A 46 ans, Jean-François Noubel, spécialiste des monnaies libres, a décidé d’abandonner les euros

tempsreel.nouvelobs.com, Malika Elkord, le 18 septembre 2010

[ILS FONT AUTREMENT] 2. Vivre sans l’euro

http://tempsreel.nouvelobs.com/actualite/economie/20100918.OBS0021/ils-font-autrement-2-vivre-sans-l-euro.html

A 46 ans, Jean-François Noubel, spécialiste des monnaies libres, a décidé d’abandonner les euros.

Peut-on vivre en France avec autre chose que l’euro ? C’est le pari de Jean-François Noubel qui mène des recherches en intelligence collective et étudie les monnaies libres, c’est à dire « décentralisées, citoyennes, plurielles« . Il y a un an, il a décidé d’abandonner les euros et d’explorer d’autres systèmes monétaires.

Son constat : « Partout où l’on regarde, les problèmes de guerre, de corruption, de santé publique, d’esclavage, d’environnement, etc., ont tous un dénominateur commun : l’argent. Et l’argent est une forme de monnaie prédominante et rare. Rare car la majeure partie des gens en manque et est obligée d’entrer dans des chasses à la monnaie très dures qui incitent à des attitudes prédatrices, compétitives… M’intéresser à des monnaies qui n’attisent pas ces comportements prédateurs fait partie de mes recherches en intelligence collective ».

Plus de 5000 monnaies « dites complémentaires » à travers le monde.

Quelles sont donc ces monnaies ? On entend de plus en plus parler aujourd’hui de monnaies dites « complémentaires ». On les appelle ainsi car elles complètent le système officiel ou pallient ses défaillances: chômage, crise, spéculation, économie locale en panne… Elles se créent, en marge des monnaies officielles, à l’échelle d’une ville, d’un quartier, d’une association, d’une communauté ou même d’un Etat. Ces monnaies, qui ne sont pas illégales, prennent la forme de billets, de cartes à puce ou de lignes de crédit ou débit.

La plus ancienne, le WIR, est née en Suisse, en 1934, au cœur de la crise économique, à l’initiative d’une quinzaine d’entreprises qui voulaient pouvoir s’échanger leur produit alors même que faute d’argent le commerce était au point mort. Le principe est simple : les uns, ceux qui achètent, comptabilisent des débits envers les autres, ceux qui vendent. À l’inverse, ces derniers bénéficient de crédits envers les premiers. Ce système monétaire, est aujourd’hui utilisé par plus de 70.000 PME suisses.`

Aux Etats Unis, le Timebanking a été créé dans des quartiers défavorisés, où la population n’a pas d’argent mais du temps et s’appuie sur Lire la suite

Geneviève Azam – Nous vivons plus qu’une convergence de crises, l’effondrement est déjà là

Nous vivons plus qu’une convergence de crises, l’effondrement est déjà là

bastamag.net,  Agnès Rousseaux, le 13 septembre 2010

http://www.bastamag.net/article1174.html

Nous vivons plus qu’une convergence de crises, l’effondrement est déjà là

Crise après crise, le système capitaliste semble perdurer. Spéculation financière, dégâts environnementaux et inégalités mondiales repartent de plus belle. Et pourtant… Pour Geneviève Azam, économiste et co-présidente du conseil scientifique d’Attac, les illusions d’un monde aux ressources infinies et à la croissance illimitée sont tombées. Le modèle capitaliste n’est plus porteur de rêves. Un nouveau rapport au monde émerge, aux contours encore incertains. Réussira-t-il à opérer la transition vers un « postcapitalisme civilisé » ? Entretien avec l’auteure du livre « Le temps du monde fini ».

Basta ! : La succession des crises – financière, sociale, écologique… – n’entraînent toujours pas de changements radicaux au sein du système capitaliste. Faut-il attendre son effondrement total pour que ce modèle soit remis en question ?

L’effondrement est déjà là. Nous vivons plus qu’une crise, plus qu’une convergence des crises, mais l’imbrication de toutes les crises. Des émeutes de la faim viennent de nouveau d’éclater au Mozambique. Un tel événement est quasiment impensable dans nos sociétés ! Ces émeutes sont le résultat d’un modèle agricole productiviste et de la spéculation sur les produits agricoles, sur les terres, donc du système financier. C’est également une conséquence de la crise écologique, avec le réchauffement climatique, et de la crise énergétique, avec le développement des agrocarburants pour remplacer le pétrole. Chaque manifestation de l’effondrement que nous vivons combine toutes ces crises.

Nous nous acharnons à repousser toute limite. C’est, selon vous, ce qui caractérise deux siècles d’histoire économique. Sentez-vous une prise de conscience de la rareté, voire de la finitude, de nos ressources et des limites intrinsèques à notre planète ?

Si on fait l’hypothèse que le capital technique peut se substituer indéfiniment au capital naturel, il n’existe effectivement aucune limite. La pensée économique reste prisonnière de cette hypothèse, et de celle de la réversibilité du temps, du possible retour en arrière. La crise écologique montre au contraire que des phénomènes irréversibles, que des destructions définitives sont à l’œuvre. Depuis une vingtaine d’années, les mouvements sociaux ont pris conscience de ces limites. Une expertise citoyenne s’est peu à peu construite sur l’énergie, les semences ou le climat, démontant l’illusion que la technique pourrait remplacer ce qui est détruit.

Les théories économiques oublient la nature. Quand elle est prise en compte, on parle « d’externalités ». On lui attribue un prix comme s’il existait une mesure commune entre nature et marchandises. Cela me gêne. Fixer un prix laisse penser qu’une compensation est possible, qu’il suffit de payer. Certaines dégradations sont irréversibles, et payer ne remplacera jamais les pertes. Parler d’externalités est aussi très révélateur, comme si c’était juste quelque chose de regrettable. C’est le processus lui-même qui doit être modifié et pas simplement ses effets « regrettables ».

Ne risque-t-on pas de s’enfermer dans une gestion économique de la crise écologique, avec, par exemple, le « marché des droits à polluer » ou le principe pollueur-payeur ?

Donner un prix à des pollutions traduit une prise de conscience. Il est logique que ceux qui abiment l’espace public pour des motifs de rentabilité privée soient Lire la suite

La révolution verte version californienne – A la ferme avec les adeptes du « wwoof »

lemonde.fr, Olivier Guez, Covelo (Californie), envoyé spécial, le 29 août 2010

La révolution verte version californienne

http://abonnes.lemonde.fr/ameriques/article/2010/08/29/la-revolution-verte-version-californienne_1403353_3222_2.html

Wwoof ou World Wide Opportunities for Organic Farms, un réseau de fermes écolo, place des bénévoles dans le monde entier.

Mon véhicule s’avance lentement. Deux chiens surgissent au détour d’épaves de motos et d’une ruine de caravane rouillée. Me voici arrivé à la ferme que je cherche depuis des heures : la communauté Live Power à Covelo, à 200 km au nord de San Francisco.

Un gaillard en chemise à carreaux m’attend sur le perron. Stephen Decater me serre vigoureusement la main. En plein soleil, nous prenons place autour d’une longue table et sa femme nous rejoint aussitôt.

Gloria porte un short, ses pieds sont nus et ses cheveux grisonnants un peu ébouriffés. Les molosses rôdent autour de nous ; des poules folâtrent sous la table. Je leur explique que mon voyage a duré 25 heures, qu’US Airways a perdu mes bagages, que je n’ai pas fermé l’œil de la nuit.

Il fait vraiment très chaud. Je rêve d’un verre d’eau mais ne demande rien, je ne veux pas les interrompre : Stephen et Gloria ont commencé à parler de leur ferme, de leurs chevaux de trait, de leur vallée d’où les OGM sont bannis, de leurs trois fils et de leurs deux chiens qui sont très gentils, m’assurent-ils.

Je ne les écoute que d’une oreille et ne pense qu’à trouver un coin d’ombre. Mais Stephen suggère de visiter les 16 hectares de l’exploitation et de rencontrer les stagiaires.

NYMPHETTES ET NÉOHIPPIES TECHNOPHILES

Nous croisons d’abord Elijah à qui je m’apprête à serrer la main chaleureusement – il me laisse sa chambre – quand je m’aperçois que son bras droit s’achève par un moignon. Devant la grange s’affaire Lou, le charpentier, dont le torse rougi est barré d’une impressionnante cicatrice. Puis nous nous approchons d’un petit bataillon qui bêche la terre, silencieux et appliqué sous les chapeaux de paille. Stephen me propose de les aider. Je décline poliment. La tête me tourne.

Je suis allé à la rencontre de nymphettes sorties de Berkeley, et de néohippies technophiles venus se rendre utiles le temps d’un été dans une fermette bio de Californie. Un mouvement en vogue aux Etats-Unis, en cette période de crise. La branche américaine du Wwoof, la World Wide Opportunities for Organic Farms, un réseau de fermes écolo qui place des bénévoles dans le monde entier, m’avait chaudement recommandé la communauté Live Power, un « endroit très spécial, biodynamique« . Moi qui savais depuis peu que les navets ne poussent pas dans les arbres, j’étais curieux et quelque peu sarcastique aussi. « Un été chez les Wwoofs », le titre était déjà tout trouvé pour mon enquête.

Sur le drap Mickey délavé du lit étroit où je me suis allongé, je ne ris plus du tout. La chaleur est étouffante, mon portable ne capte aucun réseau, le sol est poussiéreux et le bruit assourdissant de la tronçonneuse de Lou berce mes noires pensées. Faute de trouver le sommeil, je vais faire plus ample connaissance avec Gloria.

« Stephen et moi étions tous les deux assistants d’Alan Chadwick, un célèbre jardinier anglais, ici à Covelo. Nous nous sommes rencontrés en 1977. Stephen travaillait déjà dans cette ferme ; nous l’avons peu à peu développée puis achetée dans les années 1990. Chadwick avait enseigné la biodynamie à Stephen, selon les principes de son théoricien Rudolf Steiner : une ferme est un organisme vivant, il faut travailler à le rendre le plus diversifié et le plus autonome possible. »

Pour le sensationnel, j’aurais aimé que Gloria et Stephen eussent une jeunesse californienne agitée. Qu’il ait été un partisan des Black Panthers ou un ancien Hell’s Angel reconverti dans le bio pour expier ses péchés ; qu’elle ait connu Charles Manson ou entretenu une liaison avec un membre des Doors, de préférence Ray Manzarek. Elle fait non de la tête : à 20 ans, ils ne s’épanouissaient que dans la nature.

Sont-ils d’anciens hippies, alors ? Même pas. S’ils partageaient l’idéal beatnik du retour à la terre, ils n’avaient aucune sympathie, mais absolument aucune, insiste-t-elle, pour les drogues. Il est 19 heures ; la cloche qui marque la fin des travaux de la journée retentit, mettant un terme à cette étrange conversation.

LES MAINS DANS LE FUMIER

Exceptionnellement, les apprentis dînent au bord de rivière Eel. Je retrouve Elijah, Mike, un barbu petit mais costaud, ancien de l’US Navy – vétéran de la guerre du Kosovo –, qui joue de la guitare, et Kim, sa compagne, 27 ans, mollets roses, cuisses blanches. Elle est diplômée de Yale, en littérature hispanique et a fait du « wwoofing » en Argentine : « Ça m’a fait réfléchir à mon style de vie et à ma relation à la nature », affirme-t-elle.

En début d’année, ils sont partis, en voiture, en direction de Lire la suite

Abandon et artificialisation des sols agricoles en Aquitaine : la déprise s’accélère

agreste.agriculture.gouv.fr, Agreste Aquitaine, N° 38, juin 2010

Direction Régionale de l’Alimentation, de l’Agriculture et de la Forêt Aquitaine, Enquête Utilisation du territoire (TERUTI), Analyses et résultats

http://www.agreste.agriculture.gouv.fr/IMG/pdf_R7210A19.pdf

Abandon et artificialisation des sols agricoles : la déprise s’accélère

Le territoire aquitain ne cesse d’évoluer…

Sous une apparente stabilité, l’espace régional ne cesse de se modifier. Les évolutions des usages des sols aquitains résultent d’échanges mutuels entre ces différentes composantes. Entre 2006 et 2009, ce sont près de cent cinquante mille hectares, soit 4% du sol aquitain qui ont changé d‘orientation.

A cela, il convient d’y adjoindre les surfaces ayant changé d‘assolement, mais au sein d’une même famille. Ce phénomène est marqué en agriculture à l‘exemple de terres en jachères en 2006 cultivées en céréales en 2009. Au total en Aquitaine sur la période, près d’un hectare sur dix a connu au moins un changement de statut.

… selon des rythmes différents et différenciés

Les espaces naturels occupent en moyenne, en 2009, 91% du territoire régional. Ils comprennent les sols boisés (47%), les sols cultivés (23%) les sols toujours en herbe à usage agricole ou non (13%) ainsi que les espaces non valorisés tels que landes, friches, roches, dunes et zones humides (8%).

Les espaces artificialisés sont le complément dans le territoire des espaces naturels. Ils occupent donc 9% de l’espace aquitain. Ils regroupent les sols bâtis (maisons d’habitation, bureaux, usines,…) les sols de formes aréolaires (place, square, parking,…) et les sols linéaires (routes, ponts, voies ferrées,…).

Entre 2006 et 2009, les sols artificialisés progressent de 20 000 hectares. Avec 8% d’augmentation, les sols bâtis grignotent près de 5 000 hectares par rapport à 2006. Hausse identique pour les autres sols urbanisés mais non bâtis, mais cette fois, ce sont 15 000 hectares de plus qui viennent grossir leurs rangs.

Entre 1992 et 1999, l’urbanisation consommait près de 4 500 hectares de sols naturels chaque année, 5 500 hectares entre 2000 et 2004. Depuis 2006, ce sont 6 500 hectares qui sortent du giron des sols naturels annuellement.

Sans pour autant remettre en cause le caractère rural de l’Aquitaine, cette accélération l’entame.

20 000 hectares de sols urbanisés de plus entre 2006 et 2009, en Aquitaine. Ces derniers continuent de poursuivre leur extension. Démographie, habitat, transports et loisirs sont le moteur de cette croissance.

Les changements d’occupation des sols d’Aquitaine au cours des trois dernières années confirment la tendance observée entre 1992 et 2004. L’artificialisation progresse plus vite que la population.

Toutefois par rapport à la période précédente, de nouveaux éléments apparaissent. Les surfaces en sols boisés Lire la suite

L’Abeille – première monnaie locale en France : Villeneuve sur Lot en a la primeur

objecteursde croissance-lr.fr, Administrator, le 9 février 2010

L’Abeille – première monnaie locale en France

Villeneuve sur Lot en a la primeur

La révolution économique est en marche, il n’est nullement besoin d’attendre « la moralisation » du capitalisme promise par notre président, une poignée de citoyens se prennent en charge pour relocaliser l’économie, ils créent leur monnaie !

Lorsque l’on arrive aux abords de la Halle de Villeneuve sur Lot, c’est l’agitation à l’entrée du marché couvert de la ville. Ce samedi 23 janvier est un jour important pour les membres de l’association « Agir pour le Vivant », c’est le lancement officiel de « L’Abeille », première monnaie locale en France. Dans ce goulot d’étranglement ça se bouscule, on y trouve des panneaux explicatifs et de nombreuses et nombreux bénévoles pour vous expliquer comment ça marche. Ensuite, si cela vous intéresse vraiment, vous pouvez vous diriger vers Hélène qui vous fera remplir le bon d’adhésion à l’association, encaissera vos euros et vous remettra vos premières coupures de l’Abeille. Le stand ne désemplit pas de toute la matinée, en plus des clients habituels au marché local, de nombreux curieux, des journalistes de TV régionale, l’évènement est bien couvert, grâce notamment à un article paru 4 jours plus tôt dans la Dépêche du Midi. J’interroge Viviane qui vient acheter des « abeilles », qu’est-ce qui vous motive dans cette démarche ? : j’achète pas mal bio, je veux manger des produits du terroir, participer à l’économie locale, moins de trajets c’est moins de pollution, c’est aussi un acte citoyen.

Brigitte Balavoine et Françoise Lenoble m’expliquent qu’avant de se décider à « battre monnaie », elles planchaient sérieusement sur l’application de la monnaie « SOL » lancée par Patrick Viveret. Cette monnaie SOL n’est pas une vraie monnaie alternative car elle ne fonctionne qu’avec une carte A+, ce qui a amené bien des réticences, ses conditions d’utilisation sont limitées lorsqu’on veut faire du « local ». Son usage très sophistiqué ne correspondait pas vraiment à une application dans la proximité, qui est un des objectifs importants du projet. Ce qui les a décidé à la création d’une vraie monnaie locale, c’est la rencontre avec Philippe Derruder auteur du livre « Rendre la création monétaire à la société civile ». A contribué également à prendre cette décision, c’est l’appui d’Hervé Ricard, gérant de la bio-coop locale, qui s’intéresse depuis longtemps à la question.

Cette monnaie, dont les appellations officielles sont « monnaie locale complémentaire » ou « bons d’achat », se présente sous la forme de coupures de 1, 2, 5, ou 10 abeilles valant respectivement 1, 2 5 ou 10 euros. On échange ses euros contre des abeilles que l’on pourra utiliser pour payer ses achats auprès des producteurs ou commerçants locaux adhérents à l’association « Agir pour le vivant » et ayant signé un contrat d’engagement. Ceux-ci doivent respecter la charte de l’association au mieux de leurs possibilités, achat de matières premières locales, bio ou s’inscrivant dans la démarche du bio etc… Actuellement, l’association compte seulement une quinzaine d’adhérents professionnels, mais leur nombre devrait croître assez rapidement, plusieurs dossiers sont en cours, certains membres sont très enthousiastes, ils en parlent beaucoup autour d’eux, il y a une vraie dynamique. On y trouve des maraîchers, producteurs de fruits, de céréales, boulangers, éleveurs, producteurs de vin, commerçants bio, produits de santé, naturopathe, couture, vêtements, livres etc… et peut-être bientôt un café à Villeneuve sur Lot. Un petit détail, lorsque la somme à payer ne tombe pas rond, on complète avec des euros. Les producteurs et commerçants recevant ces abeilles peuvent les dépenser auprès des autres professionnels adhérents et ainsi les abeilles vendus par l’association ne sortent pas du circuit local. Les professionnels doivent déclarer les ventes comme si elles étaient réalisées en euros.

L’abeille se dévalue de 2% tous les 6 mois et pour continuer à l’utiliser, on doit Lire la suite

Jean-Marie Pelt : Faire coïncider écologie et économie

lalibre.be, Charles Delhez, le 17 février 2010

Entretien avec Jean-Marie Pelt, président de l’Institut européen d’écologie.

Faire coïncider écologie et économie

Dossier « Notre planète »

Fils et petit-fils d’horticulteur, botaniste, Jean-Marie Pelt est un amoureux de la nature. Fondateur de l’Institut européen d’écologie à Metz, voici déjà quarante ans, il est de plus en plus préoccupé de l’avenir de notre la petite Planète bleue, riche jusqu’à présent, d’une étonnante biodiversité, véritable assurance-vie de l’humanité. Elle met en effet des ressources à notre disposition, que nous prélevons directement pour nous nourrir, nous vêtir Elle nous fait également bénéficier de sols fertiles, de forêts prospères, d’eau pure, d’insectes pollinisateurs Et, s’exclame Jean-Marie Pelt, ces services-là sont gratuits ! Rencontre à Metz, dans les bureaux de l’Institut, abrités dans le cloître des Récollets du XIVe siècle.

