un nouveau mouvement avec des premiers bâtiments qui sortent de terre, comme celui d’Ecologis à Strasbourg. La ville est devenue extrêmement enthousiaste et propose une dizaine de parcelles pour des groupes en autopromotion. Lyon, Rennes, Paris passent des deals avec des groupes. Dans le grand Sud, Toits de choix suit un projet dans les Bouches-du-Rhône, deux dans le Gard, le Vaucluse, l’Hérault. Il y a aussi des initiatives dans le Var et sur la côte d’Azur… Ça se multiplie. C’est très difficile de faire un recensement, mais je pense qu’on en compte au total une cinquantaine à divers stades. »

Pourquoi ce regain d’intérêt ?

« Après les années 80, le conventionnel avait repris le dessus, car c’est quand même agréable d’être consommateur, de ne pas décider, cela libère des responsabilités. Je pense que c’est donc l’expression d’un malaise par rapport à ce système de délégation, l’envie de devenir acteur de son propre destin qui explique ce regain d’intérêt pour l’habitat groupé en autopromotion ? C’est un peu le phénomène des Amap appliqué au logement, qui est quand même un élément fondamental de notre vie. Ensuite, les gens avancent différentes raisons. La porte d’entrée commune, c’est l’environnement : tout le monde est d’accord pour construire un bâtiment écologique. Mais la motivation principale, c’est le désir d’un autre cadre de vie, autour d’un voisinage actif, des personnes que l’on connaît et avec qui on peut développer des comportements plus responsables et plus solidaires. On a des personnes qui se situent un peu avant la retraite et qui ont peur de vieillir seul, ou des jeunes couples qui se préoccupent de l’endroit où leurs enfants vont grandir. »

Quel recul a-t-on sur cette pratique ?

« On a les exemples des projets des années 80, comme celui de la fonderie de Vanves, où vivent 30 personnes. En 23 ans, aucune n’est partie. Et au Danemark, 5% de la population vit aujourd’hui en habitat groupé, avec parfois des projets de 200 personnes avec des cantines et un niveau d’organisation issu de 50 ans d’expérience. En Allemagne, cela n’existait pas il y a 15 ans et dans une ville comme Hambourg, cela représente maintenant 15 à 20% des logements neufs. »

Quels sont les freins ?

« Tout d’abord, l’absence de référence récente, d’où l’importance de Lire la suite

Rapport mondial sur le développement humain 2009 du PNUD – Lever les barrières : Mobilité et développement humain

PNUD, octobre 2009

Rapport mondial sur le développement humain 2009 – Lever les barrières : mobilité et développement humain

Avant-propos – La migration a souvent mauvaise presse. Les stéréotypes négatifs décrivent les migrants comme « volant nos emplois » ou « vivant au détriment du contribuable » sont légion dans…

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Le climat pris en main PAU : À l’appel de CocliPau, une centaine de personnes s’est retrouvée place Clemenceau

sudouest.com, AB, le 26 Octobre 2009

PAU. À l’appel de CocliPau, une centaine de personnes s’est retrouvée place Clemenceau, samedi, pour une action symbolique en faveur de la baisse des émissions de gaz carbonique

Le climat pris en main

Cela n’a duré que quelques minutes, samedi après-midi, place Clemenceau. À l’invitation de CocliPau, le Collectif climat de Pau, une centaine de personnes – la plupart vêtues de rouge – se sont donné la main pour tenter de former le chiffre 350. 350, c’est aux yeux des collectifs locaux qui ont émergé un peu partout sur la planète pour organiser la journée d’action de samedi, « le chiffre le plus important au monde ».

Le site Internet 350.org explique qu’« il s’agît, d’après les scientifiques, de la limite maximale de dioxyde de carbone sans danger dans l’atmosphère. » Or, ce seuil critique, mesuré en partie par million, serait aujourd’hui largement dépassé (environ 390 ppm).

Réchauffement

Une situation que beaucoup de scientifiques placent à l’origine du réchauffement climatique soupçonné de favoriser les tempêtes, les sécheresses et inondations ravageuses. Avec des conséquences humaines parfois catastrophiques.

