Note PAC des Parcs naturels régionaux de France : Réforme de la Politique agricole commune (PAC) 2014-2020 – L’approche territoriale, vecteur d’un développement agricole durable

http://www.cdurable.info/L-approche-territoriale-vecteur-d-un-developpement-agricole-durable,3230.html

Note PAC des Parcs naturels régionaux de France : Réforme de la Politique agricole commune (PAC) 2014-2020 – L’approche territoriale, vecteur d’un développement agricole durable

Cdurable.info, Cyrille Souche, le 3 février 2011

Européen à l’agriculture des propositions relatives à la réforme de la Politique agricole commune dans un document intitulé : « L’approche territoriale, vecteur d’un développement agricole durable ». Dans ce document, la Fédération, qui rassemble un réseau de 46 Parcs naturels en France, part d’un constat qu’elle connaît bien : la diversité de l’agriculture et de ses enjeux sur des territoires marqués par la diminution du nombre d’agriculteurs ; ses nouvelles chartes de Parcs répondant déjà aux grands objectifs de la réforme dans des domaines aussi essentiels que la sécurité alimentaire, la protection des ressources naturelles, la lutte contre le changement climatique, le développement rural et l’emploi. Elle propose donc d’accompagner une agriculture fondée sur la diversité des territoires et des ressources naturelles.

1. Introduction : la réforme de la dernière chance pour une agriculture durable ?

2. L’approche territoriale, gage d’une agriculture plus durable

3. Les Parcs naturels régionaux : une approche territoriale de l’agriculture qui va dans le sens des défis de la réforme de la PAC

4. Un Ier pilier à rapprocher de la dimension territoriale et à rééquilibrer en faveur du second pilier

5. Un second pilier outil d’une approche territoriale combinant les enjeux environnementaux, climatiques et de compétitivité

6. Les 3 options proposées par la Commission ; proposition d’une quatrième voie

7. Conclusion : un retour au bon sens agronomique, enrichi par l’innovation agro-écologique et une approche territoriale

L’agriculture doit en effet être soutenue pour répondre à une demande croissante de qualité des productions et pour développer les pratiques respectueuses de l’environnement. Il en va de même pour la protection et la valorisation des paysages qui vont bien au-delà d’un intérêt touristique évident.

Même si elle évolue dans le bon sens, la Politique agricole commune n’a pas toujours favorisé ces approches. En concentrant les aides sur certaines productions intensives, la PAC a entraîné la spécialisation des productions qui ont eu un impact désastreux sur l’environnement. Pour réussir le tournant environnemental de l’agriculture européenne, la PAC doit s’appuyer sur les ressources des territoires et les projets collectifs qui s’y développent en respectant les spécificités locales, comme le font depuis toujours les Parcs naturels régionaux.

La PAC doit être incitative sur le volet environnemental du premier pilier pour enclencher une évolution vers des pratiques durables qui Lire la suite

Quand le discours politique devient climatologique

Quand le discours politique devient climatologique

Implications-philosophiques.org, Daniel Innerarity, le 3 février 2011

http://www.implications-philosophiques.org/semaines-thematiques/ledition-numerique/quand-le-discours-politique-devient-climatologique/

Réponse de Dominic Desroches à Daniel Innerarity

Résumé – Dans cette réponse à D. Innerarity, l’auteur montre comment le changement climatique, loin d’être à portée scientifique seulement, doit entrer lentement dans le discours politique. Il explique les raisons pour lesquelles le temps actuel, en dépit du fait que l’on parle souvent de la météo, n’est pas encore propice à une telle intégration. Si Innerarity a raison de voir dans les changements climatiques une réhabilitation future de la politique, l’auteur propose de montrer pourquoi.  Il développe l’idée que le bavardage sur la météo et la distance du discours scientifique masquent la montée de la climatologie politique, c’est-à-dire l’étude de la politique se basant sur le temps compris globalement comme horizon temporel, ambiance et climat.

Daniel Innerarity a raison de relever dans son article[1] un changement de statut du discours sur le temps qu’il fait. Avec Sloterdijk[2], on avouera que l’on ne parle plus du temps de la même façon, que ce soit pour meubler nos vides, expliquer la guerre de 1914-1918 ou donner un âge à la Terre. On parle désormais du temps en cherchant des preuves des changements climatiques, non sans manquer de se culpabiliser un peu plus soi-même. À chaque orage, à chaque pluie, au moindre déluge sans arche et autres catastrophes naturelles médiatisées, on panique intérieurement[3] en réalisant le caractère englobant du climat. Les médias globaux ne manquent d’ailleurs pas l’occasion de proposer une nouvelle « vague » sur laquelle, en fans de Noé, on « surfe » volontiers, en attendant peut-être de se noyer tous ensemble dans l’information circulaire. Si l’on sait que la température moyenne du globe se réchauffe et que cela aura des conséquences inédites sur notre mode de vie, nous cultivons un sentiment de responsabilité plus aigu, nous le partageons lors des repas, mais sans changer notre idée du bien commun. Mot de politesse promu au rang d’objet scientifique, le discours sur la météo cherche à nous sensibiliser à un enjeu majeur qui n’existait pas il y a un quart de siècle à peine et qui pose une question bouleversante : l’homme peut-il être, en partie du moins, responsable du temps qu’il fait ? Cette idée a fait sa niche dans les médias, ce qui veut dire qu’elle créera une ambiance, des discours, même un type de gouvernance politique.

Dans ma réponse à Daniel Innerarity, je montre que le changement climatique, qui n’est pas un sujet exclusif de la science, doit entrer dans la politique comme « ambiance ». J’avance des raisons pour lesquelles le temps actuel, en dépit du fait que l’on parle souvent de la météo, n’est pas encore favorable à son intégration dans la politique. Si le penseur espagnol a raison de voir dans l’angoisse environnementale une possibilité de rénovation de la politique, je montrerai, d’une autre façon, pourquoi. Je rappellerai que l’ambiance politique actuelle[4], obsédée par les dégâts de la crise financière de 2008, est sujette à changement, même si on ne le sent pas encore. Ce n’est pas parce que le temps présent est à la Bubble economy et au social Network qu’il ne sera pas bientôt aux biens communs et aux immunisations politiques globales. En résumé, nos usages actuels des termes « temps » et « climat » recouvrent l’émergence de la climatologie politique, qui est l’étude politique appliquée prenant pour objet l’analyse du temps compris globalement comme horizon temporel, ambiance et climat.

« Le climat n’est plus ce qu’il était »

Il convient d’observer d’abord que le titre de l’article rattache le vague passé au présent le plus actuel. Il s’agit pour l’auteur de montrer que ce qui était banal jadis réclame aujourd’hui sa grande part de sérieux[5]. Après avoir pris au sérieux le temps dans le Futur et ses ennemis, il faut faire de même avec le climat. Si l’auteur rapproche la culpabilité de la météo, c’est pour faire sentir le passage du bavardage à l’inquiétude. Le climat s’impose à nous désormais comme l’évidence dangereuse la mieux partagée du monde sans être la plus équitable. Le problème climatique, jusqu’à hier réservé aux savants, mobilise dès lors la conversation quotidienne, ce qui dit en long sur sa grande capacité de pénétration, son impact sur l’imaginaire, mais aussi sur ses implications éthico-politiques. Le climat n’est plus ce qu’il était parce que l’homme agit sur « son » monde  – il est le designer de sa réalité – et qu’il doit faire attention à ce qui est déjà là et qu’il a reçu.

L’homme produit des biens en utilisant les ressources de la Terre et son action favorise un réchauffement qui transforme la culpabilité individuelle en responsabilité commune. Le changement climatique n’est plus une affaire de météo, un running gag, c’est une question qui implique déjà la responsabilité de tous. Le progrès technique, on le sait depuis Jonas, doit se payer en responsabilités élargies dont le mandat est politique : « le climat est aujourd’hui une affaire purement politique » (Hoy el clima es pura política), écrit l’auteur.

De la responsabilité à la justice climatique

Dans ce reformatage de la responsabilité, il faut voir que les riches n’ont pas le même rapport au temps et au climat que les pauvres. En Occident, les plus riches parlent de la météo, mais ne s’en préoccupent guère. La politique se dit verte, mais trouve ses votes du côté des consommateurs. Non seulement les plus fortunés ont-ils les moyens de parler du temps, de s’offrir la climatisation de leurs maisons et de leurs voitures, mais ils ont en outre les moyens de gaspiller, de créer plus de rebuts, ce qui contribue à rendre l’idée du changement climatique triviale. Alors que les pays pauvres seront les plus touchés par le réchauffement, les pays riches ont le luxe de maîtriser les climats des intérieurs et de vivre comme si de rien n’était, en partie « contre » les pays pauvres. Les pays riches tentent de négocier avec les pays pauvres, mais le défi est de taille car l’asymétrie est trop prononcée : les pauvres ont besoin de biens alors que les riches en gaspillent. Cette fuite en avant ressemble à la confiscation du climat par les riches. Nous voilà conduits au seuil d’un problème global, à savoir celui de la justice climatique. Ce problème se résume ainsi : comment partager plus équitablement les effets globaux des variations du climat sur les populations du monde ?

Penser le climat comme une monnaie d’échange…

La réponse n’est pas évidente. Innerarity marque un point lorsqu’il note que notre incapacité à aboutir à un accord politique sur le climat s’explique par le fait que la motivation à changer les comportements s’interprète encore en termes d’incitations économiques (incitación económica). Pour élaborer sa position, il doit toutefois jouer un double jeu : renforcer d’un côté l’opposition entre le climat et le marché, tout en respectant, de l’autre, la capacité d’innovation même des acteurs du marché. On n’avancera pas, écrit-il, en allant contre le marché, non. La solution est ailleurs, mais où ?

Selon l’auteur de La Démocratie sans l’État, penser en termes économiques quelque chose qui n’a rien à voir avec une monnaie d’échange nous empêche de se montrer à la hauteur du défi climatique. L’exemple de la bourse du carbone ou l’achat et l’échange de crédit (de droit) à la pollution n’est pas la meilleure solution à l’exigence de réduire notre consommation. La solution au problème ne serait toutefois pas non plus à trouver dans les contraintes imposées au marché. On ne peut, selon lui, lever le nez sur l’innovation et critiquer sans cesse « la place du marché »[6]. Le marché par contre, redisons-le encore, « n’a pas les outils pour régler un problème de cette ampleur ». Celui-ci, en vérité, le dépasse largement. L’écart entre les prévisions à long terme et la recherche de profits dans les économies financières retarde les ententes et empêche la prise de responsabilité économique et politique.

À qui confier le problème de tous ?

Or, confrontée à un challenge de nature mondiale et globale, la vieille manière de faire de la politique peine à convaincre, car elle a encore besoin du modèle de l’État moderne et des économistes, dont les discours sont souvent contredit par la réalité. L’État moderne hiérarchique atteint sur la gestion du climat son seuil d’incompétence, tout comme l’économie néolibérale. Se référant à la crise financière, Innerarity soulève une question que personne n’entend poser : « comment confier logiquement la recherche de solutions à ceux qui contribuent à créer le problème ? » En demandant la solution du problème à ceux qui le produisent, l’air demeure le même, les discours restent les mêmes et nous perdons l’espoir de trouver des alternatives. On s’intoxique, on respire en marchant à reculons, bref : on masque l’enjeu de la future climatologie politique.

Sur la globalisation et la notion de bien commun

Une des clefs de la réflexion d’Innerarity réside dans son usage du concept de bien commun. Si ce concept a pour vocation de demeurer ambigu (qui peut dire en effet ce qu’est ce bien « commun » ?) et qu’il fait appel à des discussions exigeantes pour son opérationnalité (il n’est jamais la somme des intérêts de tous), cela en fait, dit-il, l’une des tâches politiques par excellence. Et si beaucoup errent en considérant que la notion n’est plus pertinente pour les sociétés pluralistes aux prises avec des procédures complexes, l’argument ne doit pas nous faire oublier que ce qui distingue une société politique d’un simple agrégat d’individus isolés, c’est justement la reconnaissance de biens communs, les opportunités et les risques partagés[7].

Pour Innerarity, le bien commun relève de ce que l’on nomme externalité. Il entend par ce terme un bien dont la consommation ou la production en affecte d’autres, sans que cela puisse être perçu par le marché. Les intérêts du marché peuvent différer des intérêts de la société dans laquelle il se trouve. Si le marché est en mesure de prévoir les risques à court terme de ses opérations et de ses productions, il ne peut cependant voir ni anticiper les risques significatifs qui peuvent apparaître dans le moyen et le « long terme » d’une société complexe. Le bien commun engage dès lors une réflexion éthique sur les génération futures. Ainsi définie, la catégorie de bien commun peut rejoindre le climat car celui-ci, comme externalité, ne peut être livré aux seules forces de l’économie de marché car il le détruira. Devenant un exemple de bien commun, le climat peut exiger une attention relevant désormais de la gouvernance globale.

Je suis persuadé que Daniel Innerarity ne refuserait pas de considérer le climat naturel, dans le cadre de défis globaux, comme un bien commun, mais entendu cette fois comme une « zone à protéger » par des efforts politiques. Une des raison de cet élargissement est d’abord humaine : on verra la protection du climat (modifiable par l’homme) comme un « bien commun » parce que son contraire entraînera l’augmentation des migrants climatiques ou réfugiés environnementaux. Mais là n’est pas pour moi ce qui est le plus important.

Du réchauffement au design d’atmosphère

Pour faire du climat un bien commun, je prendrai une tout autre direction. Je m’intéresserai au climat dans la mesure précisément où il permet d’envisager l’idée du design d’atmosphère[8]. S’il est vrai en effet que l’on ne peut s’opposer au marché, c’est aussi parce que les échanges humains dépendent du temps qu’il fait. Il y a en vérité toujours un climat général derrière le marché, derrière nos actions individuelles et collectives, une ambiance qui nous déborde et nous conditionne, c’est-à-dire que le climat au sens large, plus précisément la météo, influence l’humeur des échanges humains[9]. Nous dépendons plus du temps, du climat général et d’une ambiance « englobante » que nous voulons bien l’imaginer d’ordinaire. Les hommes ont construit des maisons, des villes et des climats culturels politiques, ils ont découvert les continents sous le ciel vouté et ils ont marché sur la lune – ils ont veillé à leurs conditions immunitaires à partir de cultures qui se développent dans la fabrications de climats respirables.

Or nous connaissons désormais un phénomène inédit dans notre recherche immunitaire. Depuis les années 1970, les climats culturels se sont « universalisés » – la terre est ronde – sous l’effet des médias globaux et nous partageons, tous ensemble, un « air du temps ». C’est l’air du temps qui nous fournit le contexte de nos idées, le cadre de nos actions ainsi que nos rêves.

Attention à la climatologie politique…

Pour saisir les difficultés politiques à s’entendre sur les mesures à prendre pour contrer la crise climatique, il faut sentir l’air du temps, c’est-à-dire le courant qui donne le contexte et le sens de nos actions passées et actuelles. Il faut passer, autrement dit, du paradigme physique du climat, des changements climatiques, au climat compris comme « atmosphère générale de la culture des hommes ». Cette atmosphère générale, cet air politique que nous respirons tous ensemble sur la planète, est le cœur de ce qu’il convient d’appeler  la « climatologie politique ».

L’enjeu derrière les changements climatiques n’est donc pas au premier chef physique (géothermique ou géographique), mais il se trouve dans la configuration de l’atmosphère dans lequel les hommes désirent vivre eux-mêmes. Le fait que l’on désire construire un hôpital neuf sur le site de l’ancien sous prétexte que celui-là ne pourrait résister à un séisme n’a rien à voir avec la montée de la climatologie politique, pas plus que la construction de digues ou de murs pour contrer les tsunamis à venir. Le défi principal réside dans la tentative de contrôle des effets dévastateurs produits par les sentiments de peur et de panique relayés dans les espaces émotionnels médiatiques qui sont les nôtres aujourd’hui[10].

Faisons un pas de plus. Contre le bavardage sur le temps qu’il fait et une science qui objective sans cesse les changements climatiques, contre ces discours qui recouvrent l’idée phare que l’homme est son temps, il convient de voir que c’est le climat de l’homme qui est appelé à évoluer. On peut mesurer cette évolution en étudiant la puissance de diffusion dans les nouveaux espaces émotionnels médiatiques. L’espace public qui servira de scène mondiale pour les discussions sur le climat se trouve déjà dans notre espace émotionnel mondialisé. L’intérêt de la climatologie politique, c’est donc d’établir clairement que l’air du temps détermine davantage les modes, les discours et les politiques que les réunions à portes fermées du G8 ou du G20. Cette climatologie spéciale entrera en jeu quand la réflexion s’intéressera au climat politique général donnant un sens aux discours officiels, lorsque l’on s’apercevra que c’est avant tout l’ambiance générale qui explique la gouvernance et les choix politiques.

Sur l’ambiance, la souffrance et l’air du temps

La pensée du climat se traduit dans l’ambiance. C’est à cette ambiance locale et générale, aux micro-climats et aux macro-climats, qu’il faut porter attention si l’on veut expliquer les difficultés actuelles. On comprendra mieux l’argumentaire de Daniel Innerarity en observant que le problème n’est d’abord pas dans une économie qui procèderait à une mauvaise lecture du réel, mais plutôt dans le fait que le « temps » n’est pas encore au changement climatique. Le macro-climat produit par les médias n’envisage pas de changements majeurs. Autrement dit, la panique n’est pas encore ressentie, peut-être seulement par les plus sensibles, d’où l’idée que le « temps du changement » de comportement approche trop lentement au goût de certains. Les plus sensibles souffrent dans le désarroi – ils anticipent, ils connaissent l’angoisse -, car ils sentent le changement du temps, ils vont à contre-temps en n’acceptant plus de vivre dans l’ambiance mortifère et consumériste. On en conclura, de façon curieuse peut-être, que c’est dans l’air du temps qu’il faut penser le problème inédit des changements climatiques. Il importe que le temps, interprété comme ambiance d’abord, relevant d’une climatologie plus large ensuite, fasse son entrée dans le discours politique, qui est présentement mobilisé surtout par la rhétorique de l’économie néolibérale. La politique connaîtra un temps de rénovation, Innerarity a raison, si elle accepte d’avoir à faire avec le temps comme possibilité de changement, c’est-à-dire si elle voit le futur compris comme un climat à partager[11].

De la difficulté de « sentir » à la hauteur du global

On dira donc qu’une partie du problème de l’inaction face aux changements climatiques est à trouver dans le fait que le monde actuel vibre encore dans le temps de l’argent, du confort immédiat et des échanges. Les vents dominants du climat mondial sont tournés vers les affaires. On interprète encore le temps comme de l’argent, même après la crise financière, au lieu de le comprendre comme un climat général à partager. Le modèle économique en vigueur, loin de favoriser la responsabilité commune et la nécessaire coopération, valorise la concurrence, les privilèges, les exceptions. S’il existe un climat des affaires, qui nous trompe par sa normalité, ce climat des affaires carbure aux profits immédiats et se conçoit dans un présentisme qui nous masque l’émergence de la nouvelle  réalité climatique.

Dans le contexte actuel de l’avidité illimitée en période d’épuisement des ressources naturelles, la politique est incapable d’imposer des contraintes parce qu’elle se situe encore dans la conception du temps valorisé par le marché. Elle joue aussi les États les uns contre les autres dans une logique territoriale au lieu de les intégrer dans une gouvernance commune. Mais cela changera. Cela changera par la force du temps qui est la force des choses.

Pour affronter sérieusement la question climatique, on admettra que nous naviguons tous vers un nouveau temps politique – nous sommes tous dans le « même bateau », sujets au naufrage avec spectateurs – une ère de grande sensibilité qui devra faire du climat un bien commun. En accord avec Daniel Innerarity, je pense qu’il faut éviter les pièges de l’impatience et du découragement. Il faut saisir les raisons qui expliquent pourquoi nous continuons de croire que l’économie tous azimuts règlera nos problèmes alors que cela ne sera pas le cas. Peut-être faut-il formuler une nouvelle utopie rationnelle prenant pour toile de fond le climat afin de repenser notre situation globale et mettre le cap sur un modèle souple de coopération[12].

Nous envisagerons alors un autre temps pour lequel la technique du climat et la fabrication d’atmosphères respirables constitueront notre politique. Le temps aura alors changé, comme nos vieilles habitudes. À ce moment-là, lorsque nous regarderons le monde avec hauteur, nous verrons bien que le changement dans la culture du marché s’est opéré, que l’air du temps a changé imperceptiblement et que le discours politique est devenu climatologique.

Dominic Desroches

Département de philosophie

Collège Ahuntsic / Montréal

dominic.desroches@collegeahuntsic.qc.ca

[1] Je réponds et commente ici l’article intitulé « El clima ya no es lo que era » paru dans El País, 30/ 11/2010.  

[2] Sloterdijk, P., Schaume – Sphären III, Suhrkamp, Frankfurt am Main, 2003.

[3] Voir notre étude de la panique relative à l’élément liquide dans La gestion du risque confrontée à l’accélération – De l’inattendu au climat d’urgence et au temps panique, Orkestra, Espagne, déc. 2010 (à paraître).

[4] Je développe en terme d’ambiance générale l’intuition de Paul Virilio voulant que le monde se trouve, par les médias, dans une « communauté d’émotions ». Daniel Innerarity avait pour sa part proposé l’idée d’« espace émotionnel ». Voir El nuevo espacio público, Espasa, Madrid, 2006. Je poursuis leurs efforts ici.

[5] La formule rhétorique « une chose n’est plus ce qu’elle était » est souvent utilisée par l’auteur. Elle engage une manière d’être dans le monde : les choses les plus simples, les plus évidentes du quotidien changent, comme la politique, la société, au même titre que les remarques sur le temps qu’il fait. Ce qui semble relever du propos le plus banal engage une interprétation neuve de la société complexe, opaque et invisible dans laquelle nous vivons. Ce qui est là, dans son imperceptibilité, requiert notre attention, notre réception, car il concerne notre avenir.

[6] Sur la question du marché, voir notre entretien publié sous le titre « La place du marché et la mondialisation » sur le site de la revue Sens Public – Revue web internationale, Cosmopolitique, 2/10/10.

[7] À titre indicatif, je signale que Innerarity a consacré un chapitre fort instructif à la « grammaire des biens communs » dans son livre El nuevo espacio público, Espasa, Madrid, 2006.

[8] Sur l’usage de cette notion par Sloterdijk, voir notre petit article « L’homme comme designer d’atmosphère. Sloterdijk et la critique des milieux métaphysiques », Transverse, numéro 1, France, déc. 2010, 35-47.

[9] Sur le rapport fécond entre la météo et l’histoire des hommes, voir Lee, L., Et s’il avait fait beau ? – De l’influence de la météo sur les grands événements de l’histoire, Acropole, 2007.

[10] Sur la peur et la panique, voir les travaux de Dupuy, J.-P., Le catastrophisme éclairé, Paris, Seuil, 2002, La panique, Seuil, 2003 et Petite métaphysique des tsunamis, Seuil, 2005. Aussi, Virilio, P., L’administration de la peur, 2010 et Innerarity, D., « El miedo global », in El País, 19/09/2010.

[11] « Il se pourrait que la politique de l’environnement, concluait Daniel Innerarity, outre le fait qu’elle enrichit nos conversations quotidiennes, contribue à une rénovation de la politique, dont nous savons qu’elle est nécessaire mais qu’aucune force irrésistible ne nous oblige à la mettre en œuvre. »

[12] Sur le thème de la coopération, voir les remarques éclairantes que Daniel Innerarity propose dans le chapitre 10 de son livre El nuevo espacio público, Espasa, Madrid, 2006.

La « démocratie écologique » de Dominique Bourg n’est pas la solution

alternatives-ecologique.fr, Jean Gadrey, le 18 janvier 2011

La « démocratie écologique » de Dominique Bourg n’est pas la solution

http://www.alternatives-economiques.fr/blogs/gadrey/2011/01/18/la-%C2%AB-democratie-ecologique-%C2%BB-de-dominique-bourg-n%E2%80%99est-pas-la-solution/

Un débat existe sur la démocratie écologique (et plus généralement sur la démocratie scientifique). Il serait dommage de le caricaturer, comme c’est le cas avec certaines critiques des thèses de Dominique Bourg. Deux livres récents et importants peuvent l’éclairer. D’une part celui d’Hervé Kempf, « L’oligarchie ça suffit, vive la démocratie » (Seuil). D’autre part celui de Jacques Testart, Agnès Sinaï et Catherine Bourgain, « Labo planète, ou comment 2030 se prépare sans les citoyens » (Mille et une nuits).

Les idées de Dominique Bourg sont explicitées dans un article qu’il a publié avec Kerry Whiteside dans « La vie des idées » le 1° septembre 2009. Il est accessible via ce lien. Ceux qui y voient une « dictature écologique » (voir ce lien) exagèrent beaucoup. D. Bourg ne propose nullement d’abolir le système actuel mais de l’enrichir, il met en avant le rôle de la société civile et des ONG, le rôle de la démocratie « participative et délibérative » venant compléter la démocratie dite représentative.

J’ai toutefois un sérieux problème avec une partie de ces thèses où est affirmée une sorte d’impuissance des citoyens à prendre en charge les grands enjeux écologiques à long terme, enjeux qui ne pourraient être défendus que par l’alliance de scientifiques et d’ONG environnementales.

Cela conduit D. Bourg à préconiser de nouveaux arrangements institutionnels pour surmonter ce qu’il désigne comme une incapacité du système de la « démocratie » actuelle « à répondre au défi environnemental ». Avec la création 1) d’une « académie du futur » composée de « chercheurs internationalement reconnus » ayant pour mission de veiller à l’état de la planète, et 2) d’un nouveau Sénat. Ce dernier, « formé pour deux tiers au moins de personnalités qualifiées – proposées, par exemple, par les organisations non gouvernementales environnementales – et pour un tiers de citoyens, aurait pour rôle d’élaborer, en amont de l’Assemblée nationale, les grands mécanismes législatifs, par exemple fiscaux, permettant de répondre aux nouveaux objectifs constitutionnels. Ce Sénat pourrait, avec l’aval de conférences de citoyens, opposer son veto aux propositions de loi contraires à ces objectifs. » (Le Monde du 31 octobre 2010).

Je retiens évidemment de l’analyse de D. Bourg le fait que, dans le système de la démocratie et de l’information TEL QU’IL FONCTIONNE – très mal, comme le démontre Hervé Kempf – nombre de risques vitaux pour l’humanité, dont le réchauffement climatique, ne sont pas « ressentis » avec la même acuité et la même urgence que, par exemple, le chômage ou la pauvreté. Je constate aussi que les principales alertes écologiques proviennent de l’alliance de scientifiques (par exemple le GIEC) et d’ONG écolos.

Mais on pourrait faire le même constat de mise à l’écart des citoyens pour d’autres enjeux non écologiques au départ mais essentiels, y compris à long terme : les retraites, la construction européenne, la reprise en main de la finance, les dettes publiques, la création monétaire et les investissements du futur, etc.

L’information déversée sur les citoyens par l’alliance terrible des grands médias, de l’argent et de la publicité bloque la démocratie et conforte l’oligarchie. Elle a pour but Lire la suite

La permaculture au sein de l’agriculture urbaine : Du jardin au projet de société

vertigo.revues.org, volume 10, numéro 2, Emmanuel Pezrès, septembre 2010

http://vertigo.revues.org/9941

Volume 10 numéro 2 | septembre 2010

Dossier : L’agriculture urbaine : un outil multidimensionnel pour le développement des villes et des communautés

La permaculture au sein de l’agriculture urbaine : Du jardin au projet de société

La permaculture est souvent considérée comme un procédé « alternatif » de production alimentaire écologique en ville ou à la campagne. Cependant, et bien que la définition et les principes de la permaculture soient en constante évolution, il apparaît que la permaculture n’est pas simplement une autre façon de jardiner, mais une autre façon de concevoir le monde. Considérant la place de la permaculture dans le processus de l’agriculture urbaine, nous remarquons que la conception permaculturelle est, bien entendu, différent de l’agriculture conventionnelle, mais nous observons également que le projet permaculturel est fondamentalement différente de l’urbanisme. De là, face à la crise écologique mondiale croissante, nous interrogeons la permaculture comme une possibilité de re-conception de la structure urbaine existante. Enfin, nous nous questionnons sur les bases épistémologiques de la permaculture en vue de susciter un changement philosophique et matériel global.

Plan

La permaculture : une définition en mouvement.

Permaculture versus urbanisme.

La permaculture et la culture de la ville.

Le travail permaculturel de l’urbain

Cultiver un paradigme alternatif.

1. Stimulée par une recherche contemporaine de relations environnementales et collectives plus harmonieuses, l’ambition d’une agriculture intégrée à des cycles écologiques durables rencontre un souhait citoyen de réinvestir la ville. Les expériences présentes de permaculture et leurs développements dans le mouvement des villes en transition tendent vers ces objectifs. Cet article, prolongeant les potentialités d’aménagement de l’agriculture urbaine au travers de la permaculture se propose de décrire les possibilités de mise en œuvre de production de « cultures alternatives » dans leurs sens le plus large. Pour cela, nous essayerons d’abord de définir la permaculture à partir d’elle-même. Puis, nous chercherons sa spécificité dans ses contrastes avec les disciplines qui travaillent l’agriculture urbaine : l’agriculture et l’urbanisme. Ensuite, nous envisagerons la permaculture, non plus comme seule méthode d’agriculture dans la ville, mais comme une méthode de conception de l’urbain. Enfin, la dernière partie exposera la possibilité de création d’une autre façon de vivre la ville et la mise en place d’une nouvelle urbanité qui pourrait être aussi un nouveau paradigme civilisationnel.

La permaculture : une définition en mouvement.

2. Afin d’éviter que la permaculture ne soit réduite à une simple modalité de l’agriculture urbaine, il nous faut d’abord essayer de définir ce qu’elle est et quel est son objet. Toutefois, fixer le concept de permaculture n’est pas forcément possible car sa définition est mouvante, elle varie selon les auteurs et évolue avec le temps. Du mot, on peut dire qu’il a été formé dans les années soixante-dix, par Mollison et Holmgren à partir de deux termes anglais : « permanent » et « agriculture ». Les créateurs du concept définissent en premier lieu la permaculture comme « (…) un système évolutif intégré, d’auto-perpétuation d’espèces végétales et animales utiles à l’homme. C’est, dans son essence, un écosystème agricole complet, façonné sur des exemples existants, mais plus simples » (1986 :15). Cependant au lieu de rester classiquement dans le domaine agricole comme pourrait le faire l’agriculture biologique, le premier et unique livre en commun des deux co-inventeurs du terme permaculture, lui donne tout de suite un champ d’action plus large : « Nous n’avons pas voulu établir un schéma fixe et dogmatique mais un modèle qui intègre plusieurs principes appartenant à de nombreuses disciplines l’écologie, la conservation de l’énergie, l’aménagement du paysage, la rénovation urbaine, l’architecture, l’agriculture (sous tous ses aspects) et les théories de localisation en géographie. » (1986 :16). De même, bien que l’élaboration du concept de permaculture et son étude, soit d’abord destinés à une population ayant Lire la suite

Ecoconstruction et agroécologie : L’architecture de cueillette – Proto-histoire du bâtiment

terrecooperative.ouvaton.org, Alain Marcom, le 13 avril 2008

http://terrecooperative.ouvaton.org/spip.php?article24

Ce texte fait partie du « Petit Précis d’Agroécologie » Nourriture, Autonomie, Paysannerie, sous la direction de Silvia Perez-Vitoria et Eduardo Sevilla Guzman, édité par La Ligne d’Horizon, 7 villa Bourgeois 92240 Malakoff et qu’on peut le commander pour la somme redoutable de 6 € + frais de port

Ecoconstruction et agroécologie : L’architecture de cueillette – Proto-histoire du bâtiment

Jusqu’en 1750, origine de la mécanisation, les maisons de la grande majorité de la population mondiale étaient forcément des maisons à faible impact environnemental. Elles étaient issues de matériaux de proximité, montés avec un savoir faire local et dans le cadre d’une économie faiblement marchande. Le travail de mise en oeuvre était basé sur la consommation d’une énergie métabolique humaine ou animale. On était parfois aidé par les cours d’eau ou le vent à fin de transport ou d’aide mécanique au sciage des arbres ou de taille des pierres, pour la très ténue minorité des puissants économiques, politiques ou religieux.

Mais pour l’immense majorité de l’humanité, c’était le contexte général de l’architecture de cueillette. Ce qui ne servait pas, voire ce qui gênait dans l’agriculture, était utilisé en construction. On gérait plus qu’on ne cultivait des matériaux comme le bois ou les roseaux. On construisait avec les pierres qui affleuraient à la surface du champ et avec la terre des coins les moins fertiles. L’impact environnemental principal était du à la cuisson de la terre pour les briques ou les tuiles, et à la cuisson de la chaux, dans les régions où ces cuissons étaient pratiquées. Mais ces derniers matériaux étaient utilisés avec une grande parcimonie, surtout que la population mondiale était bien inférieure à la population actuelle, puisqu’elle n’atteint son premier millard d’habitants qu’au début du 19 ème siécle….

Seuls les monuments, bâtiments des puissants, s’exonéraient de cette pratique par l’importation de matières venues de loin, quand les matériaux locaux n’étaient pas assez prestigieux et coûteux pour éblouir les passants. En effet les matières pour construire étaient, et restent encore aujourd’hui lourdes et leur transport avant le règne des camions, des autoroutes et du pétrole, avait un coût considérable. A partir de 1850, la machine thermique a peu à peu permis de transformer la matière, de la transporter plus facilement sur de plus grandes distances. Le train, l’acier, le bateau à vapeur, le ciment, les engins de carrière ont transformé les matériaux et les savoir faire dans les pays en voie d’industrialisation tout au long du 19 ème siècle.

La croissance des villes dans le « premier monde » a participé à la naissance d’un marché du travail dans le bâtiment. Un secteur important de l’économie est né à partir de la révolution industrielle. Alors que le ciment est inventé au début du 19 ème, c’est vers le milieu de ce siècle qu’est déposé le premier brevet du béton armé, et c’est dans la dernière décennie du 19 ème qu’on voit apparaître des chantiers de construction d’immeubles en béton armé en Belgique, chantiers effectués par des entreprises allemandes. A ce moment, nous sommes au début de l’« art nouveau », et ce sont les capacités plastiques du béton qui sont recherchées.

L’industrialisation du bâtiment en France

La reconstruction après la première guerre mondiale a vu la première tentative de bétonnisation dans le Nord Est de la France. Cette tentative parfaitement réussie du point de vue économique, fera du chemin, bien que la ligne Maginot ait peu convaincu. L’occupation allemande, avec le chantier du mur de l’Atlantique a confirmé le formidable potentiel du béton et la facilité de façonnage, aussi appelée formation, de la main d’oeuvre. C’est fort de ces réussites économiques et mécaniques resplendissantes que le gouvernement provisoire de 1944 va se lancer dans une stratégie d’industrialisation à outrance sous prétexte de « reconstruction ». Les écoles d’ingénieurs formatés à ce projet, et les recherches pour la modélisation de ce matériau emblématique de la modernité, vont fleurir un peu partout en France.

Les tâches de la chaîne de production du bâti vont être finement découpées et séparées, atomisées, taylorisées. C’est à l’aune de la flèche de la grue que vont se concevoir les cités de banlieue. De véritables usines de béton armé vont se monter à une extrémité du chemin de grue. Celle-ci distribuera les coffrages-tunnels ou les éléments préfabriqués au bout de sa flèche de chaque côté du rail, donnant naissance à deux barres parallèles. Sur ce process industriel de conception et de réalisation, un peu partout des cités des mille, deux mille, jusqu’à quatre mille logements vont être construites. La puissance publique ne va pas ménager ses commandes, en cités-dortoirs de banlieue, hôpitaux, écoles, bâtiment administratifs, barrages, ponts, etc… Le béton über alles établira de la sorte sa domination actuellement encore sans partage. Un hasard bien planifié fait donc que nous avons aujourd’hui en France les deux plus puissants groupes de bâtiment mondiaux, et le premier producteur mondial de ciment.

De l’autre côté du Rhin, la tradition fédéraliste a engagé l’Allemagne dans une autre stratégie. Le montant des destructions était bien supérieur là-bas qu’ici. Mais là bas on a investi les fonds du plan Marshall dans le redressement du capital industriel lourd. Les régions, avec de très faibles moyens, ont eu en charge la « reconstruction ». Ainsi, on a pu voir des techniques traditionnelles régionales normalisées, et des ouvrages pédagogiques de vulgarisation de techniques constructives simples à base de matériaux peu transformés et de proximité diffusés, favorisant l’autoconstruction, l’apprentissage et la reconstruction d’un tissu économique constitué essentiellement de petites entreprises. L’organisation politique a produit une forme de retour à l’architecture de cueillette. Les savoir faire locaux, Lire la suite

Tim Jackson, économiste britannique – « Notre modèle actuel de croissance crée des dommages irréversibles sur l’environnement »

http://abonnes.lemonde.fr/planete/article/2011/01/03/tim-jackson-notre-modele-actuel-de-croissance-cree-des-dommages-irreversibles-sur-l-environnement_1460320_3244.html

lemonde.fr, Tim Jackson, propos recueillis par Hervé Kempf, le 3 janvier 2011

Tim Jackson, économiste britannique

« Notre modèle actuel de croissance crée des dommages irréversibles sur l’environnement »

Professeur et chercheur à l’université du Surrey (Grande-Bretagne), Tim Jackson est un économiste atypique. En 2000, il devient le titulaire de la première chaire de développement durable créée au Royaume-Uni, à l’université de Surrey. Il y fonde aussi une unité de recherche croisant l’économie, la psychologie et la sociologie.

En 2004, nommé à la commission du développement durable créée par le gouvernement de Tony Blair, le chercheur dirige le travail du groupe « Redefining Prosperity » qui le conduit à écrire Prospérité sans croissance, livre publié en 2007 au Royaume-Uni, et deux ans plus tard en France (De Boeck). C’est l’un des ouvrages d’économie environnementale les plus marquants de ces dernières années. Alors que 2011 débute, M. Jackson livre son pronostic sur la croissance et sur les moyens de faire évoluer le modèle économique actuel, qu’il critique largement.

La croissance peut-elle reprendre en 2011 ?

En ce qui concerne les économies occidentales, la réponse est probablement non. Les mécanismes destinés à maintenir la croissance ont fragilisé le système économique en développant un endettement toxique qui a conduit à l’effondrement des marchés financiers. Or les éléments de cette dynamique de crise restent à l’oeuvre aujourd’hui, car l’expansion monétaire illimitée est par nature instable. De surcroît, le prix du pétrole repart à la hausse.

L’autre aspect de la question est de savoir si l’on peut poursuivre la croissance sans dommages environnementaux irréversibles, sachant que nous vivons dans un monde fini. Pour y parvenir, il faudrait découpler la croissance de la production matérielle, créer de la valeur économique non dans les biens, mais dans les services : loisir, santé, éducation…

Est-ce la tendance suivie jusqu’à présent ?

Non. Les progrès d’efficacité énergétique restent inférieurs à l’expansion de l’économie. De même, les tendances en ce qui concerne la forêt, l’eau ou l’érosion des sols vont dans le mauvais sens. Depuis vingt ans, le discours officiel proclame que la technologie, en dématérialisant l’économie, va résoudre l’impact environnemental négatif de la croissance. Mais ce découplage ne se produit pas. Le niveau de technologie nécessaire pour y parvenir est irréaliste. Ce n’est pas très populaire de le dire, mais la technologie ne peut plus être considérée comme la solution à nos difficultés.

La croissance verte est-elle une piste crédible ?

Il est bien sûr utile d’investir dans une meilleure productivité des ressources et dans les technologies faiblement carbonées. Mais Lire la suite

Dossier de la revue Vertigo : L’agriculture urbaine : un outil multidimensionnel pour le développement des villes et des communautés

vertigo.revues.org, Rédacteurs associés : Eric Duchemin (VertigO – La revue électronique en sciences de l’environnement) (Institut des sciences de l’environnement, Université du Québec à Montréal), Luc Mougeot (CRDI, Canada) et Joe Nasr (Collège Ryerson, Canada), Volume 10 numéro 2, septembre 2010

http://vertigo.revues.org/9848

Dossier : L’agriculture urbaine : un outil multidimensionnel pour le développement des villes et des communautés

Depuis maintenant plus d’une décennie – selon la plus récente estimation disponible – ils sont mondialement environ 800 millions à pratiquer l’agriculture urbaine (AU). 200 millions d’entre eux réalisent de la production de marché et 150 millions le font à plein temps. Ces gens produisent environ 15% de la production mondiale de nourriture. Selon les prédictions, ce pourcentage pourrait doubler dans la prochaine génération. Depuis 1996, les chiffres disponibles pour certaines villes ont démontré une augmentation du nombre de producteurs, de production et de valeur dans cette activité urbaine. Si la plupart des gens pratiquant l’agriculture urbaine vivent majoritairement dans les pays en développement, plusieurs se retrouvent également dans les pays industrialisés. Ce dossier de VertigO – la revue électronique en sciences de l’environnement publie des textes abordant cet outil de développement mais aussi utilisé pour la sociabilisation des citadins, l’aménagement viable de la ville, etc. Ce dossier montre que l’agriculture urbaine est un élément clef de la viabilité.

Eric Duchemin, Fabien Wegmuller et Anne-Marie Legault

Agriculture urbaine : un outil multidimensionnel pour le développement des quartiers [Texte intégral]

Louiza Boukharaeva et Marcel Marloie

L’apport du jardinage urbain de Russie à la théorisation de l’agriculture urbaine [Texte intégral]

Manon Boulianne, Geneviève Olivier-d’Avignon et Vincent Galarneau

Les retombées sociales du jardinage communautaire et collectif dans la conurbation de Québec [Texte intégral]

Emmanuel Pezrès

La permaculture au sein de l’agriculture urbaine : Du jardin au projet de société [Texte intégral]

Fabien Wegmuller et Eric Duchemin

Multifonctionnalité de l’agriculture urbaine à Montréal : étude des discours au sein du programme des jardins communautaires [Texte intégral]

Christian Peltier

Agriculture et projet urbain durables en périurbain : la nécessité d’un réel changement de paradigme [Texte intégral]

Conchita M. G. Kêdowidé, Michel P. Sedogo et Guéladio Cisse Lire la suite

A 46 ans, Jean-François Noubel, spécialiste des monnaies libres, a décidé d’abandonner les euros

tempsreel.nouvelobs.com, Malika Elkord, le 18 septembre 2010

[ILS FONT AUTREMENT] 2. Vivre sans l’euro

http://tempsreel.nouvelobs.com/actualite/economie/20100918.OBS0021/ils-font-autrement-2-vivre-sans-l-euro.html

A 46 ans, Jean-François Noubel, spécialiste des monnaies libres, a décidé d’abandonner les euros.

Peut-on vivre en France avec autre chose que l’euro ? C’est le pari de Jean-François Noubel qui mène des recherches en intelligence collective et étudie les monnaies libres, c’est à dire « décentralisées, citoyennes, plurielles« . Il y a un an, il a décidé d’abandonner les euros et d’explorer d’autres systèmes monétaires.

Son constat : « Partout où l’on regarde, les problèmes de guerre, de corruption, de santé publique, d’esclavage, d’environnement, etc., ont tous un dénominateur commun : l’argent. Et l’argent est une forme de monnaie prédominante et rare. Rare car la majeure partie des gens en manque et est obligée d’entrer dans des chasses à la monnaie très dures qui incitent à des attitudes prédatrices, compétitives… M’intéresser à des monnaies qui n’attisent pas ces comportements prédateurs fait partie de mes recherches en intelligence collective ».

Plus de 5000 monnaies « dites complémentaires » à travers le monde.

Quelles sont donc ces monnaies ? On entend de plus en plus parler aujourd’hui de monnaies dites « complémentaires ». On les appelle ainsi car elles complètent le système officiel ou pallient ses défaillances: chômage, crise, spéculation, économie locale en panne… Elles se créent, en marge des monnaies officielles, à l’échelle d’une ville, d’un quartier, d’une association, d’une communauté ou même d’un Etat. Ces monnaies, qui ne sont pas illégales, prennent la forme de billets, de cartes à puce ou de lignes de crédit ou débit.

La plus ancienne, le WIR, est née en Suisse, en 1934, au cœur de la crise économique, à l’initiative d’une quinzaine d’entreprises qui voulaient pouvoir s’échanger leur produit alors même que faute d’argent le commerce était au point mort. Le principe est simple : les uns, ceux qui achètent, comptabilisent des débits envers les autres, ceux qui vendent. À l’inverse, ces derniers bénéficient de crédits envers les premiers. Ce système monétaire, est aujourd’hui utilisé par plus de 70.000 PME suisses.`

Aux Etats Unis, le Timebanking a été créé dans des quartiers défavorisés, où la population n’a pas d’argent mais du temps et s’appuie sur Lire la suite

Hervé Kempf : l’oligarchie ça suffit, vive la démocratie

http://www.cdurable.info/Herve-Kempf-l-oligarchie-ca-suffit-vive-la-democratie-Seuil,3147.html

cdurable.info, David Naulin, le 24 décembre 2010

En librairie le 6 janvier 2011

Hervé Kempf : l’oligarchie ça suffit, vive la démocratie

Après Comment les riches détruisent la planète et Pour sauver la planète, sortez du capitalisme, Hervé Kempf achève sa trilogie par un essai analysant la crise de la démocratie au regard de la crise écologique et sociale.

« Nous sommes entrés dans un système oligarchique qui n’a d’autre ressort que l’avidité, d’autre idéal que le conservatisme, d’autre rêve que la technologie »

Sommes-nous en dictature ? Non. Sommes-nous en démocratie ? Non plus. Les puissances d’argent ont acquis une influence démesurée, les grands médias sont contrôlés par les intérêts capitalistes, les lobbies décident des lois en coulisses, les libertés sont jour après jour entamées. Dans tous les pays occidentaux, la démocratie est attaquée par une caste. En réalité, nous sommes entrés dans un régime oligarchique, cette forme politique conçue par les Grecs anciens et qu’ont oubliée les politologues : la domination d’une petite classe de puissants qui discutent entre pairs et imposent ensuite leurs décisions à l’ensemble des citoyens.

Si nous voulons répondre aux défis du XXIe siècle, il faut revenir en démocratie : cela suppose de reconnaître l’oligarchie pour ce qu’elle est, un régime qui vise à maintenir les privilèges des riches au mépris des urgences sociales et écologiques.

Car la crise écologique et la mondialisation rebattent les cartes de notre culture politique : l’Occident doit apprendre à partager le monde avec les autres habitants de la planète. Il n’y parviendra qu’en sortant du régime oligarchique pour réinventer une démocratie vivante. Si nous échouons à aller vers la Cité mondiale, guidés par le souci de l’équilibre écologique, les oligarques nous entraîneront dans la violence et l’autoritarisme.

Au terme de ce récit précisément documenté mais toujours vivant, le lecteur ne verra plus la politique de la même façon.

Références : l’oligarchie ça suffit, vive la démocratie de Hervé Kempf – Editeur : Seuil – Date de publication : 6 janvier 2011 – EAN13 : 9782021028881 – Prix public : 14 €

Comment les riches détruisent la planète et Pour sauver la planète, sortez du capitalisme, les précédents ouvrages d’Hervé Kempf, ont rencontré un important succès. Ils ont été traduits dans de nombreuses langues. L’intérêt soutenu qu’ils continuent de susciter en fait désormais des références de l’écologie politique.

« Nous sommes entrés dans un système oligarchique qui n’a d’autre ressort que l’avidité, d’autre idéal que le conservatisme, d’autre rêve que la technologie »

Voici un extrait de l’entretien avec Hervé Kempf réalisé par Thibaut Monnier publié dans Financité de décembre 2010.

Financité : En quoi la finance est-elle liée à la crise écologique ?

Hervé Kempf : Le développement extraordinaire de la spéculation financière depuis une trentaine d’années s’est traduit par une destruction massive de l’environnement et un creusement considérable des inégalités. Le résultat est qu’aujourd’hui une minorité Lire la suite

Bassin d’Arcachon écologie « entendue, mais pas suffisamment écoutée »

sudouest.fr, David Patsouris, le 22 décembre 2010

http://www.sudouest.fr/2010/12/22/entendue-mais-pas-suffisamment-ecoutee-273348-662.php

Bassin d’Arcachon écologie « entendue, mais pas suffisamment écoutée »

L’association Bassin d’Arcachon écologie a été très active en 2010, notamment sur le dossier du futur pôle de santé qui ouvrira en 2012 à La Teste-de-Buch.

Voilà presque vingt ans que l’association Bassin d’Arcachon écologie (BAE) travaille sur les dossiers environnementaux de la Petite Mer. Jeudi soir, elle dressait le bilan de l’année 2011.

1 Comment travaille l’association ?

Le bénévolat est aussi un sacrifice. Forte d’une grosse centaine de membres, BAE travaille sur des dossiers aussi sensibles que complexes. « Au sein du bureau, nous échangeons des mails tous les jours, explique Françoise Branger la présidente. Il n’y a ni vacances ni jours fériés. Certains membres de BAE sont spécialisés en droit. D’autres ont en main ponctuellement certains dossiers. On essaie de travailler sur les plus urgents. On est toujours sur la brèche. »

La reconnaissance a son revers. Peu à peu depuis 1989, BAE a gagné une réelle légitimité auprès des autorités du Bassin. Du coup, l’association est invitée dans bien des instances. Elle siège au conseil de développement du Pays du bassin d’Arcachon et Val de l’Eyre. Elle participe au comité de suivi du schéma de mise en valeur de la mer, au comité de concertation pour le projet de Parc naturel marin, collabore aux réflexions pour la gestion intégrée des zones côtières lancées par le Département. BAE est aussi membre du conseil de gestion de l’île aux Oiseaux et du comité de gestion des domaines de Certes et Graveyron…

2 Entendue sur le pôle de santé

« Nous sommes parfois écoutés, raconte Françoise Branger, mais pas toujours assez. Si nous l’avions été sur le futur pôle de santé, lorsque nous nous sommes exprimé au moment de l’enquête publique, nous n’aurions pas eu besoin de faire des recours. » Résultat, BAE a été au centre d’une polémique déclenchée par Yves Foulon, président du conseil d’administration de l’hôpital et maire UMP d’Arcachon qui avait jugé ce recours sur le permis « irresponsable ».

« Il fallait absolument préserver le corridor écologique sur ce site inondable et écosensible très proche du canal des Landes, insiste Françoise Branger. Les élus parlent d’environnement, mais les faits sont souvent loin des discours. Ce corridor était identifié par les services de l’état et il n’était pas respecté par ce projet qui aggravait les risques d’inondation et posait problème par rapport à la biodiversité. Notre recours a fait prendre conscience de ces risques. »

Ce fut du travail : « Il y a eu deux mois et demi de négociation, avec Lire la suite

Qui veut la peau des emplois du Grenelle de l’environnement ?

http://abonnes.lemonde.fr/planete/article/2010/12/20/qui-veut-la-peau-des-emplois-du-grenelle-de-l-environnement_1455840_3244.html

lemonde.fr, Marie-Béatrice Baudet, le 20 décembre 2010

Qui veut la peau des emplois du Grenelle de l’environnement ?