Jean-Marie Pelt, quel est donc votre vocabulaire actuel ? Parleriez-vous de développement durable, de modération joyeuse, de décroissance ?

Je ne parlerais pas de décroissance, car on reste alors dans le vocabulaire usuel. Or, il faut aujourd’hui percevoir les choses autrement. Je préfère donc parler d’économie durable, d’économie verte, d’économie en équilibre. L’économie doit devenir le mode ordinaire de production et de consommation des biens et services, et le lieu ordinaire où les gens trouvent un emploi. La croissance, elle, fait la part grande à la production de richesses, expression que je n’aime pas. En effet, en créant des richesses, on épuise les ressources qui serviraient aux suivants pour en produire eux-mêmes. Il faut repenser les axiomes de l’économie. Cette science s’est installée uniquement dans la société humaine et n’a pas du tout tenu compte des ressources de leurs limites. Economie et écologie doivent finir par coïncider, sinon l’économie sera une sorte de cancer se développant sur le monde des vivants, qui va finir par s’épuiser et tomber gravement malade.

Dans notre évaluation de la croissance des entreprises, par exemple, n’oublie-t-on pas la variable écologique et la variable humaine ? Sous cet angle, n’est-on pas en décroissance ?

Tout à fait ! Je vois que des gens souffrent au travail, à cause de la non-lisibilité des buts de l’entreprise, à cause de l’encadrement, de la pression au travail. Le bonheur intérieur brut n’y est pas. Il faut changer le fonctionnement de l’économie. Cette science récente repose sur des axiomes et des postulats qui n’ont jamais été démontrés, ainsi celui que plus on a de biens et de richesses, plus on est heureux. Côté écologie, rappelons-nous le procès Erika : on a évalué le prix des oiseaux mazoutés et la compagnie a dû payer. On a donné un prix à la nature pour qu’elle puisse entrer dans la mécanique économique. Mais en fait, c’est à la mécanique économique d’entrer dans la nature. L’économie est un sous-système de l’écologie et pas l’inverse.

Michel Serres reproche d’avoir pensé toujours les choses à deux termes, maîtres et esclaves, riches et pauvres, Nord et Sud… Il nous faudrait aujourd’hui les penser à trois termes, en donnant la parole à ce qu’il appelle la “Biogée”, la sphère des vivants. Serait-ce cela l’économie verte ?

Oui. Il s’agit de voir les choses en cohérence, de manière transversale (pluridisciplinaire aurait-on dit jadis). La vie, en effet, fonctionne en réseau. Les choses les plus lointaines peuvent avoir des rapports entre elles sans que le lien ne soit perceptible par nous. Au Canada, par exemple, les orques, qui sont carnivores, finissent par dévorer les loutres, parce qu’ils n’ont plus de poissons à manger. Du coup, les oursins – nourriture des loutres – se sont mis à proliférer, et le matelas d’algues, à diminuer. Mais c’est là que se logent les coquillages et les alvins. La population de poissons est donc menacée. Nous revoilà à la case départ : les orques dévorent désormais les loutres. C’est en interrelation subtile, avec des effets qui sont parfois éloignés de la cause première par un jeu de causes secondes, comme aux dominos.

L’écologie ne serait-elle pas aussi vieille que l’humanité, datant du jour où l’homme s’est distancé de la nature, tout en disant : et pourtant j’en fais partie ?

Justement, depuis quelques siècles, nous ne parlons plus ainsi en Occident. Les peuples premiers, eux, les Indiens, par exemple, ont un rapport fusionnel avec la nature. A la Renaissance, nous nous en sommes séparés. Cette dernière, devenue inerte, a perdu son sens. On en a fait un objet des sciences et de l’exploitation. C’est à tel point que Descartes Lire la suite

Créer des monnaies par millions

lemonde.fr, Hervé Kempf, le18 août 2009

Créer des monnaies par millions

Ne dites pas à Roland Canonica qu’il contribue à changer le monde, il croit qu’il est banquier… Et c’est d’un ton placide, avec un bel accent helvète de Neuchâtel, qu’il explique au journaliste français étonné que la Banque Wir existe depuis 1934, et que, oui, elle gère sa propre monnaie, et que, ma foi, ça marche bien : 60 000 entreprises participent au système. Bien sûr, on a été un peu prudents, on visite tous les clients avant d’ouvrir un compte. Ah, un détail, les wirs ne rapportent pas d’intérêts.

Si M. Canonica est très heureux que vous l’appeliez, il n’est pas du genre à vous promettre que sa banque se pliera en quatre pour vous, et qu’il multipliera vos économies par miracle. « On vise le long terme« , dit-il. Et, en passant : « C’est une opportunité pour résister à la mondialisation. » En fait, la Banque Wir, dont M. Canonica se présente comme « le technicien », est un archétype des systèmes monétaires indépendants que de plus en plus de groupes divers veulent créer à travers le monde : elle crée et gère sa propre monnaie.

Elle est née en Suisse en 1934, au coeur de la crise économique, de l’union d’une quinzaine de petites entreprises : celles-ci voulaient pouvoir s’échanger leurs produits, alors même que, faute d’argent, le commerce était au point mort. L’idée était de s’ouvrir des crédits mutuels au sein d’un Wirschaft Ring (« cercle économique »). Ils seraient comptabilisés en une unité spécifique, le wir, de valeur égale à un franc suisse.

Comment cela fonctionne-t-il ? Quand l’entreprise A achète quelque chose à B, A reçoit un crédit et B enregistre le débit correspondant. Le débit en wir sera compensé par les ventes de B à un participant C, ou réglé en francs suisses, avec lesquels la convertibilité est totale.

Le système a fait ses preuves, de nombreuses autres entreprises s’y sont agrégées, l’organe de comptabilité a obtenu le statut bancaire. Mais cette banque présente une caractéristique remarquable : elle ne cherche pas à gagner de l’argent, juste à faciliter les transactions entre les participants. « Nous pratiquons un taux de 0,8 %, pour couvrir les frais, dit M. Canonica d’un ton détaché. C’est beaucoup moins qu’ailleurs. » Le système prospère : soixante-quinze ans après sa création, il fait circuler chaque année plus de 1,7 milliard de francs suisses (1,1 milliard d’euros), et il est cité en exemple par un des meilleurs spécialistes mondiaux des monnaies complémentaires.

« Vous l’aimez cuit comment, votre saumon ? – Euh, comme vous voulez, ça ira. » Bernard Lietaer reçoit très gentiment dans son grand appartement de Bruxelles, décoré de masques africains et asiatiques et de centaines de livres. Plutôt que de vous retrouver dans un restaurant, il prépare – avec talent, il faut le dire – le repas, tout en poursuivant la conversation.

Son amabilité recouvre une longue et originale expérience de financier. Au sein de la Banque royale de Belgique, il a appartenu à la petite équipe qui a conçu le système monétaire qui a conduit à l’euro ; puis, il est devenu gérant d’un des premiers fonds spéculatifs, le Gaia Fund, au début des années 1990. Il était alors un des plus gros acheteurs « d’options » à la City de Londres. Mais, aussi étrange que cela paraisse, il a quitté ce jeu qui ne répondait pas à ses aspirations, et a commencé à se passionner en intellectuel sur le phénomène monétaire, avant de promouvoir les monnaies complémentaires.

Pour comprendre sa démarche ou celle de la Banque Wir, il faut se rappeler un fait, si contraire au sens commun : la monnaie n’est pas fabriquée par une autorité centrale qui l’adosse à des réserves d’or ou d’argent ; elle est créée par les banques privées à partir des promesses de remboursement des emprunteurs. Et durant les dernières décennies, les banques Lire la suite

Alain Lipietz : « le monde d’après sera moins productiviste et moins libéral »

latribune.fr, Alain Lipietz, le 3 août 2009

Alain Lipietz : « le monde d’après sera moins productiviste et moins libéral »

Dans notre série d’été Visions de l’après-crise, « La Tribune » a interrogé l’économiste vert, Alain Lipietz. Ce dernier voit dans la solution à la crise écologique la réponse à la crise économique.

« Rien ne sera plus comme avant » a dit Nicolas Sarkozy. Partagez vous ce pronostic ?

Toute crise est un moment de rupture, où l’on ne peut plus continuer comme avant. Cette fois, elle nous dit que l’on ne peut pousser plus avant l’économie globalisée, sur le mode libéral et ultra-productiviste qui s’est imposé depuis vingt ans. La crise actuelle me semble relever de deux crises que nous avons déjà connues. Une crise écologique, où la rareté des ressources énergétiques et alimentaires devient criante, comme en 1848. Et une crise à la 1930 liée à un partage salaires/profits très déséquilibré, et surtout une distribution trop concentrée au profit des plus hauts salaires comme des plus gros bénéfices. Insidieusement, nous sommes revenus à une économie de la rente. Et ceci est vrai, tant au niveau local qu’à l’échelle mondiale. C’est bien cette double crise qui a conduit les travailleurs pauvres à s’endetter pour se loger, puis, quand les prix du pétrole et de la nourriture se sont envolés, à arbitrer contre leurs remboursements, provoquant la crise des subprimes. Le monde d’après sera, sans doute, moins productiviste et moins libéral. Sera-t-il plus ou moins social, plus ou moins démocratique ? Je ne sais. L’histoire a montré que les lendemains de crise pouvaient prendre des voies multiples.

Vous voyez donc tout de même un monde plus dirigiste et moins ouvert ?

Oui, et avant même l’éclatement de la crise financière, on a vu un retour du protectionnisme qui était alors passé inaperçu en France. Dès l’été 2007, la crise des jouets chinois a provoqué une levée de boucliers au parlement européen. Certains mettaient en avant le nécessaire respect des normes internationales, d’autres défendaient carrément la préférence européenne. De même, avec les débats sur l’Agence de l’Energie, les objectifs obligatoires du « paquet climat », on a vu une remontée du planisme.

La crise écologique que vous mentionnez a-t-elle déjà joué le rôle de détonateur d’une prise de conscience écologique chez les chefs d’Etat ? Pensez vous que chacun a pris la mesure de l’urgence à agir ?

Ceux qui niaient l’existence même d’une crise écologique se sont rendus à l’évidence. Mais cela ne veut pas dire que tout le monde est pareillement conscient de l’urgence. On voit bien qu’entre les pays les plus pauvres du sud, qui ont compris qu’il fallait agir tout de suite, et ceux qui, comme les Etats-Unis, la Chine ou l’Inde, estiment que s’il faut agir, ce n’est pas à eux de commencer, il y a les pays européens qui ne sont prêts à agir que si les autres bougent aussi en même temps. Bref, il existe toujours une palette d’attitudes face au réchauffement climatique qui empêche d’agir vite, et de façon coordonnée. Or, les Nobel de l’an dernier nous en avertissent : si, en 2020, on n’a pas réduit de 30% par rapport à 1990 nos émissions de gaz à effet de serre, et si les pays émergents n’ont pas inversé la courbe de leurs émissions, la hausse de la température mondiale dépassera les 3 degrés. Et le monde ressemblera à celui de Mad Max, où une partie de ses habitants Lire la suite

Débat : Le bio peut-il nourrir la planète ?

toogezer.com, Marie Ernoult, mai 2009

Débat : Le bio peut-il nourrir la planète ?

En 2050, la planète comptera 9 milliards d’habitants qu’il faudra nourrir… L’agriculture biologique pourrait-elle relever ce défi ? Deux experts, Léon Guéguen de l’INRA et Marc Dufumier de l’INA-PG nous livrent leur point de vue.

De 1999 à 2006, la superficie mondiale certifiée bio a quasiment triplé. Le développement de l’agriculture biologique est-il durable ?

Léon Guéguen : Cette superficie a augmenté partout pour répondre à la demande mais, curieusement, elle n’augmente plus en France depuis 2002. Si la demande sociétale croît encore et que les subventions se maintiennent, voire augmentent, la production AB pourra encore se développer en assurant un revenu acceptable à l’agriculteur. Mais quelle en sera la limite supportable par les consommateurs (prix plus élevés) et les contribuables (subventions) ? Peut-être 5 à 10 % mais certainement pas 20 %, ce qui semble irréaliste ! Avec des rendements plus faibles de 30 à 60 %, quelles seront les conséquences supportables pour l’autonomie alimentaire et pour les exportations ? Enfin, un système qui ne restitue pas au sol la totalité des minéraux exportés par les récoltes ne peut être durable à long terme pour la fertilité des terres.

Marc Dufumier : Le développement de l’agriculture biologique peut être rapide et économiquement « durable » pour peu que les politiques agricoles ne créent pas de distorsions sur les marchés en faveur de l’agriculture utilisatrice d’engrais de synthèse et de produits phytosanitaires. Du point de vue de la biodiversité et de la « durabilité » environnementale, il va de soi que l’agriculture biologique est bien plus performante que celle qui a recours aux pesticides, puisque les producteurs en « agriculture biologique » sont quasiment contraints de pratiquer des rotations et des assolements bien plus diversifiés, préservent de ce fait davantage les insectes auxiliaires des cultures.

En 2050, nous serons 9 milliards d’habitants sur terre. Il faudra donc doubler la production alimentaire mondiale, cela est-il envisageable avec le bio ?

L.G : Avec des rendements beaucoup plus faibles que dans les zones d’agriculture intensive, certainement pas ! La perspective de nourrir 9 milliards d’habitants semble même très problématique avec les techniques agricoles actuelles les plus performantes, et des augmentations de productivité sont encore espérées, car les surfaces cultivables ou irrigables sont limitées.

M.D : Oui, c’est possible. La faim et la malnutrition n’ont pas pour origine une insuffisance de disponibilités en calories alimentaires à l’échelle mondiale puisque celles-ci sont d’ores et déjà équivalentes à 300 kg de céréales par personne et par an, alors même que les besoins ne sont que de l’ordre de 200 kg. C’est la pauvreté qui est à l’origine de la faim et de la malnutrition : les pauvres ne parviennent pas à acquérir les disponibilités excédentaires et ces dernières vont de préférence vers les seuls marchés solvables : l’alimentation du bétail pour nourrir ceux des riches qui mangent de la viande en excès, et l’abreuvement de nos automobiles en agro-carburants.

Pourrait-on se passer totalement des intrants pour subvenir aux besoins alimentaires mondiaux ?

L.G : Non, Lire la suite

Graves de Bordeaux : Les vignes à cheval

sud-ouest.com, Axelle Maquin-Roy, le 11 Mai 2009

CHÂTEAU MÉJEAN À AYGUEMORTE-LES-GRAVES. Bruno Géraud veut ainsi se démarquer et améliorer la qualité de ses vins

Les vignes à cheval

Bruno Géraud n’est pas un propriétaire viticole comme les autres. Issu du milieu du commerce, l’entrepreneur, passionné de tout ce qui a trait à la terre, s’est affranchi des codes surannés et ne se laisse guider que par une ambition : faire de Méjean un graves de grande qualité. Une exigence déjà saluée par nombre de critiques. Aussi n’a-t-il de cesse d’innover depuis qu’il est à la tête de cette propriété d’Ayguemorte-les-Graves, soit une dizaine d’années.

Dernière lubie en date, diront les plus sceptiques, travailler à cheval les 6,5 hectares de ses vignes et les 4,5 autres hectares dont il a le fermage au château de La Brède. Déjà propriétaire de deux juments comtoises, Bruno Géraud cherchait l’homme pour les guider dans ce travail un peu particulier. « Mais dans le coin, il n’y en avait pas. »

Maillon essentiel de la chaîne

Le hasard a voulu qu’un Bourguignon, en quête de nouveaux horizons viticoles, offre ses services à de grandes propriétés bordelaises. Mais pas au Château Méjean qui, malgré tout, parvint à entrer en contact avec cet ouvrier agricole.

Depuis une dizaine de jours, Erik Martin s’est donc installé à la propriété. Lui, le Bourguignon et travailleur indépendant, est désormais salarié de l’exploitation. Un plus à l’entendre, alors qu’il veut « travailler en collaboration pour l’élaboration encore meilleure d’un vin ».

Car, aussi particulier que soit son travail, Erik revendique d’être un maillon essentiel de la chaîne de production d’un vin. Avec ses trois juments, deux Percheronnes et une Ardennaise, son rôle ne saurait se réduire à biner ou cavaillonner les rangs de vignes, avec des outils des années 1950 attelés à ses puissantes montures. Son regard et son expertise de la vigne sont une chance.

« La mécanisation tasse davantage les sols et les appauvrit », a constaté Erik. En travaillant avec des chevaux de trait, « on apporte une meilleure régénération des sols et donc on peut réduire l’apport en engrais ». Un travail sur l’enracinement des pieds, préalable à un développement de parties aériennes de la plante. Cette approche écologique, si elle fut sa motivation première il y a dix ans, a depuis fait montre d’une grande efficacité. Au point que nombre de propriétés prestigieuses de Bourgogne, du Beaujolais ou encore de Tain-l’Hermitage ont fait appel à ses services.

Respect de la vigne

Autre avantage de la traction animale Lire la suite

Appel à projet ANR : Changements Environnementaux Planétaires

agence-nationale-recherche.fr, appel à projet, mai 2009

Appel à projet ANR : Changements Environnementaux Planétaires (CEP)

Les changements environnementaux sont désormais perceptibles à l’échelle de la planète, d’où le terme « changements environnementaux planétaires » ou « changement global ». Un des enjeux majeurs de la recherche consiste à faire émerger une approche systémique, profondément multi- et trans-disciplinaire sur ce domaine, à l’interface des sciences humaines et sociales, des sciences de la vie et de la matière.

L’objectif de ce nouveau  programme est d’accélérer les recherches françaises ayant une approche intégrée de ces processus se développant à l’échelle de la planète mais générant des impacts d’ordres régionaux. Le programme visera à faire émerger des projets portant sur l’impact, la mitigation et/ou l’adaptation aux changements environnementaux planétaires.

Le programme est structuré en six axes :

Axe thématique 1 : Vulnérabilité et Adaptation des sociétés aux CEP

Axe thématique 2 : Aménagement des Territoires et Occupation Des Sols  dans le contexte des CEP

Axe thématique 3 : Rôle de la biodiversité sur le fonctionnement des écosystèmes dans le contexte des CEP

Axe thématique 4 : Ressources naturelles et sécurité alimentaire dans le contexte de CEP

Axe thématique 5 : Changements environnementaux planétaires et effets sur la santé

Axe thématique Transverse 6 : Outils et méthodes pour la science du système Terre

Date limite de soumission des dossiers Lire la suite

L’incroyable histoire des vers de terre

inra.fr, Michel Bertrand, Février-Mars 2009

L’incroyable histoire des vers de terre

De quoi parle-t-on lorsque l’on évoque la  faune du sol ?

Les lombriciens, des travailleurs infatigables ou lorsque Michel Bertrand, centre Inra de Versailles-Grignon et Paul Robin, centre Inra de Rennes vous parlent de la vie des vers de terre. La faune du sol regroupe un nombre très important d’organismes animaux, qui se comptent en centaines de millions d’individus par m², appartenant à plusieurs centaines voire milliers d’espèces. Suivant leur taille, on regroupe ces individus en microfaune, mésofaune ou macrofaune en allant des plus petits au plus grands. Avec les limaces et les araignées, les vers de terre appartiennent à la macrofaune, et on en dénombre de l’ordre de quelques centaines au m² correspondant à une masse qui se compte en dizaines voire en centaines de kilos à l’hectare.

Y a-t-il différentes sortes de vers de terre, comment peut-on les distinguer ?

