Europe écologie : Manifeste pour un nouveau cours écologique et social

europe-ecologie.fr, octobre 2010

http://www.europe-ecologie.fr/2010/09/20/manifeste-pour-un-nouveau-cours-ecologique-et-social/comment-page-6/#comments

Manifeste pour un nouveau cours écologique et social

L’humanité est aujourd’hui devant un choix qui détermine son avenir. Un choix à assumer collectivement et qui requiert, en outre, l’implication de chacune et de chacun. Sous l’impact d’un système aveuglément productiviste et violemment inégalitaire, le train du progrès s’égare. Il faut de toute urgence le remettre sur une autre voie. C’est le sens de l’engagement des écologistes et leur responsabilité, ici et maintenant : ils refusent d’assister passivement au scénario d’une nature qui s’épuise et de sociétés qui se désagrègent ; ils veulent, en association avec les forces vives de la société et les partenaires politiques susceptibles de partager l’essentiel de leur projet, tracer une nouvelle ligne d’horizon sur la base d’une démarche de transition réaliste.

Tel qu’il s’applique, le système de création et de redistribution des richesses ne fonctionne plus. Retournement inédit qui, d’un même mouvement, précipite prédations du vivant et déchirures sociales, déséquilibres et discriminations, pollutions et récessions. Ce bouleversement majeur épuise les ressources aussi bien qu’il creuse les inégalités et déprime les consciences, dressant la biosphère contre les êtres humains et les êtres humains entre eux. Au point que le spectre d’un collapsus historique sans précédent hante l’avenir : celui d’un déclin écologique, économique et social brutal et simultané.

Néanmoins, une aspiration grandissante à refuser la défaite de l’Homme émerge partout dans le monde.

Une multitude d’initiatives entame le modèle dominant et ouvre des voies nouvelles. C’est l’autre visage de la mondialisation et il concerne tous les peuples, toutes les cultures. De nombreux acteurs et actrices de la société et des communautés locales cherchent et trouvent des issues. Ils interviennent dans toutes les couches de la société. Ce sont souvent ceux et celles que la crise fragilise en premier. Ils résistent, s’organisent, innovent, multiplient les initiatives. Chacun et chacune à leur façon, dans leur discipline, leur quartier ou leur village, ils esquissent les contours d’une alternative globale porteuse d’avenir. Des hommes et des femmes luttent et s’engagent, et c’est le seul espoir tangible, le seul point d’appui pour inverser le cours des choses.

Un choc sans précédent

Car les crises n’ont plus de limites. Elles surgissent dans tous les domaines de l’environnement et des activités. Elles se cumulent et s’alimentent pour mettre à nu un système en déroute. Nous sommes parvenus à ce moment clé où la croissance, moteur de l’histoire moderne, a atteint la frontière du possible. L’insoutenable est là, inscrit dans les réalités physiques de la planète et les souffrances des populations : les modes de production et les standards de vie, indexés sur l’imaginaire de la démesure et la boulimie des privilégiés, soumis à la surenchère de la marchandisation et de l’endettement massif, entraînent une consommation de ressources excédant leurs capacités de renouvellement. Elles provoquent un déséquilibre majeur des fondamentaux de la vie et de la culture.

Les conséquences sont sans appel : les modèles économiques et les pactes sociaux d’hier ne résistent pas aux sols qui s’épuisent, aux fleuves et aux mers qui se dépeuplent, aux forêts qui reculent et aux déserts qui avancent, aux séquences brutales d’inondations et de sécheresses, à la disparition des biotopes et à l’érosion de la diversité des espèces, à l’empoisonnement des airs et des eaux.

Déjà, dans les prémisses du chaos énergétique, climatique, alimentaire et sanitaire, dans la mise à sac des biens communs et publics que les logiques financières et marchandes provoquent, un nouveau monde émerge avec Lire la suite

Yves Cochet : Quel projet pour Europe Ecologie ?

lemonde.fr, Yves Cochet, député de Paris (Verts), ancien ministre, le 16 août 2010

http://abonnes.lemonde.fr/idees/article/2010/08/16/quel-projet-pour-europe-ecologie_1399408_3232.html#ens_id=1400349

Quel projet pour Europe Ecologie ?

La situation se résume en une phrase : l’économie mondiale se contracte tendanciellement, mais personne ne pense ou ne gère cette décroissance-là. Ou en une autre phrase : aucun gouvernement, aucune organisation internationale (FMI, OCDE…), aucun institut universitaire établi ne publie d’étude qui ne prévoit pas un retour à une croissance économique continue.

Comment expliquer cet aveuglement général autrement que par l’attachement irrationnel des dirigeants économiques et politiques à la croissance comme panacée universelle ? Bien que l’hypothèse de la décroissance objective – correspondant fidèlement aux faits matériels (déplétion des ressources, catastrophes écologiques) – soit plus explicative du mouvement réel du monde que toute théorie de la reprise possible, les responsables de droite comme de gauche continuent d’imaginer des plans à l’ancienne pour retrouver la croissance perdue.

L’unique politique publique mise en œuvre partout, de type keynésien, est de gagner du temps en imprimant plus de monnaie ou en empruntant plus pour quelque relance, en espérant qu’une nouvelle croissance future permettra de rembourser les dettes présentes. Cela marchait jadis, ça ne marche plus aujourd’hui : nous vivons l’époque où la croissance rencontre les limites de la planète.

Les évolutions aux Etats-Unis illustrent notre propos. La récession promet une fin d’année difficile pour le peuple américain, alors même que la « relance » du président Obama est censée être à son apogée. Malgré le maquillage des statistiques par Washington, la dégradation de la situation des ménages se poursuit : le chômage réel est de l’ordre de 20 %, les saisies immobilières continuent, le surendettement s’accroît, le déficit fédéral et celui des Etats se creusent. Comme en Grèce, mais avec un tout autre retentissement international, le gouvernement Obama sera bientôt contraint à un plan d’austérité budgétaire et à une hausse de la pression fiscale. Le mythe de l’indestructible croissance américaine s’effondrera et, avec lui, la majeure partie du système financier international.

C’est dans ce paysage de décroissance que doit s’élaborer le projet d’Europe Ecologie pour la décennie 2010-2020, autour de trois exigences : dire la vérité, garantir la justice, proposer une vision.

Nous n’aimons pas la vérité. Mais les faits n’ont que faire de notre déni. Les sombres perspectives économiques et, surtout, l’immensité du désastre écologique et géologique qui s’avance doivent être reconnues, partagées et diffusées par toute formation politique sérieuse, c’est-à-dire débarrassée de l’hypocrisie de programmes qui se résument tous à : « Votez pour nous, ça ira mieux demain. » S’il est une « politique autrement », sa première qualité est d’annoncer le plus probable – une longue récession -, non de vendre une illusion – la croissance retrouvée.

Dans cette optique, on ne pourra éviter le chaos social que par Lire la suite

Pour Hervé Le Treut « Le réchauffement correspond à ce qu’on avait prévu »

sudouest.fr, Jacques Ripoche, le 3 août 2010

http://www.sudouest.fr/2010/08/03/le-rechauffement-correspond-a-ce-qu-on-avait-prevu-152617-4585.php

« Le réchauffement correspond à ce qu’on avait prévu »

Pour Hervé Le Treut, il ne faut pas confondre événement saisonnier et tendance longue. Mais la théorie du réchauffement se vérifie de plus en plus.

« Sud Ouest ». Sécheresse et canicule exceptionnelles en Russie et vague de froid en Argentine sont-elles des signes du réchauffement climatique, comme certaines organisations écologistes le prétendent ?

Hervé Le Treut. On ne peut pas, d’un côté, dire qu’il existe une différence entre l’évolution climatique et les fluctuations saisonnières et, de l’autre, affirmer dès qu’il y a un été chaud, voilà le réchauffement climatique qui arrive ! Il faut vraiment séparer les échelles de temps. D’une part, il y a des mouvements qui sont à l’œuvre sur des décennies : ce sont les évolutions climatiques. D’autre part, il y a des évolutions naturelles qui se manifestent très fortement depuis quelque temps. Tout le travail de la climatologie est d’arriver à savoir si on rajoute aux fluctuations naturelles des composantes d’évolution du climat. Mais cela ne se constate pas sur une saison. Il nous faut regarder le tableau complet en remontant sur dix, vingt, trente ans en arrière.

Que nous dit le tableau complet ?

Il nous dit que l’on est dans une concordance très grande avec l’idée que les gaz à effet de serre ont commencé à modifier le système climatique. Il y a, par exemple, des évolutions fortes dans les régions polaires qui se manifestent par un rétrécissement de la banquise en été. Mais c’est tout un ensemble de paramètres qu’il faut considérer pour construire une image cohérente. Pas seulement la température moyenne et l’amplitude des glaces.

Quels sont ces paramètres ?

Il y a les précipitations. L’évolution des précipitations, quand on les prend localement ou saisonnièrement, paraît quelque peu erratique. On ne voit pas grand-chose. Puis on commence à faire des statistiques. On s’aperçoit alors, sur la durée, que des zones équatoriales et de moyenne altitude deviennent plus humides, des zones désertiques encore plus sèches. Il faut prendre en compte aussi des éléments comme l’évolution des dates de floraison, des dates de récolte. D’une manière générale, au début, on avait des prévisions de réchauffement qui étaient théoriques. Mais quand on regarde sur plusieurs décennies, on s’aperçoit que cela correspond à ce que l’on avait prévu.

Vers quel barreau de l’échelle des scénarios du Giec (Groupement intergouvernemental d’experts sur les évolutions du climat) se dirigerait-on ?

Cela dépend des émissions de gaz à effet de serre dans le futur. En gros, il y a une inertie du système. Autrement dit : que l’on augmente les gaz à effet de serre ou qu’on les réduise maintenant, cela ne changera pas fortement ce qui va se passer dans les dix ou vingt prochaines années. C’est plus tard que l’on mesurera le niveau du réchauffement, sur une échelle qui va de 2 à 6 degrés. Ça dépendra beaucoup de nos émissions. Donc, l’homme peut encore agir.

Une étude récente annonce que le climat de Séville Lire la suite

Comment le faux scandale du Climategate s’est dégonflé

rue89.com, Sylvain Biville, le 8 juillet 2010

Comment le faux scandale du Climategate s’est dégonflé

Une commission d’enquête réhabilite les chercheurs de l’université d’East Anglia, accusés d’avoir manipulé des données.

 (De Londres) Après six mois d’enquête, une commission indépendante blanchit les scientifiques britanniques accusés à tort d’avoir manipulé les données sur le réchauffement de la planète.

Trop tard. Le pseudo scandale a contribué à faire capoter le sommet de Copenhague et a réussi à semer le doute sur le rôle de l’homme dans les changements climatiques.

Depuis huit mois, les chercheurs de l’université d’East Anglia vivaient comme des parias. Ils peuvent désormais relever la tête. La commission d’enquête indépendante sur « l’affaire des e-mails » les dédouane de toute pratique frauduleuse.

« Leur rigueur et leur honnêteté ne peuvent être mises en doute » affirment les auteurs de ce rapport très attendu, publié ce mercredi. Le document est censé mettre un point final à l’un des épisodes les plus désolants de la lutte contre le changement climatique.

Le « Climategate » a plombé le sommet de Copenhague fin 2009

Le prétendu scandale, baptisé « Climategate », débute en novembre 2009, lorsque plusieurs centaines d’e-mails privés de membres de l’Unité de recherche climatique (CRU) de l’université d’East Anglia se retrouvent mystérieusement en ligne. Ce prestigieux laboratoire, basé à Norwich, à 170 kilomètres au nord-est de Londres, est réputé pour ses mesures de la température mondiale.

Le CRU a donc un rôle éminemment stratégique. Ses données servent de base aux rapports du Groupe intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec), l’instance suprême chargée de prédire l’avenir de la planète.

Dans un des e-mails, daté du 16 novembre 1999, le chef du CRU se vante d’avoir trouvé une « ruse » pour « dissimuler la baisse » d’une courbe de températures.

Avec ces trois mots, extraits d’une correspondance frauduleusement piratée, les climatosceptiques pensent avoir trouvé la preuve irréfutable d’un complot mondial contre le mode de vie à l’occidentale.

Sarah Palin et la théorie du complot des climatosceptiques

Sarah Palin s’auto-proclame égérie de la coalition hétéroclite des « négationnistes », qui nient le rôle de l’homme dans le réchauffement de la planète. Le 9 décembre 2009, au moment où s’ouvre le sommet de Copenhague, l’éphémère candidate à la vice-présidence américaine écrit dans le Washington Post :

« Le Climategate met au jour un cercle scientifique hautement politisé. […] Ce scandale remet en cause les propositions qui sont sur la table à Copenhague. J’ai toujours pensé qu’un programme de gouvernement devait se baser sur une science solide, pas sur des jugements politiques. […]

Nous ne pouvons pas dire avec certitude que les activités humaines sont Lire la suite

Dossier VertigO : Ethique et Environnement à l’aube du 21ème siècle : la crise écologique implique-t-elle une nouvelle éthique environnementale ?

vertigo.revues.org, juin 2010

VertigO – La revue électronique en sciences de l’environnement –

Parution du Vol10 N°1

Dossier : Ethique et Environnement à l’aube du 21ème siècle : la crise écologique implique-t-elle une nouvelle éthique environnementale ?

L’équipe de rédaction de [VertigO] – La revue électronique en sciences de l’environnement est fière de lancer son Vol10 N° 1.

L’éthique de l’environnement apparait comme une caractéristique principale des sciences de l’environnement, la démarquant de l’écologie, des sciences de la terre et de l’atmosphère ou de la géographie. Dans leur ouvrage, « Deliberative Environmental Politics: Democracy and Ecological Rationality » publié en 2005, les chercheurs Baber et Bartlet stipulent que l’éthique est la base même des questions environnementales. En effet, l’éthique de l’environnement doit répondre de manière pertinente à la façon dont les humains et la société font face aux problèmes environnementaux. Ce dossier de [VertigO] – la revue électronique en sciences de l’environnement publie des textes abordant ce défi par des réflexions théoriques ou appliquées.

Ce dossier regroupe 13 textes touchant tout autant l’éthique du paysage, l’éthique économique, l’éthique environnementale de la gestion des ressources que l’étique de la gouvernance. Il a été coordonné par quatre rédacteurs (trices) associés (es) soit, Sylvie Ferrari (Université Bordeaux 4), Jean-Yves Goffi (Université de Grenoble), Marie-Hélène Parizeau (Université Laval) et Jean-Philippe Pierron (Université Lyon 3).

Pour consulter le dossier : http://vertigo.revues.org/9383

Ce numéro inclut aussi deux textes dans la section courante de la revue soit les textes d’A. Torre et al. d’AgroParistech et de l’INRA s’intitulant Comment évaluer et mesurer la conflictualité liée aux usages de l’espace ? Eléments de méthode et de repérage (http://vertigo.revues.org/9590) et celui de P. Pigeon de l’Université de Savoie qui porte sur les risques naturels et leurs évaluations (http://vertigo.revues.org/9491)

Les textes sont consultables à partir de la page d’accueil de la revue : http://vertigo.revues.org ou à http://vertigo.revues.org/9383

[VertigO] La revue électronique en  sciences de l’environnement est soutenue notamment par Lire la suite

Biosphère INFO n° 241, urgence écologique, urgence démocratique

Biosphère INFO n° 241, urgence écologique, urgence démocratique

info à faire circuler sans modération

pour nous écrire, biosphere@ouvaton.org

Ecorev est une revue critique d’écologie politique qui mérite la lecture, d’autant plus que la multiplicité des intervenants permet toujours de trouver du grain à moudre. Voici quelques extraits du dernier numéro paru :

Bruno Latour : Remettre les non-humains au cœur de la politique

C’est quand la nature comme cadre extérieur a commencé à manquer, que l’écologie est devenue de plus en plus visible. L’idée que l’appel à la nature va simplifier ou réorienter la politique n’a donc pas grand sens. Mais par quelle étrangeté de l’histoire a-t-on pu penser que la politique, c’était une affaire d’humains entre eux, lorsque de tout  temps et dans tous les peuples on a toujours eu affaire simultanément aux humains et aux non-humains et que la politique a toujours été aussi une définition du cosmos, une façon de concevoir les liens entre les humains et les non-humains. Après Kyoto et maintenant Copenhague, tout le monde comprend maintenant que les non-humains sont entrés en politique par le truchement de leurs innombrables porte-parole.

Il faut bien comprendre cette idée de porte-parole : cela veut dire qu’il n’y a jamais de rapport simple et direct, mimétique entre celui qui parle et ce dont il parle. En politique classique, les humains parlent par l’intermédiaire de leurs représentants, directs ou indirects. Les scientifiques parlent pour les choses qu’ils sont chargés de représenter dans ces nombreux quasi-parlements qui se sont créés autour de tous les sujets de controverses – le climat, les antennes relais, les éoliennes, le thon rouge, le H1N1, les exemples ne manquent pas. Personne n’a jamais cru que quand les chercheurs disent « les faits parlent par eux-mêmes », ce soit littéralement vrai. Les faits parlent par leur intermédiaire, et les scientifiques sont souvent divisés. On est dans des parlements et c’est un peu la foire puisque tous les porte-parole disent ce que diraient les choses dont ils parlent si elles pouvaient parler !

Il faut donc repenser totalement la fonction politique pour retrouver des règles d’autorité, de procédure, de débats par lesquels nous pouvons décider, en fin de compte, dans quel monde commun nous voulons vivre. Il faut parvenir à clore les controverses tout en acceptant cette multiplication des porte-parole… la décision arrive à la fin, pas au début. Et même après, la discussion continue. Mais on a décidé et on doit pouvoir prendre des mesures, par exemple sur le réchauffement climatique.

Les systèmes autoritaires se préoccupent aussi peu des humains que des non-humains. La crainte d’un autoritarisme fondé sur l’écologie n’est agité que par ceux qui protègent leurs propres positions politiques de toute critique. Le danger ne serait réel que si les écologistes étaient liés à la Nature avec un grand N et qu’ils disaient : « La nature m’a parlé directement, elle veut ceci, donc faites-le ». mais la scène des controverses écologiques montrent exactement le contraire : c’est une extension formidable du « système délibératif » qui donne souvent le tournis. Il nous faut inventer les procédures, les instruments qui permettent de s’y orienter et de retrouver, en fin de compte, un principe d’autorité qui soit légitime.

Hervé Kempf : un capitalisme détaché de la démocratie

Afin de prévenir la réalisation de la catastrophe, Hans Jonas préconise de renoncer à la prospérité au bénéfice d’autres parties de l’humanité et d’adopter la fin nullement reluisante de l’auto modération de l’humanité. Comment, en démocratie, faire ce choix ? Des sacrifices ne sont imaginables que si l’on est inspiré par une vision du long terme. Jonas pensait que « seule une élite peut éthiquement et intellectuellement assumer la responsabilité pour l’avenir », mais il n’excluait pas l’option démocratique, à condition qu’elle soit animée par Lire la suite

La crise éducative, symptôme et creuset de la crise sociétale, par Anne Fremaux

lemonde.fr, Anne Frémaux, le 5 avril 2010

La crise éducative, symptôme et creuset de la crise sociétale, par Anne Fremaux

On recommence à parler aujourd’hui, après des années d’occultation, de la violence à l’école. Sans doute, ce problème est-il devenu trop évident pour qu’on continue à l’éluder et à faire comme si tout était « pour le mieux dans le meilleur des mondes » au sein de nos écoles. Celles-ci ne sont plus les sanctuaires dont on parlait autrefois. Bien au contraire, elles sont devenues les vitrines d’un mal-être sociétal « global », mal-être dont l’école est en partie victime et en partie responsable dans la mesure où elle ne remplit plus son rôle d’éducation à la pensée et à la citoyenneté. En plaçant « l’élève » et non plus le « savoir » au centre des préoccupations éducatives, les artisans des réformes pédagogistes avaient cru résoudre le problème en jouant sur les mots, comme si la question n’était que sémantique. L’élève ou plutôt « l’apprenant » n’a jamais été aussi pris en considération formellement et pourtant, jamais il ne s’est senti aussi factuellement abandonné.

Les « décideurs », en faisant primer l’économique sur toute autre valeur, en laissant la laideur (publicité, bétonnage, cités…) s’installer dans les villes et les campagnes, en laissant les enfants grandir devant des écrans de verre où violence, médiocrité, cynisme et pornographie se font concurrence, ont contribué à accentuer cet état de déréliction et de désolation morale que connaît actuellement la jeunesse. Que peuvent espérer nos jeunes d’une société dont le rêve se confond avec celui d’une marchandisation totale des corps et des esprits, dont le seul projet est la reconduction infinie des besoins matériels et où l’instrumentalisation économique des connaissances conduit à l’évacuation de la littérature, de l’histoire, des langues anciennes et de la poésie ? Quels espoirs, quels rêves donnons-nous à cette jeunesse qui ne se reconnaît pas dans le monde que nous construisons à coups de croissance, de PIB, de visées exclusivement quantitatives ? Comme le disait un slogan de Mai-68 « on ne tombe pas amoureux d’un taux de croissance »…

Hannah Arendt, dans un texte célèbre – La Crise de la culture, qui n’a pas perdu de sa vigueur –, s’interroge sur ce que la crise de l’éducation révèle de notre société. Loin d’être un symptôme isolé, local, elle traduit la désorientation d’un monde tourné exclusivement vers des buts marchands, des valeurs individualistes (au détriment du collectif), vers le faire-savoir plutôt que vers le savoir. La préoccupation principale des familles est alors que leurs gamins « s’en sortent », quel que soit le moyen : « Star Ac », « Nouvelle Star », football, peu importe ! Les enfants ont parfaitement compris le dogme utilitaire qui régit notre société. En témoignent un tag dans une école primaire qui énonce ainsi sa rage : « On s’en fout de votre école, on veut des thunes » ou encore le leitmotiv, prétendument critique, inlassablement opposé aux professeurs de philosophie : « La philosophie, on s’en fiche, ça ne sert à rien ! » Les téléphones portables et les I-phone s’échangent dans les cours de récré et dans les salles de classe ; c’est à qui aura le survêt le plus cher ou la casquette la plus « tendance », le dernier chic étant de laisser l’étiquette apparaître pour que le prix soit directement visible. Dans certaines classes, impossible de faire un cours de philosophie sur l’art sans analyser la panenka de Zidane en finale de la coupe du Monde, la figure de l’artiste étant définitivement circonscrite, aux yeux de certaines classes sociales, au footballeur ou à la star du show biz.