Depuis quelques jours, c’est une série noire pour la croissance verte. Vendredi, 17 décembre, First Solar, le fabricant américain de panneaux solaires, et EDF ont annoncé le gel de leur projet d’usine à Bordeaux et des 400 emplois immédiats à la clé.

Motif ? La décision du gouvernement de suspendre pour trois mois l’obligation faite à EDF de racheter l’électricité aux conditions tarifaires actuelles. Un moratoire qui, selon les deux entreprises, brouille encore les perspectives de la création d’une filière photovoltaïque au sein de l’Hexagone.

La même semaine, on apprenait aussi la possible révision à la baisse des ambitions françaises en matière de parcs éoliens offshore – un marché de 10 milliards d’euros. Les pouvoirs publics tergiversent sur le montant de l’appel d’offres à lancer, laissant industriels et communes du littoral dans l’incertitude.

DES SIGNAUX NÉGATIFS

Ces deux signaux négatifs suivent de près la mise en ligne mi-décembre d’un document de travail de la direction générale du Trésor, intitulé « Impacts macroéconomiques du Grenelle de l’environnement », dont les conclusions firent l’effet d’une petite bombe : si dans les cinq années à venir, les investissements verts devraient doper croissance et marché du travail, en revanche, sur le long terme, c’est la chronique d’une catastrophe annoncée : la hausse des prélèvements obligatoires nécessaires au financement des projets aurait un effet récessif et le Grenelle entraînerait même des pertes nettes d’emplois en 2023.

Une tout autre musique que celle jouée en juin 2009 par les experts du Boston Consulting Group (BCG), cabinet international de conseil en stratégie, qui pronostiquait « la création de plus de 600 000 emplois en moyenne sur la période 2009-2020, principalement dans les secteurs du bâtiment, des infrastructures et des énergies renouvelables« . Leur rapport commandé et payé par Jean-Louis Borloo, alors ministre de l’écologie, avait été mis en avant le 22 juin 2009 par Nicolas Sarkozy, dans son discours prononcé devant le Congrès, à Versailles : « Je veux dire à ceux qui trouvaient que le Grenelle de l’environnement coûtait trop cher que c’est la dépense la plus rentable que l’on puisse imaginer. Elle va créer 600 000 emplois. »

Que s’est-il passé en six mois ? Quels prévisionnistes croire ? Que se cache-t-il derrière ces bagarres de chiffres et d’annonces ?

UNE BATAILLE INTERNE AU GOUVERNEMENT

Nathalie Kosciusko-Morizet, la nouvelle ministre de l’écologie, a immédiatement réagi à la publication de l’étude du Trésor : « un regard très Lire la suite

La transition en chemin – Victor Pachon : « Nous sommes à la fin du modèle TGV »

sudouest.com, Jean-Bernard Gilles, le 11 décembre 2010

http://www.sudouest.fr/2010/12/10/victor-pachon-nous-sommes-a-la-fin-du-modele-tgv-263681-4018.php#xtor=EPR-260-[Newsletter]-20101211-[zone_info]

Victor Pachon : « Nous sommes à la fin du modèle TGV »

Alors que se tient aujourd’hui samedi  à Bayonne une manifestation contre le projet de ligne nouvelle à grande vitesse, Victor Pachon, un des leaders de la contestation explique pourquoi, selon lui, ce projet est inutile et trop coûteux.

Pourquoi manifestez vous aujourd’hui à Bayonne ?

Nous protestons contre un projet ruineux et inutile. Nous avons calculé qu’il allait coûter environ 5000 euros par foyer fiscal au Pays Basque, que l’on soit riverain ou non de la ligne, compte tenu des emprunts que vont devoir faire les collectivités locales. Les études existantes montrent que nous avons la capacité avec des aménagements mineurs à accueillir les trafics affichés par Réseau ferré de France qui sont surévalués.

Vous contestez les estimations de trafic de Réseau ferré de France ?

Oui énormément. C’est une étude diligentée par la  commission du débat public qui le dit. Le bureau d’études suisse qu’elle a mandaté dit que les chiffres du frêt avancés sont trop optimistes et doivent être revus à la baisse. C’est fondamental car ce sont eux qui justifient la création d’une ligne nouvelle pour RFF. Pour arriver au chiffre de 13 millions  de tonnes de marchandises transitant par Hendaye en 2020, ce qui implique un trafic de 20 millions de tonnes à Bordeaux, il faudrait être fin 2010 à 8 millions de tonnes. Alors que nous enregistrons le trafic est au plus bas depuis 30 ans, soit 1,6 millions de tonnes.

La ligne nouvelle ne serait donc pas nécessaire ?

Nous maintenons que pour le Pays Basque, mais c’est aussi vrai ailleurs au sud ou au sud est de Bordeaux, il y a la place pour le fret, les TER et les trains à grande vitesse sur la même voie. Pour Hendaye Bayonne, nous avons 264 trains de capacités quotidiennes et nous  accueillons une cinquantaine de trains aujourd’hui. Même à dix millions de tonnes de frêt soit 5 fois plus qu’aujourd’hui, les lignes existantes répondent aux besoins.

La grande vitesse ferroviaire irrigue toute la France. Pourquoi, au fond, devrait-elle s’arrêter à Bordeaux ?

La grande vitesse ferroviaire est morte aujourd’hui. Nous sommes à la fin du modèle TGV. En terme associations, CADE, d’aménagement du territoire la grande vitesse est une aberration. Elle va favoriser les grandes métropoles européennes et affaiblir le reste du territoire. Voyez le gigantisme de l’Opération d’intérêt national Euratlantique et son projet 30.000 êtres carrés de bureaux par an pendant 15 ans et la nouvelle ambition métropolitaine bordelaise d’un million d’habitants. Il n’y aura pas de magie. Les populations et les emplois de Bayonne, de Mont de Marsan, de Dax, d’Agen ou d’Angoulême vont être aspirés demain par la métropole bordelaise. Même Toulouse est aujourd’hui inquiète de l’essor bordelais. C’est pourquoi Martin Malvy met autant de conditions à son engagement financier. Le défaut majeur du modèle TGV est qu’il assèche le territoire autour des métropoles. Parfois même les métropoles ne sont pas gagnantes avec la grande vitesse comme Reims, aujourd’hui desservie, et qui Lire la suite

Êtes-vous plutôt béton ou cannabis ?

http://www.sudouest.fr/2010/12/10/maisons-en-chanvre-263373-2277.php

sudouest.fr, Gaëlle Richard, le 10 décembre 2010

Êtes-vous plutôt béton ou cannabis ?

Une filière économique en train de naître : le Cannabis sativa pour l’habitat

Le chanvre, transformé, est associé à la chaux pour créer un béton bio.

Il paraît que les trois petits cochons ont oublié un matériau pour construire leurs maisons. L’on dit même que ce serait le maire de Lagraulet qui le fabriquerait. Nicolas Méliet cultive, depuis cette année, 80 hectares de Cannabis sativa. Du chanvre. Celui de Lagraulet pousse en bio et est destiné à la construction.

Son compère, Pierre Amadieu, également agriculteur bio et gérant de la société Start Hemp, en produit 120 hectares. À eux deux, ils peuvent fournir la filière naissante de chanvre bio pour la construction. Avec le soutien du sénateur maire de Fleurance Raymond Vall et de son équipe, des tables rondes se succèdent, réunissant les acteurs de la production, de la transformation et de l’utilisation.

Du champ au chantier

Comment naît une filière économique ? « Eh bien, chacun de ces protagonistes explique ce dont il a besoin, résume Nicolas Méliet. Et tous les autres font en sorte de répondre à ces besoins. »

Depuis juillet dernier, la filière du chanvre bio destiné à la construction est ainsi en train de voir le jour. Demain, à la mairie de Lagraulet, table ronde et démonstration clôtureront la mise en place de ce réseau de professionnels.

L’idée de Nicolas Méliet et consorts consiste à mettre sur pied un circuit court. La production de Cannabis sativa de Lagraulet sera utilisée pour la construction de maisons à Lagraulet. Tout au plus dans le Gers. Mais on est loin du manque d’ambition. Le but est de s’attribuer un marché local en éliminant les intermédiaires, de manière à ce que chaque protagoniste soit dignement rémunéré. Du champ au chantier, directement.

Pour le chantre du chanvre, les atouts de cette plante ne sont plus à démontrer. « Il s’agit d’un très bon isolant phonique et thermique, affirme Pierre Amadieu. Il est en outre un bon Lire la suite

Le sommet de Cancun sur le climat s’ouvre sans grand espoir

lemonde.fr, NC, le 29 novembre 2010

http://www.lemonde.fr/planete/article/2010/11/29/le-sommet-de-cancun-sur-le-climat-s-annonce-laborieux_1445512_3244.html

Le sommet de Cancun sur le climat s’ouvre sans grand espoir

Plus de 190 pays se retrouvent lundi au Mexique pour tenter de redynamiser la lutte contre le changement climatique.

L’ONU cherche à donner un nouveau souffle aux négociations sur le changement climatique. A partir du lundi 29 novembre, jusqu’au vendredi 10 décembre, 194 pays se retrouvent à Cancun, au Mexique, pour la 16e Conférence des parties de la convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC).

Ils vont ainsi tenter de parvenir à un accord visant à limiter les émissions de gaz à effet de serre et tourner enfin la page de Copenhague, après l’échec de décembre 2009.

Quel est l’objectif du sommet de Cancun ?

L’enjeu de cette 16e conférence, surnommée COP16, est le même que celui de la 15e qui s’était tenue à Copenhague : fixer les règles de l’après-Kyoto. Car le protocole à la convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques, adopté à Kyoto le 11 décembre 1997, fixait des engagements chiffrés de réduction des émissions de gaz à effet de serre, et principalement de CO2, par rapport au niveau de 1990, pour la période 2008-2012.

Entré en vigueur en 2005 et ratifié par 183 pays, le traité arrive à échéance le 31 décembre 2012. A Cancun, les délégations doivent plancher sur les bases d’un nouvel accord, pour s’engager à des objectifs pour la période 2013-2020.

Qui va participer aux négociations ?

Les délégations des 194 pays membres de la CCNUCC ont rejoint la station balnéaire mexicaine pour participer aux négociations qui se tiennent au centre des congrès et au Moon Palace, un complexe hôtelier en bord de mer. Mais cette fois, ce ne sont plus les chefs d’Etat et de gouvernement qui conduisent ces délégations, comme pour Copenhague, mais les ministres de l’environnement.

Selon les associations écologistes, cette nouvelle organisation pourrait alléger la pression sur le sommet et faciliter les débats. Les négociations seront orchestrées par la Costaricaine Christiana Figueres, nouvelle secrétaire exécutive de la CCNUCC, qui succède au Néerlandais Yvo de Boer. La délégation européenne sera menée par Joke Schauvliege, la ministre  de l’environnement flamande, tandis que Brice Lalonde se chargera des négociations pour la France.

Quel avait été le bilan de Copenhague ?

Le 18 décembre 2009, après douze jours de négociations, la COP15 s’était soldée par un bilan des plus décevants : un accord non contraignant, signé par seulement 140 pays et obtenu par des négociations de couloirs entre une vingtaine de chefs d’Etat, au premier rang desquels les Etats-Unis et la Chine. Son contenu est par ailleurs loin d’être à la hauteur des attentes que la conférence avait soulevées : s’il réitère la nécessité de limiter le réchauffement planétaire à 2°C par rapport à l’ère pré-industrielle, le texte ne comporte aucun engagement chiffré de réduction des émissions de gaz à effet de serre, se contentant de prôner la « coopération » pour limiter les émissions « aussi tôt que possible ».

En France, comme partout ailleurs dans le monde, associations et partis écologistes avaient dénoncé cet Lire la suite

France Nature Environnement – Réchauffement climatique : les français, eux, sont convaincus

France Nature Environnement, le 22 novembre 2010, communiqué de presse

Réchauffement climatique : les français, eux, sont convaincus

Le climat est en train de changer et les rejets anthropiques de gaz à effet de serre ont contribué à ce réchauffement. C’est ce dont sont convaincus près de 75% des français et que révèle une enquête exclusive de l’IFOP publiée dans le Monde du 18 novembre. Analyse de France Nature Environnement.

Les français ne sont pas climato-sceptiques

N’en déplaise aux climato-sceptiques récemment « taclés » par l’Académie des Sciences en octobre dernier, c’est pourtant l’opinion de la majorité des français : l’augmentation de la température observée depuis le début du 20è siècle est largement due à l’activité humaine (transport, industrie, agriculture …). En plus d’être persuadés de l’existence et des causes de ce réchauffement global, les français placent le réchauffement climatique en tête des menaces environnementales.

Les convictions des français doivent assoir une stratégie solidaire de lutte

Fort de ce soutien populaire, l’Etat français doit porter une position ambitieuse à Cancún*. Il s’agit d’obtenir des objectifs contraignants de réduction des émissions mondiales de gaz à effet de serre à un niveau suffisant pour tenter de ne pas dépasser +2°C, augmentation au-delà de laquelle nous ne saurions plus nous protéger contre les dérèglements. Les règles de la solidarité internationale pour parvenir à financer l’adaptation et la lutte contre le changement climatique constituent l’autre enjeu de ce nouveau rendez-vous. Comment les pays du Nord vont-ils aider ceux du sud ?

Des négociations internationales en mal de concrétisation

Pour Adeline Mathien, chargée de mission Climat Territoires à FNE : « Nous sommes pour l’instant mal engagés et depuis les négociations de Copenhague en 2009, peu de choses ont réellement bougé. Mal engagés aujourd’hui, au point que la prolongation du protocole de Kyoto qui arrivera à échéance en 2012 pourrait Lire la suite

Rapport d’évaluation du Grenelle de l’environnement

Ministère de l’écologie, de l’énergie, du développement durable et de la mer, novembre 2010

http://www.ladocumentationfrancaise.fr/rapports-publics/104000587/index.shtml?xtor=EPR-526

Rapport d’évaluation du Grenelle de l’environnement

FRANCE. Ministère de l’écologie, de l’énergie, du développement durable et de la mer

Ce rapport élaboré par le comité d’évaluation du Grenelle Environnement et par le cabinet Ernst and Young fait le point, thématique par thématique, sur les actions engagées ces trois dernières années en matière de gouvernance, d’énergie et de climat, de politique des déchets, de gestion des risques, de traitements des déchets, de transport, d’urbanisme…

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(3090  Ko, PDF)

222 pages

Sommaire

Préambule

Synthèse de l’évaluation

1. Bâtiment et urbanisme

2. Transport et mobilité

3. Énergie

4. Biodiversité

5. Agriculture et milieux aquatiques

6. Risques, santé, environnement

7. Déchets

8. Gouvernance Lire la suite

La nouvelle donne du ministère de l’écologie

novethic.fr, Véronique Smée, le 15 octobre 2010

http://www.novethic.fr/novethic/planete/institution/etats/la_nouvelle_donne_ministere_ecologie/131839.jsp?utm_source=newsletter&utm_medium=Email&utm_content=novethicInfo&newsletter=ok

La nouvelle donne du ministère de l’écologie

Nathalie Kosciusko-Morizet est nommée ministre de l’Écologie, du Développement durable, des Transports et du Logement dans le nouveau gouvernement annoncé dimanche 14 novembre. Elle devient numéro quatre du gouvernement mais n’est pas ministre d’État, contrairement à Jean-Louis Borloo, qui quitte le gouvernement.

François Fillon a nommé Nathalie Kosciusko-Morizet ministre de l’Écologie. Elle était auparavant secrétaire d’État chargée de la Prospective et du Développement de l’économie numérique. Agée de 37 ans, elle a occupé la fonction de secrétaire d’Etat à l’écologie de juin 2007 à janvier 2009, date du dernier remaniement. Beaucoup avaient évoqué à l’époque sa nomination à l’économie numérique comme une « punition » , après ses prises de position et ses critiques contre les lobbies lors du vote de la loi sur les OGM, dont elle s’était finalement excusée sous la pression du Premier ministre, François Fillon.

Député de l’Essonne avant son entrée au gouvernement, elle a également été rapporteur de la Charte de l’environnement à l’Assemblée nationale et a participé au processus du Grenelle de l’environnement.

Si NKM conserve deux secrétaires d’Etat qui lui sont rattachés -Benoist Apparu, qui demeure secrétaire d’État au Logement, mais plus à l’Urbanisme; et Thierry Mariani, député UMP du Vaucluse qui devient secrétaire d’Etat aux Transports à la suite de Dominique Bussereau-, elle perd en revanche Valérie Létard, en charge des technologies vertes auprès du ministère, qui quitte le gouvernement. Enfin, l’ex-secrétaire d’Etat à l’écologie Chantal Jouanno est nommée secrétaire d’Etat aux sports.

Un portefeuille plus restreint

Lors du précédent remaniement, le portefeuille de Jean-Louis Borloo (numéro 2 du gouvernement) avait été élargi à la Mer, aux technologies vertes et aux négociations climatiques. Quatre pôles opérationnels avaient été définis : transports, aménagement du territoire, politiques énergétiques, ressources naturelles et biodiversité. Ce n’est plus le cas dans les nouvelles attributions du Ministère : l’énergie est confiée à Eric Besson, nommé ministre de l’Industrie, de l’énergie, de l’économie numérique. L’aménagement du territoire intègre le portefeuille de Bruno Le Maire, désormais ministre de l’Agriculture, de l’Alimentation, de la Pêche, de la Ruralité et de l’Aménagement du territoire.

Critiques des écologistes

S’ils saluent la compétence de NKM et son courage politique, le fait que l’énergie soit retirée du nouveau ministère fait l’objet de vives critiques de la part des écologistes. « Pour l’avenir des énergies renouvelables, c’est catastrophique », a déclaré Arnaud Gossement (Droit et Environnement). « Il y a des forces hostiles à nos propositions, le monde de l’industrie fossile et nucléaire. Ils ont gagné ce soir », a également déclaré à l’AFP le directeur-général du WWF Serge Orru. Le parti de Corinne Lepage CAP 21 a indiqué dans un communiqué que Lire la suite

Samedi 20 novembre à Bordeaux journée d’échange sur l’ESS, la réappropriation de l’économie locale et les villes en transition

IUT Gestion du Développement et de l’Action Humanitaire (Bx 3), communiqué, novembre 2010

Journée d’actions et d’échanges sur les théories alternatives de l’économie, du social et de l’environnement

Samedi 20 novembre 2010 de 10h à 19h à l’I.U.T Renaudel 1 rue Jacques Ellul 33080 Bordeaux, place St Croix, entrée libre.

Les étudiants de l’IUT Gestion du Développement et de l’Action Humanitaire (Bx 3) vous invitent à cet évènement pour apprendre, comprendre et partager des connaissances et expériences.

Dans le cadre de la Semaine de la Solidarité Internationale, des activités seront organisées pour tous.

Des tables rondes ouvertes et participatives avec des intervenants, professionnels et associations :

– 13h30 « Qu’est-ce que l’Economie Sociale et Solidaire  aujourd’hui? »

– 15h30 « Pour une réappropriation de l’économie locale »

– 17h30 Une projection-débat sur le thème des « Villes en Transition »

Des ateliers participatifs :

– « Do it yourself » (création d’objets à partir de déchets revalorisés)

– Nettoyons bio (astuces pour Lire la suite

Echange sur La permaculture et l’Agriculture Paysanne à l’ENITA de Gradignan le mardi 30 novembre à 20h00

Association Girondine pour l’Agriculture Paysanne (AGAP), communiqué, novembre 2010

La permaculture et l’Agriculture Paysanne – Echange à partir des expériences menées à Cuba et en Aquitaine

Le mardi 30 novembre à 20h à l’ENITA (Gradignan –1 Cours Général de Gaulle – salle de l’Amphithéâtre)

Avec la participation de Maria Caridad CRUZ, responsable du Programme Développement Local de la Fondation Antonio Nuñez Jiménez la Nature et l’Homme (FANJ), ingénieur au département d’Urbanisme de la Havane, et de Bernard RICHARD, agriculteur et Président de l’AGAP

L’Association Girondine pour l’Agriculture Paysanne (AGAP) vous invite à une rencontre débat sur la permaculture et les pratiques dans les fermes en partenariat avec la fondation cubaine FNAJ et l’association France Amérique Latine 33. L’objectif est d’apprendre et d’échanger sur cette conception des systèmes agricoles et humains qui privilégie l’écologie et les savoir-faire traditionnels pour reproduire la diversité, la stabilité et la résilience des écosystèmes naturels, à partir des expériences menées dans les fermes cubaines et des pratiques d’Agriculture Paysanne.

La Fondation Antonio Núñez Jiménez (FANJ), institution civile cubaine non-gouvernementale a développé la permaculture à Cuba, et se consacre à la recherche scientifique et à la promotion de programmes et de projets pour la protection de l’environnement dans sa relation avec la culture et la société. Elle propose d’élargir la formation à la permaculture à de nouveaux territoires, et promouvoir l’échange et la mutualisation des savoirs et des expériences pratiques dans ce domaine. Le travail mené par FNAJ contribue à la  souveraineté alimentaire de Cuba tout en développant une agriculture durable, et s’appuie sur des projets dans 5 provinces du pays.

Programme

– Projection du film documentaire « Permaculture, pour un avenir durable à Cuba »

– Présentation de la permaculture – Maria Caridad CRUZ, responsable du programme de Développement Local Durable de la Fondation FANJ

– Rapprochement des pratiques de permaculture avec l’Agriculture Paysanne

– Echange Lire la suite

Film-débat : « Small is beautiful » à la salle des fêtes de Libourne le 16 novembre 19h45

Cinéma Indépendant en libournais, communiqué, le 15 novembre 2010

Nous vous invitons à la projection  du film Smal is Beautiful, d’Agnès Fouilleux à Libourne mardi 16 novembre à 20h.  Elle sera suivie d’un débat avec la participation de la Confédération Paysanne de Gironde.

Merci de diffuser l’information,

 Le CIL – Cinéma Indépendant en Libournais vous invite à  la  projection du film d’Agnès Fouilleux

Small is beautiful

le 16 novembre – accueil 19h45, film à 20h

Salle des Fêtes de Libourne, 1 rue Montesquieu 

Projection suivie d’un débat avec Jean-Pierre Leroy, Confédération paysanne et Mr et Mme Vuillon fondateurs des AMAP.

« Small is beautiful » est un film documentaire pour comprendre le lien environnement-politique-agriculture. Pourquoi, comment, et au profit de qui, la production agricole s’est-elle industrialisée au point de désertifier les campagnes, d’empoisonner l’eau et les sols, de stériliser les paysages, de confisquer les semences et d’affamer des millions de paysans dans le monde ?

Le film d’Agnès Fouilleux nous révèle les mécanismes et les enjeux de la mondialisation et de la financiarisation de l’agriculture, face auxquels des résistances commencent à apparaître. Du paysan au chercheur, de la semence précieusement conservée au lobbyiste sans état d’âme de Bruxelles, ce tour d’horizon exhaustif suggère clairement, travaux pratiques à l’appui, que ce qui est petit, ou du moins pas trop grand, est beaucoup plus « joli » pour notre avenir.

Un film vu et élu par : Lire la suite

Journée annuelle des associations liées à l’environnement en Aquitaine le mercredi 10 novembre sur le thème de la biodiversité

DREAL Aquitaine (ex DIREN), extrait courrier d’invitation, le 27 octobre 2010

Journée annuelle des associations liées à l’environnement en Aquitaine

La DREAL Aquitaine vous propose une cinquième rencontre des associations autour du thème de la biodiversité.

Cette journée annuelle, véritable espace de rencontres et d’échanges avec l’équipe de la DREAL et les associations liées à l’environnement en Aquitaine, aura lieu dans le département de la Gironde, à la Maison de la Nature du Bassin d’Arcachon.          

Le mercredi 10 novembre 2010 de 9h00 à 17 h00 au Teich, à l’entrée du parc ornithologique (05 56 22 80 93).

La matinée sera consacrée, de manière libre et informelle, aux divers sujets que vous voudrez bien présenter.

Les chargés de mission et chefs de service de la DREAL présents répondront à vos questions.

Aux alentours de 12 h, aura lieu la  signature de la première convention Mécénat signée en Aquitaine, entre le Parc Naturel Régional des Landes de Gascogne et l’entreprise TIGF, concernant le reboisement et l’expérimentation lié à la diversification des espèces et au maintien de la biodiversité, sur la commune de Sore.

Durant l’après-midi, le thème cité ci-dessus sera illustré d’expériences concrètes présentées par des partenaires diversifiés, avec, en particulier, la venue de Mr Bernard Crescens, ancien directeur du WWF.

De 9 h 00 à 9 h 30 : Accueil des invités autour d’un petit déjeuner biologique.

De 9 h 30 à 10 h 30 : Les principaux chantiers de l’environnement en Aquitaine en 2010.

Patrice RUSSAC (Directeur Régional de la DREAL)

Jean-Pierre THIBAULT (Directeur Adjoint de la DREAL)

Gérard CRIQUI (Directeur Adjoint de la DREAL)

Philippe ROUBIEU (Directeur Adjoint de la DREAL)

De 10 h 30 à 12 h 00 : Echanges informels entre les associations et les directeurs, à partir de questions posées par les associations.

De 12 h 00 à 12 h 30 : Signature de la première convention Mécénat, entre le Parc Naturel Régional des Landes de Gascogne et l’entreprise TIGF, concernant le reboisement et l’expérimentation liés à la diversification des espèces et au maintien de la biodiversité, sur la commune de Sore.

12 h 30 à 14 h 00 : Poursuite des échanges autour d’un repas.

De 14 h 00 à 14 h 30 : « La biodiversité ordinaire » par Lire la suite

Présentation du “Petit traité de la décroissance sereine” de Serge Latouche

ecoloinfo.com, Nicolas, le 18 octobre 2010

Présentation du “Petit traité de la décroissance sereine” de Serge Latouche

http://www.ecoloinfo.com/2010/10/18/presentation-decroissance-sereine-latouche/

Tout le monde (du moins beaucoup de monde) est d’accord: les choses, les usages, les gens doivent changer. Là où les divergences apparaissent, c’est dans la manière de traduire cette volonté en actions. La décroissance est une option… Késako ? Vous ne connaissez pas, ou que de nom? Alors cet article est fait pour vous !

Explications sur un ouvrage qui présente ce mouvement de façon globale sans être simpliste…

Ça parle de quoi ?

Serge Latouche est professeur émérite à la faculté de droit de Sceaux, créateur de la revue du MAUSS (Mouvement Anti-Utilitariste en Sciences Sociales) et directeur du GRAEEP (Groupe de Recherche en Anthropologie, Epistémologie et Economie de la Pauvreté)… Son “Petit traité de la décroissance sereine” s’inscrit comme le dernier volet d’un triptyque, également composé de “Survivre au développement” et du “Pari de la décroissance”. Ayant involontairement commencé ma lecture par le dernier opus de cette réflexion, je vous livre ici un rapide panorama de ce que vous pourrez y trouver…

La 4ème de couverture est assez éloquente :

La décroissance n’est pas la croissance négative. Il conviendrait de parler d’a-croissance, comme on parle d’athéisme.

C’est tout à fait de cela dont il est question : l’abandon d’une foi, d’une religion qui est aujourd’hui tellement intégrée dans notre vie que nous ne voyons plus que par elle. Cette religion, c’est le culte de la croissance, du développement non maîtrisé et de l’économie en tant que fin et non moyen. Les constats de ce dysfonctionnement, aussi simples et édifiants soient-ils (notre empreinte écologique que l’on sait être bien trop importante, les modes de calcul des indicateurs économiques régissant les marché tels que le PIB qui ne tiennent pas compte de l’aspect fini des ressources…) ne sont pas suffisants pour changer notre trajectoire.

La décroissance, c’est possible ?

Le concret : c’est une des choses qui m’a le plus séduit dans ce livre. Etant par nature assez pragmatique, je dois dire que je craignais la description d’une utopie, certes nécessaire (les concepts ayant donné lieu à de grandes idées appliquées aujourd’hui sont souvent partis d’idées “folles” et irréalisables en leur temps) mais incompatible avec la nécessité urgente d’agir. Voici le plan de ce petit livre, partagé en 3 axes qui j’en suis sûr, vous parleront :

Le territoire de la décroissance (définition, analogie, fausses solutions…)

La décroissance : une utopie concrète (réformiste ou révolutionnaire, le défi pour le sud, le cercle vertueux de la décroissance…)

La décroissance : un programme politique (programme électoral, est-ce soluble dans le capitalisme, est-elle de droite ou de gauche…)

Ceci étant dit, les 150 pages de ce format poche ne laissent que peu de chance à notre mode de vie actuel. Les mots de Serge Latouche sont percutants, surtout lorsqu’il Lire la suite

« Adieu à la croissance », de Jean Gadrey : l’écologie, c’est l’emploi

lemonde.fr, Hervé Kempf, le 21 octobre 2010

http://abonnes.lemonde.fr/livres/article/2010/10/21/adieu-a-la-croissance-de-jean-gadrey_1429314_3260.html

« Adieu à la croissance », de Jean Gadrey : l’écologie, c’est l’emploi

Dans le numéro marquant le trentième anniversaire d’Alternatives économiques, le deuxième magazine économique français, son fondateur, Denis Clerc, fait part d’un regret : « Il y a un point sur lequel je m’interroge : l’ambiguïté entretenue sur la question de la croissance depuis le début du journal. » Certes attentif aux questions d’environnement, Alternatives économiques juge pourtant trop souvent le bien-fondé d’une mesure ou d’une donnée à son effet sur la croissance du produit intérieur brut (PIB). « Il nous faut cesser d’être chauves-souris, mammifères à certains moments, mais animaux volants quand ça nous arrange. Le dernier livre de Jean Gadrey m’a convaincu qu’il faudra finir par trancher. On ne peut plus

Il faut saluer l’honnêteté de Denis Clerc, et y voir un tournant : la doxa de la croissance est enfin remise en cause par la fraction la plus éclairée des économistes. Et il faut lire le livre de Jean Gadrey, pour comprendre la pertinence de ce tournant.

Jean Gadrey est professeur honoraire d’économie à l’université de Lille. C’est un expert des comptes de la richesse, et il a participé au travail de la commission Stiglitz sur la mesure du PIB. Son livre commence par un exposé clair des imperfections de cet indice qui fascine politiques et économistes. Jean Gadrey rappelle que le PIB ne mesure ni le bien-être, ni la soutenabilité écologique et sociale. Et que, en revanche, sa croissance est clairement associée avec les dommages à l’environnement. Le livre démontre qu’on ne peut attendre du progrès technologique qu’il résolve le problème écologique dans une société qui voudrait maintenir un taux de croissance de 2 % par an.

Mais Jean Gadrey va plus loin : organisant sa réflexion autour de la nécessité de parer à l’aggravation de la crise écologique, il va chercher à démontrer qu' »une société post-croissance est non seulement une nécessité, mais, moyennant une redéfinition des priorités, correspond à une perspective désirable et crédible de progrès social et de développement humain ».

Une condition en est la remise en question de l’augmentation de la productivité du travail, habituellement considérée par les économistes comme un bien en soi. En réalité, elle est destructrice : produire plus avec autant de travail serait une bonne chose, sauf que, rappelle Jean Gadrey, « il faut en général plus de matériaux, d’eau et d’énergie, que les uns et les autres sont disponibles en quantités limitées, et que certaines ressources naturelles sont proprement vitales ».

Voie féconde

L’abandon de la recherche de gain de productivité est la clé de la nouvelle économie écologique : la plupart des modes de production écologiques demandent plus de travail que les productions polluantes. Une politique environnementale est donc créatrice d’emplois.

Jean Gadrey dresse une prospective pour les principaux secteurs d’activité des créations et des destructions d’emplois entraînées par une politique écologique. Le bilan est sommaire, mais Lire la suite

Les écovillages : laboratoires de modes de vie éco-responsables

cdurable.info, David Naulin, le 17 octobre 2010

http://www.cdurable.info/Ecovillages-laboratoires-modes-de-vie-eco-responsables-Jonathan-DAWSON,2939.html

Les écovillages : laboratoires de modes de vie éco-responsables

Déjà fortement implanté aux Etats-Unis, en Allemagne ou encore en Ecosse notamment à Findhorn, les écovillages – des communautés locales visant à réduire leur impact écologique tout en optimisant le bien-être et le bonheur des hommes – prolifèrent chaque jour un peu plus partout dans le monde. Voici un des premiers ouvrages publiés en français décrivant l’histoire ainsi que l’énorme potentiel que représente ce mouvement qui intègre une multitude d’idées et d’approches radicales qui remontent à Schumacher, Gandhi, l’éco-féminisme et le mouvement de l’éducation alternative.

Dans une période de pénuries et de crises multiples, ce livre examine les leçons que nous pouvons tirer d’ecovillages qui nous montrent comment vivre dans un monde plus écologique et durable :

– Tirer un apprentissage du meilleur des cultures traditionnelles et indigènes ;

– Économie alternative : banques et monnaies communautaires, simplicité volontaire ;

– Concevoir avec la nature : permaculture, éco-construction, production d’énergie à petite échelle, gestion des déchets, systèmes de transport à faible impact sur l’environnement, etc. ;

– Production et traitement de la nourriture biologique locale ;

– Renaissance de la gouvernance participative à petite échelle, facilitation des conflits, intégration sociale et communauté inter-générationnelle active ;

– Création d’une culture de la paix, et méthodes d’éducation alternatives.

Ce livre est une excellente introduction pour ceux qui souhaitent se lancer dans l’aventure de la création d’un écovillage. Il comporte notamment de nombreuses ainsi qu’une liste des sites web d’écovillages à travers le monde.

L’auteur : Jonathan Dawson est auteur, éducateur et consultant sur le développement durable. Président du Réseau Mondial des Ecovillages (GEN) entre 2005 et 2008, il est actuellement consultant pour les Nations-Unies en Afrique de l’est, travaillant sur les initiatives qui promeuvent les petites et moyennes entreprises. Il est également fortement connu et reconnu pour ses nombreux travaux au sein de la communauté de Findhorn, écovillage que vous pourrez découvrir dans ce livre.

Références : Les écovillages : laboratoires de modes de vie éco-responsables de Jonathan Dawson – Editeur : Yves Michel – Date de publication : 18 octobre 2010 – 168 pages – Prix public : 11 €. Pour acheter ce livre, cliquez ici.

Je vous invite également à lire sur le même sujet « Ecovillages, écoquartiers, habitat groupé : vivre ensemble autrement » de Pascale D’Erm publié en 2009 chez Ulmer. Dans cet ouvrage préfacé par Pierre Rabhi, vous pourrez notamment découvrir le hameau coopératif Le viel Audon en Ardèche et le hameau écologique de Carapa dans les Cévennes. Pour en savoir plus, cliquez ici.

Vous pouvez télécharger un extrait de l’ouvrage au format PDF en cliquant ici.

www.souffledor.fr

© LE SOUFFLE D’OR Editions Le Souffle d’Or – 5 allée du Torrent – 05000 GAP

04 92 65 52 24 – contact@souffledor.frhttp://www.souffledor.fr – wwww.yvesmichel.org

Les écovillages

Laboratoires de modes de vie éco-responsables

Jonathan DAWSON

Extrait Chapitre 2 : À quoi ressemblent les écovillages ? Six études de cas

Le mouvement visant à créer des écovillages est peut-être le meilleur antidote contre la dépendance à l’économie globale. Dans le monde entier, des gens construisent des communautés pour tourner le dos au gaspillage, à la pollution, à la concurrence et à la violence de la vie moderne.

Helena Norberg-Hodge, directrice de la Société internationale pour l’écologie et la culture

Les écovillages sont si hétérogènes qu’il est impossible de décrire un seul modèle englobant tous les cas. La définition des Gilman selon laquelle un écovillage est « un établissement de taille humaine, disposant de toutes les fonctions nécessaires à la vie, dans lequel les activités s’intègrent sans dommage à l’environnement naturel tout en soutenant le développement harmonieux des habitants et de manière à pouvoir se prolonger avec succès dans un futur indéfini » est trop imprécise pour faire office de définition stricte. De plus, il s’agit plus d’une aspiration que Lire la suite

Europe écologie : Manifeste pour un nouveau cours écologique et social

europe-ecologie.fr, octobre 2010

http://www.europe-ecologie.fr/2010/09/20/manifeste-pour-un-nouveau-cours-ecologique-et-social/comment-page-6/#comments

Manifeste pour un nouveau cours écologique et social

L’humanité est aujourd’hui devant un choix qui détermine son avenir. Un choix à assumer collectivement et qui requiert, en outre, l’implication de chacune et de chacun. Sous l’impact d’un système aveuglément productiviste et violemment inégalitaire, le train du progrès s’égare. Il faut de toute urgence le remettre sur une autre voie. C’est le sens de l’engagement des écologistes et leur responsabilité, ici et maintenant : ils refusent d’assister passivement au scénario d’une nature qui s’épuise et de sociétés qui se désagrègent ; ils veulent, en association avec les forces vives de la société et les partenaires politiques susceptibles de partager l’essentiel de leur projet, tracer une nouvelle ligne d’horizon sur la base d’une démarche de transition réaliste.

Tel qu’il s’applique, le système de création et de redistribution des richesses ne fonctionne plus. Retournement inédit qui, d’un même mouvement, précipite prédations du vivant et déchirures sociales, déséquilibres et discriminations, pollutions et récessions. Ce bouleversement majeur épuise les ressources aussi bien qu’il creuse les inégalités et déprime les consciences, dressant la biosphère contre les êtres humains et les êtres humains entre eux. Au point que le spectre d’un collapsus historique sans précédent hante l’avenir : celui d’un déclin écologique, économique et social brutal et simultané.

Néanmoins, une aspiration grandissante à refuser la défaite de l’Homme émerge partout dans le monde.

Une multitude d’initiatives entame le modèle dominant et ouvre des voies nouvelles. C’est l’autre visage de la mondialisation et il concerne tous les peuples, toutes les cultures. De nombreux acteurs et actrices de la société et des communautés locales cherchent et trouvent des issues. Ils interviennent dans toutes les couches de la société. Ce sont souvent ceux et celles que la crise fragilise en premier. Ils résistent, s’organisent, innovent, multiplient les initiatives. Chacun et chacune à leur façon, dans leur discipline, leur quartier ou leur village, ils esquissent les contours d’une alternative globale porteuse d’avenir. Des hommes et des femmes luttent et s’engagent, et c’est le seul espoir tangible, le seul point d’appui pour inverser le cours des choses.

Un choc sans précédent

Car les crises n’ont plus de limites. Elles surgissent dans tous les domaines de l’environnement et des activités. Elles se cumulent et s’alimentent pour mettre à nu un système en déroute. Nous sommes parvenus à ce moment clé où la croissance, moteur de l’histoire moderne, a atteint la frontière du possible. L’insoutenable est là, inscrit dans les réalités physiques de la planète et les souffrances des populations : les modes de production et les standards de vie, indexés sur l’imaginaire de la démesure et la boulimie des privilégiés, soumis à la surenchère de la marchandisation et de l’endettement massif, entraînent une consommation de ressources excédant leurs capacités de renouvellement. Elles provoquent un déséquilibre majeur des fondamentaux de la vie et de la culture.

Les conséquences sont sans appel : les modèles économiques et les pactes sociaux d’hier ne résistent pas aux sols qui s’épuisent, aux fleuves et aux mers qui se dépeuplent, aux forêts qui reculent et aux déserts qui avancent, aux séquences brutales d’inondations et de sécheresses, à la disparition des biotopes et à l’érosion de la diversité des espèces, à l’empoisonnement des airs et des eaux.

Déjà, dans les prémisses du chaos énergétique, climatique, alimentaire et sanitaire, dans la mise à sac des biens communs et publics que les logiques financières et marchandes provoquent, un nouveau monde émerge avec Lire la suite

Bill McKibben, fondateur de la campagne internationale 350.org : Il faut mener des actions de désobéissance civile aux Etats-Unis

 http://www.terra-economica.info/Les-ecolos-americains-pronent-la,12794.html

terra-economica.info, Anne Sengès, le 10 octobre 2010

« Il faut mener des actions de désobéissance civile aux Etats-Unis »

Interview – Radicaliser le mouvement et mettre les corps en première ligne : face au changement climatique, ce sont des impératifs pour la cause écolo aujourd’hui, d’après Bill McKibben, fondateur de la campagne internationale 350.org.

Terra eco : Dans une lettre ouverte aux Américains que vous cosignez avec Philip Radford, président de Greenpeace USA, et Rebecca Tarbotton, du Rainforest Action Network, vous appelez les écologistes à radicaliser leurs actions. Pourquoi ?

Bill McKibben : Nous savions que notre combat contre le changement climatique serait une bataille difficile. Nous affrontons des adversaires qui représentent les industries les plus riches et les plus rentables du monde et dont les profits dépendent justement de leur capacité à utiliser l’atmosphère comme un gigantesque égout libre et gratuit. Et force est de constater que pour le moment, la communauté environnementale n’a pas bâti de mouvement suffisamment grand pour mener un combat digne de ce nom. Nous devons donc remédier à cela rapidement. Ce combat prendra plusieurs formes comme la désobéissance civile et l’action de masse.

Qu’entendez-vous par désobéissance civile et action de masse ?

Par exemple, ce dimanche 10 octobre aura lieu la Global Work Party (journée du travail, ndlr), gigantesque événement annuel qui va rassembler des millions de participants aux quatre coins de la planète. L’an dernier, il y a eu 5 200 « work parties » dans 181 pays et CNN avait alors jugé qu’il s’agissait de la plus grosse journée d’activisme politique de l’histoire. Cette année, nous allons battre ce record avec au moins 7 000 événements dans presque tous les pays. Les gens vont installer des panneaux solaires ou planter des jardins communautaires. Mais il ne s’agira pas de prouver qu’on peut résoudre le changement climatique à coups de panneaux solaires. Nous savons qu’il faut des lois pour le combattre mais nous voulons, par cette action, à la fois faire le bien dans nos communautés mais aussi envoyer un message fort à nos dirigeants : « Pendant que nous retroussons nos manches, que faites-vous ? Pendant que je passe un week-end à suer pour installer des panneaux solaires, vous pourriez au moins vous contenter de faire votre travail et accoucher d’un traité. »

Ce type d’action constitue un moyen de bâtir un mouvement mais il va falloir aussi songer à signaler l’urgence de la situation en n’hésitant pas à mettre nos corps en première ligne. C’est ce que nous entendons par désobéissance civile. Nous savons qu’il est illusoire de croire que nous pouvons anéantir l’industrie fossile – omniprésente dans notre société – via l’action directe. Mais nous pouvons mener des actions symboliques qui permettront de mettre en lumière l’urgence de la crise et prouveront notre engagement à lutter contre le réchauffement de la planète. Le défi sera de faire en sorte que ce type d’actions attire les gens au lieu de les rebuter. D’où la nécessité d’agir dans la non violence. C’est pourquoi nous sollicitons des idées en ce moment : on peut par exemple cibler une centrale à charbon, une ville ou encore la Maison-Blanche.

La marée noire qui a ravagé pendant cinq mois le golfe du Mexique n’a curieusement pas fait pencher la balance en faveur du camp des défenseurs de l’environnement ou incité les sénateurs à adopter une loi sur le climat. Comment expliquez-vous ce paradoxe ?

Pour justifier ce qui s’est passé dans le golfe, nos dirigeants se sont contentés de Lire la suite

Isolation thermique écologique : Conférence de JP Oliva les 5 et 6 octobre chez Mollat et à Beychac et Caillau

altern’éco.com, communiqué, le 23 septembre 2010

www.altern-eco.com

Souhaitant poursuivre son action de prise de conscience des enjeux du développement soutenable et de diffusion d’un habitat respectueux de notre santé et de l’environnement, ALTERN ECO organise des conférences – rencontres – débats.

A l’occasion de notre deuxième anniversaire, nous avons le grand plaisir d’accueillir Jean-Pierre Oliva, pionnier de l’éco-construction en France et auteur de plusieurs ouvrages de références (dont dernièrement « L’isolation thermique écologique »).

Lors de sa venue exceptionnelle en Gironde, il donnera deux conférences les 5 et 6 octobre 2010 à Bordeaux et Beychac-et-Caillau.

Pour toute information complémentaire, vous pouvez nous joindre au 05 56 21 30 67. Merci de nous confirmer votre venue à Beychac et Caillau (pour une question de places !) avant le 4/10 !

En collaboration avec Terre Vivante et la Librairie Mollat, Altern’éco a le plaisir de vous inviter à rencontrer Jean-Pierre Oliva, consultant en éco-architecture & éco-construction, membre du réseau éco-bâtir lors de deux conférences les 5 et 6 octobre 2010

A l’occasion de son deuxième anniversaire, ALTERN ECO a l’honneur de recevoir Jean-Pierre Oliva, pionnier de l’habitat écologique en France, qui abordera deux thèmes chers à ses principes d’écologie appliquée au bâti :

repenser le rôle de la conception architecturale par une approche multicritères en y intégrant une analyse bioclimatique,

 et démontrer la pertinence et l’avenir des savoir-faire traditionnels pour préparer au mieux nos bâtiments à un monde post industriel appauvri en ressources énergétiques.

Ces conférences vous offriront l’opportunité d’échanger sur les applications concrètes de ces thématiques et nous donneront l’occasion de nous réunir en toute convivialité.

« Performance énergétique versus Architecture » le mardi 5 octobre 2010, à 18h00 – Librairie Mollat Bordeaux – Entrée gratuite,

« Pénurie énergétique: comment y préparer nos bâtiments ? » le Lire la suite

Geneviève Azam – Nous vivons plus qu’une convergence de crises, l’effondrement est déjà là

Nous vivons plus qu’une convergence de crises, l’effondrement est déjà là

bastamag.net,  Agnès Rousseaux, le 13 septembre 2010

http://www.bastamag.net/article1174.html

Nous vivons plus qu’une convergence de crises, l’effondrement est déjà là

Crise après crise, le système capitaliste semble perdurer. Spéculation financière, dégâts environnementaux et inégalités mondiales repartent de plus belle. Et pourtant… Pour Geneviève Azam, économiste et co-présidente du conseil scientifique d’Attac, les illusions d’un monde aux ressources infinies et à la croissance illimitée sont tombées. Le modèle capitaliste n’est plus porteur de rêves. Un nouveau rapport au monde émerge, aux contours encore incertains. Réussira-t-il à opérer la transition vers un « postcapitalisme civilisé » ? Entretien avec l’auteure du livre « Le temps du monde fini ».

Basta ! : La succession des crises – financière, sociale, écologique… – n’entraînent toujours pas de changements radicaux au sein du système capitaliste. Faut-il attendre son effondrement total pour que ce modèle soit remis en question ?

L’effondrement est déjà là. Nous vivons plus qu’une crise, plus qu’une convergence des crises, mais l’imbrication de toutes les crises. Des émeutes de la faim viennent de nouveau d’éclater au Mozambique. Un tel événement est quasiment impensable dans nos sociétés ! Ces émeutes sont le résultat d’un modèle agricole productiviste et de la spéculation sur les produits agricoles, sur les terres, donc du système financier. C’est également une conséquence de la crise écologique, avec le réchauffement climatique, et de la crise énergétique, avec le développement des agrocarburants pour remplacer le pétrole. Chaque manifestation de l’effondrement que nous vivons combine toutes ces crises.

Nous nous acharnons à repousser toute limite. C’est, selon vous, ce qui caractérise deux siècles d’histoire économique. Sentez-vous une prise de conscience de la rareté, voire de la finitude, de nos ressources et des limites intrinsèques à notre planète ?

Si on fait l’hypothèse que le capital technique peut se substituer indéfiniment au capital naturel, il n’existe effectivement aucune limite. La pensée économique reste prisonnière de cette hypothèse, et de celle de la réversibilité du temps, du possible retour en arrière. La crise écologique montre au contraire que des phénomènes irréversibles, que des destructions définitives sont à l’œuvre. Depuis une vingtaine d’années, les mouvements sociaux ont pris conscience de ces limites. Une expertise citoyenne s’est peu à peu construite sur l’énergie, les semences ou le climat, démontant l’illusion que la technique pourrait remplacer ce qui est détruit.

Les théories économiques oublient la nature. Quand elle est prise en compte, on parle « d’externalités ». On lui attribue un prix comme s’il existait une mesure commune entre nature et marchandises. Cela me gêne. Fixer un prix laisse penser qu’une compensation est possible, qu’il suffit de payer. Certaines dégradations sont irréversibles, et payer ne remplacera jamais les pertes. Parler d’externalités est aussi très révélateur, comme si c’était juste quelque chose de regrettable. C’est le processus lui-même qui doit être modifié et pas simplement ses effets « regrettables ».

Ne risque-t-on pas de s’enfermer dans une gestion économique de la crise écologique, avec, par exemple, le « marché des droits à polluer » ou le principe pollueur-payeur ?

Donner un prix à des pollutions traduit une prise de conscience. Il est logique que ceux qui abiment l’espace public pour des motifs de rentabilité privée soient Lire la suite

Les écolos américains appellent à « l’action directe de masse »

Les écolos américains appellent à « l’action directe de masse »

rue89.com, Hélène Crié-Wiesner, le 12 septembre 2010 

http://www.rue89.com/american-ecolo/2010/09/12/les-ecolos-americains-appellent-a-laction-directe-de-masse-165943

Le Congrès des Etats-Unis s’est dégonflé cet été en abandonnant son projet contre les changements climatiques. Tout espoir de voir le pays adopter une législation sérieuse s’est envolé. Dégoûtées, trois organisations majeures de la lutte pour l’environnement en appellent maintenant à l’action directe.

J’ai déjà raconté la radicalisation de nombreux écolos américains. Il semble que le fossé entre « verts radicaux » et « écolos mous » soit en train de se combler tout seul. Les partisans de la discussion (Al Gore et ses disciples) n’ont pu que constater l’échec de leur stratégie.

Outre une reprise acharnée des luttes de terrain -notamment dans les Appalaches charbonnières -, un appel spectaculaire vient d’être adressé aux environnementalistes américains.

Publiée sur Grist, site phare du mouvement vert, cette lettre parue le 7 septembre est signée par le directeur de Greenpeace USA, son homologue du Rainforest Action Network, et par le leader du réseau 350.org. En voici une traduction-adaptation.

Je suis curieuse de voir ce que va donner cet appel, comment vont y répondre les groupes locaux, s’ils vont saisir la perche que leur tendent ces professionnels de la lutte. Car pratiquer l’action directe dans son coin, c’est une chose. A l’échelle des Etats-Unis, c’est un défi autrement complexe.

Chers amis,

Bon sang, quel été ! Les scientifiques viennent d’annoncer que nous venons de vivre les six mois les plus chauds, l’année la plus chaude, et la décennie la plus chaude de l’histoire humaine. Dix-neuf pays ont enregistré des records absolus de température : le thermomètre a grimpé à 54°C au Pakistan, un record en Asie.

Quand on voit l’impact de ces chiffres sur les incendies en Russie, ou sur le Pakistan noyé par des inondations sans précédent, on comprend qu’il n’y a rien d’abstrait dans tout ça.

Cet été, justement, le Sénat américain a décidé de reconduire un accord bipartisan en vigueur depuis vingt ans : l’immobilisme politique face aux changements climatiques. Lesquels, rappelons-le, ne résultent pas d’une quelconque volonté divine.