Après Kyoto en 1997, les chefs d’État ont rendez-vous à Copenhague, en décembre, pour fixer les objectifs mondiaux de réduction des émissions de dioxyde de carbone, notamment. Or, « les objectifs qu’ils annoncent actuellement ne sont absolument pas à la hauteur des enjeux » assure le coordinateur de CocliPau, Sébastien Lamy.

Des collectifs locaux comme celui de Pau (1) ont donc été créés dans 180 pays pour mener 5 000 actions médiatiques et symboliques, samedi, afin de souligner l’urgence de prendre des mesures fortes en faveur de la protection du climat.

Faire pression

Il s’agit clairement de faire pression sur les dirigeants du monde pour que le sommet du Danemark accouche de décisions drastiques à la hauteur de l’urgence.

L’action « flash » de samedi ne devrait pas être orpheline. CocliPau (http://coclipau.free.fr)  prévoit en effet d’organiser Lire la suite

350.org : quand Internet mobilise 200 000 citoyens dans le monde contre le réchauffement climatique

cdurable.info, David Naulin, le 25 octobre 2009

Contre le réchauffement climatique, la mobilisation citoyenne s’organise

350.org : quand Internet mobilise 200 000 citoyens dans le monde contre le réchauffement climatique

Le changement climatique pourrait-il susciter le premier mouvement de mobilisation citoyenne mondiale ? A quelques semaines du sommet de Copenhague, certains voient monter une vague de contestation, notamment à travers Internet, pour exiger une véritable action contre le réchauffement de la planète.

350.org : 200 000 membres dans 180 pays sur le terrain

Même si les scientifiques mettent en garde contre les raccourcis entre le réchauffement global en cours et des événements climatiques extrêmes précis ici ou là, ces derniers contribuent à une évolution de mentalités. « Il y a une prise de conscience croissante dans les pays en développement que ce problème à un impact aujourd’hui et qu’ils doivent faire quelque chose. Cette prise de conscience est particulièrement forte en Asie« , explique à l’AFP Yvo de Boer, le responsable climat de l’ONU.

Samedi (24 octobre), une « Journée d’action mondiale » préparée de longue date par le mouvement 350.org, avec quelques 5.000 événements organisés à travers la planète, a démontré que la mobilisation s’amplifie. Conçu par Bill McKibben, un militant écologiste américain, le mouvement 350.org tire son nom d’une mise en garde lancée par l’expert climatique James Hansen qui estime que la concentration de CO2 dans l’atmosphère doit être inférieure à 350 partie par million (ppm) pour éviter des catastrophes en série. La concentration actuelle est d’environ 385 ppm, et les négociations en cours visent à limiter le niveau à 450 ppm.

Lancé en mars 2008, ce réseau structuré sur Internet revendique 200.000 membres répartis dans une myriade de réseaux de mobilisation citoyenne, dans 180 pays. « Cela a dépassé nos espoirs les plus fous« , explique McKibben à l’AFP, soulignant que deux catégories de « militants » se dégagent : les jeunes ayant fait des études et les personnes appartenant à des groupes religieux. « J’étais informé du réchauffement climatique mais je ne savais pas quoi faire », explique Gan Pei Ling, 22 ans, étudiante à l’université de Tunku Abdul Rahman, en Malaisie, qui a rejoint ce réseau et participait en début de mois aux négociations climat à Bangkok. Comme elle, les centaines de militants de la région qui se sont donné rendez-vous dans la capitale thaïlandaise voient souvent le réchauffement climatique comme une injustice envers les pauvres, et les jeunes. « Les personnes plus âgées ont l’air de Lire la suite

Plus de 150 participants à la journée lionbleu.org à Bordeaux

Plus de 150 participants à la journée lionbleu.org, il est possible de voir une vidéo de la manifestation ici

 sudouest.com, Jean-Denis Renard, le 23 Octobre 2009

BORDEAUX. Un nouvel événement dénonçant le réchauffement climatique est prévu samedi

Un deuxième coup de sirène

Après le pique-nique sur les quais de Bordeaux rive gauche, le marathon climatique va se poursuivre sur la rive droite. Demain à partir de 11 heures, place Stalingrad à Bordeaux, ceux qui luttent contre le réchauffement climatique se chargeront de transformer l’essai marqué le 3 octobre dernier sur les pelouses du Parc des sports à l’occasion du pique-nique sans carbone.