La mode du débat participatif a rendu le rapport au savoir difficile : tout le monde a le droit de donner son avis (« à chacun ses opinions ») et certains ne voient pas pourquoi ils s’obligeraient à la lecture de tel ou tel auteur qui contredit le leur : pourquoi lire Le Dernier Jour d’un condamné, de Victor Hugo ou le discours de Robert Badinter à l’Assemblée nationale, quand on est résolument partisan de la peine de mort ? C’est là le résultat inévitable d’une relativisation des sources du savoir et de la réduction de la fonction de l’enseignant à celle d' »animateur pédagogique ». Réussite éducative, crieront certains ! L’élève s’est enfin émancipé de la tutelle de l’enseignant pour penser par lui-même. Sauf que tout comme la liberté, la pensée n’est pas une « donnée immédiate », mais nécessite médiation, travail et apprentissage.

L’autonomie, comme l’indique son étymologie (auto-nomos), n’est pas la capacité de faire ou de penser tout ce qui nous passe par la tête, mais bien au contraire de Lire la suite

Face aux enjeux de la technoscience : notre démocratie sommée de se métamorphoser

mediapart.fr, Xavier Thibert, le 7 mars 2010

Face aux enjeux de la technoscience : notre démocratie sommée de se métamorphoser

Selon Dominique Bourg, philosophe et directeur de l’Institut des politiques territoriales et de l’environnement humain, la démocratie moderne serait atteinte de cécité : pour retrouver un regard responsable sur le long terme, le système représentatif de nos démocraties est sommé de se métamorphoser. Dans cet objectif, de nouveaux contours institutionnels, de nouvelles pratiques doivent émerger, notamment pour mettre des limites aux manipulations et contrôles technologiques. Avec une nouvelle approche des institutions démocratiques plus participatives et délibératives, Dominique Bourg nous propose de construire une véritable  » démocratie écologique « .

Le système représentatif de nos démocraties peut-il aborder le développement à long terme de nos sociétés ?

Aujourd’hui, le système de gouvernement représentatif est trop fixé sur le court terme : nos démocraties sont caractérisées, pour reprendre une expression de Pierre Rosenvallon, par  » une myopie vis-à-vis du futur « . Le mot d’ordre de la démocratie moderne est : j’obéis au présent. Nous sommes là pour jouir au présent et le temps démocratique devient une espèce d’éternel présent, sans passé ni futur. Avec ce mot d’ordre, la question du futur est mise aux oubliettes faute de personnes pour la représenter. Du coup, notre système n’est pas en mesure d’apprécier et de répondre aux problèmes environnementaux qui se pose sur le long terme.

Pourquoi cette impuissance ?

Cela tient principalement au fait que c’est le marché qui décide de tout. Nous n’avons aucune prise sur les logiques économiques et sur l’influence qu’elles exercent sur notre vie quotidienne par l’intermédiaire des nouveaux objets produits par les sciences et les techniques. Regardez le problème des OGM, ce n’est pas les citoyens qui ont décidé, c’est un système économique qui a dit :  » tu auras ça dans ton assiette et tu le mangeras « .

Pour vous, pas de doute, le principe du gouvernement représentatif est prisonnier de logiques économiques pernicieuses.

Le principe du gouvernement représentatif ne peut plus jouer le rôle qu’il a joué dans le monde classique, au XIXème et dans le première partie du XXème siècle car aujourd’hui l’innovation scientifique et technique obéit à une logique économique qui est la logique de croissance du PIB. On sait très bien maintenant que le développement de la technoscience est complètement déconnecté de la poursuite du bonheur, du bien-être ou de la satisfaction des citoyens. C’est une espèce de machine économique internationale qui nous dépasse et semble nous écraser. Dans certain cas, l’innovation scientifique et technique est bien reçue, pensez aux gens qui se précipitent pour avoir la dernière génération de l’i phone. Sur d’autres aspects, elle peut être très contestée, regardez le débat public sur les nanotechnologies. Je pense que c’est une situation qui va nous échoir pendant longtemps.

Quelles solutions proposez-vous ?

Nous n’avons plus le choix : il faut reprendre en main Lire la suite

Climat, tabac : une même stratégie de dénigrement de la science

lesechos.fr, Jeffrey D. Sachs, le 1er mars 2010

Jeffrey D. Sachs est professeur d’économie et directeur de l’Institut de la terre (Columbia University)

Climat, tabac : une même stratégie de dénigrement de la science

Depuis, et avant même, la conférence de décembre à Copenhague sur le changement climatique, les critiques se sont multipliées contre la communauté scientifique.  Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) a été accusé d’avoir fait preuve de partialité. Ce qui a suscité une certaine émotion dans l’opinion publique. S’il n’y a pas d’accord sur l’existence d’une crise climatique, pourquoi alors dépenser des milliards pour sauver la planète ? 

Ces critiques existent pourtant depuis longtemps. La tactique, qui a été affinée pendant plus de vingt-cinq ans, consiste à faire croire que d’importants désaccords existent afin d’empêcher toute action contre le réchauffement climatique. Le tout financé par des groupes d’intérêt comme Exxon.

Un ouvrage à paraître prochainement, « Merchants of Doubt » (les marchands du doute), de Naomi Oreskes et Erik Conway, s’intéresse aux petits jeux des « climato-sceptiques ».  Selon les auteurs, le même groupe d’agitateurs a constamment essayé de discréditer les travaux sur le réchauffement climatique.

Ceux qui aujourd’hui plaident pour l’inaction face au réchauffement climatique sont en général soutenus par les mêmes groupes de pression, les mêmes organisations qui hier défendaient les fabricants de tabac en discréditant le travail scientifique établissant un lien entre cigarette et cancer. Ensuite, les mêmes s’attaquèrent à ceux qui, scientifiquement, démontraient que les rejets des centrales à charbon étaient à l’origine des « pluies acides ». Ce qui est incroyable : c’est que, même sans fondement, ces critiques continuent de semer le doute. La vérité c’est qu’il y a beaucoup d’argent derrière les détracteurs du changement climatique, que ce soit des entreprises qui ne veulent pas payer le coût de nouvelles réglementations, que ce soit des idéologues de l’économie de marché qui s’opposent à toute forme de contrôle de l’Etat.

La dernière salve s’articule autour de deux épisodes. Le premier est le piratage du système informatique d’un centre de recherche en Angleterre. Les courriels détournés suggèrent un manque de bonne foi dans la présentation de certaines données climatiques. Quels que soient les détails de ce cas particulier, les études en question ne représentent qu’une infime partie de l’ensemble imposant de preuves prouvant la réalité et l’urgence du changement climatique dû à l’activité humaine.

Le second épisode fut une grossière erreur à propos des glaciers apparue dans une étude du Giec. Il faut savoir que le Giec peut, parfois, se tromper. Mais il s’agit plus de la preuve de l’imperfection de la nature humaine que de défauts fondamentaux dans la recherche. A la suite de ces révélations, une violente campagne a été lancée dans le « Wall Street Journal ». Ces critiques prétendent que les scientifiques fabriquent des preuves pour obtenir des fonds publics pour la recherche. Une accusation sans fondement, avais-je d’abord pensé, car ces chercheurs ont voué leur vie à la quête de la vérité et n’ont certainement pas amassé des richesses comme celles des financiers.

Mais l’un de leurs arguments – sur la conspiration visant à se rallier le monde des affaires – est identique à celui mis en avant par le passé pour le tabagisme, actif et passif, le trou dans la couche d’ozone, les pluies acides…  

L’objectif de ces idéologues, de ces « think tanks » conservateurs est le même : Lire la suite

GIEC dénigré, Copenhague déraillé – Le message dérange, visez le messager

lemonde.fr, Alain Brunel, le 1er mars 2010

GIEC dénigré, Copenhague déraillé

Sociologue des organisations chez Technologia, à Paris, et cofondateur de l’Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique

Pendant que la fonte des glaces s’accélère, les sceptiques, négateurs et manipulateurs de tout acabit font flèche de tout bois. Le message dérange, visez le messager. Piratage sophistiqué de dix ans de courriels des climatologues de l’université East Anglia (le prétendu « Climategate ») ; dénigrement du Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (GIEC) par l’Arabie saoudite dès le premier jour du sommet de Copenhague ; échec de ce sommet où, finalement, les Etats se fixent des objectifs insuffisants pour contenir le réchauffement moyen à + 2 °C et même, pour le Canada, en retrait sur ses précédents « engagements » (!) ; révélation d’une grossière erreur relative au rythme de fonte des glaciers himalayens dans le dernier rapport du GIEC et atteintes à la réputation de son président ; certains faiseurs d’opinion sautent sur l’occasion pour insinuer que tous les propos du GIEC seraient douteux, à l’instar de l’essayiste Guy Sorman, qui ose parler d' »idéologie réchauffiste » à l’émission « Vous aurez le dernier mot » de Franz-Olivier Giesbert. Et il suffit d’une accumulation de neige exceptionnelle sur Washington ou d’une vague de froid et de neige relativement rare en Europe et Adios Global Warming ! Les chacals borgnes sont lâchés…

Les négateurs font douter de plus en plus de gens de la menace climatique, tandis que la réalité des faits dépasse les pronostics scientifiques les plus pessimistes. On croirait rêver. Beau travail de propagande. Mission accomplie pour les agents du Climate Crash ?!

CES VÉRITÉS QUI DÉRANGENT

J’appelle « agents du Climate Crash », ou « climato-crashistes », ceux dont les actions ont pour but ou pour conséquence d’empêcher la mise en place d’un processus international efficace de réduction des gaz à effet de serre (GES) fondé sur les recommandations scientifiques. Soyons clair : des incertitudes subsistent bien évidemment dans la compréhension de dynamiques aussi complexes que celles du climat planétaire. Mais le déni des vérités scientifiques déjà acquises et le refus d’agir résolument dès maintenant aggraveront les bouleversements climatiques et biologiques annoncés aussi sûrement que le jour succède à la nuit et le printemps à l’hiver. C’est de la science dure.

Ainsi, la propriété physique dite d’effet de serre du dioxyde de carbone (CO2) est connue depuis le milieu du XIXe siècle. Toutes choses égales par ailleurs, il est parfaitement logique de penser que l’accumulation de CO2 dans l’atmosphère finisse par la réchauffer. Selon le GIEC, le réchauffement constaté depuis quelques décennies ne peut s’expliquer sans l’action des GES. La dernière décennie a été l’une des plus chaudes jamais recensée, selon l’Organisation météorologique mondiale et, soulignons-le, pendant une période de basse activité du Soleil. Les mesures par satellite indiquent également que l’humidité atmosphérique a augmenté depuis 1998 dans cet air plus chaud, comme le prévoit la théorie. D’ailleurs, les chercheurs du programme Epica sur les glaces des calottes polaires ont établi que les variations de température de l’air sont corrélées avec le niveau de CO2 depuis 800 000 ans… Notez qu’aucune des teneurs en CO2 et en méthane enregistrées au cours des 800 000 ans passés n’a été aussi élevée que celles d’aujourd’hui… Où est l’idéologie ?

L’acidification de l’océan est une menace crainte même par le sceptique Claude Allègre. Elle résulte Lire la suite

On a perdu de vue que notre existence est fondée sur les systèmes vivants

liberation.fr, Eliane Patriarca, le 13 janvier 2010

 «On a perdu de vue que notre existence est fondée sur les systèmes vivants»

Alors que commence l’année de la biodiversité, l’écologue Robert Barbault rappelle sa fragilité :

Lancée officiellement à Berlin lundi par l’ONU, et en France hier à l’Unesco, l’Année internationale de la biodiversité, destinée à mobiliser la communauté internationale, répond à un échec : en 2002, lors du Sommet de la Terre de Johannesburg, les pays membres avaient promis d’enrayer l’érosion de la diversité biologique «d’ici à 2010». L’engagement est resté un vœu pieux. Selon l’Union internationale de conservation de la nature (UICN), un tiers des espèces animales et végétales connues sont menacées d’extinction, à un rythme environ 1 000 fois plus élevé que le taux naturel de disparition, alors même que nous n’avons identifié que 1,8 million d’espèces sur environ 13 millions.

Pourquoi néglige-t-on ce réservoir de ressources essentiel pour le développement des sociétés humaines ? Pourquoi la question du climat sature-t-elle le débat écologique ? «La perte de la biodiversité n’est pas comme le changement climatique dont nous pouvons voir et sentir les impacts (augmentation du niveau de la mer, des tempêtes…), souligne l’UICN. Dans le monde occidental, nous sommes devenus si éloignés de la biodiversité que nous avons oublié à quel point nous l’utilisons dans nos vies quotidiennes, depuis la nourriture jusqu’à nos vêtements, en passant par les médicaments.» Directeur du département Ecologie et Gestion de la biodiversité au Muséum national d’histoire naturelle, Robert Barbault estime que la question de la biodiversité est encore plus complexe que celle du climat.

Quand le mot biodiversité a-t-il été forgé ?

A la fin des années 80, par des biologistes de la conservation qui s’inquiétaient de la disparition des espèces et du peu de cas qui en était fait. L’un d’eux a suggéré le terme «biodiversity» pour désigner l’ensemble du tissu vivant de la planète, tout le réseau de la vie sur Terre. L’entomologiste Edward Wilson l’a repris et propagé comme un drapeau pour attirer l’attention sur cette cause. Le mot est vraiment venu au monde avec le sommet de la terre à Rio de Janeiro en 1992.

On parle de sixième grande crise d’extinction. Y a-t-il consensus parmi les scientifiques ?

Le consensus existe sur l’accélération du taux d’extinction. Mais la communauté scientifique n’est pas unanime sur le fait de parler de sixième grande crise d’extinction [par référence aux cinq recensées au cours des 600 millions d’années écoulées, ndlr]. Les paléontologues, notamment, rappellent que la crise qui a vu s’éteindre les dinosaures, par exemple, s’est étalée sur des centaines de millions d’années. La crise actuelle va beaucoup, beaucoup plus vite. Autre grosse différence : c’est l’homme qui est à l’origine de cette crise et il n’a pas envie de disparaître !

Par quoi la biodiversité est-elle menacée ?

La destruction des milieux et des habitats (déforestation, morcellement du paysage, agriculture intensive) ; la prédation ou la surexploitation de certaines espèces ou ressources ; les invasions d’espèces exotiques, et le Lire la suite

Le père Noël ne passera pas à Copenhague ! ou la gouvernance de l’échec

portaildurisque.over-blog.com, Michel Lesbats, le 23 décembre 2009

Le père Noël ne passera pas à Copenhague ! ou la gouvernance de l’échec

Dans les domaines de la gouvernance globale l’heure était à la remise en cause des modèles dominants : la « réalité » géopolitique, la force, l’économie devait être tempérées par l’écologie et le social au niveau mondial. De plus la crise financière récente  devrait nous inciter à prendre le virage. Le GIEC, MM. Gore et Obama ne venaient ils pas d’obtenir le prix Nobel de la Paix ?

Quelle occasion d’espérer que le monde progresse par « bifurcation » et se mette sur les rails du changement de mentalités et de comportements en se montrant exemplaire au niveau de la gouvernance mondiale. Même l’apparition récente des climato-sceptiques semblait être le dernier sursaut d’une société  « has been  » qui avait vécue et que tout le monde (en Europe) semblait vouloir abandonner.

Quelle erreur collective d’appréciation : il est d’actualité de dire que nous croyions tous au Père Noël– le sommet de Copenhague  a servi de plateforme géopolitique et économique aux hommes d’affaires et aux politiques qui les soutiennent… un G20  pour régler des petits problèmes entre amis, sans se préoccuper de l’intérêt général. Tout le monde, à quelques exceptions près, n’a vu que ses intérêts géostratégiques et s’est intéressé qu’à son « petit commerce » ! Les intérêts particuliers des Etats et/ou des marchands priment, une fois de plus, sur l’intérêt général : espérons que cela ne soit pas une fois de trop !

Quelle déception pour les peuples pragmatiques, quelle victoire pour les gouvernants et les affairistes dominants. La rationalité est désormais du coté des peuples éclairés puisque la diplomatie internationale (ONU) qui devait nous accompagner pour changer le monde a accouché d’une souris.

Les Grands de ce Monde ont désormais perdu toute crédibilité et attitude de rationalité aux yeux des Petits. Comment cela sera – il perçu et analysé dans quelques années par les peuples qui seront inévitablement touchés directement ou indirectement par le réchauffement climatique et ses cascades d’effets associés… cet échec va accentuer le nombre de morts et de réfugiés sur la planète… tout le monde le sait !

Le crime contre l’Humanité  pourrait se découvrir deux nouvelles modalités dans les années qui viennent : l’ « inconscience écologique » et la « délinquance écologique mondiale » qui va tuer des millions de personnes, des espèces de la biocénose et de nombreux écosystèmes qui les hébergent – cette modalité devrait permettre, à terme, de condamner les Grands de la  planète, y compris lorsqu’ils  «auront pêché par omission de prendre des décisions ».

Comment mobiliser et demander aux entreprises et aux citoyens français de consentir et d’accentuer les efforts en matière d’écologie sans les contraindre trop…  alors que d’autres vont ruiner ces efforts en quelques semaines aux Etats Unis, en Chine ou en Inde et que le comportement incontrôlé de ces derniers vont de toutes les façons nous précipiter vers la catastrophe ?

Pas mal d’argent et d’intelligence ont été gaspillé ces derniers temps pour mobiliser les « citoyens éclairés » et organiser le Sommet de Copenhague ; cela aurait été mieux utilisé à la prévention sur le terrain du drame humain qui se prépare.

Le Président Sarkozy lui même pensait que le sommet ne pouvait pas échouer parce que Lire la suite

« On a oublié d’inviter la Terre à la conférence sur le climat »par Michel Serres

lemonde.fr, Michel Serres, philosophe, propos recueillis par Catherine Vincent, le 21 décembre 2009

« On a oublié d’inviter la Terre à la conférence sur le climat »

Professeur à l’université de Standford, Académicien, Michel Serres est l’un des rares philosophes contemporains à proposer une vision du monde qui associe les sciences et la culture. Dans son dernier essai en date, Temps des crises (éd. Le Pommier, 84 p., 10 euros), il retrace les bouleversements qui ont récemment transformé notre condition humaine, et soutient que la planète doit devenir un acteur essentiel de la scène politique. Nous lui avons demandé sa version du sommet de Copenhague.

Douze jours de négociations pour aboutir à un accord a minima : la montagne a accouché d’une souris. Pourquoi un bilan si décevant ?

Copenhague est à la géopolitique ce que les accords de Munich, en septembre 1938, ont été à la politique : un compromis lâche et dilatoire. Mais la comparaison s’arrête là. Si le sommet sur le climat a été un échec, c’est d’abord parce que mettre 192 personnes autour d’une table relève de la grand-messe plus que de négociations véritables. Le problème vient surtout de ce que ces 192 personnes sont des hommes d’Etat, dont la mission première est de défendre les intérêts de leur gouvernement et de leur pays. La politique, c’est son rôle, examine les relations humaines, fussent-elles conflictuelles.

Or, l’enjeu de Copenhague n’était pas les relations humaines, mais le réchauffement de la planète, la fonte des pôles, la montée des eaux, la disparition des espèces. Il s’agit d’un objet qui dépasse l’horizon classique du politique. Ce que montre avant tout le sommet de Copenhague, c’est que les limites du politique, au sens traditionnel du mot, sont aujourd’hui atteintes à un point sans précédent dans l’histoire.

L’échec était donc écrit d’avance ?

Il était en tout cas probable, et pour une raison simple : on a oublié d’inviter à Copenhague un partenaire essentiel, composé d’air, de feu, d’eau et d’êtres vivants. Cette absente, qui n’a encore jamais siégé dans aucun Parlement, je l’appelle la « Biogée », pour dire en un seul mot la vie et la Terre. C’est un pays dont nous sommes tous issus. Qui va représenter ce pays-là ? Quel sera son ambassadeur, quelle langue parlera-t-il ? Cela reste à inventer. Mais nos institutions ne peuvent plus désormais se contenter de jeux à deux. Le jeu de demain doit se jouer à trois : nous ne pourrons plus rien faire sans tenir compte de la Biogée.

Jouer à trois, que voulez-vous dire ?

Il y a un tableau de Goya, Duel à coups de gourdin, qui l’explique très bien. On y voit deux hommes se battre avec des bâtons. De ce jeu à deux, qui va sortir gagnant ? Quand Hegel met aux prises le maître et l’esclave, il donne le résultat de leur lutte (l’esclave devenant le maître du maître), mais il oublie de dire où se déroule la scène. Goya, qui est peintre, ne peut pas se permettre cet oubli, et il situe cette bagarre… dans les sables mouvants. A mesure que les deux hommes se tapent dessus, ils s’enfoncent ! Et voilà pourquoi le jeu à trois, aujourd’hui, devient indispensable.

Les hommes politiques peuvent continuer de gérer leurs conflits de façon stratégique, guerrière ou diplomatique : tant qu’ils oublieront de représenter la Biogée, ils s’enfonceront dans les sables mouvants. A Copenhague, j’aurais voulu que ce tableau soit au milieu de l’amphithéâtre !

« Si le climat était une banque, on l’aurait déjà sauvé », a ironisé le président du Venezuela, Hugo Chavez, durant le sommet. Que vous inspire cette remarque ?

Ce que souligne Chavez, c’est la suprématie qu’a prise l’économie dans la gestion de notre monde. Depuis cent cinquante ans, il est entendu, aussi bien par la gauche extrême marxiste que par la droite la plus pure, que l’économie Lire la suite

Climat : Dans les coulisses des lobbys pétroliers américains

novethic.fr, Béatrice Héraud, le 7 décembre 2009

Dans les coulisses des lobbys pétroliers américains

A l’occasion de la COP 15, France 4 diffuse le 9 décembre un documentaire aussi éclairant qu’inquiétant sur la façon dont les lobbys pétroliers ont influencé la position du gouvernement américain sur le climat pendant l’administration Bush. Alors que le « climategate » fait rage aux Etats-Unis, l’enquête de Paul Moreira nous donne des clés pour mieux comprendre le scepticisme des Américains.

Depuis quelques semaines, le « Climatgate » fait fureur aux Etats-Unis. Cette affaire, qui a finalement moins d’échos en France, est basée sur le piratage de 13 ans d’e-mails échangés par d’éminents scientifiques du Giec. Selon les « climato-sceptiques », ces conversations montreraient que ces climatologues ont cherché à « minimiser le déclin » des températures ces dix dernières années dans le but de renforcer la gravité du changement climatique. Outre-Atlantique, le buzz est tel que les Parlementaires républicains- et certains démocrates- brandissent l’argument du « doute » pour batailler contre le Plan climat d’Obama… A en croire les derniers sondages, ils sont d’ailleurs soutenus par une large frange de la population américaine : selon le Pew Research Center, ils ne seraient plus que 57 % à juger que les preuves du réchauffement sont solides et scientifiquement prouvées.