Les vers de terre appartiennent à de nombreuses espèces et, dans un milieu donné, on trouve facilement une dizaine d’espèces différentes. On classe ces espèces en groupes écologiques suivant leur taille, leur habitat, leur comportement et leurs ressources alimentaires. On distingue classiquement les vers anéciques, de grande taille, vivant dans des galeries verticales et se nourrissant de matière organique présente à la surface du sol, des vers endogés beaucoup plus petits qui digèrent la matière organique incorporée dans l’horizon de surface du sol et des vers épigés qui vivent à la surface du sol, surtout quand il y a des débris végétaux.  

Quel  est le rôle des lombriciens dans le sol ?

Les vers de terre sont-ils de bons indicateurs des pratiques agricoles ?

Les vers de terre sont sensibles aux techniques utilisées par l’agriculteur. En particulier, ils réagissent fortement au travail du sol et à tout ce qui joue sur la quantité de matière organique mise à leur disposition, puisqu’il s’agit de leur nourriture. En règle générale le travail du sol profond est globalement défavorable aux vers de terre, mais il affecte principalement les vers de type anécique en détruisant leurs galeries, incorporant dans le sol la matière organique de surface dont ils se nourrissent, voire en les blessant directement.

Les vers de type endogés peuvent par contre être plus nombreux dans les parcelles labourées car la couche labourée est  riche en matière organique, ce qui leur est favorable. La quantité globale de carbone dans le sol est également prépondérante, ce qui fait qu’on trouvera plus de vers de terre dans les prairies que dans des parcelles de grande culture, ainsi que dans les parcelles recevant des amendements organiques provenant d’élevage (fumier par exemple). En grande culture, l’effet des pesticides Lire la suite

Biosphere-hebdo : spécial « oxymores »

biosphere.ouvaton.org, biosphere-hebdo n° 17.2009 (spécial « oxymores  »), le 2 mai 2009

(Extraits de La politique de l’oxymore de Bertrand Méheust)

La pression de confort (techniques imbéciles)

La pression du confort est une notion décisive. Il est sous-entendu (hors discussion, sauf dans les milieux encore marginaux de la décroissance), que le confort moderne, au sens large où nous l’entendons aujourd’hui, est un acquis irréversible. Cette façon de penser est largement due au fait que les générations nées depuis les années 1970 n’ont pas connu d’autres conditions de vie et ne dispose pas d’éléments de comparaison. Un jeune des banlieues déshéritées, aujourd’hui, dispose de moyens de confort que n’avait pas le roi Louis XIV, notamment l’eau chaude au robinet, les WC et le chauffage. Cette révolution du confort est le premier moteur de la pression sur la nature entraînée par nos gestes quotidiens.

Or un univers psychique qui n’admet par principe aucune limitation, aucun interdit, court vers l’abîme. Pendant la Seconde guerre mondiale, la vitesse des voitures aux Etats-Unis a été plafonnée à 55 km/h pour économiser le carburant. Il a fallu une menace extérieure pour mettre en place cette mesure qui devrait s’imposer aujourd’hui. Le danger du système libéral, c’est que, ayant disqualifié tous ses concurrents, il n’a plus d’extérieur et ne peut se contraindre lui-même dans des délais utiles. Aucun effort méthodique pour prévoir le futur et organiser le décrochage du pétrole n’a été conduit : si c’était le cas, cela se saurait, des voitures ultralégères seraient déjà disponibles depuis longtemps sur le marché, leurs moteurs seraient bridés, etc.

Les Hikikomoris, ces jeunes japonais gavés d’informatique qui ne sortent plus de leur chambre, sont un des premiers symptômes de l’épuisement vital vers lequel nous tendons. En moins d’un siècle, le marché, couplé à la technologie, en instrumentalisant et en artificialisant les désirs, aura stérilisé tout ce qui donnait aux hommes le goût de vivre depuis des millénaires. La publicité, cette forme moderne, insidieuse et inédite de contrôle des esprits, que l’on devrait débaptiser et nommer une fois pour toutes propagande, va bien au-delà de tous ce qu’on pouvait imaginer dans les débuts optimistes et naïfs de la « réclame » d’après guerre.

La pression démocratique (écologie appliquée/action politique)

Il se trouve qu’aucun système démocratique ne semble pouvoir fonctionner aujourd’hui en dessous d’une certaine pression de confort. Si une Sparte démocratique existe quelque part dans le monde contemporain, je demande qu’on me la montre. Inéluctablement, la démocratie moderne, c’est-à-dire la démocratie libérale où l’individu prime sur le collectif, démultiplie les besoins des hommes et augmente la pression sur l’environnement. Partout où l’individu devient une valeur centrale, ses besoins personnels s’accroissent avec l’étendue de sa sphère personnelle ; son espace vital minimal augmente en même temps que ses exigences de mobilité ; il lui faut manger plus de viande ; il lui faut consommer davantage de produits culturels ; il veut tout cela, et plus encore, pour ses enfants.

L’aveuglement des élites et le formatage subséquent de l’opinion via les médias Lire la suite

Le Titanic de l’économie carbonique

altermonde-sans-frontières.com, Yann Fiévet, le 30 avril 2009

For Le Peuple Breton, mai 2009

Le Titanic de l’économie carbonique

L’Histoire retiendra dans son œuvre d’établissement des faits aux conséquences gravissimes que le récent sommet du G20 est l’une des preuves les plus flagrantes de l’incurie actuelle des Maîtres du Monde. L’économie mondialisée est un navire démesuré aux multiples voies d’eau dont on a décidé de maintenir la route incertaine afin de sauver le plus longtemps possible les intérêts des occupants de la Première Classe. Le discours tenu aux passagers des classes subalternes n’affiche évidemment pas ce but cardinal ; on leur assure au contraire que pour sauver tout le monde il n’est qu’un seul cap à suivre. Mais, peu importent les paroles du Commandement : son attitude obstinée révèle une coupable sous-estimation du danger qui menace de dislocation le Titanic planétaire.

Ce Titanic-là est un trop vieux rafiot pour pouvoir tenir la mer démontée qui l’assaille de toute part. Il est d’un autre temps, celui où la prospérité économique provenait de l’abondance des sources d’énergie d’origine fossile. La première méprise du Commandement est de croire qu’il va pouvoir maintenir le coût de l’énergie à 5% du PIB, indicateur par ailleurs fièrement conservé comme référence de la richesse produite grâce à ce volume d’énergie. La vénération du mythe de la Croissance alors que les gisements de matières fossiles desquels elle dépend étroitement diminuent devrait imparablement apparaître absurde. Dans l’économie carbonique, produire va coûter de plus en plus cher à mesure que l’on va découvrir qu’aucune alternative crédible aux « fossiles » n’existe dans un avenir raisonnable. Ces considérations nous feraient presque oublier le désastreux bilan écologique de l’usage démentiel de ces sources d’énergie qui firent la fortune de l’ère industrielle. C’est la deuxième illusion du Commandement : croire qu’il va être possible de repeindre en vert la titanesque croissance.

L’abondance énergétique n’est pas le seul attribut de l’économie carbonique. Un autre attribut mortifère la condamne au regard de la nécessaire intelligence à (re)construire : elle s’est développée au mépris des limites qu’imposent la nature en général et le vivant en particulier. La transgression de ces limites, après avoir été longtemps prétendue inoffensive, est aujourd’hui payée au prix fort par les sociétés humaines. Les dérèglements climatiques, l’appauvrissement des sols, le dépérissement avancé de la biodiversité ou le développement exponentiel des maladies « environnementales » devraient nous imposer le réapprentissage des limites. La Croissance verte est toujours la Croissance, c’est-à-dire la poursuite du renoncement à prendre en considération impérative les limites physiques et biologiques. Les hommes devraient inventer l’économie biophysique. Cette économie « révolutionnaire » ne se préoccuperait pas seulement de connaître les limites de son emprise sur les écosystèmes, elle produirait surtout les conditions de son existence pérenne par l’équilibre des flux entre elle et la nature dans toutes ses dimensions. La Culture n’est pas supérieure à la Nature ; elles doivent marcher de front pour un dialogue permanent. Ici, la Croissance verte échouera encore : l’allègement de la domination de l’économique sur la nature ne remet pas en cause le caractère essentiel de cette domination. Adoucir le joug pour mieux le maintenir, telle est la nouvelle et dérisoire frontière offerte aux peuples par le Commandement aveugle du navire en perdition.

Le Commandement, régulièrement conforté par les analyses macro-économiques de ses nombreux conseillers, se méprend encore en ignorant superbement la contre productivité manifeste de la « société de marché ». L’archéologue américain Joseph Tainter a étudié le développement et le déclin de nombreuses civilisations pour mettre à jour les raisons communes de leurs destins fatals. Confrontées aux problèmes inhérents à leur fonctionnement, ces civilisations accroissent la complexité de celui-ci en augmentant encore les moyens qui ont permis leur développement. L’accroissement de la complexité signifie la diversification des rôles sociaux, économiques et politiques ainsi que l’essor des moyens de communication et la croissance de l’économie des services, tout cela étant soutenu par une consommation d’énergie sans cesse en augmentation. Il est incontestable qu’aujourd’hui la satisfaction sociale par habitant augmente de moins en moins vite, alors que les coûts écologiques croissent chaque jour davantage. La contre productivité globale de la société de marché est désormais palpable puisque son bénéfice net, différence entre la satisfaction sociale et les coûts conjoints de l’organisation sociale et de la crise écologique, diminue. L’effondrement de cette société interviendra quand son bénéfice net deviendra nul. Hérétique prédiction !

L’erreur majeure des économistes de la théorie orthodoxe est de raisonner exclusivement sur la combinaison de deux facteurs de production, le travail et le capital, et d’ignorer ainsi le moteur même de l’économie que constitue les matières minérales et énergétiques fournies par la nature. L’épuisement de ces richesses premières en amont de la production et les dégâts occasionnés à l’environnement naturel en aval de la consommation ne sont jamais sérieusement chiffrés économiquement. À cet égard, le développement durable, déclinaison publicitaire de la théorie économique dominante, ne résout rien. En dernière instance, c’est toujours l’économique qui l’emportera sur le social et l’environnemental. À la figure des trois cercles ne se chevauchant que sur une portion congrue, il nous faudrait substituer celle de trois cercles concentriques : le petit cercle de l’économie contenu dans celui plus large du social lui-même inscrit dans le vaste cercle de l’environnement naturel. Cela s’appelle reconstruire notre imaginaire.

À cette nécessité impérieuse, le Commandement préfère l’enthousiasme pour une prédiction minuscule érigée en chaloupe providentielle : la Chine devrait faire 8% de Croissance en 2009.

Borloo : « Soit vous faites bouger tout le monde, soit ça se terminera mal »

terra-economica.info, Bertrand Desprez, David Solon, Simon Barthélémy, le 27 avril 2009

Jean-Louis Borloo : « Soit vous faites bouger tout le monde, soit ça se terminera mal »

Mettez dans une même pièce un ministre de l’Ecologie, Jean-Louis Borloo, un scientifique de renommée internationale, Jean Jouzel, et un économiste spécialiste du climat, Stéphane Hallegatte. Vous obtiendrez un débat engagé et réchauffant. Morceaux choisis.

Les dernières études indiquent que les pires scénarios climatiques sont en train de se réaliser. Qu’en est-il ?

Jean Jouzel : Les choses sont claires. Pour limiter l’élévation des températures à 2° par rapport à 2000, il nous faut diviser nos émissions de gaz à effet de serre par 3 d’ici à 2050. En les divisant par 2, nous n’avons aucune chance d’y parvenir. Pour cela, nos émissions doivent décroître dès 2015, c’est-à-dire immédiatement, alors qu’elles n’ont jamais augmenté aussi rapidement. Toute la question est de savoir si nos sociétés, nos politiques sont disposés, dès aujourd’hui, à prendre les mesures qui s’imposent.

Stéphane Hallegatte : Jean Jouzel parle d’action immédiate. Il a raison. C’est en effet très paradoxal d’envisager que nous sommes face à des phénomènes climatiques qui vont s’étendre sur plusieurs siècles, mais que la nature et l’ampleur de ces phénomènes vont se décider dans les deux ou trois années à venir. C’est pour cette raison que l’enjeu de la conférence sur le climat de Copenhague, en décembre prochain, est gigantesque. Rater cette échéance aurait une incidence forte sur le très long terme.

Le seuil de danger, soit 2° d’augmentation des températures, risque d’être atteint. Comment l’éviter ?

J.J. : Je ne veux pas jouer les oiseaux de mauvais augure mais, même si nous parvenons à stabiliser la température à + 2°, cela ne garantit aucunement un monde calme. Il faut suivre les recommandations de mon confrère James Hansen, de la Nasa, qui n’est pas optimiste. Il part des objectifs européens de réduction des niveaux de concentration de CO2 dans l’atmosphère. Notre continent s’est fixé un niveau ambitieux de 550 particules par million [ppm]. Problème : il est insoutenable ! Et plus inquiétant encore : atteindre 450 ppm – ce qui suppose un effort très soutenu – n’empêcherait ni la disparition des glaces de la planète ni l’élévation très sensible du niveau des mers. Hansen conclut donc qu’il n’y a pas d’autre choix que de se limiter à 350 ppm si l’on veut conserver notre climat dans l’état où il se trouve aujourd’hui. Or nous en sommes déjà à 380 ppm.

S.H. : 450 ppm, ce serait déjà pas mal.

Cet objectif de 350 ppm est-il envisageable ? Ce chiffre est-il compréhensible pour le grand public ?

J.J. : Non, c’est dur. Communiquer sur la nécessité de diminuer la quantité de gaz carbonique dans l’atmosphère, cela signifie stopper toutes les centrales à charbon immédiatement, replanter massivement des arbres… Techniquement, pourquoi pas dans l’absolu. C’est, en revanche, plus difficile de communiquer là-dessus.

Jean-Louis Borloo : Ce dont je suis certain, c’est qu’il faut dire à tous que c’est faisable, que c’est le progrès et que ce n’est nullement un retour en arrière. D’où vient cette problématique du changement climatique ? D’un fondement économique qui a lui-même un fondement énergétique qui n’est pas indispensable, ni vital. Nous sommes en train de vivre une parenthèse extraordinaire. Et dans l’histoire de l’humanité, cette parenthèse sera considérée comme la parenthèse du tandem pétrole-charbon, dominé par le pétrole. C’est une anomalie. Tout le monde peut bien comprendre qu’une fraise qui parcourt 10 000 km n’est pas une absolue nécessité pour l’humanité. De même que d’avoir de la mobilité quasi exclusivement par des moteurs thermiques n’est pas une fatalité. En fait, ce qu’il faut avoir en tête, Lire la suite

Les prédateurs des transports doux

tessolidaire.com, NC, le 23 avril 2009

Les prédateurs des transports doux

Ca bouge dans les transports doux ! Il n’est pas de semaine où l’on n’apprenne que des grands groupes investissent ou nouent des partenariats dans des projets d’auto-partage ou de co-voiturage, qui étaient très souvent portés au départ par des acteurs de l’ESS. Il faut peut-être dater les prémices de cette évolution d’il y a trois ans, avec l’entrée de Kéolis, filiale de la SNCF, dans la gouvernance de Lilas, la SCIC lilloise d’autopartage.

Dernièrement, Caisse commune, pionnière de l’autopartage à Paris a été rachetée par Transdev, la filiale transports de la Caisse des dépôts. Versant co-voiturage,  Voiture et Co (et Mobility +) sont entrés l’an dernier dans le giron du groupe SOS. Et cette année, Green Cove vient d’obtenir le soutien financier d’Eco-mobilités Partenaires (autre filiale de la SNCF) et du groupe Norauto. Après le vélo en libre-service phagocyté par JCDecaux ou Clear Channel, au détriment d’acteurs de terrain comme la SCOP Movimento à Toulouse, d’autres formes de mobilités douces, on le voit, sont rattrapées par le marché tout puissant, à quelques exceptions près, comme France AutoPartage.

Mais on attend aussi Autolib à Paris… En effet, les premières Rencontres du co-voiturage, organisées le mois dernier par Green Cove, ont montré que les collectivités locales sont fortement intéressées par toutes ces formes de nouveaux transports, que les acteurs de l’ESS ont promues initialement. Il faut dire que les plus grandes collectivités sont soumises depuis plusieurs années à une obligation de PDE (plan de déplacement entreprise) : c’est par exemple l’origine du programme de co-voiturage du Conseil général des Yvelines, pour les déplacements pendulaires des agents territoriaux.

Au Nord-Est de Paris, la communauté d’agglomération Plaine Commune vient aussi de l’adopter. Quant au Conseil général de l’Essonne, il voudrait bien lier cette obligation à une intégration dans le système de monnaie SOL : 1 km parcouru en co-voiturage pourrait valoir un SOL utilisable pour d’autres services. Au Conseil général du Morbihan, Marc Letourneux, chargé de mission co-voiturage, a fait construire des aires spécifiques pour inciter à ce type de transport.

Lors du colloque, Jean Ghedira, directeur de SNCF Proximités, a expliqué Lire la suite

L’Encyclopédie du Développement Durable

L’Encyclopédie du Développement Durable, avril 2009

S’engager dans le développement durable est le défi majeur de notre 21ième siècle. L’Encyclopédie du Développement Durable est un outil pour la compréhension des enjeux et la mobilisation.

Projet d’éducation populaire, elle se propose de vulgariser les connaissances scientifiques, de promouvoir une réflexion militante et de diffuser des repères pour l’action en faveur du développement durable. Le citoyen pourra appréhender les liens existant entre des champs apparemment divers (scientifiques, techniques, politiques, socio-économiques, culturels…), sans rester prisonnier des cloisonnements thématiques.

Pour accéder aux articles de l’Encyclopédie, il vous suffit de cliquer sur les titres des sous chapitres ci- dessous.

1. La prise de conscience, pour une politique mondiale

1.1 De l’éco-développement au développement durable (concepts, principes, valeurs) (10)

La nature

janvier 2009, par Flipo, Fabrice

Mots clefs associés : écologie, économie, environnement, philosophie, science et recherche, technologie

Ce qui est “nature” nous semble évident puisque… naturel. Pourtant ce qui est nature est difficile à définir : s’agit-il d’êtres, de normes ou de culture ? Selon les cas, la “protection de la nature” est à la fois absurde et évident, cet article tente d’en dénouer le (…)

Reconsidérer la richesse

novembre 2008, par Viveret, Patrick

Mots clefs associés : économie sociale et solidaire, crise écologique, crise financière, crise sociale, inégalité sociale, indicateurs de richesse, modes de vie, monnaies complémentaires

Notre paysage économique, social, écologique et culturel se bouleverse profondément et rapidement. Face à ce constat, les outils de mesure de nos activités,en particulier le PIB,ne sont plus adaptés. Pour répondre à la démesure de la crise que nous vivons, il est urgent d’inventer de nouveaux (…)

Les voies du Développement Durable

septembre 2007, par Ruellan, Alain

Mots clefs associés : gestion des ressources naturelles, participation, politique, stratégies pour le développement durable

La situation actuelle du Monde est inquiétante : les écarts se creusent entre les plus riches et les plus pauvres ; les modes de vie dégradent les écosystèmes, épuisent les ressources naturelles, déséquilibrent les grands systèmes mondiaux ; en conséquence, les violences humaines s’accentuent. Comment (…)

Naissance et formation du concept de développement durable : une approche historique

juin 2007, par Nicol Jean-Pierre

Mots clefs associés : activités humaines, écologie politique, conférences, croissance, politique

Face à l’idée, née de la révolution industrielle du XIXe siècle, selon laquelle le progrès technique assurera une croissance indéfinie et un progrès linéaire, on a assisté à une progressive prise de conscience, à partir des années 1920, relative aux effets négatifs de l’industrialisation sur les milieux (…)

Changer l’avenir – penser le temps long

mai 2007, par Flipo, Fabrice

Mots clefs Lire la suite

Les Amap se structurent autour de Miramap

rhone-alpesolidaires.org, Alliance PEC en Isère, le  23 février 2009

Les Amap se structurent autour de Miramap

Depuis un an, plusieurs réseaux formels et informels d’Amap se rencontrent et échangent sur leurs expériences et leurs actions : Amap Ile de France, Alliance Provence, Alliance PEC Rhône Alpes, réseau des AMAP d’Aquitaine… Ces acteurs ont décidé de créer un regroupement national nommé MIRAMAP.