Une fois encore, il s’agira de faire pression pour la conclusion d’un accord lors de la Conférence internationale sur le climat, qui se déroulera du 7 au 18 décembre à Copenhague sous l’égide des Nations Unies. Samedi, le Collectif Gironde Copenhague 09 (26 structures distinctes) déclinera localement une journée d’action de la campagne mondiale 350.org – en référence à la teneur de CO2 dans l’atmosphère à ne pas dépasser. Il est prévu de construire une arche pour le lion bleu, clin d’œil à la montée des eaux corollaire au réchauffement. Et de tenir la distance (350 minutes) d’un « marathon de l’espoir climatique », soit une prise de parole ininterrompue sur le thème jusqu’à 16 h 50. Une photo collective est également programmée dans l’après-midi.

Urgence climatique

« D’ici Copenhague, il ne se passera pas de semaine sans une action publique. De nombreuses personnes sont sensibilisées dans les cercles initiés, il faut convaincre les autres », estime Pascal Bourgois, qui coordonne l’action à la Maison de la nature et de l’environnement. In fine, le collectif espère que la mobilisation citoyenne pèsera sur les décideurs qui mèneront les négociations à Copenhague. À l’échelon national, ce mouvement initié par les associatifs escompte un million de signatures sur son site Internet copenhague-2009.com

sudouest.com, Patrick Faure, le 25 Octobre 2009

BORDEAUX.

Le Lion bleu face à l’alerte climatique

Vingt-six associations sont membres du collectif Gironde Copenhague, créé en juin dernier. Un collectif se fixant pour objectif « d’alerter sur l’urgence climatique », cela avant le sommet mondial sur le climat qui se tiendra à Copenhague (Danemark) du 7 au 18 décembre.

Hier, les représentants de ces associations se sont succédé Place Stalingrad, pour une action symbolique autour de la statue du Lion bleu : Lire la suite

Pic du pétrole : impasse des politiques d’aménagement du territoire

etopia.be, Michel Dachelet, le 21 octobre 2009

Pic du pétrole : impasse des politiques d’aménagement du territoire

La proximité du pic de pétrole et la lutte contre le changement climatique nous imposent de repenser l’aménagement du territoire et singulièrement de revenir sur les bouleversements que l’automobile est parvenue à imposer en quelques décennies dans les relations entre les espaces ruraux et urbains.

A partir d’une compréhension de l’histoire de nos paysages, il s’agit de déterminer les actions à mettre en œuvre pour arrêter l’étalement urbain et densifier l’habitat.

La ville sans pétrole sera une ville des transports en commun et des déplacements doux.

Quant aux zones rurales, il s’agira d’y ramener des services de proximité afin d’y réduire les besoins en déplacements.

Rapport de 36 pages à télécharger Lire la suite

Economie verte et emplois dans l’environnement, quelles perspectives ?

emploi-stage-environnement.com, Philippe Aujard, le 18 octobre 2009

Economie verte et emplois dans l’environnement, quelles perspectives ?

La mission prospective, mise en place depuis novembre 2008 au sein de la délégation au Développement durable (DDD) du commissariat général au Développement durable (CGDD), a publié une note sur l’économie verte : « L´économie verte en perspectives ».