Pour comprendre pourquoi ces thèses ont tellement de résonnance aux Etats-Unis, le documentaire de Paul Moreira, « Enfumés », diffusé sur France 4, est particulièrement intéressant. Il montre comment les lobbys pétroliers, automobiles, énergétiques, etc, réunis dans ce que les écologistes appellent le « carbon club », se sont infiltrés au cœur même du gouvernement américain, faisant perdre 10 à la lutte contre la réduction des émissions de gaz à effets de serre. ExxonMobil aurait ainsi distribué près de 16 millions de dollars entre 1998 et 2005 à un réseau composé d’une quarantaine de think tanks et de lobbyistes. Si Exxon a ensuite commencé à admettre la réalité des changements climatiques, le retard qu’il a pris sur cette question a fait douter ses plus grands actionnaires. En mars 2006, 17 fonds de pensions américains contrôlant 110 millions d’actions de l’entreprise, avaient demandé à être reçus par le président du groupe pour évoquer sa stratégie sur ces questions.

Petit retour en arrière. En décembre 1997, au sommet de Kyoto, le vice-président Al Gore « prononce une phrase qui sonne comme une déclaration de guerre », commente Paul Moreira : «  Dans mon pays, nous nous souvenons des industriels du tabac qui nous expliquaient que fumer n’était pas mauvais pour la santé. A ceux qui vont chercher à faire obstruction à notre démarche, nous disons : nous ne vous laisserons pas mettre des intérêts privés étroits au dessus de ceux de toute l’espèce humaine… » Et pourtant, à son retour, le Congrès désavouera son engagement sur le protocole de Kyoto…

Les lobbys au cœur de l’administration

Mais c’est pendant les années Bush, où rappelons-le, au moins trois des dirigeants du pays – le Président lui-même, le vice-président Dick Cheney et la secrétaire d’Etat Condoleeza Rice- venaient de l’industrie pétrolière, que ces agents d’influence vont avoir la voie libre pour diffuser massivement leur thèse. Des lois aussi aberrantes que celle permettant Lire la suite

Copenhague : Le mouvement altermondialiste promis à un bel avenir !

copenhague.blogs.liberation.fr, Ronack Monabay (UCJS : Urgence climatique, justice sociale), ; le 13 décembre 2009

Le mouvement altermondialiste promis à un bel avenir !

La manifestation internationale du 12 décembre a été un succès. Plus de 100.000 personnes du monde entier se sont jointes à cette mobilisation unitaire. Au total, 538 organisations de 67 pays ont répondu à l’appel. C’est sous un soleil bienvenu, que le cortège coloré, et son lot de vélos comme c’est la tradition au Danemark, s’est rendu au Bella Center, lieu des négociations officielles. On pouvait lire sur les banderoles et les pancartes de nombreux slogans radicaux tournant autour de l’idée suivante: «Climate Justice means System Change not Climate Change».

On m’a demandé à plusieurs reprises, en tant que membre de l’équipe organisatrice du Klimaforum09, de m’exprimer sur la répression injustifiée qui a eu lieu lors de cette manifestation. Mais se limiter à ces seuls aspects conduirait à se détourner d’une mobilisation massive de fond et des vrais enjeux climatiques qui se jouent à Copenhague, en insistant encore et toujours sur les relations entre police et manifestants. Ce n’est pas un hasard si dimanche pour la première fois les écrans du Bella Center ont diffusé en continu des images de l’extérieur (et non pas des conférences comme c’est le cas habituellement), en l’occurrence celles des arrestations, comme pour assener l’idée que les mobilisations citoyennes sont vouées aux débordements et nier les messages portés des heures durant dans la marche par 100.000 personnes.

Certains médias auraient pu, s’ils l’avaient voulu, évoquer la franche solidarité des centaines de manifestants qui ont refusé de poursuivre la manifestation afin de soutenir les personnes injustement arrêtées, en interpellant les policiers qui constituaient le cordon par des slogans tels que «Let them go». Une action improvisée devant les lignes de la police interloquée par cette attitude bon enfant mais déterminée, le tout alimenté par les rythmes des «sambactivistes»…

Au-delà, cette manifestation est la preuve que les mouvements sociaux rejoignent largement désormais la bataille pour la justice climatique et constitue à ce titre un renouvellement du mouvement altermondialiste. Les mouvements sociaux et les mouvements environnementaux font en effet désormais front commun. Le bloc massif «System Change Not Climate Change» regroupait des mouvements divers tels que les Amis de la Terre, Attac, les réseaux Climate Justice Now! et Climate Justice Action, la Via Campesina et de nombreuses organisations du Sud comme Jubilee South ou Focus on the Global South.

Ces organisations ont défilé pour réclamer un véritable accord contraignant ne s’appuyant pas sur les fausses «solutions» qu’elles reposent sur le marché –dont les récentes crises devraient prouver à tous son inefficacité- ou qu’elles soient technologiques (OGM, agrocarburants, nucléaire, …). La reconnaissance des droits des peuples autochtones -notamment leur droit à participer réellement aux négociations- et celle de la dette écologique étaient également à l’ordre du jour. Derrière toutes ces revendications, c’est bel et bien la logique capitaliste qui est remise en cause et ce d’autant plus que les grandes entreprises ont envahi la ville de leurs logos et le Bella Center de leurs lobbyistes. Le grand prix de la Sirène en colère récompensera le 15 décembre l’entreprise ou le lobby qui a eu l’action la plus néfaste (efficace?) pour bloquer les négociations.

Pendant ce temps là au Klimaforum, le contre sommet de la société civile, une déclaration des mouvements sociaux également intitulée «System Change not Climate Change» a enfin été finalisée. Signée par près de 300 organisations en moins de 3 jours, elle sera présentée prochainement dans des modalités qui restent à déterminer au sein de la COP15. Depuis plusieurs mois, via un forum internet des personnes du monde entier ont envoyé leurs contributions autour d’un ou plusieurs des neuf thèmes du Klimaforum. Une partie de l’équipe du Klimaforum a synthétisé l’ensemble des propositions en rédigeant un premier document, lequel a été soumis à l’ensemble des participants qui ont alors renvoyé leurs commentaires et amendements, permettant la rédaction d’un second document.

Enfin, lors des séances plénières et ateliers des trois premiers jours, toutes les personnes qui le souhaitaient ont pu participer à la finalisation du document. Au terme d’une dernière séance épique, l’ensemble de l’assemblée s’est finalement mis d’accord sur une déclaration finale. Celle-ci est novatrice à plusieurs niveaux. Premièrement, à l’image de la manifestation, elle a rassemblé, les mouvements environnementaux et sociaux et par la même tissé des liens forts entre les questions écologiques et sociales. Si ce n’est pas la première fois, cette alliance très large est révélatrice d’une dynamique renforcée.

Deuxièmement, si elle s’est avérée beaucoup plus longue que les déclarations issues des Forums Sociaux Mondiaux, elle n’en est que plus précise. Radicale tant sur l’état des lieux qu’elle dresse de la situation -une crise multidimensionnelle qui voit converger chaque crise du capitalisme dans sa séquence libérale, elle se veut également source de proposition pour une transition vers des sociétés durables: abandon des énergies fossiles, Lire la suite

Michel Serres : « L’amorce d’un nouveau monde »

lejdd.fr, le 5 Décembre 2009, Michel Serres  

Michel Serres : « L’amorce d’un nouveau monde »

Le philosophe Michel Serres ne veut pas s’illusionner sur Copenhague. Sauf si les politiques admettent qu’ils ne sont pas à la hauteur…

Il a pensé l’écologie quand ce n’était pas à la mode, s’est fait vilipender en voulant introduire la nature dans le débat politique. Aujourd’hui que l’actualité lui donne raison, Michel Serres pense le Temps des crises (*) et se méfie d’un soulagement conjoncturel. Les politiques et les peuples sauront-ils retrouver un lien au monde? En dehors de cela, point de salut.

Copenhague commence, la planète est sauvée ?

Copenhague me passionne, mais méfions-nous de notre regard scotché à l’actualité. On ne rattrape pas si vite des années d’oubli. Les chefs d’Etat, les politiques, seront à Copenhague, chacun représentant leur Nation, leur peuple. Mais personne ne représente la terre; il n’y a pas de représentant des océans, de la banquise, des espèces menacées. Et nos gouvernants n’ont pas la culture nécessaire pour parler au nom de la planète. Elle, personne ne l’a invité au sommet…

Les politiques sont dépassés par la crise climatique ?

La crise climatique est un aspect d’une crise globale : l’homme, l’espèce humaine, a perdu son lien avec la terre, avec la planète, ses rythmes, ses limites et ses dangers. Cette crise-là, les politiques ne sont pas armés intellectuellement pour l’affronter. Depuis des millénaires, la politique, c’est l’art de gérer les relations humaines : les rapports de force, de pouvoir, de territoire, la liberté ou l’oppression.

Ce ne sont plus des sujets ?

Cela reste. Mais la terre, le monde, se dérobe à l’homme, et c’est le sujet politique majeur. Il y a vingt ans, j’ai écrit le Contrat naturel. J’y expliquais pourquoi la politique traditionnelle devait céder la place, puisque que la nature devenait l’enjeu. Tout le monde m’est tombé dessus. Réintroduire la nature dans le débat, c’était du fascisme! Je suis allé présenter ma thèse devant les députés à l’Assemblée nationale. Ils sortaient tous de sciences po, je leur disais qu’ils devaient apprendre la physique et l’écologie, sinon, ils ne s’en sortiraient pas. Ils ont éclaté de rire. Ils avaient un nouveau métier à apprendre, ils ne l’ont pas fait.

«Je tiens les philosophes pour responsables. Ils sont silencieux, pris par l’actualité immédiate»

Il n’y a donc plus d’espoir ?

Non, parce que la science est là. Les scientifiques appréhendent le risque climatique depuis un quart de siècle. La science est la clé, et ceux qui la portent. On le voit avec le GIEC, dont je partage l’optimisme de combat. Les politiques doivent écouter les scientifiques… Ils sont les seuls à avoir une expertise de ces questions complexes.

Mais où est la démocratie si les « sachants » mènent le monde ?

Je connais par cœur cet argument. Mais la clé de la démocratie, c’est le peuple, et le peuple bouge. La question, c’est d’établir un nouveau rapport entre le peuple et la science. Lire la suite

Commission nationale du débat public Nanotechnologies : Débat bidon dans un bunker

piecesetmaindoeuvre.com, communiqué, le 28 novembre 2009

(CNDP-Nanos) Débat bidon dans un bunker

A propos de la réunion de la Commission nationale du débat public Nanotechnologies à Grenoble (Alpexpo) le 1er décembre

« Le grand public est au centre de notre mission », proclame la Commission particulière du débat public Nanotechnologies sur son site. Et Bergougnoux, son président, d’espérer dans Le Monde, le jour du lancement de sa campagne d’acceptabilité, la participation de 10 000 à 12 000 personnes aux pseudo-débats – soit une moyenne de 590 à 700 participants par ville.

Les compte-rendus des sept premières réunions, établis par la CNDP elle-même, nous informent que seules 200 à 300 personnes se déplacent en moyenne, soit moins de la moitié que prévu. Un échec pour la CNDP ? Certes non. En réalité, l’organisation de ces réunions bidon écarte minutieusement le « grand public » pour réserver le prétendu débat aux experts et contre-experts du nanomonde.

A Strasbourg, Toulouse, Orléans, Bordeaux, Lille, Clermont-Ferrand, Besançon et Grenoble, nul n’a vu d’affiches sur les murs, ni reçu de tract dans sa boîte aux lettres. A chaque étape le même refrain chez les habitants interrogés : personne n’est au courant. Ce n’est certes pas faute de budget – deux millions d’euros pour cette campagne de promotion – si la CNDP néglige la plus élémentaire information de la population.

Au contraire son agence de manipulations publiques, I&E Consultants, envoie-t-elle en masse des invitations insistantes aux universités, laboratoires, instituts de recherche. A Grenoble les chercheurs de l’Université Joseph-Fourier (scientifique) et des instituts de sciences dures du CNRS ont ainsi reçu des mails les incitant à bourrer la salle pour soutenir la tribune et riposter à d’éventuelles manifestations d’opposition. I&E invite également les associations environnementalistes ou de consommateurs à étaler leur contre-expertise pour un échange démocratique sur les taux de nano-pollution admissibles. Ainsi s’assure-t-on le respect de la consigne délivrée par Jean-Louis Borloo dans le film d’introduction aux réunions : « Notre façon de vivre va être bouleversée par ces nanotechnologies, la question c’est pas d’être pour ou contre » (sic).

Résumons : 250 personnes dans la salle. Les premiers rangs réservés aux représentants des sept ministères maîtres d’ouvrage. Des intervenants officiels disséminés dans le public. Les invités issus des labos, de la Chambre de commerce, des boîtes locales ; et des citoyens spécialistes délégués par leurs associations. Combien d’anonymes du « grand public » dans ces débats bidon ? Leur présence est si peu souhaitée que d’honorables représentants de ceci-cela ont pu s’offusquer de la distribution par des contestataires sans appartenance, de tracts « sans signature d’association« . La CNDP quant à elle le déclare tout de go : « Nous ne sommes pas intéressés par les slogans et les déclarations anonymes ». D’autant moins que la commission, tout en invitant le public à « éclairer les décisions du gouvernement », a établi à l’avance la liste des 147 questions susceptibles d’être soulevées en réunion, ainsi que Lire la suite

Flipo et Gaudillière : Inégalités écologiques, « croissance verte » et utopies technocratiques.

mediapart.fr, Fabrice Flipo, Jean-Paul Gaudillière, le 23 Novembre 2009

Première publication par Mouvements

Inégalités écologiques, « croissance verte » et utopies technocratiques.

Les auteurs de ce texte, tout en définissant la notion de « décroissance », déclinent trois priorités : reconnaître une « valeur » et non un prix à la nature ; redistribuer et réduire les inégalités tant celles sous-jacentes à la crise écologique que celle induites par les mesures imaginées pour y remédier ; relocaliser et resocialiser l’économie pour démocratiser les choix.

La crise écologique et financière oblige les décideurs à se pencher sur les scénarios de sortie de crise verte. Mais cette prise de conscience court le risque de s’arrêter à mi-chemin. « Capitalisme vert », « croissance verte », « keynésianisme vert » et « technologies propres » constituent autant de confortables mirages destinés à nous épargner les nécessaires remises en cause liées aux limites écologiques d’une planète aux ressources finies. La prise en compte conséquente de ces limites amène à aborder de front la question des inégalités écologiques et sociales et à changer les modes de production, de consommation et donc les modes de vie les plus prédateurs. Sans autre échappatoire, dans cette redistribution des richesses à opérer, que la redéfinition collective du sens de ces richesses elles-mêmes.

Grenelle de l’environnement, succès aux élections européennes, invitation des leaders écologistes à l’Élysée, débat (difficile) sur une loi créant une taxe carbone…L’écologie politique semble avoir gagné un statut nouveau sur la scène politique française. La crise écologique et la dégradation de notre environnement ont apparemment cessé d’exister comme cette chose dont il faut parler en fin de discours pour faire bonne mesure pour devenir un enjeu à propos duquel il est bon de réfléchir, voire même d’inventer des événements.

Cette nouvelle donne doit beaucoup à la conjonction des deux crises : la crise climatique et la crise financière. La visibilité de la première tient bien sûr à l’agenda des négociations internationales, aux discussions sur l’après Kyoto. Au-delà de la conjoncture, en matière de climat, tous les signaux sont en effet au rouge. Les organisations internationales, du GIEC aux grandes ONG environnementales en passant par le PNUD, multiplient les mises en garde sur l’accélération du réchauffement, sur l’ampleur de ses effets à relativement court terme, sur la vulnérabilité phénoménale des pays d’Afrique, d’Asie du Sud et d’Amérique Latine, sur les inégalités que le changement climatique va créer ou renforcer. Les médias européens et nord-américains relaient désormais le consensus des experts du climat sur la réalité du phénomène et font largement écho à la fonte des calottes glaciaires, aux migrations d’espèces ou encore aux nouvelles « guerres » de l’eau. Parallèlement, l’éclatement de la crise financière a rouvert un espace pour discuter des changements du capitalisme, du fonctionnement des marchés financiers, des effets « pervers » du déplacement de pouvoir vers l’actionnariat et les places boursières, des défauts de « l’auto-régulation » des marchés et du même coup signé le retour en grâce de l’intervention publique, ne serait-ce que pour sauver les banques et assurer la pérennité d’un régime d’accumulation (légèrement) amendé.

À gauche, cette conjonction des deux crises a paradoxalement des effets délétères. En rendant la question écologique plus visible et urgente, elle rend encore plus patente la difficulté à proposer des réponses autres que cosmétiques. La vivacité et surtout la nature des dénonciations venant tant du parti socialiste que de la gauche de la gauche d’un projet de taxe carbone présenté comme « anti-sociale » alors qu’il s’agit au contraire de le configurer pour en faire un outil liant redistribution et changement des façons de produire en a été un bien triste révélateur.

On n’aurait toutefois tort de considérer que les discours sur la sortie de crise « verte » ou le Green Deal ne sont que des temporaires, de simple effet de couverture médiatique grâce auxquels on découvre ces exotiques décroissants du midi de la France. Bénéficiant des acquis de l’expertise économico-climatique poursuivie depuis une dizaine d’années dans et autour du GIEC et des institutions en charge des politiques énergétiques, les propositions – voire les scénarios – liant réponse à la crise financière, re-régulation et investissements écologiques massifs tendent à faire référence, y compris du côté de la présidence américaine. Les registres varient, depuis la simple mise en avant d’un recours significatif aux sources d’énergie renouvelables dans le « bouquet » énergétique jusqu’à des argumentations plus fondamentales sur la nécessité d’une politique écologique globale faisant intervenir des transferts importants de ressources vers les pays du Sud. Dans un ouvrage récent, Lester Brown évoquait ainsi la perspective d’une « éco-écologie » Lire la suite

Nanotechnologies : s’informer, s’exprimer… et après ?

lemonde.fr, Jean-Marc Manach, le 6 novembre 2009

Cet article a été publié originellement sur Internetactu.net.

Nanotechnologies : s’informer, s’exprimer… et après ?

A peine lancé, le débat public sur les nanotechnologies, intitulé Je m’informe, je m’exprime, censé éclairer l’Etat sur « l’organisation du contrôle et du suivi des nanomatériaux, la caractérisation de l’exposition et l’évaluation de la toxicité sur l’homme et les écosystèmes, l’information et la protection du travailleur et du consommateur, les modalités de soutien à la recherche et aux innovations dans ce domaine », fait déjà polémique.

Le collectif Pièces et Mains d’Oeuvre, connu pour ses enquêtes, analyses, ses actions d’éclat et son refus critiques des nanotechnologies, refuse ainsi de participer à ce qu’il qualifie de campagne nationale d’acceptabilité des nanotechnologies destinée à “vaincre la méfiance de citoyens- consommateurs échaudés par trop de scandales techno-industriels : amiante, vache folle, OGM” (voir aussi Aujourd’hui le nanomonde, site qu’ils consacrent à cette opération).

Rappelant avec ironie que pour Paul Valéry “La politique est un mécanisme qui sert à empêcher les gens de prendre part à ce qui les concerne directement“, Dorothée Benoit-Browayes, déléguée générale de l’association Vivagora et auteure de Le Meilleur des nanomondes, estime pour sa part qu’il s’agit là d’un « vaste chantier dans un paysage pourtant déjà bien construit », et d’ores et déjà financé, à concurrence de plusieurs centaines de millions d’euros, par le gouvernement français :

« Alors que les dés sont largement lancés en France comme dans le monde, un tel processus de discussions sera-t-il en mesure de faire changer d’opinion les sceptiques qui sont légions ?

De quoi sera-t-il question tout au long de ces débats ? De technique ou de politique ? On peut craindre que l’explication cache la forêt, la plupart des Français n’ayant jamais entendu parler de ces nanoobjets. Difficile de débattre sur un tsunami resté invisible. Les nanotechnologies – qui désignent les interventions sur la matière pour réarranger ses briques élémentaires ou atomes – déferlent en effet depuis dix ans sur le marché sans crier gare. »

UN DÉBAT MORT-NÉ ?

Dimitri Granger, professionnel des relations publiques et blogueur sur Pr2Peer, blog consacré à “la communication corporate à l’âge de la mise en réseau des hommes et des idées” se demande quant à lui si, à peine lancé, le débat public ne serait pas mort-né :

« Si l’initiative semble louable et pleine de bonnes intentions, les objectifs paraissent Lire la suite

Claude Lévi-Strauss: «La difficulté croissante de vivre ensemble…»

bibliobs.nouvelobs.com, Claude Lévi-Strauss, paru dans «l’Obs» le 9 juin 2005, source: «le Nouvel Observateur» du 1er mai 2008.

Les leçons d’un ethnologue

En mai 2005, le grand anthropologue reçut le prestigieux prix international de Catalogne. Ce fut alors, pour lui, l’occasion de méditer sur l’homme et le monde

Parce que je suis né dans les premières années du XXe siècle et que, jusqu’à sa fin, j’en ai été l’un des témoins, on me demande souvent de me prononcer sur lui. Il serait inconvenant de me faire le juge des événements tragiques qui l’ont marqué. Cela appartient à ceux qui les vécurent de façon cruelle, alors que des chances successives me protégèrent, si ce n’est que le cours de ma carrière en fut grandement affecté.

L’ethnologie, dont on peut se demander si elle est d’abord une science ou un art (ou bien, peut-être, tous les deux), plonge ses racines en partie dans une époque ancienne et en partie dans une autre récente. Quand les hommes de la fin du Moyen Age et de la Renaissance ont redécouvert l’Antiquité gréco-romaine et quand les jésuites ont fait du grec et du latin la base de leur enseignement, ne pratiquaient-ils pas une première forme d’ethnologie? On reconnaissait qu’aucune civilisation ne peut se penser elle-même si elle ne dispose pas de quelques autres pour servir de terme de comparaison. La Renaissance trouva dans la littérature ancienne le moyen de mettre sa propre culture en perspective, en confrontant les conceptions contemporaines à celles d’autres temps et d’autres lieux.

La seule différence entre culture classique et culture ethnographique tient aux dimensions du monde connu à leurs époques respectives. Au début de la Renaissance, l’univers humain est circonscrit par les limites du bassin méditerranéen. Le reste, on ne fait qu’en soupçonner l’existence. Au XVIIIe et au XIXe siècle, l’humanisme s’élargit avec le progrès de l’exploration géographique. La Chine, l’Inde s’inscrivent dans le tableau. Notre terminologie universitaire, qui désigne leur étude sous le nom de philologie non classique, confesse, par son inaptitude à créer un terme original, qu’il s’agit bien du même mouvement humaniste s’étendant à un territoire nouveau. En s’intéressant aux dernières civilisations encore dédaignées – les sociétés dites primitives -, l’ethnologie fit parcourir à l’humanisme sa troisième étape.

