Simon Charbonneau, mai 2010
A propos de la crise – Le prix de la démesure
La cigale ayant chanté tout l’été ……… Il semble que La Fontaine ait anticipé la crise actuelle qui frappe les économies des pays surdéveloppés dont les peuples ont vécu depuis près de cinquante ans au-dessus de leurs moyens en tirant toujours plus de chèques sans provision sur l’avenir tout en provoquant une empreinte écologique démesurée. Et aujourd’hui, ce qui est en train de se passer démontre que nous nous heurtons aux limites socio-économiques d’un système fondé sur l’utopie d’une croissance éternelle. Le cas de la Grèce est certes révélateur, mais il ne fait qu’illustrer la situation des autres pays de la zone euro, comme l’ont bien compris les dirigeants pompiers de la crise. Car, par delà la spéculation financière, la question des causes économiques structurelles qui en sont à l’origine est rarement posée.
Dans le cas de la Grèce, ce sont les dépenses pharaoniques engagées par ce pays pour les jeux olympiques (9 milliards d’euros selon un article du Figaro) aggravées par un énorme budget militaire causé par le vieux contentieux avec la Turquie. D’où un déficit public important (23 milliards d’euros) entraînant un endettement insupportable pour un petit pays. Mais d’autres pays européens sont aussi concernés par de tels déficits comme l’Angleterre (179 milliards) qui était jadis montré en exemple pour l’efficacité de son économie, suivie par la France (144 milliards). A l’origine de tels déficits, il y a souvent des programmes technologiques d’infrastructures de transport (autoroutes, LGV etc…), ou de grands aménagements urbains (Grand Paris et métropoles régionales) fondés sur l’idéologie de la performance qui, dans le cas d’un pays comme la France, sont aggravés par un budget militaire surdimensionné (force de frappe avec le laser mégajoule du CEA et présence dans plusieurs régions du monde). L’Europe, elle-même, a encouragé cet endettement par l’intervention des fonds structurels (FEDER, Fond de Cohésion) destinés à faire rattraper leur retard économique à un certain nombre de pays du sud comme l’Espagne et le Portugal. Elle est aussi engagée dans le financement du projet ITER, fondé sur l’utopie techno-scientifique d’une production d’énergie inépuisable, dont le budget a récemment explosé (15 milliards d’euros).
Cet endettement public se combine avec un endettement privé des ménages piégés par la surconsommation, mais également des entreprises auprès des banques d’affaires qui, elles mêmes, sont obligées d’emprunter auprès d’autres banques. De là résulte une pyramide de dettes fondée sur de l’argent virtuel et dont la solidité repose sur la confiance dans l’avenir, une croyance collective qui peut parfaitement s’effondrer d’un jour à l’autre, comme l’a parfaitement montré la crise des subprimes aux Etats-Unis en 2008. Pour alimenter cette confiance ébranlée par la défiance croissante des opinions en l’avenir, contrairement à la période des trente glorieuses, les Etats sont alors obligés d’injecter massivement d’énormes sommes d’argent (750 milliards d’euros alimentant un Fond Européen) pour pérenniser le système. Or en agissant ainsi, les Etats s’endettent bien sûr un plus pour alimenter une croissance de plus en hypothétique. Le cercle vicieux est alors complètement bouclé par une accumulation les dettes au fil des ans pouvant provoquer un effondrement économique comme celui de Dubaï dont la tour inachevée de 1 km en est le symbole. C’est ainsi que la cigale se trouva fort dépourvue quand la bise fut venue !
A l’origine de cette situation pourtant prévisible, il y a la course à l’investissement, tant privé que public qui est au cœur de l’idéologie de la croissance. Alors que les dépenses de fonctionnement sont toujours Lire la suite
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