Selon la mission prospective, c’est une des caractéristiques remarquables de la plupart des plans de relance lancés depuis l’automne 2008 que d’avoir consacré un volet important à ce qu’on appelle désormais l’économie verte qui recouvre l’ensemble des activités économiques liées directement ou indirectement à la protection de l’environnement, à la gestion des ressources rares, aux énergies renouvelables, au changement climatique, à la prévention des risques, …

On cite ainsi souvent un ordre de grandeur de 15 % de la relance globale qui aurait été consacré à la relance verte et sensiblement plus en Chine, en Corée du Sud ou en France.

 Même si ce chiffre n’est qu’une approximation – par ailleurs, contestée – il indique, au minimum, une convergence dans les intérêts et les anticipations des grands acteurs publics et privés mondiaux, convergence qu’a solennisée le communiqué final du G20 d’avril 2009 : « l’économie de demain sera inclusive, verte et soutenable […] la crise est une opportunité pour accélérer la nécessaire transition vers cette économie ».

Si l’économie verte suscite ainsi autant d’espoirs partagés, c’est qu’elle apparaît la seule à pouvoir combiner trois avantages considérés comme majeurs dans la situation d’incertitude actuelle : apporter une réponse aux défis climatiques et énergétiques futurs tout en favorisant une sortie de crise rapide et l’émergence à plus long terme d’un nouveau sentier de croissance.

Depuis le début de la crise, l’attention s’est naturellement portée sur ses effets contracycliques et sur ses impacts potentiels sur l’emploi – de multiples analyses venant confirmer, qu’à investissement égal ce type d’activité était susceptible de créer deux à quatre fois plus d’emplois que dans d’autres secteurs.

On dispose aussi d’évaluations sectorielles très nombreuses qui montrent l’importance des bénéfices économiques que l’on pourrait attendre de la mise en place de politiques ambitieuses dans ces domaines ; la plus récente, faite au Japon, prévoyant, par exemple, une multiplication par 2 d’ici 2020 des emplois liés aux technologies propres.

En revanche, la capacité de l’économie verte à amorcer un nouveau sentier de croissance à long terme reste plus discutée. Au-delà des impacts sectoriels déjà très largement anticipés, faut-il envisager des conséquences macro-économiques beaucoup plus globales sur l’économie ou même, éventuellement, des changements encore plus radicaux dans les régulations et les futurs modèles économiques de production, de consommation ou d’échange ?

C’est une question que l’on doit nécessairement se poser si on s’intéresse, comme c’est le cas dans ce dossier, aux transitions de long terme. Elle suppose de passer d’analyses sectorielles, centrées sur l’offre, à des approches macro-économiques ou macro-sociales intégrant le contexte, les grands cycles de croissance, les modes de vie, les normes socio-économiques, les systèmes de valeur, parmi bien d’autres dimensions, …

Elle exige aussi des approches plus Lire la suite

Jean Jouzel : L’été andalou sera dans le Sud-Ouest avant la fin du siècle

sudouest.com, Jean-Denis Renard, le 19 Octobre 2009

L’été andalou chez nous avant la fin du siècle

RÉCHAUFFEMENT. Le climatologue Jean Jouzel était la semaine dernière à Arcachon pour brosser l’évolution du climat régional au cours du XXIe siècle. Chaud devant

A 62 ans, Jean Jouzel est sans doute le plus médiatique des climatologues français. Vice-président du Giec (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat), médaille d’or du CNRS en 2002, il est mondialement connu pour ses travaux sur les glaces de l’Antarctique et du Groenland, qui participent à la reconstitution du climat passé de la Terre.

La semaine dernière, ce Breton a fait escale à Arcachon, à l’invitation de la Direction départementale de la jeunesse et des sports de Gironde, qui y organisait un colloque, « Développement durable et littoral ». Au cours de son exposé au Palais des congrès et ensuite lors d’une rencontre avec la presse, Jean Jouzel s’est efforcé de dessiner les contours du climat qui s’installera sur le sud-ouest de la France dans la seconde partie du XXIe siècle. Ça va être chaud…

1 Le réchauffement est inéluctable

« Le réchauffement global est sans équivoque. Onze des douze dernières années sur le globe ont été les plus chaudes depuis 1860. Ce réchauffement est pour l’instant limité à un peu moins de 1 degré. Cela s’est notamment traduit, au cours du XXe siècle, par une hausse de 15 à 20 centimètres du niveau des océans, du fait de la fonte des glaces et de la dilatation des océans.