Les modes de connaissance de l’ethnologie sont à la fois plus extérieurs et plus intérieurs que ceux de ses devancières. Pour pénétrer des sociétés d’accès particulièrement difficile, elle est obligée de se placer très en dehors (anthropologie physique, préhistoire, technologie) et aussi très en dedans, par l’identification de l’ethnologue au groupe dont il partage l’existence et l’extrême importance qu’il doit attacher aux moindres nuances de la vie physique des indigènes.

Toujours en deçà et au-delà de l’humanisme traditionnel, l’ethnologie le déborde dans tous les sens. Son terrain englobe la totalité de la terre habitée, tandis que sa méthode assemble des procédés qui relèvent de toutes les formes du savoir: sciences humaines et sciences naturelles.

Mais la naissance de l’ethnologie procède aussi de considérations plus tardives et d’un autre ordre. C’est au cours du XVIIIe siècle que l’Occident a acquis la conviction que l’extension progressive de sa civilisation était inéluctable et qu’elle menaçait l’existence des milliers de sociétés plus humbles et fragiles dont les langues, les croyances, les arts et les institutions étaient pourtant des témoignages irremplaçables de la richesse et de la diversité des créations humaines. Si l’on espérait savoir un jour ce que c’est que l’homme, il importait de rassembler pendant qu’il en était encore temps toutes ces réalités culturelles qui ne devaient rien aux apports et aux impositions de l’Occident. Tâche d’autant plus pressante que ces sociétés sans écriture ne fournissaient pas de documents écrits ni, pour la plupart, de monuments figurés.

Or, avant même que la tâche soit suffisamment avancée, tout cela est en train de disparaître ou, pour le moins, de très profondément changer. Les petits peuples que nous appelions indigènes reçoivent maintenant l’attention de l’Organisation des Nations unies. Conviés à des réunions internationales, ils prennent conscience de l’existence les uns des autres. Les Indiens américains, les Maoris de Nouvelle-Zélande, les Aborigènes australiens découvrent qu’ils ont connu des sorts comparables, et qu’ils possèdent des intérêts communs. Une conscience collective se dégage au-delà des particularismes qui donnaient à chaque culture sa spécificité. En même temps, chacune d’elles se pénètre des méthodes, des techniques et des valeurs de l’Occident. Sans doute cette uniformisation ne sera jamais totale. D’autres différences se feront progressivement jour, offrant une nouvelle matière à la recherche ethnologique. Mais, dans une humanité devenue solidaire, ces différences seront d’une autre nature: non plus externes à la civilisation occidentale, mais internes aux formes métissées de celle-ci étendues à toute la terre.

La population mondiale comptait à ma naissance 1,5 milliard d’habitants. Quand j’entrai dans la vie active, vers 1930, ce nombre s’élevait à 2 milliards. Il est de 6 milliards aujourd’hui, et il atteindra 9 milliards dans quelques décennies, à croire les prévisions des démographes. Ils nous disent certes Lire la suite

Nanotechnologies : Le débat public sur les enjeux de ces particules microscopiques fait étape à Bordeaux

sudouest.com, Bernard Broustet, le 3 Novembre 2009

NANOTECHNOLOGIES. Le débat public sur les enjeux de ces particules microscopiques fait étape à Bordeaux

L’infiniment petit en débat

Après Strasbourg, Toulouse et Orléans, et avant une dizaine d’autres villes françaises, Bordeaux accueille ce soir l’un des épisodes du long débat public sur les nanotechnologies. Lancée par le gouvernement dans le prolongement du Grenelle de l’environnement, cette série de rencontres vise à faire le point sur la nature, les enjeux et les risques de ces technologies de l’infiniment petit. Présidée par Jean Bergougnoux, ancien patron de la SNCF, la commission en charge de l’organisation de ce débat n’a pas vocation à prendre des décisions. Il s’agit pour elle de faire en sorte que les points de vue puissent s’exprimer et que l’opinion soit éclairée, dans toute la mesure du possible.

Les nanotechnologies consistent à travailler sur la matière à une échelle de l’ordre de quelques milliardièmes de mètre. à cette dimension, les propriétés de la matière (résistance mécanique, étanchéité, etc.) peuvent profondément se modifier.

D’ores et déjà, des nanomatériaux sont utilisés à des fins diverses. Certaines crèmes solaires contiennent ainsi, par exemple, des nanoéléments d’oxyde de titane, qui permettent d’en améliorer la tenue à l’eau. Des pansements contiennent du nanoargent car les propriétés bactéricides de ce métal sont encore accrues par cette extrême miniaturisation. Des nanoparticules fluorescentes et des nanomédicaments ont commencé à faire leur apparition en médecine pour améliorer les techniques de détection et de traitement de certaines affections (tumeurs, etc.).

A priori, le potentiel des nanosciences et des technologies semble d’autant plus considérable qu’il recouvre une très vaste gamme de substances et de matériaux.

Les nanotubes prometteurs

L’Aquitaine est ainsi, par exemple, d’ores et déjà une terre d’élection des « nanotubes de carbone » dont il sera, entre autres, question ce soir. La dimension nanométrique et la structure de ces tubes accroît les capacités déjà bien connues du carbone en termes de résistance mécanique. Les nanotubes se caractérisent ainsi par leur extraordinaire capacité d’absorption de l’énergie.

Ces nanotubes font l’objet de recherches fondamen tales au sein du laboratoire CRPP (CNRS) de Pessac, où une vingtaine de salariés et de doctorants s’emploient, autour de Philippe Poulin et de Cécile Zakri, à développer des recherches sur des fibres constituées à partir de ces particules nanométriques de carbone. Associées à des polymères dans des matériaux composites de nouvelle génération, ces fibres pourraient, demain, entrer, par exemple, dans la composition de vêtements de protection (casques, gilets pare-balles, etc.). Mais, du fait de leur extrême légèreté et de leurs propriétés conductrices, les nanotubes pourraient aussi trouver des débouchés dans l’aéronautique (matériaux antigivre et antifoudre, etc.), voire dans le photovoltaïque.

Arkema, pionnier en Béarn

La position de la région apparaît d’autant plus forte dans ce domaine que le groupe chimique Arkema, issu de Total, a choisi le Béarn pour développer cette filière. Le GRL (Groupe de recherches de Lacq), qui est un de ses principaux centres de recherche, a ainsi développé un procédé de fabrication de nanotubes de carbone (matière première des futures fibres) à partir de bioéthanol issu de céréales. Et l’usine voisine de Mont, appartenant elle aussi à Arkema, va lancer la construction d’un « pilote industriel » de production, reposant sur la technologie du GRL, et qui pourrait produire 400 tonnes de nanotubes à l’horizon 2011. L’ensemble de ce potentiel technique et scientifique aquitain, qui repose aussi, notamment, sur l’École nationale de chimie (ENSCPB) de Bordeaux, est regroupé au sein de la plate-forme Canoë, appuyée par le Conseil régional.

Mais, au-delà de leurs promesses, Lire la suite

Jean-Pierre Dupuy : La menace écologique, un défi pour la démocratie

journaldumauss.net, Jean-Pierre Dupuy, le 14 octobre 2009

Pour citer cet article : Jean-Pierre Dupuy, « La menace écologique, un défi pour la démocratie », Revue du MAUSS permanente, [en ligne].

La menace écologique, un défi pour la démocratie

La menace écologique en vue ne pèse pas uniquement sur la survie de l’humanité. Elle pèse également sur ses valeurs, puisqu’en l’absence de réactions à la hauteur de l’enjeu, il est probable que la démocratie disparaîtra tout bonnement de la surface du globe, la menace sur la survie se transformant en lutte des uns contre les autres pour survivre. Dans l’objectif d’éviter ce sombre avenir, Jean-Pierre Dupuy propose ici de revisiter quelques fausses idées à propos de l’écologie politique, afin de la défendre – puisque c’est elle qui porte sur la place publique les inquiétudes que les scientifiques nourrissent dans le secret de leurs laboratoires : l’écologie politique n’est ni un anti-humanisme, ni l’ennemie de la science, de la technique et de la démocratie libérale, ni simple responsabilité vis-à-vis des générations futures. Elle n’est pas non plus régression des démocraties dans l’univers sacré et ses apocalypses, poursuit l’auteur, tout en assurant qu’un catastrophisme apocalyptique (qui peut être d’inspiration religieuse, et qui doit être laïc) est plus que jamais nécessaire : sans lui, les démocraties ne prendront pas à bras le corps la question écologique, de sorte qu’elles seront balayées par les catastrophes et les crises à venir. Le pessimisme, parfois, peut éviter que l’irréparable ne soit commis… (DA)

1. Le monde s’est rapproché de l’apocalypse de deux minutes

Le 17 janvier dernier, le physicien Stephen Hawking, le découvreur des trous noirs, et l’astronome royal Sir Martin Rees, qui occupe la chaire d’Isaac Newton à Cambridge, ont avancé l’aiguille des minutes de l’horloge de l’apocalypse de deux minutes. Nous ne sommes plus qu’à cinq minutes de minuit, minuit signifiant conventionnellement le moment où l’humanité se sera annihilée elle-même.

L’horloge de l’apocalypse (Doomsday clock) a été mise en place en 1947 par un groupe de physiciens atomiques qui, choqués par le largage des bombes sur Hiroshima et Nagasaki, avaient lancé en 1945 une revue, qui existe toujours, de réflexion sur l’arme de destruction massive par excellence, le Bulletin of Atomic Scientists. En 1947, ils fixèrent la grande aiguille à 7 minutes avant minuit. C’était le début de l’ère nucléaire. Depuis lors, l’aiguille a été avancée et retardée 17 fois. C’est en 1953, lorsque l’Amérique et l’Union soviétique testèrent la bombe à hydrogène à neuf mois d’intervalle l’une de l’autre que l’aiguille se rapprocha le plus de minuit, à 2 minutes seulement. Après l’effondrement de l’Union soviétique et la fin de la guerre froide, elle s’éloigna à 17 minutes, pour revenir à 7 minutes de minuit en 2002, après les attentats terroristes du 11 septembre 2001.

Nous sommes aujourd’hui à 5 minutes de minuit, plus près donc qu’en 1947. Les arguments avancés par les physiciens pour justifier leur sinistre pronostic méritent réflexion. Il y a d’abord que nous sommes entrés dans un deuxième âge nucléaire, marqué par la prolifération et le terrorisme. Le tabou sur l’usage de la bombe qui s’établit après Hiroshima et Nagasaki est en train de perdre de sa force, le temps et l’oubli faisant leur œuvre. Mais, pour la première fois dans l’histoire de l’horloge de l’apocalypse, un argument qui n’a rien à voir avec la menace nucléaire est mis en avant : les risques liés au changement climatique.

Les plus grands scientifiques du moment reconnaissent donc que l’humanité peut recourir à deux types de méthode pour s’éliminer elle-même : la violence intestine, la guerre civile à l’échelle mondiale, mais aussi la destruction du milieu nécessaire à sa survie. Ces deux moyens ne sont évidemment pas indépendants. Les premières manifestations tragiques du réchauffement climatique, Lire la suite

Le treut : Changement climatique « Le nœud coulant se resserre chaque année »

sudouest.com, Jean-Denis Renard, le 16 Septembre 2009

ENTRETIEN, RÉCHAUFFEMENT. Climatologue de renommée mondiale, Hervé Le Treut éclaire les enjeux lors d’une conférence, ce soir, à Bordeaux

« Le noeud coulant »

Année après année, amasse-t-on de nouvelles données sur l’évolution du climat ?

Hervé Le Treut. Le diagnostic scientifique est très stable depuis vingt ans. Un travail soigneux de recueil des données a d’ores et déjà été effectué. On ne change donc pas de diagnostic. Ce que l’on voit, c’est le système réel évoluer. Le nœud coulant se resserre chaque année, et les changements opérés sont en partie irrémédiables.

Lesquels ?

On sait que des pays de la bande tropicale se retrouvent très exposés aux effets du réchauffement climatique. Certains d’entre eux sont d’ailleurs très faiblement émetteurs de gaz à effet de serre. Lors de la prochaine conférence de Copenhague (NDLR : la conférence des Nations unies sur le changement climatique, du 7 au 18 décembre), la négociation tournera beaucoup autour de l’interaction nord-sud, avec des pays qui réclament la mise en place d’un fonds d’aide pour faire face aux effets du réchauffement. Ce sera l’essence même de la conférence.

Si le diagnostic reste le même, n’assiste-t-on pas à un emballement du réchauffement climatique ?

Une accélération plutôt qu’un emballement. On reste dans la marge qui avait été pensée comme possible. Simplement, les émissions sont plus importantes que ce qui avait été anticipé lors de la mise au point des modèles. Les pays émergents comme la Chine et le Brésil sont maintenant au-devant de la scène, ce qui pose des problèmes écologiques certains.

Reste-t-on dans cette marge sur l’élévation du niveau des océans, entre 18 et 59 cm d’ici à 2100 si l’on en croit le rapport du Giec (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) de 2007 ?

La fourchette n’est pas aussi stricte. ça, c’est sa partie « gris foncé ». Le « gris clair » va très au-delà. Mais on ne s’écarte pas des valeurs modélisées. On se situe actuellement sur une hausse d’une trentaine de centimètres par siècle qui va s’accélérant. S’il y avait de l’argent à gagner dans cette affaire, beaucoup parieraient sur une hausse supérieure à 50 centimètres d’ici à 2100…

L’ensemble de la communauté scientifique alerte sur l’urgence de la situation.

Où s’arrête votre rôle de scientifique, où commence celui de citoyen ?

Il n’y a pas de réponse à 100 % satisfaisante sur cette question. La science a impérativement besoin de neutralité et de respectabilité. Sinon, Lire la suite

La démocratie technique pour ajuster désirs et limites

vivagora.org, Dorothée Benoit Browaeys, le 14 septembre 2009

La démocratie technique pour ajuster désirs et limites

Une intervention de Dorothée Benoit Browaeys, Déléguée générale de VivAgora, aux ateliers d’été du développement durable, le 12 sept 2009 à Versailles.

Table ronde – Le rôle des politiques et des citoyens face à la crise : que faire ici et maintenant ?

Les crises financières et écologiques actuelles sont l‘une comme l’autre le fruit d’un désajustement (1). On parle moins de la crise technologique, incarnée par l’opposition aux OGM qui se traduit de plus en plus par un rejet de la technocratie.

Chacun se sent pris dans un étau entre le déferlement de toutes les innovations possibles et un sentiment d’impuissance. Le progrès technique est vécu comme une fatalité à subir plutôt que comme un problème de société qui engage des choix. Car la domination des experts a évacué la « mise en politique des questions scientifiques et techniques ». Elle cache le fait que la technoscience remodèle le monde de façon controversée… Elle tente de minimiser les dégâts sanitaires que subissent les citoyens (sang contaminé, vache folle, pesticides, ondes…).  Mais l’émergence de risques incalculables, délocalisés et irrémédiables (cf Ulrich Beck (2) l’ambivalence des usages et l’importance des impacts sociétaux des innovations accroissent l’angoisse et la méfiance.

Dans le contexte de crises des modèles (économique, scientifique…), de butée sur les limites des ressources planétaires et de méfiance des citoyens envers leurs gouvernants, de nouvelles procédures de dialogue sont nécessaires pour qualifier, hiérarchiser ce qui est souhaitable, désirable, raisonnable. « Nous n’habitons plus le monde des modernes, nous nous heurtons à la finitude « écrit Dominique Bourg dans son article « Pour une démocratie écologique » (4), après avoir décrit la tension entre la valeur de la liberté portée par la démocratie moderne, et l’intérêt collectif. Nos gouvernements sont davantage au service du droit de l’individu à consommer le plus possible (programme de progrès sans fin, de transgression) que capables d’arbitrages vis-à-vis de scénarii futurs.

Les outils politiques doivent être enrichis pour co-élaborer – dans une confrontation des cultures et des visions de l’avenir – des préférences, des normes, des décisions. Trois exigences s’imposent :

1 – Engager les citoyens dans l’élaboration des enjeux de gouvernance ; sortir des cadrages strictement techniciens ; produire une information pertinente qui répond aux expériences et demandes des citoyens. exemples : Nouveaux indicateurs de progrès- Réseau Fair-Commission Stiglitz-Sen-Fitoussi, pétion parue dans Libération pour une gestion sociale et démocratique de l’épidémie de gripe H1N1. Engagements de VivAgora : Alliance citoyenne sur les enjeux des nanotechnologies

2 – Développer une culture du débat public qui permette de dépasser le débat « politiquement correct » pour créer peu à peu les conditions d’une authentique démocratie participative, condition de la co-construction souhaitée des technologies et de la société de demain ; construire les collectifs ou mobiliser les ONG dans des instances de dialogue fondées comme permanentes. Exemples : Cycles de débats publics sur la biologie synthétique (prochains OGM). Engagements de VivAgora : NanoForum ou cahier d’acteurs pour le débat national sur les nanotechnologies de la CNDP

3 – Introduire Lire la suite

Terres agricoles : Les investissements dans le collimateur

developpementdurablelejournal.com,  Patrick Cros, septembre 2009

Terres agricoles : Les investissements dans le collimateur

Les chercheurs s’interrogent sur les avantages et inconvénients que peuvent représenter pour les pays du sud les processus d’appropriation foncière qui se multiplient.

La flambée des prix des produits alimentaires en 2008 a accéléré le processus. Les appropriations foncières agricoles, qui se sont multipliées dans les pays du Sud, interpellent plus que jamais chercheurs, politiques et grand public. Le CIRAD a lancé le débat dans son centre montpelliérain, jeudi 3 septembre, en association avec des institutions internationales et plusieurs universités et centres de recherches français et étrangers. Cette « Journée du Foncier » s’interroge sur une dynamique d’investissement aux enjeux incertains en termes de développement à court, moyen et surtout long termes.

« Ce n’est pas un phénomène nouveau, explique Jean-Philippe Tonneau, chercheur CIRAD de l’UMR (Unité mixte de recherche) Tetis (Territoires, environnement, télédétection et information spatiale). Depuis la colonisation, les concessions à des groupes ou des particuliers de terres, l’achat ou la prise en location de terres agricoles en Afrique, en Amérique du Sud et en Asie sont courants. Ce qui change aujourd’hui, c’est l’ampleur du phénomène, l’apparition de nouveaux acteurs et la médiatisation plus grande de ces processus ». Mais, les chercheurs ne veulent pas mettre de l’huile sur le feu, rappelant l’écart qui existe entre l’écho médiatique de ces prises de contrôle du foncier et la réalité locale. « Nous devons faire l’état des lieux de ce qui se passe réellement sur le terrain, expliquer les motivations des investisseurs et des pays hôtes », commente Perrine Burnod, chercheuse au Cemagref, qui travaille en partenariat avec le CIRAD (Unité propre de recherche Biomasse-énergie). « Il faudra identifier les impacts effectifs ou potentiels pour les différentes catégories d’acteurs concernés, notamment pour les populations rurales, et, en fonction de cela, discuter des alternatives en termes de politiques publiques ». 

Des investissements délicats

Pour Xavier Briand de Biotechmarine, spécialiste en fertilisant agricole, un investissement, qu’il soit public ou privé, ne peut-être réussi que si l’intérêt est partagé. « Il faut l’adhésion des investisseurs, du gouvernement comme de la population locale ». Les échecs de projets en Afrique ou en Asie ont en effet été nombreux. « Les problèmes de corruption, d’intérêt privé ou encore de transparence peuvent rendre l’accaparement des terres inquiétants », raconte Ambroise Mazal de CCFD – Terres solidaires. « On assiste à une nouvelle vague d’acquisition foncière liée aux inquiétudes d’importateurs qui craignent de nouveaux problèmes d’approvisionnement dans le futur. Ils ont recours à un achat massif de terre où l’intérêt des agriculteurs locaux n’est pas toujours garantis ». Un point de vue que partage Moussa Djiré de l’Université des sciences politiques et juridiques de Bamako. « Les investisseurs sont avant tout intéressés par la notion de profit. Ils iront plus difficilement dans des pays comme le Soudan ou la Somalie où les retour sur investissement seront délicats ». Pour cet expert, il est impératif « que Lire la suite

Chantal Jouanno – Ne laissons pas les idéologues de tout poil monopoliser l’écologie

lemonde.fr, Chantal Jouanno, Secrétaire d’Etat à l’écologie, le 7 septembre 2009

Ne laissons pas les idéologues de tout poil monopoliser l’écologie

L’humanité a le choix de sa régression ou de son développement face à la crise écologique. A quelques semaines de la négociation internationale sur le climat à Copenhague, les enjeux sont connus. Le dramatisme du film Home, de Yann Arthus Bertrand, a ouvert nombre d’yeux. Allons au-delà pour mesurer notre dépendance aveugle à ce modèle de vie.

La vie comme l’écologie nous enseignent le doute, un doute qui fait défaut aux idéologies. L’écologie productiviste comme l’écologie radicale ont le même fondement. Contester la démocratie et le débat de société au nom de pseudo-certitudes scientifiques. Nous ne trouverons pas de solution à la crise écologique dans une économie administrée ou une idéologie de la technologie. La solution est 50 % dans la technologie, 50 % dans les changements de comportement.

Certains politiques ex-scientifiques prônent l’écologie productiviste, le 100 % technologie. C’est une impasse pour la société. Notre mode de consommation est responsable de la moitié des émissions de gaz à effet de serre. Nous jetons nos aliments quand les enfants du Sud meurent de faim et de soif. Nous n’avons pas d’autre choix que de tourner le dos aux excès de la société de consommation. A défaut, nous accepterions implicitement d’accroître les inégalités.

Plus encore, chaque nouvelle technologie induit des changements dans nos sociétés. Certaines ne sont pas acceptées, souvent faute de prouver leur intérêt, comme les organismes génétiquement modifiés (OGM) aujourd’hui. D’autres modifient radicalement nos modes de vie, comme Internet hier et les énergies renouvelables demain.

Enfin, sommes-nous certains que le progrès est linéaire ? Certaines grandes civilisations ont disparu faute d’avoir pris en compte les limites de la nature.

L’écologie radicale prônée par certains partis glorifie la décroissance absolue et le refus de la technologie. Certes, les émissions de gaz à effet de serre sont le fait des pays développés. Mais ce sont les pays les moins développés qui souffrent le plus des pollutions. Un enfant meurt toutes les dix-sept secondes, victime d’une eau sale.

Dans un monde en croissance démographique, il faut des ressources économiques pour traiter l’eau ou les déchets. Plus encore, ce n’est pas la croissance qui pose problème, c’est son « carburant », c’est-à-dire le pétrole, le charbon ou le gaz, responsable des changements climatiques. Et ce sont ses excès, principalement ceux de la société de consommation, qui sont responsables de l’épuisement de nos ressources.