Quels sont les objectifs de MIRAMAP ?

La création de MIRAMAP répond aux objectifs suivants :

– Renforcer  la cohésion des AMAP à travers le partage d’une éthique commune : partage et respect collectif de la charte des AMAP, réflexion sur son évolution

– Mutualiser toute la richesse des expériences, des pratiques et des outils développés par les AMAP et les réseaux territoriaux

– Faire la promotion des AMAP au niveau national

– Participer à des programmes nationaux cohérents avec les objectifs  des AMAP

Le programme de MIRAMAP pour 2009

Un socle commun :

MIRAMAP a élaboré un socle commun. Il constitue une base de référence pour tous ceux qui souhaitent participer à MIRAMAP : rappelant les origines et les valeurs des AMAP, il propose une démarche pour construire une dynamique nationale.

Une conférence de presse et un week-end d’échanges les 20-21-22 mars 2009

Une conférence de presse aura lieu le 20 mars 2009 à Paris. Elle présentera MIRAMAP et son programme d’actions pour 2009 : le printemps des AMAP et un colloque en fin 2009.
Un week-end de travail national ouvert à 4 à 5 représentants par région, les 21 et 22 mars est organisé à Paris autour de 5 thématiques : parcours d’installation des agriculteurs en AMAP ; préservation des terres fertiles ; système de garantie participatif ; accessibilité des AMAP à tous publics ; aspects juridiques, fiscaux et contractuels des AMAP.

Le printemps des AMAP

Cet évènement d’envergure nationale, se déroulera du 20 mars 2009 au 21 juin 2009 dans le but de donner plus de visibilité au mouvement des AMAP, de montrer que les AMAP ne sont pas des initiatives isolées, mais bel et bien un réseau.

Il s’agit, pour les AMAP et leurs réseaux, d’organiser Lire la suite

Les 10 indicateurs clés de l’environnement.

actualites-news-environnement.com, Pierre Melquiot, le 11 mars 2009

Les 10 indicateurs clés de l’environnement.

En terme de dégradation de l’environnement, les Français sont 52% à s’inquiéter du réchauffement de la planète (et l’effet de serre), 40% de la pollution de l’air, et 39% de la pollution de l’eau.

Le Service de l’observation et des statistiques du Commissariat général au développement durable (anciennement l’Ifen) a publié ses 10 indicateurs clés de l’environnement.

Ces 10 indicateurs clés de l’environnement concernent : la pollution de l’air en milieu urbain, la pollution de l’eau par les nitrates, la perte de biodiversité avec les oiseaux communs, l’occupation des sols, la consommation de matières, les déchets municipaux, l’effet de serre et les émissions de gaz à effet de serre (GES), les énergies renouvelable, les dépenses pour la protection de l’environnement, et les préoccupations des Français en matière de dégradation de l’environnement.

Indicateurs clés de l’environnement et pollution de l’air en milieu urbain : La qualité de l’air des villes françaises s’est globalement améliorée depuis 2000, au vu des teneurs de 4 polluants. La baisse des concentrations en SO2 contribue beaucoup à cette amélioration. À l’opposé, les teneurs en ozone (O3) restent au-dessus de leur niveau de 2000. Les concentrations en NO2 sont en légère baisse, surtout dans les agglomérations de plus d’un million d’habitants. Aucune tendance significative n’est observée pour les particules PM10. La dégradation observée en 2003 est attribuable à des conditions météorologiques particulières. Source : SOeS, d’après données BDQA (Dom inclus).

En terme de dégradation de l’environnement, les Français sont 52% à s’inquiéter du réchauffement de la planète (et l’effet de serre), 40% de la pollution de l’air, et 39% de la pollution de l’eau.

Indicateurs clés de l’environnement et pollution par les nitrates des cours d’eau : Les nitrates proviennent de l’utilisation des engrais en agriculture et dans une moindre mesure des rejets des stations d’épuration. Après deux décennies de détérioration, la qualité des cours d’eau vis-à-vis des nitrates est relativement stable depuis 1990. La moitié environ des points de mesure est classée en bonne ou très bonne qualité. La proportion des points en médiocre et mauvaise qualité oscille autour de 17 %. Source : agences de l’Eau (France métropole).

Indicateurs clés de l’environnement et biodiversité avec les oiseaux communs : Les populations d’oiseaux communs s’affaiblissent depuis 1989 : la tendance générale d’évolution des 65 espèces suivies est de -18 %. Elle traduit le déclin des espèces agricoles (-28 %), sensibles à la dégradation des habitats, des espèces des milieux bâtis (-27 %) et forestiers (-18 %). Les espèces généralistes s’adaptent mieux et progressent (+10 %). Les mêmes tendances s’observent en Europe. L’objectif de l’Europe et de la France est de stopper la perte de biodiversité à l’horizon 2010. Source : Muséum national d’histoire naturelle (France métropole).

Indicateurs clés de l’environnement et occupation des sols : En 2006, les surfaces artificialisées occupent 5 % du territoire. Zones industrielles ou commerciales, tissu urbain discontinu et infrastructures de transport s’accroissent depuis 1990, consommant beaucoup d’espace et fragmentant les milieux. Cet étalement se fait principalement aux dépens des terres agricoles, qui représentent 60 % des surfaces en 2006. Les forêts et autres milieux naturels occupent 34 % du territoire, les surfaces en eau 1 %. Source : UE-SOeS, Corine Land Cover 2006 (France métropole).

Indicateurs clés de l’environnement et consommation de matières : L’intensité de matières a baissé de 23 % depuis 1990, traduisant un moindre besoin en matières pour produire une même quantité de valeur ajoutée. Cependant, les matières consommées n’ont pas diminué en seize ans, Lire la suite

SAFER Aquitaine : L’urbanisation « mange » trop de terres

aqui.fr, GG, le 12 mars 2009

L’urbanisation « mange » trop de terres

La crise actuelle n’est pas sans conséquences sur les prix du foncier et sur le volume des transactions, mais le mouvement est limité par les immenses besoins de terre et d’espace qui se manifestent. Au point que l’on est en droit de s’interroger sur les conséquences de la destination de la terre à d’autres fins que celle de la production alimentaire. C’est ce que soulignait la Safer Aquitaine Atlantique à Bordeaux dans le cadre du Salon des collectivités

« Le foncier est de plus en plus convoité« , soulignait le président de la SAFERAA, Francis Massé. En Gironde, ce marché est toujours dominé par les non agriculteurs, mais il régresse toutefois de 25 % en 2008 en raison de l’effondrement du marché des résidences. Néanmoins les prix restent les mêmes. Le marché des agriculteurs progresse de 8% en surface, mais baisse de 12 % en valeur. Les acquisitions des étrangers sont quant à elles en net recul depuis deux ans et ne représentent que 0,2% des acquisitions et 0,7% des surfaces. Cela n’empêche pas que les achats des Britanniques demeurent les plus nombreux. Selon Hervé Olivier, directeur de la Saferaa en Gironde, « les prix baissent, mais les gens achètent » et l’on peut donc rester optimiste. Néanmoins l’activité est en forte baisse au début de cette année.

Perdues pour l’alimentaire

Cependant au-delà d’une conjoncture qui pourrait n’être que passagère, on se trouve en face d’un mouvement profond « d’artificialisation » des terres. Ainsi que le précisait Magali Fronzes, en Gironde, en huit ans, 7500 hectares ont perdu leur vocation originelle pour entrer dans le domaine de l’urbanisation. Ce changement de vocation du sol se manifeste surtout autour de Bordeaux, dans le Bassin d’Arcachon ainsi que rive droite de la Garonne, le long de l’axe Bordeaux-Langon. Si le mouvement se poursuit, ce sont ainsi 25 000 hectares qui seraient ainsi détournés de l’agriculture ou des espaces naturels en Gironde. Le phénomène ainsi que l’expliquait Robert Levesque (Terre d’Europe, cabinet d’études de la FNSAFER), n’est pas seulement girondin : il est national est même planétaire. En France « la consommation d’espace s’accélère. Elle est de 200 ha par jour, et entre 2005 et 2007 72 000 ha ont été absorbés. Cinq millions d’hectares sont désormais urbanisés, soit 9% du territoire français ce qui selon R. Levesque « correspond à 20% des surfaces agricoles professionnelles. » Une prospective à l’horizon 2050 indique que 2 300 000 ha pourraient être nécessaires, soit 8 à 10 % des surfaces agricoles « dont les meilleures terres ». Au plan mondial,300 à 400 millions d’ha supplémentaires pourraient être « artificialisés ». D’où un risque de prélèvement sur le potentiel mondial de production alimentaire au moment où la population du globe atteindra 9 milliards d’habitants. Des conséquences, estime R.Levesque, sont également à craindre en matière de réchauffement climatique, d’absorption du carbone, de rendements agricoles. Un sujet de méditation pour Lire la suite

Observatoire des pesticides : un bilan des actions 2006-2008

journaldelenvironnement.net, Sabine Casalonga, le 13 mars 2009

Observatoire des pesticides : un bilan des actions 2006-2008

L’Observatoire des résidus de pesticides, placé sous l’égide de l’Afsset depuis 2005, a présenté les résultats de son plan d’actions 2006-2008, à l’occasion d’un colloque qui s’est tenu à Paris les 11 et 12 mars. Le plan 2009-2011 appuiera quant à lui la mise en œuvre du plan Ecophyto 2018.

Après l’annonce en septembre du plan Ecophyto 2018 –qui vise la réduction de 50% de l’usage des pesticides d’ici 10 ans (1)-, l’adoption du paquet Pesticides par le Parlement européen en janvier dernier (2) signe le renforcement du contrôle de leur usage. Il était temps. Surtout en France, premier consommateur de pesticides en Europe (77.300 tonnes utilisées en 2007, soit plus de 5 kg/ha/an). La présence de pesticides dans l’environnement et les aliments est en effet attestée par de nombreuses études. Cette contamination généralisée expose tout un chacun à des doses infimes de résidus divers potentiellement toxiques et pose la question de l’impact sanitaire pour la population. De fait, l’exposition à long terme à de faibles doses, bien que difficile à évaluer, est suspectée d’être à l’origine de cancers, de neuropathologies et de troubles de la reproduction ou du développement (3). C’est dans ce contexte qu’est né l’Observatoire des résidus de pesticides (ORP) en 2001, à l’initiative des 4 ministères chargés de l’écologie, de la santé, de l’agriculture et de l’économie. L’ORP a pour mission de caractériser les expositions aux pesticides de la population et des écosystèmes en exploitant les données existantes, et d’identifier les besoins de recherche complémentaires. L’ORP avait notamment vocation à mettre en œuvre deux actions (4) du Plan national santé environnement (PNSE I: 2004-2008). Coordonné depuis 2005 par l’Agence française de sécurité sanitaire de l’environnement et du travail (Afsset), l’ORP rassemble 25 agences sanitaires, instituts, et organismes de recherche.

Le premier plan d’actions (2006-2008), doté d’un budget de 4 millions d’euros, était structuré autour de 22 actions, dont 19 seront finalisées début 2009, les trois autres étant achevées. Des constats et des propositions ont déjà pu être établis. En premier lieu, afin de mieux valoriser les informations existantes, des listes prioritaires en fonction des milieux ont été créées, totalisant 70 substances. Ensuite, plusieurs travaux ont permis de mettre en lumière la présence de pesticides dans des milieux jusqu’alors peu investigués (sols, mer). Ainsi, une étude-pilote menée sur le grand nord de la France par l’Institut national de recherche agronomique (Inra) et le Groupement d’intérêt scientifique (GIS) Sols, a montré la présence de lindane, un insecticide interdit depuis 1998, dans 100% des échantillons de sols analysés. L’Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer (Ifremer) et l’Institut national de l’environnement industriel et des risques (Ineris) ont également montré l’importance des dépôts aériens de pesticides dans la mer et sur le littoral.

Parmi les autres résultats marquants figurent ceux d’une étude de l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa) sur l’exposition aux pesticides via des aliments réellement consommés, c’est-à-dire après préparation ou cuisson. «On constate que la transformation des produits ne fait pas disparaître les résidus», relate François Veillerette du Mouvement pour le droit et le respect des générations futures (MDRGF), présent au colloque et plutôt insatisfait. «Plusieurs projets intéressants ont été présentés mais leur financement n’est pas encore garanti. En outre, nous n’avons toujours pas la moindre idée de l’exposition de la population générale», souligne-t-il. Face à la lenteur des recherches, MDRGF prône Lire la suite

Premiers pas au jardin bio

lefigaro.fr, Caroline Sallé, le 9 mars 2009

Premiers pas au jardin bio

Le printemps arrive, c’est le moment de retrouver son jardin et d’y semer quelques bonnes «écorésolutions» : aérer le sol, recourir aux amendements naturels, favoriser la mixité végétale… Petit inventaire des solutions alternatives pour bien préparer le terrain et limiter l’usage des produits phytosanitaires.

Une poignée de granulés antilimaces par-ci, une goutte de désherbant par-là, quelques pschitts d’insecticides contre les pucerons un peu plus loin… Même si environ 13 millions de Français possèdent un jardin, pas sûr qu’ils aient tous la main très verte. Les bêcheurs du dimanche et autres horticulteurs amateurs épandraient ainsi près de 8 000 tonnes de pesticides par an, soit 8 % du total utilisé sur le territoire. Et à trop multiplier les produits chimiques, on finit inéluctablement par contaminer les nappes phréatiques, appauvrir les sols, polluer l’air… Bref, par faire peser une menace sur la biodiversité en même temps que sur notre santé. La nature ayant bien fait les choses, il existe pourtant des techniques de jardinage plus respectueuses de l’environnement. Et pas forcément plus contraignantes. Démonstration.

• Sol : préparer le terrain

L’hiver a été rude, la terre est probablement lessivée, fatiguée, en un mot : «raplapla». Or, pour réussir un jardin écolo, tous les manuels vous le diront : il est indispensable de disposer d’un sol vivant, riche en humus, capable de nourrir efficacement les plantes. Afin de redonner un équilibre à la terre, François Pauly, responsable de la filière végétale chez Jardiland, recommande «un bon bêchage, à la fois pour aérer le sol et réactiver le travail des micro­organismes». Une manière, en somme, de réveiller la terre en douceur. Dans un second temps, on introduira des amendements organiques ou naturels (compost, fumier, débris végétaux, paillis…) afin de booster sa fertilité. Les plus paresseux pourront toujours se tourner vers des «biofertilisants» prêts à l’emploi, vendus en jardinerie. À condition de les utiliser avec parcimonie…

• Retrouver le bon sens paysan

On ne cesse de nous le répéter : dans un jardin écolo, il faut laisser la nature reprendre ses droits et ne pas multiplier les traitements pour ci ou contre ça. Mais encore faut-il savoir aider la nature… Mieux vaut réviser donc quelques principes de base : identifier la nature de son sol afin d’y cultiver des végétaux qui s’y plairont, être attentif au climat, à l’orientation du soleil et du vent, privilégier les variétés «locales», planter au bon moment, organiser le jardin en fonction des besoins en eau de chaque plante, utiliser un paillis (pas trop tôt au printemps) pour éviter d’avoir ensuite à désherber ou à trop arroser… «En somme, il s’agit de substituer aux produits chimiques et traitements fastidieux un peu de bon sens paysan», résume François Pauly.

• Militer pour la cohabitation végétale

Lorsque le moment est venu de planter ou de semer, l’«écojardinier» applique la technique du «compagnonnage», véritable éloge de la mixité végétale. Comment ? En associant certaines plantes ou légumes entre eux afin qu’ils se protègent mutuellement. «C’est un domaine encore mystérieux sur lequel beaucoup d’informations contradictoires circulent. Ce qui marche pour un jardinier ne fonctionne pas toujours pour un autre, sans que l’on sache très bien pourquoi», Lire la suite

CNRS : dossier « biodiversité »

cnrs.fr, février 2009

Parler de la vie et de sa diversité revient à parler de tout ce qui existe sur la planète Terre…

Car le mot biodiversité ne recouvre pas la seule description des espèces, mais également les liens existant entre elles, entre ces espèces et leurs milieux, et cela à toutes les échelles du temps et de l’espace.

Ce dossier « Biodiversité » souhaite donc aider à la perception du fait que tout est interdépendant sur Terre et qu’en conséquence, l’espèce humaine –si nombreuse et si active– a un impact majeur sur ce Vivant dont elle dépend et dont elle fait partie.

Face à cette complexité du Vivant, impossible à décrire simplement, ce dossier a opté pour une double démarche :

– donner les informations scientifiques de base

– établir des « parcours scientifiques » au sein de cette complexité : ces itinéraires qui prennent chacun pour fil d’Ariane un mot-clé tel que santé, sol, alimentation, climat, ville, sont évidemment amenés à se croiser.

Le souhait est que tout visiteur perçoive encore mieux :

– qu’il est de l’intérêt bien compris de l’espèce humaine de sauvegarder le tissu vivant dont elle fait si intimement partie

– que l’être humain qui se pose tant de questions sur sa vie doit encore s’élever en prenant en considération toute vie.

Ce dossier a reçu le label de l’Année internationale de la Planète Terre

Appel à la communauté scientifique française

Dans son contenu ce dossier est sans doute incomplet et perfectible. Il est prévu de le mettre à jour régulièrement, pendant au moins cinq ans.

Appel est lancé aux Lire la suite

Objectif terres 2020 : la fin du modèle agricole productiviste ?

sosbiodiversité.wordpress.com, Kalisse, le 24 février 2009

“Objectif terres 2020″: la fin du modèle agricole productiviste

Nous l’avions rêvé, Michel Barnier l’a fait ! Cette fois-ci, plus de doute, l’agricul­ture française change de cap. Le plan “Objectif Terres 2020″ veut promouvoir un “nouveau modèle agricole français” fondé sur le développement durable avec pour objectif de “produire plus et produire mieux”. Ce plan est une mise en forme des nouvelles priorités agricoles françaises, il s’accompagne d’un redéploiement d’une partie des aides de la PAC, qui  devrait bénéficier entre autres aux élevages herbagers, à l’agriculture biologique, aux protéines végétales, à l’agriculture de montagne, à l’apiculture.…bref à la biodiversité  en milieu rural.

Michel Barnier avait déjà lancé en 2008  les plans d’action “EcoPhyto2018″, “AgroBio 2012“ visant à réorienter l’agriculture française vers des pratiques plus respectueuses de l’environnement et de la santé publique, et  à la mettre en phase avec les attentes des consommateurs. Présenté à Daumeray (Maine-et-Loire), par Michel Barnier et Nicolas Sarkozy à la veille du Salon international de l’agriculture,  le plan  “Objectif Terres 2020 comporte 60 mesures « qui doivent permettre à l’agriculture de s’adapter aux nouveaux défis de l’environnement.» Il est construit à partir des réflexions menées dans le Grenelle de l’environnement, des assises de la forêt et de celles de l’agriculture et autour de démarches innovantes, écologiquement durables et productives.