Nous sommes face aux industries les plus puissantes et les plus profitables du monde : celles qui tirent leurs bénéfices de l’exploitation des combustibles fossiles.

Nous ne les vaincrons pas en restant gentils. Nous devons construire un vrai mouvement, d’une ampleur sans commune mesure avec ce que nous avons bâti dans le passé. Un mouvement capable de contrer le pouvoir financier de Big Oil (pétrole) et Big Coal (charbon). Ce mouvement est notre seul espoir, et nous avons besoin de votre aide.

Honte aux leaders politiques

Quelles sont les priorités ? Dans l’immédiat, en ce moment partout dans le monde, des groupes préparent la Global Work Party du 10 octobre. Ce sera l’occasion de présenter nos solutions concrètes pour résoudre la crise climatique.

On ne se contentera pas de sortir quelques panneaux solaires. L’objectif est de faire honte à nos leaders politiques, de les apostropher : « On fait notre boulot. Et vous ? »

En attendant, dans tout le pays, des avocats et des associations locales abattent un travail d’enfer en combattant Lire la suite

Espagne – Enfin une touche de vert dans le paysage politique

courrierinternational.com, Hebdo n° 1034, Rafael Méndez, le 26 août 2010

http://www.courrierinternational.com/article/2010/08/26/enfin-une-touche-de-vert-dans-le-paysage-politique

Espagne – Enfin une touche de vert dans le paysage politique

Longtemps inexistants, les écologistes espagnols ont décidé de se constituer en parti et entendent imposer leur présence dès les élections locales de 2011. Avec Europe Ecologie comme modèle.

Juantxo López de Uralde vient de quitter Greenpeace Espagne, qu’il a dirigée pendant dix ans, pour lancer un parti vert, avec le soutien de tous les groupes écologistes. Difficile de prévoir ce que donnera son entrée en politique. Les optimistes ont quelques raisons de penser que ce sera un succès. Les enquêtes montrent que les Espagnols s’intéressent autant que les autres Européens à l’écologie, le sujet est négligé par le Parti socialiste au pouvoir et le désenchantement vis-à-vis des grands partis peut donner des ailes aux écologistes. Il est temps que l’Espagne ait un parti vert. C’est maintenant ou jamais.

Les pessimistes, eux, invoquent la crise économique, disent que les gens sont plus préoccupés par l’emploi que par le changement climatique et que les verts ne parviendront pas à surmonter leurs divisions ataviques. Ce sera quitte ou double, l’avenir le dira. En attendant, l’écologie politique espagnole vit un moment de grande excitation.

Le parti se démarquera de la gauche traditionnelle

Uralde et Alejandro Sánchez, qui a quitté la direction de l’ONG environnementale SEO/BirdLife pour le rejoindre, sont les figures de proue d’un processus d’union plus large. Le troisième pilier est le Parti vert européen, quatrième force politique du Parlement européen, qui appuie l’initiative espagnole. “Les eurodéputés verts ne peuvent pas se permettre de n’obtenir qu’un seul représentant [Raúl Romeva, du parti écolo-communiste Initiative pour la Catalogne Verts (ICV)] dans le cinquième pays de l’UE par son PIB, c’est pourquoi ils soutiennent ce processus d’union”, confie Florent Marcellesi, porte-parole de la Coordination verte, qui apporte au projet des groupes de militants disséminés dans toute l’Espagne.

Le dernier pilier de la future formation est le parti ICV, qui possède un député au Parlement espagnol, Joan Herrera, et des représentants au gouvernement régional de Catalogne et à Bruxelles, et qui est membre du Parti vert européen.

Depuis deux ans, tous ces acteurs parlent de s’unir pour de bon, de présenter une candidature commune aux élections et d’en finir avec cette anomalie qu’est l’inexistence des verts en Espagne. Dans un premier temps, ils vont créer une fondation pour fédérer tout ce monde et chercher des soutiens en vue des élections législatives de 2012 et des européennes de 2014. S’ils parviennent à se présenter aux municipales et régionales de 2011, cela pourrait avoir valeur de test. Mais les délais sont courts.

Ils n’aspirent pas à faire aussi bien que les Verts allemands, qui ont obtenu 10,7 % des voix aux législatives de 2009 (17 % à Berlin). Ils regardent plutôt du côté d’Europe Ecologie, le parti français qui a obtenu 13 eurodéputés et 16,28 % des voix aux européennes de 2009.

“L’environnement est absent du débat politique en Espagne, déplore Uralde. En Europe, 10 % des électeurs votent écolo. Et nous pensons qu’en Espagne aussi on peut Lire la suite

Paul Ariès – « Décroissance », le mot qui met les écolos en ébullition

rue89.com, Sophie Verney-Caillat, le 20 août 2010

http://www.rue89.com/planete89/2010/08/20/decroissance-le-mot-qui-met-les-ecolos-en-ebullition-163260  

« Décroissance », le mot qui met les écolos en ébullition

(De Nantes) « Le terme de décroissance a au moins un mérite aujourd’hui, c’est qu’il remplit les salles », se réjouit Paul Ariès, politologue, à la tête du mouvement des « objecteurs de croissance ». Invité à débattre aux Journées d’été Verts-Europe Ecologie, à Nantes, il est vainqueur à égalité à l’applaudimètre avec… Corinne Lepage, l’ancienne ministre de l’Environnement de Jacques Chirac, récemment démissionnaire du MoDem.

C’est son camarade Yves Cochet, « écolo de souche » et vieux théoricien de la fin de la croissance qui l’a invité, au grand dam de Dany Cohn-Bendit, déjà exaspéré lors du premier jour de ces rencontres par l’incantation « anticapitaliste » de Jean-Vincent Placé, numéro deux des Verts. Dany avait boudé et filé à la plage, puis au théâtre.

Dans l’amphi bondé de près d’un millier de sympathisants venus de toutes les familles de l’écologie politique, chacun semble d’accord sur le constat que « la décroissance est une réalité qui s’impose », mais entre l’avocate centriste et l’apôtre de la décroissance, il y a un monde.

Corinne Lepage, en pleine opération séduction, se la joue modeste et s’attend à se faire huer à chaque phrase. Elle fait le plus grand pas possible en direction de la frange rouge d’Europe Ecologie : « J’arrive, au bout de trente-cinq ans de combat écologique, au constat que le développement durable nous propose de continuer avec un modèle qui ne tient pas la route. Je n’aime pas le terme de croissance, je ne l’emploie jamais. Mais il est impossible à court terme d’instaurer la décroissance. »

« Des slogans qui ont une barbe incroyable »

Son discours rejoint largement celui de Daniel Cohn-Bendit. Je le croise errant comme une âme en peine dans les couloirs de la fac de droit, un peu plus tôt dans la matinée. Il refuse lui aussi de se laisser enfermer dans le débat croissance/décroissance : « On a besoin d’une transformation écologique des entreprises, ça ne se fera qu’avec des entrepreneurs. L’anticapitalisme, c’est la recherche de slogans qui ne fonctionnent pas. L’attraction d’Europe Ecologie, c’est d’accepter la complexité. On ne réduit pas cette complexité en sortant des slogans qui ont une barbe incroyable. Si on a envie de ça, on revient à 1,5% des voix. »

La position de l’eurodéputé José Bové n’est pas si éloignée. Sans s’être concerté avec son camarade de Strasbourg, il lance : « Le terme de décroissance a été un très bon slogan coup de poing face à tous ceux qui croyaient au dogme de la croissance, indépassable. Ecrouler ce mythe, c’était important mais la réponse n’est pas dans le slogan. Il faut se demander comment on fait croître la solidarité, la défense de la planète, une économie plus sobre et comment on fait décroître l’impact sur le climat, etc. Il n’y a pas une réponse en noir et blanc, pas un mot qui peut résumer tout. »

A la tribune aux cotés de Corinne Lepage, le député de Paris Yves Cochet réjouit les militants lorsqu’il dénonce « la croissance actuelle au sens d’Aubry et de Fillon qui est antisociale, anti-économique et anti-écologique. » Et de proposer, puisque « la décroissance est notre destin », quatre solutions :

– l’autosuffisance locale et régionale ;

– la décentralisation Lire la suite

Pourquoi le PS est incapable de comprendre les enjeux environnementaux auxquels nous sommes confrontés ?

developpementdurable.com, Propos recueillis par Yann Cohignac, le 30 décembre 2009

http://www.developpementdurable.com/interview/2010/08/I72/eric-loiselet.html

Eric Loiselet, tête de liste Europe Ecologie en Champagne-Ardenne pour les régionales de 2010

Consultant expert dans le développement durable et la RSE, Eric Loiselet a longtemps bataillé au sein du PS pour intégrer l’écologie politique à gauche. Il fut cofondateur du Pôle écologique du parti puis secrétaire national adjoint à l’environnement. Avant de renoncer à son engagement socialiste, lassé par les atermoiements de la rue Solferino, pour rejoindre Europe Ecologie en octobre. Aujourd’hui, il est membre du CAP (Comité d’animation et de pilotage) national du rassemblement écologiste et tête de liste en Champagne-Ardenne pour les élections régionales de 2010. Sans concession avec le PS, il nous parle de son parcours politique, des raisons qui l’ont poussé à entrer chez Europe Ecologie, des actions du gouvernement, et de son programme pour les régionales.

Developpementdurable.com : Consultant expert dans le développement durable et la RSE, vous avez aussi décidé de mener une carrière en politique. Pourquoi cette décision ?

Eric Loiselet : C’est pour moi la poursuite d’un itinéraire citoyen : j’ai été assez jeune engagé politiquement. Ma première carte dans un parti, je l’ai prise en 1979, au PS, à l’époque où il était en pleine ascension puisque c’était deux ans avant la victoire historique de François Mitterrand aux élections présidentielles (mai 1981). J’y suis resté jusqu’en 1992-1993. J’ai ensuite quitté la vie politique militante pendant une dizaine d’années pour me consacrer à mon métier et pour fonder une famille. Avant de renouer avec l’engagement politique au travers d’un club, le Cercle Galilée. J’y ai travaillé sur une thématique qui correspondait à une mon expertise professionnelle : la Responsabilité sociale des entreprises (RSE). Ce club avait la vocation de réfléchir à la manière d’actualiser le logiciel intellectuel et socialiste en prenant en compte la question posée par les mouvements altermondialistes : comment envisager une nouvelle régulation de l’activité des entreprises en prenant plus largement en compte la question des impacts environnemental, social et sociétal de leur activité ? J’ai alors eu l’occasion de travailler sur la préparation de ce qui a été l’article 116 de la loi NRE, dans la zone grise qui précède la décision politique où des professionnels sont consultés pour affiner les projets. J’étais déjà donc à la charnière du professionnel et du citoyen. Comme beaucoup, je voulais donner un sens à ma vie professionnelle.

Puis en 2002, après l’échec de la gauche au premier tour de la présidentielle, j’ai décidé de ré-adhérer au PS pour rejoindre directement sa sensibilité rénovatrice : le Nouveau Parti Socialiste.

dd.com : Quand avez-vous commencé à tenter de « verdir le PS » ?

E. L. : A ce moment-là. Etant donné mon activité « d’expert » au sein du Club Galilée, j’étais devenu « Monsieur écologie » au NPS. J’ai alors essayé de convaincre les socialistes de voter pour la Charte de l’environnement, sans grand succès, et j’ai mené différents combats de cette nature parce que j’avais déjà la conviction que la promesse socialiste était essoufflée : l’élection de 2002 avait clairement montré le décrochage des catégories populaires. Pour moi, il était évident qu’il fallait intégrer au parti les apports de l’écologie politique.
Puis arrivent les présidentielles de 2007 : ayant rejoint Rénover Maintenant, je participe presque machinalement à la candidature, aux primaires, de Ségolène Royal. Pour une raison simple : parmi les trois candidats (avec Dominique Strauss-Khan et Laurent Fabius), je me suis dit qu’elle était celle qui avait le mieux compris les enjeux environnementaux. Elle avait en effet gardé un souvenir de son bref passage au ministère de l’Environnement. Le début de la campagne présidentielle m’avait d’ailleurs conforté dans ma décision : la nomination de Bruno Rebelle (ex-directeur de Greenpeace) comme conseiller à l’Environnement était un choix original. C’était la première fois qu’un ancien dirigeant d’ONG était intégré à ce point dans une équipe de campagne présidentielle. On assistait à une espèce d’ouverture à d’autres filières de recrutement que les grands corps de l’Etat, des filières en phase avec les changements importants et rapides de la société.

dd.com : Expliquez-nous comment vous vous êtes rendu compte que le PS était, selon vos propres mots, incapable de comprendre les enjeux environnementaux auxquels nous sommes confrontés ?

E. L. : Cela a été un long processus : après l’échec de Ségolène Royal, je l’ai entendu dire qu’elle était pour le retour de la TIPP (Taxe intérieure sur les produits pétroliers) flottante. Je me suis dit alors, avec quelques « écolos » du parti, que tout cela commençait à bien faire ! Nous n’avions, au sein de nos différentes sensibilités socialistes, jamais réussi à convaincre au-delà de la rédaction de quelques textes témoignant d’une ouverture intellectuelle. Dès qu’il s’agissait de prendre des décisions, l’écologie politique était exclue. Nous avons donc décidé de créer le Lire la suite

Sortir de la myopie des démocraties, par Pierre Rosanvallon

Sortir de la myopie des démocraties, par Pierre Rosanvallon

lemonde.fr, Pierre Rosanvallon, historien, professeur au Collège de France, le 7 décembre 2010

http://abonnes.lemonde.fr/idees/article/2009/12/07/sortir-de-la-myopie-des-democraties-par-pierre-rosanvallon_1277117_3232_1.html

Les régimes démocratiques ont du mal à intégrer le souci du long terme dans leur fonctionnement. La difficulté devient préoccupante à l’heure où les questions de l’environnement et du climat obligent à penser dans des termes inédits nos obligations vis-à-vis des générations futures.

Cette difficulté n’a rien d’inédit. Ainsi, dès les débuts de la Révolution française, Condorcet attirait l’attention sur les dangers de ce qu’il appelait une « démocratie immédiate ». Le philosophe redoutait en particulier que la gestion des finances publiques soit dominée par les errements d’une action au jour le jour et il invitait en conséquence à soustraire à l’influence du pouvoir exécutif la garde du Trésor public.

Une sorte de « préférence pour le présent » semble effectivement marquer l’horizon politique des démocraties. Il y a des raisons structurelles à cela. Qui dérivent avec évidence de comportements déterminés par les rythmes électoraux et les impératifs sondagiers. La course essoufflée au court terme est d’abord fille des conditions d’exercice de la lutte pour le pouvoir. Il est ainsi banal d’opposer les idéaux types du « politicien », qui ne se préoccuperait que de la prochaine échéance électorale, à ceux de « l’homme d’Etat », qui aurait l’oeil fixé sur un horizon plus lointain.

Mais les choses sont plus compliquées. La myopie des démocraties a des causes plus structurelles. Elles n’ont pu faire leur chemin qu’en s’arrachant aux puissances de la tradition, en légitimant les « droits du présent » pour ne pas se laisser emprisonner dans une temporalité prédéterminée. « La terre appartient aux vivants », disait fermement Jefferson pour dénoncer l’idée même d’une précontrainte fixée à l’expression de la volonté générale par une raison élargie. « Il est absurde que la volonté se donne des chaînes pour l’avenir » : la formule lapidaire du Contrat social a été fondatrice pour les démocraties modernes.

Dans le monde post-révolutionnaire d’aujourd’hui, plus aucune religion séculière ne peut en outre conduire à donner sens à l’action collective en la rapportant prioritairement à une lointaine espérance (le propre des religions, notait Tocqueville, est qu’elles « donnent l’habitude de se comporter en vue de l’avenir »). Autrefois, en effet, le long terme était toujours associé à l’idée d’un salut. Les impératifs de la sécularisation et ceux d’une expression autonome de la volonté générale se sont ainsi superposés dès l’origine pour borner l’horizon temporel des démocraties. Leurs critiques ont souligné avec force ce qui était jugé comme une infirmité congénitale.

Un Tocqueville considérait pour cela les régimes démocratiques « décidément inférieurs aux autres dans la direction des intérêts extérieurs de la société », une politique étrangère digne de ce nom impliquant la capacité de rapporter les actions quotidiennes à une perspective inscrite dans la longue durée. « La politique extérieure n’exige l’usage de presque aucune des qualités qui sont propres à la démocratie, et commande au contraire le développement de presque toutes celles qui lui manquent », résumait-il lapidairement.

On peut d’ailleurs aussi rappeler que les démocraties ont, à l’inverse, également été stigmatisées pour leur difficulté à gérer promptement des circonstances exceptionnelles. Un Carl Schmitt n’a cessé d’instruire leur procès en impuissance à trancher dans l’urgence, freinées qu’elles sont supposées être par le principe de la délibération collective. Entre cette critique décisionniste et la dénonciation du penchant court-termiste, les démocraties ont ainsi souvent été décrites comme temporellement dysfonctionnelles.

Comment remédier à cette situation et corriger cette myopie démocratique, au moment où s’accumulent les diagnostics alarmants sur l’avenir du climat ? Comment renforcer politiquement le futur ? Il y a plusieurs façons de répondre.

La première passe par un élargissement des Lire la suite

La biodiversité remarquable en France : un diagnostic alarmant

journaldelenvironnement.net, Sabine Casalonga, le 3 mai 2010

http://www.journaldelenvironnement.net/article/la-biodiversite-remarquable-en-france-un-diagnostic-alarmant,17376

La biodiversité remarquable en France : un diagnostic alarmant

Plus de 50 % des espèces et près de 75 % des habitats, parmi les plus menacés d’Europe, ne sont pas en bon état de conservation en France, premier pays européen abritant cette biodiversité. C’est ce que révèle la première évaluation de la directive « Habitats » publiée par le Service d’observation et des statistiques de l’environnement (SOeS).

Les mauvaises nouvelles continuent de pleuvoir en cette année internationale de la biodiversité. Après la récente étude confirmant le recul des espèces et des écosystèmes de la planète depuis 40 ans (1), le premier bilan de santé de la directive « Habitats » ne se montre guère plus rassurant.

Seuls 1 habitat sur 6 et 1 espèce sur 5 d’intérêt communautaire sont en bon état de conservation en France, selon les résultats de cette première évaluation, publiés dans la lettre d’information du Commissariat général au développement durable, en avril. La directive de 1992 (2) à l’origine du réseau Natura 2000, vise à protéger 216 types d’habitats et 1.180 espèces considérés comme les plus menacés car en danger ou rares. Et elle oblige également les Etats membres à réaliser tous les 6 ans une évaluation de leur état de conservation. La première évaluation a porté sur la période 2001-2006.

Supervisé par le Muséum national d’histoire naturelle (MNHN), le volet français a concerné 131 habitats et 290 espèces « remarquables », sur tout le territoire métropolitain et dans les zones Natura 2000. La France est le pays de l’UE le plus concerné, avec 962 évaluations réalisées sur 2.941 en Europe.

17 % des habitats en bon état

Trois quarts des habitats évalués étaient dans un état défavorable de conservation (41 % en «mauvais» état et 35 % classé en « inadéquat ») contre 17 % seulement dans un état favorable, valeur analogue à celle observée au niveau européen. Les 3 états de conservation -« favorable », « défavorable inadéquat », « défavorable mauvais » sont établis en fonction de paramètres comme la surface estimée et la viabilité à moyen terme des habitats, ou l’état de population et de leurs habitats pour les espèces.

La région « atlantique » -qui correspond grossièrement à la moitié ouest de notre pays- est la région biogéographique la plus mal classée, avec 53 % d’habitats en mauvais état. L’agriculture et l’urbanisation du littoral sont notamment pointées du doigt. La région alpine (Alpes et Pyrénées) est en revanche Lire la suite

L’environnement est-il une préoccupation majeure pour les Français ? Oui et ils sont prêts à payer plus pour vivre mieux !

cdurable.info, le 25 mai 2010.

http://www.cdurable.info/+L-environnement-est-il-une-preoccupation-majeure-pour-les-francais-Sondage-IPSOS-France-Bleu,1730+.html  

L’environnement est-il une préoccupation majeure pour les Français ? Oui et ils sont prêts à payer plus pour vivre mieux !

Publication des résultats du Sondage Ipsos/France bleu : mardi 25 mai, 5h

Le mardi 25 mai, journée spéciale sur les 41 stations du réseau France Bleu.

La Tempête Xynthia, la marée noire au large des côtes américaines, l’éruption du volcan islandais… les événements récents et la prise de conscience collective font de l’environnement un acteur déterminant dans le monde d’aujourd’hui.

Avec l’appui d’un sondage IPSOS exclusif, le réseau France Bleu interroge les Français sur leur manière de préserver ou non l’environnement, sur leurs motivations et les gestes concrets pour « sauver la planète » ; il leur demande s’ils sont prêts à payer plus pour vivre mieux, si le changement climatique les inquiète, s’ils souffrent de la pollution.

A la lumière du sondage, les 41 radios de France Bleu vont enquêter : reportages, interviews, avis de spécialistes, réactions et témoignages d’auditeurs. Tout au long de la journée, elles apporteront des trucs et astuces, des conseils pour préserver l’environnement.

Porteur d’informations exclusives, le réseau France Bleu délivre ici des clés pour comprendre et pour décrypter l’état d’esprit des Français.

RESULTATS

Les Français prédisposés à une augmentation modérée de leurs impôts en faveur de la protection de l’environnement

Les résultats de l’enquête Ipsos / France Bleu [1] confirment, malgré la crise économique et l’émergence de discours écolo-sceptiques, l’importance accordée par les Français à la protection de l’environnement. Elle révèle par ailleurs à quel point cette thématique est présente dans leur vie de tous les jours.

La majorité des Français se déclare inquiète face au changement climatique.

La sensibilisation des Français aux problèmes environnementaux et à leurs effets semble bien résister aux dernières polémiques (remise en cause du réchauffement climatique, taxe carbone) et plus largement à l’émergence récente de discours écolo-sceptiques.

Ainsi, même s’il ne s’agit pas de leur principale préoccupation,  une large majorité de Français (69%) demeure aujourd’hui inquiète face au changement climatique,  contre seulement 31% qui déclarent le contraire.

La multiplication des catastrophes naturelles (séismes en Haïti, au Chili et en Chine, tempête en Vendée) contribue certainement à renforcer ce sentiment.

L’inquiétude est particulièrement marquée chez les jeunes générations

 79% chez les moins de 35 ans,

 les personnes les plus âgées étant en revanche plus Lire la suite

Vient de paraître – Paul Ariès : La simplicité volontaire contre le mythe de l’abondance – Une grève générale de la consommation ?

nonfiction.fr, Fabrice Flipo, le 3 août 2010

http://www.nonfiction.fr/article-3669-p3-une_greve_generale_de_la_consommation_.htm

Vient de paraître – Paul Ariès : La simplicité volontaire contre le mythe de l’abondance – Une grève générale de la consommation ?

Résumé : Paul Ariès présente une réflexion intéressante sur l’écologie politique, la décroissance et la nécessité d’une « grève générale de la consommation ».

Paul Ariès est connu pour ses travaux et ses prises de position en faveur de la décroissance et de la gratuité. Il nous livre ici une réflexion sur la simplicité volontaire, qu’il oppose au mythe de l’abondance.

Ariès commence par résumer les enjeux du « capitalisme vert », dont il souligne à juste titre les risques, des risques qu’il juge gravement sous-estimés par les antiproductivistes (p13). Le capitalisme vert procède en cherchant à mettre en œuvre de nouvelles solutions techniques, telles que des tours géantes, plutôt que d’affronter la question des responsabilités politiques sous-jacentes à la dégradation des écosystèmes planétaires. Il entend adapter l’écologie au marché, ce qui se traduit notamment par l’apparition de « droits à polluer », dont les dérives sont largement avérées, bien avant qu’ils aient eu un quelconque effet positif sur la planète. Ariès liste dix « missiles » de « l’écologie capitaliste croissanciste » contre la possibilité même d’une pensée alternative. Ces missiles sont généralement appuyées sur des économistes, Nobel ou nobélisables, qui vont de Ronald Coase à Gary Becker en passant par Harold Hotelling. Ils ont tous en commun de chercher à démontrer que l’écologie est soluble dans le capitalisme. Ariès donne des arguments permettant de penser que tel n’est pas le cas, sauf à retourner le progrès technique contre l’humain. A ce titre les initiatives telles que Home, le film de Yann Arthus-Bertrand, sont de très mauvaises opérations pour l’écologie politique, car « ce parti-pris esthétique a une fonction : exonérer de toute responsabilité les grandes firmes »  . Home utilise ainsi une esthétique qui ne cherche qu’à transférer les responsabilités.

Ariès se demande ensuite si le productivisme n’est pas la « maladie honteuse des gauches ». Qu’est-ce que le productivisme ? Ariès s’appuie sur une définition d’Henri Lefebvre : le productivisme est le fétichisme de l’Etat et de la technicité. Que ce soit l’Association pour la taxation des transactions financières et l’aide au citoyen (Attac), le Nouveau parti anticapitaliste (NPA), la Fondation Copernic ou même Alain Accardo, aucune pensée se revendiquant « de gauche » ne semble avoir réellement rompu avec ce productivisme. Ariès rappelle l’ambiguïté d’André Gorz sur la question de la technique et notamment des technologies de l’information. « L’économie de l’immatériel et le capitalisme cognitif, loin de permettre de (re)gagner du terrain sur le capitalisme et le productivisme, entraînent l’occupation des derniers territoires qui demeuraient encore un peu autonomes »  . Les gauches ne s’intéressent guère à l’agression publicitaire, par exemple. Elles se n’offusquent pas d’une vie conçue comme une somme de petits plaisirs. En acceptant le progrès technique, elles laissent entrer par la fenêtre le capitalisme sauvage qu’elles ont essayé de chasser par la porte. Que faire pour réveiller la gauche ? Ariès a « longtemps cru à la thèse du retard avant de découvrir qu’elle ne tient pas. […] Nous avons besoin de mots neufs pour réveiller les forces émancipatrices »  . La décroissance, à laquelle Ariès a consacré de nombreux textes, fait partie de ce nouvel arsenal. Pour lui, l’impasse théorique de la gauche a deux visages : le « marxisme officiel optimiste mais productiviste ; […] gauches antiproductivistes mais pessimistes »  . A contrario « la droite est (re)devenue capable de penser […]. Le capitalisme vert lui redonne une seconde jeunesse. La gauche, elle, est moribonde »  . Pour lui la solution viendrait des courants présocialistes, socialismes chrétiens, libertaires, mouvements coopératifs, Proudhon, Bakounine, Gide, Marx. Un Marx « antiéconomiste [qui] permet de comprendre que, par-delà l’extorsion de la plus value, le capitalisme est déjà condamnable au regard de son « incapacité à faire société »  . La gauche aurait donc commis plusieurs « bévues », notamment avoir fait l’éloge du capitalisme, comme libérateur des forces productives, et avoir confondu ces forces productives avec l’émancipation humaine. Ariès montre que le pouvoir d’achat n’a guère augmenté pour les ouvriers, en 1968 un mois de salaire permettait de se payer 1777 baguettes contre 1065 aujourd’hui . Sa solution ? Troquer le pouvoir d’achat pour le pouvoir de vivre.

Un antiproductivisme optimiste est-il possible ?

Dans cette quatrième partie Ariès rappelle qu’il existe un antiproductivisme populaire spontané, par exemple chez les luddites. Cette tendance existe encore, il cite des cas de refus du Lire la suite

Les écologistes ont-ils « verdi » les régions qu’ils dirigent avec le PS ? et Des motifs de discorde subsistent dans la plupart des exécutifs régionaux

Les écologistes ont-ils « verdi » les régions qu’ils dirigent avec le PS ?

lemonde.fr, Béatrice Jérôme avec Yan Gauchard (Nantes), Luc Leroux (Marseille), Claudia Courtois (Bordeaux) et Jacques Boucaud (Lyon), le 3 août 2010

Les écologistes ont-ils « verdi » les régions qu’ils dirigent avec le PS ?

Quatre mois après les élections régionales, l’heure est au bilan pour les écologistes. A Nantes, du 19 au 21 août, leurs Journées d’été auront pour thème « L’écologie à l’épreuve du pouvoir ». Pour l’heure, leurs victoires sont encore modestes.

Pour sceller l’alliance des listes Europe Ecologie avec celles menées par le Parti socialiste, entre les deux tours du scrutin de mars, ils ont dû accepter des compromis sur des dossiers emblématiques pour eux : aéroport Notre-Dame-des-Landes, en Pays de la Loire, projet ITER en Provence-Alpes-Côte d’Azur… Au-delà de l’environnement, ils s’attachent à imposer une « nouvelle offre politique », singulièrement en matière économique. Mais derrière ce qu’ils appellent le « greenwashing » (récupération ou dévoiement des idées écologistes) des exécutifs de gauche, ils peinent à infléchir le modèle du PS, « productiviste » à leurs yeux.

AGENTS D’UN NOUVEAU CLIMAT

Avec 12,4 % des votes au premier tour des régionales, le 14 mars, les écologistes ont pu négocier 58 vice-présidences dans l’exécutif des 19 régions qu’ils gouvernent aux côtés du PS. Contrairement à la précédente mandature, ils occupent des postes stratégiques. Ils ont obtenu la responsabilité des transports, des lycées ou de l’emploi dans quelques régions. Par petites touches, ils s’efforcent de se démarquer du PS par un exercice, à leurs yeux, moins « notabilisé » du pouvoir. « Nous sommes les « sans-cravate » », plaisante Philippe Meirieu, chef de file d’Europe Ecologie, en Rhône-Alpes. Son groupe a déclaré la guerre aux « petits fours » et demandé la réduction du parc de voitures de fonction des élus.

A Paris, Cécile Duflot a d’emblée renoncé à la sienne. A la tête des troupes écologistes d’Ile-de-France, la patronne des Verts a demandé et obtenu le remboursement des frais de garde d’enfant pour les élus qui siègent en séances de nuit. Un acquis féministe, selon elle. La requête a suscité une colère noire du président (PS) Jean-Paul Huchon, qui y a vu une simple mesure de « confort ». Une alliance de revers entre écologistes et UMP a finalement permis que la mesure soit votée. En Aquitaine, Alain Rousset, patron (PS) de la région, a fait modifier le règlement intérieur pour lutter contre l’absentéisme dans les commissions, une demande des Verts qui remontait à la précédente mandature.

PETITS CLASHES ENTRE « AMIS »

Les sortants Verts avaient pris le pli de la cogestion dans les régions de gauche. Avec les nouveaux entrants, les relations avec le PS sont plus tendues. Et les bras de fer plus fréquents. « On s’est rendu compte qu’on n’obtient rien sans établir un rapport de forces », assume un proche de Mme Duflot. Encore, n’est-il pas toujours suffisant. Le 8 juillet, la région Ile-de-France a donné son accord à la construction d’un « village nature » de 8 000 résidences près d’Euro Disney, en Seine-et-Marne. Les écologistes ont voté contre, en commission permanente, hostiles au principe d’une nature « clôturée, tarifée et réservée à des touristes européens aisés« . En vain. Un accord PS-UMP a permis l’adoption du projet.

Les écologistes ne vont pas pour autant jusqu’à remettre en cause les accords de gouvernement passés avec le PS. Dans les dix régions où ils disposent d’une minorité de blocage, Lire la suite

Le maire, acteur clé des enjeux énergétiques

localtis.info, Anne Lenormand, le 22 juin 2010

http://www.localtis.info/cs/ContentServer?c=artJour&pagename=Localtis%2FartJour%2FartJour&cid=1250260023793

Le maire, acteur clé des enjeux énergétiques

Rénovation thermique des bâtiments, transports, urbanisme, chauffage urbain, déchets… : les politiques locales sont au coeur des enjeux de la sobriété énergétique et de la lutte contre le changement climatique. Un colloque organisé par l’Association des maires de France le 16 juin a fait le tour de ces questions en mettant en avant des expériences locales innovantes.

« On ne peut aménager une ville sans avoir en tête les questions de consommations d’énergie de nos bâtiments et de nos transports« , a lancé Jacques Pélissard, président de l’Association des maires de France (AMF), en introduisant le 16 juin à Paris un colloque sur le thème « Le maire et l’énergie : de la sobriété énergétique à la lutte contre les changements climatiques« . A l’occasion de cette rencontre, organisée par l’AMF avec le soutien de la Caisse des Dépôts, les élus ont pu présenter leurs actions en la matière et leurs attentes à l’égard de l’Etat au moment où le Grenelle de l’environnement entre dans sa phase de mise en œuvre.

Deux chiffres suffisent à résumer les enjeux et la puissance d’action des collectivités territoriales : elles gèrent près de 240 millions de mètres carrés de bâtiments et sont en lien direct avec 36 millions d’usagers potentiels des transports publics. Les émissions résultant directement de la gestion de leur patrimoine (flottes de véhicules, bâtiments publics, etc.) et de l’exercice de leurs compétences (transports, déchets, chauffage urbain, etc.) représenteraient plus de 12% du total des émissions de gaz à effet de serre en France. Autant dire qu’elles détiennent en grande partie les clés de la réussite des objectifs du Grenelle.

Rénovation thermique des bâtiments : le double défi technique et financier

Le projet de loi portant engagement national pour l’environnement (Grenelle 2) prévoit d’abord l’obligation de réaliser des travaux d’amélioration énergétique dans tous les bâtiments tertiaires entre 2012 et 2020. Un chantier colossal pour les communes qui disposent d’un patrimoine bâti important. Comme l’a souligné Pierre Jarlier, sénateur-maire de Saint-Flour et vice-président de l’AMF, en charge du groupe de travail collectivités du Plan Bâtiment Grenelle, le défi n’est pas seulement financier. Il passe aussi par des diagnostics solides. « Sans ingénierie territoriale, on ne pourra mettre en œuvre une politique efficace d’amélioration de la performance énergétique car on manque aujourd’hui de connaissances sur l’état du patrimoine et de professionnels qualifiés pour répondre aux questions des élus et des habitants dans ce domaine. »

Comme les investissements en matière d’économies d’énergie s’amortissent sur des périodes longues, il faut aussi réfléchir à de nouveaux modes de calcul. « Le Code des marchés publics va devoir évoluer car on ne peut pas continuer à faire des appels d’offres en prenant uniquement en compte les coûts d’investissement », a souligné Pierre Jarlier. Et de suggérer : « La notion de coût global devrait s’imposer de façon à Lire la suite

Energie solaire en Aquitaine : la course contre la montre

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Des poules dans les vignes du château Tour du Pas à Montagne Saint Emilion

sudouest.fr, Sarah Bourhis, le 30 juillet 2010

http://www.sudouest.fr/2010/07/30/des-poules-dans-les-vignes-150066-3009.php

Des poules dans les vignes du château Tour du Pas

Halte aux mauvaises herbes. Les poules arrivent à la rescousse et picorent même le chiendent dans les vignes du Château Tour du Pas Saint-Georges à Montagne.

L’idée était de trouver un désherbant qui pollue un minimum. Pour cela, il suffisait d’une pincée de savoir-faire et d’un grain d’imagination.

« Depuis l’hiver 2009, une dizaine de poules se baladent dans trois fonds de vignes pour nettoyer le sol », explique Pascal Berger, propriétaire du Château Tour du Pas-Saint-Georges à Montagne.

 « Cette période d’essai nous permet de mieux connaître leurs mets préférés. Sans manières, elles becquettent le chiendent, les dactyles, le ray-grass mais nous laissent le liseron. »

Malgré cette légère déception, le visage de Pascal Berger s’illumine à nouveau : « Non seulement ces poules à cou-nu grattent bien le sol mais elles pondent près d’un œuf par jour. » Alors sans conteste, ces petites bêtes méritent de l’attention.

Pour se reposer, elles disposent d’un poulailler mobile, fabriqué par les salariés du vignoble. La nuit, les poules sont donc en sécurité dans leur cabane en bois de 3 m². La journée en revanche, les renards sont aux aguets et menacent les « pondeuses ». Une barrière électrique s’est vite imposée pour les protéger des prédateurs. « Cependant, il arrive qu’elles reçoivent un coup de jus lorsqu’elles se frottent trop près. Mais généralement, leur plumage les protège du courant », affirme Cédric Berger, viticulteur et neveu du propriétaire.

Les mini-kangourous

Si la période de test s’avère être un succès, les viticulteurs espèrent introduire jusqu’à 2 000 volailles dans leur vignoble. Reste encore à peaufiner quelques aspects techniques pour garder les « cocottes » sur l’exploitation.

Et comme ces vignerons débordent d’imagination, ils ne seraient pas contre réitérer l’expérience avec des bêtes plus atypiques. « En Angleterre, des particuliers introduisent des Lire la suite

La politique énergétique française vue par l’Agence Internationale de l’Energie : une analyse sourde, aveugle et muette !

Revue de l’AIE sur la politique énergétique française : une analyse sourde, aveugle et muette !

cdurable.info, le 27 juillet 2010.

http://www.cdurable.info/+Revue-de-l-AIE-sur-la-politique-energetique-francaise-une-analyse-sourde-aveugle-et-muette-pour-le-CLER,1766+.html

Tous les 4 ans, l’Agence internationale de l’énergie (AIE) – organe de coopération entre les 28 pays membres de l’OCDE centré sur l’énergie – réalise une revue de la politique énergétique de chacun de ses pays membres.

Le rapport concernant la France publié le 26 Juillet 2010 se montre très décevant et même inquiétant. Les experts associatifs pointent les défauts du processus de concertation sur la forme et le manque d’analyse critique de la revue sur le fond.

Un rapport sourd aux ONG

Le processus d’élaboration du rapport comprend plusieurs phases de débat et de concertation entre les représentants des ministères des pays membres et le Secrétariat de l’AIE. Les autres acteurs concernés sont en principe eux aussi associés à la démarche.

Contrairement à ce qui se fait dans les autres pays, le Ministère du développement durable (MEEDDM), en l’occurrence la Direction générale de l’énergie et du climat (DGEC), a refusé d’inclure les acteurs associatifs français de l’énergie et de l’environnement (si ce n’est ponctuellement la Fondation Nicolas Hulot) dans le programme de réunions consultatives.

Ce faisant, la DGEC a privé l’équipe de revue de toute possibilité de discussion directe avec des représentants de la société civile dont la connaissance et l’expertise – notamment en terme d’énergie durable – ont pourtant été largement reconnus durant tout le processus d’élaboration du Grenelle de l’environnement. L’ambitieuse future réglementation thermique RT 2012, dont se félicite l’AIE, est par exemple le fruit des propositions des associations.

Rappelons que le dialogue avec la société civile fait intégralement partie des engagements des pays membres de l’OCDE, ce qu’ont bien compris de nombreux pays membres qui ont pleinement intégré les associations dans le processus de concertation.

Un rapport aveugle vis à vis du nucléaire

Le processus de Grenelle avait été marqué par l’exclusion d’entrée du nucléaire – pourtant placé au centre de la politique énergétique française depuis 1973 – du champ des discussions. Si cette séparation artificielle a sans doute favorisé les avancées de la concertation sur les autres volets de la politique énergétique, elle ne saurait demeurer dans la mise en œuvre concrète des orientations correspondantes.

Les projections officielles « post-Grenelle » du gouvernement français prévoient explicitement, à la fois de stabiliser la consommation d’électricité et de développer la part de la production électrique d’origine renouvelable… tout en assurant le maintien voire l’augmentation de la capacité de production nucléaire. Pour « boucler » le scénario, le Gouvernement ne peut que parier sur une augmentation sans précédent des exportations d’électricité qui n’a aucune chance de se réaliser, ce qui ne peut en retour qu’entraver les progrès sur la demande ou les renouvelables sur un marché national saturé.

L’AIE ignore ou feint d’ignorer dans son analyse cette Lire la suite

Projet Climator de l’INRA : Impact d’un changement climatique (1,6 à 3°) sur des systèmes agricoles et forestiers

inra.fr, Communiqué de presse, le 18 juin 2010

http://www.inra.fr/presse/presentation_resultats_projet_climator

Présentation des résultats du projet Climator

Elaborer des outils et produire des références pour analyser l’impact du changement climatique sur les systèmes agricoles et forestiers

Les résultats du projet Climator ont été présentés lors du colloque de clôture, co-organisé par l’INRA et Arvalis-Institut du végétal, qui s’est tenu à Versailles les 17 et 18 juin 2010. D’une durée de 3 ans, ce projet a fourni des méthodes pour analyser l’impact d’un changement climatique sur des systèmes agricoles et forestiers variés, et produit des résultats synthétisés dans un Livre Vert. S’ils ne concluent pas à un impact uniforme sur les cultures, les chercheurs montrent que l’augmentation de la température et de la concentration en CO2, et la diminution des précipitations auront une influence sur plusieurs facteurs déterminants pour les cultures, les forêts et l’environnement (alimentation des nappes phréatiques en particulier).

Réchauffement, modification de la pluviométrie, augmentation de la concentration en CO2 de l’atmosphère : autant de phénomènes au cœur du changement climatique qui sont susceptibles de modifier, positivement ou négativement, la productivité des cultures et des forêts, et par la suite l’occupation des sols. Ces évolutions sont déjà perceptibles dans les calendriers agricoles : anticipation des dates de floraison des arbres fruitiers et des vendanges, et sont mises en avant pour expliquer la stagnation des rendements du blé. Cependant l’hétérogénéité spatiale des bouleversements climatiques annoncés et la diversité des plantes cultivées, rendent impossible tout pronostic généraliste.

Un exercice de projections basé sur la modélisation

Le travail réalisé au sein du projet Climator est basé sur des hypothèses, devant tenir compte d’un ensemble d’incertitudes. L’agriculture y est représentée par des systèmes de grande culture, des systèmes prairiaux, la vigne et la forêt avec des niveaux de pratiques et des choix variétaux extrêmes (pluvial/irrigué, conventionnel/biologique, cycles longs/cycles courts, monocultures/rotations). Pour appréhender la diversité des climats français, 13 sites répartis sur l’ensemble du territoire français, ont été choisis, dont un situé en moyenne montagne et un autre en Guadeloupe.

Les résultats ont été obtenus en enchainant des simulations climatiques à l’échelle globale puis régionale avec des modèles agronomiques et forestiers. Deux périodes d’intérêt ont été simulées : le futur proche (2020-2049) et le futur lointain (2070-2099) en référence à une période de passé récent (1970-1999). L’hypothèse économique et démographique du monde de demain, qui fournit l’évolution future de l’émission des gaz à effet de serre, introduite dans le modèle global de climat, est, en standard, le scénario A1B du GIEC (forte croissance économique et pic démographique en 2050 aboutissant à 700 ppm de concentration en CO2 dans l’atmosphère à la fin du XXI° siècle, malgré une baisse des émissions mondiales à partir de 2050).

Cependant ces modèles ne sont pas parfaits puisque la connaissance des systèmes climatiques et agricoles est imparfaite. Pour cerner cette erreur plusieurs méthodes ou modèles ont été utilisés en parallèle que ce soit au niveau climatique, comme au niveau agronomique, considérant ainsi que chaque modèle est un point de vue sur la réalité complexe.

Des différences régionales et locales importantes

D’après les modèles, le changement climatique se traduira non seulement par une augmentation de température (de 1,6°C à 3°C selon le lieu et la période de temps considérée), mais également par une diminution des précipitations, surtout Lire la suite

Fret ferroviaire : la France prend un train de retard

http://www.actu-environnement.com/ae/news/fret-rail-10690.php4

actu-environnement.com, Sophie Fabrégat, le 13 juillet 2010

Fret ferroviaire : la France prend un train de retard

Alors que le ministère des Transports annonce des avancées lors du comité de suivi de l’engagement national pour le fret ferroviaire et que la SNCF confirme sa stratégie d’abandon du wagon isolé, les associations et les industriels s’inquiètent.

Comme d’autres engagements du Grenelle, l’objectif de croissance de 25 % de la part du non routier et du non aérien dans le transport de marchandises d’ici 2012 ne devrait rester qu’une douce utopie. Car si le ministère des Transports, tout comme la SNCF, se veulent rassurant, voire enthousiastes quant à l’avenir du fret ferroviaire, les associations et les chargeurs sont plutôt pessimistes, voire alarmistes.  »On marche sur la tête, on va à l’inverse de ce qu’il faut faire, constate Olivier Louchard, coordinateur du Réseau Action Climat. Alors que le non routier représentait 14 % du transport de marchandises en 2006, on est passé à 12 % en 2009. On décroît au lieu de progresser ».

Engagement national pour le fret ferroviaire : un train sans locomotive ?

Le compte rendu publié à l’issue de la deuxième réunion du comité de suivi de l’Engagement national pour le fret ferroviaire, organisée et présidée par Dominique Bussereau le 8 juillet, dresse un bilan d’étape optimiste de l’avancement des mesures engagées depuis le 16 septembre 2009,  »date de l’annonce de cet ambitieux programme d’actions représentant un montant de 7 milliards d’euros d’investissements de l’Etat ».

Dominique Bussereau  »s’est félicité des appels d’offres en cours pour les autoroutes ferroviaires Atlantique et Alpine, ainsi que de l’augmentation du nombre de trains sur l’autoroute ferroviaire Perpignan – Luxembourg, dont la fréquence est désormais de 3 allers-retours quotidiens ». D’après le communiqué de presse, il  »a également mentionné que le transport combiné est en plein essor et bénéficie désormais d’une aide de l’Etat augmentée de 50 %. Il a insisté sur l’importance de la mise en service des opérateurs ferroviaires de proximité (OFP) dès 2010 ».

Du côté des participants, c’est un tout autre son de cloche.  »Un an après le lancement de ce plan, il y a eu beaucoup de paroles mais pas beaucoup de choses faites. Comme l’a rappelé Dominique Bussereau, les objectifs initiaux risquent fortement de ne pas être atteints. Face à ce constat, aucune décision énergique n’est prise, on se trouve face à un gouvernement indifférent qui, pendant ce temps-là, fait des cadeaux au transports routiers », constate à regret Michel Dubromel, responsable transports à France Nature Environnement (FNE). L’autorisation des 44 tonnes pour le transport de produits agricoles ( »alors que le fret ferroviaire se prêtre très bien au transport de céréales »), le report d’une année de la taxe poids lourd, l’autorisation de trois nouveaux projets d’autoroutes ( »dont la mise en concession autoroutière de la RN154 qui relie Chartres au port de Rouen et sur laquelle on sait qu’il y a un important trafic de céréales ») restent en travers de la gorge des défenseurs du rail.

Parallèlement,  »si le ministère admet que la mise en place des OFP a été  »sabotée » (il y aurait eu des manœuvres pour l’empêcher), aucune mesure est annoncée pour y remédier. Le ministère Lire la suite

L’écorésistance ?

voie-militante.com, Virginie, le 29 juillet 2010, Catégorie: Environnement

http://www.voie-militante.com/politique/environnement/lecoresistance/

L’écorésistance ?

L’écologie en aura fait des déçus tout au long de son histoire… l’attrape couillons qu’est – ou plutôt qu’a été – Europe Ecologie en est le dernier exemple, significatif !

Mais est-ce utile de s’apitoyer sur son sort ? Non ! Mieux vaut agir ou réagir !

Michel TARRIER, écologue et écosophe, notamment reconnu pour ses publications en tant qu’entomologiste, a ainsi poussé un cri d’alerte et a créé le groupe ECORESISTANCE !
Si cela vous intéresse, vous pouvez le rejoindre sur Facebook en cliquant ici.

Voici son argumentaire, tiré d’un article paru sur l’excellent site notre-planete.info et dont je ne partage pas l’intégralité des propos mais que je mets simplement à votre disposition :

Causes de cette prise de position

L’écocitoyen français est aujourd’hui plus que perplexe, dubitatif et écœuré. Au moins trois évènements, vécus comme d’irréparables désillusions ou outrages, ont fait de lui un insurgé.

1.- Le formidable dîner de cons qu’a constitué la mascarade du Grenelle de l’environnement ; On sait maintenant de quoi il s’agissait et où nous en sommes…

2.- L’impensable déception qui résulta de l’échec du Sommet de Copenhague dont le battage préalable, du type ultimatum, allait jusqu’à l’envisager comme une opération de dernière chance pour sauver la planète ; Depuis : rien, et les lanceurs de la méga alarme sont passés à autre chose ! Ne s’agissait-il donc qu’un effet d’annonce tout autant hyperbolique que gratuit  à l’échelle mondiale ?

3.- La création, sous l’impulsion de Claude Allègre, d’une fondation intitulée  « Écologie d’avenir », qui serait indûment hébergée par l’Institut de France (rien que ça !), rassemblant un cartel de grands prédateurs que sont des leaders mondiaux de la finance, d’industries de luxe, de l’énergie, de la chimie, de l’agroalimentaire, etc. (Alstom, EDF, Limagrain, Axa, groupe LVMH avec Moët & Chandon, Louis Vuitton, Christian Dior et autres marques prestigieuses…). « Même si l’homme casse et dégrade, la science peut toujours réparer. », tel est l’inacceptable précepte de C. Allègre.

En conséquence :

L’écologie comme confessionnal du consumérisme, ou pire comme caution verte du capitalisme, y’en a un peu-beaucoup marre !

La charte

Il s’agit tant d’entrer en dissidence qu’en résistance afin de pouvoir retrouver les marques principielles d’une écologie-sagesse, d’une écologie contre-culture, d’une écologie-conscience, tout à l’opposé de ce qu’est devenue l’écologie dévoyée, c’est à dire un Lire la suite

Comité interministériel du développement durable : Les ministres planchent sur une croissance verte adaptée à la crise

lesechos.fr, Julie Chauveau, le 27 juillet

http://www.lesechos.fr/info/energie/020682617442-les-ministres-planchent-sur-une-croissance-verte-adaptee-a-la-crise.htm

Les ministres planchent sur une croissance verte adaptée à la crise

Le Comité interministériel du développement durable se réunit aujourd’hui. Il doit adopter un texte dont « Les Echos » ont eu copie, résumant la stratégie française d’ici à 2013. La prise en compte des déficits publics est mise en avant.

Le symbole fera sourire les défenseurs de l’environnement. Aujourd’hui, doit se tenir la réunion du Comité interministériel du développement durable (CIDD) sous l’égide de Jean-Louis Borloo, ministre de l’Ecologie, de l’Energie, et du Développement durable. En 2003 et en 2007, les deux premières réunions de ce comité avaient été présidées par le Premier ministre afin d’adopter la stratégie nationale de développement pour les années à venir. Doit-on y voir un symbole du fait que ce sujet est passé au second rang des préoccupations du gouvernement à la faveur de la crise économique et de l’échec des négociations sur le changement climatique à Copenhague ? Une chose est sûre, le titre du document sur la future stratégie nationale du développement durable, sur laquelle doivent se pencher les ministres et les secrétaires d’Etat aujourd’hui et dont « Les Echos » ont eu copie, est dans l’air du temps : « Vers une économie verte et équitable ».