Il faut avoir l’audace de faire confiance à la démocratie et à la société. Or la société, par la voix du Grenelle, a eu l’audace de croire qu’une autre voie est possible. Jamais ce gouvernement ne renoncera aux engagements du Grenelle de l’environnement.

Encore insuffisamment relayé, le débat mené par la commission Amartya Sen et Joseph Stiglitz est à l’évidence le plus crucial. Le président de la République a chargé cette commission de corriger le PIB, qui ignore notre patrimoine humain et écologique. Il augmente avec les accidents de la route ou la destruction des forêts. Comme le PIB a été créé pour donner une valeur à la société industrielle contre la société agraire, ce nouvel indicateur donnera une valeur à la société écologique après la société industrielle.

Un progrès différent, une croissance « soutenable », est possible. Avec Lire la suite

Jacques Masurel – Climat : « Un risque de perte de contrôle du réchauffement »

rue89.com, Sophie Verney-Caillat, le  3 septembre 2009 

Climat : « Un risque de perte de contrôle du réchauffement »

L’embardée médiatique a démarré. A trois mois du sommet sur le climat de Copenhague, le WWF publie un rapport totalement alarmiste où il est écrit qu’« un quart de la population mondiale est menacée par les eaux ». Est-ce aussi grave et aussi imminent que l’ONG le présente ? Décryptage avec Jacques Masurel, président de Sauvons Le Climat, association indépendante regroupant parmi les plus grands experts.

Rue89 : Que sait-on des effets en chaîne du réchauffement de l’Arctique que le WWF (World Wild Fund for nature) décrit comme deux fois plus rapide que celui du reste de la terre ?

L’Arctique est un lieu privilégié d’observation du réchauffement de la planète car ce qui se joue aux pôles permet de vérifier le bien fondé des alertes lancées par la communauté scientifique, qui constate en effet avec effroi que le phénomène est plus rapide que ce qu’elle avait prévu notamment dans le rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) de 2007.

Mais ce qui inquiète le plus les scientifiques c’est le risque de perte de contrôle du réchauffement climatique rendant vains tous les efforts de réduction des émissions de gaz à effet de serre qui pourraient être accomplis.

Si la température de la planète se réchauffait de 5 degrés, scénario envisagé en 2100 (si l’on ne réduit pas drastiquement nos consommations de carburants fossiles), alors surviendraient des rétroactions, c’est-à-dire que des effets amplificateurs s’accéléreront ou s’enclencheront, pour transformer la planète en poêle à frire. Citons quelques uns de ces effets :

– la diminution du pouvoir réfléchissant des pôles (autrement appelé l’effet d’albédo) ;

– la disparition définitive des forêts ;

– le dégazage du permafrost (également appelé pergélisol, un sol gelé en permanence) qui va libérer des quantités considérables de méthane, un gaz à effet de serre 24 fois plus puissant que le CO2 ;

– le réchauffement des océans qui alors cesseront d’absorber, comme ils le font aujourd’hui, près de la moitié du CO2 que nous émettons…

Est-il vrai que le niveau des océans aura monté de plus d’un mètre en 2100 et provoquera l’inondation d’une partie de la planète ?

Pour le moment la montée des océans résulte d’abord de la dilatation des eaux suite à l’élévation constatée de leur température. Pour l’instant, le niveau moyen global mesuré est de l’ordre de trois milimètres par an sur la dernière décennie.

Le phénomène touche plus gravement les pays constitués de plaines maritimes, comme Lire la suite

Castelculier le 12 septembre : « Les OGM, c’est quoi ? »

Au fil des Séounes, Communiqué, le 2 juillet 2009

« Les OGM, c’est quoi ? » 
 Le samedi 12 septembre à la salle associative de Castelculier (7 km d’Agen)  20h00
Conférence-débat de Christian Vélot –
Lanceur d’alerte et Maître de Conférences en Génétique Moléculaire à l’université Paris-Sud XI.
En s’appuyant sur des exemples concrets, Christian Vélot explique avec pédagogie et simplicité, dans un langage accessible à tous, les aspects scientifiques et sociétaux des OGM.
Dans le cadre de l’Université populaire de l’environnement – L’Université nomade d’Aquitaine (Maison de la nature et de l’environnement Bordeaux-Aquitaine)

Entrée libre et gratuite Lire la suite

Do it yourself (1/5) : Le guide pratique du hippie écolo

ecrans.fr, Marie Lechner, le 25 août 2009

Do it yourself (1/5) : Le guide pratique du hippie écolo

« Les gens ont peur aujourd’hui, mais moi et mes pairs nous ne craignons pas l’effondrement économique. Nous avons appris, avec l’aide du Whole Earth Catalog, à prendre soin de nous », déclarait récemment l’acteur Peter Coyote au magazine écolo Plenty.

Alors que le mouvement Do it yourself opère un retour en force outre-Atlantique – réaction contre les excès de la société de consommation et ses effets dévastateurs sur la planète mais aussi stratégie de survie en période de récession -, flash-back sur une publication fulgurante dont les idées sont, quarante ans plus tard, plus que jamais d’actualité : la construction durable, le commerce équitable, les énergies alternatives mais aussi la cyberculture ayant toutes été façonnées par ses pages.

Le Whole Earth Catalog (WEC) est lancé en 1968 par Stewart Brand. Ce diplômé de biologie à Stanford en Californie, ex-para et membre des Merry Pranksters (bergerie hippie expérimentale autour de l’écrivain Ken Kesey, carburant au LSD) avait lancé deux ans plut tôt une campagne nationale pour convaincre la Nasa de diffuser pour la première fois une photo de la Terre prise de l’espace. Cette fameuse photo fera la couverture de son premier catalogue, une soixantaine de feuilles miméographiées (imprimées maison) qui vont devenir un document décisif de la contre-culture américaine.

A l’époque, ses amis chevelus de la Bay Area fuient la ville en masse pour vivre en communauté. Pour les aider dans leur retour à la terre, Stewart se lance dans la conception d’un catalogue pratique regorgeant d’informations pour tout faire soi-même (matériel, conseils pour acheter pas cher, livres, plans de maisons et de machines…) En quatre ans, il va s’étoffer et compter jusqu’à 448 pages en 1972, année où « ce catalogue pour hippie de la côte ouest » obtient le National Book Award.

« Pendant les quinze ans où j’ai vécu dans une cabane sans électricité, explique Peter Coyote, le WEC était ma ressource pour une technologie low tech, bon marché et peu polluante. Sans les bons outils, les bonnes compétences et les bons livres, le mouvement Do it yourself aurait été voué à l’échec. »

Le Whole Earth Catalog ne ressemblait à rien de connu en matière d’édition. Réalisé avec une machine à écrire électrique, des ciseaux et un appareil photo Polaroid, ce n’était pas vraiment un livre, ni un magazine, ni un catalogue de vente par correspondance mais une « cacophonie d’artefacts, de voix et de design visuel », décrit Fred Turner dans From Counterculture to Cyberculture (2).

« Des kits pour tisser à domicile côtoient des reportages sur la science du plastique. Les flûtes en bambou partagent leur espace avec des livres sur la musique générée par ordinateur. » La construction de dômes géodésiques voisine avec la chronique d’une expérience dans un kibboutz. Le marteau et les clous avec de l’électronique sophistiquée.

Le catalogue n’était pas seulement un réservoir d’outils mais aussi d’idées visionnaires. Il jette un pont entre la science de pointe et la contre-culture, exposant les théories de Lire la suite

Résumé de l’article collectif de la revue Entropia n° 6 : Crise éthique, éthique de crise ?

biosphere.ouvaton.org, printemps 2009

Résumé de l’article collectif de la revue Entropia n° 6 : Crise éthique, éthique de crise ?

Entropia, terme grec signifiant « se retourner », a été introduit dans le vocabulaire scientifique en 1874 par le physicien Clausius pour désigner la dégradation de l’énergie, ce qui condamne l’humanité à limiter sa consommation aux capacités de régénération de la biosphère. Ce nom était donc tout indiqué pour désigner la muse inspiratrice d’une revue des objecteurs de croissance.

1/3) Résumé du chapitre Objections d’ici et d’ailleurs à l’éthique de la croissance de Pierre Charbonnier

Les étapes de la modernité sont bien connues : l’éthique anthropocentrée des religions du livre et le désenchantement de la nature qu’elle implique ; le mouvement d’objectivation de la nature au tournant du XVIIe siècle, ainsi que les révolutions techniques qu’il a suscitées ; la mise en place progressive d’institutions juridiques et économiques garantissant l’accès des individus aux espaces et ressources à exploiter ainsi qu’aux moyens de les échanger. Mais comme tout ce qui domine, l’éthique moderne de la croissance a dû gagner sa place contre des morales et des pratiques rebelles. L’ethnologie accumule depuis un bon siècle les témoignages d’hommes et de femmes qui ne regardent pas leur environnement comme un espace étranger à eux et offert à leur emprise. On a affaire à des éthiques et pratiques profondément marquées par l’idée de sobriété.

Le fait qu’une société donnée se reconnaisse une identité avec les non-humains en général, avec une partie d’entre eux, ou même avec aucun d’entre eux, comme c’est le cas de notre société, est le fait de l’arbitraire des constructions symboliques humaines. Autrement dit, chaque être humain dispose des aptitudes mentales qui peuvent faire de lui un Occidental, un Achuar (de l’ethnie Jivaro), ou un membre de n’importe quelle société. Une fois ces dispositions éduquées et spécialisées, l’individu perd son humanité générique pour endosser celle, plus restreinte, qui domine à l’endroit et au moment où il vit.

La neutralisation éthique du rapport à la nature dans l’Occident moderne, qu’Aldo Leopold identifie comme la raison principale de l’absence d’une véritable « éthique de la terre » dans notre société, doit s’inverser. Au modèle dualiste qui suppose l’extériorité réciproque entre le milieu exploité et la société qui l’exploite, doit succéder un modèle moniste, où les activités humaines prennent place comme un des aspects intégrés d’un ensemble plus vaste de relations. Informée et guidée par la science écologique, cette praxis socio-environnementale doit s’accompagner d’une représentation de l’homme où celui-ci n’est qu’un segment du cycle total des dons et contre-dons que se font entre eux les êtres naturels. La formule de communauté biotique est l’appui nécessaire d’une redéfinition radicale de ce qu’est la vie bonne, et cela à l’échelle collective.

 Mais que peut valoir ce manifeste pour reconnaître la valeur culturelle de la nature sauvage ? Entre l’expérience individuelle d’un écologue philosophe et la mutation historique qui se fait attendre, l’écart est immense. Que peut-on faire de l’écho que se renvoient anthropologie et éthique environnementale ? Le constat des crises environnementales présentes et à venir ne semble avoir pour l’instant fait son effet qu’au niveau des dispositions psychiques, suscitant un décalage ontologique. La justification écologique des choix individuels se répand aujourd’hui autour de nous sans que son corrélat institutionnel n’intègre ces représentations à une légitimité publique. Il est légitime d’espérer que de la culture moderne naîtra une autre culture, pour laquelle la responsabilité écologique sera toute autre chose qu’un compromis factice avec le système actuel.

2/3) Résumé du chapitre Vie et Lumière, Croissance et Décroissance de Philippe Leconte

Ernst Schumacher avait tiré la sonnette d’alarme : « Toute multiplication des besoins tend à augmenter la dépendance à l’égard des forces extérieures qui échappent à notre contrôle, et alimente par conséquent la peur existentielle. Ce n’est qu’en réduisant ses besoins que l’on peut encourager une authentique réduction des tensions fondamentalement responsables des luttes et des guerres (in Small is beautiful) ».

La nature a le pouvoir d’arrêter les processus de croissance. Chez l’animal supérieur par exemple, la croissance est très finement contrôlée. Seuls la peau, les ongles et les poils croissent sans cesse comme chez des végétaux. Après une blessure, une intense activité de division cellulaire reconstitue la peau. Puis une fois la plaie refermée, le processus cesse. Une cellule normale a constamment besoin que l’organisme lui envoie des signaux pour confirmer son utilité. Elle peut mourir sur ordre, c’est l’apoptose. Ainsi, la beauté de la vie s’épanouit à chaque instant dans un équilibre entre l’impulsion de croissance et sa retenue. De même, des peuples entiers ne sont pas entrés dans la course à la croissance. Et Pierre Rabhi pose justement la question de la décroissance en terme de sens : « Je préconise une réorganisation dans laquelle la satisfaction d’être et la satisfaction d’agir puissent avoir du sens. Ce qui a du sens, c’est d’avoir l’impression que notre vie n’est pas en train d’être gaspillée à faire des choses inutiles, voire du rebut et des déchets. »

Il est très difficile de dire ce que signifie le mot sens. Lire la suite

Grenelle de l’environnement : le texte

citron-vert.info, Philippe Ladame, le 6 août 2009

Grenelle de l’environnement : le texte

La loi relative à la mise en œuvre du Grenelle de l’environnement, adoptée par l’Assemblée, est publiée au Journal Officiel.

En voici le sommaire (avec l’indication des pages) :

TITRE I : Lutte contre le réchauffement climatique – p 3

CHAPITRE I : Réduction des consommations d’énergie des bâtiments – p 5

CHAPITRE II : Urbanisme – p 9

SECTION 1 : Disposition relatives aux objectifs – p 9

SECTION 2 : Disposition relatives à l’urbanisme et au patrimoine – p 10

CHAPITRE III : Transports – p 10

SECTION 1 : Disposition relatives aux objectifs – p 11

SECTION 2 : Dispositions modifiant la loi d’orientation des transports intérieurs – p 19

CHAPITRE IV : Energie – p 20

CHAPITRE V : La recherche dans le domaine du développement durable – p 22

TITRE II : Biodiversité, écosystèmes et milieux naturels – p 24

CHAPITRE I : Stopper la perte de biodiversité sauvage et domestique. Restaurer et maintenir ses capacités d’évolution – p 24

CHAPITRE II : Retrouver une bonne qualité écologique de l’eau et assurer son caractère renouvelable dans le milieu et abordable pour le citoyen – p 26

CHAPITRE III : Uune agriculture et une sylviculture diversifiées et de qualité, productive et durables – p 28

CHAPITRE IV : La gestion intégrée de la mer et du littoral – p 32

 TITRE III : Prévention des risques pour l’environnement et la santé, prévention des déchets – p 33

CHAPITRE IER : L’environnement et la santé – p 33

CHAPITRE II : Les déchets – p 37

TITRE IV : État exemplaire – p 40

TITRE V : Gouvernance, information et formation – p 42

TITRE VI : Dispositions propres à l’outre-mer – p 47

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Contre Allègre : une écologie qui émancipe

liberation.fr, Denis Baupin, adjoint au maire de Paris chargé de l’environnement, du développement durable et du plan climat, le 5 août 2009

Contre Allègre : une écologie qui émancipe

Fidèle à la stratégie de son nouveau maître – Nicolas Sarkozy -, Claude Allègre prétend, en s’appropriant indûment l’identité de ceux qu’il veut combattre – les écologistes -, se parer lui-même des habits de l’écologie, avec la création prochaine de sa Fondation pour l’écologie productive (Libération du 17 juillet).

Venant d’un des principaux négationnistes du dérèglement climatique, y compris au prix du tripatouillage de travaux scientifiques, le propos pourrait faire sourire. Mais on aurait tort de se contenter de ce premier réflexe. Claude Allègre n’est que la figure la plus caricaturale d’une entreprise plus globale visant à se réapproprier le succès des écologistes pour mieux le dénaturer. Cette entreprise utilise deux artifices.

Le premier est un grand classique : faire passer les écologistes pour des passéistes, des opposants au progrès, etc. Refrain connu chez les productivistes et les scientistes de droite et de gauche, depuis Robert Hue, qui refusait le retour à «la lampe à pétrole», à Martine Aubry, qui ne veut pas s’intéresser «aux radis», en passant par Luc Ferry, dont l’ouvrage le Nouvel Ordre écologique disait le mépris d’une certaine classe intellectuelle pour qui ne partageait pas sa vision du progrès humain.

Le second, plus nouveau, est devenu un passage obligé pour tout politique en panne de discours : repeindre en vert les politiques les plus productivistes et polluantes, afin de leur donner une nouvelle légitimité. En la matière, Claude Allègre ne craint personne. Après avoir été le héraut du lobby de l’amiante (qui continue de tuer chaque année plusieurs milliers de personnes), le voici en porteur de valise du nucléaire, des organismes génétiquement modifiés (OGM), voire du stockage de carbone comme réponse au dérèglement climatique.

Il y a pourtant un point sur lequel on peut être d’accord avec Claude Allègre : oui, l’écologie peut être productive, innovante, source de progrès pour l’humanité, créatrice d’emplois et aussi – même si cela l’intéresse sans doute moins – de justice sociale. Mais pour cela, pour être résolument moderne – car nous revendiquons la modernité -, l’écologie n’a pas besoin d’épouser une fuite en avant technoscientiste promue au rang d’idéologie. Notre écologie s’appuie sur l’innovation et les technologies modernes, mais en privilégiant celles qui accroissent l’autonomie des gens, qui émancipent au lieu d’asservir.

Reprenons les exemples de l’énergie, des OGM et du stockage de carbone pour en faire la démonstration.

Pour la production énergétique, peu importe à Claude Allègre que le nucléaire dit de quatrième génération – supposé recycler ses propres déchets – ne soit qu’une chimère dont les seuls exemples, à commencer par Superphénix, furent des échecs retentissants, si cela lui permet de justifier la fuite en avant franco-française dans l’industrie énergétique la plus dangereuse (par ses déchets, ses accidents et la prolifération qui lui est liée) et la plus coûteuse… Comme vient de le confirmer le PDG d’EDF en Lire la suite

NPA : Intégrer la question de l’écologie dans le programme socialiste

porcieu-amblagnieu-municipales-2008.over-blog.com, Bruno Bajou, le 25 juillet 2009

NPA : Intégrer la question de l’écologie dans le programme socialiste

La question de l’écologie suscite de nombreux débats parmi tous ceux qui militent pour un projet de transformation révolutionnaire de la société.

S’il semble acquis pour tous que l’ampleur de la crise écologique en fait une question centrale, s’il est clair qu’il n’est plus possible de faire de l’écologie un supplément d’âme d’un programme socialiste… la discussion reste ouverte et nécessaire sur comment intégrer, en opposition à l’écologie moralisatrice des partis institutionnels, la critique écologique dans ce qu’elle à de plus subversif, à notre combat anticapitaliste, à notre perspective socialiste.

Pour certains camarades la nécessité de prendre en compte les conséquences de la crise écologique devrait conduire à une intégration de l’écologie politique au programme socialiste, en rejoignant le courant « écosocialiste ». C’est ce qui a été défendu au congrès de fondation du NPA dans le débat autour du mot même d’écosocialisme.

Le débat ne porte pas sur le fait de savoir s’il faut ou pas intégrer les données de l’écologie à notre critique du capitalisme. Rajouter le préfixe « éco » signifie rejoindre un courant politique, l’écosocialisme, qui a sa propre existence et qui se définit pour reprendre une formulation de Michael Löwy comme « un courant de pensée et d’action écologique qui fait siens les acquis fondamentaux du marxisme – tout en le débarrassant de ses scories productivistes. » 

Cela pose deux problèmes, d’une part le problème de définir ce qu’est réellement l’écologie politique en tant que courant et son apport et, d’autre part, le problème que certains camarades semblent confondre le bilan du socialisme réel, des régimes staliniens, des régimes nationalistes prétendument socialistes avec la critique marxiste du capitalisme.

« Ecosocialisme », actualisation du marxisme ou concession à l’écologie politique radicale ?

L’expression « écologie politique » a toujours été volontairement confuse. Utiliser le nom de ce qui est avant tout une science pour désigner un courant politique a toujours permis aux courants se revendiquant uniquement de l’écologie politique de prétendre se situer au-dessus des clivages politiques traditionnels et de ne pas se situer sur le terrain de la lutte des classes et de la critique du capitalisme. La grande majorité de ces courants et partis, souvent très institutionnels, acceptent globalement le cadre du capitalisme et n’ont d’autres perspectives que de s’en remettre aux bons vouloirs des dirigeants et de leurs administrations. Cela revient au final à s’aligner sur un « capitalisme vert » dont tous les gouvernements se font maintenant les champions.

Le courant écosocialiste est né, en réaction à cette écologie institutionnelle et bien pensante, de la volonté de lier le combat écologique et le combat social, démarche sur laquelle on ne peut que se retrouver. Mais quand ces camarades discutent de réactualiser notre projet d’émancipation en introduisant « à part égale » l’apport des courants écologiques et du celui du marxisme, ils introduisent en réalité beaucoup de confusion politique. Car plus qu’une actualisation du marxisme, cela revient avant tout à faire Lire la suite

Sciences sociales et humaines – La crise climatique : le défi sociétal

ec.europa.eu, Juin 2009 Sandrine Dewez

Crise climatique : le défi sociétal

Environnemental, le problème du changement climatique est aussi sociétal. Modes de vie, organisations sociales, systèmes de gouvernance sont amenés à évoluer. La communauté des sciences sociales et humaines cherche activement de nouvelles voies d’action collective…

«Nous sommes devant la menace la plus grave que le monde ait jamais eu à affronter: un problème historique se pose maintenant à l’action collective» alerte Scott Barrett, économiste et professeur à la Johns Hopkins University de Washington. En septembre 2008, à Paris, il était question du défi que représente pour l’humanité le réchauffement climatique. Économistes, psychologues, géographes, spécialistes du droit, de la philosophie, des médias, des sciences politiques, des populations, venus d’Europe et des États-Unis, étaient rassemblés autour du thème de «L’homme et la société face au changement climatique». Organisée par l’École d’économie de Toulouse dans le cadre de la présidence française de l’Union, la conférence des 22 et 23 septembre visait à favoriser les échanges interdisciplinaires dans le champ des sciences sociales et humaines (SSH). Un enjeu pour la Commission européenne, qui a mis en œuvre son premier programme SSH crédité de 600 millions € pour la durée du 7ème programme-cadre européen de recherche.

Vers une autre gouvernance climatique ?

«Le sujet d’entrée incontournable pour aborder le changement climatique, c’est le développement» avertit Amy Dahan, historienne et philosophe au CNRS – Centre National de la Recherche Scientifique (FR). Pour en comprendre les enjeux, un état des lieux des négociations internationales s’impose. Parvenir fin 2009 à un nouveau traité intergouvernemental ambitieux pour poursuivre la réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) au delà du 1er janvier 2013, tel est l’objectif que s’est fixée la convention des Nations unies sur le réchauffement climatique. À cette date, la première série d’engagements conclus dans le cadre du protocole de Kyoto sera en effet parvenue à son terme.