Le plan “Objectif terres 2020″ entend relever cinq défis “majeurs” :

Mieux utiliser une eau qui se raréfie ;

Contribuer à la restauration du bon état écologique des eaux ;

Contribuer à la richesse de la biodiversité et des paysages

Protéger les sols agricoles ;

Mieux maîtriser l’énergie et lutter contre le réchauffement climatique.

60 mesures réparties sur 5 axes :

Réduire l’usage et l’impact des produits phytosanitaires ;

Engager chaque entreprise agricole dans le développement durable ;

Développer les potentialités de l’agriculture biologique ;

Remettre l’agronomie au centre de l’agriculture ;

Repenser des pratiques adaptées aux territoires.

avec des actions en faveur de la préservation de la biodiversité !

Développer la recherche et le conseil sur les liens entre agriculture et biodiversité

Mettre en place des indicateurs de suivi de la biodiversité en milieu agricole

Assurer la protection des pollinisateurs

Mieux gérer les surfaces non productives pour préserver la biodiversité

Promouvoir les éléments fixes du paysage

Promouvoir l’agroforesterie

Des indicateurs de suivi

Le plan fera l’objet d’un suivi annuel. Pour ce faire un ensemble d’indicateurs a été sélectionné. En voici les principaux : Lire la suite

Ban Ki-Moon et Al Gore : Pour une croissance verte

liberation.fr, Ban Ki-moon secrétaire général de l’Organisation des Nations unies et Al Gore ancien vice-président des Etats-Unis, le 23 février 2009

Pour une croissance verte

Les plans de relance économique sont à l’ordre du jour, et les gouvernements du monde entier cherchent à donner une nouvelle impulsion à l’économie mondiale. Toutefois, parallèlement à leurs efforts de relance immédiate, les dirigeants doivent également agir en commun pour que le nouveau modèle économique qu’ils sont en train d’élaborer soit un modèle de développement durable, aussi bien pour la planète que pour notre avenir. Il faut à la fois relancer l’économie et investir à long terme de façon à atteindre simultanément deux objectifs avec une seule et même politique économique, c’est-à-dire mettre en œuvre une politique qui réponde aux besoins économiques et sociaux immédiats et qui soit en même temps une politique mondiale verte. Il nous faut faire de la «croissance verte» notre mot d’ordre.

Une récession mondiale synchronisée exige une réponse mondiale également synchronisée. Les principales économies doivent mettre en place des mesures de relance et coordonner étroitement leurs politiques économiques. Il faut éviter la politique du chacun pour soi qui a contribué à la crise de 1929. La coordination est essentielle pour réduire la volatilité financière et prévenir les attaques contre les monnaies et une inflation galopante, pour redonner confiance aux consommateurs et aux investisseurs. En novembre à Washington, les dirigeants du G20 se sont déclarés déterminés à «renforcer la coopération et à travailler ensemble pour restaurer la croissance mondiale et réaliser les réformes nécessaires dans les systèmes financiers». Il est urgent de s’y attacher. Les plans de relance sont destinés à donner une nouvelle impulsion à l’économie, mais s’ils sont bien conçus et bien mis en œuvre, ils peuvent nous mettre sur la voie d’une nouvelle croissance, faiblement émettrice de carbone et verte.

Les plans de relance annoncés par 34 nations s’élèvent à environ 2 250 milliards de dollars. Complétés par de nouvelles initiatives d’autres pays, ils doivent nous aider à catapulter l’économie mondiale dans le XXIe siècle, au lieu de maintenir en vie des industries mourantes et de perpétuer les mauvaises habitudes d’hier. Continuer à injecter des milliers de milliards de dollars en investissements dans des infrastructures qui reposent sur le carbone et en subventions pour les industries qui reposent sur les combustibles fossiles reviendrait à commettre la même erreur qu’avec les subprimes. La suppression des 300 milliards de dollars de subventions accordés annuellement en faveur de secteurs qui reposent sur les combustibles fossiles permettrait de réduire les émissions de gaz à effet de serre jusqu’à 6 % et contribuerait à la croissance du produit intérieur brut mondial. Les investissements dans les énergies renouvelables auront un impact là où les besoins sont les plus importants. Les pays en développement représentent déjà 40 % des ressources renouvelables mondiales et 70 % du chauffage solaire de l’eau. Partout dans le monde, en particulier aux Etats-Unis et en Chine, les dirigeants prennent conscience qu’une croissance verte n’est pas simplement une des options, mais une nécessité pour redonner de la vigueur à leurs économies et créer des emplois. Le secteur des énergies renouvelables représente 2,3 millions d’emplois dans le monde, davantage que les emplois directs du secteur pétrolier et gazier. Aux Etats-Unis, l’industrie éolienne emploie aujourd’hui plus de monde que l’ensemble du secteur du charbon. Les plans de relance annoncés par le président Barack Obama et par la Chine représentent des mesures essentielles dans la bonne direction, et leurs éléments en faveur d’une croissance verte doivent être appliqués d’urgence.

Nous exhortons tous les gouvernements Lire la suite

Pour nourrir l’humanité, il suffirait de moins gaspiller

Le Monde, Laurence Caramel, le 18 février 2009

Pour nourrir l’humanité, il suffirait de moins gaspiller

Chaque jour, la planète se peuple de 200 000 nouvelles bouches à nourrir. D’ici à 2050, la population mondiale devrait atteindre 9,2 milliards d’individus contre 6,7 milliards aujourd’hui. La réponse la plus courante à ce défi est de dire qu’il faudra augmenter la production alimentaire mondiale de 50 % d’ici là.

Ce n’est pas celle que retient le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) dans son rapport consacré à la crise alimentaire, publié mardi 17 février à l’occasion de sa réunion annuelle à Nairobi. Pour sortir du piège de besoins alimentaires croissants, l’organisation privilégie le recyclage des millions de tonnes d’aliments aujourd’hui perdus ou gaspillés, et affirme qu’une meilleure efficacité de la chaîne de production alimentaire permettrait à elle seule de nourrir le surcroît de population attendu à l’horizon 2050. « Cette voie a jusqu’à présent été très peu explorée alors qu’elle aurait de plus l’avantage de réduire la pression sur les terres fertiles et de limiter la déforestation« , déplore le PNUE.

CONCURRENCE POUR LES TERRES

Le rapport cite en rafale des exemples qui, s’ils ne sont pas tous nouveaux, illustrent bien la faiblesse de beaucoup d’agricultures de pays du Sud, exposées aux pestes végétales, aux médiocres moyens de stockage, au manque de transport… mais aussi le gaspillage de nos sociétés d’abondance. Au Royaume-Uni, un tiers de la nourriture achetée n’est pas consommé et, aux Etats-Unis, les pertes observées au niveau des différents systèmes de distribution sont estimées à environ 100 milliards de dollars par an. A titre de comparaison, les besoins du Programme alimentaire mondial, qui vient au secours des populations souffrant de la faim, se sont élevés à 3,5 milliards de dollars (2,77 milliards d’euros) en 2008.

Au total, près de la moitié de la production alimentaire mondiale est aujourd’hui perdue, mise de côté parce qu’elle ne correspond pas à des normes de marchés ou gaspillée lors de la consommation. Le PNUE relève ainsi que 30 millions de tonnes de poisson sont rejetées à la mer chaque année. Des volumes qui suffiraient, selon l’organisation, à assurer la moitié des besoins supplémentaires de pêche d’ici à 2050 pour maintenir le niveau de consommation de poisson par habitant au niveau actuel.

Le PNUE plaide par ailleurs pour que la valorisation de ces « déchets » serve à nourrir le bétail, afin qu’une part croissante de la production mondiale de céréales ne finisse pas dans l’alimentation animale. Un tiers des céréales y est aujourd’hui destiné, 50 % le seront d’ici à 2050 si les tendances se poursuivent. Cela pourrait avoir des conséquences graves sur l’approvisionnement des populations dont, rappelle l’organisation, l’apport calorique journalier dépend en moyenne pour moitié des céréales.

Mais le rapport ne s’arrête pas là. Il suggère Lire la suite

Rapport : Gouvernance des aires protégées

La documentation française, Secrétariat d’Etat à l’écologie, Dominique Julien La Bruyère, 2009

La gouvernance locale des aires protégées et des espaces dédiés à la conservation de la biodiversité

Dans le cadre de la mise en œuvre des décisions du Grenelle de l’Environnement, Dominique Julien La Bruyère, vice-président de France Ecologie et fondateur du Parc Naturel de Chevreuse, s’est vu confier une mission d’étude sur la gouvernance locale des aires protégées et des espaces dédiés à la conservation de la biodiversité. Le rapport présente 23 propositions concernant les modes de création des aires protégées, les niveaux de protection des sols ou encore l’implication citoyenne dans les organismes de gestion (parcs nationaux, parcs naturels régionaux, parcs naturels marins, sites du réseau Natura 2000, etc.).

Consulter le sommaire et le rapport Lire la suite

L’artificialisation des terres fragilise l’environnement

eco-life.fr, Marie Varasson, le 16 février 2009

La verte campagne perd du terrain 

Davantage convoitées pour leurs qualités foncières qu’agricoles, les prairies et cultures sont grignotées par l’expansion urbaine. Une artificialisation des terres qui dégradent les paysages et fragilise l’environnement.

La fleur au fusil, de plus en plus de citadins quittent la ville pour s’installer au vert. Tandis que les surfaces cultivables ne s’étendent plus en France et que les superficies des prairies stagnent, 20 à 30 000 hectares de terres sont cédés chaque année à l’artificialisation (transformation d’une zone agricole ou naturelle en zones artificielles, tel que les logements, les routes ou les zones commerciales). Un phénomène de désengorgement des zones urbaines, qui obéit au modèle d’un développement urbain horizontal plutôt que vertical. Avec l’habitat, les voies de communication et infrastructures de loisirs grignotent les espaces verts. En 2003, bâtiments, jardins et pelouses, routes et parking s’étendaient sur près de 8% du sol métropolitain. Les forêts occupent quant à elles environ 20% du territoire. Irréversible, l’artificialisation redessine le paysage français.

Les prix du foncier en ville font parfois tourner la tête. A Toulouse, l’aire urbaine dépasse les frontières du département et un appartement de 100 m² se négocie 450 000 euros. Cette pression démographique et foncière a débuté dans certaines régions – telles que les zones proches du littoral – il y a plusieurs décennies. Depuis 1999, l’espace périurbain occupe la quasi-totalité de l’espace rural des années 70. La ville rose est saturée, et son histoire ressemble à celle de Marseille, Lyon, Lille, Bordeaux ou Strasbourg. « S’il faut s’excentrer pour parvenir à la maison avec jardin idéale, les gens le feront« , explique Laurent Bisault, statisticien agricole, responsable d’Agreste Primeur, publication du ministère de l’Agriculture. Une norme de confort qui s’ajoute à la stricte pression démographique. Entre 1982 et 2004, les surfaces urbanisées françaises ont augmenté de 43%, tandis que la croissance démographique était de 11%.

– Le Grand Lyon pâtit depuis plusieurs années de ces allées et venues –

Davantage exposées que les forêts, les terres arables ou cultivables sont les premières à être artificialisées. « Les forêts sont protégées par des réglementations strictes, ce sont des patrimoines », précise Laurent Bisault. « En revanche, les exploitations agricoles sont rentabilisées et font déjà partie du système économique ». Lorsqu’ils cessent leur activité, certains cultivateurs cèdent leurs terres à des fins non agricoles. Dans la région de Nice, le phénomène est tel que les agriculteurs sont exclus du réseau foncier, les prix étant trop élevés pour leur bourse. La Dordogne et le Lot sont également touchés par ces hausses des prix. « Les jeunes agriculteurs ne peuvent plus s’installer », constate Laurent Bisault.

Tandis que 80% des Européens pourraient vivre en zone urbaine en 2020, selon l’Agence Européenne de l’Environnement, « les collectivités locales commencent à s’interroger et tentent d’anticiper les conséquences de cette expansion », Lire la suite

Nourrir 9 milliards d’humains sans OGM, c’est possible

eco-life.fr, Diana Semaska, 16 février 2009. –

« Nourrir 9 milliards d’humains sans OGM, c’est possible »

– Spéciale Agriculture – Marc Dufumier –

Professeur d’agronomie au sein d’AgroParis Tech

2050 : la Terre porte 9 milliards d’humains. Pour que la planète supporte ce poids, prévu par les études démographiques, pas de solution miracle. Marc Dufumier, Professeur d’agronomie au sein d’AgroParis Tech (Institut des sciences et industries du vivant et de l’environnement), rappelle que seule l’intégration des écosystèmes dans l’agriculture, ou agroécologie, serait viable.

(ECOlife) Qu’est ce que l’agroécologie ?

(Marc Dufumier) Il s’agit de l’agronomie la plus efficace possible, basée sur nos savoirs scientifiques. C’est une agronomie savante et véritablement minutieuse, puisqu’elle doit tenir compte du fonctionnement global de l’écosystème. L’objet du travail n’est plus la plante seule, ni même le sol. C’est tout le travail conjoint par les cycles du phosphore, de l’eau, du carbone, de l’azote, sur lequel on va travailler afin d’optimiser la production, et nourrir 9 milliards de personnes en 2050.

Dans l’agroécologie, il faudra utiliser au mieux les ressources renouvelables : le soleil, mais aussi le carbone et l’azote de l’air. L’agriculture écologique utilisera moins de produits issus de l’exploitation des ressources non renouvelables comme le gaz ou le pétrole, c’est-à-dire les engrais chimiques et pesticides.

Pourquoi la modification du génome (OGM) ne serait-elle pas la solution?

Pour la simple et bonne raison que la génétique n’est pas le facteur déterminant de la culture d’une plante dans la nature. C’est l’écosystème tout entier qui détermine un rendement optimal, c’est-à-dire une production maximum pour des coûts minimums. Nous ne pouvons absolument pas prévoir quelles seront les conséquences des cultures en plein champ d’OGM. En revanche, nous avons la certitude que ces derniers constituent de très fortes pressions de sélection sur les autres êtres vivants.

Avez-vous un exemple concret ?

En Chine, pour éviter que les capsules du coton ne soient dévorées par les chenilles, on a cultivé du coton Bt [NDLR : composé d’un gène issu d’une bactérie produisant de la toxine botulique qui agit comme un insecticide]. Or, celui-ci a favorisé le développement d’une autre espèce de chenille, qui elle, mange les feuilles… mais a développé par ailleurs une résistance à la toxine. Résultat, les cultures ont été envahies par cette chenille qui mangeait à la fois feuille et capsule. Tout cela, malgré la modification génétique, pour en venir à l’épandage de nouveaux insecticides.

Dans la mesure où les écosystèmes sont extrêmement complexes et que nous sommes loin de les maîtriser, les OGM ne peuvent être cultivés en plein champ. C’est trop risqué. On ne peut donc compter sur ces cultures pour nourrir les futures générations.

Mais en quoi les OGM sont-ils tellement différents des variétés créées par l’homme depuis le Néolithique ?

En réalité, les OGM sont en totale continuité avec l’agriculture pratiquée dans les pays riches depuis un siècle et demi, et les pays en développement depuis un demi-siècle. C’est cette agriculture-là, qu’on appelle productiviste, qui a constitué une vraie rupture avec l’agriculture développée depuis le Néolithique.

Autrefois, le paysan était maître de ses créations variétales. Lire la suite

Climat : Ca chauffe pour les grands crus…

mescoursespourlaplanète.com, le 4 février 2009

Ca chauffe pour les grands crus…

Certains nectars parmi les meilleurs et les plus célèbres du monde risquent tout bonnement de devoir fermer boutiques et vignobles au cours des cinquante prochaines années, si l’on en croit un article publié par The Guardian dans la foulée de la seconde conférence sur le réchauffement climatique et le vin, qui s’est tenue au printemps 2008 à Barcelone. Car le caractère d’un grand vin (et plus encore des grandes années des grands vins) tient à trois facteurs en plus du choix du cépage : la nature de son sol et de son sous-sol, l’exposition du vignoble et le climat. Problème : en 2050, selon une étude menée par l’université de l’Oregon dans 50 régions viticoles mondiales, il fera 1,2°C de plus dans le Bordelais, et 2°C de plus en Toscane – des climats comparables à ceux d’Afrique du Nord aujourd’hui. Conséquence ? Les raisins arriveront plus vite à maturité, leur teneur en sucre et donc le taux en alcool des vins augmenteront (les Medoc des années 40 titraient entre 11 et 11,5 % d’alcool, contre 13 ou 13,5 % aujourd’hui) – ce qui devrait leur enlever une partie de la subtilité et de la complexité  qui ont fait leur réputation. De nouvelles techniques de culture seront requises pour contrer les caprices du climat, et l’irrigation devrait être introduite dans les régions de production traditionnelles en Europe. Seule autre alternative : délocaliser la production vers des régions plus favorables, car baignées par des courants froids, comme la Nouvelle Zélande, le Chili ou l’Argentine… voire même la Chine, qui est d’ores et déjà le 7ième producteur mondial de vins. Certains propriétaires de grands crus français ont pris les devants Lire la suite

La biodiversité est-elle réellement en danger ?

notreplanète.info, Joaquim Da costa – Green-Ethic, le 04 février 2009

La biodiversité est-elle réellement en danger ?

Sur 41 000 espèces animales et végétales (parmi 3,9 millions recensées) qu’étudie l’Union internationale pour la conservation de la nature, 16 000 sont menacées d’extinction, estime–t-elle.
Une espèce d’animal ou de plante disparaît actuellement de la planète toutes les vingt minutes, principalement à cause des activités humaines. Un rythme ahurissant ! 100 fois plus rapide qu’avant la fin du XVIIIème siècle. Les zones vierges se raréfient et ne représenteraient plus que 17% de la surface du globe. Les conséquences d’un tel phénomène ? Très lourdes et inquiétantes : la faune et la flore encore plus vulnérables, l’équilibre de notre écosystème mis en péril et la recherche dans de nombreux domaines compromise (la moitié de nos médicaments proviennent de substances naturelles).
Voici quelques illustrations :

La déforestation et le braconnage ont eu des effets dévastateurs, notamment sur les chimpanzés africains. Ils ne seraient aujourd’hui plus que 100 000 dans toute l’Afrique, contre 1 million en 1960.

– Autre fléau, le trafic d’animaux sauvages. Malgré les protections officielles, le commerce illégal d’animaux sauvages avoisinerait aujourd’hui un chiffre d’affaires de 5 milliards de dollars par an (selon l’ONG Wildlife), et la demande ne cesse d’augmenter, que ce soit peaux de crocodiles, défenses d’éléphants, crinière de lions, ailerons de requins et la liste est longue… Les conséquences sont terribles, le nombre des éléphants d’Afrique est tombé de 10 millions à 500 000, celui des antilopes du Tibet de 1 million à 75 000.
Le réchauffement climatique menace entre autres les 25 000 ours polaires de l’Arctique. Entre braconnage et réchauffement climatique, ce sont 6 espèces d’ours sur 8 qui risquent de disparaître.