Lors du sommet de la Terre à Rio en 1992, les gouvernements avaient pris l’engagement d’adopter des stratégies nationales de développement durable. Alors qu’on prépare déjà en coulisse les vingt ans de cet événement qui devrait être célébré en grande pompe dans la capitale Brésilienne en 2012, ce texte d’une quarantaine de pages porte sur la période 2010-2013. Trois ans après le démarrage des débats du Grenelle de l’environnement, il en reprend les principaux objectifs… tout en insistant sur la nécessité de prendre en compte la crise économique et la détérioration des finances publiques. « La stratégie doit à l’évidence inclure la question de la soutenabilité des finances publiques. […] Elle doit s’interdire toute dépense nouvelle qui ne correspondrait pas à un investissement profitable aux générations futures », peut-on lire dans l’introduction, qui précise que cette préoccupation a « sous-tendu » toute l’élaboration de la démarche. Mais si chacun des neuf défis proposés sont assortis d’indicateurs le plus précis possible afin d’en suivre l’application, aucun détail n’est donné sur la manière dont les investissements nécessaire à la réalisation des objectifs seront financés.

Un contenu social enrichi

Pour les profanes, la principale surprise vient du fait que le changement climatique n’est pas le premier mais le Lire la suite

Entretien avec Dominique Bourg : Démocratie, le défi écologique

scienceshumaines.com, Article de la rubrique « Les pensées vertes », Grands Dossiers N° 19, – juin-juillet-août 2010

Entretien avec Dominique Bourg : Démocratie, le défi écologique

http://www.scienceshumaines.com/articleprint2.php?lg=fr&id_article=25631

Démocratie participative et démocratie délibérative sont les deux pistes à explorer pour enrichir la démocratie représentative et se donner les moyens de répondre aux enjeux environnementaux qui se présentent à nous.

Née dans les années 1970, l’écologie politique a jusqu’à présent peu pesé dans les grandes démocraties, dans lesquelles semblent primer les intérêts de court terme et la satisfaction des besoins individuels. Le mariage entre écologie et démocratie serait-il difficile à réaliser ?

Il est vrai qu’il existe une certaine incompatibilité entre l’écologie et nos démocraties représentatives telles qu’elles fonctionnent aujourd’hui. J’y vois deux raisons.

D’une part, le mécanisme même de la représentation : nos élus doivent régulièrement rendre des comptes aux électeurs, élevés en juges ultimes de leur action. Ils s’adressent alors à la conscience spontanée de chaque citoyen : chacun de nous est considéré comme le meilleur juge de sa situation, en termes de souffrance sociale, de sentiment de bien-être, de satisfaction économique. Or les questions d’environnement sont inaccessibles aux sens, à la « conscience spontanée » du citoyen. Ce dernier perçoit la météo du jour mais il est insensible aux variations de la moyenne des températures sur une longue durée, ou au phénomène de raréfaction globale des ressources. Il est donc difficile de prendre en compte les enjeux environnementaux dans le fonctionnement électoral : ils sont trop abstraits et éloignés.

D’autre part, il y a un problème de fins. Le gouvernement représentatif, tel qu’il est notamment apparu à la fin du XVIIIe siècle dans les écrits d’auteurs modernes tels que Benjamin Constant, est censé limiter l’intervention de la sphère publique et protéger les droits des individus (encadré ci-dessous). Pour les Modernes, le gouvernement a plutôt pour fonction de contribuer à la maximisation des intérêts individuels et de faciliter le commerce entre les nations. Cette conception très individualiste et économiciste était pertinente dans un monde où la croissance de la production et de la consommation n’avait pas de limites perceptibles. Elle est aujourd’hui inadaptée à un monde de ressources limitées et d’équilibres écologiques menacés par les activités humaines…

Cela signifie-t-il que l’écologie aurait besoin d’un cadre autoritaire minimal, d’une « dictature bienveillante » ? Hans Jonas propose par exemple la création d’un Conseil de sages, non tributaires des élections, pour s’assurer que nos choix politiques ne mettent pas en péril les générations futures…

H. Jonas a effectivement prôné l’instauration d’une « tyrannie bienveillante et bien informée ». Il s’agirait de refonder le « Conseil nocturne » imaginé par Platon, agissant dans le secret, sans aucune forme de contrôle et indépendamment des contraintes électorales. On construirait ainsi une Lire la suite

A qui profite la construction de nouvelles autoroutes ?

rue89.com, David Servenay, le 24 juillet 2010

http://www.rue89.com/explicateur/2010/07/24/a-qui-profite-la-construction-de-nouvelles-autoroutes-159791

A qui profite la construction de nouvelles autoroutes ?

Anti-Grenelle selon les associations, « indispensable » pour Borloo, le projet devrait bénéficier aux sociétés privées.

Trois ans après le Grenelle de l’environnement, le ministère de l’Ecologie vient de publier son Schéma national des infrastructures de transport (SNIT). Ce document prospectif prévoit de construire 879 kilomètres d’autoroutes supplémentaires. Un vrai reniement pour les associations écologistes, une « révolution » pour Jean-Louis Borloo.

1. Le SNIT remet-il en cause les engagements du Grenelle de l’environnement ?

« La priorité ne sera plus au rattrapage routier, mais au rattrapage des autres modes de transport. »

Octobre 2007, la promesse de Nicolas Sarkozy ravit les protagonistes du Grenelle de l’environnement qui s’achève. Fini le « tout-routier » dominant, car compte-tenu de sa position géographique en Europe, la France est un pays suréquipé :

11 042 kilomètres d’autoroutes,

20 000 kilomètres de nationales,

377 984 kilomètres de départementales,

630 000 kilomètres de routes communales et de rues.

La promesse du président de la République sonne donc le glas du tout-puissant lobby routier qui, associé aux constructeurs automobiles, a façonné la politique d’aménagement du territoire durant les Trente glorieuses.

Pour les associations écologistes, les dix-neuf projets prévus au SNIT pour les vingt ans à venir constituent donc un virage à 180 degrés. Sans remettre à l’ordre du jour de nouveaux grands axes, ces projets sont parfois conséquents : 80 km entre Langres et Vesoul, 160 km pour la route Centre Europe-Atlantique… Stéphen Kerckhove, délégué général d’Agir pour l’Environnement, l’a dénoncé sur le blog Reporterre :

« Alors que le Grenelle énonçait un certain nombre de principes assez flous, le ministre adopte, a contrario, un vaste programme autoroutier qui marque le grand retour de l’Etat pollueur et décomplexé !

La croissance verte de Borloo ressemble à s’y méprendre à Lire la suite

L’autre écologie : l’écologie comme art de faire attention, née à la fois dans le mouvement écologiste et dans les expérimentations de pratiques alternatives

cip-idf.org, 2010

http://www.cip-idf.org/article.php3?id_article=5220

L’autre écologie – Le Sabot, outil de liaison locale sur Rennes et ses environs

L’autre écologie

L’omniprésence de la « question » écologique ne fait maintenant plus de doute. D’une part, les données écologiques prennent une place centrale dans un « système-monde » en perpétuelle mutation et d’autre part, l’incapacité des états à établir des accords mondiaux sur les émissions de gaz à effets de serre marque un réel échec pour le capitalisme.

Cette incapacité chronique confirme qu’il n’y a rien à attendre d’une conversion verte du capitalisme, celle-ci signifiant généralement une accentuation des inégalités sociales et un écrasement de toutes expressions populaires, elle confirme également que l’écologie n’est pas l’apanage des nouveaux entrepreneurs de l’économie verte et des apprentis sorciers de la gestion écologique mondiale. Une autre idée de l’écologie persiste, une idée démocratique : l’écologie comme art de faire attention, née à la fois dans le mouvement écologiste et dans les expérimentations de pratiques alternatives, mais aussi de ceux qui dans certaines luttes s’emparent de cette question alors qu’ils sont jugés a priori incompétents dans ce domaine.

1. L’écologie au cœur des mutations du capitalisme

L’émergence depuis quarante ans de la question écologique, du dérèglement climatique ou de la destruction des écosystèmes et des espèces vivantes a mis en cause les principes du capitalisme industriel. Sous l’influence d’un renouveau dans la théorie économique, les entreprises et les états sont en train d’opérer une modification de leurs modèles productifs sur la base d’une maîtrise des milieux complexes (1) et de la biosphère. Ce renouveau de la théorie économique et cette tentative de maîtrise signifient que l’économie va désormais intégrer des éléments occultés auparavant : les interactions non-économiques ; et analyser quels bénéfices ou pertes elles provoquent sur les échanges économiques. Ainsi la prise en compte et la maîtrise des ressources naturelles rares, des ressources énergétiques, ou des ressources en eau ou en matériaux nécessaires au processus de production, et qui sont le fruit de processus naturels longs de plusieurs millions d’années, deviennent des tâches primordiales pour l’économie et cela constitue une modification fondamentale du capitalisme, celui-ci reposant jusqu’à il y a peu sur un principe de non-limitation des ressources (2).

Si cette révolution écologique est pour le moment sans grandes conséquences visibles sur la destruction des écosystèmes ou sur le réchauffement climatique, c’est que comme le dirait Yann Moulier Boutang ou comme ne cessent de le répéter les cabinets de management : les entreprises et les états n’ont pas encore pris toute la mesure de la mutation qui leur est demandée. Pour ce faire, les états doivent adopter de nouvelles réglementations qui encouragent les entreprises à intégrer la protection de l’environnement et ainsi leur faire prendre conscience que cette question n’est pas réservée aux secteurs spécialisés mais qu’elle concerne toutes les entreprises et que cela constitue un potentiel de croissance important, les premières entreprises à prendre en compte la protection de l’environnement étant celles qui Lire la suite

Isabelle Autissier : « N’attendons pas que de belles décisions nous tombent sur la tête et qu’il y ait des sauveurs de la planète qui se manifestent. »

actu-environnement.com, Propos recueillis par Agnès Sinaï, le 19 juillet 2010

http://www.actu-environnement.com/ae/news/interview-isabelle-autissier-wwf-10714.php4#xtor=EPR-1

Mieux vaut inventer une autre façon de faire pour continuer à naviguer ensemble

 « N’attendons pas que de belles décisions nous tombent sur la tête et qu’il y ait des sauveurs de la planète qui se manifestent. » C’est en substance la doctrine du PANDA que nous relaie Isabelle Autissier, présidente du WWF France.

Actu Environnement : Quels sont les dossiers qui vous occupent actuellement ?

Isabelle Autissier : Il y a eu les discussions autour du Grenelle 2, la marée noire du Golfe du Mexique, bien que le WWF France ne soit pas en première ligne sur ce dossier. Et tout ce qui tourne autour de l’année de la biodiversité, avec la création de l’IPBES (Intergovernmental Science Policy Platform on Biodiversity and Ecosystem Services). Et il y a le dossier de l’eau, grande oubliée du Grenelle, qui est lié à l’agriculture, sur lequel je rencontre beaucoup d’acteurs. Il y a longtemps que le WWF travaille sur la qualité de l’eau, sur les raisons des pollutions, en particulier la question agricole, qui n’a pas beaucoup avancé. Or c’est une des causes majeures de la pollution des eaux. Il se trouve que la France est en train d’affiner ses arguments pour la renégociation de la PAC. C’est l’occasion de pousser le plus fort possible pour que soit reconnue à un certain type d’agriculture la qualité de l’environnement, de la biodiversité et de la nature et que ce soit cette agriculture là qu’on favorise au détriment de celle qui consomme beaucoup de polluants et qui ne donne pas une nourriture extraordinaire. Malheureusement ce n’est pas si simple que ça. On en est encore à subventionner des exploitations agricoles qui utilisent beaucoup d’intrants et qui sont très mécanisées, par rapport à des agricultures, biologiques ou durables – qui emploient de la main d’œuvre et permettent aux gens de vivre correctement. Même dans la logique actuelle du marché, ces agricultures fonctionnent. Du point de vue des comptes, il est évident que même l’agriculture productiviste a des coûts lourds. Le WWF a d’ailleurs demandé un rapport de la Cour des comptes sur la responsabilité des pouvoirs publics et le coût supporté par les Français depuis 1980 pour ces aides dommageables à l’environnement.

AE : La trame verte a été remise en question par la commission mixte paritaire du Grenelle II. Comment réagissez-vous à cette décision ?

Isabelle Autissier : On est extrêmement déçus ! On avait déjà vigoureusement protesté sur le fait que la trame verte n’était pas opposable localement ou régionalement. Et maintenant voilà qu’elle n’est pas opposable nationalement ! En résumé, on vous demande d’être gentil avec la nature, et puis s’il y a une autoroute à faire passer, excusez-moi M’sieursdames ! En gros, on n’a aucune compensation à envisager, on n’a pas à se poser la question de savoir s’il faut aménager des passerelles pour que les animaux puissent migrer, donc on fait comme d’habitude, et ce n’est pas la peine d’avoir inventé le concept de trame verte et bleue si c’est pour ne rien en faire. A partir du moment où cette mesure n’est plus obligatoire, elle sera laissée au bon vouloir des acteurs locaux. Or l’érosion de la biodiversité devait être stoppée en 2010, selon l’engagement de la communauté internationale, ce qui est loin d’être le cas. D’un côté on voit que les choses se dégradent, de l’autre on invente des outils pour ne pas les utiliser !

AE : Quels sont les prochains grands rendez-vous environnementaux de l’année ?

IA : Il semblerait que la Plate-forme scientifique intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES) soit sur les rails, ce qui est une bonne nouvelle, si cet organisme acquiert la même puissance que celui sur le climat. Reste à voir jusqu’où Lire la suite

Appel à propositions de recherche – Transition(s) vers une économie écologique ?

agora21.org, Karim Hammou, le 21 juin 2010

http://www.agora21.org/transitions/community/pg/pages/view/258/

Transition(s) vers une économie écologique ?

La Mission prospective du MEEDDM lance un appel à propositions de recherches consacré au verdissement à long terme de l’économie française. En complément aux réflexions en cours et stratégies à l’œuvre sur le thème de la croissance verte, cet appel vise à fournir un éclairage spécifique sur les modalités et enjeux de transition, dans l’hypothèse d’un changement structurel de nos économies à l’horizon 2030-2050. Des contributions sont attendues tant en matière d’évaluation économique et environnementale que d’analyse des freins à l’innovation sociale ou institutionnelle. La date limite de réception des projets est fixée au 30 juillet 2010.

Annonce

La Mission Prospective du MEEDDM pilote et réalise des travaux de prospective sur les modèles et transitions de long terme vers un développement durable au travers de cinq programmes  dont un traite spécifiquement des hypothèses et enjeux de transition relatifs au « verdissement » à long terme de l’économie française. A l’appui de ce dernier programme, la Mission souhaite engager trois types de réflexions complémentaires (1) en organisant un séminaire de prospective, (2) en initiant un appel à projets de recherche et (3) en contribuant à une mise en débat avec les secteurs et territoires concernés. Pour ce faire, le présent appel à propositions s’ouvre sur un rappel du contexte et des enjeux caractérisant la démarche d’ensemble (§.I), avant de proposer un cadre commun aux trois volets évoqués (§.II), puis d’entrer dans le détail des réponses attendues pour chacun d’eux (§.III).

I – Contexte et enjeux du programme 

La reconnaissance du caractère irréversible et globalisé des menaces que l’activité humaine fait peser sur le climat, les ressources ou la biodiversité a conduit les principales économies mondiales à s’engager, au cours de la dernière décennie, dans la voie d’un découplage – entre développement économique et pression environnementales – dont la part d’incertitude et les impacts potentiels sont d’une ampleur considérables. Comme l’illustrent à la fois l’ambition des orientations et la diversité des mesures issues du Grenelle de l’environnement, contenir de tels risques suppose en effet d’agir simultanément sur les modèles productifs, les processus d’innovation, les instruments de régulation et les comportements. Ce qui, à long terme, et du point de vue des stratégies publiques aussi bien que privées, revient ni plus ni moins qu’à devoir accompagner ou conduire – et a fortiori anticiper – une mutation structurelle de nos économies.

Au regard de ce changement de trajectoire conçu en régime permanent et amorcé à des rythmes sensiblement variés selon les secteurs ou les pays concernés, la conjonction récente d’une crise économique mondiale et d’alarmes environnementales majeures (alertes climatiques, choc pétrolier, crise alimentaire) constitue une véritable rupture

de par le caractère d’urgence politique soudainement conféré à la recherche d’un nouveau sentier de Lire la suite

Landes, une centrale solaire de 300 ha – Energie solaire : trouver l’équilibre

sudouest.fr, Bernard Broustet, le 10 juillet 2010

Energie solaire : trouver l’équilibre

Après la mise en service de l’immense centrale du Gabardan (40), seule une partie des projets régionaux devrait voir le jour.

La plus grande centrale photovoltaïque développée à ce jour en France a été inaugurée hier à Losse (Landes). Pour l’heure, cette centrale du Gabardan, nom du territoire où elle est installée, a une puissance installée d’une quarantaine de mégawatts (MW), dont 12 alimentent d’ores et déjà le réseau. D’ici au début 2011, les panneaux photovoltaïques devraient s’étendre sur une superficie de quelque 300 hectares, délivrant une puissance maximale de 44 MW, soit l’équivalent de la consommation d’une ville de 40 000 habitants.

L’entrée en service de la centrale marque l’aboutissement d’une démarche menée conjointement par EDF Énergies Nouvelles, filiale de l’électricien français, et par la Communauté de communes du Gabardan, qui s’efforce d’enrayer le déclin démographique de ce territoire de l’Est landais, où les tempêtes et le pernicieux champignon Fomes ont causé de graves dégâts au massif forestier.

Une usine à Blanquefort

L’opération s’est accompagnée de l’aide au reboisement d’une surface équivalente à celle de la centrale (environ 300 hectares) auprès d’une cinquantaine de propriétaires forestiers du canton. Par ailleurs, la création de la centrale a donné en quelque sorte le coup d’envoi du partenariat entre EDF Énergies Nouvelles et la société américaine First Solar, qui a équipé le site en panneaux. Ce partenariat va se concrétiser par la construction à Blanquefort d’une usine de First Solar, engendrant la création annoncée de quelque 400 emplois. Une opération dans laquelle EDF Énergies Nouvelles, dont le président Pâris Mouratoglou se trouvait hier à Losse, est fortement impliqué.

La réalisation du Gabardan ne constitue que le premier chapitre d’un feuilleton photovoltaïque régional à la fois fourni et incertain. Car l’Aquitaine, et notamment le massif forestier gascon, a été un véritable aimant pour les entreprises désireuses de développer des installations au sol. La présence de grandes disponibilités foncières, accrues par la tempête Klaus, a déclenché une véritable ruée. Selon le préfet des Landes Evence Richard, on compte quelque 110 projets dans le seul département, dont une bonne partie émane d’EDF Énergies Nouvelles. L’on sait par ailleurs que celle-ci a obtenu le feu vert pour une installation à Saint-Symphorien (Gironde), tandis qu’une enquête publique est en cours à Cestas pour un projet de First Solar, presque équivalent à celui du Gabardan.

Tarifs avantageux

Mais, comme l’a souligné hier Henri Emmanuelli, seule une fraction des multiples projets en gestation devrait aboutir. D’une part, en effet, il n’est pas sûr que le tarif de rachat Lire la suite

Le Grenelle 2 confronte la droite et la gauche à leurs bilans

lemonde.fr, Gaëlle Dupont (Service Planète), le 9 juillet 2010

Le Grenelle 2 confronte la droite et la gauche à leurs bilans

A de multiples reprises, la scène s’est produite, lors des discussions au Parlement sur la loi Grenelle 2, définitivement adoptée fin juin. A chaque dénonciation d’un « recul » du gouvernement par l’opposition, le ministre de l’écologie, Jean-Louis Borloo, a renvoyé la gauche dans ses buts d’une phrase : « Vous nous donnez des leçons, mais qu’avez-vous fait quand vous étiez au pouvoir ? »

Les vrais écologistes, c’est nous, disent aujourd’hui en substance les élus de la majorité. « Nous avons le seul bilan crédible », estime l’ancienne secrétaire d’Etat à l’écologie, Nathalie Kosciusko-Morizet. La droite peut revendiquer la création du premier ministère de l’environnement en 1971, la loi sur les déchets (1975), les lois fondatrices sur les installations classées et la protection de la nature (1976), la loi sur le renforcement de la protection de l’environnement (1995), la charte de l’environnement (2005), la création du grand ministère de l’écologie et le Grenelle de l’environnement (2007)…

« L’écologie est identifiée à la gauche, du fait de l’alliance politique entre les Verts et le Parti socialiste, analyse Michel Prieur, professeur de droit de l’environnement. Mais la production juridique en matière de protection de l’environnement a été, quantitativement et qualitativement, plus importante à droite. »

Le bilan des années Mitterrand et Jospin apparaît maigre, avec comme seuls textes majeurs les lois montagne et littoral (1985 et 1986). Géraud Guibert, le fondateur du pôle écologique du Parti socialiste, ne le nie pas. « La droite a su mieux marquer par des textes importants, estime l’élu. Je pense toujours que la gauche, qui est plus régulatrice, devrait être mieux placée sur ces questions, mais elle ne l’a pas encore démontré. »

Plusieurs facteurs relativisent toutefois l’avantage. Un bilan ne se limite pas au nombre de lois promulguées. La politique fiscale et budgétaire, l’application du droit sur le terrain, les tentatives de revenir sur des textes déjà votés, les mesures symboliques pèsent aussi, mais les comparaisons détaillées restent à faire.

Les politiques environnementales sont largement influencées par des facteurs extérieurs. « Le mouvement est impulsé par les Nations unies et l’Union européenne », estime M. Prieur. « 85 % de notre droit de l’environnement provient des politiques communautaires, souligne Arnaud Gossement, fondateur du Réseau environnement et droit. Et les deux camps ont traîné des pieds pour transposer les directives. »

Pour beaucoup d’observateurs, le facteur temps explique aussi le décalage. Le temps passé au pouvoir, mais aussi l’évolution des mentalités et de la sensibilité du public. « Entre le début des années 2000 et aujourd’hui, les époques ne sont pas comparables », estime Christophe Caresche, député PS de Paris, membre du pôle écologique. « Il faut reconnaître le culot et l’ambition de la démarche du Grenelle, juge Dominique Voynet, ministre (Verts) de l’environnement du gouvernement Jospin de 1997 à 2001. Mais il n’aurait pas pu avoir lieu il y a dix ans. Les esprits n’étaient pas prêts. » Il a été lancé en 2007, en pleine prise de conscience internationale de la gravité du changement climatique. Et après une campagne électorale marquée par la démarche de Nicolas Hulot, qui avait fait signer son pacte écologique à tous les candidats.

Mais les explications sont aussi politiques.  » Lionel Jospin Lire la suite

« Le Monde émergent (tome 1) », sous la direction d’Yves Charles Zarka : pour une philosophie de l’écologie

lemonde.fr, Roger-Pol Droit, le 7 juillet 2010

« Le Monde émergent (tome 1) », sous la direction d’Yves Charles Zarka : pour une philosophie de l’écologie

Nous sommes en train de changer de monde. Sans l’avoir voulu, sans le comprendre encore clairement. Sans le penser encore à la hauteur qui convient. Telles sont les convictions de départ qui ont donné naissance à un vaste programme de recherche du CNRS, en collaboration avec l’université Paris-Descartes (Sorbonne). L’objectif est pour le moins ambitieux : dresser un premier état des lieux de toutes les dimensions de la crise écologique dont la planète commence à prendre conscience.

Il ne s’agit pas seulement, on s’en doute, du réchauffement climatique, mais aussi de la fin des ressources énergétiques, des modifications de la biodiversité, de l’interdépendance entre les activités humaines et les équilibres du globe. Sans oublier les multiples mutations de nos comportements, de nos gestes quotidiens aussi bien que de nos horizons politiques. Ce « monde émergent » soulève donc quantité de questions économiques, sociales, politiques, que des problématiques philosophiques nouvelles doivent aborder.

Il ne faudra pas moins de trois volumes pour embrasser les lignes de force et les perspectives de ces changements en cours. Maître d’œuvre de cet ensemble original, le philosophe Yves Charles Zarka, qui dirige notamment la revue Cités, réunit dans ce premier tome onze contributions d’économistes, géographes, sociologues, juristes et philosophes.

Ces études portent sur les problèmes cruciaux qui se posent à présent dans l’espace social et politique. L’urgence écologique et le politique, les nouveaux territoires urbains, les cycles de vie des produits, la diversité des cultures et l’universalité de l’environnement, l’Europe et le développement durable figurent parmi les thèmes retenus.

Si la diversité des analyses et des objets d’étude interdit tout résumé laconique de l’ensemble, il saute aux yeux que ce livre devrait devenir une référence importante pour ceux que préoccupe le renouvellement de la réflexion qu’exige le basculement du monde. Car l’intérêt de ce vaste projet, on l’aura compris, n’est pas de proposer une prospective de plus, mais bien de contribuer à poser les questions de fond.

C’est pourquoi il s’intéresse notamment à l’impact politique des changements d’attitude envers la consommation et la production, et demande, par exemple, comment le passage à une société différente est possible sans détruire la démocratie.

Réflexion interdisciplinaire

Après ce volume consacré aux « Lieux », doivent paraître dans les mois à venir un volume sur les « Défis » et un troisième intitulé « Dénouement ». Outre cette trilogie collective, la collection Emergences, que ce volume inaugure, doit également accueillir un Manifeste sur l’urgence du Lire la suite

Paul Virilio: « La Terre est devenue trop petite pour le progrès. »

environnement.blogs.liberation.fr, Laure Noualhat, le 5 juillet 2010

Paul Virilio: « La Terre est devenue trop petite pour le progrès. »

Paul Virilio est un urbaniste d’origine devenu peu à peu sociologue et philosophe à force de penser inlassablement la vitesse. Depuis 1977, date à laquelle il a publié Vitesse et politique, essai sur la dromologie, il réfléchit à l’accélération du monde et à ses conséquences sur l’homme, l’économie, l’environnement, la géopolitique. L’urbaniste a travaillé sur la ville et son territoire. Très vite, il lie le territoire aux technologies qui permettent de le parcourir et de le contrôler. TGV, pigeon voyageur ou internet, avion ou minitel, qu’il s’agisse des techniques de communication ou des techniques de déplacement, le territoire est défini, selon lui, comme un espace-temps qui, finalement, rapetisse.

Dans L’administration de la peur, vous soutenez que la peur est un moyen de gouverner utilisé sans cesse.

Dans nos sociétés, depuis l’origine monarchique jusqu’à nos sociétés démocratiques, la peur fait partie des moyens de gouverner. On le voit bien avec les politiques sécuritaires actuelles. Le pouvoir de la peur domine le pouvoir de la reconnaissance du bien public. Dans ce livre, ce qui parle à travers moi, c’est ma génération qui constate que la même situation revient sans cesse, celle de la peur continuée par d’autres moyens, d’abord atomiques, puis terroristes et écologistes. Ainsi, je réactualise la maxime de Clausewitz selon laquelle «la politique est la guerre continuée par d’autres moyens». Non, la politique, c’est la peur continuée par d’autres moyens. Les trois peurs que j’évoque dans mon livre sont les suivantes: l’équilibre de la terreur, le déséquilibre de la terreur et la peur écologique. L’équilibre de la terreur a cessé avec la chute du mur de Berlin, laissant place au déquilibre de la terreur qui correspond au terrorisme qui peut survenir à tout instant, partout, à Londres, New York ou Madrid. Puis aujourd’hui, nous vivons la dernière grande peur: la peur écologique.

Equilibrer nature et homme, une nouvelle façon de gouverner par la peur?

Oui, l’écologie arrive après et il faut absolument éviter qu’elle conduise aux mêmes paniques. Après la forme interétatique de la guerre froide, la forme plus complexe du terrorisme, la peur écologique me rappelle le Lebensraum, cette notion géopolitique de l’espace vital. Je l’ai bien connue lorsque je travaillais en Allemagne où je voyais des pancartes qui signalaient des « forêts interdites aux Juifs ». L’espace vital niait la présence d’une frange de la population dans un lieu considéré comme sacré… Et bien l’idéologie de l’espace vital peut se superposer à l’idéologie de l’écologie aujourd’hui. Mais attention, je ne suis pas contre l’écologie, il est évident qu’il faut préserver notre lieu de vie. Je dis qu’il faut fse méfier énormément l’idéologie de cet espace qui nous manquerait.

Sans aller jusqu’à qualifier l’écologie d’idéologie totalitaire, pourquoi fait-elle si peur?

Nous sommes mortels et tout ce qui menace notre vie fait peur. Notre survie en tant qu’espèce devient notre grande peur. Il ne faut pas avoir peur, mais faire face car la peur fait partie des questions ancestrales. Dans la crise écologique actuelle, domaine extrême s’il en est, la tentation est grande de vouloir vaincre plutôt que convaincre. Il faut toujours refuser le globalitarisme écologique imposé par la peur parce que c’est toujours au nom du bien que l’on terrorise. En cela, les écologistes ont la tentation de gouverner par la peur. Mais je préfère vous convaincre que vous contraindre. Or, la conviction n’est pas la provocation de la peur, c’est Lire la suite

« Philosophie et écologie », ouvrage de Anne Dalsuet chez Gallimard

nonfiction.fr, Manola ANTONIOLI, le 1er juillet 2010

« Philosophie et écologie », ouvrage de Anne Dalsuet chez Gallimard

Résumé : Un ouvrage qui présente à un vaste public les enjeux éthiques et philosophiques des questions environnementales.

Dans un contexte planétaire marqué par le dérèglement climatique, la disparition de la biodiversité, les grandes catastrophes environnementales et la perspective de l’épuisement des ressources énergétiques, on commence à voir apparaître, depuis une quarantaine d’années, un vaste renouvellement conceptuel axé sur les multiples dimensions de l’urgence écologique. Dans le domaine philosophique, le souci de l’environnement dépasse largement les acquis de la science écologique et vise à repenser radicalement les échanges entre la nature, la culture et la technique, à poser un nouveau regard sur les environnements naturels, les environnements sociaux et les environnements techniques contemporains, au-delà de l’ambition exclusive de maîtrise et de domination de la nature qui s’est imposée en Occident au moins depuis la modernité. La réflexion philosophique peut proposer une alternative à l’approche dominante et purement technocratique des problèmes environnementaux et aider à concevoir une vision plus authentiquement démocratique des rapports entre les sociétés humaines et les environnements naturels. L’ouvrage d’Anne Dalsuet, qui a été conçu pour les classes de terminale mais qui s’adresse visiblement à un public plus large, constitue une excellente introduction à ce nouveau champ de la réflexion philosophique, notamment grâce aux analyses consacrées aux approches théoriques d’auteurs étrangers dont la pensée et les travaux ont été longtemps ignorés en France.

La nature en crise

L’ouverture de l’ouvrage (structuré selon six grandes « perspectives ») vise à définir les caractéristiques de la crise écologique contemporaine qui ne fait que traduire une crise plus profonde. S’appuyant sur l’excellent ouvrage d’Isabelle Stengers intitulé Au temps des catastrophes, résister à la barbarie qui vient  , Anne Dalsuet affirme en effet dès le début de sa réflexion que la crise écologique ne demande pas seulement des réponses scientifiques ou techniques (dans l’esprit du « Grenelle de l’environnement », du « développement durable » ou de la « croissance verte »), puisqu’elle implique également une crise morale, métaphysique, sociale et politique, dont il faudra constater l’ampleur et la gravité. Dans cette perspective, nous n’avons plus affaire à des problèmes isolés, puisque les catastrophes environnementales entraînent toujours des effets en cascade sur tous les êtres vivants et notamment « sur la manière même dont les hommes pourront “habiter” cette Terre, s’y nourrir, y travailler, s’y loger, s’y déplacer, s’y gouverner » (p. 8). Les limites de la planète et de ses ressources nous imposent désormais de repenser le rapport de l’homme à la technique : recourir au catastrophisme ou à la déploration mélancolique d’une nature perdue sont deux postures insuffisantes et politiquement dangereuses, qui nous empêchent de comprendre la portée authentiquement politique des questions environnementales.

Cette dimension essentielle du problème écologique est très présente dans les pages des « bilans » qui concluent le livre, où l’auteure interroge les perspectives d’une écologie politique, à la suite de Bruno Latour et de ses Politiques de la nature  . Les analyses de Latour, qui s’efforcent de modifier les termes classiques du débat en renouant différemment les liens entre sciences et politiques, sont ainsi définies « capitales, Lire la suite

Les syndicats se convertissent à la croissance verte

lemonde.fr, Rémi Barroux, le 28 juin 2010

Les syndicats se convertissent à la croissance verte

« Quand on réclame la fermeture d’une usine polluante, nous devons savoir quel impact cela aura sur l’emploi » a fait valoir le directeur international de Greenpeace lors du congrès international des syndicats à Vancouver.

Vancouver

Le syndicalisme international veut faire de la croissance verte un de ses combats. C’est le message fort du congrès de la Confédération syndicale internationale (CSI), qui s’est achevé vendredi 25 juin à Vancouver (Canada).

Manifestation la plus visible de cette évolution : le directeur international de Greenpeace, le Sud-Africain Kumi Naidoo, était présent au même titre que le directeur général de l’Organisation mondiale du commerce, Pascal Lamy, ou celui du Fonds monétaire international, Dominique Strauss-Kahn. « La CSI oeuvrera pour un travail décent dans le cadre d’une économie verte« , a déclaré l’Australienne Sharan Burrow, la nouvelle secrétaire générale de l’organisation, élue vendredi, en remplacement du Britannique Guy Rider. La CSI regroupe 311 organisations de travailleurs représentant 168 millions de membres dans 155 pays et territoires.

Le rapprochement entre les syndicats et le mouvement écologiste est récent. Chaque partie souligne les efforts mutuels qui ont été accomplis. « Les mouvements comme Greenpeace reconnaissent dorénavant que nos préoccupations en matière d’emplois et de salaires sont légitimes, explique Guy Rider. Il y a cinq ans, ils refusaient de nous entendre au motif que l’environnement devait être défendu quel qu’en soit le prix. »

Les écologistes assument cette mutation. « Pour ma part, j’ai toujours pensé qu’il fallait rapprocher les points de vue, malgré les tensions. Quand on réclame la fermeture d’une usine polluante, nous devons savoir quel impact cela aura sur l’emploi », fait valoir Kumi Naidoo. Greenpeace se bat pour l’abandon des énergies fossiles et prône la transition vers des sources d’énergies renouvelables sans oublier désormais de mettre en avant les emplois qui seront créés. Dans la dernière version, publiée en juin, de son document de référence sur la « révolution énergétique », l’Organisation non gouvernementale estime que d’ici à 2030, 12 millions d’emplois « verts » peuvent être créés.

Côté syndical, l’optimisme reste tempéré. « Dans les Asturies, les mines de charbon employaient 45 000 personnes. Aujourd’hui, il ne reste que 6 500 mineurs et nous n’avons pas trouvé d’activité de remplacement », constate Javier Doz, des Commissions ouvrières, la principale organisation syndicale espagnole. « Le secteur de la construction, pilier de la miraculeuse croissance espagnole qui s’est effondrée avec la crise, devrait être un des secteurs de cette transition vers l’économie verte. Mais nous attendons. », poursuit-il.

Comment marier croissance économique et développement durable ? « Petit à petit, notre réflexion syndicale, fondée sur l’analyse des rapports entre le capital et le travail, a intégré Lire la suite

Grenelle 2 : Les trames de bitume préférées aux trames vertes et bleues

fne.asso.fr, communiqué, le 18 juin 2010

Les trames de bitume préférées aux trames vertes et bleues

Le projet de loi Grenelle 2, examiné avant hier par les députés et sénateurs réunis en Commission mixte paritaire*, a été marqué par un affaiblissement important du poids juridique d’un de ses outils clefs : la trame verte et bleue. France Nature Environnement, la Ligue ROC, la Ligue pour la Protection des Oiseaux et la Fondation Nicolas Hulot pour la Nature et l’Homme dénoncent ce recul par rapport au vote en séance.

Les trames de bitume préférées aux trames vertes et bleues par la Commission mixte paritaire

La trame verte et bleue (TVB) est un des outils-clés du projet de loi Grenelle 2 pour rétablir un bon état de biodiversité. Elle doit permettre la préservation et la restauration d’un maillage d’espaces et de milieux vitaux pour la faune et la flore sauvages, contribuant ainsi à l’équilibre des territoires pour le bénéfice de tous. Or, la portée juridique de cet outil a été affaiblie par la Commission mixte paritaire qui s’est réunie le mercredi 16 juin et qui rassemblait sept députés et sept sénateurs.

En effet, les parlementaires ont supprimé la disposition du projet de loi retranscrivant un des engagements du Grenelle qui prévoyait que les infrastructures linéaires de l’Etat devaient être compatibles avec le schéma régional de cohérence écologique, outil de mise en œuvre de la TVB en région. Cette disposition aurait grandement contribué à la mise en place cohérente de la TVB sur l’ensemble du territoire. En effet, l’obligation de compatibilité signifiait que la construction d’une ligne à grande vitesse ou d’une autoroute aurait du respecter les continuités écologiques.

On pouvait, ainsi, espérer une évolution dans la manière de concevoir les infrastructures afin de mieux respecter la biodiversité et ainsi contribuer à répondre à l’article 1er de la loi Grenelle 1 qui prévoit que « pour les décisions publiques susceptibles d’avoir une incidence significative sur l’environnement, les procédures de décision seront révisées pour privilégier les solutions respectueuses de l’environnement en apportant la preuve qu’une décision alternative plus favorable à l’environnement est impossible à un coût raisonnable ».

Députés et sénateurs de la CMP ont donc amoindri, sur cet aspect, la capacité de la loi Grenelle 2 à traduire la loi grenelle 1.

Un recul très regrettable juste avant le vote définitif de la loi Grenelle 2.

France Nature Environnement, la Ligue ROC, la Ligue pour la Protection des Oiseaux et la Fondation Nicolas Hulot pour la Nature et l’Homme dénoncent ce recul de la Commission mixte paritaire par rapport au vote en séance.

Alors que 2010 est l’Année internationale de la biodiversité, nos organisations regrettent que Lire la suite

Landes Environnement Attitude (LEA) et LGV : Maintenir la vigilance

sudouest.fr, Axelle Maquin-Roy, le 14 juin 2010

Maintenir la vigilance

L’association de Landiras s’est fixée pour mission cette année de poursuivre les actions contre les LGV. Et de promouvoir le territoire, si le dossier LGV leur en laisse le temps.

Les statuts de Landes Environnement Attitude (LEA) n’ont de cesse de le rappeler : l’objet de l’association est de « promouvoir en toute indépendance, dans les landes girondines, tout ce qui touche à la protection de l’environnement au quotidien ». À l’heure de l’assemblée générale annuelle, force est de constater pour les membres du bureau que l’action de l’année 2009 aura essentiellement été de défendre le territoire, plus que de le promouvoir. Un regret pour Denise Cassou qui ne cache pas que « c’est assez épuisant » de porter cette bataille contre les LGV.

Quatre à l’action

Car si l’association compte une soixantaine d’adhérents, les actions de l’année auront été coordonnées par les quatre seuls membres du conseil d’administration, composant également le bureau. Denise Cassou, présidente, Dominique Orgeron et Annie Descot, secrétaires et Monique Dubos, trésorière, ont été rejointes à l’issue de cette assemblée par Raymonde Vandamme.

Reste qu’à elles quatre, elles auront permis à LEA d’occuper le devant de la scène dans ce dossier européen qu’est GPSO, et ses deux lignes vers Toulouse et l’Espagne. Si l’action la plus percutante de LEA a été la manifestation organisée en novembre à Langon et ayant rassemblé quelque 3 000 personnes opposées aux LGV, Dominique Orgeron rapporte également que la présidente « a aidé à la constitution d’associations dans d’autres départements » et animé un nombre important de réunions d’informations sur ce même dossier, parfois à la demande d’élus. L’action de LEA a également été capitale au sein de la coordination Vigilance LGV, initiatrice d’une pétition ayant à ce jour recueilli quelque 6 000 signatures. « On a fait un tel battage que l’info est remontée à Paris », sourit avec une certaine fierté le bureau dont l’une des secrétaires fut, il y a peu, l’objet d’un reportage télévisé.

Mais le combat qui oppose LEA à GPSO est loin d’être emporté. Les orientations pour cette année, certes déjà bien entamée, seront d’autant plus capitales que le dossier montre, aux dires de l’association, certaines failles. « Alors que l’actualité nous fournit des arguments supplémentaires à l’opposition », souligne Denise Cassou. Et le bureau de développer à la vingtaine de membres présents : « Les fréquentations qui ne sont pas annoncées à l’équilibre » ; « le retrait de la commission permanente du 26 juin (NDLR au Conseil régional) du protocole de financement, qui montre bien la fragilité du dossier encore à l’étape de négociations » ; et plus récemment « l’avis d’économistes et de spécialistes des infrastructures qui laissent penser que les LGV ne sont plus au goût du jour de par leur aspect déficitaire ».

Contexte économique

Cette dernière donnée est d’autant plus tangible pour LEA que les problèmes économiques de l’Espagne laissent augurer un possible désengagement. De quoi remettre en question une partie du projet dans sa dimension européenne, alors même que la situation financière de la France Lire la suite

Pour une politique agricole saine, durable, juste et solidaire

bastamag.net, Rédaction, le 18 juin 2010

Pour une politique agricole saine, durable, juste et solidaire

Les négociations sur la réforme de la Politique agricole commune en 2013 ont commencé. 334 organisations européennes appellent à « attaquer de front la PAC actuelle ». Il est temps, selon elles, que la population européenne se réapproprie véritablement sa politique agricole et alimentaire. Un appel pour que cette réforme marque un tournant vers une réelle « agriculture paysanne », juste et solidaire.

Nous représentons une grande diversité d’organisations – voir liste ci-dessous- qui sont inquiètes de l’avenir de l’alimentation et de l’agriculture en Europe. Comme dans d’autres régions du monde, de plus en plus de personnes militent pour système alimentaire durable, plus équitable et plus participatif. Nombreuses d’entre elles sont engagées activement dans la construction d’une alternative viable aux mécanismes actuels de production, distribution et consommation alimentaire- et ce depuis la base. Ce nouveau système de production alimentaire et d’agriculture est résolument bâti sur un certain nombre de fondamentaux : l’équité, le droit universel à l’alimentation, la démocratie et la transparence.

A travers l’Europe, de nombreuses activités se développent dans ce sens, comme par exemple la production locale d’aliments, les marchés de proximité, les réseaux d’approvisionnement locaux, les échanges de semences etc. En outre, de nouveaux mouvements émergent, comme les « Villes en transition » (Transition Towns), les zones libres d’OGM, tandis que les débats organisés au niveau local et national sur les politiques alimentaires démontrent un intérêt et un soutien croissant de la population pour une autre forme d’alimentation et d’agriculture.

Cependant les actions à la base et les seuls mouvements locaux ne suffisent pas. Nous pensons qu’il est temps de construire une large coalition de mouvements au niveau européen afin d’attaquer de front la PAC actuelle (Politique Agricole Commune) ainsi que les projets de la Commission européenne et de nos gouvernements pour le renouvellement de la PAC en 2013. Leur vision de l’avenir est de maintenir , comme objectif principal de cette PAC, la « compétitivité » mondiale de l’ industrie agro-alimentaire européenne. Or c’est maintenant que démarre le processus politique pour la définition de la nouvelle PAC 2013. Nous pensons qu’un message fort doit être envoyé aux législateurs, pas seulement à ceux qui décident des politiques européennes mais aussi dans nos propres pays, afin de leur expliquer notre vision d’une PAC qui soit compatible avec les défis du 21ème siècle.

Nous avons élaboré une Déclaration alimentaire européenne : « Pour une Politique Agricole et Alimentaire Commune saine, durable, juste et solidaire ». Elle décrit les lignes directrices dont nous pensons qu’elles doivent former la base des objectifs de la PAC pour les décennies à venir. Nous invitons autant d’organisations, groupes et individus que possible à signer cette déclaration et à s’en servir comme un outil pour amorcer le débat sur le type de politique alimentaire et agricole dont nous avons besoin. Nous vous demandons également de faire suivre cette déclaration à d’autres groupes de base, organisations de la société civile, associations travaillant dans le domaine environnemental et alimentaire, engagés dans la construction d’un meilleur système alimentaire.

Cette déclaration est la première étape dans notre effort pour Lire la suite

Développer les filières courtes d’écomatériaux – Guide à destination des collectivités territoriales

amisdelaterre.org, Cyrielle Den Hartigh, communiqué, le 3 juin 2010,

Développer les filières courtes d’écomatériaux – Guide à destination des collectivités territoriales

Les Amis de la Terre publient un nouveau guide sur le développement des écomatériaux, avec le soutien de plusieurs associations de collectivités territoriales. Y sont proposées des pistes d’actions pour soutenir l’émergence de filières locales d’écomatériaux et leur utilisation dans les constructions et réhabilitations de bâtiments : soutien aux professionnels, aides aux particuliers, sensibilisation, information, politiques d’achats publics notamment.

Le dernier projet de loi Grenelle 2, qui doit encore passer en commission mixte paritaire, aborde du bout des lèvres la question des écomatériaux dans ses articles 4 et 71. Aucune mesure concrète n’y est proposée qui pourrait réellement soutenir le développement des écomatériaux dans la construction et la réhabilitation des bâtiments. La seule réelle avancée est que le mot « écomatériaux » existe maintenant dans un texte ayant une valeur juridique. En savoir plus.

Pour Martine Laplante, Présidente des Amis de la Terre, « Les solutions sont dans les territoires : initiatives citoyennes, associations locales, actions des collectivités territoriales. Nous ne pouvons pas attendre que les solutions viennent des avancées législatives. Nous mettons donc toute notre énergie dans le soutien à ces initiatives locales, respectueuses de l’environnement et intégrées dans un développement social au bénéfice de tous. »

Bois, paille, chanvre, lin… les écomatériaux font de plus en plus parler d’eux. Mais il est encore complexe de se les approprier et des les utiliser sans information adéquate ou ressources financières suffisantes. Le guide Développer les filières courtes d’écomatériaux (1) donne des clefs aux collectivités territoriales pour soutenir l’émergence et la structuration de filières locales d’écomatériaux pour les constructions et rénovations de bâtiments.

Exemples concrets et explications pratiques sont détaillés pour les thèmes suivants :

– Le soutien aux acteurs professionnels ;

– Les incitations à l’amélioration de l’habitat ciblées sur l’utilisation des écomatériaux ;

– Les achats publics et l’utilisation des écomatériaux par les collectivités territoriales ;

– L’information et la sensibilisation du grand public et des professionnels ;

– La structuration et le soutien aux filières courtes d’écomatériaux.

« Pour les collectivités territoriales engagées sur des chantiers publics respectueux de l’environnement, les écomatériaux constituent un outil stratégique et incontournable, développe Cyrielle den Hartigh, chargée de campagne Habitat Écologique aux Amis de la Terre. Parce qu’ils sont susceptibles d’apporter des Lire la suite

Un réseau mondial sur la biodiversité va être créé

lemonde.fr, Laurence Caramel, le 12 juin 2010

Un réseau mondial sur la biodiversité va être créé

Un grand pas a été franchi, vendredi 11 juin, vers la création d’un réseau mondial d’expertise sur la biodiversité, à l’image de ce qui existe depuis 1988 pour le climat à travers le Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (GIEC). A l’issue de cinq jours de négociations, quelque 90 Etats, réunis à Pusan (Corée du Sud) sous l’égide des Nations unies, ont adopté à l’unanimité une recommandation favorable à la création d’une Plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES en anglais).

Le faire-part de naissance ne pourra cependant être publié qu’après l’adoption de cette recommandation par l’Assemblée générale des Nations unies, en septembre, à New York. Si le risque de rejet ne peut être exclu, il semble cependant très mince aux yeux des négociateurs qui, depuis cinq ans, bataillent pour que la préservation de la biodiversité planétaire, l’autre grand défi environnemental de ce siècle avec le changement climatique, puisse être appréhendée à partir des connaissances scientifiques les plus incontestables.

L’idée de cette plateforme, dont l’ambition est d’éclairer les décisions que doivent prendre les gouvernements à un moment où la nature disparaît à un rythme sans précédent dans l’histoire de l’humanité, est née en 2005, après la publication de l’Evaluation des écosystèmes pour le millénaire.

Ce rapport, réalisé sous l’égide des Nations unies grâce aux contributions de près de 1 400 scientifiques, offrait une vision globale et ô combien inquiétante de l’état des ressources naturelles dont dépendent les sociétés humaines pour leur survie : effondrement des stocks halieutiques, mortalité élevée des récifs coralliens, destruction des grandes forêts tropicales…

La France a été un des premiers pays – et pendant quelques années le seul – à défendre cette idée d’un GIEC de la biodiversité, avant que le Programme des nations unies pour l’environnement (PNUE) n’endosse en 2008 le projet et ne réussisse à convaincre les plus réticents. Vendredi à Pusan, la délégation française ne cachait pas sa joie : « La communauté internationale a pris conscience que la préservation de la biodiversité est une pièce indispensable du bien-être de l’humanité », se félicitait Claude-Anne Gauthier de la Fondation pour la recherche sur la biodiversité.

L’IPBES, comme le GIEC, sera donc une organisation intergouvernementale dont la mission première sera de fournir aux gouvernements des évaluations et des scénarios sur l’évolution à venir de la biodiversité mondiale. Les pays en développement, où se concentre la plus grande diversité naturelle, ont cependant exigé d’encadrer étroitement le mandat des scientifiques, afin que l’IPBES ne joue pas les donneuses de leçon à l’égard d’Etats peu respectueux de leur patrimoine naturel.

Le Brésil et la Chine se sont ainsi montrés particulièrement offensifs dans la défense de ce qu’ils considèrent comme relevant de la souveraineté nationale : l’IPBES ne pourra ainsi faire aucune recommandation de politique publique. De même, la feuille de route des scientifiques devra être approuvée par Lire la suite

Histoires d’eau sur l’A 65 – Les travaux auraient entamé le réservoir du miocène

sudouest.com, Jean-Denis Renard, le 14 juin 2010

Histoires d’eau sur l’A 65

La couche du miocène a-t-elle été entamée lors du chantier ? La polémique reprend.

Au cours de l’hiver, la Sepanso, association de protection de l’environnement, s’est étonnée de la quantité d’eau sur le chantier à hauteur de Bazas. archives olivier escots

La couche géologique du miocène va finir par gagner une vraie renommée. Généralement située entre 20 et 150 mètres sous le sol girondin, épaisse de 30 mètres, elle recèle une des ressources en eau les plus précieuses du département : la nappe captive du miocène, qui alimente les réseaux d’eau potable, surtout dans le Sud-Gironde où elle affleure par endroits.

Visée au Sage (Schéma d’aménagement et de gestion des eaux) « nappes profondes » du département, cette nappe est protégée. L’arrêté de mars 2008 qui autorise la réalisation de l’autoroute A 65 par la société A’lienor en souligne l’importance, en indiquant qu’aucun prélèvement ne saurait y être toléré dans le cadre des travaux. C’est tout l’objet du litige qui oppose depuis deux mois la Sepanso, association de protection de l’environnement, à A’lienor et à la préfecture de la Gironde. Au cours de l’hiver, la Sepanso s’est étonnée de la quantité d’eau sur le chantier à hauteur de Bazas. En furetant sur les lieux, elle a acquis la conviction que les équipes avaient décaissé trop profondément et qu’elles avaient entamé le réservoir du miocène, qui affleurerait à cet endroit-là. Ce qui provoquerait des résurgences permanentes. « Ils ont créé des sources », résume Philippe Barbedienne, le directeur de la Sepanso.