Une base de travail a été avancée fin 2007: diviser par deux les émissions de GES d’ici 2050. Mais l’objectif est jugé inéquitable par les pays en développement (PED) qui refusent de se voir imposer des limites à leur croissance. Les pays industrialisés, estiment-ils, doivent poursuivre seuls leurs efforts jusqu’en 2020. Premier passage obligé donc, garantir aux PED que leur aspiration légitime à de meilleures conditions de vie ne sera pas remise en cause. «Mais nous devons aussi changer de cap nous-mêmes», poursuit Amy Dahan. «Sinon, impossible de partager entre Nord et Sud la question de savoir comment nous allons vivre et consommer au plus bas niveau d’émission carbone possible. C’est sur ce point que nous devons avancer maintenant.»

Partir de nos technologies et infrastructures et s’appuyer sur le marché et les institutions existantes pour opérer une transition vers une société post-carbone, est-ce possible ? «Cela fait 25 ans que nous essayons sans y parvenir» rappelle Scott Barrett, «les incitants économiques pour développer de nouvelles technologies économes et propres, et les diffuser ensuite dans le monde entier sont actuellement inexistants. Le protocole de Kyoto ne fera aucune différence» affirme-t-il. La solution avancée par Scott Barrett s’inspire, Lire la suite

VIENT DE PARAITRE : La nature et la norme. La philosophie politique contemporaine face aux questions écologiques

nonfiction.fr, Hicham-Stéphane Afeissa, le 4 juillet 2009

L’écologie est-elle soluble dans la démocratie ?

La nature et la norme. La philosophie politique contemporaine face aux questions écologiques

Nicolas de Longeaux, Éditeur : L’Harmattan

Résumé : Un livre de philosophie politique exceptionnellement riche, dont les conclusions ne semblent toutefois pas réellement démonstratives.  

Hans Jonas a longtemps été conspué pour avoir osé douter de la capacité de la démocratie, dans son fonctionnement actuel, à prendre en charge les enjeux écologiques. Selon lui, le changement radical de mode de vie et de consommation, ainsi que le contrôle drastique de l’innovation scientifique, ne pouvaient être réalisés que s’ils étaient imposés d’en haut par « une tyrannie bienveillante, bien informée et animée par la juste compréhension des choses »  . « Seule une élite », poursuivait-il, « peut éthiquement et intellectuellement assumer la responsabilité pour l’avenir », en sorte que, à tout prendre, le centralisme socialiste lui semblait encore préférable au complexe « capitaliste-démocratique-libéral »  .

Le risque d’établir par là une sorte d’expertocratie a été largement dénoncé, mais l’on s’est sans doute mépris sur le statut exact de cette proposition par laquelle Hans Jonas ne visait assurément pas à exprimer un idéal politique personnel, mais bien plutôt à avancer un diagnostic sur le fonctionnement des démocraties libérales et sur leur incapacité structurelle à répondre efficacement aux problèmes environnementaux. Dans quelle mesure le système politique moderne est-il capable de comprendre et de traiter les questions écologiques qui se posent à la société ? Tel était le sens de l’interrogation de Hans Jonas.

C’est cette interrogation essentielle que reprend à son compte Nicolas de Longeaux dans ce livre de philosophie politique important et, à de nombreux égards, tout à fait exceptionnel, sans restreindre son champ de réflexion à la seule philosophie environnementale de Jonas, mais en s’efforçant au contraire de prendre en considération presque toutes les philosophies politiques contemporaines susceptibles d’apporter un éclairage sur les questions écologiques, du saint-simonisme à John Rawls, en passant par Karl Marx, Max Weber, Hannah Arendt, André Gorz, Ivan Illich, Jean-Pierre Dupuy, quelques penseurs clés de l’éthique environnementale, Michael Walzer, Felix Guattari, Cornélius Castoriadis, Etienne Tassin et surtout Jürgen Habermas, qui joue dans cette étude un rôle absolument central.      

Objectifs de l’enquête et thèses principales

L’entreprise de Nicolas de Longeaux poursuit deux objectifs principaux. Elle se présente tout d’abord comme une enquête portant sur les conditions théoriques générales de fonctionnement des institutions politiques actuelles, et sur les contraintes principielles qui déterminent les marges d’action des démocraties modernes confrontées aux phénomènes de crise environnementale. 

La thèse qu’il défend à ce niveau est que le système politique contemporain est inadapté à la résolution des questions écologiques, et qu’il est condamné à les aborder avec des ressources et des structures qui ont été mises en place pour répondre à des problèmes politiques totalement différents.

L’enquête se poursuit alors en direction de la réflexion politique contemporaine, en cherchant successivement dans la pensée écologiste (en entendant par là les élaborations théoriques des penseurs de l’écologie sociale, de l’éthique environnementale, de la deep ecology et de Hans Jonas lui-même), puis dans la philosophie politique actuelle Lire la suite

EFSA : Génétiquement pro-OGM

lemonde.fr, Pierre Le Hir, le 29 juin 2009

Génétiquement pro-OGM

Parme, sa cathédrale, son baptistère, ses fresques du Correggio, son parmigiano reggiano et son prosciutto. Les guides touristiques ajoutent désormais : son Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA). L’agence chargée, au niveau communautaire, d’évaluer les risques liés à la chaîne alimentaire. En particulier aux organismes génétiquement modifiés (OGM). C’est sur ses avis que s’appuient les décisions de la Commission de Bruxelles, du Parlement européen et des Etats membres de l’Union européenne. D’où son rôle crucial.

Loin des marbres patinés des palais des Farnèse, l’institution s’est installée dans un moderne bâtiment de verre. Façon, peut-être, d’afficher sa « transparence », l’une de ses vertus cardinales, annonce sa directrice, la Française Catherine Geslain-Lanéelle, avec l' »excellence scientifique », l' »indépendance » et la « réactivité ». L’affirmation fait s’étrangler les écologistes. « Autant demander à un renard de surveiller un poulailler ! » s’écrit Greenpeace.

Les ministres de l’environnement des pays européens ne sont pas loin de penser la même chose. Au point que onze d’entre eux – Autriche, Bulgarie, Chypre, Grèce, Hongrie, Irlande, Lettonie, Lituanie, Malte, Pays-Bas et Slovénie -, affichant leur défiance à l’égard des instances communautaires, viennent de réclamer la possibilité d’interdire, de leur propre initiative, la culture de séquences génétiquement modifiées sur leur territoire. Sans souscrire à cette demande de nationalisation des autorisations de culture, la secrétaire d’Etat française à l’écologie, Chantal Jouanno, plaide elle aussi pour « que les procédures d’expertise soient revues ».

Quand l’EFSA voit le jour, en janvier 2002, l’Europe sort des crises de la vache folle et du poulet à la dioxine belge. La confiance des consommateurs est ébranlée. La filière agroalimentaire discréditée. L’Union européenne décide de se doter d’une expertise scientifique incontestable. Et de séparer l’évaluation des risques de la décision politique.

Maladies animales, additifs alimentaires, OGM, pesticides, risques biologiques… L’agence ne chôme pas. Chaque année, sa charge de travail double : en 2009, elle rendra un millier d’avis scientifiques. Trop, trop vite ? Avec 400 permanents et un financement communautaire de 73 millions d’euros, elle a atteint « la taille critique » et « la maturité » qui garantissent aux citoyens européens « un système d’évaluation des risques extrêmement robuste« , assure Mme Geslain-Lanéelle. Dix panels de scientifiques externes ont été mis en place pour couvrir les différentes disciplines, soit un réseau de 200 experts, réunis 10 à 12 fois par an. S’y ajoutent un millier de spécialistes consultés ponctuellement, dont la directrice souhaite tripler ou quadrupler le nombre.

Sur certains dossiers, l’EFSA a fait la preuve de l’indépendance qu’elle revendique. Par exemple en concluant, en 2007, que le colorant alimentaire Rouge 2G (E128), utilisé depuis trente ans dans les saucisses et les hamburgers, pouvait avoir des effets cancérigènes. Son bilan en matière d’OGM laisse en revanche perplexe.

Depuis sa création, l’autorité a reçu des industries agroalimentaires 119 demandes d’autorisation ou de renouvellement d’organismes génétiquement modifiés. Plus de la moitié (69) sont encore à l’étude, tandis que 8 ont été finalement retirées. Elle a donc rendu 42 avis… tous positifs. Qui plus est, adoptés à l’unanimité – le vote se faisant à main levée – des membres du panel OGM présents.

Pour les écologistes, la cause est entendue. Lire la suite

Vers la bio-civilisation

mediapart.fr, Jade Lindgaard, le 9 Janvier 2009

Vers la bio-civilisation

Quelles nouvelles idées pour le nouveau monde dans lequel nous plonge le clash des crises économique et écologique ? Pour Ignacy Sachs, théoricien de l’éco-développement et précurseur à ce titre de la notion de développement durable, l’avenir devrait être à la «bio civilisation».

 

J’ai eu la chance d’assister en début de semaine au séminaire d’Amy Dahan, historienne des sciences et directrice-adjointe du centre de recherche Alexandre Koyré qui s’intéresse notamment à l’histoire des politiques environnementales. Ignacy Sachs en était l’invité. Il y a expliqué son concept novateur de «bio civilisation».

Pour lui, nous «sommes aujourd’hui assis sur des ruines de paradigme» : celles du socialisme réel et du capitalisme financier. Il nous faut donc repenser les modèles. A commencer par celui de l’énergie : agir sur la demande (cela pose la question des styles de vie), l’offre (améliorer l’efficacité énergétique), et substituer aux hydrocarbures tout l’éventail des énergies renouvelables. Or, la dimension sociale de ces nouvelles énergies est fondamentale.

Qu’est-ce que la biocivilisation ?  

L’assemblage d’un trio : biodiversité + biomasse + biotechnologies. Il y est donc question de préservation de la biodiversité, de révolution énergétique et de progrès technologique. Selon Ignacy Sachs,  l’exploitation -économe- de la  biomasse créera de nouveaux emplois. L’enjeu central de cette nouvelle forme de développement durable est de créer de nouvelles opportunités de travail. Et donc de revenus. Cela pose la question des réformes agraires puisque une partie substantielle du labeur de la biocivilisation se déroulera à la campagne. Quelle place pour le travail rural dans nos sociétés contemporaines ? «Ce qui m’intéresse, ce n’est pas tant la biomasse en tant que telle que les emplois qui peuvent lui être liées». En premier lieu, cela implique de revoir l’attitude contemporaine cataloguant le rural comme obsolète.

Pour Sachs, le gouffre entre la progression des idées écologiques et les pratiques des gouvernements n’a cessé de s’agrandir depuis le sommet de la terre à Rio en 1992. Pourquoi ? Parce que l’écodéveloppement a besoin pour exister d’un Etat proactif. C’est-à-dire un Etat Lire la suite

La prospérité sans la croissance ? Inventer une alternative

contreinfo.info, Charles Siegel, Common Dreams, le 28 avril 2009

La prospérité sans la croissance ? Inventer une alternative

Paradoxe des temps modernes. Les extraordinaires avancées des sciences et des techniques ont permis à l’humanité d’accumuler un savoir faire et une capacité de production à même de satisfaire la plupart de ses besoins, et pourtant cette richesse potentielle, loin de se traduire par l’accomplissement des promesses du progrès, s’accompagne aujourd’hui d’une inégalité toujours accrue, d’une énorme demande sociale non satisfaite, et d’une pression croissante sur les conditions d’existence au nom du sacro saint rendement compétitif. Mais rendement de quoi ? Loin de permettre de libérer l’homme, l’intelligence, les énergies mobilisées, les efforts consentis, englués dans un système devenu inefficace, inadapté et dangereux, conduisent l’humanité à sa perte. Le système économique – dont la structure est un archaïsme hérité des temps obscurs où la rareté dominait – poursuit sa trajectoire aveugle et insoutenable qui nous rapproche inexorablement de l’épuisement des ressources primaires, et de la dévastation de notre planète. « Prosperity Without Growth ? » est un ouvrage (disponible gratuitement en ligne) publié par la Commission du Développement Durable, une agence gouvernementale du Royaume-Uni, qui ose aborder de front cette question brulante. La croissance, telle que nous la pratiquons, est dans l’impasse. Il faut repenser à nouveaux nos modèles de développement, et renoncer à la religion du PIB. Cela implique-t-il un retour aux privations ? Nullement. Les études effectuées de par le monde montrent qu’une fois atteint un niveau de revenu situé entre la moitié et les deux-tiers de ce qu’il est aujourd’hui aux USA, le sentiment de bien-être n’augmente plus en relation avec l’accroissement des revenus. Renoncer à la croissance, ce pourrait donc être simplement renoncer au « toujours plus » du consumérisme, à la recherche vaine de la distinction par les colifichets du « je le vaux bien » narcissique. Une telle révolution, non seulement économique mais également culturelle, est possible, nous dit la Commission Britannique, qui indique en s’appuyant sur les travaux de l’économiste canadien Peter Victor que cela permettrait également de travailler moins. Nous publions ci-dessous la note de lecture de cet ouvrage rédigée par Charles Siegel pour Common Dreams, et fournissons le lien de téléchargement. Quand une commission du gouvernement britannique publie un rapport appelant à mettre un terme à la croissance économique, il semble tout à coup que notre monde soit en pleine mutation. La croissance est l’objectif central pour les économistes depuis le début de la révolution industrielle.

Aujourd’hui le professeur Tim Jackson, le Commissaire Economique de la Commission du Développement Durable du Royaume-Uni publie un ouvrage qui résume l’état actuel de nos connaissances sur la croissance économique et montre de façon convaincante qu’il faut y mettre un terme. Nous avons tous entendu parler des effets de la croissance sur l’environnement, tels que l’épuisement des ressources et le réchauffement de la planète. L’opinion communément admise est que nous pouvons y faire face en adoptant des technologies plus efficace. Mais ce livre affirme qu’il n’existe pas de scénario plausible dans lequel le progrès technologique pourrait à lui seul réduire suffisamment les émissions de gaz à effet de serre si la croissance se poursuit à son rythme actuel. « La taille de l’économie mondiale est presque cinq fois supérieure à ce qu’elle était il y a un demi-siècle. Si elle continue à croître au même rythme, ce chiffre sera de 80 en 2100. » Les efforts déployés pour utiliser au mieux la technologie afin de réduire les émissions de gaz à effet de serre seront vraisemblablement submergés par ce rythme rapide de croissance. Si nous voulons sérieusement éviter les pires effets du réchauffement de la planète, nous devons aller au-delà de ce genre de solutions technologiques et repenser la croissance économique elle-même. Lire la suite

Appel à projet ANR : Changements Environnementaux Planétaires

agence-nationale-recherche.fr, appel à projet, mai 2009

Appel à projet ANR : Changements Environnementaux Planétaires (CEP)

Les changements environnementaux sont désormais perceptibles à l’échelle de la planète, d’où le terme « changements environnementaux planétaires » ou « changement global ». Un des enjeux majeurs de la recherche consiste à faire émerger une approche systémique, profondément multi- et trans-disciplinaire sur ce domaine, à l’interface des sciences humaines et sociales, des sciences de la vie et de la matière.

L’objectif de ce nouveau  programme est d’accélérer les recherches françaises ayant une approche intégrée de ces processus se développant à l’échelle de la planète mais générant des impacts d’ordres régionaux. Le programme visera à faire émerger des projets portant sur l’impact, la mitigation et/ou l’adaptation aux changements environnementaux planétaires.

Le programme est structuré en six axes :

Axe thématique 1 : Vulnérabilité et Adaptation des sociétés aux CEP

Axe thématique 2 : Aménagement des Territoires et Occupation Des Sols  dans le contexte des CEP

Axe thématique 3 : Rôle de la biodiversité sur le fonctionnement des écosystèmes dans le contexte des CEP

Axe thématique 4 : Ressources naturelles et sécurité alimentaire dans le contexte de CEP

Axe thématique 5 : Changements environnementaux planétaires et effets sur la santé

Axe thématique Transverse 6 : Outils et méthodes pour la science du système Terre

Date limite de soumission des dossiers Lire la suite

Les économistes face à la crise

ladocumentationfrançaise.fr, Problèmes économiques N° 2 970, le 29 avril 2009

Les économistes face à la crise

Pour les différentes écoles de pensée de la science économique, la crise est avant toute chose un concept alimentant depuis des décennies controverses et débats théoriques. Les économistes classiques y voient la simple défaillance d’un système fondamentalement efficace : une turbulence périodique et passagère. Les autres, les économistes non orthodoxes, considèrent au contraire qu’elle constitue une véritable rupture, un moment de mutation profonde débouchant sur de nouvelles formes de la régulation économique. La crise historique que traverse le monde aujourd’hui n’échappe pas à cet éternel débat.
Les économistes face à la crise

Editorial
Comprendre la crise

Une crise si profonde…

Politique internationale

Jean-Hervé Lorenzi

Robert J. Shiller : du visionnaire à l’inventeur

Finances et développement

Paolo Mauro

La crise financière : un prétexte au retour de l’Etat ?

Institut Hayek

Charles De Smet

Krugman, d’une crise à l’autre

La Vie des idées

Thomas Mélonio

Keynes, le grand retour ?

Relancer l’économie… mais à certaines conditions !

OFCE
Xavier Timbeau

Peut-on recourir à la politique budgétaire ? Est-ce souhaitable ?

Idées
Robert M. Solow

« Keynes : une idée géniale, des outils dépassés »

Enjeux – Les Echos

Entretien avec Jean-Paul Azam Lire la suite

Chercheurs et associatifs, partenaires de recherche…

sciencescitoyennes.org, Christine Audoux-Lemoine, Doctorante Laboratoire interdisciplinaire de Sociologie Economique (LISE), CNAM-CNRS, Paris, le 6 avril 2009

Chercheurs et acteurs associatifs, partenaires de recherche : vers une (re)connaissance mutuelle ?

Longtemps réservée aux seuls « savants », la recherche académique en France s’ouvre depuis peu (2005) à d’autres acteurs de la société civile grâce à des appels d’offre publics dédiés. En effet, sous l’impulsion d’une organisation non gouvernementale (La Fondation Sciences Citoyennes) et d’un élu convaincu, une institution comme le Conseil Régional d’Ile de France a mis en place un appel annuel à projet partenarial entre chercheurs et acteurs associatifs : les Partenariats Institutions-Citoyens pour la Recherche et l’Innovation (PICRI). La Région de Bretagne a suivi l’exemple en mettant en place son propre appel d’offre [1].

Si le Québec a ouvert la voie en 1999 avec les Alliances Recherche Université-Communauté (ARUC) et a ainsi modifié la physionomie des laboratoires par un va-et-vient constant avec la société considérée comme partenaire, on peut se demander si une telle démarche peut trouver écho dans le paysage institutionnel et sociétal français.

La recherche publique française est fortement secouée depuis une à deux décennies par des injonctions à une ouverture au monde socio-économique. Mais le but le plus souvent recherché par les politiques successives – et auquel la communauté scientifique tente de résister – consiste principalement en une percée du monde marchand dans la recherche publique : elle devrait ainsi davantage se consacrer à des intérêts économiques particuliers tout en étant assignée à produire des biens publics au bénéfice de tous. L’intention de ces partenariats de recherche est autre. En favorisant une co-construction entre scientifiques et acteurs de la société civile, elle vise à introduire une nouvelle régulation de la recherche. Aux côtés de l’Etat, des intérêts marchands et de la communauté scientifique, la société pourrait faire valoir directement ses intérêts en participant au processus de recherche lui-même. De quoi s’agit-il ? Devenant partenaires, acteurs et chercheurs ont à définir une question commune issue des préoccupations et des connaissances des uns et des autres, puis une méthodologie de recherche qu’ils mettent en œuvre conjointement. Pour exemple, les membres d’une organisation agréée pour l’adoption internationale et des anthropologues de la famille se sont engagés ensemble dans ce processus afin d’identifier les impacts pour la famille et pour l’enfant des adoptions réalisées depuis une quinzaine d’années par l’ONG.

Mais à quelles conditions de tels partenariats peuvent-ils s’établir ? Acteurs et chercheurs n’ayant a priori ni les mêmes intérêts ni les mêmes connaissances de la réalité ou de la démarche scientifique, une réelle « co-production » est-elle possible ? Que signifie pour les scientifiques de partager un processus de connaissance avec des non-scientifiques ? Que signifie pour les acteurs de s’engager dans une démarche complexe éloignée de l’opérationnalité ?
Pour répondre à ces questions, un détour historique semble nécessaire pour comprendre comment le processus de production de connaissance scientifique en France peut rendre difficile le dialogue entre chercheurs et acteurs.

Dès la fin du XVIIème siècle, une nouvelle forme de compréhension du monde émerge : la rationalité. Il s’agit de connaître les choses, non plus par des ressemblances, des images ou des croyances, mais par des systèmes d’analyse comme la classification et la mesure. De cet ordre nouveau qui s’impose à l’Occident naîtront de nouveaux domaines de connaissance telles Lire la suite

La planète Terre bientôt climatisée ?

univers-nature.com, NC, avril 2009

La planète Terre bientôt climatisée ?

Toutes les études importantes publiées récemment prévoient que le changement climatique – annoncé voici plus de trente ans par plusieurs rapports officiels, des personnalités et des associations écologistes – est inéluctable et qu’il sera beaucoup plus rapide que prévu précédemment.

Pour contrer une catastrophe imminente, des équipes de scientifiques renommés, appuyés par des politiciens, ont conçu des projets de refroidissement artificiel de la Terre dignes de la science fiction, qui inquiètent de nombreux climatologues. L’expérimentation de certaines de ces nouvelles technologies pourrait avoir déjà commencé.

Le changement climatique s’emballe et deviendra bientôt incontrôlable.

Selon le dernier rapport du Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (GIEC – IPCC en anglais) (1), le premier organisme de surveillance du climat, le réchauffement global au cours du XXIe siècle sera compris entre 2 et 5° selon les scenarii. Il pourrait atteindre 8°, voire 11°, selon une équipe de chercheurs de l’université d’Oxford. Un changement radical pourrait survenir en une seule décennie. Cette éventualité est au centre des problèmes de sécurité aux USA. Le rapport pour le Pentagone « Le scénario d’un changement climatique brutal et ses implications pour la sécurité nationale des Etats-Unis » élaboré en 2003 par Peter Schwartz, consultant à la CIA, et Doug Randall, du réseau Global Business Network, prévoit des famines, des pandémies, des émeutes et des guerres civiles et inter-étatiques pour l’appropriation des dernières ressources naturelles.

« Le réchauffement global est proche du point de non-retour », avertit le président du GIEC, qui ajoute qu’« il n’y a plus une minute à perdre… c’est l’avenir de l’humanité qui est en jeu ». Onze des douze années les plus chaudes se situent au cours des douze dernières années, et 2007 pourrait battre tous les records de températures enregistrés. Selon James Hansen, directeur du Goddard Institute for Space Studies (GISS) de la NASA à New York, « les températures actuelles sont dans la fourchette haute de celles qui prévalent depuis le début de l’Holocène, il y a 12 000 ans ». Il poursuit : « Si le réchauffement atteint au total deux ou trois degrés Celsius, nous verrons probablement des changements qui feront de la Terre une planète différente de celle que nous connaissons. (…) La dernière fois que la planète était aussi chaude au milieu du Pliocène, il y a environ trois millions d’années, le niveau des océans était environ de 25 mètres au-dessus de celui d’aujourd’hui, selon les estimations. » (Le Monde, 29 septembre 2006).