Sans oublier les poissons : à cause de la surpêche, les réserves s’épuisent et un tiers des espèces est en danger. Les réserves de cabillauds ont diminué de 97% en cinquante ans ! Les prises annuelles de thon rouge avoisinent les 60 000 tonnes soit le double des quotas imposés en Europe. Afin d’empêcher le dépeuplement des océans, il y aurait une solution selon les experts du monde entier réunis en Afrique du Sud en 2003 : il faudrait préserver 20 à 30% de la superficie des océans d’ici à 2012 pour permettre aux espèces décimées de se reconstituer. Mais, mauvaise nouvelle, les zones interdites de pêche ne couvrent pour l’instant que 2% des océans…

Sommes-nous devenus les pilleurs de notre planète ? Pourtant cette destruction très rapide nous fait perdre une partie de notre sécurité environnementale. Nous semblons ne pas prendre conscience que la biodiversité fournit des services vitaux à l’humanité tels que nettoyer l’eau, stabiliser l’atmosphère, créer des sols fertiles, fournir de nouveaux remèdes, etc.
Il y a quelque temps, l’IFAT (la Fédération Internationale du Commerce Equitable) lançait un slogan intéressant sur son site Internet. Il illustre très bien notre manque de discernement pour toutes les choses qui se rapportent à la nature : Lire la suite

Le Sénat boucle l’examen du projet de loi Grenelle 1

localtis.info, Anne Lenormand, le 9 février 2009

Développement durable

Le Sénat boucle l’examen du projet de loi Grenelle 1

Les sénateurs ont achevé le 6 février l’examen article par article du projet de loi de mise en œuvre du Grenelle de l’environnement, dit Grenelle 1. Au total, ils ont adopté plus de 260 amendements. Le vote solennel sur le texte intervient ce 10 février. Les députés se saisiront ensuite du texte en deuxième lecture.

C’est finalement avec une semaine de retard que prend fin l’examen en première lecture du projet de loi Grenelle 1 au Sénat. Ce 10 février à partir de 16 heures, la séance publique sera consacrée aux explications de vote puis au vote solennel sur l’ensemble du texte. Le 6 février, les sénateurs ont achevé l’examen des différents articles. Sur un total de 830 amendements, ils en ont adopté quelque 260 dont un certain nombre défendus par l’opposition.
Le rythme des débats s’est accéléré le 5 février avec l’examen de chapitres importants : l’agriculture durable, la gestion intégrée de la mer et du littoral, la prévention des risques pour l’environnement et la santé et la prévention des déchets.

Limiter l’artificialisation des terres agricoles

A l’article 28 fixant les objectifs et les axes d’action de l’agriculture en matière environnementale, Daniel Soulage (Union centriste, Lot-et-Garonne) a obtenu l’ajout d’une phrase indiquant qu' »il est indispensable de préserver les surfaces agricoles, notamment en limitant leur consommation et leur artificialisation ». Pour le sénateur, « il est urgent de mener une politique de protection des terres agricoles car chaque année 60.000 hectares de terres cultivables sont perdus » et « l’artificialisation est difficilement réversible« . Le Sénat a par ailleurs voté un amendement de Didier Guillaume, sénateur socialiste de la Drôme, concernant l’agriculture biologique. Le texte indique désormais que « l’Etat favorisera la production et la structuration de cette filière pour que la surface agricole utile en agriculture biologique atteigne 6% en 2012 et 20% en 2020« . Les sénateurs ont aussi ajouté un article 28 bis qui indique qu' »un plan d’urgence en faveur de la préservation des abeilles sera mis en place en 2009 et s’appuiera notamment sur une évaluation toxicologique indépendante relative aux effets, sur les abeilles, de l’ensemble des substances chimiques« .

Concernant la gestion durable de la mer et du littoral (article 30), le Sénat a voté un amendement présenté par Roland Courteau (PS, Aude) précisant que « toutes les mesures seront mises en œuvre pour renforcer la lutte contre les pratiques illégales et réduire à la source et prévenir les pollutions maritimes, y compris les macro déchets et déchets flottants, les dégazages et déballastages, et les espèces exotiques envahissantes, notamment dans les zones portuaires et les zones de protection écologique« . Enfin, « des mesures seront également prises pour réduire l’impact sur la mer des activités humaines venant du continent », précise le texte.

Des conseillers en environnement intérieur

Au chapitre environnement et santé, le deuxième plan national Santé Environnement (article 32) devra comporter « un plan destiné à réduire les rejets des substances les plus préoccupantes, au sens du règlement (CE) 1907/2006 du Parlement européen et du Conseil du 18 décembre 2006 dit règlement Reach. Les sénateurs ont ajouté à la liste des substances les plus préoccupantes « le trichloroéthylène, les perturbateurs endocriniens, le perchloroéthylène », Lire la suite

SOeS (Ex IFEN) : Les pesticides dans les eaux

SOeS (ex IFEN), février 2009

Les pesticides dans les eaux

Le terme pesticide désigne les substances ou les préparations utilisées pour la prévention, le contrôle ou l’élimination d’organismes jugés indésirables, qu’il s’agisse de plantes, d’animaux, de champignons ou de bactéries.

Les pesticides sont majoritairement utilisés en agriculture ; on parle alors de produits phytosanitaires ou phytopharmaceutiques. Ils font également l’objet d’un usage non agricole par les gestionnaires d’équipements ou de réseaux de transport, les collectivités locales ou les particuliers.

La plupart des substances actives contenues dans les pesticides sont des molécules organiques de synthèse. L’agriculture française en utilise environ cinq cents. Elles entrent dans la composition de plus de huit mille produits commercialisés. Ceux-ci bénéficient d’une autorisation de mise sur le marché (AMM) délivrée par le ministre chargé de l’Agriculture, après une procédure d’évaluation du risque pour le consommateur, l’utilisateur et l’environnement.

En fonction des conditions d’utilisation et selon les caractéristiques du milieu, ces substances actives sont susceptibles de se retrouver dans les différents compartiments de l’environnement (air, sol, eau, sédiments, etc.) ainsi que dans les denrées alimentaires. Elles peuvent présenter, en plus de leurs effets intentionnels sur les parasites ou organismes visés, des dangers  variables pour l’homme et les écosystèmes, avec un impact immédiat ou sur le long terme.

Compte-tenu des risques qu’ils représentent tant pour les milieux aquatiques que pour la production d’eau potable, la présence de pesticides dans les cours d’eau et dans les eaux souterraines fait l’objet d’un suivi régulier qui n’a cessé de se renforcer lors de la dernière décennie.

Ces suivis mettent en évidence une dispersion importante et une présence généralisée des pesticides dans les milieux aquatiques. Si les niveaux de contamination sont très variables, ils sont cependant souvent significatifs. Les teneurs en pesticides issues des résultats d’analyse permettent de définir, pour chacun des points de mesure, une classe de qualité. Lire la suite

Vittel : Pacte écoleau dans les Vosges

liberation.fr, Lise Barnéoud, le 3 février 2009

Pacte écoleau

Succès. Des agriculteurs vosgiens se sont convertis au quasi-bio pour éviter de polluer les sources de Vittel : le pacte industrie-agriculture, inventé par l’Inra, est devenu un modèle de développement durable.

Imaginez. Vous avez une sublime poule aux œufs d’or. Soudain, elle montre des signes de faiblesse. Que faites-vous ? Vous l’emmenez fissa chez le vétérinaire pour qu’il la requinque…

Maintenant, remplacez la poule par l’écosystème de l’Ouest vosgien, les œufs d’or par des bouteilles de Vittel, le vétérinaire par un institut de recherches et le propriétaire par Nestlé. Vous tenez alors les acteurs d’une expérience écologique et sociale unique en France et pionnière du genre : la conversion d’une région à une agriculture durable, quasi bio, afin de sauver une source menacée de disqualification par l’usage des engrais et pesticides. L’aventure a commencé en 1989. Vingt ans ont passé. Depuis, le niveau des nitrates dans la nappe souterraine a chuté et le bassin-versant de Vittel peut s’enorgueillir d’être une «île verte».

Frayeurs. De l’ancienne route romaine qui relie Langres à Strasbourg, il est possible d’apercevoir la totalité de cette «île», blanchie sous une fine couche de glace. On devine des prairies, quelques champs fraîchement labourés, des bosquets, des vaches, un petit troupeau de moutons, des villages… 5 000 hectares, en tout, dont 3 600 consacrés à l’agriculture. Ce vaste bassin descend vers la ville thermale, où une longue faille se dresse. C’est là, le long de ce décrochement géologique, qu’émergent les sources de Vittel, qui font la réputation de la ville depuis l’époque gallo-romaine. Et le bonheur de Nestlé, passé en 1992 d’actionnaire majoritaire de la Société générale des eaux minérales de Vittel (SGEMV) à propriétaire. Un bonheur qui a connu une grande frayeur.

A la fin des années 80, alors que la multinationale suisse mise gros sur l’avenir de la source, elle observe en effet que la teneur en nitrates grimpe de façon constante, atteignant les 8 mg/l en bouteille. Impossible de ne pas s’en inquiéter alors que la législation française impose aux minéraliers une composition physico-chimique constante, sans avoir recours à des traitements, et que les normes sanitaires fixent à 10 mg/l le seuil pour les eaux destinées aux nourrissons, clients des 1,3 milliard de bouteilles de Vittel vendues chaque année…

«Une eau saine commence par une terre saine», clament aujourd’hui les publicités de la marque. Elle en sait quelque chose : dans cette zone calcaire, ce qui se répand et s’épand en surface a toutes les chances de se retrouver dans la nappe souterraine plus tard. Or, depuis la fin des années 70, la tendance est, ici comme ailleurs en France, à la culture intensive du maïs à grands coups d’engrais pourvoyeurs de nitrates. Nestlé rêve de stopper net cette production de polluants qui menace ces «œufs d’or». Mais comment ?

Son premier réflexe est d’acquérir un maximum de terres et de les transformer en prairies non fertilisées. Mais il est impensable de racheter les 3 600 hectares agricoles et de contraindre les paysans à cesser leur activité. Il faut donc inventer une solution… C’est alors que l’entreprise se tourne vers l’Inra (Institut national de la recherche agronomique). «Pour nous, leur objectif « zéro nitrate » traitait un peu vite l’avenir de l’agriculture locale, raconte Marc Benoît, responsable du volet agronomique de cette recherche. Nous avons donc renégocié durant deux ans cet objectif, afin de le rendre compatible avec la viabilité des fermes existantes. Et en 1989, la question était devenue : comment créer une agriculture qui fournisse une eau peu chargée en nitrates et permette aux fermes de se développer.» Lire la suite

Réchauffement : ultimes avertissements des spécialistes

novethic.fr, Maxence Layet, le 4 février 2009

Réchauffement : ultimes avertissements des spécialistes

Le consensus est net. Plusieurs ouvrages, parus entre la fin 2008 et début 2009, aboutissent aux même conclusions. Il reste moins d’une décennie pour obtenir une baisse significative des émissions de gaz à effet de serre d’origine humaine. Au-delà, la réaction en chaîne climatique, visible en moins de deux générations, deviendra incontrôlable.

Banle-bas de combat ! Côté climat, les avertissements pleuvent en ce début d’année et s’inscrivent dans une véritable convergence internationale. Un consensus notamment relayé par le Worldwatch Institute, un organisme américain de recherche environnemental. « Nous avons le privilège de vivre à un moment de l’histoire où nous pouvons prévenir une catastrophe climatique qui rendrait la planète hostile au développement de l’homme et de son bien-être, » rappelle ainsi Robert Engelman, l’un des directeurs de l’ouvrage « State of World 2009 » rédigé par 47 experts. Le plus grand nombre jamais rassemblés au sein de l’état des lieux annuel du Worldwatch Institute. Parue mi-janvier 2009, sa 26e édition se consacre à « un monde qui se réchauffe ». Selon ce panel d’experts, le temps manque pour suffisamment réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES).

Le calme avant la tempête…

Depuis le milieu du 18e siècle, les températures moyennes ont déjà globalement augmenté de 0,8°C. Un degré supplémentaire est d’ores et déjà attendu du fait de l’inertie thermique de la planète et des quantités de GES accumulés entretemps dans l’atmosphère. « Le monde va devoir réduire ses émissions plus drastiquement que prévu, résume le Worldwatch Institute, pour essentiellement ne plus émettre de C02 d’ici 2050 si l’on veut éviter une perturbation catastrophique du climat mondial. » Pour l’un des auteurs du rapport, le climatologue William Hare, il est même impératif que les émissions déclinent au point de devenir négatives après 2050. Sous peine de déclencher un emballement des températures et un compte à rebours climatique lourd de menaces.

A lire les scénarios du quatrième rapport de synthèse du GIEC, le groupe international d’experts de l’évolution du climat, la hausse des températures d’ici 2100 serait comprise entre + 1,1 et + 6,4 C°. C’est l’échelle adoptée par le journaliste Mark Lynas pour détailler dans « Six degrés » (Dunod) les multiples conséquences du réchauffement climatique. Acidification des océans et disparition du plancton, longues périodes de sécheresse, pénurie d’eau douce, érosion des sols et de la biodiversité, zônes côtières condamnées à être submergées… Son voyage dans le temps, au-delà des 2 degrés, se transforme en enfer sur Terre. « Les rétroactions climatiques lentes – retrait des glaces, modifications du cycle du carbone – sont désormais mieux prises en compte. Toutes tendent à confirmer l’urgence de réestimer le taux de réchauffement prévu, » écrit le journaliste britannique. Il nous reste moins d’une décennie pour commencer à réduire nos émissions. »

Deux degrés, point de bascule ?

Pour le GIEC, c’est bien en 2015 que les émissions globales doivent culminer Lire la suite

Aimer les paysans !

actionconsommation.org, Yann Fiévet, 3 février 2009

Aimer les paysans !

L’une des leçons économiques majeures de la dernière décennie sera – quand on en aura pleinement pris conscience au Nord comme au Sud – la faillite générale des stratégies agricoles mises en œuvre à partir des années 1960. On redécouvrira partout demain le rôle prépondérant des paysans dans l’évolution équilibrée des sociétés humaines et des milieux naturels qui les portent. Pour le moment les tenants des modèles agro-technocratiques parviennent encore à dissimuler l’ampleur de la déconfiture du « monstre » qu’ils ont engendré et apparaissent toujours comme « progressistes » aux yeux des croyants du salut de l’humanité par la transformation des sols en paillasse de laboratoire. Cependant, le vrai progrès est déjà à l’ouvrage, dans les marges des systèmes dominants maintenus artificiellement en vie grâce aux perfusions financières, chimiques ou scientistes.

Toute révolution mentale commence par détruire les mythes de l’ordre ancien. On avait décrété trop vite « la fin des paysans ». Certes, la figure du paysan défini par Henri Mendras en 1967 dans son célèbre ouvrage n’existe presque plus quarante ans plus tard dans nos contrées. Il faut tout le talent cinématographique et ethnographique d’un Raymond Depardon pour faire vivre brillamment les survivants d’un monde submergé par les fastes dérisoires de la modernité. Pourtant, si le paysan maître de son labeur et de son temps, cultivant péniblement sa terre a disparu chez nous il est illusoire de voir dans sa disparition le signe premier et décisif de l’avènement de son successeur naturel : l’agriculteur exploitant rationnellement la terre. Il n’est rien de plus faux que cette dichotomie entre le paysan qui incarne la tradition qu’il faut nécessairement dépasser et la modernité qu’incarnerait l’entrepreneur des campagnes rationalisées. Finalement, il n’a pas fallu si longtemps pour réaliser que cultiver une terre c’est l’entretenir, la faire durer tandis qu’exploiter la terre c’est l’appauvrir puis la détruire à terme bref.

Entre la figure disparue à jamais et l’épouvantail qui bientôt sera nu, il y a toute la place pour des hommes et des femmes respectant de nouveau la terre nourricière. Qu’ils se nomment encore paysans ou qu’ils préfèrent se dénommer agriculteurs paysans, ils (ré)inventent les formes d’une agriculture durable pour une transmission convenable aux générations futures. Ils veulent vivre du fruit de leur travail et non de subventions quémandées et sans cesse renégociées par des représentants à la légitimité douteuse. Ils veulent ne pas trop – voire pas du tout – dépendre du complexe agro-bio-business pour leurs semences, la nourriture de leurs animaux d’élevage, leurs débouchés sur le marché qu’ils souhaitent plus équilibré. Ils développent des circuits courts par la vente directe aux consommateurs qu’ils apprécient de rencontrer quand la Grande Distrib’ méprise ce lien social essentiel. Bref, ils aiment la terre et ses fruits, la vie, les autres…

Chaque jour désormais, le consommateur se tourne davantage vers eux et voudrait se détourner au contraire des faiseurs de mal bouffe. Le moment est donc venu de « pousser » l’offre de l’agriculture paysanne par un basculement des subventions de l’agriculture productiviste prédatrice des écosystèmes vers le financement de la conversion des terres et l’installation de nouveaux paysans aux « méthodes douces ». Il faut mettre un frein – et pourquoi pas un coup d’arrêt – au mouvement de Lire la suite

L’économie verte pour lutter contre le changement climatique

cdurable.info, David Naulin, le 31 janvier 2009

Publication du rapport de McKinsey and Co : Pathways to a Low Carbon Economy

Rapport McKinsey : l’économie verte, un moyen pour lutter contre le changement climatique

Plus de 200 propositions de réduction des émissions de GES

Nous avons aujourd’hui le potentiel pour limiter le réchauffement climatique en dessous du seuil de 2°C, à un coût relativement faible ( estimé entre 200 et 350 milliards d’euros par an, soit 0,4% du PIB mondial). C’est le message du rapport de McKinsey and Co, “ Pathways to a Low Carbon Economy”, auquel a contribué le WWF. Pour l’ONG, c’est un appel à l’action de bonne augure alors que commence une année décisive pour le climat qui s’achèvera en décembre 2009 avec le conférence de l’ONU sur le climat de Copenhague.

Les actions concrètes préconisées dans le rapport McKinsey

Quelle traduction politique ?

Le rapport très attendu de McKinsey, a été rendu public aujourd’hui 26 janvier, lors d’une conférence de presse à Bruxelles à laquelle participait le directeur général de WWF, Jim Leape, ainsi que le Commissaire à l’Environnement Stavros Dimas et Sir Nicholas Stern. WWF est l’un des 10 sponsors qui ont soutenu financièrement et surtout contribué par leur expertise à ce rapport, qui étudie plus de 200 potentiels de réduction des émissions de gaz à effet de serre dans les deux prochaines décennies, dans 10 secteurs et 21 régions du monde. Le WWF se félicite des principales conclusions de ce rapport.

Selon ce rapport, si l’ensemble des options technologiques étaient utilisées, les émissions mondiales de gaz à effet de serre pourraient être réduites de 40% par rapport à 1990 d’ici à 2030. Une réduction suffisante pour limiter le réchauffement de la planète en dessous de 2°C. Mais il faut agir dès aujourd’hui : si la communauté internationale attend 10 ans pour agir, il sera alors impossible de rester en dessous de ce seuil de 2°C et donc d’éviter les impacts catastrophiques du dérèglement climatique.

Autre message important de ce rapport : le coût net de l’action – prenant en compte le coût de la mise en œuvre des politiques publiques – est estimé entre 200 et 350 milliards d’euros par an à l’horizon 2030, soit 0.4% du PIB mondial, dans l’hypothèse où le baril de pétrole ne dépasse pas 60$. « Mais si le pétrole est deux fois plus cher, une hypothèse loin d’être absurde, alors ce coût devient un gain de l’ordre de 450 milliards ! Gagnerons nous ou perdrons nous des centaines de milliards ? Cela dépend tellement du prix du pétrole qu’on peut douter de la pertinence de cette question. Mais ce qui est sûr, c’est que le coût de l’action reste bien faible par rapport au coût de l’inaction », commente Damien Demailly, chargé du programme Energie Climat au WWF-France.