On sait que le réchauffement va se poursuivre. Le climat des années 2020-2030 se traduira par une température en hausse de quelques dixièmes de degré supplémentaires, ce qui n’est pas neutre. Il sera tributaire des gaz à effet de serre, d’ores et déjà présents dans l’atmosphère. Quoi qu’on fasse subir au climat au cours des années à venir, les effets n’en seront pas perceptibles immédiatement. En revanche, les efforts à produire dans les deux prochaines décennies seront essentiels pour la définition du climat de la fin du siècle. Il ne s’agit plus des générations futures. Mais de celle de nos enfants ou de nos petits-enfants. »

2 La canicule devient la norme estivale

« Le sud-ouest de la France a gagné un peu plus de 1 degré au cours du XXe siècle. La situation ne va pas évoluer de la même façon dans la deuxième partie du XXIe siècle, selon différents scénarios du Giec. On rencontre des incertitudes sur l’ampleur du réchauffement et sur ses caractéristiques régionales.

Si l’on prend le scénario A2 du Giec, le moins favorable, on aurait ici un réchauffement compris entre 4 et 6 degrés à la fin du siècle, ce qui est énorme. L’été 2003 deviendrait la norme. Ce serait un été moyen, de 3 à 4 degrés supérieur à un été de la fin du XXe siècle. Rappelons que l’on n’attribue pas directement la canicule de 2003 au réchauffement climatique, mais ça en donne une bonne image pour la période postérieure à 2050. On aurait un nombre de jours de canicule – des températures supérieures ou égales à 35 degrés – qui excéderait largement un mois. Il faut se rendre compte que l’on parle là d’un climat totalement différent. Paris vivrait à peu près les étés de Séville. Alors, Bordeaux… »

3 La pluie plus rare et plus violente

« Pour les précipitations, on va se retrouver avec une dissymétrie entre la France du Nord et la France du Sud. Pour celle-ci, on s’achemine vers des précipitations estivales de 20 à 40 % inférieures à ce qu’elles sont aujourd’hui. Mais elles seront plus intenses, d’où des risques d’inondations.

Dans un climat plus chaud, l’évaporation augmente, ce qui rendra central le problème de l’accès à la ressource en eau. Le partage s’annonce Lire la suite

Bassin d’Arcachon et Val de Leyre : Une critique du projet de Contrat de Pays

sudouest.com, NC, le 17 Octobre 2009

Une critique du projet de Contrat de Pays

Lors de la réunion du Codev (Conseil développement), la semaine dernière, la Sepanso, la Ceba (Coordination environnement du bassin d’Arcachon) et bassin d’Arcachon écologie ont désapprouvé le projet de contrat de Pays du bassin d’Arcachon et du Val de l’Eyre tel qu’il a été présenté.

Claude Bonnet, Jean Mazodier et Françoise Branger en expliquent les raisons : « Très insuffisamment protecteur de l’environnement, le document est délibérément axé sur la promotion économique du territoire, avec pour objectif principal d’attirer un maximum d’habitants permanents et de touristes. Cette intention se traduit par un cortège de propositions d’actions destructrices du territoire. »

Ressources en eau L’étude d’un Scot basée sur une augmentation de population de 70 000 habitants d’ici 2030, qui induirait une très forte urbanisation et artificialisation des terres sans prendre en compte la limitation des ressources en eau et en énergie.

Infrastructures envahissantes La construction d’équipements et infrastructures équivalents à ceux d’agglomérations de la taille de Montpellier, Strasbourg, Grenoble ou Metz – entre autres le prolongement de l’autoroute A 660 jusqu’au Pyla – favorisant ainsi le transport routier, un des facteurs essentiels du réchauffement climatique.