Le premier rapport de l’Observatoire national du réchauffement climatique (ONERC), paru en 2005, montre que le réchauffement est 50% plus important dans l’Hexagone que le réchauffement moyen global, ce qui devrait entraîner des « conséquences colossales » pour notre pays. La multiplication des phénomènes extrêmes apporterait « des changements profonds sur le mode de vie des Français. »

Nous n’avons subi jusqu’ici que les prémices des catastrophes environnementales qui devraient se produire à grande échelle : inondations rayant de la carte de nombreuses îles et certains pays, multiplication des cyclones, grosses pénuries d’eau potable, famines consécutives à une aggravation des sécheresses et de la désertification, diminution drastique de la biodiversité (au moins un quart des espèces animales terrestres et des plantes serait condamné à disparaître d’ici 2050), poussée vers le nord des maladies tropicales, pandémies… Selon le 4e rapport du GIEC (février 2007), ces événements conduiraient à la migration de centaines de millions de personnes dans le monde. Ces réfugiés climatiques viendront surtout des régions les plus pauvres et les plus vulnérables, comme les zones côtières (où vit la moitié de la population mondiale) et l’Afrique subsaharienne.

Le réchauffement climatique pourrait s’auto alimenter, en raison Lire la suite

Jancovici, écolo nouveau genre

lejdd.fr, Soazig Quémener, le 28 Mars 2009

Jancovici, écolo nouveau genre

Jean-Marc Jancovici, polytechnicien, proche de Nicolas Hulot avec qui il rédiger le fameux Pacte écologique, sensibilise patrons et politiques, jusqu’à Nicolas Sarkozy, à l’urgence du développement durable. Avec un style rentre-dedans. Un tiers des entreprises du CAC 40 ont déjà fait appel à ce consultant de 46 ans, inventeur du bilan carbone, pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre.

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Jean-Marc Jancovici: Les dates-clés

Regard d’airain, cravate bariolée et mèche indocile à la Harrison Ford, Jean-Marc Jancovici aurait pu devenir patron de Vodaphone Europe ou même de la Société Générale. Comme ses camarades de la promo 1981 de la prestigieuse Ecole polytechnique, il causerait aujourd’hui stock-options et parachutes dorés. Oui mais voilà, sous ce visage de premier de la classe se cache l’un des plus brillants cerveaux verts de France. L’une des trois personnes que Nicolas Sarkozy convie à sa table lorsqu’il faut préparer la conférence de l’ONU sur les changements climatiques en décembre prochain.

Un tiers des entreprises du CAC 40 ont déjà fait appel à ce consultant âgé de 46 ans, fils d’un physicien et d’une documentaliste, inventeur du bilan carbone, pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre. Au tableau de chasse de cet homme qui donne une centaine de conférences par an, Veolia, Bouygues, Unibail, et plusieurs entités de LVMH. Activité qu’il étend sur Internet en animant manicore.com, un site tentaculaire fort de ses 3 000 visiteurs quotidiens.

Galaxie Hulot

« C’est sûr, il n’a pas le profil de l’écolo traditionnel, protestataire de gauche avec un système pileux hors de contrôle et un pull jacquard tricoté par maman », sourit Ronald Blunden, directeur de la communication d’Hachette Livres. Ces deux-là se sont croisés dans la galaxie Hulot. Membres de ce premier cercle qui soutient l’animateur de TF1 dans son intense activité de lobbying vert. Blunden, à l’époque chez Calmann-Lévy, a publié en 2004 Le Syndrome du Titanic, livre-manifeste du visionnaire de Saint-Lunaire. Membre actif depuis 2000 du comité de veille de la Fondation Nicolas Hulot, Jancovici a été l’un des rédacteurs du fameux Pacte écologique. Le texte qui a donné le ton des premiers mois de la campagne présidentielle de 2007 et largement inspiré le Grenelle de l’Environnement.

« Il a pour moi l’une des vues sur le sujet les plus justes et les plus complètes de France et même au-delà », assure son ami Jean-Louis Caffier, rédacteur en chef à LCI, notamment en charge des sciences et de l’environnement. « Quand il est entré chez nous, il était connu dans les milieux intéressés par la problématique, ajoute Cécile Ostria, directrice de la Fondation Nicolas Hulot. Il s’est ensuite imposé grâce à ses capacités de communication. »

Un vulgarisateur à qui l’amour des chiffres et de leur analyse ainsi qu’un inimitable ton de père Fouettard ont ouvert très grandes les portes de l’arène médiatique. Le discours de Jean-Marc Jancovici sonne en effet péniblement aux oreilles: soit, graphiques d’évolution de la production à l’appui, l’épuisement du pétrole est programmé; soit le charbon rejette trop de CO2 pour pouvoir être envisagé comme une énergie de repli… Jancovici n’est-il pas un oiseau de mauvais augure? « Non, à présent, nous comprenons collectivement que nous sommes à l’origine d’un changement mais nous avons une grande difficulté à appréhender ce que cela signifie », scande celui qui admet lui-même avoir mis plusieurs années à comprendre l’ampleur du défi.

« Un discours très radical »

Dans son dernier livre, C’est maintenant! Trois Ans pour sauver le monde (Seuil), écrit avec l’économiste Alain Grandjean, il annonce rien de moins qu’une « tempête d’une brutalité inouïe » si les hommes ne réajustent pas leur mode de vie. « Il est probable que rarement dans l’histoire de l’humanité nous aurons disposé d’une telle quantité d’informations sur un désastre à venir. » L’élévation des températures moyennes du globe, et son corollaire, la montée des océans, n’est plus un secret pour personne. Jean-Marc Jancovici, lui, fait entrer l’urgence dans les esprits: « Nous avons tous en tête l’image de la marée qui monte doucement. Au moment où l’eau va commencer à me lécher le gros orteil, je déplace la serviette, et le problème est réglé. Mais il faut remplacer la serviette par des ports, des centrales électriques, des villes. La mer ne va pas monter de manière continue mais va nous jouer des tours comme à La Nouvelle-Orléans. » Sonnez, trompettes de l’Apocalypse !

« Il tient, c’est vrai, un discours très radical, reconnaît Cécile Ostria, mais il fait cela pour interpeller. Cette brutalité intrigue, suscite la curiosité et l’attention. A la Fondation, nous n’avons pas forcément la même manière d’exprimer les choses, nous essayons de ne pas décourager le public. » Un refus des concessions qui atteint son paroxysme lorsqu’il évoque les relais d’opinion de notre société. « On peut être agacé par la persévérance de leur ignorance », lâche-t-il en visant, pèle-mêle, « élus, décideurs économiques et journalistes ». Journalistes « ignares » ou « nuls », selon l’inspiration du moment, mais peut-être pas irrécupérables puisqu’il organise avec Jean-Louis Caffier tous les ans à leur intention une session de formation intensive au pied du mont Blanc, les désormais fameux Entretiens de Combloux.
Des stars de l’info comme « élèves »

Ski le matin, énergie et climat l’après-midi. Parmi les participants des éditions passées, quelques stars de l’info comme Catherine Laborde, Audrey Pulvar et Christine Kelly. Mais impossible de prendre Jancovici en flagrant délit de « fayotage ». « Pujadas aussi est venu, mais de manière trop brève pour qu’il en retire quelque chose », assène-t-il, en se consolant avec la participation de la directrice pédagogique de l’Ecole de journalistes de Lille: « Elle va former les générations futures. » Le consultant à la cravate jaune est reçu sous les ors de l’Elysée. Certains s’en griseraient, lui n’hésite pas à balancer: « Nicolas Sarkozy ne semble toujours pas avoir compris que la croissance dans un environnement dégradé, cela n’existe pas. »
« Jancovici sait qu’il faut reconsidérer ce monde bâti sur une énergie abondante et pas chère. Alors, avec la rigueur du polytechnicien et l’enthousiasme de l’adolescent qui le caractérisent, il considère que l’on est en train de dormir », explique Jean-Louis Caffier. Une intransigeance qu’il s’applique à lui-même. Jean-Marc Jancovici n’a pas mis les pieds dans un avion depuis plus de dix ans. « Il a participé à la conférence de l’ONU sur le changement climatique en Pologne, mais il s’y est rendu en train. Et il ne serait jamais allé à Bali », note-t-on à la Fondation Nicolas Hulot. L’intéressé qui réside en banlieue parisienne, « à 300 mètres du RER » n’est pas non plus un intégriste. Sa femme possède une voiture, et ce père de deux filles accepterait de reprendre l’avion « à condition que l’intérêt du déplacement soit plus important que le préjudice environnemental ».

 

Les jolies «écolonies» de vacances

lefigaro.fr, Fabienne Broucaret, 23 mars 2009

Les jolies «écolonies» de vacances

Construire une pompe à eau solaire, observer la faune et la flore, visiter un parc éolien… Voilà à quoi s’amusent les enfants lors de colos «écolos».

Chaque année, 5 millions de jeunes partent en colonie de vacances, à la montagne ou à la mer. Ceux confrontés toute l’année à un monde de bitume et de béton, découvrent alors la beauté d’un coucher de soleil, s’émerveillent devant des dauphins et font du sport en pleine nature. L’occasion rêvée de les familiariser à l’éco­logie. De plus en plus d’organismes proposent des colonies thématisées autour de la protection de l’environnement. «On leur apprend à mieux connaître la nature et à devenir plus sensibles à sa sauvegarde, explique Isabelle Cauchois, responsable pédagogique chez Telligo, spécialiste des séjours scientifiques. Ils prennent conscience des conséquences de l’activité humaine, sans catastrophisme ni culpabilisation.» Bref, des vacances éducatives, avec les premiers gestes écocitoyens.

6-10 ans : découverte du littoral et des fonds marins

Votre bambin part sans vous pour la première fois ? Choisissez un séjour court. Organisée par ­Vacances pour tous, la colonie Moussaillons jettera l’ancre à ­Préfailles, petite station balnéaire de Loire-Atlantique, du 17 au 21 août (268 € sans le transport). À la plage, les enfants s’initieront à la voile et fabriqueront des cerfs­volants. Ils collecteront aussi les déchets laissés en bord de mer pour les transformer en créations artistiques. Dans le même esprit, l’association Sous la Lune, organisatrice de sept «écolonies» par an pour les plus de 8 ans, propose un séjour sur le thème des «Trésors de la mer», du 18 au 25 juillet (530 € sans le transport). «À Plouegat, en Bretagne, une biologiste marine aidera les enfants à observer la richesse de la mer, explique Marina d’Huart, fondatrice de l’association. L’idée, c’est surtout de les amener à se poser des questions. À cet âge-là, ils sont très curieux.» Autres sorties : la visite d’une station d’épuration et le nettoyage d’une plage. Si votre enfant rêve de voir phoques et dauphins, direction Landivisiau (Finistère). Telligo y organise, pour les 8-10 ans, une colonie baptisée «Nos amis de l’Océan» du 5 au 13 juillet (629 € sans le transport). Les enfants seront conduits en baie de Morlaix. Aux abords d’une petite île, ils enfileront combinaison légère, masque, palmes et tuba et, dûment encadrés, se jetteront à l’eau pour observer ce qu’ils ont autour des pieds. Ils mettront ensuite le cap sur l’île de Béniguet pour apercevoir des phoques gris et quelques-uns des 40 dauphins qui y ont élu domicile. Enfin, visite de l’Océanopolis de Brest. «Les enfants reproduiront un mini­écosystème aquatique en fabriquant un aquarium ou en créant la maquette d’un fond marin», précise Isabelle Cauchois.

10-14 ans : sports et énergies renouvelables

Ouverte depuis cinq ans, l’école Nicolas-Hulot s’est implantée en plein cœur du parc animalier et botanique de Branféré, dans le Morbihan. Si les colos 100 % écolos sont déjà complètes, les ados peuvent encore s’inscrire au séjour «Sport et nature» (475 € sans transport). Du 9 au 15 août, ils découvriront des activités de plein air – canoë, via ferrata ou encore randonnée – tout en respectant l’environnement. L’UCPA joue aussi la carte du sport pour initier les ados à l’écologie. «La pratique sportive permet de mieux connaître la nature et de se rendre compte de sa fragilité», indique Serge Schmidt, responsable des séjours «Littoral» et à l’origine du programme «Planète grandeur nature» (à partir de 380 € sans le transport). Pendant une semaine, entre le 28 juin et le 23 août, les jeunes s’initieront à l’écosystème dunaire et forestier des Landes girondines avec des guides de l’Office national des forêts (ONF). L’écocitoyenneté sera aussi ­abordée au travers de travaux manuels : fabrication d’un composteur, d’un four solaire, d’une éolienne, mais aussi de cabanes qui serviront au bivouac et à l’observation nocturne des animaux. Pour ceux qui préfèrent partir quinze jours, Okaya pro­pose «Préservons la planète», Lire la suite

9 avril, Sciences Humaines : l’aventure d’une revue

La Maison des Sciences de l’Homme d’Aquitaine accueille : Jean-François DORTIER

Co-fondateur et directeur de publication du magazine Sciences Humaines. Il a publié aux Éditions Sciences Humaines : « Les sciences humaines, panorama des connaissances » 2009, « l’Homme, cet étrange animal  »  2004, « Une histoire des sciences humaines », 2005.

9 avril 2009 – 9h30-12h00

CONFÉRENCE- DÉBAT

Sciences Humaines : l’aventure d’une revue

Le conférencier se basera sur son expérience personnelle et professionnelle (le projet intellectuel de la revue) pour traiter de l’histoire des sciences humaines, de leur place dans la marche des sciences et, surtout, de leur place dans la société aujourd’hui.
Ce sera l’occasion d’aborder avec un chercheur « amateur » passionné et un professionnel de l’édition « grand public »,  des sujets aussi vastes que passionnants :

– la diffusion et le partage des connaissances entre rêves et réalités,

– la valorisation de la recherche en SHS et les débouchés professionnels de la filière,

– le positionnement intellectuel et l’insertion des SHS dans la société d’aujourd’hui.

La conférence-débat (entrée libre) s’adresse à tout public intéressé par la place  et le rôle des sciences humaines et sociales dans la société d’aujourd’hui.

Une large place sera réservée aux questions du public.

Renseignements et Inscription conseillée auprès de : Lire la suite

Le plus noir des scénarios climatiques se profile

Le Monde, Laurence Caramel, le 13 mars 2009

Le plus noir des scénarios climatiques se profile

A neuf mois de la conférence de Copenhague, où la communauté internationale s’est fixé un ultime rendez-vous pour s’accorder sur un plan de réduction des gaz à effet de serre responsables du réchauffement climatique, rien ne garantit qu’un accord sera trouvé. C’est dans l’espoir de conjurer un possible échec que près de 2 000 scientifiques, parmi lesquels les plus éminents climatologues mondiaux, se sont réunis du 10 au 12 mars dans la capitale danoise.

« Imaginez un avion dont la probabilité d’arriver à destination est de 10 %. Monteriez-vous à bord ? Evidemment non... » Stefan Rahmstorf, de l’Institut de recherches de Potsdam sur le climat, aime bien cette métaphore pour expliquer ce qui est en train de se passer : depuis le dernier rapport du Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (GIEC), publié en 2007, il est certain, à 90 %, que l’homme est à l’origine de la transformation du climat qui menace les grands équilibres planétaires.

Or tout se passe comme si les gouvernements s’interrogeaient encore sur la possibilité d’embarquer dans cet avion promis à la catastrophe. A Copenhague, la communauté scientifique a voulu démontrer une dernière fois, avant la fin des négociations, que le doute n’était plus permis. « Nous avons accumulé beaucoup de données depuis le dernier rapport du GIEC, en 2007. Nous voulons que les gouvernements décident en connaissance de cause », a expliqué Katherine Richardson, de l’université de Copenhague, l’une des neuf universités à l’origine de cette initiative.

Les conclusions du GIEC s’appuient sur des données datant au mieux de 2005. Compte tenu de la lourdeur de cette organisation, qui réunit 2 500 chercheurs de 130 pays et dont l’ensemble des publications est soumis au consensus, le prochain rapport ne paraîtra pas avant 2014. Or « les dernières observations confirment que le pire des scénarios du GIEC est en train de se réaliser. Les émissions ont continué d’augmenter fortement et le système climatique évolue d’ores et déjà en dehors des variations naturelles à l’intérieur desquelles nos sociétés et nos économies se sont construites« , a affirmé le comité scientifique de la conférence. Les prévisions du GIEC anticipent une hausse des températures comprises entre 1,1 °C et 6,4 °C à la fin du siècle par rapport à la période préindustrielle.

Stefan Rahmstorf a présenté une étude selon laquelle le niveau des océans pourrait augmenter dans une fourchette de 75 cm à 190 cm d’ici à 2100. Soit bien au-delà des prévisions du GIEC allant de 18 cm à 59 cm. Celles-ci – et le GIEC avait pris soin de le souligner – ne prenaient pas en compte l’évolution des calottes glaciaires du Groenland et de l’Antarctique. Or leur rôle serait en réalité majeur, au travers de la fonte des glaces mais surtout de leur « écoulement » dans la mer. « Ce phénomène est beaucoup plus massif et beaucoup plus rapide que nous ne le pensions« , confirme Eric Rignot, professeur à l’UC Irvine en Californie.

Lucka Kajfez Bogataj, de l’université de Ljubljana (Slovénie), a épluché l’ensemble des études climatiques parues dernièrement. Elle conclut sans hésiter : « L’impact du réchauffement est plus précoce et plus rapide que prévu. » Entre 1990 et 2006, le monde a connu les treize années les plus chaudes depuis 1880, qui marque le début de l’ère industrielle, cite-t-elle en exemple.

Spécialiste des écosystèmes, Andreas Fischlin, de l’Institut fédéral de technologie de Zurich, va dans ce sens : « Les écosystèmes stockent 25 % des émissions mondiales de carbone. Cette capacité de stockage devrait culminer vers 2050, avant que les écosystèmes fragilisés par le réchauffement ne se mettent à leur tour à relâcher du CO2 dans l’atmosphère aggravant ainsi le phénomène. Ce problème est beaucoup plus important que nous ne le pensions il y a cinq ans. »

Ce que les scientifiques ont baptisé des tipping points, soit des seuils au-delà desquels les conséquences du réchauffement deviennent irréversibles et incontrôlables, pourraient être plus bas. Lire la suite

Joseph Stiglitz et Nicholas Stern : Pour une relance verte

contreinfo.info, Joseph Stiglitz et Nicholas Stern, le 6 mars 2009

Publication originale Financial Times, le 2 mars 2009, traduction Contre Info

Pour une relance verte

Cette grande liquidation d’un capitalisme financier qui avait pour moteur l’accumulation de la dette et l’inflation des actifs sera à coup sûr une épreuve douloureuse. Mais c’est aussi une chance. Car elle offre la possibilité de refonder la croissance et le modèle de développement, en s’attaquant à cette autre crise bien plus grave qui menace : le réchauffement climatique. Encore faut-il que les centaines de milliards engagés par les Etats dans le monde entier ne soient pas « brulés » uniquement pour éponger les pertes de créances douteuses – ce qui revient à subventionner les fautifs et les spéculateurs – mais investis utilement dans les technologies vertes et la décarbonation de nos sociétés. Stiglitz et Stern plaident pour une croissance verte et réclament l’instauration d’un prix sur les émissions de carbone. Tous deux estiment que la nouvelle administration Obama porte une responsabilité importante : mettre fin au blocage américain sur la lutte contre le réchauffement et impulser un accord mondial en la matière au prochain sommet de Copenhague.

Nous sommes confrontés à deux crises : une profonde crise financière mondiale, provoquée par une mauvaise gestion du risque dans le secteur financier, et une crise climatique encore plus grave dont les conséquences, si elles peuvent sembler plus lointaines, seront déterminées par les mesures que nous prenons aujourd’hui.

Le risque posé par le changement climatique est à la fois très différent et de bien plus grande ampleur, tout comme le seraient ces conséquences si nous ne le gérions pas correctement ou tentions de l’ignorer. Les États-Unis disposent quant à eux d’une fenêtre d’opportunité pour agir sur la crise financière et dans le même temps, jeter les bases d’une nouvelle période de croissance fondée sur les technologies qui permettront l’avènement d’une économie sobre en carbone.

Le président Barack Obama, lors de son discours au Congrès sur le budget la semaine dernière, a expliqué que nous devions répondre à ces deux défis et a décrit les bases d’une approche globale. Le leadership des États-Unis pourrait donner le jour à une action résolue de l’ensemble du monde, rendant possible de parvenir à un accord qui soit à la hauteur des risques encourus lors de la conférence de l’ONU sur les changements climatiques qui se tiendra à Copenhague en décembre.

Nous sortirons finalement de cette crise financière, bien que des erreurs de pilotage puissent influer sur sa gravité et sa durée. Mais concernant les risques de la crise climatique, de telles erreurs pourraient être irréversibles. Comme Joseph Stiglitz l’écrit dans son ouvrage « Making Globalization Work », si nous disposions d’un millier de planètes, nous pourrions poursuivre cette expérience téméraire dans laquelle nous sommes engagés, et en changer si se produisait la catastrophe vraisemblable. Malheureusement, nous ce luxe n’est pas le nôtre : nous n’avons qu’une seule planète.

La crise financière est née de la bulle du marché immobilier et a été précédée par la bulle internet. Nous ne pouvons pas les remplacer par une nouvelle bulle. Les investissements nécessaires pour convertir notre société à une économie sobre en carbone – des investissements qui peuvent changer la façon dont nous vivons et travaillons – pourraient fournir le moteur de la croissance pour les deux ou trois prochaines décennies. Il garantiraient que la croissance et les améliorations induites de niveau de vie soient durables. La voie que nous avons emprunté jusqu’alors ne l’est pas. Lire la suite

Christian VELOT, auteur de « OGM : tout s’explique »

inf’OGM, Christophe Noisette, février 2009

Entretien avec Christian VELOT, biologiste et auteur de « OGM : tout s’explique »
Inf’OGM – Pourquoi un nouveau livre sur les OGM ?

CV – Depuis six ans environ que je fais des conférences grand public sur les OGM, j’ai eu de nombreuses demandes pour savoir si j’avais écrit un livre dans lequel on pourrait retrouver l’articulation et le caractère didactique de mes conférences. Il s’agit donc d’un livre que j’ai calqué sur mes conférences et où les supports animés de celles-ci sont ici remplacés par des illustrations humoristiques, à vocation pédagogique, réalisées par Jef Vivant.