A’lienor a immédiatement balayé ces soupçons. Dans nos colonnes, Olivier de Guinaumont, le patron d’A’lienor, soutenait ainsi que l’eau qui imbibait le chantier à Bazas provenait du ruissellement et non d’une nappe profonde (notre édition du 3 avril). Il était bien aidé en cela par la préfecture d’Aquitaine qui, quelques jours plus tard, se fendait d’un communiqué affirmant que les travaux d’aménagement n’avaient pas intercepté la nappe du miocène « mais la nappe superficielle des sables, comme prévu dans le dossier loi sur l’eau présenté par A’lienor ». Cette dernière n’est pas protégée par le Sage.

Changement de vocabulaire

La Sepanso se montre très pugnace sur le sujet. Elle a les compétences pour. À titre d’exemple, elle compte dans ses rangs Gilbert Le Pochat, un géologue retraité du BRGM (Bureau de recherches géologiques et minières). « Je dois avoir 10 kilos de roches collectées sur le chantier, des calcaires coquilliers caractéristiques du miocène. A’lienor a aussi posé des drains au fond. La seule explication plausible, c’est que les eaux remontent d’en bas sous la pression de la nappe. Si c’était de l’eau de ruissellement, des fossés latéraux suffiraient », appuie Philippe Barbedienne. Sûre de son fait, la Sepanso a demandé à Dominique Schmitt, le préfet d’Aquitaine, d’associer ses propres experts à l’enquête.

La préfecture a refusé mais elle a quelque peu changé de vocabulaire. Le mois dernier, dans un nouveau courrier à la Sepanso, elle avançait que les prélèvements « étaient réalisés majoritairement dans la nappe des sables ». La nouveauté vient du « majoritairement »… La préfecture évoquait aussi Lire la suite

Un éco-hameau à Captieux en Sud-Gironde – Il reste de la place pour quelques familles !

adiu.fr, site, mai 2010

Un éco-hameau en Sud-Gironde – Il reste de la place pour quelques familles !

11 mai 2010 Enfin du neuf !

Nous attendions la réponse de la DDE quant à son positionnement par rapport à ce projet. Il est favorable à condition que la surface globale constructible soit réduite. La surface totale de la location par la commune reste la même (environ 5 hectares) mais la partie constructible sera au maximum de 3000m², d’un seul tenant, pour l’ensemble du projet (10 habitations maxi et parties collectives).

Il faudra donc envisager l’habitat de façon plus regroupée. Une des conséquences positives est d’aller plus loin dans l’aspect écologique : moins d’emprise, distribution des réseaux plus courte, chauffage collectif envisageable, etc. Pour l’aspect social, il faudra que nous soyons suffisamment créatifs pour inventer un lieu à la fois ouvert sur les autres, et respectueux de l’intimité.

A nous maintenant de recréer rapidement un groupe prêt à affronter la dernière ligne droite, alors si vous z’avez même pas peur, téléphonez à Hubert au 05 56 65 25 17.

19 janvier 2010 DDE

Nous sommes en discussion actuellement avec la DDE quant aux lieux et la faisabilité du projet. Nous devons travailler en parallèle sur les questions juridiques et légales, sur le fonctionnement du groupe et sur les deux autres volets (éducatif et social) ; pas de quoi s’ennuyer ! Nous sommes 5 foyers, le groupe est toujours ouvert… pendant les travaux.

15 septembre 2009 Nous partîmes 500…

Le projet d’éco-hameau en Sud gironde se poursuit. Nous sommes en phase de constitution du groupe d’habitants depuis fin juin. Nous avons à la date d’aujourd’hui une trentaine de contacts parmi lesquels 5 ou 6 foyers très intéressés. Bienvenue à toute personne souhaitant participer au projet (nous nous fixons la fin de l’année 2009 comme date butoir).

1 juillet 2009 Quelques précisons :

– le lieu se nomme Marahan, au Nord-Ouest de la commune de Captieux, au bord de la Gouaneyre… Une vue d’avion est disponible ici (Géoportail) ; plus de détails très bientôt

21 mai 2009 Champagne !

Le conseil municipal d’une commune du Sud Gironde a voté (le 29 avril) pour l’accompagnement de notre projet d’éco-hameau :

– sur un terrain communal forestier d’environ 5ha

– dans des parcelles forestières de Lire la suite

Transition vers une « prospérité sans croissance »?

transitioneconomique.blogspot.com, Christian Arnsperger, le 11 juin 2010

Transition vers une « prospérité sans croissance »?

L’ouvrage de Tim Jackson, Prosperity Without Growth (Earthscan, Londres, 2009), récemment traduit en français sous le titre Prospérité sans croissance (De Boeck & Etopia, Bruxelles, 2010), est un jalon très important dans la réflexion sur l’écologie politique. Il sera incontournable, à l’avenir, dans tous les débats sur les orientations à donner à nos économies et à nos sociétés dans une perspective de transition. (Le sous-titre français, d’ailleurs, est « La transition vers une économie durable », reprenant celui du rapport préalable de la Sustainable Development Commission qui a servi de base pour le livre.)

Jackson offre une analyse remarquable du contexte dans lequel se posent actuellement les enjeux de la transition: une logique de la dette écologique et économique, impulsée par un impératif de croissance perpétuelle, lui-même ancré dans un consumérisme basé sur la quête effrénée de la nouveauté, au sein d’un monde social où le « langage des biens matériels » prédomine comme moyen de communication entre les gens. Il explique aussi (dans un vocabulaire très clair, qui est l’une des vertus constantes de l’ouvrage) pourquoi il est absurde de vouloir invoquer la notion de « déconnexion » comme solution aux enjeux du changement climatique et de la rareté des ressources. En effet, cela revient à terme à croire que l’on pourra maintenir, voire dépasser, les rythmes actuels d’accumulation en utilisant des flux de ressources énergétiques sans cesse réduits. L’auteur démontre, preuves chiffrées à l’appui (et le degré de documentation statistique de son travail est impressionnant à travers tout son livre), que les chances d’une telle « déconnexion absolue » sont quasiment nulles. Jackson ne nie pas — loin de là — l’importance des progrès technologiques dans le combat environnemental, mais il ferme définitivement (et salutairement) la porte aux fantasmes d’un « productivisme de l’immatériel » qui voudrait que l’on puisse, un jour, produire tous les biens demandés par les consommateurs avec un grain de sable, à la faveur d’une technologie hyper-performante.

Il faudra donc inéluctablement, selon Jackson, en venir à réduire nos rythmes de consommation, et donc de production. Sans toutefois devenir un adversaire dogmatique de la croissance, car notre auteur — en grand pragmatique qu’il semble être — n’utilise jamais le mot « décroissance ». L’expression, en effet plus heureuse, de « prospérité sans croissance » lui permet de ménager la chèvre et le chou: il faut des limites à l’émission de polluants (dont le CO2), mais pas nécessairement un changement radical de rapport à la nature; il faut des investissements « verts » à rentabilité réduite, mais pas nécessairement un abandon de la logique financière en tant que telle; il faut abandonner l’obsession de la productivité du travail, mais pas dans tous les secteurs (car il reste des secteurs où être plus productif restera un impératif), et il ne faut certainement pas contester la logique du salariat comme telle; il faut mettre en question les causes sociales du consumérisme (langage des biens matériels, course au statut social, compulsion de la nouveauté), mais il ne s’agit pas de questionner la « nature humaine ».

Plus généralement, si l’économie de marché contient certes en germes des problèmes qui nous poussent à rechercher la croissance à tout prix, aux yeux de Jackson rien ne nous oblige à lier nécessairement croissance et capitalisme. (Il s’oppose, en cela, notamment à Richard Douthwaite dans son ouvrage The Growth Illusion, selon qui la structure même de l’endettement bancaire dans le capitalisme impulse un impératif absolu de croissance.) De sorte que la question de l’anti-capitalisme et du post-capitalisme est évacuée par l’auteur en deux coups de cuillères à pot. La société sans croissance sera-t-elle capitaliste ou non? Ce n’est pas important à ses yeux. Seules comptent Lire la suite

Les éco-quartiers : de la philosophie à l’usage ; quelques retours d’expérience – Conférence-débat le lundi 14 juin à 18h30 à Floirac

Université populaire de l’environnement, communiqué, le 8 juin 2010

Hauts-de-Garonne Développement et la Maison de la Nature et de l’Environnement Bordeaux-Aquitaine, vous invitent dans le cadre de la 5ème édition de la Quinzaine de l’éco construction qui se tiendra du 14 au 25 juin à Floirac et de l’Université Populaire de l’Environnement, à participer à une conférence-débat

Les éco-quartiers : de la philosophie à l’usage ; quelques retours d’expérience

Lundi 14 juin à 18h30 au Centre d’innovation et de formation (CIF) Avenue Jean Alfonséa à Floirac

Avec la participation de :

Grace Yepez-Salmon

Architecte et urbaniste à NOBATEK

Centre de ressources régional dans les domaines de l’aménagement et de la construction durables http://www.nobatek.com/structure.html

Jean-Marc Gancille

Directeur du développement durable du groupe Evolution

En charge du projet Darwin à Bordeaux, 20.000 m² d’entreprises éco-innovantes, d’associations culturelles… http://www.projetdarwin.eu/

Piou Lacoste

Architecte, membre du bureau de l’association H’Nord

Projet d’écoquartier en coopérative d’habitants à Bordeaux 

http://www.hnord.org/doku.php?id=accueil

Pour accéder au CIF http://www.hdgdev.com/contact.php

L’urbanisme des 50 dernières années a vu s’effacer les quartiers des villes denses, au profit de blocs d’appartements et de pavillons éparpillés sur le territoire au milieu de raccordements routiers. Sur cette période, les villes européennes se sont étendues en moyenne de 78 % alors que les populations ne grossissaient que de 33 %. Les conséquences de ce manque total de maîtrise des sols sont aussi graves que peu connues : perte de précieuses terres fertiles, allongement des distances provoquant une explosion du trafic automobile, de la consommation d’énergie fossile et donc du CO2 responsable du changement climatique.

L’utilisation d’énergie pour le logement, la mobilité et l’alimentation représente 70 à 80 % de l’impact écologique de la consommation des personnes. La marée noire dans le golfe du Mexique comme le désastre écologique des pétroles bitumineux, sont symboliques d’un pétrole de plus en plus difficile à extraire. L’énergie va fortement augmenter dans les prochaines années.

C’est dans ce contexte que l’écoquartier cristallise une énorme attention. C’est vrai aussi bien dans des initiatives citoyennes qu’au sein des Lire la suite

Dossier VertigO : Ethique et Environnement à l’aube du 21ème siècle : la crise écologique implique-t-elle une nouvelle éthique environnementale ?

vertigo.revues.org, juin 2010

VertigO – La revue électronique en sciences de l’environnement –

Parution du Vol10 N°1

Dossier : Ethique et Environnement à l’aube du 21ème siècle : la crise écologique implique-t-elle une nouvelle éthique environnementale ?

L’équipe de rédaction de [VertigO] – La revue électronique en sciences de l’environnement est fière de lancer son Vol10 N° 1.

L’éthique de l’environnement apparait comme une caractéristique principale des sciences de l’environnement, la démarquant de l’écologie, des sciences de la terre et de l’atmosphère ou de la géographie. Dans leur ouvrage, « Deliberative Environmental Politics: Democracy and Ecological Rationality » publié en 2005, les chercheurs Baber et Bartlet stipulent que l’éthique est la base même des questions environnementales. En effet, l’éthique de l’environnement doit répondre de manière pertinente à la façon dont les humains et la société font face aux problèmes environnementaux. Ce dossier de [VertigO] – la revue électronique en sciences de l’environnement publie des textes abordant ce défi par des réflexions théoriques ou appliquées.

Ce dossier regroupe 13 textes touchant tout autant l’éthique du paysage, l’éthique économique, l’éthique environnementale de la gestion des ressources que l’étique de la gouvernance. Il a été coordonné par quatre rédacteurs (trices) associés (es) soit, Sylvie Ferrari (Université Bordeaux 4), Jean-Yves Goffi (Université de Grenoble), Marie-Hélène Parizeau (Université Laval) et Jean-Philippe Pierron (Université Lyon 3).

Pour consulter le dossier : http://vertigo.revues.org/9383

Ce numéro inclut aussi deux textes dans la section courante de la revue soit les textes d’A. Torre et al. d’AgroParistech et de l’INRA s’intitulant Comment évaluer et mesurer la conflictualité liée aux usages de l’espace ? Eléments de méthode et de repérage (http://vertigo.revues.org/9590) et celui de P. Pigeon de l’Université de Savoie qui porte sur les risques naturels et leurs évaluations (http://vertigo.revues.org/9491)

Les textes sont consultables à partir de la page d’accueil de la revue : http://vertigo.revues.org ou à http://vertigo.revues.org/9383

[VertigO] La revue électronique en  sciences de l’environnement est soutenue notamment par Lire la suite

Marée noire : un avertissement

cyberpresse.ca, Kenneth Rogoff, le 4 juin 2010

L’auteur est un ancien économiste en chef du Fonds monétaire international. Il est actuellement professeur d’économie et de sciences politiques à l’Université de Harvard.

Marée noire : un avertissement

La marée noire de BP – parlez-en aux résidents de la Louisiane – est l’avertissement dont les sociétés occidentales ont besoin pour les inciter à repenser leur dépendance à l’égard d’une innovation technologique de plus en plus rapide destinée à soutenir une consommation pétrolière toujours à la hausse.

Alors que la plateforme endommagée de BP laisse échapper des millions de litres de pétrole des profondeurs du golfe du Mexique, la priorité est de parvenir à arrêter ce désastre environnemental qui prend des proportions catastrophiques. Espérons que l’on va pouvoir bientôt contenir la fuite et que les prévisions les plus funestes ne se réaliseront pas.

Cette catastrophe soulève cependant un problème fondamental quant à la manière dont les sociétés modernes réagissent face aux technologies complexes. Le rythme de plus en plus rapide de l’innovation semble dépasser la capacité de l’État à établir une réglementation et des contrôles adaptés aux risques qu’elles présentent, et encore plus à les anticiper.

Faire le parallèle entre la fuite de pétrole et la récente crise financière revient à tourner le couteau dans la plaie: la promesse d’innovation, une complexité difficilement gérable et le manque de transparence (les scientifiques disent que l’on ne sait pas grand-chose de ce qui se passe dans les profondeurs océaniques). Des lobbies disposant de moyens financiers considérables et politiquement très influents exercent une pression énorme sur la structure de gouvernance, aussi résistante soit-elle. Il est très embarrassant pour le président Obama d’avoir proposé – il est vrai sous la pression de l’opposition républicaine – d’accroître fortement les forages en mer peu avant la catastrophe de la plateforme pétrolière.

Le développement de la technologie pétrolière, comme celle des instruments financiers exotiques, forçait l’attention et entraînait l’adhésion. Les dirigeants des compagnies pétrolières se vantaient de pouvoir forer jusqu’à deux kilomètres en profondeur puis un kilomètre à l’horizontale pour atteindre leur cible presque au mètre près. Soudain, au lieu du «pic du pétrole» dû à des ressources de plus en plus rares qui se profilaient à l’horizon, la technologie offrait la promesse de ressources suffisantes pour encore une génération.

Les dirigeants occidentaux y étaient d’autant plus sensibles en raison des préoccupations liées à la stabilité des approvisionnements en provenance du Moyen-Orient qui compte pour une grande proportion des réserves prouvées de la planète. Certains pays en développement, notamment le Brésil, ont découvert un énorme potentiel de richesses offshore.

Maintenant les paris sont clos. Aux États-Unis, le forage offshore va sans doute suivre la voie des centrales nucléaires, avec la mise au rancart des nouveaux projets pour des dizaines d’années. Et comme c’est souvent le cas, une crise qui survient dans un pays peut atteindre une dimension Lire la suite

Les OGM en question : Christian Vélot samedi 5 juin à 17h00 à La Réole

sudouest.com, PC, le 2 juin 2010

Les OGM en question

Les OGM (Organismes génétiquement modifiés) aux multiples facettes et aux multiples domaines sont-ils amis ou ennemis de l’homme et de son environnement ? Pour explorer ce vaste sujet, la commission « développement économique » de la municipalité a invité Christian Vélot, docteur en biologie et maître de conférence en génétique moléculaire.

Responsable d’une équipe de recherche à l’Institut de génétique et microbiologie d’Orsay, Christian Vélot anime des conférences sur le thème des OGM qui attirent les citoyens, spécialistes ou non, professionnels ou non, désireux d’avoir une vision raisonnée de ces organismes. Une occasion de pouvoir débattre de la légitimité de la prolifération des OGM, et mener une réflexion sur l’importance de la biodiversité, les modes de culture et leur impact environnemental et sanitaire. Et aussi de s’interroger sur nos attitudes de consommateurs. Lire la suite

La marée noire dans le golfe du Mexique : Un Tchernobyl américain ?

ledevoir.com, François Brousseau, le 31 mai 2010 

Un Tchernobyl américain

Depuis maintenant six semaines, le golfe du Mexique, vaste mer intérieure nourricière des États-Unis, saigne depuis ses profondeurs et se souille peut-être jusqu’à l’irréparable.

Depuis une vingtaine d’années, on nous prophétise un désastre environnemental venu du ciel et de l’atmosphère. Mais dans la vie, rien ne se produit jamais comme on l’attend: c’est aujourd’hui du fond de l’océan, par un viol de main humaine inspiré par la voracité énergétique, que le malheur arrive.

L’échec, ce week-end, d’une nouvelle tentative de colmatage de la fuite de la plate-forme Deepwater Horizon — un nom faussement prophétique — laisse maintenant entrevoir des mois supplémentaires de fuite purulente et de catastrophe démultipliée.

Crise écologique, crise économique : la catastrophe de l’environnement s’est vite doublée, dans plusieurs États du sud, d’un désastre économique local et régional. Des dizaines de milliers de personnes ont vu leur gagne-pain disparaître sous une repoussante glu d’hydrocarbures.

Crise politique aussi. Il est ironique que dans ce pays qui a érigé en religion la détestation de Washington, de l’administration et des pouvoirs publics, on crie maintenant — y compris parmi cette droite pro-business et antigouvernementale qui se découvre écologique — «Mais que fait donc le gouvernement?».

C’est qu’aux États-Unis, curieusement, on hait le gouvernement fédéral en même temps que l’on idéalise la fonction présidentielle et sa puissance supposée (comme dans la stupide expression «l’homme le plus puissant du monde»). D’où ces demandes d’intervention adressées à un deus ex machina que Barack Obama n’a jamais été et ne sera jamais.

Dans ce pays qui se réfère toujours à sa propre histoire et rarement à celle des autres, un mot est sur toutes les lèvres pour désigner la calamité qui menace maintenant Barack Obama : Katrina.

Katrina, du nom de cet ouragan qui avait ravagé La Nouvelle-Orléans en août 2005. Katrina ou l’incompétence, l’autisme d’une administration — l’administration Bush — envers les petites gens aux vies disloquées. Katrina ou le choix politique de laisser-faire, de temporiser. Katrina ou la fin piteuse d’un président incapable.

L’actuel président reçoit depuis deux semaines le même genre de reproches. S’il est vrai que le Barack Obama cérébral et analytique a paru quelque peu décalé devant le drame, s’il a mis trop de temps à mesurer la véritable dimension de la crise, la comparaison avec Katrina est injuste.

La catastrophe du golfe du Mexique a certes de lointaines causes politiques. On a laissé agir à leur guise les sociétés pétrolières. On a distribué les permis de creuser aux petits copains. On a laissé faire des opérations extrêmes comme Deepwater Horizon dans des eaux poissonneuses, à 60 km de côtes densément peuplées.

Mais à partir du moment où la plate-forme explose, et qu’un problème technique se pose — et un seul —, que peut le président ?

Une meilleure gestion de crise dans l’ordre symbolique (déclarations outragées, visites plus fréquentes sur les lieux, injonctions à la haute administration et à la compagnie pétrolière coupable, voire prise en charge directe des opérations par l’armée américaine…) n’aurait sans doute pas changé grand-chose au drame tel qu’il se vit sur le terrain, depuis le 20 avril, dans l’attente d’une prouesse salvatrice par 1500 mètres de fond.

Un second Katrina ? Que diriez-vous plutôt d’un second Tchernobyl ? Tchernobyl, Lire la suite

Grenelle de l’environnement : le bilan critique de Nicolas Hulot

lesechos.fr, Julie Chaveau, le 28 mai 2010

Grenelle de l’environnement : le bilan critique de Nicolas Hulot

La fondation Nicolas Hulot a publié un premier bilan à la fois positif et critique du Grenelle de l’environnement. Pour l’avenir, elle demande des moyens supplémentaires et souhaite élargir le débat à la politique agricole commune.

Il a pris le temps de la réflexion. Deux semaines après le vote par l’Assemblée du projet de loi Grenelle de l’environnement, Nicolas Hulot, président de la Fondation pour la nature et l’homme, est sorti du silence. Dans une tribune intitulée « Grenelle, merci et encore ! », et publiée dans « Le Figaro », l’animateur délivre une sorte de satisfecit au gouvernement, immédiatement modéré par des critiques sur ceux qui « s’obstinent à opposer les questions sociales, économiques et écologiques ». Simultanément, sa fondation a publié hier un premier bilan des engagements pris dans le cadre du Grenelle, assorti de propositions.

· Bâtiment et énergie.

Si les mesures en faveur du bâtiment sont les plus connues (relèvement des normes de construction dans le neuf, prêts à taux zéro), la Fondation considère que les moyens mis en oeuvre pour accompagner la rénovation thermique des logements anciens sont « limités ». Il préconise la création d’un éco-prêt à taux zéro spécifique pour les propriétaires modestes qui réaliseront des travaux d’isolation, leur permettant de ne rembourser que ce qu’ils auront économisé sur leur facture énergétique. Les experts de la fondation insistent également sur la nécessité de fixer, dès maintenant dans la loi, l’objectif de rendre obligatoire à partir de 2015 la rénovation d’un logement quand il est vendu. L’ONG demande par ailleurs l’annualisation du malus sur les véhicules dont les émissions de CO2 dépassent 130 grammes de CO2 à partir du 1 er janvier prochain.

· Biodiversité.

Si l’inscription de la « trame verte et bleue » (des corridors de nature) dans la loi est jugée positive, le rapport souligne qu’il manque toujours les plans d’action et des outils juridiques pour la mettre en place. En plein débat sur les niches fiscales, la fondation estime qu’il n’existe pas d’instrument économique pour inciter les collectivités locales à préserver la biodiversité alors que le système fiscal actuel pousse plutôt les élus à construire pour dégager des redevances locales nouvelles. Elle dénonce par ailleurs la manière dont le gouvernement a organisé la création de la future agence de la nature par le simple rapprochement de trois organismes publics spécialisés dans la protection des espaces protégés. « Un regroupement pourrait mener à des réductions de moyens dans le cadre de la révision générale des politiques publiques, alors qu’au contraire il faudrait renforcer leurs moyens. Il y a là un vrai déficit de concertation », souligne le rapport.

· Gouvernance.

Le gouvernement a créé le Comité national du développement durable et du Grenelle de l’environnement. Composé de 80 personnes (dont 11 femmes), de représentants des élus, du patronat, des syndicats des ONG et des associations, il sera chargé de Lire la suite

Chantal Jouanno : « Il faut maintenant un Grenelle 3 »

lemonde.fr, Propos recueillis par Gaëlle Dupont et Pierre Jaxel-Truer, le 19 mai 2010

Chantal Jouanno : « Il faut maintenant un Grenelle 3 »

Chantal Jouanno, 41 ans, est secrétaire d’Etat à l’écologie depuis janvier 2009, après avoir été la conseillère de Nicolas Sarkozy pour le développement durable. Appréciée des écologistes, elle a défendu, avec le ministre de l’écologie Jean-Louis Borloo, la loi Grenelle 2 à l’Assemblée nationale, prenant position contre son propre camp sur certains dossiers.

La loi Grenelle 2 a été adoptée par l’Assemblée nationale le 11 mai. L’opposition vous reproche des « reculs »…

Il ne faut pas tomber dans la caricature. La loi n’est pas en recul par rapport à l’existant, c’est une avancée énorme. Le problème de l’écologie, c’est qu’on ne la juge que sur des symboles : les OGM, les pesticides, la taxe carbone… Avec Jean-Louis Borloo, nous demandons à être jugés sur les résultats, le nombre d’éoliennes implantées, le nombre de produits phytosanitaires retirés du marché… Maintenant, la balle est dans notre camp. A nous de mettre en œuvre le Grenelle sur le terrain. Le drame français, c’est qu’on croit que quand on a voté une loi, la messe est dite. Au contraire, tout commence maintenant. Il faut que les élus se saisissent du Grenelle. C’est pour ça que je vais reprendre mon tour de France pour aller « vendre » le Grenelle sur le terrain.

Etes-vous satisfaite, ou déçue, du texte adopté ?

On ne peut pas dire que c’est 100 % de ce qu’on voulait. C’est normal, c’est la démocratie. Mais le bilan global est positif. Avec les dispositions sur le bâtiment, la biodiversité, l’agriculture, l’eau, les risques, on a de quoi avancer. Sur certains sujets, on aurait pu aller plus loin, c’est vrai. J’ai toujours été réservée sur l’application du régime des installations classées pour la protection de l’environnement aux éoliennes, car ce ne sont pas des installations à risque. J’étais favorable à la possibilité d’expérimenter des péages urbains. Sur l’étiquetage environnemental, on aurait pu passer toute de suite à l’obligation sur certains produits.

Le contexte économique et politique n’est-il pas devenu défavorable aux ambitions écologiques ?

Ce sera moins simple qu’avant la conférence de Copenhague sur le climat . A l’époque tout était « vert », il n’y avait pas une voix discordante. Cela ne pouvait pas durer. Je ne suis pas favorable au consensus absolu sur l’écologie, car seules les modes sont consensuelles. Heureusement qu’il n’y a pas une pensée unique sur le sujet, sinon on entrerait dans une dictature technocratique. L’écologie doit rester un sujet politique, qui questionne notre organisation de la société.

En 2007, Nicolas Sarkozy parlait de « New Deal », l’écologie devait être placée au cœur de toutes les politiques publiques. Cette ambition a-t-elle été abandonnée ?

Certainement pas par le président de la République, qui a Lire la suite

Crise écologique, énergétique et crise de civilisation sont étroitement liées

La MNE développe depuis juillet 2007 un projet de « mobilisation des associations environnementales d’Aquitaine ». Nous avons travaillé sur l’analyse qui guide ce projet. Il s’agit d’une position à un moment donné. Elle a vocation à être mise en débat et à évoluer dans le cadre d’une « démocratie participative écologique » à inventer.

La crise écologique : conséquences prévisibles et enjeu

Si l’on prolonge la courbe d’évolution de la température annuelle moyenne en France, nous arrivons d’ici 2100 à une augmentation d’environ 5°. Cinq degrés, en moins cette fois ci, c’est la température qui nous sépare de la dernière glaciation il y a 20 000 ans (un niveau des mers inférieur de 100 m, une agriculture impossible du fait des sols gelés, une population « française » de quelques dizaines de milliers de chasseurs de rennes…).

Les indicateurs environnementaux (réchauffement climatique, biodiversité, pollutions, ressources naturelles non renouvelables…) passent les uns après les autres au rouge. Au delà des conséquences environnementales, sociales et économiques prévisibles (catastrophes climatiques, réduction de la production agricole, pénurie d’eau potable, élévation du niveau des mers, afflux de réfugiés climatiques….) nous savons que les effets cumulés de changements continus dans l’environnement peuvent atteindre des seuils qui se traduisent par des changements brutaux et irréversibles.

Cette idée de point de basculement Lire la suite

James Hansen : « Nous devons fixer un prix au carbone »

terra-economica.info, Karine Le Loët, le 12 mai 2010

James Hansen : « Nous devons fixer un prix au carbone »

Interview – De passage à Paris, le climatologue de la Nasa – l’un des premiers à avoir affirmé le lien entre actions humaines et changement climatique – ne mâche pas ses mots. Reçu ce mercredi à l’Assemblée, il a confié à « Terra eco » son ras-le-bol de l’inaction politique.

Terra eco : Quelle est pour vous la meilleure façon de lutter efficacement contre le réchauffement climatique ?

James Hansen : « Tant que les énergies fossiles resteront les énergies les moins chères, nous continuerons à les brûler. Si elles sont si peu chères aujourd’hui, c’est parce qu’on ne prend pas en compte leur impact sur la société. La pollution de l’air et de l’eau tue près d’un million de personnes par an. Et qui paye la facture ? Le public évidemment. On n’oblige pas les compagnies pétrolières ou charbonnières à vous rembourser si vous êtes affecté par la pollution atmosphérique. Il faut fixer un prix au carbone. Ça n’est que justice. Et cela nous permettrait d’éliminer progressivement le recours aux énergies fossiles dans les prochaines décennies. C’est seulement ainsi que nous pourrons contenir la concentration de carbone dans l’atmosphère à 350 particules par million et que nous éviterons peut-être de franchir certains seuils critiques. Des seuils qui entraîneraient la disparition de la calotte glaciaire et l’extinction des espèces. »

Mais pour que cette taxe soit efficace, il faudrait qu’elle soit mondiale. Pensez-vous vraiment que les gouvernements de tous les pays sont prêts à l’imposer ?

« Aujourd’hui, les hommes politiques essayent de fixer des objectifs de réduction d’émission. Mais ça ne peut pas fonctionner. La Chine, l’Inde n’accepteront pas ces limites alors qu’elles sont en plein développement. En revanche, la Chine pourrait accepter un prix sur le carbone parce qu’elle ne veut pas développer une dépendance vis-à-vis des énergies fossiles, comme c’est le cas aux États-Unis. En fait, ce n’est pas si difficile. Il suffirait que la Chine, l’Europe et les États-Unis se mettent d’accord sur un prix. Ils pourraient ensuite fixer des taxes à l’importation sur les produits fabriqués à partir d’énergies fossiles pour entraîner le reste du monde. Et pour que le public accepte que les prix augmentent, il faut redistribuer un chèque vert. Ceux qui auront une petite empreinte carbone gagneront de l’argent, les autres paieront plus cher. Il n’est pas nécessaire que ça représente un sacrifice. »

Vous pensez donc qu’en tentant d’imposer des limites aux émissions, les gouvernements ne font pas ce qu’il faut ?

« Non. D’ailleurs, la plupart du temps, les mesures qu’ils prennent ne sont rien d’autre que du greenwashing. Prenez l’accord de Kyoto. Avant sa signature, la concentration de CO2 augmentait de 1,5% par an. Depuis la signature, elle augmente de 3%. Tandis que la seule réussite de Copenhague c’est de n’être pas parvenu à un accord sur les marchés d’échange de CO2 qui ne servirait à rien. »

Mais les États peuvent déjà peut-être avancer en interne. Aux États-Unis, Obama essaye de passer sa loi sur le climat par exemple…

« Je ne crois pas qu’Obama comprenne vraiment le problème. On ne peut pas lui en vouloir. Il croit ce que ses conseillers lui disent. Le problème c’est Lire la suite

Hervé Kempf : La vraie dette

reporterre.net, Hervé Kempf, le 5 mai 2010

La vraie dette

Nouvelles en vrac. On apprenait, le 30 avril, que deux membres du peuple surayaku, au sud de l’Equateur, avaient été blessés par un groupe d’hommes armés – les Surayaku s’opposent à l’exploitation du pétrole sur leur territoire.

Le 30 avril, des manifestants ont protesté à Madrid devant le siège du géant pétrolier hispano-argentin Repsol-YPF contre son projet de prospection pétrolière en Amazonie péruvienne.

Le 5 mai, l’organisation Friends of the Earth (Les Amis de la Terre) publie un rapport montrant que les compagnies européennes investissent massivement dans l’exploitation des sables bitumineux au Canada et ailleurs ; ces sables contiennent du pétrole, dont l’extraction est particulièrement polluante et destructrice de l’environnement.

Le 29 avril, la Norvège et la Russie ont passé un accord sur leur frontière en mer de Barents, afin de faciliter l’exploitation du pétrole dans cette mer arctique.

Le 4 mai, une marée noire provoquée par l’explosion d’une plate-forme pétrolière, le 22 avril, continue à faire sentir ses effets catastrophiques dans le golfe du Mexique.

Que se passe-t-il ? Le pic pétrolier commence à se manifester et de plus en plus de pays producteurs voient diminuer le volume de pétrole qu’ils peuvent extraire de leur territoire. Mais la demande de pétrole se maintient. Alors on cherche du pétrole ailleurs : en Amazonie, sous les mers, en Arctique. C’est-à-dire dans des écosystèmes fragiles, et dans des conditions de plus en plus difficiles. Cela promet des destructions écologiques quasi certaines, sans pour autant garantir de repousser le pic pétrolier global très longtemps.

Trois possibilités s’ouvrent alors : on continue en se disant qu’on verra ce qui arrivera ; on parie que la fée technologie résoudra les problèmes, que nucléaire et éoliennes prendront le relais dans quelques décennies ; on s’organise pour réduire la demande. Le chroniqueur ne croit pas exagérer en estimant que cette dernière possibilité suscite assez peu d’intérêt. C’est pourtant la seule qui permettra d’éviter la grande crise, sachant que le temps est compté. Elle n’exclut pas la technologie, mais elle pose que l’enjeu principal est celui du changement des modes de vie.

Nous avons développé une dette écologique énorme. Pour tenter d’éviter l’épreuve de vérité, nous inventons des « actifs écologiques pourris » : exploitation pétrolière en Arctique et offshore profond, multiplication des déchets et des risques nucléaires, banalisation des environnements. Mais toutes les bulles explosent un jour. Il faut payer la dette, dit-on aux Grecs. Quand paierons-nous la dette Lire la suite

Sondage 84,3 % des français concernés par les problèmes liés à l’écologie : Le Grenelle plébicité, pas les politiques

20minutes.fr, Charlotte Mannevy, le 3 mai 2010

Le Grenelle plébiscité, pas les politiques

L’écologie préoccupe les Français selon un sondage Obea-InfraForces./Idé

84,3 % des français concernés par les problèmes liés à l’écologie (29 % très concernés, 55,3 % assez concernés, 9 % pas tellement concernés et 6,5 % pas du tout concernés)

A propos du Grenelle de l’environnement, diriez-vous :

– C’était une bonne initiativeoui 84,1 % – non 11,4 %

– Il a apporté des solutions concrètes pour l’avenir – oui 35,2 % – non 57,5 %

– Il a permis aux français de prendre conscience des problèmes environnementaux – oui 68,5 % – 27,4 %

– Il a permis d’ouvrir le débat sur l’écologie – oui 76,8 % – non 18,6 %

– C’était une opération de communication du gouvernement – oui 68,5 % – 24,4 non %

– Je ne sais pas bien ce que c’est – 37,5 oui % – 60,6 non %

– Il n’a servi à rien – 31,4 oui % – 61,4 non %

Parmi ces personnalités quelle est la plus emblématique du Grenelle de l’environnement :

– Nicolas Hulot 65,2 %

– Jean-Louis Borloo 14,9 %

– Nicolas sarkozy 4,9 %

EXCLUSIF – Un sondage Obea-InfraForces pour «20 Minutes» et France Info sur l’environnement…

Bien, mais peut mieux faire. Selon un sondage Obea-InfraForces pour 20 Minutes et France Info, 84,3% des Français se disent concernés par les problèmes liés à l’écologie. Mais cette préoccupation ne serait pas suffisamment prise en compte par le gouvernement. La grande majorité des personnes interrogées (68%) estime en effet qu’«on n’en fait pas assez pour l’environnement».

Défiance

Un désaveu qui trouve sa source dans les déconvenues de ces derniers mois. Il y a d’abord eu, en décembre, l’échec retentissant du sommet de Copenhague sur le réchauffement climatique. Fin mars, c’est le président de la République qui marquait ses distances au Salon de l’agriculture: «L’environnement, ça commence à bien faire.» Enfin, le deuxième volet du Grenelle de l’environnement, présenté demain à l’Assemblée nationale (lire ci-dessous), prévoit un durcissement de la législation en matière d’énergie éolienne.

Du coup, si 84,1 % des Français estiment que le Grenelle était «une bonne initiative» qui a permis d’ouvrir le débat sur l’écologie, 57,5% considèrent qu’il n’a pas «apporté de solutions concrètes pour l’avenir». Ils sont même 68,5% a penser qu’il s’agissait avant tout Lire la suite

L’Europe épingle la chasse dans les sites Natura 2000

sudouest.fr, Jean-Michel Desplos, le 30 avril 2010

L’Europe épingle la chasse dans les sites Natura 2000

Un arrêt de la Cour de justice européenne condamne la France pour avoir affirmé que la pêche et la chasse n’étaient pas des activités perturbantes.

L’inquiétude est forte chez les chasseurs. Dans les assemblées générales des fédérations qui se tiennent partout en France, le sujet revient sur toutes les lèvres. La semaine dernière, les spécialistes de la chasse au gibier d’eau de la Gironde se sont réunis dans la commune du Porge pour dénoncer la décision des « cravatés » de Luxembourg, siège de la Cour de justice européenne. En ligne de mire, les magistrats de l’Union européenne qui, le 4 mars 2010, ont condamné la France pour manquement de la directive 92/43 CEE, dite « habitats, faune, flore » sur les zones classées Natura 2000.

L’arrêt a mis le feu aux poudres. Parmi les griefs soulevés, la Cour estime que la France a affirmé, de manière un peu trop formelle au regard du Code de l’environnement, que « la chasse et la pêche et les autres activités aquacoles et cynégétiques ne constituent pas des activités perturbantes ou ayant de tels effets ».

La France, épinglée, est considérée hors de l’esprit Natura 2000. La copie est donc à revoir urgemment. À ce jour, les chasseurs, comme les pêcheurs, craignent pour leur avenir. « Une interdiction de la pratique sur ces zones serait prise comme une déclaration de guerre contre la chasse mais aussi contre la biodiversité entretenue par tous les acteurs que sont les chasseurs », assure Henri Sabarot, président de la fédération départementale des chasseurs de la Gironde. « Nous tiendrons le porte-plume dans les comités de pilotage où sont établis les documents d’objectifs, les fameux Docob », confie Jésus Veiga, directeur de la fédération girondine. Une fois approuvés, les Docob orientent la gestion des sites par les représentants des collectivités territoriales pour une durée de trois ans.

Pas d’interdiction

« L’exécution de cet arrêt ne remet en cause ni la pratique de la chasse, ni celle de la pêche dans les sites Natura 2000, ni les modalités de gestion du réseau Natura 2000 », s’empresse de préciser Gilbert Tarozzi, chef du bureau des milieux naturels et de la biodiversité à la Direction départementale des territoires et de la mer à la préfecture des Landes.

Tous les préfets ont, en effet, reçu la semaine dernière une instruction ministérielle d’Odile Gauthier, directrice de l’eau et de la biodiversité, stipulant que « si l’exécution de l’arrêt de la Cour impose de supprimer la phrase litigieuse à l’article L. 414-1 du Code de l’environnement, elle ne conduira aucunement à interdire la pratique de la pêche et de la chasse dans les sites Natura 2000 ».

Une réflexion interministérielle est d’ailleurs menée depuis quelques jours, en concertation avec la Fédération nationale des chasseurs, afin de déterminer Lire la suite

La chasse aux pesticides bientôt ouverte

sudouest.fr, Jacques Ripoche, le 27 avril 2010

La chasse aux pesticides bientôt ouverte

Paquet pesticides, directive cadre sur l’eau, Grenelle de l’environnement : la chimie agricole est cernée par les réglementations européenne et nationale. Le plan Écophyto 2018, qui vise à réduire de 50 % l’usage des pesticides d’ici à 2018, en est le fruit. Vivement discuté, il entre désormais dans une phase opérationnelle qui va se traduire par la mise en place, dans les prochaines semaines, des comités régionaux d’orientation et de suivi (Cros).

L’Institut national de la recherche agronomique (Inra) a commencé à déblayer le terrain en publiant au début de l’année les résultats de son étude « Écophyto R & D » dont l’objet est d’esquisser un scénario possible pour atteindre l’objectif visé. Troisième utilisateur européen, l’agriculture française consomme, en moyenne, 5,4 kg de pesticides par hectare et par an, soit environ 72 000 tonnes. En 2006, année de référence de l’étude, les exploitations professionnelles en ont acheté globalement pour 2,3 milliards d’euros.

De 2 à… 36 traitements

Compte tenu de la superficie qu’elles occupent, les grandes cultures sont, en volume, les premières utilisatrices (68 %) de substances actives. Viennent ensuite la vigne (14 %), les fruits et l’horticulture (5 %). Mais ces chiffres reflètent de grandes disparités. L’indice de fréquence de traitement (IFT) peut aller de 2 pour le maïs et le colza jusqu’à 16 pour la pomme de terre. En viticulture, le nombre annuel de traitements est compris entre 9 et 15 dans les régions atlantiques. En arboriculture, il peut monter jusqu’à 36. Et si un agriculteur en grandes cultures dépense en moyenne 134 euros par an et par hectare en pesticides, un viticulteur investit 394 euros, un horticulteur 527 euros, un arboriculteur 590 euros.

L’étude « Écophyto R & D » considère que « l’engagement du Grenelle de réduire les pesticides de moitié, en moyenne, par rapport au niveau actuel (2006) est un objectif ardu ». Pour autant, elle est porteuse d’une bonne nouvelle : « Une baisse de l’ordre du tiers serait atteignable en grandes cultures avec des changements significatifs de pratique mais sans bouleversements majeurs des systèmes de production ». La baisse de la production serait de l’ordre de 6 % et les marges n’en seraient « peu ou pas touchées ».

En revanche, la généralisation de la production intégrée (1) entraînerait une baisse des rendements de 25 % en viticulture et de 20 % en cultures fruitières. Or tout l’enjeu d’Écophyto 2018 est de réduire significativement l’emploi des pesticides tout en préservant la compétitivité et la performance économique de l’agriculture française.

Philippe Reulet, expert pesticides, eau et environnement à la Draaf Aquitaine et auprès de la Direction générale de l’alimentation (DGAL, ministère de l’Agriculture), est de ceux qui préparent la mise en place du Comité régional d’orientation et de suivi.

Alternatives et… impasses

« On ne part pas de rien », explique-t-il. Sur la vigne, par exemple, Lire la suite

Le printemps de la Maison de l’environnement

sudouest.fr, Julien Rousset, le 27 avril 2010

Le printemps de la Maison de l’environnement

Doublement du nombre d’associations membres, rénovation des locaux : la méconnue Maison de la nature et de l’environnement veut s’ouvrir, et gagner en visibilité.

Connaissez-vous la MNE, Maison de la nature et de l’environnement ? Non, ou à peine, et cela n’est pas étonnant : ce réseau, qui regroupe une trentaine d’associations s’occupant d’environnement, souffre d’être peu visible, et d’avoir longtemps paru replié sur lui-même. D’ailleurs, il n’a pas encore de ligne téléphonique.

Cette plate-forme occupe pourtant des locaux de 400 mètres carrés au 3 de la rue de Tauzia, dans le quartier de la gare Saint-Jean. Des locaux « un peu glauques » de l’aveu même de leurs occupants. Passé un hall d’entrée qui plaira aux amateurs de pénombre, apparaît la vaste salle principale, pas mieux éclairée ; elle sert de cœur battant pour la MNE, accueillant réunions, séminaires, assemblées générales… Autour de cet espace commun rayonnent les bureaux où les associations travaillent et stockent du matériel.

31 assos membres

Ce QG compte 31 « associations membres », plus ou moins impliquées dans son activité quotidienne. Ce nombre a doublé en deux ans (1), si bien que la MNE a gagné, l’an dernier, un étage de cet immeuble qui lui prête la mairie. « La Ville ne nous demande pas de loyer. C’est une aide précieuse. Nous devons juste, à partir de cette année, payer les fluides », précise Dominique Hofmann, vice-présidente de la MNE.

Ces locaux seront bientôt rafraîchis. Cette fois avec l’appui du Conseil général : Jacques Respaud s’est engagé sur une subvention de 40 000 euros. Un accès handicapé va être aménagé, les issues de secours remaniées, un coup de pinceau général apporté, et le chauffage sera révisé de sorte à remplacer les actuels radiateurs électriques, pas vraiment appropriés à une Maison de l’environnement.

« Contre-pouvoir »

Pour l’instant surtout fréquentée par les salariés des associations, ou par leurs bénévoles, la MNE veut s’ouvrir sur l’extérieur. Elle le fait déjà depuis deux ans via l’Université populaire de l’environnement, cycle de rencontres délocalisées à l’Utopia ou à l’Athénée municipal…

Les animateurs de la MNE projettent de créer un site Internet qui serait « la référence en matière d’environnement à l’échelle régionale » ; ils prévoient également la mise en place d’un centre de documentation, où reposeront par exemple les archives des associations membres, et souhaitent la transformation de la MNE en vrai « centre de ressources ».

Tout cela nécessite des moyens. La MNE fonctionne avec trois fois rien : elle n’a pas Lire la suite

« No impact man » de Colin Beavan est un livre qui pose au fond le problème de l’articulation entre comportement individuel et décision collective

Biosphère – INFO n° 240 : « No impact man »

Contact : biosphere@ouvaton.org

No impact man de Colin Beavan est un livre qui pose au fond le problème de l’articulation entre comportement individuel et décision collective. Ces deux aspects sont absolument complémentaires d’autant plus que nous agissons par mimétisme ou interaction spéculaire : tu fais parce que je fais parce que nous faisons tous. Colin Beaval espère une « réaction en chaîne » : plus nous serons nombreux à imiter le no impact man, plus la nécessité de faire de même se répandra dans la société. Mais dans une société bercée par le confort  et la sidération des masses, il n’est pas évident aujourd’hui de se diriger vers la simplicité volontaire et le refus de l’ascenseur quand il faut grimper 9 étages.

Pourtant, c’est possible, et la réduction des ressources naturelles nous incitera de toute façon à limiter notre empreinte écologique. Sauf régime autoritaire et inégalitaire, les politiques suivront alors l’exemple des objecteurs de croissance et seront eux-mêmes en nombre croissant à modifier leur mode de vie…

Voici quelques extraits du livre :

1/7) introduction

Pendant un an (en 2007), ma femme Michelle, ma fille Isabella et moi, qui habitons en plein cœur de New York, avons essayé de vivre sans causer d’impact sur l’environnement. Autrement dit, nous avons fait de notre mieux pour éviter de produire des déchets (finis les plats à emporter), réduire nos émissions de dioxyde de carbone (finis la voiture et l’avion), ne plus rejeter de substances toxiques dans l’eau (fini les détergents), arrêter d’acheter des denrées de contrées lointaines (finis les fruits de Nouvelle-Zélande). Evidemment, finis aussi : l’ascenseur, les aliments conditionnés, le plastique, la climatisation, la télé, les articles neufs…

Je n’avais pas l’intention de faire dans la demi-mesure, de me contenter d’utiliser des ampoules basse consommation ou de recycler à tout-va. L’idée était d’aller aussi loin que possible, d’atteindre le zéro impact environnemental. Je visais non seulement le zéro carbone mais aussi le zéro déchet, zéro pollution dans l’air, zéro toxine dans l’eau, zéro ressource pompée à la planète. Je ne voulais aucune empreinte écologique. J’avais décidé de contrebalancer tout impact négatif par un impact positif. J’avais conscience que ce serait dur. J’ai donc décidé que nous procéderions par étapes. Je ne tenais pas à ce que ma femme et ma fille me quittent. Mais en faisant du mal à ma famille pour ne pas faire du mal à la planète, j’ai mis le doigt sur des choses importantes.

2/7) les raisons d’un engagement

– Dans notre société, il est quasiment impossible d’assouvir ses besoins sans laisser derrière soir une traînée de détritus, de pollution et de gaz à effet de serre. Le jour où la planète ne pourra plus nous offrir cette abondance de ressources, l’humanité tout entière devra faire preuve d’une abstinence surhumaine.

– Evidemment que les Américains achètent des voitures ! L’industrie automobile a fait en sorte que Lire la suite

Bilan 2009 de Université populaire de l’environnement – Université nomade d’Aquitaine de la Maison de la nature et de l’environnement Bordeaux-Aquitaine

MNE Bordeaux-Aquitaine, Communiqué, le 19 avril 2010

Bilan 2009 de Université populaire de l’environnement – Université nomade d’Aquitaine de la Maison de la nature et de l’environnement Bordeaux-Aquitaine

I. L’Université nomade d’Aquitaine

1.) 15 janvier – Une conférence-débat à l’IJBA (Institut de journalisme de Bordeaux) [150 participants] avec Marie Monique Robin, journaliste, cinéaste et écrivain sur le thème de « Ecologie et journalisme d’investigation » en partenariat avec Greenpeace Bordeaux et une diffusion du documentaire « Le Monde selon Monsanto » au cinéma l’Utopia de Bordeaux [180 participants] suivi d’un débat avec MM Robin

2.) 4 février et 4 mars – Deux ateliers pratiques écolo au Jardin botanique de Bordeaux [55 participants] sur le thème « Ecologie et numérique » avec Michel Lesbats, enseignant chercheur en biologie, et Anne-Sophie Novel, doctorante en économie politique

3.) 3 avril – Une conférence-débat au cinéma le Festival à Bègles [80 participants] en partenariat avec la municipalité sur le thème « L’homme a-t-il perdu le lien avec la nature ? » avec 4 universitaires : Dominique Prost, Enseignante-chercheuse en géographie, Martine Alcorta, enseignante-chercheuse en psychologie, Charlie Grandjeat, enseignant-chercheur en littérature nord-américaine et Catherine Thomas, enseignante-chercheuse en océanographie

4.) 20 mars, 10 et 24 avril Trois conférences-débats à Cap-Sciences Bordeaux « Changements climatiques et énergie » [80 participants] :

« Le changement climatique : pas plus de 2° C », par Jean-Yves Rossignol, Ingénieur-consultant

« Les énergies : une division par 4 d’ici 2050 », par Gilles Drogou des Amis de la terre

« Crise climatique et énergétique : la taxe carbone peut-elle être une réponse appropriée ? », par Jean Sireyjol, association TACA

5.) 16 mai – Une conférence débat à Mérignac sur le thème « Environnement et nouvelles solidarités » [50 participants] en partenariat avec les associations des Amis Aquitains des semaines sociales de France et Pratiques et dialogues. Après une présentation des enjeux climatiques, énergétiques, écologiques et sociaux par Jean-Yves Rossignol, 4 ateliers ont travaillés sur les thèmes de agriculture / consommation, énergie/habitat, déplacements et formation/insertion avant une restitution des ateliers

6.) Quinze émissions de radio sur la Clé des ondes en partenariat avec Chiche ! Bordeaux [ 3 000 auditeurs cumulés estimés] :

La MNE Bx Aquitaine

AutoCool/L’autopartage

TACA/Changement climatique et taxe carbone

Greenpeace et Vigilance OGM/Les OGM

Droits du piéton 33/Journée de la courtoisie

CATA/Projet collectif d’achat de terre agricole

Débat Ecologie et libertés publiques

Maisons paysannes 33/L’habitat rural

Vélo Cité/Jeu concours mes courses à vélo

Récup’R/Projet de recyclerie / ressourcerie

ICARE/Le jardin d’inspiration médiévale de Gradignan

H’Nord/Le projet d’Ecoquartier de Bordeaux Bacalan

Séphir/La barre d’outil Ecolo-info

SEPANSO 33/Les nouveaux OGM

L’agenda 21 des familles de Bordeaux

7.)1er avril, 6 mai, 3 juin et 1er juillet – Quatre cours au Jardin botanique de Bordeaux « Petite écologie de l’homme et de ses techniques »  [80 participants] avec Michel Lesbats

La main de l’Homme et ses techniques – Evolution des risques techniques de l’Homme préhistorique à nos jours

Autopsie d’un accident / Les mots des maux, les mots du risque – Définitions et polysémie des termes du domaine des risques d’origine technique

Citoyenneté et culture du risque – La participation des citoyens à la Gestion des risques techniques

Table ronde et débat sur la concertation et la démocratie écologique : « Echanges entre les acteurs locaux du Grenelle » suivi d’un Apéros’Ecolos (ex GreenDrinks)

8.) 16 au 25 mai – Sept conférences-débats lors du Salon de l’environnement de Bordeaux [150 participants] :

Au fil des Séounes/Abeilles et frelons asiatiques

CREAQ/Les aides à l’éco-habitat (2 interventions)

AutoCool/L’auto-partage

Achillée et ciboulette/Le compost

Achillée et ciboulette/Le purin d’ortie

Le collectif réduisons nos déchets en Aquitaine/La prévention des déchets

La MNE Bordeaux-Aquitaine/L’Université populaire de l’environnement

9.) 27 mai –  Une conférence-débat à l’IJBA « Quelle Europe pour la planète ? » [50 participants] avec les représentants des principales listes aux Européennes : Europe écologie, Front de gauche, NPA, PS et UMP/NC (Le Modem n’avait pas répondu à l’invitation)

10.) 27 et 28 juin – Deux conférences-débats à Nérigean (Libournais) dans le cadre du marché paysan du Château  Fourton-La Garenne (vignoble en maraîchage biologique) [55 participants]

« Libournais 2020 : quelle agriculture et quelle alimentation voulons-nous ? » avec Philippe Roudié – Professeur émérite de géographie et Jean-Pierre Leroy – Syndicaliste – Confédération paysanne

« Crises climatique, écologique, énergétique… quel rôle pour les associations environnementales ? » avec CATA, Achillée et ciboulette, Auto Cool et la MNE Bordeaux-Aquitaine

11.) Du 24 septembre au 4 novembre, mise en place d’un « module d’appui au développement associatif et aux porteurs de projets », premier cours le jeudi 24 septembre à 18h15 à la MNE Bordeaux-Aquitaine : « Le suivi évaluation dans les projets associatifs ». 5 cours du jeudi 1er octobre au mercredi 4 novembre à 18h30 à l’Athénée : « L’amélioration des moyens de communication des associations ». Ouvert à tous et gratuit, sur réservation.