Qualité des eaux L’aménagement des lacs et étangs, générateur de pollutions supplémentaires et d’une dégradation accrue de ces eaux dont le renouvellement est très lent, affectant aussi la qualité des eaux du bassin d’Arcachon, réceptacle des eaux de tout le territoire.

Dans ces conditions les politiques de protection de la qualité de l’eau et le soutien à l’ostréiculture et à la pêche sont totalement illusoires.

Environnement « La valorisation des grands sites naturels qui consiste à y attirer encore plus de visiteurs, au détriment de la protection de la faune et de la flore qui y vivent.

Il est temps que le XXIe siècle pose, ici comme ailleurs, la protection et la restauration de Lire la suite

Fabrice Nicolino : « Tant qu’il y aura des abattoirs, il y aura des champs de bataille »

bastamag.net, Agnès Rousseaux, le 16 octobre 2009

Industrie de la viande

Fabrice Nicolino : « Tant qu’il y aura des abattoirs, il y aura des champs de bataille »

Inquiétante pour la santé humaine, menaçante pour la diversité des espèces, dangereuse pour le climat, l’industrie de la viande a échoué à résoudre le problème de la faim. C’est ce que démontre le journaliste Fabrice Nicolino dans un essai intitulé Bidoche. Il aurait très bien pu s’intituler « barbaque » ou « charogne »… Les Français mangent en moyenne, chaque année, 92 kg de chair fraîche, congelée ou stérilisée, une carne produite presque exclusivement par l’industrie. Autant dire que les questions soulevées par cette antithèse d’un livre de cuisine nous concernent tous, en tant que consommateurs et citoyens. Attention, l’interview qui suit peut pousser à devenir végétarien.

Quels sont réellement les risques sanitaires concernant la consommation de viande ?

Il faudrait être bien naïf pour croire qu’il n’y a pas d’impact pour l’homme à farcir les animaux d’antibiotiques, d’hormones, de tranquillisants, de stimulateurs d’appétit, de tout ce qui passe dans les mains des industriels. Nous sommes juste derrière dans la chaîne alimentaire. Nous ingérons forcément ce que mange le cheptel, on ramasse tout. Depuis une dizaine d’années, des études de plus en plus nombreuses montrent d’importantes concordances entre la consommation de viande et les maladies, comme l’obésité, le diabète, les maladies cardio-vasculaires, le cancer. L’Institut national du cancer (INCa) a lancé une alerte en février 2009 et a publié des chiffres inquiétants sur les risques liés à la consommation de viande rouge et de charcuterie [1]. Un ensemble de faits s’accumulent. On peut clairement dire aujourd’hui que manger de la viande attire des ennuis de santé.

La plus vaste des études jamais menée sur la nutrition, dirigée par l’éminent nutritionniste T. Colin Campbell, impliquant 500.000 personnes en Chine et aux États-Unis, a montré que le meilleur régime est très largement végétarien. Cela va à l’encontre de ce qui est raconté depuis des décennies, toute cette propagande en faveur de la consommation de la viande. C’est profondément enraciné dans esprit humain : la viande serait bonne pour la santé. C’est surtout un signe extérieur de richesse, le symbole d’un statut social.

Les contrôles sanitaires ne permettent-ils pas de diminuer les risques liés aux manipulations génétiques, à l’injection de substances, à la transformation des animaux en produits industriels ?

Que veut dire « contrôle sanitaire » quand il y a des milliers de points de vente ? Le business fait la loi. Il n’y a qu’à voir comment George Bush, et Reagan avant lui, ont choisi des industriels comme conseillers. Même si les contrôles avaient montré quelque chose, il y aurait eu blocage au niveau politique. Regardez comment Bush a fait peu de cas de l’Agence de protection environnementale (EPA), comment il l’a censuré. L’industrie de la viande est une industrie reine, enracinée dans l’histoire américaine. On ne peut pas espérer la contrôler efficacement aux États-Unis. En France, le nombre de contrôleurs est ridicule, ça n’a aucun sens.

Le problème n’est pas tant le contrôle que la production. Quand on voit qu’on est capable Lire la suite