J’y décris donc ce que sont les OGM, comment on les fabrique, en insistant sur les raisons du caractère aléatoire (et non pas chirurgical comme on se plait à nous le faire croire) de cette technologie. Et surtout, j’aborde chapitre par chapitre les différents domaines d’utilisation des OGM (recherche fondamendale, domaines médicaux et pharmaceutiques, secteurs industriels et l’agro-oalimentaire). Cette approche me permet de montrer en quoi l’introduction des OGM dans les champs et dans les assiettes introduit des riques nouveaux et soulève des questions nouvelles (qui ne sont pas posées — ou en tout cas pas de la même manière — avec les OGM utilisés depuis près de 30 ans en espaces confinés dans les autres domaines). C’est essentiel à mes yeux car ça évite de tomber dans le panneau des amalgames fallacieux si chers aux VRP de la transgenèse généralisée et qui consistent à utiliser la vitrine médicale pour servir des arguments agricoles.

En ce qui concerne l’agroalimentaire, j’essaie d’être exhaustif en décrivant non seulement ce qui se fait déjà (c’est-à-dire essentiellement des plantes-pesticides), mais également ce qui se prépare dans les labos, en particulier avec les animaux destinés à l’alimentation ainsi qu’avec des micro-organismes alimentaires (levures de boulangerie, de brasserie, bactéries et levures œnologiques ou lactiques). Et, je réponds aux arguments « tartes à la crème » : les OGM ont toujours existé dans la nature, les OGM sont incontournables pour résoudre la faim dans le monde, etc.

Enfin, comme le débat autour des OGM en appelle beaucoup d’autres, je termine par quelques éléments de discussion sur divers aspects sociétaux tels que la place de la science dans la société, les dérives technoscientifiques des politiques de recherche, la désobéissance civile. Ce livre doit permettre aux citoyens de prendre part à ce débat de société. Je n’y cache pas mon avis car je refuse de me réfugier derrière une « neutralité » de la science qui n’existe pas. Cependant, conscient que l’information n’est objective que si elle est contradictoire, j’encourage la lecture d’autre point de vue.

 Inf’OGM – Que pensez-vous du débat actuel sur les OGM ? Et depuis 10 ans, comment la connaissance de ce sujet a évolué ?

CV – De toute évidence, il y a actuellement une volonté des défenseurs inconditionnels des OGM de vouloir reprendre la main (rapport de l’AFSSA à quelques jours du vote européen pour tenter d’abroger les moratoires français et grec, l’émission sur France 2 de la semaine dernière et toutes les attaques récentes sur le net et ailleurs à l’encontre des anti-OGM qualifiés de « prophètes de malheur », de « vendeurs de peur », de « khmers verts »).

L’approche de la période des semis pour le maïs n’est sans doute pas pour rien dans cette excitation médiatique. Mais cela ne change rien à l’avis des Français, toujours majoritairement opposés ou réticents à la culture des OGM, Lire la suite

Le silence des nanos : Utop Bx le 3 mars, Bègles le 4 et Talence le 5

Sud-ouest, NC, Mardi 03 Mars 2009

SCIENCE. Les nanotechnologies se sont glissées dans nos vies. Pour le meilleur ou pour le pire ?

La grande controverse du minuscule

La Nano. C’est le nom choisi par le constructeur indien Tata pour baptiser sa prochaine voiture, et c’est un signe. Nano, comme « nano technologies », ou « nanosciences » (NST) est un mot à la mode. Ou qui doit le devenir. Mais c’est déjà une réalité bien présente : les nano-particules se sont déjà glissées dans plus d’une centaine de produits plus ou moins courants, de l’électronique grand public aux cosmétiques et aux médicaments, en passant par la peinture en bâtiment, le béton ou la chirurgie. Elles sont dans les laboratoires de recherche, mais aussi au supermarché.

C’est une « révolution en cours, qui va transformer la société, l’économie, l’environnement, les relations entre les hommes, autant que l’informatique et l’Internet », affirme Clément Rossignol.

Un documentaire

Il est chercheur au laboratoire de mécanique physique de Talence, et a fait son quotidien de ce domaine du minuscule. Par ailleurs élu Vert à Bègles, il est de ceux qui estiment urgent que ladite révolution sorte des cénacles de la science et de l’industrie, pour être expliquée et débattue sur la place publique.

Avec lui, Benjamin Caillard, du laboratoire d’intégration des matériaux et systèmes, le docteur Annie Sasco, directrice de recherche en épidémiologie du cancer à l’Inserm, et Olivier Sigaut, chercheur en sciences sociales et professeur à Sciences Po, sont parmi les organisateurs de trois présentations cette semaine à Bordeaux, Bègles et Talence (1) du « Silence des nanos », documentaire de Julien Colin.

Eldorado et santé publique

« Nano » est le préfixe tiré du nom que les mathématiciens ont donné au milliardième de mètre, le nanomètre. C’est l’échelle de l’atome, brique élémentaire de la matière, vivante ou non. Les NST ont découvert un monde aux propriétés physiques insoupçonnées, exploitables dans des domaines innombrables (lire aussi Sud Ouest du 2 mars). Un Eldorado technologique du XXIe siècle.

Ce sont notamment les effets possibles des nano-particules en matière d’environnement et de santé publique qui préoccupent le quatuor, qui tire exemple de l’amiante, Tchernobyl ou de la querelle sur la téléphonie mobile. « Avant les problèmes, on nous dit : on ne peut pas savoir si c’est dangereux, il ne faut pas affoler les gens. Après, on nous dit : c’est trop tard pour arrêter. À quel moment est-on un citoyen responsable ? » résume Benjamin Caillard.

Annie Sasco : « Est-ce que les nano-matériaux sont dangereux ? Aujourd’hui, c’est trop récent pour avoir le recul nécessaire », convient l’épidémiologiste. « Mais, poursuit-elle, on a l’expérience des effets des particules fines et ultrafines présentes depuis longtemps dans l’air. De la même façon qu’elles, les nanoparticules en raison de leur toute petite taille ont tendance à se disséminer dans le corps, à rester dans des recoins, souvent pulmonaires. En général, cela entraîne une inflammation, une accélération de la reproduction cellulaire, qui peut aboutir à un cancer ou à des phénomènes d’athérosclérose. Il est logique de penser que les nanos particules peuvent produire les mêmes effets. Il y a eu quelques expériences sur des rongeurs. Et le rat est proche de l’humain de ce point de vue ! »

Mais les travaux sont rares, donc pas encore scientifiquement décisifs. Comme trop souvent, les industriels vont plus vite que la recherche d’une toxicité éventuelle. « Si on n’a pas une recherche publique capable d’évaluer les effets secondaires, on n’aura jamais les données », Lire la suite

Conseil rég. et Sud-Ouest : Chronique du DD en Aquitaine

 Sud-Ouest, Publi-info, Alain Rousset, Conseil régional d’Aquitaine, le 1er Mars 2009

Rendez-vous chaque première semaine du mois dans Sud Ouest, afin de vous présenter à travers ces chroniques du développement durable les réalisations, les partenariats, les projets que nous sommes fiers d’engager en Aquitaine

La chronique du développement durable dans votre région

En ce début d’année, les éléments ne nous ont pas épargnés. La tempête a meurtri l’Aquitaine toute entière. Le tissu économique et social de notre région est aujourd’hui dans une situation encore plus difficile qu’en 1999 du fait de l’ampleur des dégâts et d’un contexte de récession qui a touché en premier lieu l’industrie du papier avant de s’étendre au reste de l’économie. Au delà de la crise, la répétition des tempêtes que l’on n’ose plus qualifier d’exceptionnelles questionne directement l’impact du changement climatique sur les activités et les milieux naturels aquitains.

S’il faut dans l’urgence répondre par un effort de solidarité à tous les niveaux, nous devons inscrire notre action dans la durée. Il ne s’agit pas en effet de se borner à reconstruire, il importe aujourd’hui d’offrir des perspectives à long terme à des populations désabusées voire découragées face à l’ampleur de la tâche : il faut en effet 40 ans au pin maritime pour arriver à maturité. Dans cet esprit, la Région a débloqué immédiatement 20 Millions d’euros pour venir en aide aux filières sinistrées tout en lançant dans le même temps une réflexion globale avec l’INRA et les pôles de compétitivité sur les conditions de reforestation en Aquitaine et sur la diversification des débouchés pour l’industrie du bois.
C’est ce même souci de l’anticipation et de l’adaptation aux changements climatiques que nous portons dans l’ensemble de nos politiques publiques car, nous disent les scientifiques, l’Aquitaine sera la région la plus affectée par ces mutations. Le Conseil régional s’engage ainsi à améliorer l’empreinte écologique, la solidarité et la viabilité économique de toutes ses actions qui touchent autant les transports et la mobilité douce que l’éducation, la recherche, les éco-technologies, l’emploi, la formation, l’agriculture, la santé ou le cadre de vie des Aquitains.

Nous devons nous mobiliser ensemble afin que nos actions contribuent, par cet effort collectif, à réduire les conséquences néfastes de nos activités et de nos modes de vie sur notre milieu et pour les générations futures. Une vie sociale et économique renouvelée, plus saine et plus dynamique, ce sont des femmes et des hommes plus heureux, plus épanouis. Du moins, c’est le défi que nous entendons relever, avec vous et pour vous.

Je vous donne donc rendez-vous chaque première semaine du mois dans Sud Ouest, afin de vous présenter à travers ces chroniques du développement durable les réalisations, les partenariats, les projets que nous sommes fiers d’engager en Aquitaine. Notre objectif et notre vision sont clairs : Lire la suite

Cap Sciences Bx : « Les pôles fondent plus vite que prévu »

Sud-Ouest, Jean-Marie Vasquez, le 1 Mars 2009

NATURE. Cap Sciences consacre une expo aux pôles dont la glace fond à une allure vertigineuse

Réchauffement climatique : les pôles fondent plus vite que prévu

Selon une étude menée en 2007 et 2008 et qui a mobilisé une dizaine de milliers de scientifiques du monde entier, la fonte des glaces des pôles Nord et Sud s’accélère. L’avertissement, délivré mercredi par les instances chargées de l’Année polaire internationale, dresse un inquiétant bilan. « Le réchauffement en Antarctique est beaucoup plus étendu que prévu. Quant aux glaces arctiques, elles diminuent elles aussi de façon accélérée, de même que le dôme de glace du Groënland. Nous commençons à avoir des indices de changements des courants marins qui pourraient avoir un impact gravissime sur le système climatique mondial », n’hésite pas à prédire David Carlson, directeur de l’Année mondiale polaire.

L’étude montre aussi que le réchauffement du permafrost, ces terres normalement gelées toute l’année, va induire des changements climatiques car le permafrost est un véritable piège à carbone et sa fonte entraînera une libération de ces gaz à effet de serre.

« Pour l’hémisphère nord, c’est surtout la banquise d’été qui est en retrait. C’est moins évident pour celle d’hiver. Dans l’Antarctique, certaines zones ne sont plus gelées que huit à neuf mois par an. C’est essentiellement la partie Ouest, vers la Patagonie, qui subit un réchauffement accéléré du fait des modifications des courants marins. Mais le plus alarmant, c’est l’état du permafrost, on assiste déjà à des effondrements de terrains au Groënland », précise Xavier Crosta, chercheur au CNRS à Bordeaux. Le scientifique confirme qu’une montée du niveau des océans est inéluctable, du fait notamment du réchauffement des eaux, mais aussi en raison de la fonte des glaces sur les terres.

Une exposition se tient actuellement à Cap Sciences jusqu’au 31 mai pour raconter comment est organisée et conduite une mission scientifique polaire. Ce dimanche 1er mars, de 15 à 18 heures, le public peut suivre divers ateliers et débats sur les méthodes de reconstitution des climats anciens, les conséquences des changements climatiques sur l’ours polaire et le métier d’explorateur.

Plus d’infos : Lire la suite

CNRS : dossier « biodiversité »

cnrs.fr, février 2009

Parler de la vie et de sa diversité revient à parler de tout ce qui existe sur la planète Terre…

Car le mot biodiversité ne recouvre pas la seule description des espèces, mais également les liens existant entre elles, entre ces espèces et leurs milieux, et cela à toutes les échelles du temps et de l’espace.

Ce dossier « Biodiversité » souhaite donc aider à la perception du fait que tout est interdépendant sur Terre et qu’en conséquence, l’espèce humaine –si nombreuse et si active– a un impact majeur sur ce Vivant dont elle dépend et dont elle fait partie.

Face à cette complexité du Vivant, impossible à décrire simplement, ce dossier a opté pour une double démarche :

– donner les informations scientifiques de base

– établir des « parcours scientifiques » au sein de cette complexité : ces itinéraires qui prennent chacun pour fil d’Ariane un mot-clé tel que santé, sol, alimentation, climat, ville, sont évidemment amenés à se croiser.

Le souhait est que tout visiteur perçoive encore mieux :

– qu’il est de l’intérêt bien compris de l’espèce humaine de sauvegarder le tissu vivant dont elle fait si intimement partie

– que l’être humain qui se pose tant de questions sur sa vie doit encore s’élever en prenant en considération toute vie.

Ce dossier a reçu le label de l’Année internationale de la Planète Terre

Appel à la communauté scientifique française

Dans son contenu ce dossier est sans doute incomplet et perfectible. Il est prévu de le mettre à jour régulièrement, pendant au moins cinq ans.

Appel est lancé aux Lire la suite

Réussite des rencontres « Mon Bassin, ma planète »

Sud-Ouest, Chiristian Visticot, le 23 Février 2009

SCIENCES. Les premières rencontres Mon Bassin, ma planète ont séduit les visiteurs

Le Bassin résistera-t-il aux évolutions de la planète ?

L’association Océan est principalement composée de médiateurs scientifiques : ce sont des personnes hautement qualifiées (niveau doctorat), dont la mission est de vulgariser et transmettre, par des mots dépouillés de leur jargon technique, et des expériences facilement compréhensibles, les connaissances les plus récentes en matière de climat et d’environnement. En partenariat avec la ville d’Arcachon, ils ont organisé, samedi et dimanche, au Palais des congrès la première rencontre intitulée Mon Bassin, ma planète, comment ça marche ?

Des interrogations locales

Beaucoup de personnes s’interrogent sur le fonctionnement du Bassin, les influences des océans sur le climat, le réchauffement de la planète et la montée du niveau de la mer. Elles ont eu des débuts de réponse. Le hall du Palais des congrès, avec ses murs décorés de cartes et de tableaux explicatifs, s’est transformé en une vaste salle de travaux pratiques. Petits et grands disposaient sur place de maquettes et de stands équipés de microscopes et autres matériels. Pour répondre à leurs questions, les jeunes scientifiques de l’association Océan, ont usé de mots simples et mené des expériences faciles. Le petit Benjamin, les yeux rivés à un microscope observe, effaré, le plancton dans l’eau de mer qu’il vient de puiser. Il voudrait bien « qu’à l’école, on apprenne comme ça… ».

Multiples expériences

Bérengère explique le climat selon la position de la terre par rapport au soleil. Annie, une ancienne institutrice, très intéressée, « regrette qu’en son temps, il n’y ait pas eu de telles expériences ». Hélène et Alexis animent un stand ludique pour les plus petits sur les animaux et leur habitat ; Laurence montre au microscope des microfossiles extraits de carottes de forage et explique comment ils peuvent renseigner sur l’évolution du climat ; de nombreux adultes posent des questions, parfois pointues. Sabine explique, matériel à l’appui, comment la circulation des eaux océaniques influe sur le climat. On lui parle du Gulf Stream et d’El Ninõ. Géraldine, à l’entrée du Palais, anime le spectaculaire « Canal à houle » pour expliquer comment se forme et se propage la houle. Les enfants se pressent autour de la maquette et posent des questions.

Géraldine Lucas, la scientifique responsable de l’association Océan est satisfaite. Elle ne s’attendait pas à autant de monde et à un tel niveau d’interrogations. Pour elle, le pari de cette rencontre est gagné.

L’association Océan Lire la suite

Nourrir 9 milliards d’humains sans OGM, c’est possible

eco-life.fr, Diana Semaska, 16 février 2009. –

« Nourrir 9 milliards d’humains sans OGM, c’est possible »

– Spéciale Agriculture – Marc Dufumier –

Professeur d’agronomie au sein d’AgroParis Tech

2050 : la Terre porte 9 milliards d’humains. Pour que la planète supporte ce poids, prévu par les études démographiques, pas de solution miracle. Marc Dufumier, Professeur d’agronomie au sein d’AgroParis Tech (Institut des sciences et industries du vivant et de l’environnement), rappelle que seule l’intégration des écosystèmes dans l’agriculture, ou agroécologie, serait viable.

(ECOlife) Qu’est ce que l’agroécologie ?

(Marc Dufumier) Il s’agit de l’agronomie la plus efficace possible, basée sur nos savoirs scientifiques. C’est une agronomie savante et véritablement minutieuse, puisqu’elle doit tenir compte du fonctionnement global de l’écosystème. L’objet du travail n’est plus la plante seule, ni même le sol. C’est tout le travail conjoint par les cycles du phosphore, de l’eau, du carbone, de l’azote, sur lequel on va travailler afin d’optimiser la production, et nourrir 9 milliards de personnes en 2050.

Dans l’agroécologie, il faudra utiliser au mieux les ressources renouvelables : le soleil, mais aussi le carbone et l’azote de l’air. L’agriculture écologique utilisera moins de produits issus de l’exploitation des ressources non renouvelables comme le gaz ou le pétrole, c’est-à-dire les engrais chimiques et pesticides.

Pourquoi la modification du génome (OGM) ne serait-elle pas la solution?

Pour la simple et bonne raison que la génétique n’est pas le facteur déterminant de la culture d’une plante dans la nature. C’est l’écosystème tout entier qui détermine un rendement optimal, c’est-à-dire une production maximum pour des coûts minimums. Nous ne pouvons absolument pas prévoir quelles seront les conséquences des cultures en plein champ d’OGM. En revanche, nous avons la certitude que ces derniers constituent de très fortes pressions de sélection sur les autres êtres vivants.

Avez-vous un exemple concret ?

En Chine, pour éviter que les capsules du coton ne soient dévorées par les chenilles, on a cultivé du coton Bt [NDLR : composé d’un gène issu d’une bactérie produisant de la toxine botulique qui agit comme un insecticide]. Or, celui-ci a favorisé le développement d’une autre espèce de chenille, qui elle, mange les feuilles… mais a développé par ailleurs une résistance à la toxine. Résultat, les cultures ont été envahies par cette chenille qui mangeait à la fois feuille et capsule. Tout cela, malgré la modification génétique, pour en venir à l’épandage de nouveaux insecticides.

Dans la mesure où les écosystèmes sont extrêmement complexes et que nous sommes loin de les maîtriser, les OGM ne peuvent être cultivés en plein champ. C’est trop risqué. On ne peut donc compter sur ces cultures pour nourrir les futures générations.

Mais en quoi les OGM sont-ils tellement différents des variétés créées par l’homme depuis le Néolithique ?

En réalité, les OGM sont en totale continuité avec l’agriculture pratiquée dans les pays riches depuis un siècle et demi, et les pays en développement depuis un demi-siècle. C’est cette agriculture-là, qu’on appelle productiviste, qui a constitué une vraie rupture avec l’agriculture développée depuis le Néolithique.

Autrefois, le paysan était maître de ses créations variétales. Lire la suite

Changer de société ?!

agoravox.fr, Caramelle, le 14 février 2009

Changer de société ?!

« La société changera quand la morale et l’éthique investiront notre réflexion. » Pierre Rabhi

Quoi de plus séduisant au demeurant quand on devine ce que Pierre Rabhi veut dire par là.

Mais, quoi de plus périlleux aussi, si l’on passe sans se poser la question fondamentale du changement… de paradigme et d’utopie.

Nombreux sont ceux qui aujourd’hui entendent la crise comme une opportunité de changement. Et j’en suis ! Mais prenons le temps de la réflexion car il s’agit rien de moins que de changer de cap ! Et c’est énorme !

Je m’empresse de dire ce qu’est mon postulat : on voit ce que l’on croit et non pas l’inverse, telle est ma conviction !

C’est ce qui me fait parler d’utopie et de paradigme plutôt que de l’homme ou de la société tels qu’ils sont car en réalité on ne les voit jamais tels qu’ils sont mais plus simplement, comme on les voit… avec nos yeux, nos prismes déformants et nos partis pris… Et notre regard est indissociable de nos perceptions !

Sur quelle base donc « refonder » notre société ?

C’est à nous tous collectivement d’en décider (c’est l’étymologie même du mot « crise »)… du moins d’en échafauder les principes tant il est vrai que nos gouvernants sont très majoritairement désorientés face à cette crise, notamment en France.

Il n’est que d’écouter les discours présidentiels qui s’enchaînent et se contredisent quand ils ne mettent pas en avant des annonces sans liens entre elles… Je passe sur la suppression des taxes professionnelles si franco-françaises et l’énormité de la question de la mondialisation et des délocalisations… C’est perdre quelque peu le sens des réalités et des proportions, me semble t’il.

Quoi qu’il en soit, quel aveu de désarroi !

De « il faut promouvoir la retraite par capitalisation » ou encore « il faut développer le principe des stock-options » ou de « je veux une France de propriétaires »… même et surtout grâce au crédit… nous sommes soudainement passés à « il faut refonder le capitalisme, le moraliser », « la spéculation c’est fini, le marché qui a toujours raison, c’est fini… », « le monde est passé à deux doigts de la catastrophe, on ne peut pas prendre le risque de recommencer », « comment ceux qui nous ont mis dans cette situation sont-ils légitimes à nous montrer le chemin pour en sortir ? ».

En effet, je vous retourne la question. N’est-ce pas Monsieur le Président, n’est-ce pas Monsieur Messier ?!

Et comment peut-on encore prédire une sortie de crise milieu 2010 ? Personne n’en sait fichtre rien ! On peut tout juste intuitivement se douter que se sera bien au-delà car il ne s’agit pas d’une seule crise financière ni économique…

Arrêtez là vos élucubrations et laissez-nous réfléchir un peu sérieusement à la question de ce que nous voulons devenir ensemble plutôt que de se demander quand on va pouvoir reprendre vos fâcheuses habitudes !

Il faut nous rendre à ce constat, c’est à la société civile de proposer des pistes et comme j’ai eu l’occasion de le dire dans un précédent article ne pas se laisser confisquer cette indispensable réflexion.

Dans les années 70, on voulait « changer LA société » ; aujourd’hui nous nous trouvons dans l’obligation de changer de société… comme l’on change de civilisation, en tournant la page, assez brutalement et sans que le système de substitution n’ait été réellement pensé par avance…ni n’ait fait l’objet d’un quelconque consensus. On avance en marchant dit-on…

Un changement de société ne se décrète pas, mais Lire la suite