12.) Du vendredi 25 au dimanche 27 septembre, Salon Viv’Expo à Bordeaux Lac avec des conférences-débat et la participation de nombreuses associations environnementales : AutoCool, Greenpeace, H’Nord, ICARE/Jardin de Pierral, MNE Bordeaux-aquitaine, Réseau des mille-pattes, SEPANSO, Solar Rives de Garonne/Ecocentre de Gironde, Surfrider Foundation…

13.) 7 et 15 octobre et 4 novembre à l’Université Bordeaux 2 Victoire amphithéâtre Pitres – « Crise climatique, énergétique, écologique…, état des lieux » avec Gilbert Haumont, universitaire, « Les énergies : une division par 4 d’ici 2050 » avec Gilles Drogou des Amis de la terre et « Vers une révolution des transports » avec Simon Charbonneau, Universitaire

14.) Le vendredi 9 octobre à 21h00, Salle du Foyer Municipal d’Arbis (7 km de Targon), « Crise climatique, écologique et des ressources naturelles : quelles conséquences pour l’Entre-deux-Mers ? » avec Gilbert Haumont, enseignant à la Faculté  de Pharmacie de l’Université de Bordeaux 2. Manifestation dans le cadre du Colloque 12 « De Benauge à Verdelais » organisée par les Amis du château de Benauge, l’Association des Amis du Musée de l’Art Religieux de Verdelais et le Comité de liaison de l’Entre-deux-Mers (CLEM) à Arbis, Benauge et Verdelais les 9, 10 et 11 octobre 2009

15.) Lundi 16 novembre – Conférence débat avec diffusion du film documentaire Live-bicycle sur « La mobilité urbaine » organisée par le PUMA (Pôle alternatif des Mobilités urbaines) : Vélo Cité, AutoCool, Droits du piéton 33, AIR…à l’Université Bordeaux 2 Victoire amphithéâtre Pitres

16.) Début 2010 une conférence débat sur « La transition » à la Communauté urbaine de Bordeaux jeudi 11 mars avec Pierre Radanne et Simon Charbonneau, deux conférences débat sur « Urbanisme, paysage, architecture dans l’Entre-deux-Mers… » la première à Créon le jeudi 25 mars, un Concert pour le climat à Bègles le jeudi 1er avril et une conférence sur « Climat et viticulture » à Montagne-Saint-Emilion le jeudi 6 mai

II. Soutien de l’UPE aux actions d’adhérents de la MNE et de partenaires

Du 12 au 27 septembre : Quinzaine de l’écologie en Agenais, Samedi 12 à 20h30  « Mieux comprendre les OGM » par Christian Vélot, Dimanche 13  à 10h30 « De jardin en jardin », Mercredi 16 à 20h00 « Nos enfants nous accuseront » Ciné/ débat, Vendredi 18 à 20h00 « Les papillons, indicateurs de bonne santé écologique », Dimanche 20 à partir de 8h30 « Ecorurale des Séounes » à la Sauvetat de Savères, Mercredi 23  à 19h30 « La taxe carbone » Conférence-débat avec TACA et Dimanche 27 à 14h00 « Visite d’une maison écolo » à Pennes d’Agenais.

Le mercredi 16 septembre à 19h30, Conférence-débat avec Hervé Le Treut, membre du GIEC, à l’Athénée municipale de Bordeaux organisée à l’occasion des 40 ans de la SEPANSO Aquitaine.

Du 28 septembre au 2 octobre 2009 « Stage chaux » et du 16 au 20 novembre « Formation à la restauration écologique dans le bâtiment ancien » organisé par l’Ecocentre de Gironde à Toulenne près de Langon.

Le vendredi 2 octobre manifestation du Collectif 33 Copenhague 09 à la gare Saint Jean de Bordeaux

Le dimanche 4 octobre « Picnic sans carbone » à partir de 12h sur les quais au Parc des Sports en face de St Michel (à coté du Pont de Pierre). Ce picnic doit nous permettre de rassembler le plus grand nombre de citoyens désireux d’agir pour protéger le climat. Ceux qui aiment Taca viendront en vélo et les rangeront en forme de 3 5 0 pour la traditionnelle photo, et cette fois nous l’espérons, l’objectif atteint de 350 vélos. Nous souhaitons organiser des vélo-bus, regroupement de cyclistes pédalant ensemble, convergeant  le dimanche matin depuis les 27 communes de la CUB vers le lieu du picnic à coté du Pont de Pierre.

Samedi 24 octobre – Manifestation du Collectif Copenhague au lion bleu sur la rive droite « 350 idées pour la planète »

Le vendredi 6 novembre un film-débat à l’Utopia de Bordeaux « Le syndrome du Titanic » de Nicolas Hulot avec le Collectif associatif Gironde Copenhague 09

Jeudi 10 décembre à 19h00 à l’Athénée municipal de Bordeaux avec la Confédération Paysanne de Gironde Conférence-Débat sur le thème : Agriculture et changement climatique. Comment assurer une production agricole répondant aux besoins des populations, dans un climat bouleversé,  tout en minorant radicalement les dégagements de gaz à effet de serre ?

samedi 12 décembre – Manifestation « Ni nucléaire, ni effet de serre » de 11h00 à 12h00 au miroir d’eau sur les quais face à la Bourse à Bordeaux avec TchernoBlaye, à partir de 12h00 déambulation festive dans Bordeaux avec une Batucada, musique brésilienne, tout le monde habillé en bleu, avec chapeau et lunette de soleil, vers 14h00 arrivée de la vague bleue au grand théâtre, place de la comédie, ou l’association TACA sera présente du samedi de midi à minuit. Veillée climatique sur place : amenez des pots de yaourts en verre peints en bleu pour poser des loupiotes (fournies par TACA), musiciens et chanteurs bienvenus pour réchauffer ceux qui vont veiller pour le climat sur les marches du théâtre comme beaucoup d’autres groupes à travers le monde (350.org, tck tck tck, …). A 19h regroupement des jeûneurs volontaires en soutien des militants de Climate Justice Fast en grève de la faim pour le Climat depuis le 6 novembre.

II. Le blog de la MNE https://mneaquitaine.wordpress.com/

Il fonctionne depuis août 2008 et propose 2 200 articles et 230 adresses de Sites Internet et de blogs dont 120 Aquitains

En 20 mois, près de 300 000 pages ont été consultées par environ 120 000 visiteurs, nous estimons qu’environ 50 % des visiteurs sont Aquitains.

1. TOP 25 des articles depuis 20 mois

Thermographie aérienne infrarouge de la CUB                                10 351

Le tracé sud de la future LGV Bordeaux –                                        10 273

Thermographie aérienne des 27 communes de la CUB                 9 199

La MNE Bordeaux-Aquitaine                                                             7 894

Ligne grande vitesse en 33, 40, 47 et 64                                          4 277

Communauté urbaine de Bordeaux : Isolez                                                 2 630

Langon : ouverture d’un supermarché bio                                        2 549

Centrales photovoltaïques au sol : la crainte de la trame grise       1 998

PAC : La France redistribue et dévoile les aides                             1 679

Appel à la création d’une ressourcerie /                                           1 647

Eco-PTZ : l’éco-prêt à taux zéro pour éc                                         1 499

La grande distribution s’empare du commerce équitable                1 367

Liste des 12 marchés bio et 78 magasins bio d’aquitaine              1 193

EnR : développement de l’énergie solaire                                        1 176

UPE – L’Université nomade d’Aquitaine                                            1 148

Formation à l’agroécologie en Ardèche av                                                   1 065

Eco-prêt à taux zéro et crédit d’impôt «                                             1 051

NON aux LGV Bordeaux-Toulouse et Bordeau                                1 020

Recycleries & Ressourceries : réseau                                            985

« Home » : Yann Arthus-Bertrand rend-il tr                              944

Soustons (40) : Une ferme photovoltaïque                                       904

Huitres du bassin : Du test de la souris                                            848

Bon ap’ avec l’Amap de Mérignac                                                    834

Transports de la CUB : Keolis préféré à                                          779

Toilettes sèches : soulagez l’environnem                                        747

2. Visite sur les sites et blogs des adhérents depuis le blog MNE depuis 20 mois

colibri33.fr                                                      429

collectif.terres.free.fr                                     427

maisons-paysannes.org                                418

recupr.org                                                      383

pagesperso-orange.fr/federation.sepan…    374

creaq.org                                                       284

lesptitsgratteurs.blogspot.com                      278

asso.burdivega.free.fr                                   269

itinerancesculturelles.asso.fr                        262

greenpeace.org/france                                  252

collectif-dechets-girondin.com                      246

sephir.org                                                      201

belcier.eco.quartier.free.fr/sommaire…        177

hnord.org/doku.php                                       169

velo-cite.org                                                   161

taca.asso-web.com                                      147

aramaquitaine.fr                                            141

autocool.fr1                                                    139

La Lettre Nature Humaine n°7, revue d’écologie et de sciences humaines, vient de sortir

nature-humaine.fr, avril 2010

La Lettre Nature Humaine n°7, revue d’écologie et de sciences humaines, vient de sortir.

Elle est téléchargeable gratuitement sur www.nature-humaine.fr/archives.

Au programme :

L’écologie, le temps et l’urgence.

– Le vécu du temps, cause et solution de la crise écologique.

– Aspects pratiques du changement de sa perception temporelle.

– Un autre regard sur le temps – perception des Indiens Kogis.

– Agir pour l’environnement – mieux gérer son temps et concilier ses priorités.

Du nouveau pour Nature Humaine en 2010 : moins d’écriture et plus de terrain. La Lettre fait une pause, et reprendra sous un autre format qui sera déterminé dans les prochains mois. Elle nécessite 1 mois de travail et doit donc se faire plus légère pour son auteure principale (Séverine Millet).

Ensuite, avec le soutien de la Région Rhône-Alpes, Nature Humaine va réaliser une enquête auprès des acteurs de protection de l’environnement et du DD de la région afin de connaitre Lire la suite

Simon Charbonneau : Y a-t-il encore un avenir humain possible ?

mediapart.fr, N. Fabre, le 16 Avril 2010

Edition : Le Parlement du Futur

Y a-t-il encore un avenir humain possible ?

Un taux d’abstention-record (53,6%) au premier tour des élections régionales de mars dernier. Des militants écologistes déçus après l’échec du somment de Copenhague. Des professions en grève, pour dénoncer des conditions de travail difficiles. Les signaux de malaise social ne sont pas nouveaux : déjà, le 20 février dernier, le médiateur de la République Jean-Paul Delevoye dénonçait dans son rapport « l’usure psychologique » de la société, ballottée par d’incessants changements censés l’avantager. Aujourd’hui, Simon Charbonneau, spécialiste en droit de l’environnement, militant associatif à Bordeaux et défenseur du mouvement pour la décroissance, nous livre ses analyses de la situation.

Comment percevez-vous le sentiment actuel de « malaise social » ?

Il y a un désarroi complet des gens face à l’accumulation des questions posées par le développement : la multiplication des catastrophes écologiques et sociales a conduit à l’effondrement de l’idéologie du progrès. Aujourd’hui, nous nous retrouvons avec l’héritage des Trente glorieuses et le sentiment que « la kermesse est finie » : les gens se rendent compte que les discours optimistes concernant l’avenir ne tiennent plus.

Le problème, c’est que cette angoisse de l’avenir ne trouve aucune réponse politique : les personnes qui nous dirigent continuent à pratiquer la politique du déni, en refusant de se poser les questions de fond, comme celle du bien-fondé des développements. En fait, il y a un décalage complet entre les préoccupations de la population et les discours tenus par l’oligarchie au pouvoir. Les politiques, complètement azimutés et perdus, continuent à appliquer de vieilles recettes inadaptées, faute de vouloir regarder en face les problèmes.

Et vous, comment percevez-vous l’avenir ?

Pour moi, aucun doute, nous allons droit dans le mur : on a mis en marche une machine infernale que l’on est incapable de maîtriser et aujourd’hui on laisse le système aller jusqu’au bout de sa logique absurde et destructrice. Le programme de ligne à grande vitesse à Bordeaux illustre bien cette absurdité : on met en place un programme qui aura un impact écologique considérable et impliquera un endettement important, pour des gains de temps assez ridicules (passer de plus de 200 Km/h à 350 Km/h). Ce projet est typique de l’attitude du « toujours plus » de nos politiques, qui refusent de se poser la question des multiples limites : financières, sociales, écologiques. Cette attitude, focalisée sur le court-terme, est dangereuse, car c’est comme si le cycliste conduisait en regardant uniquement sa roue avant, sans voir venir les obstacles… Cette logique de fuite en avant ne mène à aucun avenir humain. A terme, avec l’accumulation des problèmes, nous risquons d’assister à une implosion différée du système.

Les politiques sont-ils les seuls responsables de cette situation ?

La responsabilité est aussi du côté des intellectuels, car il y a aujourd’hui un déficit de pensée : il manque d’intellectuels pour Lire la suite

CNAR environnement : 9 fiches pratiques à destination des associations environnementales

CNAR environnement, avril 2010

En 2009, le CNAR Environnement a réalisé 9 fiches pratiques synthétiques. Vous y trouverez des conseils, des éclairages, des pistes à creuser, concernant la gestion de l’emploi et de l’activité des associations en environnement.

Les sujets traités dans ces fiches sont :

 Fiche 1 : « Une analyse du profil économique et financier d’une association d’éducation à l’environnement »

 Fiche 2 : « Mettre en place des outils de gestion au sein d’une association d’éducation à l’environnement »

 Fiche 3 : « Une démarche pour accompagner un réseau associatif dans la mise en place de référentiels communs de gestion »

 Fiche 4 : « Pour une gestion associative pérenne dans le secteur de l’environnement : l’enjeu de la constitution de fonds propres et de réserves »

 Fiche 5 : « La valorisation comptable du bénévolat associatif dans les associations de protection de la nature et de l’environnement »

 Fiche 6 : « Un test d’auto-évaluation pour évaluer des associations ou des projets de créations d’emploi dans le domaine de l’environnement »

 Fiche 7 : « Une démarche d’animation territoriale pour la création d’emplois dans l’environnement »

 Fiche 8 : « L’emploi associatif dans le secteur de l’énergie : enjeux, structures et activités »

 Fiche 9 : « L’analyse financière dans les associations de l’environnement : quelques repères et préconisations »

L’ensemble des acteurs de l’environnement, et notamment les associations de l’environnement, trouveront dans ces fiches de nombreuses informations et de nombreux conseils qui leur seront, nous l’espérons, fort utiles.

Le CNAR Environnement est animé par un collectif national d’organismes agissant dans le secteur de l’environnement :

• le Comité de Liaison Energies Renouvelables, www.cler.org

• France Nature Environnement, www.fne.asso.fr

• le Réseau Ecole et Nature, www.ecole-et-nature.org

• les Réseaux Territoires Environnement Emplois, www.reseau-tee.net

• l’Union nationale des Centres Permanents d’Initiatives pour l’Environnement, structure porteuse du CNARE au nom du collectif coordinateur, www.cpie.fr

Ses missions ?

Mobiliser les acteurs de Lire la suite

Irrigation : il va falloir que tout le monde se mouille

sudouest.fr, Jean-Louis Hugon, le 7 avril 2010

Irrigation : il va falloir que tout le monde se mouille

Les agriculteurs irrigants n’acceptent pas le nouveau mode de gestion des volumes d’eau accordés.

Le préfet des Landes, Evence Richard, avec à ses côtés ses homologues des Pyrénées-Atlantiques, Philippe Rey, et du Gers, Denis Conus, a lancé hier après-midi à Mont-de-Marsan la concertation pour déterminer les volumes d’eau dont disposeront à l’avenir les agriculteurs irrigants. Une réunion dont on ne peut pas dire qu’elle ait été houleuse, non, mais elle s’est déroulée dans une ambiance plutôt tendue. Les agriculteurs des quatre départements concernés (il faut aussi ajouter les Hautes-Pyrénées) n’étant pas tellement satisfaits des chiffres annoncés, sous forme de tableaux compliqués, à partir de l’année quinquennale sèche 2006, prise en compte pour les volumes prélevés.

Ces calculs savants ont immédiatement fait réagir les agriculteurs, qui avaient déjà dénoncé cette conséquence de la dernière loi sur l’eau lors de manifestations régionales le 8 mars dernier. Des ruraux mécontents parce qu’au contraire des années précédentes, on se base non plus sur les débits d’eau des cours, fleuve ou rivières, mais sur les volumes disponibles.

Débit biologique

« Malheureusement, remarque cet agriculteur, à part ceux qui disposent de réserves collinaires, les cours d’eau ne sont pas des réservoirs pleins, avec un robinet que l’on ouvre quand on en a besoin. Chaque fleuve ou rivière a un débit biologique, différent d’un mois à l’autre, en fonction des précipitations, de la fonte des neiges ou de la sécheresse. » De plus, le calcul portera de juin à octobre, période pendant laquelle il faudra observer des débits objectifs d’étiage minima, que l’on irrigue ou non. En dehors des périodes traditionnelles d’irrigation, entre le 15 juin, parfois plus tard, jusqu’au 15 août, « l’application de ces règles entraînera des lâchages d’une eau qui ira directement à l’océan, poursuit Jean-Louis Cazaubon, président de la Chambre régionale d’agriculture de Midi-Pyrénées, indigné d’un tel procédé. Alors qu’au final nous ne consommons que 3 % des précipitations, qui reconstituent les réserves tous les ans. »

Pour Dominique Graciet, président des chambres d’agriculture des Landes et d’Aquitaine, « les trois piliers du développement durable, économique, social et écologique, n’ont pas été traités avec le même souci dans cette étude. Nous ressentons comme une profonde injustice que l’agriculture en soit l’unique variable d’ajustement, alors que depuis 40 ans nous avons toujours pu gérer ce problème en respectant l’environnement. Que je sache, malgré les étés très secs que nous avons connu, en périodes de « gestion de crise », comme elles ont été nommées, nous avons toujours fait en sorte que tout se déroule sans catastrophe majeure. Là, On demande aux seuls agriculteurs de gérer les caprices du fleuve. »

« Repenser le système »

Jean-Claude Duzer, président de l’Institution Adour, trouve qu’il n’a pas été assez associé aux études. Jean-Luc Capes (FDSEA), président de l’Association de gestion de l’irrigation dans les Landes (AGIL), dit « c’est insupportable de gérer un dossier aussi compliqué à la hache », car il faudrait que les arbitrages aient été rendus à la mi-mai, tandis que Bernard Subsol (Conseil général des Landes), rappelle que, malgré le désengagement de l’État pour financer les ressources, les collectivités territoriales ne pourront pas aller au-delà des 20 % qu’ils apportent annuellement. Georges Cingal (Sepanso) a invité tout ce monde à « repenser le système de la monoculture du maïs, dont on voit aujourd’hui les limites ».

Mais les irrigants ont encore quelque espoir : le fait que Lire la suite

Serge Orru – L’écologie va réinventer la politique et la politique va réinitialiser l’écologie.

lexpress.fr, Serge Orru, le 6 avril 2010

Flagrant état d’hybridité de l’écologie avec la politique

L’écologie va réinventer la politique et la politique va réinitialiser l’écologie.

La chronique de Serge Orru, du WWF.

Autrefois dédaignée et souvent raillée, l’écologie est aujourd’hui un argument électoral, un véritable sujet de société. L’écologie atterrit en politique et se retrouve tant aimée ou vilipendée. Elle butine à gauche, elle butine au centre et butine à droite. Elle est verte, rose, bleue. Chaque parti politique offre opportunément ses arguments environnementaux. Mais pourquoi ne reste-t-elle encore qu’une simple variable d’ajustement dans une France qui se hâte lentement vers sa transformation verte. L’écologie ne peut rester en ballottage car elle est la problématique d’émancipation de l’homme au XXIe siècle.

L’actualité montre que la politique et l’économie se sont engouffrées dans l’écologie. Car c’est un atout pour gagner des voix en proposant la prospérité verte.

L’écologie non politique, celle des naturalistes, ne dérange guère de monde, et est hélas ignorée. On aime les baleines et les pandas, mais dès que l’on évoque les émissions de gaz à effet de serre, les déchets nucléaires, les OGM, les incinérateurs, le tout-routier, l’agriculture intensive et ses pesticides, le lien environnement-santé, l’écologie devient alors trop visible voire agaçante et gênante. Car elle demande des changements rapides et radicaux. Face aux récents reculs, les écologistes restent déterminés et toujours impatients.

Les enjeux sont toujours là. Les enjeux, justement… le plus connu, le péril climatique, est remis en question malgré l’avis de milliers de scientifiques que d’aucuns transforment pernicieusement en comploteurs… Et quand bien même les écologistes se tromperaient-ils… serait-ce une raison pour continuer à dilapider notre patrimoine naturel et dévorer la biodiversité de notre unique planète bleue comme une orange ? Une raison pour éventrer les forêts boréales de la Colombie Britannique pour en extraire des sables chargés de pétrole ? D’applaudir des deux mains la fonte des glaces qui permettra d’aller puiser d’autres ressources ? Combien de temps resterons-nous fossiles dans ce monde fini à l’inconscience infinie…

Ce que propose l’écologie n’est pas une punition. Ni une contrition face à l’apocalypse. Il s’agit de revoir le sens du progrès, de nos vies et celles des générations futures. L’écologie politique connaîtra l’âge de raison. Aujourd’hui, c’est une période plus instable qui s’ouvre. Place à son adolescence et à sa créativité bouillonnante. Mais l’écologie est entrée dans la Cité et dans les consciences. Elle n’en sortira plus. N’en déplaise aux rois du carbone.

Progressivement, l’écologie politique sera intégrée dans les programmes des partis politiques avec la même force que Lire la suite

JF cherche « green lover » : la quête du prince charmant écolo

rue89.com, Hélène Crié-Wiesner, le 5 avril 2010 

JF cherche « green lover » : la quête du prince charmant écolo

Aux Etats-Unis, sites web et livres se multiplient pour aider les défenseurs de l’environnement à trouver leur moitié d’orange.

« Cherche garçon ou fille pas mal, sympa, drôle, écolo très concerné, qui ne devienne pas hystérique si je mange du steak trois fois par an, ou si je prends parfois ma voiture. » Bienvenue dans le monde rigoureux du « green dating » américain.

Pour commencer, la « date » américaine est différente de la simple invitation à dîner, boire un verre, voir un film, qui caractérise le rendez-vous vaguement galant de chez nous. La « date » regorge de règles qu’un étranger à la culture ne maîtrisera jamais. (Décryptage élémentaire ici, par une Française qui s’y connaît.)

La « date » peut être le rendez-vous ou la personne. Ou la situation, si elle se répète sur quelques semaines : « I’m dating him » (« on sort ensemble en ce moment »). On couche ou pas, ça dépend, mais au final, c’est bien l’objectif du dating : trouver un(e) « date » qui devienne un partenaire sérieux.

Il semblerait que les écologistes attachent une attention extrême à la recherche de leur moitié d’orange. Ils sont concernés par le devenir de la planète, attentifs à ce que leur manière de vivre n’aggrave pas les problèmes de celle-ci. En sus des affinités classiques entre deux individus, ils veulent des garanties de compatibilité carbone.

Un partenaire qui ne soit pas un rabat-joie

C’est ce qui ressort d’un certain nombre de sites web dédiés au vert dans la vie de tous les jours. Ici par exemple, sur Grist (site que je n’hésite pas à qualifier de « New York Times de l’environnement »), ce constat dépité d’une internaute :

« Je suis une fille célibataire de Seattle, où l’on pourrait croire qu’il serait facile de trouver un partenaire concerné par l’écologie, qui ne serait pas un rabat-joie permanent. Je cherche juste un chouette type impliqué !

Ben non, je ne trouve pas. A chaque fois que je tombe sur un mec conscient de l’importance de diminuer son empreinte carbone, il s’avère que ce type est un donneur de leçon insupportable. »

A part la cuisine et les régimes, aucun thème aux Etats-Unis ne fait davantage tourner l’édition papier, télé et web que celui du dating. Les sites de « green dating » y sont légion : Earth Wise Singles, Green Passions, Green Singles, et encore Planet Earth Singles, parmi tant d’autres.

Des rencards neutres sur le plan carbone

Comme le souligne TreeHugger, autre site d’informations écolos très fréquenté, les cœurs profondément verts sont sophistiqués, ils veulent bien plus qu’une bonne vieille « date » :

« Vous cherchez quelqu’un qui partage votre passion pour l’environnement. Une fois que vous l’avez rencontré, vous entendez Lire la suite

Consommation durable : avant de changer, les Français veulent être convaincus

lesinfosvertes.hautefort.com, NC, le 5 avril 2010

Consommation durable : avant de changer, les Français veulent être convaincus

Faire peur en annonçant l’Apocalypse climatique ou prétendre sauver la planète en vendant du yaourt bio ne suffira pas à convaincre les Français de changer de comportement en matière de consommation durable !

Désormais, ils demandent des preuves, du concret, des résultats vérifiables.

C’est l’enseignement principal de l’enquête Ethicity menée en février et mars 2010 auprès d’un panel de 4 373 Français, menée en collaboration avec Aegis Media Expert et en partenariat avec l’Ademe à l’occasion de la Semaine du développement durable.

Ras-le-bol du marketing sur le développement durable

Le sondage montre que les Français sont saturés, parfois même exaspérés, des discours écolos utilisés par les publicitaires pour vendre des voitures en montrant des ours blancs …

54 % d’entre eux déclarent être méfiants sur le discours des marques et des entreprises en matière de développement durable ;

53 % des Français pensent qu’il y a trop de messages publicitaires sur la consommation durable ;

43 % d’entre eux vont jusqu’à ne plus supporter les messages des marques sur l’environnement, un constat particulièrement marqué chez les seniors ;

65 % estiment qu’il y a trop de labels pour les produits durables : cette profusion d’information tend à créer de la confusion ;

62 % disent ne pas pouvoir juger de la meilleure qualité des produits durables.

Le développement durable, une valeur en baisse

Cette saturation du discours commercial, qui s’ajoute peut-être à la crise économique et aux échecs de la négociation climatique, se lit dans les réponses aux questions sur les comportements des consommateurs.

75% des Français croient toujours à une consommation plus responsable : cela reste élevé mais on note une baisse de 6 points par rapport à l’an passé.

60 % (- 9 points) déclarent avoir changé leur comportement en faveur du développement durable en 2009.

47 % ont opté pour une consommation plus Lire la suite

L’abandon de la taxe carbone, une triple erreur

energie.lexpansion.com, Alain Grandjean, le mardi 30 mars 2010

L’abandon de la taxe carbone, une triple erreur

L’annonce de la taxe carbone au lendemain des régionales ne laisse pas de doute à l’interprétation : il s‘agit bien d’une décision politique qui vise à tenter de rassembler la majorité en supprimant un foyer de discorde.

Une erreur politique

Pour autant, c’est une erreur au plan politique : notre pays n’a jamais eu autant besoin de direction et de sens. Cet volte-face de plus est l’aveu d’un manque de vision. D’autant qu’il  a été annoncé par le premier ministre puis par le président de la République dans des  discours ne faisant pas la moindre allusion  à la nécessité de tenir compte des enjeux écologiques et énergétiques ni du développement durable, alors que le numéro 2 du gouvernement, Jean Louis Borloo également ministre d’Etat,  est toujours le ministre de l’Ecologie. Il est évident que le repli annoncé sur des valeurs traditionalistes ne constitue pas un cadre politique suffisant dans un monde aux incertitudes croissantes et confronté à des risques nouveaux qu’ils soient géopolitiques, sanitaires, énergétiques ou écologiques. Or il est difficile de croire que ces enjeux ne seront pas présents aux élections présidentielles de 2012. Il est encore plus difficile de croire à l’efficacité d’une politique qui ne serait pas fondée sur des processus d’écoute et de concertation permettant de tenir compte sérieusement de l’ensemble des informations disponibles.

Le gouvernement était divisé sur la manière de piloter le passage à une économie durable, avec des missions contradictoires (la relance de la croissance confiée à la commission Attali, la remise en cause du concept et de sa mesure confiée à la commission Stiglitz-Sen-Fitoussi), avec des difficultés de communication et de coopération bien connues entre le MEEDM (Ministère de l’Ecologie, de l’Energie, du Développement Durable et de la Mer) et Bercy. Il était sans doute préférable de procéder un remaniement ministériel d’envergure, par exemple en réunissant  l’économie et le développement durable, pour impulser un nouveau souffle et un nouveau mode de travail, seul à même de redonner cette direction et  ce sens.

Une erreur économique et sociale

Au plan économique, le refus manifeste d’envoyer un « signal carbone », même limité et cantonné (du fait des exemptions du projet de loi),  est une grave erreur. Sans ce signal,  comment orienter les acteurs économiques vers une économie moins dépendante d’énergies fossiles dont le prix va augmenter inévitablement dans les très prochaines années ? Comment  inciter les entreprises à investir dans des produits et des services « bas carbone », dont les ménages et les entreprises auront le plus grand besoin ? Comment préparer les esprits à la grave menace, celle d’une hausse du prix des énergies,  qui pèse sur tous ? Rappelons qu’un « signal prix » est entendu par tous les agents économiques contrairement à des discours, et surtout dans une période de perte de confiance dans les autorités, notamment politiques. Ne rien faire sur ce plan c’est laisser les forces de marché décider de ce prix et de ces aléas. C’est laisser les plus précaires dans des difficultés croissantes. C’est ne pas se préparer à un prochain choc pétrolier (annoncé à horizon de 2 ou 3 ans par les entreprises du secteur et  par les économistes), dont les effets économiques et sociaux seront insupportables à beaucoup d’entreprises et de ménages.

Une erreur écologique

Inutile de dire qu’au plan écologique, c’est aussi une erreur. A supposer que l’Europe retrouve le chemin de la croissance, sans taxation progressivement plus forte du carbone dans les secteurs diffus, ce qui était l’objet de la taxe, cette expansion s’accompagnera Lire la suite

Fondation Nicolas Hulot, Lettre ouverte aux citoyens signataires du pacte écologique

Fondation Nicolas Hulot, Cécile Ostria Directrice générale de la Fondation Nicolas Hulot pour la nature et l’homme, lettre ouverte, le 30 mars 2010

Lettre ouverte aux citoyens signataires du pacte écologique

Cher-e-s ami-e-s,

En 2007, vous avez signé, comme 750 000 Français le Pacte écologique porté par la Fondation Nicolas Hulot pour la Nature et l’Homme. Votre mobilisation sans précédent a permis d’obtenir l’engagement de Nicolas Sarkozy, de 9 autres candidats à la présidentielle, et de plus de 400 députés et sénateurs de faire de l’environnement une priorité de l’action publique. Des avancées concrètes ont été obtenues : création d’un n°2 du gouvernement en charge du développement durable, les conclusions du Grenelle de l’Environnement et le vote à l’unanimité de la loi Grenelle I… qui ont suscité beaucoup d’espoir.

Le Pacte Ecologique n’est plus respecté

Avec le Grenelle de l’Environnement, nous pensions le constat partagé, nous pensions pouvoir nous concentrer sur la recherche de solution, il n’en est rien. Les mots clefs des années à venir sont désormais exclusivement la compétitivité, l’emploi, la santé comme si toutes ces problématiques ne dépendaient pas profondément de l’état de notre environnement. Le développement durable n’est décidément pas l’axe structurant de l’ensemble des politiques publiques. C’est au mieux un axe parmi d’autres : l’économie, le social, l’agriculture, la culture. Au pire, un axe opposé aux autres. Le discours dominant redevient celui d’il y a plusieurs années : la réponse aux défis écologiques est de nouveau systématiquement opposée à la compétitivité économique et à la protection des emplois. L’environnement redevient un simple enjeu électoral, une variable d’ajustement. Ce n’est pas l’esprit du Pacte écologique.

Il nous faut changer de modèle économique, poser les bases d’une croissance sélective, ancrées sur la préservation et un meilleur partage des ressources naturelles. Les emplois, la compétitivité des entreprises, sont menacés par les crises environnementales. La raréfaction des ressources énergétiques, la destruction des écosystèmes vont accentuer la vulnérabilité des plus faibles d’entre nous, fragiliser nos économies et nos démocraties et générer de nouvelles sources d’affrontements. C’est ce que n’ont pas compris la plupart des responsables politiques et économiques.

Une suspension nécessaire pour plus d’efficacité

C’est pourquoi, la Fondation Nicolas Hulot décide de suspendre sa participation aux groupes de travail mis en place par le gouvernement jusqu’à ce que des décisions fortes remettent le développement durable au cœur des politiques publiques. Depuis 3 ans, Lire la suite

Positionnement de la SEPANSO sur les LGV

sepanso.org, Pierre Delacroix, Président d’Honneur de la SEPANSO, le 19 mars 2010

Positionnement de la SEPANSO sur les LGV

1.- Rappel historique

Le développement du système TGV date des années 70. A cette époque, le lancement du système avait un double but :

– D’abord, irriguer le territoire national par un réseau modernisé de chemin de fer, s’inscrivant dans une perspective volontariste d’Aménagement du Territoire.

– Ensuite, mettre ce réseau en position d’alternative à la tentation de développement d’un Réseau aérien qui aurait mis les principales métropoles du territoire national à quelques heures de la capitale. Comme on le voit, c’est une vision « hyper-centralisatrice », celle qui a dominé pendant le XIXe siècle et les trois quarts du XXe siècle.

Ces deux finalités ont eu pour effet, par leur logique de modernisation et d’aménagement du territoire, de conduire les écologistes des décennies 70-80 à juger « acceptable » le système TGV, malgré les problèmes déjà perceptibles et déjà analysés à l’époque.

Géographes et économistes discutent encore du résultat de la première option. Elle a été reconnue comme positive de façon générale, à partir des hypothèses de départ, et ce n’est que quelques décennies plus tard (disons en gros à partir de 2000) que le principal effet négatif a été mis en évidence, un effet lié très étroitement au facteur vitesse. Comme prévisible, le système a polarisé positivement les extrémités des lignes : en général, des métropoles régionales, aux dépens des pôles urbains intermédiaires sur lesquels les lignes, par définition, faisaient l’impasse.

Tout autant pour des raisons de capacité des lignes que de sécurité, la grande vitesse à la française (>250 km/h) ne supporte pas le partage des lignes avec des convois lents, malgré les affirmations de ses défenseurs. Il n’existe aucun cas de ce genre en France. Cela ne serait possible qu’avec des vitesses telles que celles pratiquées par nos voisins européens. Cette vitesse élevée impose également une distance de séparation des voies[1] un peu plus importante que sur les lignes classiques afin de limiter les effets de souffle lors des croisements. Ceci a conduit à vouloir créer systématiquement des lignes nouvelles dédiées à la grande vitesse plutôt que de réutiliser le réseau existant.

Compte tenu des contraintes de pente et de courbure imposées par la grande vitesse d’exploitation recherchée, la construction de lignes nouvelles à grande vitesse occasionne des dommages environnementaux très importants et totalement irréversibles sur leur tracé, et impose des contraintes très lourdes (altération des paysages, coupures de voirie, bruits et vibrations, dépréciation du foncier) aux nouveaux riverains qui, des lignes nouvelles, ne subissent que les inconvénients. En effet, non seulement ils ne bénéficient pas de la desserte par TGV qui sera réservée aux métropoles situées aux extrémités des lignes, mais encore ils perdent la qualité du service jusque là offert par le réseau classique puisque les efforts financiers très importants consentis en direction des lignes nouvelles se traduisent systématiquement par un abandon progressif des lignes qui assuraient la desserte fine des territoires.

Aujourd’hui, les Régions ont pris le relais pour les dessertes locales, Le système des TER s’efforce de compenser non sans difficultés la polarisation des villes extrêmes. Mais c’est une des raisons qui a soulevé peu à peu, et de plus en plus vigoureusement, une profonde remise en cause des LGV par les populations régionales, réduites à Lire la suite

Dossier le Monde magazine sur les écolo-sceptiques – Les orphelins du progrès

lemonde.fr, Laurent Carpentier, le 26 mars 2010

Les orphelins du progrès

Dans sa petite bibliothèque des horreurs, Jean-Paul Krivine a rangé homéopathes, militants anti-OGM, agriculteurs biodynamiques, sourciers et chiropracteurs au même rayon que les anti-évolutionnistes à crucifix et les amateurs d’ovni. A la tête de l’AFIS, l’Association française pour l’information scientifique, cet « ingénieur en intelligence artificielle » est un rationaliste qui bataille contre le plus grand risque qui puisse, selon lui, nous frapper : la remise en question de sa sainte trinité, « progrès, humanisme et universalité ».

L’homme est nerveux. Il se demande ce que je lui veux. J’ai bien précisé au téléphone que la revue dont il est le rédacteur en chef, Science et pseudo-sciences, m’avait il y a deux ans étrillé pour un reportage en Suède à la rencontre de ces « électro-sensibles » qui fuient dans les forêts les ondes des portables et de la Wi-Fi. Crime de lèse-science : la revue expliqua comment je manipulais le lecteur, l’amenant à penser qu’une technologie inoffensive pouvait être un risque pour la santé. Disons-le simplement : je n’ai pas d’avis sur la dangerosité des ondes. Et je n’ai pas pris rendez-vous avec Jean-Paul Krivine pour régler des comptes mais pour tenter de comprendre d’où vient ce sentiment de citadelle assiégée qui l’anime.

« LE PRINCIPE D’INCERTITUDE »

« Nous sommes un lobby rationaliste raisonnable, explique-t-il scrupuleusement. Parce que je crois en la notion de progrès. Parce que je ne crois pas que la nature soit bonne. Parce que l’on vit aujourd’hui plus longtemps et en meilleure santé qu’autrefois et que, lorsque sa voiture est en panne, on ne va pas dans un garage alternatif. » Réponse tranchée ? Certes, mais expression d’un malaise qui traverse la recherche française, écartelée entre le primat de l’ingéniosité humaine promettant des lendemains toujours meilleurs et l’émergence, mise en lumière par la crise climatique, d’un sentiment nouveau de finitude du monde. Hors de la science, point de salut ?

Il aura suffi d’un hiver froid pour que les tenants de la suprématie du génie humain reprennent du poil de la bête. Le Mythe climatique, titre le mathématicien Benoît Rittaud (Le Seuil), L’Imposture climatique, confirme Claude Allègre (Plon), CO2 un mythe planétaire, ajoute Christian Gerondeau (Editions du Toucan). Et dans Libération, Pascal Bruckner, nouveau philosophe devenu néoconservateur, dénonce ces climatologues qui jettent le discrédit sur notre modèle de société : « Un nouvel obscurantisme se propage qui avance sous le masque de la science. (…) Sur le thème de l’effroi, une tribu de pythies, mages, utopistes, vaticine et menace. Il manque à ces prophètes de se soumettre aux bénéfices du doute et d’inclure dans leurs prédictions le principe d’incertitude. » Un simple renversement du baromètre et ce n’est pas seulement le spectre du réchauffement climatique qui repart aux oubliettes mais tout ce qui pourrait ressembler de près ou de loin à une critique de notre modèle de société.

AU COIN DU BON SENS

« Pourquoi voulez-vous un développement durable? Notre développement est durable« , s’amuse Christian Gerondeau, de ses mots toujours « frappés au coin du bon sens ». Ne croyez pas que ce robuste et charmant giscardien soit le représentant d’un lobby, ce n’est pas vrai. Oui, bon, d’accord, il reçoit dans ses bureaux à l’Automobile club, mais son livre, CO2 un mythe planétaire, n’est pas du tout le brûlot qu’il semble être, où Al Gore serait décrit comme un « charlatan » et les travaux de Nicholas Stern ne reposeraient « sur aucun chiffrage sérieux ». Non, Christian Gerondeau est un ingénieur, « c’est-à-dire quelqu’un qui regarde les faits et en tire des conclusions ». Son père, son grand-père avant lui, son fils, sa petite-fille après lui… Tous ont fait Polytechnique. Lui-même en est sorti en 1957 pour l’Ecole des ponts et chaussées. Un pedigree qui ne pousse pas à la remise en cause. « Les gens qui ont faim, qui logent dans des huttes et dont les enfants meurent, veulent tous se développer… », déclame-t-il, plein de sa propre sagesse.

Christian Gerondeau est le parangon de cette classe sociale d’ingénieurs née de la révolution industrielle, qui conquit d’abord le pouvoir technique, puis le pouvoir social et enfin politique. Et d’affirmer, dépositaire assumé d’une modernité prospère : « On sous-estime toujours la capacité du progrès technique! Ne nous posons pas aujourd’hui les problèmes de demain. »

« DES GENS DANGEREUX »

Aux gémonies, ces nostalgiques passéistes qui prônent le ferroutage, s’opposent au nucléaire ou firent interdire le DDT, causant, dit-il, Lire la suite

Le « parler-vrai » de Mme Jouanno, par Franck Nouchi

lemonde.fr, Franck Nouchi, le 26 mars 2010

Le « parler-vrai » de Mme Jouanno, par Franck Nouchi

Une actualité ne chasse pas forcément l’autre. Ceux qui espéraient que l’effet produit par l’abandon de la taxe carbone allait être vite balayé par le vent médiatique en sont pour leurs frais : certains responsables politiques, assez peu nombreux, ne semblent guère disposés à baisser les bras. Après Michel Rocard, qui avait dénoncé, dans Le Monde, « la lâcheté extrêmement dangereuse » de cette « renonciation », c’est au tour de Chantal Jouanno, la secrétaire d’Etat à l’écologie, de monter au créneau. « C’est clair, affirmait-elle jeudi dans Libération, c’est le Medef qui a planté la taxe carbone. Au nom de la compétitivité. »

Fait rarissime s’agissant d’un ministre en exercice, Mme Jouanno a non seulement critiqué une décision prise par le chef de l’Etat, mais elle n’a pas non plus hésité à dire son fait à la classe politique tout entière : « Si on attend que l’Europe prenne une décision, la taxe carbone sera reportée sine die. Cela pose un problème ontologique à la gauche comme à la droite. Nos élus et une partie de la société n’ont pas compris l’importance de l’écologie. » Selon Mme Jouanno, l’abandon de la taxe carbone constitue le triomphe « de la culture du pouvoir sur la culture de l’action« .

Ce n’est pas la première fois que Chantal Jouanno fait passer ses convictions avant des considérations de basse tactique politicienne. Lorsque Ali Soumaré, un candidat socialiste aux élections régionales, avait été accusé, à tort, par des responsables de l’UMP d’être « un délinquant multirécidiviste chevronné », elle s’était immédiatement élevée contre de telles pratiques. Cette fois, elle risque évidemment plus gros. En s’en prenant ainsi, frontalement, au chef de l’Etat – « Non, je ne céderai pas à la petite musique qui vient dire que l’écologie « ça commence à bien faire«  », a-t-elle déclaré jeudi à l’ouverture du congrès de France Nature Environnement -, elle a franchi la ligne rouge. « Il me reste la parole, dit-elle. Je me ferai peut-être exploser mais ce n’est pas grave. Je vais juste parler vrai (…). Quand ils seront lassés de moi, ils me diront d’aller voir ailleurs. » On connaît l’adage fameux de Jean-Pierre Chevènement : « Un ministre, ça ferme sa gueule, si ça veut l’ouvrir, ça démissionne. » Mme Jouanno ne l’entend pas ainsi. N’en déplaise à M. Copé, qui s’est dit « profondément choqué » par ses déclarations et qui déclare sans rire : « Je n’accepterai pas qu’on mette en doute notre engagement écologique qui est très fort. »

Non seulement Mme Jouanno impose le respect, mais Lire la suite

Appel à contribution – Revue L’homme et la société – Agriculture et capitalisme mondialisé : Crise mais permanence d’un débat

calenda.revues.org, Karim Hammou, le 26 mars 2010

Appel à contribution – Revue L’homme et la société

Réponse avant le Samedi 30 octobre 2010

Agriculture et capitalisme mondialisé : Crise mais permanence d’un débat

Résumé

La crise économique et financière a eu un impact sur le secteur agricole et sur les producteurs eux-mêmes. Baisse des revenus des producteurs, fluctuations des prix, « émeutes de la faim » dans une quarantaine de pays, autant de signes annonciateurs d’un bouleversement du mode d’organisation des agricultures. Des questionnements surgissent alors sur le devenir de l’exploitation familiale, sur l’organisation des marchés agricoles, sur l’avènement de nouvelles pratiques agricoles, sur l’accès à la terre, et in fine sur l’identité professionnelle des paysans. Les rapports entre l’agriculture et le capitalisme mondialisé doivent donc être examinés sous différents angles (anthropologie, économie, droit, sociologie…). C’est pourquoi la revue L’homme et la société lance un appel à contributions pour un numéro consacré à l’agriculture et à la paysannerie dans le capitalisme mondialisé.

Annonce

La crise actuelle se distingue certes par la violence du choc financier, par la décomposition accélérée du modèle de croissance établi à partir des années quatre-vingt-dix aux États-Unis, débouchant sur une vaste littérature quant à la durée de cette crise, ses répercussions sociales, sans parler des interrogations resurgissant au sujet de la pérennité ou de l’arrivée aux limites du capitalisme. Elle se distingue tout autant par les effets qu’elle a exercés sur l’agriculture et les agriculteurs du monde entier. L’amplitude des fluctuations des prix des matières premières entre 2007 et 2009, les « émeutes de la faim » dans une cinquantaine de pays en développement qui en ont parfois découlé, le franchissement du milliard d’êtres humains désormais confrontés à la malnutrition, les phénomènes de razzia sur les terres agricoles de certains pays pauvres ou développés pour sécuriser les approvisionnements alimentaires des États loueurs ou acheteurs de ces terres comme la Chine ou la Corée du Sud, entraînant à la fois une dépossession foncière des paysans locaux, et une réhabilitation de ce que la mondialisation entendait éradiquer, à savoir la « souveraineté alimentaire », autant de signes révélateurs que la crise du capitalisme mondial a contaminé tous les secteurs, à commencer par l’agriculture.

Mais à y regarder de plus près, la crise agricole et alimentaire prend ses racines dans les processus enclenchés il y a un quart de siècle, processus s’inscrivant dans le tournant néolibéral visant au démantèlement des politiques agricoles et de tous les dispositifs de régulation, d’organisation des structures agraires, ayant conduit à des formes de dépossession des terres et de paupérisation des paysans, accompagnées de répercussions sur l’environnement. La mondialisation, les exigences du capital transnational et des institutions internationales ont favorisé l’émergence des grandes exploitations agricoles, dont les exemples brésilien et malaisien apparaissent comme les traductions les plus extrêmes, mais qui préfigureraient les structures productives agricoles de demain, caractérisées par une concentration accrue des exploitations, par de grandes surfaces et par une élimination des producteurs eux-mêmes. En découle une hyper-concurrence effrénée entre les pays producteurs de denrées agricoles et de produits alimentaires et désormais non alimentaires comme les agrocarburants, que l’Organisation Mondiale du Commerce ne parvient pas à réglementer tant sont puissants les intérêts des nations s’articulant aux pressions des firmes multinationales de l’agroalimentaire et de l’énergie. La vieille question de l’« absorption de l’agriculture dans le mode de production capitaliste », pour reprendre le titre d’un article célèbre de Claude Servolin, qui a suscité tant de débats depuis que Karl Kautsky l’a énoncée et analysée dans le sillage de Karl Marx, resurgit aujourd’hui. Quel est le devenir de l’agriculture dans Lire la suite

La fin de l’ambition écologique de Nicolas Sarkozy ?

lemonde.fr, Marie-Béatrice Baudet et Laurence Caramel (Service Planète), le 24 mars 2010

La fin de l’ambition écologique de Nicolas Sarkozy ?

Le Grenelle de l’environnement, solennellement adopté, en octobre 2007, par Nicolas Sarkozy, voulait faire de l’écologie une cause nationale, loin de tout clivage partisan. Au nom des menaces qui pèsent sur la planète, entreprises, syndicats, ONG, collectivités locales et pouvoirs publics avaient réussi à bâtir un consensus sur la politique environnementale française, dont le projet de taxe carbone était l’un des symboles les plus forts.