Pour Serge Orru, directeur du WWF-France, « alors que les chefs d’Etat du monde entier préparent la grande réunion de Copenhague qui doit trouver un successeur au Protocole de Kyoto en décembre 2009, ce rapport coupe l’herbe sous le pied à ceux qui disent que la lutte contre les changements climatiques est perdue d’avance et fragilise nos économies ».

Les actions concrètes préconisées dans le rapport McKinsey

Elles concernent quatre grands domaines :

 l’efficacité énergétique : Lire la suite

Sainte Foy la G. Pesticides, « il faut retrouver la raison »

Sud-Ouest,  Christine Dufour, le 2 Février 2009

 « Il faut retrouver la raison »

Jean-Paul Jaud, réalisateur du documentaire « Nos enfants nous accuseront », est venu le présenter au cinéma La Brèche devant un public fourni. Un gros succès pour ce film sorti en salle le 5 novembre dernier et qui fait déjà grandement parler de lui. Rencontre avec ce réalisateur.

« Sud Ouest ». Quels ont été vos contacts pour réaliser ce film ?

J.-P. Jaud. Pour réaliser ce documentaire, je me suis appuyé sur des travaux de scientifiques, de médecins. Des gens qui ont des preuves mais qui ne sont pas entendus. Ils sont victimes de la censure. Tout ça au nom de lobbies, de l’argent, de la spéculation financière. Le documentaire s’articule autour d’un colloque à l’Unesco en 2006 sur la santé et l’environnement, qui réunissait 76 scientifiques et médecins européens et américains. C’est autour de ce colloque que s’étayent toutes les données scientifiques et tous les constats. Le profit nous amène droit dans le mur. Je n’ai pas de contact, par contre, avec les politiques. Mais j’ai apprécié le discours d’investiture d’Obama. Il symbolise la biodiversité.

Qu’en disent les agriculteurs ?

J’écoute les agriculteurs ; en grande majorité, ces gens-là font part de leur malaise ; ils sont eux aussi en plein désarroi. Je considère que les agriculteurs conventionnels sont les victimes du système, d’un système mercantile et pollueur. Mais, pour moi, ce sont avant tout des victimes qu’il faut aider à sortir de là. Certains membres de la FNSEA (1) ont eux aussi pris conscience qu’il fallait changer certaines choses. Beaucoup ont des cancers ou des débuts de cancers, ou ce sont leurs enfants qui sont malades. C’est très grave. Dans le film, on voit notamment un membre de la FNSEA qui a changé son activité pour devenir viticulteur bio.

Quels sont vos projets ?

Je poursuis mes tournées en France pour présenter le film avec des débats à la clé. Ensuite, j’irai en Belgique, puis au Japon. Je vais sortir en 2010 un autre film documentaire (2).

Le 18 juin sera une journée d’appel dans toute la France pour des repas bio en cantine.

Que proposez-vous ? En quoi croyez-vous ?

Il faut retrouver la raison. Il n’est pas encore trop tard. Avoir un changement d’attitude. Réapprendre à manger. Et je crois beaucoup au monde rural. Pour le documentaire, je suis parti d’une cantine, d’un maire qui a décidé que la cantine des écoles de sa commune serait « bio ». C’est un devoir pour un pays de donner des repas corrects à ses enfants. Je mets beaucoup d’espoir dans les mamans, qu’elles reviennent à une alimentation naturelle pour leurs enfants. Un bébé, aujourd’hui, naît avec près de 300 substances chimiques dans son cordon ombilical, Lire la suite

Fred Vargas et la planète : « On s’est bien amusé »

marcelgreen.com, Fred Vargas, le 21 Janvier 2009

Fred Vargas et la planète : « On s’est bien amusé »

L’écrivain Fred Vargas nous présente dans un texte saisissant, sa vision des enjeux environnementaux. De manière simple et directe, elle nous explique que nous nous sommes franchement bien amusés. Mais que maintenant il va falloir respecter cette terre, si l’on veut pouvoir un jour se remettre à danser avec elle. Voici l’intégralité du texte.

Nous y voilà, nous y sommes.

Depuis cinquante ans que cette tourmente menace dans les hauts-fourneaux de l’incurie de l’humanité, nous y sommes. Dans le mur, au bord du gouffre, comme seul l’homme sait le faire avec brio, qui ne perçoit la réalité que lorsqu’elle lui fait mal. Telle notre bonne vieille cigale à qui nous prêtons nos qualités d’insouciance. Nous avons chanté, dansé.

Quand je dis « nous », entendons un quart de l’humanité tandis que le reste était à la peine. Nous avons construit la vie meilleure, nous avons jeté nos pesticides à l’eau, nos fumées dans l’air, nous avons conduit trois voitures, nous avons vidé les mines, nous avons mangé des fraises du bout monde, nous avons voyagé en tous sens, nous avons éclairé les nuits, nous avons chaussé des tennis qui clignotent quand on marche, nous avons grossi, nous avons mouillé le désert, acidifié la pluie, créé des clones, franchement on peut dire qu’on s’est bien amusés.

On a réussi des trucs carrément épatants, très difficiles, comme faire fondre la banquise, glisser des bestioles génétiquement modifiées sous la terre, déplacer le Gulf Stream, détruire un tiers des espèces vivantes, faire péter l’atome, enfoncer des déchets radioactifs dans le sol, ni vu ni connu. Franchement on s’est marrés. Franchement on a bien profité. Et on aimerait bien continuer, tant il va de soi qu’il est plus rigolo de sauter dans un avion avec des tennis lumineuses que de biner des pommes de terre. Certes.

Mais nous y sommes. A la Troisième Révolution.

Qui a ceci de très différent des deux premières (la Révolution néolithique et la Révolution industrielle, pour mémoire) qu’on ne l’a pas choisie. « On est obligés de la faire, la Troisième Révolution ? » demanderont quelques esprits réticents et chagrins. Oui. On n’a pas le choix, elle a déjà commencé, elle ne nous a pas demandé notre avis. C’est la mère Nature qui l’a décidé, après nous avoir aimablement laissés jouer avec elle depuis des décennies. La mère Nature, épuisée, souillée, exsangue, nous ferme les robinets. De pétrole, de gaz, d’uranium, d’air, d’eau.

Son ultimatum est clair et sans pitié : Sauvez-moi, ou crevez avec moi (à l’exception des fourmis et des araignées qui nous survivront, car très résistantes, et d’ailleurs peu portées sur la danse).

Sauvez-moi, ou crevez avec moi.

Evidemment, dit comme ça, on comprend qu’on n’a pas le choix, on s’exécute illico et, même, si on a le temps, on s’excuse, affolés et honteux. D’aucuns, un brin rêveurs, tentent d’obtenir un délai, de s’amuser encore avec la croissance. Peine perdue.

Il y a du boulot, plus que l’humanité n’en eut jamais.

Nettoyer le ciel, laver l’eau, décrasser la terre, abandonner sa voiture, figer le nucléaire, ramasser les ours blancs, éteindre en partant, veiller à la paix, contenir l’avidité, trouver des fraises à côté de chez soi, ne pas sortir la nuit pour les cueillir toutes, en laisser au voisin, relancer la marine à voile, laisser le charbon là où il est –attention, ne nous laissons pas tenter, laissons ce charbon tranquille- récupérer le crottin, pisser dans les champs (pour le phosphore, on n’en a plus, on a tout pris dans les mines, on s’est quand même bien marrés). S’efforcer. Réfléchir, même. Et, sans vouloir offenser avec un terme tombé en désuétude, être solidaire. Avec le voisin, avec l’Europe, avec le monde.

Colossal programme que celui de la Troisième Révolution. Pas d’échappatoire, allons-y. Encore qu’il faut noter que récupérer du crottin, et tous ceux qui l’ont fait le savent, est une activité foncièrement satisfaisante. Qui n’empêche en rien de danser le soir venu, ce n’est pas incompatible. A condition que la paix soit là, à condition que nous contenions le retour de la barbarie –une autre des grandes spécialités de l’homme, sa plus aboutie peut-être. A ce prix, nous réussirons la Troisième révolution.

A ce prix nous danserons, autrement sans doute, mais nous danserons encore.

Les bords de champs, refuge des mauvaises herbes ?

inra.fr, Fiche de Presse Info, le 18 décembre 2008

Les bords de champs cultivés, ultime refuge des mauvaises herbes ?

Quel est l’impact potentiel de l’évolution des pratiques et paysages agricoles sur la végétation ? Pour y répondre, des chercheurs de l’unité de Biologie et gestion des adventices de l’INRA de Dijon ont entrepris de quantifier la contribution des différents éléments d’un paysage agricole dans la composition et la diversité floristique. A partir de relevés de la flore adventice (les « mauvaises herbes ») réalisés à trente ans d’intervalle, les chercheurs ont analysé l’évolution des espèces recensées à l’intérieur des parcelles cultivées. Ils ont aussi comparé la composition et la fréquence des adventices à l’intérieur des champs et dans les bordures considérées ici comme la bande la plus externe de la culture et faisant l’interface avec les talus, les chemins ou les haies attenantes. 222 espèces observées au cours de l’une ou l’autre des deux campagnes de suivi (réseau Biovigilance Flore) ont été comparées entre 1968-1976 et 2005-2006, sur les mêmes 158 parcelles de Côte d’Or.

Dynamique de disparition

En 30 ans, le nombre moyen d’espèces par parcelle cultivée (richesse spécifique) a chuté de 44% alors que le nombre moyen de mauvaises herbes par m2 (densité) a, quant à lui, diminué de 67%. Les parcelles sont donc globalement beaucoup plus « propres » de nos jours. La composition des communautés adventices s’est également fortement modifiée. Sur les 188 espèces recensées lors de la première campagne, 67 ont disparu contre seulement 34 nouvelles espèces recensées en 2005-2006.

Un tiers de ces espèces disparues des parcelles cultivées depuis les années 1970 ne se trouve plus que dans les bords des champs. Ceux-ci abritent dorénavant plus d’espèces végétales que l’intérieur des parcelles. Cette répartition touche aussi bien les espèces rares à valeur patrimoniale que les espèces les plus communes. Aujourd’hui, les bords des champs accueillent les reliques des populations adventices en déclin.

Ce déclin pourrait être d’autant plus préoccupant qu’il affecte des espèces reconnues pour leur rôle bénéfique dans le paysage agricole. Le fonctionnement des agro-systèmes pourrait en être affecté en privant certains oiseaux granivores ou insectes phytophages de sources de nourriture (pollen, nectar, graines…) ou d’habitat qu’elles procurent. D’ores et déjà, les chercheurs ont observé une disparition plus marquée des espèces pollinisées par les insectes. Les chercheurs de l’INRA de Dijon débutent des études complémentaires sur les relations entre les adventices et certains insectes, notamment les carabes dont certains sont prédateurs de graines des mauvaises herbes.

Longtemps considérées comme nuisibles, les mauvaises herbes des zones de culture ne bénéficient d’aucun statut de protection. Parmi les espèces de mauvaises herbes disparues complètement des parcelles cultivées, certaines, d’une grande valeur patrimoniale, sont sur la liste rouge du Plan national d’action pour la conservation des plantes messicoles, comme la gagée des champs (Gagea Villosa) et la nigelle des champs (Nigella Arvensis). Concilier l’activité de production agricole et le maintien de la biodiversité en zone de grandes cultures constitue un enjeu de recherche auquel participent les travaux sur l’évolution de la flore adventice.

Les bords de champs constituent un habitat probablement privilégié, dans l’espace cultivé, pour les espèces adventices moins compétitives car Lire la suite

Centrales photovoltaïques au sol : la crainte de la trame grise

journaldelenvironnement, Victor Roux-Goeken, le 21 janvier 2009 

Centrales photovoltaïques au sol : la crainte de la trame grise

Plusieurs associations environnementales s’inquiètent de l’essor des projets de centrales photovoltaïques au sol, et de l’apparition d’une «trame grise». Ces craintes, pour l’instant très locales, sont liées à l’impact sur l’environnement de ces projets et à leur non-intégration au bâti.

A l’instar de celle de Narbonne (Aude), occupant une surface de 23 hectares sur un site classé Seveso, les centrales solaires photovoltaïques auront-elles un faible impact sur l’environnement ? Rien n’est moins sûr, et l’inquiétude pointe chez certaines associations environnementales du sud-ouest de la France.

Ainsi, la centrale photovoltaïque de Gabardan, dans la commune de Losse (Landes) va nécessiter le déboisement de 320 hectares (ha) de forêt. Le secrétaire général de la Société pour l’étude, la protection et l’aménagement de la nature dans le Sud-ouest (Sepanso), Georges Cingal, rapporte que pour l’Ademe, «les émissions évitées et celles liées au déboisement étaient du même ordre de grandeur». Mais le projet, déjà soumis à enquête publique, aura forcément un impact sur la biodiversité.

Un projet d’autant plus étonnant que «dans une nouvelle zone industrielle, située à Saint-Geours-de-Maremne [Aquitaine, moins de 150 kilomètres de Losse], une grosse entreprise de logistique a construit un bâtiment comportant 18.000 mètres carrés de toiture, sans le moindre panneau solaire», relève Georges Cingal.

A la Direction régionale de l’agriculture et de la forêt (Draf) Aquitaine, on indique que la totalité des projets en cours nécessite le déboisement ou défrichage de 10.000 ha de forêt. «Théoriquement, la demande de compensation est de 1 pour 1. Cela implique un reboisement hors forêt, qui va concurrencer l’agriculture. Pour l’instant, nous n’avons pas encore de résultat du groupe de travail mis en place auprès du préfet des Landes et qui doit étudier les mesures à demander pour compenser le déboisement.»

Daniel Delestre, vice-président de la Sepanso Gironde, relève «une contradiction entre le développement du photovoltaïque et celui du bois-énergie». Et donne un autre exemple: le vote récent, par le conseil municipal de Cestas (Gironde), de deux centrales photovoltaïques sur des surfaces totalisant 320 ha, «alors que 800 ha viennent d’être rasés pour construire des entreprises logistiques le long de la nationale 10, à proximité.»

Il en va de même dans les Pyrénées orientales, où le président de la fédération départementale des associations de protection de l’environnement, Marc Maillet, estime à 300 ha la totalité des projets en cours.

Pourquoi ne pas intégrer les panneaux photovoltaïques au bâti, alors que le tarif d’achat de l’électricité photovoltaïque est plus attractif dans ce cas ? «Il y a une sorte de mirage sur les toitures, censées représenter des millions de mètres carrés à recouvrir, relève Thierry Lepercq, président de Solar Direct. Sur un bâtiment logistique, une toiture «plate» est inapte [Note du web maître : apte ou inapte ?] au photovoltaïque : elle comporte tout de même de nombreux obstacles et il faut orienter les panneaux au sud avec une pente de 30° pour un rendement optimal. Les architectes doivent s’y mettre: actuellement, un bâtiment sur 100 au maximum est conçu pour accueillir du photovoltaïque.»
Selon lui, les professionnels s’accordent pour dire qu’une centrale au sol doit couvrir une surface d’au moins 8 ha (4 mégawatts) pour réaliser des économies d’échelle.

La compétition pour l’espace aboutira-t-elle à un rejet du photovoltaïque similaire à celui de l’éolien ? Lire la suite

Cancers : rôle limité de l’environnement

Journal de l’environnement, Sabine Casalonga, le 07 janvier 2009

Cancers : rôle limité de l’environnement

Selon le rapport mondial sur le cancer publié le 30 décembre 2008 par le Centre international de recherche sur le cancer (Circ), la pollution chimique contribuerait «de façon limitée» au développement des cancers, bien que de nombreux polluants cancérogènes soient présents dans l’environnement.

Le rapport 2008 du Circ, une émanation de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), destiné à informer les professionnels de la santé, de la recherche et le grand public, contient trois chapitres dédiés à l’environnement dont l’un sur la pollution environnementale (1) et deux autres sur les risques professionnels et les radiations électromagnétiques.
Alors que le précédent rapport de 2003 avait estimé entre 1 et 4 % la part de cancers dus à la pollution environnementale, aucune estimation chiffrée n’est donnée dans le rapport 2008. «Les chiffres de 2003 sous-estimaient la part réelle due à l’environnement, même si celle-ci est très difficile à évaluer», explique Vincent Cogliano, chef d’unité au Circ.

Jusqu’à présent, les études se sont focalisées sur les substances cancérogènes avérées, laissant de côté le risque potentiel lié aux milliers de produits chimiques non testés ou ceux dont le risque est suspecté, souligne le rapport. Le manque de connaissances sur les risques liés à l’exposition à des mélanges de plusieurs substances présentes à faibles doses dans l’environnement est également évoqué.

L’amiante, la pollution de l’air intérieur (chauffage au bois et charbon) et extérieur (émissions industrielles et transports) ainsi que la pollution des sols et de l’eau sont pointés du doigt par le Circ. Une étude de l’OMS (2006) a ainsi montré que la fumée issue de combustibles solides (bois, charbon) représente un des 10 principaux facteurs de risque de cancer dans le monde. Les pesticides et les PCB sont également considérés comme des cancérogènes «possibles».

Dans son volet sur les ondes électromagnétiques, le rapport indique l’absence de preuve suffisante sur le lien entre champs électromagnétiques à très basses fréquences et risque de cancer, ainsi que le caractère non conclusif des études sur la téléphonie mobile. La publication de l’étude Interphone, coordonnée par le Circ et très attendue sur ce sujet mais retardée en 2008, est prévue pour cette année.

Le nombre de cas de cancer dans le monde a doublé au cours des 30 dernières années du XXe siècle. En 2008, 25 millions de personnes souffrent d’un cancer et plus de 26 millions de nouveaux cas sont attendus chaque année d’ici 2030. Lire la suite

CATA : quelle agriculture dans nos assiettes ?

Quelle agriculture dans nos assiettes ?

Par St Siméon le samedi, septembre 13 2008, 12:26 – SoutienLien permanent

Fougueyra

Dans la précédente gazette d’Utopia, on vous indiquait que nous vous ferions passer les infos de CATA33 par son biais, par courriel aussi, mais à cause des vacances, beaucoup d’entre vous n’ont pas eu les messages. Donc, on va dans cette nouvelle gazette, pour certains d’entre vous, rabâcher quelques mêmes trucs, mais qu’importe, vous en conviendrez, c’est pour la bonne cause.

Depuis que nous vous avons fait cette proposition le lundi 19 mai, lors d’une soirée à Utopia, d’acheter des parts de la SCI Terre du Fougueyra, grâce aussi au concert à l’église de St André de Cubzac, aux Nuits Atypiques, à Planète Floirac, au Forum social… aux AMAP, aux Groupements d’Échanges Locaux (GELS) – merci à tous ! – 218 personnes se sont portées acquéreurs de parts de la SCI Terre du Fougueyra pour la somme de 52 700 euros !!! (À l’heure où vous lirez ce billet, beaucoup d’entre vous seront rentrés, donc… ça doit faire un peu plus. Pendant que nous y sommes, maintenant que vous êtes de retour, merci à vous de penser à envoyer votre chèque et votre bulletin de souscription, dûment rempli, comme on dit, si ce n’est pas encore fait !)

Cependant, bien que cette somme soit importante, il n’y a pas encore le compte. C’est 80 000 euros qu’il faut pour accomplir notre commune destinée sur ce terrain, clamer, on va se gêner… stop à l’agriculture industrielle et à ses dérives, oui à une agriculture bio paysanne, nourricière et de proximité ! Ce Vendredi 19 Septembre donc, continuons à prouver aux sceptiques, aux rabat-joie, poil aux doigts, que oui, une autre agriculture peut être mise en place !

