sudouest.com, Jean-Bernard Gilles, le 11 décembre 2010
Victor Pachon : « Nous sommes à la fin du modèle TGV »
Alors que se tient aujourd’hui samedi à Bayonne une manifestation contre le projet de ligne nouvelle à grande vitesse, Victor Pachon, un des leaders de la contestation explique pourquoi, selon lui, ce projet est inutile et trop coûteux.
Pourquoi manifestez vous aujourd’hui à Bayonne ?
Nous protestons contre un projet ruineux et inutile. Nous avons calculé qu’il allait coûter environ 5000 euros par foyer fiscal au Pays Basque, que l’on soit riverain ou non de la ligne, compte tenu des emprunts que vont devoir faire les collectivités locales. Les études existantes montrent que nous avons la capacité avec des aménagements mineurs à accueillir les trafics affichés par Réseau ferré de France qui sont surévalués.
Vous contestez les estimations de trafic de Réseau ferré de France ?
Oui énormément. C’est une étude diligentée par la commission du débat public qui le dit. Le bureau d’études suisse qu’elle a mandaté dit que les chiffres du frêt avancés sont trop optimistes et doivent être revus à la baisse. C’est fondamental car ce sont eux qui justifient la création d’une ligne nouvelle pour RFF. Pour arriver au chiffre de 13 millions de tonnes de marchandises transitant par Hendaye en 2020, ce qui implique un trafic de 20 millions de tonnes à Bordeaux, il faudrait être fin 2010 à 8 millions de tonnes. Alors que nous enregistrons le trafic est au plus bas depuis 30 ans, soit 1,6 millions de tonnes.
La ligne nouvelle ne serait donc pas nécessaire ?
Nous maintenons que pour le Pays Basque, mais c’est aussi vrai ailleurs au sud ou au sud est de Bordeaux, il y a la place pour le fret, les TER et les trains à grande vitesse sur la même voie. Pour Hendaye Bayonne, nous avons 264 trains de capacités quotidiennes et nous accueillons une cinquantaine de trains aujourd’hui. Même à dix millions de tonnes de frêt soit 5 fois plus qu’aujourd’hui, les lignes existantes répondent aux besoins.
La grande vitesse ferroviaire irrigue toute la France. Pourquoi, au fond, devrait-elle s’arrêter à Bordeaux ?
La grande vitesse ferroviaire est morte aujourd’hui. Nous sommes à la fin du modèle TGV. En terme associations, CADE, d’aménagement du territoire la grande vitesse est une aberration. Elle va favoriser les grandes métropoles européennes et affaiblir le reste du territoire. Voyez le gigantisme de l’Opération d’intérêt national Euratlantique et son projet 30.000 êtres carrés de bureaux par an pendant 15 ans et la nouvelle ambition métropolitaine bordelaise d’un million d’habitants. Il n’y aura pas de magie. Les populations et les emplois de Bayonne, de Mont de Marsan, de Dax, d’Agen ou d’Angoulême vont être aspirés demain par la métropole bordelaise. Même Toulouse est aujourd’hui inquiète de l’essor bordelais. C’est pourquoi Martin Malvy met autant de conditions à son engagement financier. Le défaut majeur du modèle TGV est qu’il assèche le territoire autour des métropoles. Parfois même les métropoles ne sont pas gagnantes avec la grande vitesse comme Reims, aujourd’hui desservie, et qui Lire la suite
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