Son ajournement – voire son abandon -, annoncé au lendemain de la défaite de la droite aux régionales, sonne-t-il la fin de cette ambition ? C’est à craindre. Le chef de l’Etat a cédé à la pression de son camp. Depuis des semaines, ce dernier réclamait l’arrêt de cette réforme fiscale impopulaire qui a sans doute coûté beaucoup de voix à la majorité. Dimanche 21 mars, après l’annonce de la victoire de la gauche, Jean-François Copé, président du groupe UMP de l’Assemblée nationale, exprimait tout haut ce que beaucoup d’élus de droite pensent depuis longtemps tout bas : cela ne sert à rien de faire de l’écologie, puisque les écologistes votent à gauche. Il a appelé le gouvernement à « revenir aux fondamentaux » : les retraites, la baisse des déficits publics, l’emploi, la justice sociale, excluant clairement l’écologie du champ des priorités gouvernementales.

A droite, le message du porte-parole des élus de l’UMP s’adresse directement au tandem formé par Jean-Louis Borloo et Chantal Jouanno, les deux hérauts, chargés, chacun dans son rôle, de porter la « révolution écologique » souhaitée par M. Sarkozy. Le ministre de l’écologie, dans son habit d’homme de consensus, apte à fédérer les énergies comme il avait su le faire au ministère de la ville puis à celui de l’emploi. La secrétaire d’Etat à l’écologie, invitée à théoriser « l’écologie de droite » afin de démontrer que cet enjeu de société n’est pas le seul apanage de la gauche. Avant les régionales, elle a donc tenté de convaincre les élus de l’UMP que les choix écologiques de M. Sarkozy étaient réalistes et que la croissance durable était porteuse de centaines de milliers d’emplois.

Leurs efforts n’ont pas suffi. La politique a repris le dessus. A droite comme à gauche. « Le débat sur l’écologie a été finalement pris en otage par des querelles politiques« , déplorait, mardi 23 mars au soir, M. Borloo, en pointant le manque de solidarité des écologistes quand la taxe carbone a commencé à être attaquée. Avant d’être rejetée par le Conseil constitutionnel en décembre 2009.

Le gouvernement assure que ce recul n’est que temporaire, mais la « magie » du Grenelle – pour reprendre l’expression de M. Borloo – s’est évanouie. Depuis 2007, la crise économique s’est installée et l’urgence sociale s’est substituée à l’urgence écologique, sans que les promesses d’une croissance verte ne se concrétisent. Qui plus est, sur la scène internationale, la lutte contre le réchauffement climatique fait moins recette. Les opinions publiques se sont mises à douter, troublées par les mises en cause du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC). Depuis l’échec, en décembre 2009, de la conférence de Copenhague sur le climat, la confusion règne et personne n’imagine qu’un accord à la hauteur des enjeux puisse être trouvé d’ici à la fin de l’année. Les pays jouent à chacun pour soi, l’Union européenne est divisée et sa voix ne porte plus. Dans ce contexte, qu’y a-t-il vraiment à gagner à se montrer exemplaire ? « Je veux que le Grenelle soit l’acte fondateur d’un New Deal écologique en France, en Europe et dans le monde », lançait M. Sarkozy, le 25 octobre 2007, en clôturant le Grenelle de l’environnement. Aujourd’hui, ce volontarisme est remisé derrière les contraintes européennes.

Jusqu’où ce « renoncement » se poursuivra-t-il ? Le projet de loi Grenelle 2 – Lire la suite

Mardi 23 Mars – 18h00 : Conférence-débat d’Anne-Sophie Novel « Le guide du locavore – Pour mieux consommer local » chez Mollat

Université populaire de l’environnement, communiqué, le 18 mars 2010

En partenariat avec Ecolo-Info et Cap Sciences, dans le cadre de la saison 2009-2010 du Théâtre de la science sur le thème de la consommation en mouvement

Conférence d’Anne-Sophie Novel le Mardi 23 Mars 2010 à 18h00 : Le guide du locavore aux éditions Eyrolles dans les locaux de la librairie Mollat à Bordeaux (salle située au 91 rue Porte Dijeaux). La conférence sera animée par Joël Aubert, directeur d’aqui.fr

Les enjeux liés à nos modes de consommation et à notre alimentation et comment adopter de bons réflexes.

Le terme nous vient des États-Unis et désigne les personnes qui ont décidé de ne s’alimenter qu’avec des produits locaux (dans un rayon de moins de 160 km de là où l’on vit). Parce qu’à force de négliger la provenance de nos aliments et de favoriser le toujours moins cher, nous oublions trop souvent que ce sont nos propres conditions de vie que nous estimons au rabais : notre santé, notre environnement, notre économie, notre Terre… et le bien-être des générations futures.

Sans tomber dans le protectionnisme à outrance, ni moraliser vos modes de consommation, voici comment favoriser l’achat de produits locaux et de saison, et devenir un parfait locavore !

Anne-Sophie Novel est Lire la suite

Chine – L’environnement menacé par l’agriculture

vert.courrierinternational.com, Xin Shiji Zhoukan, février 2009

L’article original (en chinois)

L’environnement menacé par l’agriculture

Pour la première fois, un recensement des sources de pollution a été effectué dans le pays. Il révèle que les polluants sont principalement d’origine agricole et leur quantité bien plus importante que prévu. Une situation pour le moins alarmante.

Le 9 février dernier, les résultats du premier recensement général des sources de pollution en Chine ont enfin été publiés, au terme de plus de deux ans d’enquête. Derrière l’aridité des chiffres, cette étude révèle la véritable origine des graves problèmes de pollution que connaît le pays. Ces dernières années, la lutte contre la pollution est passée au premier plan des préoccupations. Le 11e plan quinquennal [le programme gouvernemental de planification économique] stipulait qu’il fallait se fixer comme objectif une diminution de 5 % des principaux rejets polluants en 2010, par rapport à 2005. Le problème, c’est que la Chine n’avait pas encore bien mesuré toute l’étendue de la pollution sur son territoire.

En mai 2007, le gouvernement a lancé un recensement général des sources de pollution en Chine ; 570 000 personnes ont été mobilisées par le ministère de la Protection de l’environnement (à l’époque, simple agence) pour réaliser cette enquête, avec quatre grands champs d’investigation : la pollution d’origine industrielle, la pollution d’origine agricole, la pollution liée à la vie quotidienne et les installations de traitement de la pollution, soit au total près de 6 millions de sources polluantes sur le territoire.

Les résultats de l’enquête indiquent qu’en 2007 la DCO [demande chimique en oxygène, indicateur de la charge polluante des eaux usées] de l’ensemble des eaux usées sur le territoire chinois approchait les 30,29 millions de tonnes et les rejets d’azote ammoniacal 1,73 million de tonnes. Quant à la pollution de l’air, les émissions de dioxyde de soufre étaient de 23,2 millions de tonnes et celles d’oxydes d’azote de 17,98 millions de tonnes. Le recensement souligne par ailleurs les points névralgiques bien connus en matière de pollution : la rivière Wei (Wei He), le fleuve Hai (Hai He), la rivière Liao (Liao He), les lacs Taihu, Dianchi et Chaohu, qui concentrent une quantité particulièrement importante de polluants.

Le vice-ministre de la Protection de l’environnement, Zhang Lijun, a indiqué que ce recensement avait permis la création d’une base de données des sources de pollution où figurent les 5 925 600 sites recensés sur le territoire chinois, ainsi que des données de base en matière d’environnement. Il est possible de faire des recherches ciblées en fonction des besoins dans les différentes catégories (professions, régions, indicateurs etc.). Il s’agit donc d’un outil très utile de gestion et d’aide à la prise de décision. Dans les mentalités, la pollution est traditionnellement associée à l’industrie. Or ce recensement bouleverse quelque peu les idées reçues : Lire la suite

Taxe carbone : Ca commence à bien faire aussi !

developpementdurablelejournal.com, Pierre Magnetto, le 15 mars 2010,

Taxe carbone : Ca commence à bien faire aussi !

La France n’adoptera certainement pas de taxe carbone en juillet comme s’y était engagé le chef de l’Etat. Dans un entretien accordé au Figaro vendredi 12 mars, Nicolas Sarkozy a lié la mise en œuvre du dispositif français à l’adoption par l’UE d’un dispositif similaire, question qui n’est pas à l’ordre du jour européen dans l’immédiat.

Après le « ça commence à bien faire ! » lancé le 6 mars à propos des contraintes environnementales dans l’agriculture, voici maintenant que la mise en place par la France d’une taxe carbone serait liée à l’adoption à l’échelle européenne d’un dispositif similaire. C’est du moins ce qu’a laissé entendre Nicolas Sarkozy dans une interview accordée au Figaro vendredi 12 mars, juste avant la fin de la clôture officielle de la campagne du premier tour des élections régionales. « Nous prendrons le temps de la concertation au niveau européen comme au niveau national« , a indiqué lé chef de l’Etat à nos confrères avant d’ajouter :  » je dis très clairement que la France montrera l’exemple, que nous voulons tenir nos engagements de limitation des émissions de gaz à effet de serre, mais que nous voulons dans le même temps une taxe carbone aux frontières de l’Europe« . Il a aussi indiqué en direction des industriels français qu’aucune contrainte ne leur serait imposée « si, dans le même temps, on autorise les importations venant de pays qui ne respectent aucune des règles environnementales à inonder nos marchés« .

Le parcours « lumineux » d’un texte qui se voulait phare

Ces déclarations font suite à plusieurs autres exprimant un point de vue analogue dans les rangs de l’UMP, telle celle de l’ancien premier ministre Jean-Pierre Raffarin pour qui, « la taxe carbone pose un problème parce qu’au fond, elle n’est pas applicable à court terme en Europe ». Elément clef et concret du Grenelle de l’environnement, la taxe carbone devait être appliquée à partir du 1er janvier 2010. 48 heures avant son entrée en vigueur, elle avait été annulée par le conseil constitutionnel qui avait estimé que les régimes d’exemption dont bénéficiaient certains secteurs d’activités étaient « contraires à l’objectif de lutte contre le réchauffement climatique  » et qu’en outre, ils introduisaient « une rupture caractérisée de l’égalité devant les charges publiques ». Les principes d’un nouveau textes avaient été communiqués début janvier en conseil des ministres et les modifications envisagées ne portant que sur la contribution des activités industrielles avait fait l’objet d’une concertation avec les représentant de ces dernières en février. Nicolas Sarkozy avait lui-même annoncé que le nouveau projet de loi serait présenté après les régionales, mais avant juillet.

La France règle son pas sur celui de l’UE

En calquant le tempo de la France sur celui de l’Union européenne, la France ne se donne aucune chance de respecter les échéances qu’elle s’était elle-même fixé. L’Union européenne, qui a plutôt les yeux rivés sur les négociations internationales sur le climat, pense surtout à Cancun, la ville du Mexique où doit de dérouler la conférence des nations unies fixée à Copenhague pour décembre 2010. Les chances d’aboutir à un accord à cette réunion semblent de toute façon dores et déjà bien Lire la suite

Alsace : des programmes toujours plus verts

journaldelenvironnement.net,  Valréy Laramée de Tanneberg, le 12 mars 2010

Alsace : des programmes toujours plus verts

L’Alsace est l’une des rares régions françaises où l’écologie a toujours fait partie du débat politique. Les associations écologistes y sont influentes depuis longtemps. Pour preuve: 6 des principales formations en lice accordent à l’environnement une large place dans leur programme.

1.827.248 habitants – Densité 221 hab./km² – Superficie 8.280 km² – Président sortant: André Reichardt (UMP) – Nombre de listes en présence: 9 – Nombre de conseillers régionaux: 47 – Résultats au 1er tour des listes se réclamant de l’écologie en 2004 : 4,17%

Créditée de 18% d’intentions de vote dans le sondage Opinion Way publié le 8 mars dans le Figaro, Europe Ecologie espère, à la faveur d’une alliance avec le PS, emporter la région. Le programme est donc ciselé pour répondre aux attentes des Alsaciens : aide à l’industrie automobile pour développer les véhicules sobres, soutien massif aux transports collectifs (création d’une carte orange régionale et développement des trains régionaux), application de critères environnementaux à l’octroi d’aides publiques, développement des énergies renouvelables, plan de réhabilitation des logements, application de la taxe poids lourds. Un programme auquel ont également souscrit Cap 21 (l’organisation de Corinne Lepage, vice-présidente du Modem!) et le mouvement des écologistes indépendants d’Antoine Waechter.

Le Front de gauche l’annonce clairement: il se bat pour une «Alsace écologique». Ce qui passe, pour la liste créditée de 1% d’intention de vote, par la gratuité des transports publics pour les chômeurs, les bénéficiaires des minima sociaux, les étudiants et les salariés. Ce rassemblement de partis d’extrême gauche entend aussi ouvrir des maisons de l’eau «afin d’inciter les collectivités à gérer ce bien commun en régie publique».

L’UMP veut faire entrer l’Alsace dans l’ère de l’après-pétrole. Un comble dans une région où fut construite la première raffinerie de France ! Plus sérieusement, la formation majoritaire (36% d’intentions de vote) veut implanter localement une industrie des énergies renouvelables: photovoltaïque à couche mince, géothermie. Anticipant l’adaptation des lois Grenelle I et II, le parti du président de la République propose le lancement d’un vaste plan de rénovation des bâtiments régionaux. La mobilité n’est pas oubliée. L’UMP veut multiplier les plates-formes multimodales. Plus original, la formation sortante propose que la région soit chargée de la coordination des schémas régionaux de transport, ferroviaires, fluviaux, mais aussi routiers.

Affaibli par la défection de sa vice-présidente, le Modem présente un programme environnemental bien plus consistant que son crédit d’intentions de vote: 5%. Pesant 47 pages, le projet du parti centriste est très riche. Dans le domaine industriel, Lire la suite

Stéphane Hallegate – L’épuisement d’un monde fini

mediapart.fr, Stéphane Hallegate, le 8 Mars 2010

Stéphane Hallegatte est économiste, ingénieur climatologue à Météo-France et chercheur au Centre international de recherche sur l’environnement et le développement (Cired).

L’épuisement d’un monde fini

Pour le chercheur Stéphane Hallegate, la crise financière et la crise environnementale ont des causes du même type: l’absence d’anticipation de la fin des stocks. Stocks de dette absorbable par les ménages américains dans le premier cas, stocks de gaz à effet de serre à émettre, d’eau ou de pétrole à puiser dans le second. 

Le monde vit aujourd’hui une double crise d’une ampleur peu commune. D’abord, la crise financière et bancaire commencée en 2008 aux Etats-Unis s’est transformée en une profonde crise économique, créant des dizaines de millions de chômeurs supplémentaires, repoussant des millions de personnes dans la pauvreté, et augmentant le sentiment général d’insécurité économique. Et la durée de cette crise reste incertaine, les économistes et les politiques oscillant, en fonction du signe de la dernière statistique publiée, entre un optimisme forcené et le pessimisme le plus noir.

Mais nous vivons aussi les conséquences de l’échec de la conférence de Copenhague, où devait se décider l’avenir du protocole de Kyoto et les objectifs de tous les pays du monde concernant le changement climatique. En l’absence d’une réelle volonté des grands pays de prendre des engagements contraignants, la conférence s’est soldée par un accord a minima, qui rend quasiment inatteignable l’objectif européen de limiter le réchauffement à 2°C. Et au-delà de la question climatique, le contexte environnemental est tendu sur l’ensemble du globe : la possibilité d’une raréfaction proche des ressources pétrolières a été rendue plus tangible par l’envolée des prix du pétrole en 2008, des crises alimentaires ont parcouru les pays en développement en 2007, les ressources en eau deviennent de plus en plus insuffisantes dans de nombreuses régions du monde, du Moyen-Orient aux Etats-Unis, et les ressources halieutiques [1] semblent plus menacées que jamais.

Ces deux crises parallèles sont liées à des processus bien différents, purement économiques dans un cas, en lien avec l’environnement et la nature dans l’autre. Mais elles ont des causes communes : elles sont liées aux comportements d’agents économiques qui consomment une ressource d’une manière incompatible avec l’exploitation durable du stock.

L’origine des crises financière et environnementale

L’origine première de la crise financière et économique de 2008 et 2009 ne se trouve pas dans le monde de la finance. La cause initiale est la stagnation du revenu des classes moyennes aux Etats-Unis, elle-même liée aux évolutions technologiques et à la globalisation, qui mettent les travailleurs en compétition à l’échelle mondiale et engendrent un tassement des revenus des travailleurs les moins qualifiés dans les pays riches. Or, comment maintenir un taux de croissance élevé quand les revenus de la majorité de la population –et donc sa consommation– stagnent ? Lire la suite

Agriculture : Nicolas Sarkozy prône une nouvelle méthode de mise en œuvre des mesures environnementales

actu-environnement.com, Rachida Boughriet, le 8 mars 2010

Agriculture : Nicolas Sarkozy prône une nouvelle méthode de mise en œuvre des mesures environnementales

A l’occasion d’une visite le samedi 6 mars au Salon de l’Agriculture à Paris, le Président de la République Nicolas Sarkozy a demandé  »un changement de méthode dans la préparation et la mise en œuvre des mesures environnementales en agriculture ». Une  »nouvelle méthode de travail » qui avait déjà été annoncée par le Ministre de l’Agriculture Bruno Le Maire, le 21 janvier lors de la présentation de ses vœux à la presse, afin de favoriser une agriculture  »durable »  »dans le respect des contraintes économiques des producteurs ».

Après être revenu au cours d’une table ronde samedi,  »sur toutes ces questions d’environnement, parce que là aussi ça commence à bien faire », le Président de la République a rappelé qu’il  »croyait à une agriculture durable », tout en soulignant que les agriculteurs  »seraient les premières victimes des pesticides ». Mais  »il faut que nous changions notre méthode de mise en œuvre des mesures environnementales en agriculture. Il faut que cela change », a-t-il martelé.

Le chef de l’Etat a également demandé au ministre de l’Agriculture Bruno Le Maire et au ministre du Développement durable Jean-Louis Borloo de réunir dès cette semaine  »un premier groupe de travail autour d’une nouvelle méthode d’analyse des mesures environnementales en agriculture ». Cette nouvelle méthode sera articulée  »autour de trois axes : une analyse comparée avec ce qui se fait chez nos partenaires européens, une étude d’impact économique et social de cette mesure sur les filières françaises, et un chiffrage du bénéfice attendu pour la société », a précisé Nicolas Sarkozy.  »Je n’accepte plus les distorsions de concurrence à l’intérieur de l’Europe où nos agriculteurs, on leur empoisonne la vie tous les jours et les autres, on ne leur demande rien », a-t-il expliqué. Concernant  »les normes environnementales »,  »je souhaite qu’on montre l’exemple, mais qu’on avance en regardant ce que font les autres, parce que sinon il n’y aura plus d’éleveurs de porcs bientôt chez nous », a ajouté le chef de l’Etat.

 »Un renoncement majeur au Grenelle » pour les écologistes

Si Nicolas Sarkozy s’est voulu rassurant auprès des agriculteurs, les écologistes ont dénoncé  »un renoncement majeur au Grenelle de l’environnement », à une semaine des élections régionales.  »C’est une remise en cause du Grenelle et même une trahison », a estimé Lylian Le Goff, de France nature environnement. Pour les partis écologistes et les associations environnementales, Lire la suite

Le 7 avril – Solutions locales pour un désordre global, un film de Coline Serreau

arnanermad.overblog.com, NC, le 7 mars 2010

Solutions locales pour un désordre global, un film de Coline Serreau

Sujet : Re-voici Coline Serreau avec son nouveau film qui sort en France le 7 avril…

Sortie nationale au cinéma le 7 avril 2010

Solutions locales pour un désordre global, un film de Coline Serreau

Des films catastrophes ont été tournés, des messages alarmistes lancés, ils ont eu leur utilité mais il faut désormais montrer qu’il existe des solutions, faire entendre les réflexions de ceux qui inventent et expérimentent des alternatives. Dépassant la simple dénonciation d’un système agricole perverti par une volonté de croissance irraisonnée, Coline Serreau nous invite dans « Solutions locales pour un désordre global » à découvrir de nouveaux systèmes de production agricole, des pratiques qui fonctionnent, réparent les dégâts et proposent une vie et une santé améliorées en garantissant une sécurité alimentaire pérenne. Caméra au poing, Coline Serreau a parcouru le monde pendant près de trois ans à la rencontre de femmes et d’hommes de terrain, penseurs et économistes, qui expérimentent localement, avec succès, des solutions pour panser les plaies d’une terre trop longtemps maltraitée.

Pierre Rabhi, Claude et Lydia Bourguignon, les paysans sans terre du Brésil, Kokopelli en Inde, M. Antoniets en Ukraine… tour à tour drôles et émouvants, combatifs et inspirés, ils sont ces résistants, ces amoureux de la terre, dont le documentaire de Coline Serreau porte la voix. Cette série d’entretiens d’une incroyable concordance prouve un autre possible : une réponse concrète aux défis écologiques et plus largement à la crise de civilisation que nous traversons.

Oui, des solutions locales et des alternatives concrètes pour un meilleur partage des avoirs et des savoirs existent. Cinéaste à succès, Coline Serreau s’engage depuis toujours pour un monde plus juste et plus humain. La réalisatrice a démarré sa carrière en 1976 par un documentaire féministe et ponctue depuis sa filmographie de productions militantes. Loin d’un effet de mode, l’environnement, l’écologie et la décroissance constituent les fondements de sa personnalité et de son discours. En 1996, Coline Serreau nous invitait déjà à une réflexion écologique et sociale avec « La Belle Verte » pour dénoncer les méfaits d’une société de consommation délirante. La réalisatrice a entamé depuis une profonde réflexion sur la façon même d’exercer son travail. « Solutions locales pour un désordre global » film documentaire écologiste et engagé, est l’un des aboutissements artistiques et intellectuels de son parcours de cinéaste.

« Solutions locales pour un désordre global » est réalisé en partenariat avec l’association Colibris, mouvement pour la Terre et L’humanisme (pour en savoir plus sur Colibris, cliquez ici). L’association créée à l’initiative de Pierre Rabhi a réalisé un entretien avec Coline Serreau qui fait le bilan de ces trois ans de tournage : http://www.youtube.com/watch?v=Etp2_-eqVKU

Coline Serreau , à propos de sa collaboration avec Colibris : « Il faut aujourd’hui montrer qu’il existe des solutions, faire entendre les réflexions des philosophes et économistes qui, tout en expliquant pourquoi notre modèle de société s’est embourbé dans la crise écologique, financière et politique que nous connaissons, inventent et expérimentent des alternatives. Le film que nous réalisons se voudrait un objet Lire la suite

Conférence débat le jeudi 11 mars : « Crise climatique, énergétique, écologique… : l’approche des territoires en transition est-elle adaptée à l’agglomération bordelaise » ?

MNE Bordeaux-Aquitaine – Université populaire de l’environnement, Communiqué, le 4 mars 2010

La Communauté Urbaine de Bordeaux et la Maison de la Nature et de l’Environnement Bordeaux-Aquitaine, vous invitent dans le cadre du Plan climat de la CUB et de l’Université Populaire de l’Environnement, à participer à une conférence-débat publique : le jeudi 11 mars de 18h00 à 20h00

Hôtel de la Cub (Esplanade Charles de Gaulle) – salle des commissions réunies 

« Crise climatique, énergétique, écologique… : l’approche des territoires en transition est-elle adaptée à l’agglomération bordelaise » ? 

Assurer la transition d’un mode de vie qui repose sur une énergie disponible et bon marché, à un mode de vie plus sobre, avec une énergie rare et chère, pourrait bien être une des priorités de cette nouvelle décennie. 

Avec Pierre Radanne (consultant, ancien président de l’ADEME)

et Simon Charbonneau (juriste en droit de l’environnement, militant associatif). 

En présence de Laure Curvale, Vice Présidente de la Cub en charge du plan climat.

Nous vous invitons, en amont de cette conférence, à découvrir plusieurs initiatives qui se mettent en place en Europe :

Lors des négociations de Copenhague en décembre 2009 un collectif de communautés locales a adopté Une déclaration des peuples au Klimaforum09 – Changeons le système ! Pas le climat ! Parmi les revendications : trouver de vraies solutions à la crise climatique basées sur une utilisation sécurisée, propre, renouvelable et durable des ressources naturelles, ainsi qu’une transition vers une souveraineté alimentaire et énergétique, foncière et sur les ressources en eau.

http://www.amisdelaterre.org/IMG/pdf/Declaration_des_Peuples_au_Klimaforum_-_Changeons_le_Systeme_Pas_le_Climat_Ultimate_Version.pdf

Le Parlement Wallon a adopté à l’unanimité le 18 juillet 2008 une Résolution sur les pics du pétrole et du gaz. Elle manifeste la prise de conscience du défi majeur que représente le pic pétrolier, tout en prenant en considération le changement climatique. En effet, si les experts ne s’entendent pas sur la date du pic, ils conviennent qu’il est inéluctable et qu’il n’y a pas d’alternative unique au pétrole. Il est donc urgent pour les députés wallons d’adopter des mesures de transition.

http://www.weblex.irisnet.be/data/crb/Doc/2008-09/113709/images.pdf

Une petite ville du Sud-Ouest de l’Angleterre s’est mobilisée depuis septembre 2006, pour vivre sans dépendre des apports extérieurs. L’objectif : réduire la consommation de produits transportés qui ont une lourde empreinte carbone. Il s’agit de la ville en transition [transition town] la plus avancée du monde, pionnière d’un mouvement qui, face au double défi du changement climatique et de la fin prochaine du pétrole à bon marché, a pour objectif de réduire sa consommation énergétique et son empreinte carbone

Le site francophone des villes et communautés en transition http://www.villesentransition.net/

Les sites des territoires français en transition Lire la suite

Face aux enjeux de la technoscience : notre démocratie sommée de se métamorphoser

mediapart.fr, Xavier Thibert, le 7 mars 2010

Face aux enjeux de la technoscience : notre démocratie sommée de se métamorphoser

Selon Dominique Bourg, philosophe et directeur de l’Institut des politiques territoriales et de l’environnement humain, la démocratie moderne serait atteinte de cécité : pour retrouver un regard responsable sur le long terme, le système représentatif de nos démocraties est sommé de se métamorphoser. Dans cet objectif, de nouveaux contours institutionnels, de nouvelles pratiques doivent émerger, notamment pour mettre des limites aux manipulations et contrôles technologiques. Avec une nouvelle approche des institutions démocratiques plus participatives et délibératives, Dominique Bourg nous propose de construire une véritable  » démocratie écologique « .

Le système représentatif de nos démocraties peut-il aborder le développement à long terme de nos sociétés ?

Aujourd’hui, le système de gouvernement représentatif est trop fixé sur le court terme : nos démocraties sont caractérisées, pour reprendre une expression de Pierre Rosenvallon, par  » une myopie vis-à-vis du futur « . Le mot d’ordre de la démocratie moderne est : j’obéis au présent. Nous sommes là pour jouir au présent et le temps démocratique devient une espèce d’éternel présent, sans passé ni futur. Avec ce mot d’ordre, la question du futur est mise aux oubliettes faute de personnes pour la représenter. Du coup, notre système n’est pas en mesure d’apprécier et de répondre aux problèmes environnementaux qui se pose sur le long terme.

Pourquoi cette impuissance ?

Cela tient principalement au fait que c’est le marché qui décide de tout. Nous n’avons aucune prise sur les logiques économiques et sur l’influence qu’elles exercent sur notre vie quotidienne par l’intermédiaire des nouveaux objets produits par les sciences et les techniques. Regardez le problème des OGM, ce n’est pas les citoyens qui ont décidé, c’est un système économique qui a dit :  » tu auras ça dans ton assiette et tu le mangeras « .

Pour vous, pas de doute, le principe du gouvernement représentatif est prisonnier de logiques économiques pernicieuses.

Le principe du gouvernement représentatif ne peut plus jouer le rôle qu’il a joué dans le monde classique, au XIXème et dans le première partie du XXème siècle car aujourd’hui l’innovation scientifique et technique obéit à une logique économique qui est la logique de croissance du PIB. On sait très bien maintenant que le développement de la technoscience est complètement déconnecté de la poursuite du bonheur, du bien-être ou de la satisfaction des citoyens. C’est une espèce de machine économique internationale qui nous dépasse et semble nous écraser. Dans certain cas, l’innovation scientifique et technique est bien reçue, pensez aux gens qui se précipitent pour avoir la dernière génération de l’i phone. Sur d’autres aspects, elle peut être très contestée, regardez le débat public sur les nanotechnologies. Je pense que c’est une situation qui va nous échoir pendant longtemps.

Quelles solutions proposez-vous ?

Nous n’avons plus le choix : il faut reprendre en main Lire la suite

Vert pâle. Misère de l’écologie politique française

ecologie-solidaire-en-franche-comte.ouvaton.org, le 6 mars 2010

Article paru sur papier dans la revue Ecorev’ et ensuite en ligne dans la revue Multitudes.

Vert pâle. Misère de l’écologie politique française

En revenant aux sources de ce qui devrait fonder un imaginaire de l’écologie, l’activiste Laurence Guého-Neyrat et le philosophe Frédéric Neyrat en viennent à interroger la « misère » qui découle du manque de représentation de la nature dans notre pays, républicain et encore très peu réceptif aux formes décentralisées de gestion de l’espace dit « naturel ». Pour eux, la faiblesse des Verts peut aussi s’expliquer par cette incapacité à développer un imaginaire fondateur.

Le très mauvais score à la présidentielle 2007 n’est pas un effondrement des Verts, plutôt une évaporation, c’est-à-dire le signe d’un manque d’implantation « durable » de l’écologie politique en France. Cette évaporation est sans doute conjoncturelle, elle tient à la situation de 2007, la tenaille Royal/Sarkozy qui a piégé les électeurs ou bien dans le vote « utile » pour la candidate du PS, ou bien dans le vote pour une programmation néo-conservatrice du candidat libéral-sécuritaire rattaché à l’UMP. Mais cette conjoncture ne permet pas de comprendre sur le long cours l’absence de consistance de l’écologie politique que les Verts ont pour fonction de représenter. Comprendre la possibilité de cette évaporation, c’est s’engager dans une analyse de type généalogique, allant chercher les causes de cette inconsistance au niveau de ce qu’il est convenu d’appeler notre « exception française ». C’est sur ce fond que l’on pourra comprendre ce qui est arrivé en 2007, et risque de se reproduire – à supposer que les Verts survivent autrement que comme simple médiation parlementaire entre le PS et le MoDem… En effet, on aurait pu imaginer tout autre chose : après la canicule de 2003, le cyclone Katrina qui a ravagé la Louisiane, le succès du film de Al Gore sur les changements climatiques (Une vérité qui dérange) et les deux derniers rapports d’évaluation du GIEC, on aurait pu envisager un vote conséquent en faveur des Verts, adossé sur la lente maturation de la « conscience » écologique. Il n’en fut rien. La conscience écologiste française semble jetable, à consommer sur place, recyclable n’importe où. Pourquoi ?

La République contre nature

Pour le dire de façon brutale, il n’y a pas en France de représentation symbolique de la nature digne de ce nom. La nature est pour nous ou bien une ressource comptable et mathématisable, dont on peut calculer l’exploitation, ou bien le jardin quadrillé à la française. Entre les deux, rien. Pour que la nature puisse être représentée, il faut qu’il y ait un certain type de Grand Objet soumis à une certaine attention, un certain type de soin, et tenant une place dans l’histoire d’un espace et de ses habitants. Il faut que cet Objet soit présent et associé à des récits, des mythes, des films, et raconté à des enfants comme à des adultes. Or la France ne connaît pas ce genre de construction d’Artefact de Nature, comme la Forêt en Allemagne ou au Japon, la Mer pour certains pays du Nord. Ou la Wilderness aux Etats-Unis : de Melville aux simples récits des tribulations des trappeurs, les Grands Récits prenant place dans l’espace vierge nord-américain perdurent dans la littérature et le cinéma contemporains, et le trappeur devient même quelques fois le héros d’une certaine radicalité (Un ami de la terre de T.C. Boyle, Grizzly Man…). De même, la partition de l’espace à la japonaise, avec d’un coté les espaces d’ultra-urbanité dévolus aux humains et de l’autre les espaces de type « réserve totale », a donné lieu à divers courants poétiques et picturaux traditionnels et se retrouve sujet et questions des grands films d’animations des studios Ghibli (Princesse Mononoké, Pompoko, Mon voisin Totoro… de Myazaki ou Takahata). Il aura sans doute fallu aussi des Joseph Kessel et des John Boorman pour donner naissance en Angleterre aux grands mouvements végétariens ou anti-spécistes qui sont souvent l’assise d’autres mouvements écologistes plus radicaux et des Joseph Conrad afin que les Londoniens pensent la mer et le vent comme sources d’énergie infinies et acceptent un vaste parc éolien off-shore en face de leur ville. L’absence de la nature comme domaine symbolisé et Grand Objet vécu est traduite – et sur-compensée – depuis des siècles en France par un excès d’aménagement du territoire républicain au détriment Lire la suite

Education au développement durable : « Réinterroger la nature de nos rapports à l’environnement »

vousnousils.fr, Laura Houeix, le 24 février 2010

EDD : « Réinterroger la nature de nos rapports à l’environnement »

Ré-orienter la sensibilisation au développement durable vers une éducation à l’environnement, telle est la proposition d’Yves Girault, professeur au Muséum National d’Histoire Naturelle. Rencontre avec ce chercheur qui prône un retour à la nature.

Alors que les initiatives fleurissent pour éduquer les plus jeunes au développement durable, quel est votre avis, en tant que chercheur, sur la manière dont est abordé ce sujet ?

Je pense tout d’abord que nous avons beaucoup perdu en passant d’une éducation à l’environnement, à une éducation au développement durable. En effet l’éducation au développement durable s’inscrit exclusivement dans le cadre d’une éthique anthropocentrée pour laquelle la seule valeur attribuée aux entités naturelles est une valeur instrumentale. La nature devient un moyen pour parvenir aux fins fixées par les êtres humains. L’éducation relative à l’environnement était plus riche puisque cette approche anthopocentrée était complétée par trois autres : une approche biocentrée, permettant d’appréhender la faune et la flore ; écocentrée pour aborder le fonctionnement des écosystèmes et enfin sociocentrée pour inscrire la problématique de l’environnement dans un contexte social, économique et politique. Aujourd’hui, même si beaucoup d’initiatives prises dans le milieu scolaire et associatif sont tout à fait louables, il est difficile de nier le fait que de très nombreux projets éducatifs privilégient une approche comportementaliste (tris des déchets, économie d’énergie) parfois même moralisatrice au détriment d’un enseignement pluridisciplinaire, qui permettrait aux élèves de réinterroger la nature de nos rapports à l’environnement, tant sur des aspects éthiques que sociologiques, économiques…

Y a-t-il une ou des approches plus adaptées ?

Suite à la recommandation de l’ONU de promouvoir le développement durable, nous pouvons observer des positionnements entre deux pôles : l’un adoptant, comme en France, une stratégie autoritaire de généralisation et, à l’autre extrémité, des propositions nationales plus distantes de la prescription onusienne, au sein desquelles le rapport à l’environnement est envisagé dans une perspective socioécologique, plus ample que la seule utilisation rationnelle des ressources. Bien entendu, entre ces deux pôles, on trouve divers positionnements comme en Norvège où cohabitent une éducation à l’environnement et une éducation au développement durable. Les enseignants sont alors libres de s’inscrire dans l’une ou l’autre de ces approches. Quel que soit son propre positionnement par rapport à l’EDD, il semble bien difficile, et certainement prématuré, de proposer cet enseignement très complexe aux jeunes élèves des cycles 1 et 2 du primaire pour qui la notion de temps est déjà un obstacle. Il serait certainement plus pertinent à leur égard de revenir sur une éducation à l’environnement, par le biais des classes vertes, par l’apprentissage du cycle des saisons, par exemple, qui reposent sur le contact direct et l’interaction entre l’apprenant et son environnement pour acquérir des connaissances et surtout permettre de s’imprégner physiquement et affectivement de cet environnement.

Les enseignants ont-ils les ressources et les moyens suffisants pour mettre en œuvre ce projet de sensibilisation au développement durable ?

Il existe à ce jour de très nombreuses ressources sur l’EDD pour aider les enseignants. Cependant, au vu de la complexité de la tâche, la question est de savoir si celles-ci sont suffisantes. Le premier obstacle, Lire la suite

Steven Vromman : L’homme à la faible empreinte écologique – Douze gestes pour la planète

lalibre.be, Samuel Hoste, le 09 février 2010

Douze gestes pour la planète

Au nord du pays vit un homme aux pieds légers pour l’environnement. Son exemple montre qu’il est possible de polluer moins. Tout est question de choix.

Figure atypique à la notoriété grandissante en Flandre, Steven Vromman, dynamique quadragénaire gantois, a décidé après une vingtaine d’années d’une vie professionnelle bien remplie de changer radicalement sa façon de vivre. Son objectif est simple: prouver qu’il est possible à notre époque de vivre bien et durable. Il se lance le défi de réduire un maximum son empreinte écologique pendant 6 mois – celle-ci est calculée en nombre d’hectares nécessaires pour produire ce que nous consommons – et de consigner son histoire dans un livre intitulé « Low impact man« . Cela fait maintenant presque deux ans que Steven poursuit l’expérience et apparemment, il n’a aucune intention de revenir en arrière.

« Bien plus que des gadgets technologiques, ce qui fait la différence dans la lutte pour l’environnement c’est un changement de comportement, explique-t-il. Nous vivons dans une société jetable, il faut toujours avoir plus et changer souvent; pourtant on n’a pas l’impression que les gens soient vraiment plus heureux. Les gens optent souvent pour des choses matérielles à la place de choses vraiment importantes telles que l’amitié, le contact social, un travail enrichissant, etc. » Steven affirme que son changement de mode de vie a augmenté sa qualité de vie, « j’ai moins de produits toxiques dans la maison, je mange plus sain et je fais plus d’exercice. »

Tirés de son expérience quotidienne, voici douze gestes que tout un chacun peut facilement mettre en pratique.

1. Consommer moins. « Pour produire de nouveaux objets il faut beaucoup d’énergie et de matières premières qu’il a fallu extraire ou fabriquer. Ensuite, il y a encore le transport. Tout cela pollue énormément. Or, il n’est pas toujours nécessaire de posséder quelque chose pour en profiter.  » Partant de ce principe, Steven s’est abonné à la bibliothèque et à la médiathèque. Il a ainsi accès à des centaines de livres, CD et DVD. Ces supports resteront dans le circuit du prêt et l’impact écologique que leur production a nécessité est ainsi divisé par le nombre d’emprunteurs.

2. Réutiliser. Dans le même état d’esprit, Steven achète presque exclusivement des articles de seconde main: vêtements, mobilier, vaisselle « On trouve de tout sur les brocantes et dans les magasins de seconde main. C’est aussi une façon d’acheter moins cher.  » Mais Steven concède que certaines choses s’achètent difficilement de seconde main, comme les chaussures par exemple. Dans ce cas, il privilégie des articles de bonne qualité qu’il gardera longtemps.

3. Réduire ses poubelles. Le meilleur déchet est celui qui n’existe pas. Pour réduire ses poubelles, rien de tel que d’acheter un maximum de produits sans emballage, et quand ce n’est pas possible, il vaut mieux privilégier les emballages recyclables (verre, carton ) ou recyclés. Steven va plus loin: « je bois l’eau du robinet, donc pas de déchets. Quand je vais acheter du fromage, j’emporte ma boîte à fromage. Je réutilise les sachets à pain. Je fais aussi beaucoup mes courses sur le marché car les produits n’y sont pas préemballés. »

4. Manger moins de viande. « 18 % de la production mondiale de CO2 provient du bétail élevé pour nous nourrir.  » Dès lors, Steven a opté pour une alimentation végétarienne (dans son cas, sans viande ni poisson). « Si tous les Belges mangeaient végétarien un jour de la semaine, cela équivaudrait à Lire la suite

France-Inter – Dimanche 28 février – Interception « AMAP…le paysan d’à côté »

sites.radiosfrance.fr, Interception, AMAP… le paysan d’à côté, par Lionel Thompson et Pascal Dervieux, le 28 février 2010 de 9h10 à 10h

Ce matin sur France Inter une émission sur les AMAP, avec notamment celle de Flaujagues près de Castillon la Bataille (Gironde). AMAP mise en place grâce au travail du Collectif pour l’achat de terres agricoles (CATA).

Pour réécouter l’émission http://sites.radiofrance.fr/franceinter/em/interception/

L’idée est arrivée en France en 2001. Ce sont les Japonais qui l’ont appliquée les premiers, suivis des Américains. Depuis, la formule se développe à la vitesse du vent. On les appelle les « AMAP » : associations pour le Maintien d’une Agriculture Paysanne ». On en comptera sans doute 4000 à la fin de l’année.

De l’Aquitaine au Nord Pas de Calais en passant par les Pays de la Loire ou Provence Alpes Côte d’Azur, les AMAP regroupent des citoyens fatigués d’être des consommateurs passifs.

En pré-payant un panier hebdomadaire à un agriculteur local, ils s’assurent une alimentation de qualité, bio en totalité, tout en soutenant la vie d’une exploitation.

Pour les AMAP, consommation rime avec solidarité. Le principe a pour autre avantage de réduire les circuits de distribution, si coûteux pour l’environnement.

Contrairement à une idée reçue, les AMAP ne sont pas une création pour « bobos » urbains en mal de verdure. Les grandes organisations agricoles restent sceptiques, mais au moment où le Salon de l’Agriculture célèbre une fois encore une agriculture intensive et assistée, mais en voie de dépeuplement, les AMAP montrent que ce sont peut-être les consommateurs eux-mêmes qui permettront la survie des Lire la suite

Les cantines, plus industrielles que Grenelle – Trop cher, trop compliqué… Les expériences bio restent limitées

liberation.fr, Emmanuelle Peyret, le 5 février 2010

Les cantines, plus industrielles que Grenelle

Trop cher, trop compliqué… Les expériences bio restent limitées.

Au menu de ce jeudi d’octobre, il y a marqué bio. Enchantée, la mère : «Oh, mais tu as de la chance tu as mangé bio ?». Le fils : «T’emballes pas maman, c’était juste le yaourt.» Parce que la cantine tout bio, voyez, on n’y est pas encore. Depuis 2007, la demande de bio dans les cantines explose bien, mais les producteurs et les professionnels de la restauration collective ont du mal à suivre, se plaignait ainsi en octobre un représentant de la Fédération nationale de l’agriculture biologique (Fnab) au salon Cantina. Et pourtant il va falloir s’atteler à la charrue bio, vu qu’à l’horizon 2012, les produits bio devront représenter 20 % de la composition des menus, suivant une directive du Grenelle de l’environnement.

Surcoût. Pour l’heure, un tiers des établissements (26 000) de restauration collective servent des repas bio, un chiffre qui devrait monter à sept restaurants scolaires sur dix en 2012. Selon une étude commandée en 2009 par la fédération des mairies des villes moyennes (FMVM), 8 % des communes interrogées servent plus de 20 % de produits bios, et 22 % n’en servent pas du tout. En majorité, ce sont les fruits, les légumes et le pain qui sont bios. Les bons élèves ? La Bretagne (tout est parti en 2003 du resto U de Lorient qui a proposé des repas bio aux étudiants), les régions Provence-Alpes-Côte d’Azur, Rhône-Alpes et Languedoc-Roussillon sont pionnières. Mais la ville française à appliquer de manière générale le bio à la cantine, «c’est Saint-Etienne, explique fièrement son maire, Maurice Vincent (PS). 50 % de la totalité des 25 000 repas servis quotidiennement sont bios». 10 % seront ajoutés chaque année pour arriver en 2014 à 100 % de bio dans les cantines stéphanoises. Principales difficultés rencontrées par l’équipe municipale, le prix d’abord : «10% de plus, poursuit l’édile de Saint-Etienne, qui ne se retrouvent pas sur la facture des familles. Ce surcoût a été amorti en réduisant les frais généraux.» Autre écueil : l’offre qui est souvent peu adaptée à la demande, la filière bio ayant du mal à approvisionner les gros volumes exigés par la restauration collective. «A Saint-Etienne, nous avons cherché et trouvé les produits issus de l’agriculture biologique dans un rayon de 60 km environ, dans la Loire et en Rhône-Alpes.»

Malbouffe. Comme il s’agit d’un programme à long terme, le projet bio présente l’avantage de «soutenir l’économie locale», poursuit Maurice Vincent, «en encourageant les conversions vers le bio, vu la durée du contrat, séduisante pour les agriculteurs». Tout cela nécessite une évidente organisation en amont, à voir l’exemple de Saint-Etienne, où sont élaborés les menus six mois à l’avance, où des plats parfois bizarres au goût des enfants leur sont proposés – sans aller toutefois jusqu’au tofu-topinambour – et où la viande a été laissée de côté jusqu’en 2014 : trop coûteuse, trop difficile à trouver localement.

Bref, comment faire pour obtenir une cantine bio pour ses enfants ? Se regrouper entre Lire la suite

Lettre ouverte aux élus et habitants du bassin d’Arcachon et du val de l’Eyre : Contrat de Pays, SCOT… Les élus à contre-courant

capferret.over-blog.com, communiqué, le jeudi 25 février,

Contrat de Pays, SCOT Les élus à contre-courant

Le Pays du Bassin d’Arcachon et du Val de Leyre constitue une entité écologique exceptionnelle du fait de l’étroite interdépendance du Bassin d’Arcachon d’une part avec l’Océan atlantique, d’autre part avec son arrière-pays abreuvé de zones humides et de précieux cours d’eau. L’extrême fragilité de ces milieux nécessite, de toute urgence, une attention particulière et une démarche protectrice liées à la protection de la biodiversité et à la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Aucun développement n’est concevable sans qu’une place centrale soit faite à la protection de l’intégrité des territoires naturels et à leur rôle pour la préservation du vivant.

CONTRAT DE PAYS Bassin d’Arcachon et Val de Leyre 2010-2012

Lors de la session du Conseil de Développement (CODEV) du 06 octobre 2009, en tant que représentants d’associations de protection de la Nature et de l’Environnement siégeant au CODEV, nous avons assistés au projet de contrat de Pays du Bassin d’Arcachon et du Val de Leyre 2010-2012, que nous devons désapprouver, tel qu’il nous a été présenté.

LETTRE OUVERTE AUX ELUS ET HABITANTS DU BASSIN D’ARCACHON ET DU VAL DE L’EYRE.

Depuis leur fondation, la Coordination Environnement du Bassin d’Arcachon (CEBA) et la SEPANSO regroupent les structures associatives qui ont, de par leurs statuts et leurs agréments, vocation sur le Bassin d`Arcachon et le Val de l’Eyre à être reconnues partenaires de l’Etat et des collectivités.

Depuis de nombreuses années, nous faisons prévaloir, tant auprès des services de l’Etat, des Communautés de communes et des collectivités territoriales que le Bassin d’Arcachon et le Val de l’Eyre sont identifiés au plan aquitain, national et auprès de la Communauté Européenne comme un territoire d’exception, aux caractéristiques géomorphologique et hydrogéologique très rares et pour lequel la préservation des écosystèmes, des milieux remarquables, sont à la base de la pérennité d’un extraordinaire patrimoine naturel au sein duquel les activités humaines doivent s’intégrer en respectant la biodiversité et les fonctions évolutives d’un gisement environnemental unique au bord du littoral Atlantique.

A l’issue d’une année de participation dans les commissions thématiques du SCOT, et après transmission de plusieurs rapports au SYBARVAL, nous observons que devant l’affirmation que ce territoire est quasiment unique en Europe du point de vue environnemental, les formulations, les concepts économiques, urbains, touristiques, démographiques, qui nous sont proposés ont tous pour dénominateur commun un projet de développement par lequel les choix et objectifs escomptés sont, à l’évidence, susceptibles de remettre en cause irréversiblement les équilibres fragiles des milieux, des paysages, des sites, dont l’état actuel est déjà profondément perturbé.

Au-delà de l’immense déception causée par l’observation des options qui n’ont cessé de jalonner les exposés fournis, nous sommes aujourd’hui consternés du Projet d’Aménagement et de Développement Durable (PADD) que le cabinet A’urba ose présenter au nom du SYBARVAL, projet où à l’évidence les facteurs accélérateurs d’un aménagement voué à la reconnaissance d’une future super-agglomération ainsi que les aspects démographiques, d’évolution urbaine, touristiques basés sur une consommation « libérée » des espaces, vont profondément mutiler l’identité environnementale et patrimoniale du Pays Bassin d’Arcachon et Val de L’Eyre.

Dès lors, il nous parait primordial de souligner que Lire la suite

Agriculture – Paris prêt à bouger sur l’Europe verte, selon Bruno Le Maire

rmc.fr, Avec Gus Trompiz, édité par Gilles Trequesser, le 17 février 2010

Paris prêt à bouger sur l’Europe verte, selon Bruno Le Maire

PARIS (Reuters) – La France est prête à faire preuve d’audace sur la réforme de la Politique agricole commune pour peu qu’elle débouche sur des perspectives d’avenir et de revenus pour les agriculteurs, a dit mercredi Bruno Le Maire.

Le ministre français de l’Agriculture n’aborde pas les discussions sur le budget de l’UE après 2013, et donc de la première politique commune européenne, comme l’a souvent fait la France dans le passé, défendant derrière une ligne Maginot une Europe verte dont elle est la principale bénéficiaire.

« La France est prête à bouger, à faire preuve d’audace, à faire preuve de mouvement« , a-t-il déclaré dans une interview à Reuters. « La France n’est pas dans une position figée. »

Pour l’étoile montante du gouvernement de François Fillon qui, à 40 ans, a connu une ascension fulgurante sans renier son amitié avec l’ancien Premier ministre Dominique de Villepin, rival de Nicolas Sarkozy, un système qui fait que le prix de vente est inférieur aux coûts de production doit être changé.

« Le modèle n’est plus le bon« , a-t-il dit.

La négociation-clé de l’Union européenne, qui se déroule tous les sept ans et provoque souvent des psychodrames internes, commence selon lui sous de meilleurs auspices que dans le passé.

« Je suis persuadé que nous trouverons un accord. Ce qui est en jeu, c’est l’avenir politique européen« , a-t-il dit.

LES LIBÉRAUX ALLEMANDS CHANGENT LA DONNE

Le temps où l’Europe verte, qui absorbera en 2010 45% des 123 milliards d’euros de budget de l’UE, était considérée comme un dinosaure voué à la disparition est d’après lui révolu.

L’incertitude sur la capacité à nourrir la planète en 2025, des phénomènes comme le rachat des terres agricoles par des pays riches dans le tiers monde, la déstabilisation d’un certain nombre de pays par les émeutes de la faim et les déplacements de populations rurales vers les villes prouvent sa nécessité.

Vingt-deux pays européens se sont en outre mis d’accord en décembre dernier à l’instigation de la France sur quelques grands principes qui assureraient la pérennité d’une Pac modifiée, même si cinq pays manquent à l’appel — Malte, Danemark, Pays-Bas, Suède et, surtout, Royaume-Uni.

Mais Bruno Le Maire sait qu’il se heurtera à forte opposition et prévoit des négociations « longues et difficiles ».

Grand connaisseur de la politique allemande, parfait germanophone, il n’ignore pas que la situation a changé en Allemagne avec l’arrivée dans la coalition avec les chrétiens-démocrates des libéraux, qui ont toujours voulu rogner les ailes de la Politique agricole commune.