Pourquoi cette folle entreprise, pourquoi vouloir acheter ce terrain ? Nous nous sommes longuement expliqués il y a deux gazettes de cela, mais voici en plus quelques chiffres, oui, c’est ça, des chiffres, on dit toujours qu’ils parlent mieux.

Ça commence à se savoir, l’agriculture biologique, c’est bon pour nous, pour le moral, la biodiversité, l’eau, les sols ; son modèle de production aide à lutter contre les gaz à effet de serre, ses bienfaits écologiques, économiques, sociaux, encouragent les agriculteurs qui sont en conventionnel à convertir leur exploitation, les jeunes agriculteurs à s’installer, à reprendre les fermes des vieux paysans qui ont du mal à transmettre, mais allez savoir pourquoi, rien à faire, elle n’arrive pas à trouver sa place, ou très difficilement. Lire la suite

Agriculture, bonne pioche au Burkina Faso

Libération, mardi 16 septembre 2008, Envoyé spécial au Burkina Faso Yves Sciama

Bonne pioche au Sahel

Agriculture. Au Burkina Faso, des paysans ont développé des techniques simples pour augmenter les rendements des cultures de 30 %. Et stopper la désertification. Reportage.

Le long des routes rectilignes et plates du Burkina Faso, à travers l’air qui tremble de chaleur, on les voit défiler sans fin, ensablés ici, écroulés là, toujours renaissants : des murets de pierres empilées, hauts comme la main, une vingtaine de centimètres au maximum. Ils ont commencé à quadriller la campagne sahélienne après les grandes famines des années 70, et depuis, ils s’allongent, se multiplient, s’entrelacent, totalisant des milliers de kilomètres. Ici, les experts les appellent des «cordons pierreux». Bâtis au prix d’heures de travail éreintant sous un soleil hostile, ils sont l’instrument d’un ensemble d’innovations agronomiques discrètes, parfaitement low-tech, et qui ont pourtant l’ambition de faire la révolution verte en ces terres désolées. Leur horizon ? Rien moins que la victoire sur la désertification et la famine sur un territoire grand comme dix fois la France, où vivront bientôt 100 millions d’habitants. Plus prosaïquement, il s’agit d’instaurer au Sahel des modes de culture qui assurent la sécurité alimentaire des hommes, et la bonne santé des écosystèmes qui les nourrissent.

Explosion démographique. Il y a urgence car la terre, ici, va s’épuisant sous l’effet de pratiques agricoles bouleversées par l’explosion démographique. Jusque dans les années 60, les paysans sahéliens pratiquaient la jachère. Afin de maintenir leurs rendements, ils abandonnaient périodiquement leur parcelle pour aller défricher la brousse, puis y revenaient plusieurs dizaines d’années plus tard. Mais l’accroissement de la population sahélienne (+ 3 % par an !) a augmenté la pression sur les terres cultivables et fait exploser ce système ancestral : aujourd’hui, les jachères disparaissent, la terre est surexploitée tandis que la consommation de bois de feu, croissante, décime les arbres, dont les ruminants, omniprésents, empêchent la repousse… Ainsi les Sahéliens sont-ils piégés dans un cercle vicieux bien connu des agronomes des zones arides : les sols à la végétation raréfiée sont exposés à l’érosion stérilisante du vent et surtout de pluies qui sont, ici, à la fois rares (entre juin et septembre) et violentes. La végétation ne retient plus la terre qui ne retient plus l’eau des orages qui entraînent la terre. De vastes plaques désertiques encroûtées, les «zipélés», grandissent puis convergent… Ainsi, la désertification avance. Pis, le réchauffement climatique devrait accélérer sa marche, en apportant dans cette région des précipitations accrues réparties sur une saison encore plus courte.

Partie perdue ? Lire la suite

Face aux inondations, repenser l’affectation des sols

Le Monde, 15 septembre 2008, Gaëlle Dupont

Face à l’aggravation des inondations, repenser l’affectation des terres et des sols

Depuis plusieurs semaines, des inondations dévastent de nombreuses régions du monde. En Inde, le bilan officiel fait état de près de cent cinquante morts et de millions de sinistrés. En Afrique de l’Ouest, une quarantaine de personnes sont mortes et 130 000 auraient été affectées. En Haïti, les inondations et coulées de boue consécutives au passage des tempêtes tropicales Fay, Hanna, Gustav et Ike ont provoqué la mort de plusieurs centaines de personnes et en ont touché près d’un million d’autres. La Grande-Bretagne et le Vietnam ont également été frappés, mais dans des proportions moins importantes.

Au-delà des pertes humaines, les conséquences sont multiples : destruction d’habitations, d’infrastructures, de récoltes, diffusion de maladies hydriques comme le choléra, déplacements de populations… « De nombreuses personnes perdent leurs moyens de subsistance. Elles sont contraintes de quitter leur lieu de vie et de vendre tous leurs biens ou d’emprunter de l’argent, simplement pour se nourrir, explique Colin Green, du Centre de recherche sur les inondations, basé à l’université du Middlesex, en Grande-Bretagne. Elles peuvent mettre des années à se remettre, voire ne pas se remettre du tout. » D’autant plus que les personnes touchées, qui résident dans des zones vulnérables où le prix du logement est bas, sont également les plus pauvres.

Les inondations sont chaque année plus nombreuses, et cette évolution devrait se poursuivre. En 1990, le Centre de recherche sur l’épidémiologie des désastres (CRED) en avait dénombré une soixantaine, contre plus de 200 en 2007. Pour cette dernière année, elles ont provoqué 8 500 morts, affecté 177 millions de personnes et ont causé des pertes évaluées à 17 milliards d’euros.

Plusieurs facteurs expliquent cette tendance, en premier lieu le changement climatique. « Le cycle de l’eau est la partie la plus sensible du système climatique, explique Andras Szöllösi-Nagy, chef du programme hydrologique de l’Unesco. Sous l’effet du réchauffement des températures, il pourrait être en train d’accélérer. »

Les conséquences de ce phénomène sur la distribution des précipitations sont discutées au sein de la communauté scientifique, mais un consensus se dégage sur la probabilité de subir plus fréquemment des pluies intenses, et donc des inondations. Parler de crue décennale ou centennale n’a plus de sens, proclament les hydrologues. Lire la suite

Hyper sécurisation de la récupération de l’eau pluviale

Univers Nature, 13 septembre 2008, Alex Belvoit

Récupération des eaux pluviales : le gouvernement sécurise à outrance…

L’installation d’un dispositif de récupération des eaux pluviales profite d’un crédit d’impôt à hauteur de 25 % des dépenses, plafonné à 8 000 €. Bien que valable depuis le 1er janvier 2007, l’usage que l’on peut faire de l’eau de pluie récupérée vient seulement de faire l’objet de précisions, sans oublier l’ajout de nombreuses contraintes à vocation sécuritaire, paraît-il…

En effet, l’arrêté relatif à la récupération des eaux de pluie et à leur usage à l’intérieur et à l’extérieur des bâtiments, paru au Journal Officiel du 29 août dernier, ne fait assurément pas « dans la dentelle ».

Si l’eau de pluie, collectée sur des toitures inaccessibles (1), peut être utilisée par les particuliers pour des usages extérieurs (arrosage du jardin, lavage de voiture, etc.), il n’en va pas de même pour des espaces verts accessibles au public. Dans ce cas, ces derniers doivent curieusement être arrosés en dehors des périodes de fréquentation du public…

A l’inverse de cette étonnante restriction, le nouvel arrêté étend le champ d’utilisation des eaux pluviales à l’intérieur des locaux. Néanmoins, l’encadrement de cette utilisation apparaît très contraignant, pour ne pas dire dissuasif. L’usage intérieur est ainsi restreint aux seuls WC et opérations de lavage des sols (2), le tout avec un système de canalisations repérées de façon explicite par un pictogramme « eau non potable », à toutes les entrées et sorties de vannes et d’appareils, sans omettre les passages de cloisons et de murs. Par ailleurs, pour les locaux à vocation d’habitation, dans une pièce (3) ayant un robinet relié au réseau d’eau potable, la présence d’un point d’accès au système de distribution d’eau pluviale est interdite. En outre, dans les lieux où ils peuvent être installés, ces derniers doivent être munis d’un dispositif d’ouverture qui nécessite l’utilisation d’un outil spécifique non lié. Autrement dit, l’utilisation d’un simple robinet est proscrite.

Cela dit, au regard du législateur, cela ne semble pas encore suffisant, Lire la suite

Aquitaine et agrocarburants : carence des études existantes

Sud-Ouest, le 10 septembre 2008, Jacques Ripoche

AGROCARBURANTS. Présentée aujourd’hui à Paris, une étude financée par la Région Aquitaine pointe les carences des études existantes et propose une autre approche

Les insuffisances des études

Existe-t-il une vérité en matière d’agrocarburants ? À l’évidence, non. Une analyse réalisée par le laboratoire Armines (1) pointe les insuffisances des études conduites jusqu’à présent et met en perspective toute la complexité du dossier.

Dirigée par Dominique Dron, chercheur au Centre énergétique des mines de Paris, cette « Analyse critique des études existantes sur la production et l’utilisation des carburants végétaux » révèle leur caractère « partiel ». Selon les rapporteurs, la majorité des études qu’ils ont analysées ne cherchaient qu’à « mesurer les impacts sur l’indépendance énergétique et l’effet de serre ». Sans prendre en compte les éléments tout aussi déterminants que sont « la consommation d’eau et l’usage des sols ».

Blé et betterave. Pour mener à bien leur travail, les chercheurs ont revisité les études existantes à l’aune de « l’analyse de cycle de vie », un outil méthodologique qui permet d’évaluer l’empreinte écologique d’un objet ou d’un procédé. « Du berceau jusqu’au tombeau », résume de façon imagée Assaad Zoughaib, l’un des participants.

Le concept repose sur la qualité des données d’entrée, la précision des frontières de l’étude, la méthode d’affectation des impacts entre différents produits et coproduits, les impacts mesurés et quantifiés. Les auteurs du rapport se montrent critiques sur la qualité des données des différentes études considérées qui pécheraient globalement par « négligence des effets de stockage ou de déstockage de carbone du sol » L’approche « cycle de vie » les a ainsi conduits a réviser certains résultats. Lire la suite

CPIE et biodiversité : base de données de 700 actions

projetdeterritoire, 3 septembre 2008, Armelle Laperriere

L’union des CPIE a mis en ligne une base de données répertoriant plus de 700 actions conduites par des CPIE afin de préserver ou d’améliorer la biodiversité. Pour chaque action, la base de données propose une description et précise à quels enjeux de biodiversité elle répond.

La recherche s’effectue à partir de cinq critères :

les compétences mobilisées par le CPIE concerné pour la réalisation de l’action (concertation, publication, édition…)

– la protection du territoire c’est-à-dire le dispositif de protection dont bénéficie éventuellement

le territoire où se déroule l’action (parc national, zone Natura 2000…)

l’occupation du sol qui qualifie le type d’espace sur lequel l’action est réalisée (espaces agricoles, terres artificialisées…)

les types de partenaires impliqués avec le CPIE dans le pilotage – ou la réalisation de l’action

la région concernée

Consulter la base de données Lire la suite

Connaissez-vous le bois raméal fragmenté (BRF) ?

Sud-Ouest Charente, le 3 septembre 2008, Maxime Meyer

AGRICULTURE. La technique du bois raméal fragmenté, alias le BRF, convertit de plus en plus de cultivateurs dans le petit monde de l’agriculture biologique

L’humus forestier recréé pour fertiliser des terres

Cela s’appelle le BRF, bois raméal fragmenté, et dans le petit monde de l’agriculture biologique, tout le monde n’a que ces trois lettres à la bouche.

La technique du BRF consiste à recréer la composition naturelle du sol des forêts sur des parcelles cultivées. Dans les zones forestières, les différents éléments naturels du sol, composés de multitudes de feuillages, de branches et de mousses, facilitent la fertilisation.

Pour recréer l’humus forestier et toute l’activité microbienne qui s’y développe, il suffit de broyer des jeunes rameaux de différents bois nobles pour ensuite les disperser sur les parcelles. Seules conditions impératives, utiliser des rameaux très fins (moins de 7 cm de diamètre), mélanger plusieurs variétés de bois et les disperser rapidement après leur broyage.

Après quelques semaines, des champignons commencent à se développer, signe que le sol travaille.

Tenter le coup. Importé du Canada, ce mode de fertilisation est de plus en plus répandu et des démonstrations sur internet multiplient les convertis. Lire la suite

Mortalité des huitres, suspicion sur les pesticides…

MORTALITÉ DES HUÎTRES. Les produits chimiques utilisés par l’agriculture pourraient jouer un rôle dans la crise

Sud-Ouest édition Charente-Maritime, Philippe Belhache, le 1er septembre 2008,

La thèse des pesticides

Herbicides, pesticides, fongicides… Autant de produits phytosanitaires dont les effets sur le naissain n’ont jamais été étudiés. En évoquant le passage de ces composés en Seudre par lessivage des terrains en amont, à la faveur d’orages et de pluies abondantes, le président d’AProMarais Michel Bertin a ouvert une brèche (notre édition de mercredi). L’action, même indirecte, de ces produits sur le développement de l’huître, est désormais sérieusement envisagée par les chercheurs d’Ifremer. La question de la qualité des eaux se pose de manière de plus en plus cruciale pour une profession ostréicole confrontée à la surmortalité du naissain et des jeunes huîtres.

La profession reste particulièrement vulnérable aux événements en amont sur la Seudre, dont elle est ultime usager. « Nous nous sommes battus sur le thème de l’eau douce, explique Michel Bertin, mais l’eau douce ne nous amène pas que de bonnes choses. » S’il semble en effet admis d’attribuer la mortalité du naissain à l’action d’un virus, l’OHS V1, de nombreuses questions restent en suspend. Pourquoi ici et maintenant ?

Fragilisation. « Il n’y a pas de génération spontanée, souligne Jean Proux, chef de station d’Ifremer, laboratoire implanté à La Tremblade. L’OHS V1 ne débarque pas de nulle part. C’est un agent pathogène connu, qui coexiste avec l’huître depuis longtemps. Ce qui peut expliquer la situation actuelle, c’est une plus grande vulnérabilité des jeunes huîtres. Plusieurs facteurs ont pu contribuer à les fragiliser. » Lire la suite

La dématérialisation de l’économie : mythe ou réalité ?

Jean-Marc Jancovici, Président du groupe X-Environnement, 2007

Le Jaune et la rouge – Croissance et environnement

NB : les propos tenus ici n’engagent en rien le groupe X-Environnement, dont il faut rappeler que, statutairement, il ne peut avoir aucune prise de position publique au nom de tout ou partie de la communauté polytechnicienne.

Soit un PIB dont nous voulons qu’il continue à croître. Soient des ressources dont nous voulons que la consommation annuelle se mette à décroître – ou dont la consommation annuelle va décroître, que cela nous plaise ou pas.(1) Soit une histoire économique des deux derniers siècles qui montre que l’augmentation du PIB par habitant, dans tous les pays du monde ou à peu près, se traduit depuis des décennies par une augmentation de la consommation d’énergie, de sol, de viande, de minerais de toute nature, et encore de quelques bricoles, et une augmentation non moins importante de la production de déchets de toute sorte, dont le CO2 fait assurément partie, avec pour tous ces flux des impasses qui se précisent pour les décennies à venir. Soit enfin chacun d’entre nous – et donc nos élus – qui aime la croissance chez soi le Lundi mais un peu moins chez les autres le Mardi, la première étant bonne pour nos emplois et la second mauvaise pour nos enfants, alors qu’il s’agit bien évidemment de la même.

Que faire face à cette somme de contradictions ? Lire la suite

Découvrez l’environnement de la Gironde avec l’Ortie

L’association l’Ortie a été créée en mai 1998 avec pour objectifs de :

proposer un autre regard sur notre environnement par une approche écologique, une étude des ressources naturelles, des écosystèmes et de leur biodiversité.

sensibiliser un large public aux problèmes environnementaux, tels que la disparition de la biodiversité, la pollution de l’eau, des sols et de l’air, souvent due à une méconnaissance des bases de l’écologie.

faire se rencontrer des personnes de divers horizons et permettre un échange des savoirs.

Une animatrice, ethnobotaniste, aborde différents thèmes tels que : l’identification des plantes sauvages, les plantes médicinales et comestibles, le jardinage écologique, l’étude des divers écosystèmes, la relation plantes et insectes, la relation plantes et sol, l’ortie…

Programme En savoir plus Lire la suite

Le « verdissement » de l’opinion publique

Jean-Paul Bozonnet dans Sciences Humaines N° 40 de juillet/août 2005

Si l’écologisme a fluctué au cours des trente dernières années, le consensus autour des questions environnementales est toujours solide. Seules les formes d’engagement et la sociologie des militants semblent s’être transformées.

Une légende contemporaine attribue volontiers la paternité de l’écologisme au grand chef indien Seattle ; les historiens des idées, comme Luc Ferry, souvent moins bien intentionnés, en découvrent les prémices dans les procès médiévaux contre les animaux ou dans le régime hitlérien. Ils font remonter l’écologisme loin dans le passé, aux romantiques, à Jean-Jacques Rousseau, et même à François d’Assise : en fait, ces reconstructions téléologiques ignorent la spécificité de cette pensée contemporaine qui naît à la fin des années 60. C’est en effet en 1962 que Rachel Carson, avec Le Printemps silencieux, sensibilise l’opinion publique américaine aux agressions chimiques. Puis en 1971, Barry Commoner, dans son ouvrage fondateur, L’Encerclement, élargit le propos à la société industrielle entière et vulgarise l’écologie politique. Enfin, en 1972, le Club de Rome avertit solennellement l’opinion mondiale des « limites de la croissance » et des catastrophes écologiques à venir, prophétie vite réalisée par la crise du pétrole.

L’écologisme est alors pleinement constitué et très largement diffusé dans les opinions publiques occidentales. Lire la suite

Deuxième appel à propositions de Life+

Depuis le 15 juillet, la Commission européenne appelle les acteurs intéressés à transmettre leurs propositions dans le cadre du deuxième appel à projets Life+ 2008.

Le présent avis couvre les thèmes suivants :

1. LIFE+ Nature et biodiversité

Objectif principal : protéger, conserver, restaurer, surveiller et faciliter le fonctionnement des systèmes naturels, des habitats naturels et de la faune et de la flore sauvages, en vue d’enrayer la perte de biodiversité, y compris la diversité des ressources génétiques, au sein de l’Union européenne, et ce pour 2010.

2. LIFE+ Politique et gouvernance en matière d’environnement

Objectifs principaux :

Changement climatique : stabiliser les concentrations de gaz à effet de serre de sorte que le réchauffement mondial ne soit pas supérieur à 2 degrés Celsius.

Eau : contribuer à l’amélioration de la qualité de l’eau Lire la suite

Le portail de l’éco-innovation en Aquitaine

Le portail de l’éco-innovation en Aquitaine sera présenté au salon Pollutec du 2 au 5 décembre 2008. Cette action, entièrement financée par le Conseil Régional et conduite par la Chambre Régionale de Commerce et Industrie Aquitaine, vise à valoriser les éco-entreprises de la région.

L’environnement se situe aujourd’hui au coeur de la stratégie d’entreprise, tant au niveau du développement de nouveaux produits ou procédés plus respectueux que dans la gestion des déchets, effluents et résidus de production. Lire la suite