« L’Allemagne a changé en matière agricole, cela, chacun doit en avoir conscience », a-t-il souligné.

Alors que tous les pays, dont l’Allemagne, font la chasse aux dépenses pour Lire la suite

Jean Zin : Qu’est-ce que l’écologie politique ?

jeanzin.fr, Jean Zin, le 21 janvier 2010

Qu’est-ce que l’écologie politique ?

La question se pose d’autant plus de la nature de l’écologie-politique qu’il s’agit d’un mouvement émergent et non de l’application d’une doctrine préalable. On peut dire que son corps de doctrine s’est constitué en marchant, ce qui justifie l’approche historique qu’en donne Alain Lipietz dans son petit livre sur le sujet.

L’inconvénient de cette approche est cependant de ne pouvoir sortir de la confusion initiale et du volontarisme dont l’écologie-politique a tant de peine à se débarrasser, réduite à une aspiration morale, à une pure question de valeurs, un désir d’harmonie sinon d’amour des hommes et des bêtes, au lieu d’une responsabilité incontournable qui en fait plutôt un enjeu cognitif vital. Il ne s’agit pas de préférences personnelles : on n’a pas le choix ! La réduction de l’écologie-politique à l’amour de la nature est à la fois inévitable et intenable. Il faut l’affirmer haut et fort, on n’a pas besoin de faire de sentimentalisme pour prendre l’écologie-politique au sérieux, notamment sa dimension politique qui introduit dès lors la division entre les écologistes qu’on ne peut absolument pas rassembler en un seul courant qui irait de l’écologie profonde à l’écologie sociale.

Il y a nécessité d’une définition plus conceptuelle et critique de l’écologie-politique, certes moins habituelle, comme retour au réel et nouveau stade cognitif, celui de la post-modernité et de l’unification du monde dont on est devenu responsables, intégrant la contradiction entre nature et culture ainsi qu’en posant des limites aux possibles, à nos capacités techniques de transformation du monde comme de nous-mêmes.

Notre époque en quête de nouvelles spiritualités est imprégnée, depuis le mouvement hippie au moins, d’une idéologie écolo très naïve mais qui a toutes les raisons de perdurer auprès des jeunes urbains. Dès lors, les écologistes sont invariablement identifiés à ce retour à la nature de sortes de boy scouts qui restent pourtant plus que marginaux. Sans aller jusque là, on leur imputera au moins une forme ou une autre de primitivisme ou de régression. Il n’est certes pas si facile de s’en défaire quand on prétend défendre notre « monde vécu » ou quelque nature originaire, l’indispensable critique de la technique et du progrès glissant facilement à la technophobie comme au conservatisme le plus réactionnaire.

Pendant que les gentils écolos occupent héroïquement la scène, on voit arriver en coulisse une toute autre écologie en costard cravate, plus du tout utopique celle-là, et plutôt technophile, celle du capitalisme vert engagé dans un nouveau cycle de croissance. Ces divergences d’approche prouvent au moins que l’écologie ne se réduit pas à ce que ses partisans en font, mais elles témoignent surtout de l’absence de la dimension politique dans ces approches spirituelles ou marchandes.

De son côté, l’écologie-politique ne peut se limiter à l’environnementalisme au moins parce qu’elle est supposée remonter aux causes (humaines) et adopter un point de vue global (collectif), mais avant tout à cause de l’enjeu politique qui a été souligné par André Gorz dans son texte inaugural « leur écologie et la nôtre » que nous avions mis en exergue du premier EcoRev’. Non seulement ce texte introduit la division dans l’écologie, en particulier avec l’opposition à l’expertocratie, mais il se situe clairement dans la continuité des luttes d’émancipation et dans le camp de l’anti-capitalisme. Avec de grandes différences toutefois, qu’on peut caractériser comme Lire la suite

Renouveau de l’écologie politique : la décroissance en débat

mediapart.fr, Stéphane Lavignotte, le 20 février 2010

Renouveau de l’écologie politique: la décroissance en débat

Pasteur écolo-libertaire, Stéphane Lavignotte présente son livre La décroissance est-elle souhaitable?, un des quatre premiers titres de la collection «Petite Encyclopédie Critique» des éditions Textuel

La thématique de la décroissance a fait florès, des débats entre écologistes, aux échanges avec la gauche de la gauche, jusqu’aux pages de la grande presse. Mais rarement un débat – hormis celui sur l’islam ! – aura été aussi confus. Il me semblait important de commencer par clarifier le débat, en présentant les thèmes de la décroissance, puis étudier la justesse des critiques qui leur étaient adressées, avant d’avancer des éléments plus personnels notamment en terme de stratégie politique et d’éthique.

Vitalité intellectuelle des objecteurs de croissance

Un des intérêts – et pas des moindres – du courant de la décroissance est de donner une seconde jeunesse à l’écologie politique. D’abord parce qu’il reprend les thèmes de l’écologie au moment de sa naissance, tels que René Dumont, Jacques Ellul, Ivan Illich ou André Gorz les ont développés à partir du début des années 1970 : une mise en cause des dogmes de la croissance et du bonheur par la consommation, leurs conséquences pour la planète, la critique de la technique… Ensuite parce qu’il redonne un ton radical à l’écologie après trente cinq ans de participation de ce courant au débat politique et un certain assagissement : la relative institutionnalisation des Verts et des grandes associations écologistes, « le développement durable » comme nouveau consensus (au moins apparent), la naissance du mythe de « la croissance verte »… Des auteurs comme Paul Ariès, Vincent Cheynet, Bruno Clémentin, Serge Latouche sont apparus dans le débat à travers leur critique de ces évolutions. Ils démontrent combien le « développement durable » est une contradiction dans les termes, un oxymore selon Serge Latouche. Par exemple en raison de l’effet rebond : chaque voiture pollue moins – ce qu’on appelle « l’éco-efficience » – mais comme il en y a de plus en plus, au total, le secteur automobile pollue plus… Cette logique de polluer moins pour polluer plus longtemps est dénoncée. Mais la polémique ne se tourne pas uniquement sur la « droite » de l’écologie, elle critique aussi sa gauche altermondialiste : est-ce seulement la croissance qui doit être mise en cause ou toute logique de développement ? Les débats sont vifs notamment avec l’association ATTAC.

Cette approche décapante a d’abord cela de souhaitable qu’elle oblige non seulement l’écologie a se poser la question de sa radicalité, mais à la gauche – notamment radicale – à se poser la question de l’écologie au delà de la seule dénonciation des conséquences de la logique de profit sur la planète. Ce n’est pas seulement la question de la propriété des moyens de production qui doit être posée, mais celle de la croissance des forces productives : pas seulement qui contrôle les usines, mais quelles machines pour quelle production ?

Apports de l’écosocialisme

Cette mise en cause oblige la gauche radicale à accorder plus d’attention au courant de l’écosocialisme qui en son sein tente depuis des années de faire entendre ces problématiques et apporte au débat des éléments nouveaux. Ainsi en est-il de la question de l’élargissement de l’analyse des contradictions principales du capitalisme : de l’analyse (jadis privilégiée) de la contradiction Lire la suite

La querelle des vacants ou l’histoire édifiante d’une Ligne à grande vitesse

mediapart.fr, Patrick Rodel, Edition : Bordeaux sur Garonne, le 20 Février 2010

La querelle des vacants ou l’histoire édifiante d’une Ligne à grande vitesse

Au Moyen-age, les pauvres avaient le droit de faire paître leurs quelques animaux sur des zones de terre des Landes qui n’appartenaient à personne.

Vint une époque où les riches propriétaires s’indignèrent de cet obstacle à la rationalisation de l’agriculture et, puisqu’ils étaient les plus forts, ils s’emparèrent des « vacants ». Il y eut des procès. Certaines communes purent se porter acquéreurs de ces terrains. Les conflits durèrent longtemps.

Pourquoi rappeler cette histoire qui semble n’intéresser plus que quelques érudits locaux ? parce qu’elle a laissé des traces dans la mémoire collective et lorsqu’il a été question de revenir sur certains droits de passage, lors du projet de création d’une LGV, un vent de jacquerie a soufflé sur les Landes et Coteaux de Gascogne.

Association de sauvegarde des landes et coteaux de Gascogne, c’est le nom de la jeune association qui s’est constituée en décembre 2009, mais qui est déjà forte de quelques centaines de membres, pour poser des questions, embarrassantes, aux promoteurs de ce projet. Après tout, la population avait été consultée sur le principe d’une telle ligne et une majorité s’y était montrée favorable – qui refuserait de gagner du temps  lors d’un voyage, et qui pourrait s’opposer à un développement des transports ferroviaires en une période de pétrole cher ? personne, à l’image des politiques qui, du PS à l’UMP en passant par le PC et quelques autres, présentaient la LGV comme l’occasion de désenclaver (?) la région, de créer des emplois, d’impulser le développement économique.

Quel fut donc le déclencheur de la révolte ? la découverte que RFF (Réseau Ferré de France) avait décidé de ne pas suivre le circuit existant mais d’en créer un de toutes pièces – ce qui allait entraîner la destruction de 3 600 hectares de coteaux et de forêts. Sans raisons valables. Suivons l’argumentaire que présente l’Association.

La LGV est inutile : en effet, le TGV passe déjà entre Bordeaux et  Hendaye, entre Bordeaux et Toulouse. Il s’agit simplement de le faire aller plus vite. On pourrait raisonnablement penser qu’il suffit de transformer les voies existantes pour y parvenir. Tous calculs faits, les nouveaux tracés ne feraient gagner, respectivement, que 5 et 15 minutes  sur les tracés existants et rénovés. On peut s’en étonner à juste titre.

D’autant que la LGV est ruineuse. Qu’on en juge ! Bordeaux/Hendaye : 12,5 milliards d’euros (1 seul milliard pour l’aménagement des lignes déjà existantes) Bordeaux/Toulouse : 7 milliards. Sans compter que la facture grimpera nécessairement au fil des ans. (A titre de comparaison, je rappelle que l’on estime à 14 milliards de dollars le coût de la reconstruction de Haïti !!!)

Ruineuse donc pour l’Etat, mais également pour les collectivités locales qui devront participer à hauteur de 50 % au prix de ces investissements. Pour exemple, le Lot-et-Garonne, qui ne roule pas sur l’or, devra s’acquitter d’une centaine de millions d’euros – ce qui correspond à son budget annuel (combien de maisons de retraite auraient pu être construites, combien d’établissements scolaires et sportifs, combien de logements sociaux ?)

Le contre argument avancé par les promoteurs de la LGV est qu’elle va permettre de développement des TER qui s’y raccorderont. Belle réponse, qui oublie seulement que ce sont les régions qui ont en charge les TER – que leur développement donc ne peut s’effectuer que par l’augmentation de l’impôt et la disparition des lignes de proximité et des lignes réservées au fret.

Elle est dévastatrice pour l’environnement : 3 600 hectares de Lire la suite

Elections régionales : 10 propositions pour développer l’éducation à l’environnement vers un DD

actu-environnement.com, Rachida Boughriet, le 19 février 2010

Elections régionales : 10 propositions pour développer l’EEDD

A la veille des élections régionales de mars, le Collectif français pour l’éducation à l’environnement vers un développement durable (CFEEDD) interpelle les candidats et proposent dix mesures  »concrètes » pour développer l’EEDD.

Le collectif propose tout d’abord aux candidats de mettre en œuvre des projets et actions d’EEDD sur le terrain auprès de la population et des jeunes et de mettre en place des débats citoyens sur tous les grands thèmes de l’environnement : climat, biodiversité, eau, pollutions. Le CFEEDD leur propose également de créer les conditions de mise en relation des acteurs de l’EEDD (soutien des réseaux d’éducateurs, plates-formes, espaces de concertation) ou encore de construire une démarche éducative en accompagnement de chaque politique publique  »pour y définir ensemble un volet éducatif ».

Le collectif recommande aussi de développer les partenariats, d’intégrer les notions d’environnement et de développement durable dans toutes les formations professionnelles, de soutenir la formation des animateurs et des enseignants de la maternelle au supérieur, et celle des élus, ou encore de généraliser les démarches de développement durable dans les lycées et les CFA.

Le collectif appelle également à sensibiliser la population aux questions environnementales et de développement durable, à soutenir la professionnalisation et à développer la recherche. Il appelle aussi à consacrer  »un réel budget à l’EEDD », en mettant notamment en place des fonds de financement de l’éducation à l’environnement vers un développement durable à tous les échelons de territoire.

Accéder aux 10 propositions Lire la suite

Pierre Rabhi : « L’agriculture moderne est une catastrophe écologique »

corsematin.com, propos Recueillis par Julie Quilici, le 16 février 2010

Pierre Rabhi : « L’agriculture moderne est une catastrophe écologique »

L’écrivain, agriculteur et politicien Pierre Rabhi animera des conférences aujourd’hui à Bastia (salle polyvalente de Lupino) et demain à Ajaccio (C.C.A.S Porticcio) dans le cadre des IIIe Universita di l’Omu organisées par l’AFC Umani.

Véritable pionnier et défenseur d’une agriculture respectueuse de l’environnement, Pierre Rabhi sera l’invité des rencontres thématiques Università di l’omu organisées par l’AFC Umani. En grand expert de l’agroécologie et inventeur du concept « Oasis en tous lieux », il se présentera une fois de plus, aujourd’hui à Bastia et demain à Ajaccio, comme « un éveilleur des consciences convaincu que l’écologie doit être la priorité des propriétés ».

 « Se nourrir, un acte politique et de légitime défense ». Pourquoi avoir orienté le débat sur ce sujet ?

C’est une façon de tirer la sonnette d’alarme. Il s’agit d’un thème d’actualité qui n’occupe pas la place qu’il mérite.

Pourtant, lorsque j’observe l’évolution de la problématique de l’alimentation, je constate que tous les paramètres sont négatifs et à ce rythme, l’humanité ne va pas parvenir très longtemps à se nourrir. La France est déjà totalement dépendante des importations.

Est-ce votre façon d’attaquer le système de production moderne ?

Je ne fais pas que bavarder, j’agis et je démontre que c’est possible autrement.

Et un jour nous serons bien obligés de dresser un bilan de notre société marchande car l’agriculture moderne est une des grandes catastrophes écologiques du siècle.

En quoi consiste l’agroécologie que vous avez développée ?

Il s’agit d’une discipline qui permet de régénérer les sols, de se nourrir et d’améliorer notre patrimoine. Une méthode qui prend en compte tous les facteurs écologiques, notamment l’érosion et la gestion de l’eau.

Les consommateurs sont aujourd’hui friands des produits estampillés « bio ». Preuve que votre message a été entendu ?

Nous avons passé notre temps à hurler que l’alimentation est importante pour notre corps. Les consommateurs sont donc en quête de produits « bio », mais la demande est supérieure à l’offre.

Les industriels ricanent lorsque les écologistes montent au créneau car ils souhaitent avant tout rester des samouraïs de l’agriculture en cultivant un culte de puissance.

Ils n’ont pas conscience qu’ils sont en train de détruire Lire la suite

La revue Entropia : Le laboratoire des objecteurs de croissance

lemonde.fr, Nicolas Truong, le 14 février 2010

Le laboratoire des objecteurs de croissance

Un spectre hante l’Occident : celui de l’effondrement. Du 11-Septembre à l’actuelle implosion de la bulle spéculative, l’ombre portée des Twin Towers effondrées ne cesse d’imprégner nos mentalités collectives. Du crash au krach, tout serait donc en voie d’effondrement : la banquise comme la social-démocratie, la Banque mondiale comme l’autorité parentale… Notre début de siècle semble s’apparenter au portrait dressé par le biogéographe américain Jared Diamond qui, dans Effondrement (Gallimard, 2006), compare notre situation à celle des habitants de l’île de Pâques, disparus après avoir détruit leur environnement, à force de vouloir ériger leurs mystérieuses statues.

Il n’est donc pas étonnant que les « objecteurs de croissance » se soient penchés sur la question. Car la religion du progrès a conduit les économies mondialisées droit dans le mur, constatent les partisans de la critique radicale du développement – durable ou non – réunis autour du septième numéro de la revue Entropia, publication semestrielle fondée en 2006.

Le député Vert Yves Cochet y explique que la crise des subprimes de l’été 2007, comme celle des « émeutes de la faim » du printemps 2008, sont des conséquences de la hausse des produits pétroliers. Car, d’un côté, l’explosion du cours du baril a empêché les ménages américains de rembourser leurs emprunts, et de l’autre, ruiné les Etats dépendant de cette matière première à cause du productivisme de leur industrie agroalimentaire. Il y a donc une corrélation entre crise économique et dépression écologique, explique le juriste Simon Charbonneau. D’où l’urgence de la décroissance, poursuit l’universitaire Serge Latouche, qui ironise : « Si la croissance engendrait mécaniquement le bien-être, nous devrions vivre aujourd’hui dans un vrai paradis. » Or, le pire est à venir, prévient-il, puisque les rapports internationaux annoncent de sombres scénarios : pénurie globale des ressources non renouvelables en 2030, pic de la pollution en 2040, crise de l’alimentation en 2070…

Mais comment décroître ? En se défaisant des « sortilèges de l’argent », assure l’économiste Bernard Guibert. De la « permaculture » (production agricole économe en énergie) aux « villes lentes » (agglomérations à basse consommation), des « initiatives de transition » s’inventent. Ainsi le polytechnicien Christian Araud relate l’expérience de la petite ville anglaise de Totnes (Devon) qui, dès 2005, a amorcé sa conversion vers une « économie soutenable », notamment grâce à une Bourse d’échange de surplus ou une monnaie du cru qui a revitalisé le commerce local.

Si la décroissance lui apparaît comme l’horizon indépassable de notre temps, Entropia souhaite cependant « ne pas confondre la conviction avec la certitude », indique Jean-Claude Besson-Girard, directeur de la publication. Ainsi a-t-elle invité à dialoguer l’économiste Jean-Marie Harribey, qui maintient l’idée d’un développement qualitatif afin de « démarchandiser nos sociétés ». La revue est consciente du risque que ferait également peser sur son projet une rhétorique de l’excès. Au point que Vincent Cheynet, rédacteur en chef du mensuel La Décroissance, rappelle que « les discours sur la fin du monde peuvent être pénibles et contre-productifs ».

Alors, décroissance ou barbarie ? Lorsqu’elle n’érige pas la nature en valeur, la décroissance peut se présenter comme Lire la suite

Nouvelle LGV : un gouffre qui nuit au Pays basque

sudouest.com, Eric Mailharrancin, Professeur agrégé d’économie lycée Louis-de-Foix (Bayonne), tribune libre, le 13 Février 2010

Nouvelle LGV : un gouffre qui nuit au pays basque

Comme la réforme des collectivités locales, le schéma national des infrastructures ferroviaires renforce le pouvoir des métropoles régionales. La création de la nouvelle LGV atlantique ne fait pas exception. En Aquitaine, elle bénéficiera à l’agglomération bordelaise qui sera mieux reliée à Paris au nord, à Bilbao et Madrid au sud.

Quand des élus basques invoquent l’argument du développement économique du Pays basque pour défendre la construction d’une ligne nouvelle entre Bayonne et Hendaye, ils sont naïfs ou de mauvaise foi. Le couloir LGV est conçu pour aller vite de Paris à Madrid via Bordeaux et non pour satisfaire les intérêts des zones traversées.

La création d’une gare TGV à Bayonne n’est qu’un leurre destiné à rallier le député Jean Grenet à la cause de la LGV. En effet, il est peu vraisemblable que les trains s’écartent de leur parcours pour desservir Bayonne. Si ce détour était effectué, les TGV n’atteindraient jamais la grande vitesse jusqu’à Hendaye et l’investissement pharaonique de la nouvelle ligne ne serait plus justifié. Quelques TGV de voyageurs transiteront peut-être chaque jour par la gare de Bayonne, mais les autres fileront tout droit à travers les Landes et le Pays basque. En fin de compte, les Basques paieront des impôts pour financer des trains qui ne s’arrêteront pas.

Le scandale du recours aux impôts locaux pour financer la nouvelle LGV

La mise à contribution des taxes locales pour financer la nouvelle LGV est une anomalie antidémocratique qu’un seul de nos conseillers généraux, Alain Iriart, a eu le courage de dénoncer.

Ces impôts sont destinés à créer des services de proximité et non à financer une politique ferroviaire internationale ! Si on poursuit dans cette voie, les taxes locales seront bientôt affectées au budget de l’armée ou de la justice !

Tous les habitants du Pays basque et pas uniquement les riverains de la nouvelle ligne paieront donc le prix fort pour un investissement démentiel aux arguments écologiques non démontrés.

Les dégâts environnementaux de la nouvelle LGV

Le nouveau couloir LGV détruirait des milliers d’habitations, saccagerait les paysages basques en créant une hideuse balafre du nord au sud, avec une enfilade de tunnels et de viaducs en béton. Solution moins coûteuse, l’aménagement des voies existantes éviterait ces dégâts irrémédiables pour l’environnement.

Sur le plan écologique, il est possible que la croissance du fret ferroviaire désengorge le trafic routier et réduise les émissions de carbone dans l’atmosphère. Mais toutes les études montrent que les lignes actuelles sous-utilisées absorberaient une forte augmentation du transport de marchandises.

La limite principale des autoroutes ferroviaires est Lire la suite

Coopérative d’habitants à Villeurbanne – Le Village vertical : habiter écologique et solidaire

novethic.fr, Philippe Chibani-Jacquot, le 8 février 2010

Le Village vertical : habiter écologique et solidaire

Pour la première fois en France, une coopérative d’habitants voit le jour à Villeurbanne. Cette forme d’habitat groupé, très développée en Suisse ou en Norvège, vise le respect de l’environnement, la création de lien social et le refus de la spéculation foncière. Un projet pionnier qui attend une reconnaissance légale pour garantir sa pérennité.

Depuis cinq ans, le Village vertical, c’était beaucoup de réunions, des discussions sur des plans d’architectes et un idéal pour la dizaine de familles qui participent au projet : créer un modèle solidaire et écologique d’accès à la propriété. Le 27 janvier, le concept devient réalité avec le dépôt du permis de construire de la première coopérative d’habitants en France. L’immeuble sera édifié d’ici 2012 sur un terrain de la zone d’aménagement concertée (ZAC) des Maisons neuves à Villeurbanne.

Propriétaire-locataire

« Nous serons locataires de notre espace privé et propriétaires d’un espace plus grand », résume Chikh Chemman, membre du Village vertical. Chaque sociétaire de la coopérative s’est engagé à apporter l’équivalent de 20 % du coût de construction (1360 €/m2) de son appartement sous forme de capital. Une part des loyers mensuels (780 € pour 85 m2) est destinée à rembourser progressivement les 80 % restants. Un coût relativement peu élevé pour habiter un immeuble qui se veut exemplaire sur le plan écologique. L’énergie « grise » (la pollution engendrée par la construction et la confection des matériaux) sera réduite par l’usage de bois et d’isolant écologique pour l’enveloppe du bâtiment, seule la structure porteuse utilisant le béton. Côté consommation, un toit solaire de plus de 600 m2 produira électricité et eau chaude. « Au minimum, ce sera un bâtiment basse consommation (BBC), mais nous visons mieux », explique Marine Morain, du cabinet d’architectes Arbor&Sens.

L’expérience Suisse et Norvégienne

Les coopératives d’habitant sont naissantes en France, en Espagne ou en Italie, mais elles sont ancrées dans le paysage suisse et norvégien. Dans le pays scandinave, 15 % du parc immobilier est composé de coopératives d’habitants instituées depuis 1960. Le chiffre monte à 40 % dans la capitale Oslo. En Suisse, les coopératives d’habitant représentent 8 % du foncier d’habitation avec une forte proportion en région alémanique. En Norvège, l’ampleur des coopératives d’habitants (près de 800 000 membres pour 4,5 millions d’habitants) est dû à une politique de reconstruction, dès le lendemain de la Seconde guerre mondiale, en faveur de l’accès à la propriété des ménages modestes. Une loi de 1960 a institutionnalisé le système qui repose sur l’appui financier à des associations de coopératives chargées d’accompagner la création et le développement du modèle.

Les futurs locataires et associés du Village vertical ont planché sur l’intégration environnementale du bâtiment. Tout en répondant à l’obligation légale de créer des places de parking, la coopérative louera Lire la suite

La part de la voiture en recul dans toutes les grandes villes françaises

lesechos.fr, Olivier Noyer, le 1er février 2010

La part de la voiture en recul dans toutes les grandes villes françaises

La part modale de la voiture dans les déplacements urbains a diminué dans les plus grandes agglomérations françaises. Strasbourg et Lyon font figure de très bonnes élèves grâce, entre autres, à des politiques persévérantes.

Le centre d’études sur les réseaux, les transports et l’urbanisme (Certu) effectue régulièrement depuis plus de trente ans, à la demande, des « Enquêtes ménages déplacements » dans les plus grandes agglomérations. Ces solides enquêtes de terrain permettent de suivre, à méthode comparable, l’évolution dans le temps et entre villes de tous les modes de transports, y compris les deux-roues et la marche à pied. Trois études récentes publiées à Bordeaux, puis à Strasbourg et Toulon, confirment qu’une évolution, qui avait surpris en 2006 à Lille et à Lyon, s’est généralisée dans toutes les villes importantes : partout la voiture cède du terrain par rapport au transport public et aux modes doux.

Cette tendance lourde est corroborée par d’autres approches nationales (Comptes de la nation, ventes de carburants, enquêtes Insee-Inrets) et par les observations des autres pays ouest-européens. Pour Jean-Marie Guidez, expert en mobilités au Certu, « il est maintenant certain qu’une rupture s’est produite aux environs de 2004-2005. Jusqu’à cette époque, après des décennies d’envolée de l’usage de la voiture, les experts pensaient que 1 point de part de marché gagné serait une performance. Or on constate des gains de 7 points à Strasbourg et de 4 à 5 points dans plusieurs villes ».

Lyon, trente ans d’efforts

Les causes du reflux sont multiples : prix du carburant, politiques de transport et d’urbanisme sur plusieurs mandats électifs (lignes de métros, trams, train en périurbain, transports en sites propres, « effet réseau », limites à la circulation et au stationnement, plans de déplacements urbains (PDU)…), floraison de modes doux alternatifs (vélo, covoiturage, autopartage), glissement de la « voiture objet et patrimoine » vers la « voiture service », hausse de la conscience environnementale, proportion plus importante de retraités moins mobiles que les actifs…

Pour Jean-Marie Guidez, « les mêmes causes produisant les mêmes effets, la tendance devrait se confirmer : l’énergie pas chère est finie, les politiques de rééquilibrage urbain se renforcent, le vieillissement de la population s’accentue… » De nouvelles causes agissent dans le même sens, comme le resserrement des budgets des ménages, le développement de la journée continue qui supprime les déplacements du déjeuner, ou l’émergence d’un « e-comportement » qui rend plus sédentaire (on peut tout faire à la maison : courses, rencontres familiales…).

Toutes les municipalités aux politiques volontaristes n’ont pas forcément mené des enquêtes standardisées de ce type qui permettent la comparaison entre villes et dans le temps. Mais la synthèse (voir ci-dessus) met en valeur quelques « villes vitrines » aux politiques persévérantes qui ont le plus comprimé la part de la voiture comme Lire la suite

Photovoltaïque en Gironde : Panneaux très encadrés

sudouest.com, Julien Rousset, le 11 Février 2010

ÉNERGIE SOLAIRE. La préfecture veut mieux réglementer l’implantation de fermes photovoltaïques. Les promoteurs craignent un tour de vis

Panneaux très encadrés

Du photovoltaïque, oui… mais pas à tout prix. Confrontée, depuis l’an dernier, à une avalanche de projets, la préfecture est en train de préciser les règles encadrant l’implantation de fermes de panneaux solaires.

Ces règles étaient jusqu’ici assez floues. Et le phénomène marginal : il n’existe à ce jour pas, en Gironde, de ferme photovoltaïque à proprement parler.

Du « solaire » est apparu ici ou là, sur de menues échelles. Un site expérimental à la pépinière technopole Montesquieu de Martillac, une petite centrale récemment inaugurée au Barp… À part ça, rien. Rien, en tout cas, de concret. En revanche, que de projets ! « Plusieurs dizaines » de demandes ont afflué ces derniers mois à la préfecture. Pourquoi ? Parce que les projets validés avant le 31 décembre 2009 pouvaient bénéficier d’un rachat, par EDF, de l’énergie produite à un tarif préférentiel – tarif qui vient d’être révisé à la baisse (1).

En forêt ? Oui mais…

Cette aubaine a stimulé des projets partout en France. Face à cet appel d’air, un premier cadre a été posé : depuis le mois de novembre, toute installation de centrale photovoltaïque est soumise à permis de construire, enquête publique et étude d’impact.

De son côté, la préfecture est en train d’élaborer sa « doctrine » en la matière. Une doctrine qui varie selon trois catégories de site. Premier cas de figure, le plus consensuel : les sites dits « artificialisés » – zones industrielles, carrières, parkings… Installation facile, paysage neutre : ces lieux sont propices aux champs photovoltaïques. Deuxième option : des panneaux sur du bâti, en ville, sur des toits. Dans ce cas, gare au patrimoine et aux sites protégés (voir ci-contre)… Troisième et dernière option, la plus délicate : les surfaces naturelles – zones forestières, viticoles ou agricoles.

C’est sur ces terrains que fleurissent les demandes, et les polémiques. Bronca par exemple dans le Pays foyen, quand, en décembre dernier, un propriétaire de Saint-Quentin-du-Caplong envisage d’arracher 60 hectares de vigne pour les draper de panneaux solaires. Chasseurs, agriculteurs, viticulteurs… s’y opposent, estimant que cet équipement va blesser le paysage et contribuer à la baisse continue de la surface agricole dans le département. Pour l’instant, le maire, Rolland Grenouilleau, attend le permis de construire pour se prononcer (2).

« Quand il s’agit de zones naturelles, nous regardons avec beaucoup d’attention. Le risque, c’est Lire la suite

«Le Grenelle I ne remet en cause ni les autoroutes, ni le transport aérien»

journaldelenvironnement.net, Sabine Casalonga, le 6 janvier 2010

«Le Grenelle I ne remet en cause ni les autoroutes, ni le transport aérien»

Philippe Billet, professeur de droit public à l’université Jean Moulin (Lyon 3) et président de la Société française pour le droit de l’environnement, analyse pour le JDLE le volet Transports de la loi «Grenelle I». Il estime que nombre de ses objectifs en termes de transport «propre» seront difficiles à atteindre.

Quel état des lieux pour les transports en France ?

La France est très en retard en ce qui concerne le développement des transports en commun par rapport à d’autres pays européens comme l’Allemagne, la Belgique ou la Suisse. Dans ce dernier pays par exemple, la fréquence des trains et des cars postaux -l’équivalent des bus- est de loin supérieure à celle de l’Hexagone, où le réseau des trains express régionaux (TER) est également trop faible, même si on peut saluer l’effort de certaines régions. En conséquence, l’emploi de la voiture y est beaucoup plus répandu. Il en va de même pour le transport routier de marchandises, qui domine le marché au détriment du fret ferroviaire ou du ferroutage, pour des raisons autant économiques que politiques.

Quels changements la loi «Grenelle I» introduit-elle (1) ?

La loi est très marquée par la question des transports du fait de leur forte contribution aux émissions globales de gaz à effet de serre qu’elle vise à réduire de 20% d’ici 2020. Concernant le transport de voyageurs, elle promeut l’augmentation des «transports doux» d’ici 2015. Est prévu le financement de la rénovation du réseau de lignes secondaires SNCF ainsi que de nouvelles voies de TGV. Mais celles-ci ne pourront pas se substituer aux autoroutes à distance égale compte tenu de la fréquence des trains et du nombre de passagers.
Par ailleurs, la loi introduit plusieurs mesures incitatives comme les plans d’entreprise avec incitation au co-voiturage et à l’auto-partage. Autre mesure forte : tout nouveau centre commercial devra prévoir un accès par transport collectif, à l’instar de ce qui se fait déjà en Allemagne et en Suisse.

Quid du transport de marchandises ?

D’après le Grenelle I, la part du fret non routier et non aérien (fluvial, ferroviaire et maritime) devra passer de 14 à 25% de à l’échéance 2022. Le projet des «autoroutes ferroviaires» qui vise à remplacer 2 millions de camions risque toutefois de se heurter à la vétusté des voies existantes et aux cadences insuffisantes pour absorber le volume du trafic routier. Il faut compter avec leur impact environnemental, au même titre que la réalisation de plusieurs grands canaux pourrait être freinée en raison de leurs impacts néfastes sur la biodiversité et l’environnement.

Mais au-delà de ces mesures positives, le «Grenelle I» servirait, selon vous, de caution «verte» au plan de relance et aux projets d’infrastructures ?

En effet, la loi ne remet en cause ni le transport aérien ni les autoroutes, puisque les projets d’autoroutes déjà programmés seront financés par le fonds de capitalisation ad hoc du Grenelle I [voir encadré]. Par ailleurs, les liaisons par TGV sont privilégiées -16 milliards pour 2.000 km d’ici 2020- au détriment des dessertes locales. Globalement, on peut reprocher à ce texte de Lire la suite

Valeurs, consommation, engagement, possession, convivialité – Ecologie : nos 5 révolutions

psychologies.com, NC, décembre 2009

Ecologie : nos 5 révolutions

Nous sommes de plus en plus responsables. En atteste la dernière édition de Francoscopie, qui met en évidence, entre autres, nos évolutions dans le domaine environnemental. Remise en question de nos valeurs, consommation introspective et engagée, création de nouvelles convivialités… Nous nous détachons de plus en plus du matérialisme pour nous ouvrir aux autres. Mais il nous reste toujours des progrès à faire. Panorama.

1. Un changement de valeurs

En chiffres :

En 2009, 83 % des Français estimaient que « le niveau de vie de l’ensemble des Français allait un peu ou beaucoup moins bien depuis une dizaine d’années ». 51 % d’entre eux pensaient que leurs propres conditions de vie allaient progressivement se déteriorer. (Source Crédoc)

Aujourd’hui, nous semblons de plus en plus conscients que le progrès ne fait pas le bonheur. Une évidence ? Loin de là, explique Gérard Mermet : « nous avons longtemps été guidés par l’idée que plus le développement économique est fort, plus nous pouvons améliorer notre pouvoir d’achat. L’équation traditionnelle était donc progrès = bonheur ».

Il aura fallu une réelle remise en question pour bouleverser cette vision du bonheur qui nous guide depuis plus de deux siècles. Et, à en croire Gérard Mermet, ce travail de longue haleine n’a eu qu’un aboutissement récent : « Cette réflexion de sens a été initiée dès les années 60, mais elle a pris une nouvelle tournure avec la crise actuelle. Nous remettons désormais en cause le système de consommation et recherchons ce qui est mieux pour nous et pour les autres en tentant d’éviter les voies conventionnelles.» De nouvelles valeurs, gage d’un engagement nouveau ?

Les Psychonautes témoignent : simplicité, sciences, Nous sommes nombreux, à l’image d’Apex 42 à nous interroger sur le sens à donner à nos vies. Ce qui est certain : aux yeux des Psychonautes, l’argent ne fait plus le bonheur :

« L’art de la simplicité, c’est la découverte qu’on peut vivre beaucoup mieux avec moins de possessions matérielles. Il ne s’agit pas de rejeter le progrès scientifique, mais de ne pas oublier que le véritable bien-être vient d’une attitude mentale et relationnelle et non de l’accumulation de nouvelles possibilités techniques, » explique-t-il.

Et à Valérie, 42 ans, de renchérir : « Je n’en peux plus de cette course à la possession. Pour mes enfants, je veux un monde où l’on saura que la véritable valeur passe par les gens et non pas par ce que l’on a dans notre placard. »

2. Une consommation introspective

Remettre en question les valeurs qui nous guident, mais aussi les comportements qu’elles engendrent. Nous sommes ainsi de plus en plus nombreux à raisonner nos actes d’achat. « Nous assimilons la consommation à une forme de destruction, selon l’etymologie même du terme – du latin consumere, consumer -, et nous ressentons une certaine forme de culpabilité, analyse le sociologue. Nous sommes progressivement passés d’une consommation ‘vitrine’ à une consommation ‘miroir’, plus réfléchie, plus intériorisée. »

L’explication : nous avons longtemps cherché, à travers la consommation à donner Lire la suite

L’habitat groupé, ou comment vivre ensemble chacun chez soi

lemonde.fr, Catherine Rollot, le 28 décembre 2009

L’habitat groupé, ou comment vivre ensemble chacun chez soi

Laure Teulières, 40 ans, n’a jamais eu de « rêve pavillonnaire ». L’habitat idéal pour cette historienne, maître de conférences à l’université de Toulouse II-Le Mirail, rime plutôt avec « écologie, solidarité, mixité sociale et générationnelle ».

Depuis 2007, avec une vingtaine de familles toulousaines, elle travaille à deux projets d’habitat groupé coopératif. Le petit groupe, qui s’est constitué en association, La Jeune Pousse, comprend des chômeurs, un ingénieur, un artisan chauffagiste, une assistante sociale, des retraités… tous unis par le même désir de vivre dans des habitations écologiques gérées collectivement. Chacun y aura son appartement mais les familles se partageront des parties communes (buanderies, atelier, salle polyvalente et chambres pour y recevoir les hôtes de passage…).

Les différents statuts pour les projets collectifs

Plusieurs statuts sont possibles pour les projets collectifs d’habitat : les cohabitants peuvent se constituer en copropriété, en société civile immobilière (SCI), ou en société civile coopérative de construction (SCCC). Ces différentes solutions ne sont pas toujours bien adaptées notamment en cas de départ et de remplacement d’un propriétaire de l’habitat groupé. Contrairement aux coopératives d’habitants, toutes ces solutions laissent possible une spéculation sur la valeur immobilière des biens construits.

Depuis trois ans, des dizaines de collectifs comme La Jeune Pousse se sont créés autour de projets d’habitat groupé. Derrière ce terme se cachent des formules diverses qui vont de la bande de copains, prêts à partager quelques espaces communs, à des projets plus ambitieux autour de familles réunies dans une coopérative d’habitants. Une centaine de projets seraient en cours dans toute la France.

L’habitat groupé n’est pas vraiment une nouveauté. Dans les années 1970, ce concept collait à l’air du temps. De nombreux collectifs d’habitants fonctionnaient alors sur le mode de l’autogestion. Si quelques-uns survécurent à la décennie suivante, la dynamique était bel et bien cassée. « Les dernières réalisations ont plus de vingt-cinq ans, explique Philippe Yven, chargé de mission habitat durable au sein de l’association Cohérence. Au milieu des années 1980, c’est clairement le modèle de l’habitat individuel qui s’est imposé. »

Aujourd’hui, l’envolée des prix de l’immobilier, les préoccupations environnementales et le désir de retrouver du lien social expliquent ce regain d’intérêt. « Aucun d’entre nous n’aurait les moyens d’habiter dans une maison en ville avec un jardin. Ce rêve devient possible en se regroupant« , témoigne Carole Contant, présidente de l’association Parasol, qui soutient le projet rennais « Les Graines urbaines ».

La conscience écologique est aussi un moteur. Grâce à des achats groupés et à l’autopromotion, la construction à plusieurs permet de faire des économies d’échelle et rend plus accessible le bâti à haute performance énergétique. L’empreinte écologique peut aussi être réduite en mettant en place un système de covoiturage.

Mais la motivation principale reste l’envie de Lire la suite

Vive le slow travel !

lexpress.fr, Anne Gouyon, le 15 décembre 2009

Vive le slow travel !

Partir moins souvent au bout du monde, mais alors partir vraiment, longtemps, en prenant le temps d’une vraie pause… La chronique d’Anne Gouyon, de Viatao, à méditer à l’heure où se termine le sommet de Copenhague.

Ne plus pouvoir prendre l’avion… C’est ce qui est arrivé en 1993 au journaliste Tiziano Terzani. Et ce qui risque de nous arriver à tous, compte tenu de l’impact du transport aérien sur le climat. Cette contrainte en forme de bénédiction pourrait nous amener à renouer avec le voyage, le vrai, celui qui demande du temps.

Plutôt sceptique de nature, Terzani avait consulté par hasard, en 1976, un de ces Fortune Teller, ou diseur de bonne aventure, comme il y a en a tant dans la mystique Asie. À sa grande surprise, le mage lui conta des détails extrêmement précis de son passé, que nul ne pouvait connaître… Puis, après lui avoir conseillé de pratiquer la méditation, le diseur d’avenir glissa au détour d’une phrase: « Attention! En 1993, vous courrez un grand risque, celui de mourir. Cette année-là, ne volez pas, ne prenez jamais l’avion. »

Les années passent, Terzani a presque oublié l’étrange avertissement, lorsque arrive la fin de 1992. Hum, hum. Qu’auriez-vous fait ? Un peu par crainte, un peu par jeu, le journaliste décide de suivre la recommandation du voyant et de ne pas voler pendant un an. Bien lui en prend : en février 1997, l’hélicoptère qu’il aurait dû prendre lors d’un voyage journalistique organisé par l’ONU s’écrase avec ses passagers, dont son remplaçant (qui en sortira très gravement blessé).

Choqué, sa rationalité ébranlée, Terzani passera ainsi un an à exercer son métier de correspondant en Asie pour le prestigieux magazine Der Spiegel sans prendre l’avion… redécouvrant une région du monde dont il s’était presque blasé. Car on ne vit pas une ville de la même manière lorsqu’on l’aborde par sa gare des bus ou par son port, lieux hauts en couleurs et en odeurs, que lorsqu’on y atterrit dans un des ces aéroports qui vous font dire « Où est-on, chéri, aujourd’hui ? À Bangkok,  New-York ou Johannesburg? « . Le meilleur de cette année sans ailes: son retour dans sa Toscane natale en train, épique voyage à travers les steppes de Mongolie digne des récits d’une Ella Maillard. Et la découverte de la méditation, inspirée du conseil du voyant, découverte qui changera à jamais la vie de Terzani. Il tirera de cette année hors du commun un livre magnifique A Fortune Teller Told Me, (en version française: Un devin m’a dit) à lire absolument lors de votre prochain voyage… en train.

Un vol émet 500 kg de carbone

Les experts réunis à Copenhague sont nos Fortune Teller. Ils nous lancent le même avertissement: si vous persistez à vouloir tous voler, vous allez mourir. Un seul vol en avion longue distance et vous avez déjà émis plus de 500 kg de carbone, soit la quantité à ne pas dépasser par personne en un an pour ne pas accélérer encore plus le réchauffement climatique. Autant dire que pendant le reste de l’année, vous ne pouvez plus ni vous déplacer, ni manger, ni vous chauffer…

Bien sûr, vous pouvez compenser les émissions de votre vol en finançant une réduction d’émission équivalente ailleurs. Mais compte tenu de l’amplitude du problème, il reste indispensable de réduire aussi nos propres émissions. À long terme, il sera peut-être possible de faire voler des avions avec des biocarburants produits par des microalgues. En attendant, il va falloir, sinon ne plus voler du tout, Lire la suite

Biodiversité et territoires : la nature et la ville durable

projetdeterritoire.com, note ETD, le 26 janvier 2010

Biodiversité et territoires : la nature et la ville durable

La prise en compte croissante de l’environnement et de la biodiversité renouvelle les approches de l’aménagement et de l’urbanisme tout particulièrement au sein des territoires urbains. La place de la nature est devenue un enjeu central de la nouvelle ville durable.

Le Grenelle de l’Environnement est l’occasion de renouveler cette approche de la nature de la ville à travers l’engagement n°76 qui prévoit l’élaboration du « Plan restaurer et valoriser la nature en ville ». Le 5 févier 2010, le ministère de l’Ecologie, de l’énergie, du développement durable et de la mer (MEEDDM) organise la conférence de restitution des ateliers mis en place pour l’élaboration de ce plan qui sera présenté au printemps.

A la demande du MEEDDM Etd a réalisé une note de synthèse faisant un état des lieux des réflexions, des problématiques et des principales pistes formulées et explorées à l’occasion des rapports, articles et colloques récents sur la nature en ville. Ce travail a donné lieu à une importante exploration bibliographique. ETD participe également aux ateliers mis en place pour l’élaboration du plan.

Télécharger la note d’Etd Lire la suite

La réduction des pesticides ne se fera pas sans une révolution des pratiques

actu-environnement.com, Sophie Fabrégat, le 28 janvier 2010

La réduction des pesticides ne se fera pas sans une révolution des pratiques

Menée par l’INRA dans le cadre du plan Ecophyto 2018 qui vise à réduire l’usage des produits phytosanitaires, l’étude Ecophyto R&D évalue les techniques et les pratiques pour dessiner des scénarios réalistes de réduction progressive des substances

Avec 76.000 tonnes de substances actives vendues par an, la France est le premier consommateur de pesticides en Europe et le troisième au niveau mondial. L’utilisation régulière de ces produits a des conséquences néfastes pour l’environnement et la santé. En 2007, selon le MDRGF (Mouvement pour les droits et le respect des générations futures), 52,1 % des fruits et légumes (contre 45 % en 2006) contenaient des résidus de pesticides en France, avec 7,6 % de dépassement des limites maximales en résidus (LMR) contre 6 % l’année précédente. Les produits phytosanitaires sont soupçonnés d’être cancérigènes et perturbateurs endocriniens…

Pourtant, les pratiques intensives, qui utilisent près de 50 % de pesticides en plus que la moyenne française ont des gains de production modérés (5 % pour les grandes cultures).

Le Grenelle de l’environnement a pointé du doigt l’usage intensif de pesticides dans les cultures françaises. Les recommandations ont abouti à la mise en place du plan Ecophyto 2018 qui vise une réduction de 50 % des produits phytosanitaires d’ici huit ans  »si possible » et le retrait progressif du marché des produits contenant les 53 substances actives les plus préoccupantes. Mais les moyens à mettre en œuvre pour réaliser cet objectif n’ont pas réellement été définis. L’étude Ecophyto R&D, commandée à l’INRA par les ministères en charge de l’Agriculture et de l’Environnement, visait à préciser les contours de la mise en œuvre de cet objectif. Les différentes cultures françaises et les pratiques inhérentes à ces cultures ont été étudiées sur l’année 2006 afin de pouvoir dessiner différents scénarios réalistes de réduction progressive des substances actives.

Les grandes cultures et la vigne, grandes consommatrices de pesticides

Selon le Réseau d’information comptable agricole, sur les 25,4 millions d’hectares de surface agricole cultivée (SAU) des exploitations, 14,4 millions consomment 96 % des pesticides (11,7 millions d’ha correspondent à la jachère ou aux surfaces toujours en herbe). En 2006, la pression pesticide globale en France incombe à 67 % aux grandes cultures (céréales, oléagineux, protéagineux, betteraves, pommes de terre…). La viticulture représente 14 % de la pression alors qu’elle ne constitue que 3,3 % de la SAU. De plus, cette production peut donner lieu à des pressions locales fortes, tout comme l’arboriculture (5 % de la pression pesticide) et l’horticulture (5 %). La pression varie selon les cultures : la pomme de terre et le colza sont très consommateurs de substances actives contrairement à la culture du tournesol, la pomme de table est le fruit qui nécessite le plus une assistance chimique (36 traitements) contre 2 à 5 pour les kiwis.

Alors que les zones herbagères sont les régions où la pression pesticide est la plus faible, les régions de grandes cultures (nord de la France), les régions spécialisées dans les cultures fruitières (Vallée du Rhône et sud-Ouest notamment) et les zones pratiquant l’horticulture et les légumes en plein champ (ceinture parisienne, Bretagne, Provence, Landes) sont fortement impactées. Les vignobles sont les plus touchés par la pression pesticide.
Grandes cultures : des progrès plus ou moins importants selon les cultures

Près de 30 % des parcelles de grandes cultures utilisent Lire la suite

Plan de mobilisation gouvernemental en faveur des métiers verts

lemonde.fr, le 28 janvier 2010, Hervé Kempf

Plan de mobilisation gouvernemental en faveur des métiers verts

La politique environnementale peut générer des centaines de milliers d’emplois : c’est pour étayer ce pari que Jean-Louis Borloo, ministre de l’écologie, et Valérie Létard, secrétaire d’Etat, devaient présenter, jeudi 28 janvier, à Paris, un « plan de mobilisation pour les métiers de la croissance verte« , lors d’une « conférence nationale ».

Cette dernière conclut un travail engagé par les services de Mme Létard depuis septembre 2009, et qui a réuni près de 400 experts chargés d’identifier les potentialités d’emploi dans onze filières économiques (agriculture, automobile, bâtiment, eau et déchets, électromécanique, énergies renouvelables, raffinage et agrocarburants, tourisme, transport, mer, biodiversité). Leur rapport est plus mesuré que l’estimation optimiste – 600 000 emplois – lancée par M. Sarkozy, en juin 2009, sur la base d’une étude sommaire du cabinet Boston Consulting Group (Le Monde du 30 juillet 2009).

La « Synthèse des travaux des comités de filière » remise en janvier est beaucoup plus prudente. Elle n’identifie formellement qu’environ 210 000 nouveaux emplois pérennes d’ici à 2020 (90 000 dans l’agriculture, 40 000 dans l’eau et les déchets, 80 000 dans les infrastructures de transport collectif). Sur plusieurs autres secteurs, il reste difficile de mesurer le solde net d’emplois, notamment dans le bâtiment, où l’enjeu est très important, avec un vaste potentiel de travaux d’économies d’énergie dans le parc immobilier existant. En revanche, des filières comme l’automobile pourraient perdre des emplois. Le rapport souligne que, en réalité, « la plupart des filières continueront à offrir des emplois sur des métiers traditionnels, mais avec des nouvelles compétences ».

C’est à un constat similaire qu’est parvenu le Conseil d’orientation pour l’emploi (COE), qui a publié, le 25 janvier, un rapport sur le thème « Croissance verte et emploi ». « Il y a consensus pour dire que le tournant du développement durable peut se traduire par un potentiel de plusieurs centaines de milliers d’emplois, résume Marie-Claire Carrère-Gée, présidente du COE. Mais les nouveaux emplois strictement verts seront peu nombreux. Il y aura surtout des emplois dans des secteurs traditionnels qui se seront « verdis » ou dans des secteurs peu « verts » mais dont l’activité va croître par des décisions politiques, par exemple dans le bâtiment ou dans le développement des tramways. »

Les analyses convergent sur le besoin d’une politique spécifique de formation. « Les comités ayant tous identifié des besoins très importants en matière de formation initiale et continue dans chacune des filières, il en ressort au global un besoin de mobilisation quasi sans précédent de la filière de formation », souligne la synthèse.

C’est d’ailleurs sur ce terrain que M. Borloo et Mme Létard devaient annoncer les principales mesures, avec la création d’un Lire la suite

Luc Ferry : « l’écologie est une affaire de bobos « 

lexpansion.com, Reuters/Charles Platiau, le 28 janvier 2010

Luc Ferry : « l’écologie est une affaire de bobos  »

Luc Ferry, philosophe, ancien ministre de l’éducation nationale, auteur du « nouvel ordre écologique » publié aux éditions Grasset en 1992

Pourquoi les classes populaires ne semblent pas aussi enthousiastes que les cadres à adopter un mode de vie estampillé vert ?

Il y a une réponse évidente, et une autre, qui l’est peut être moins. La réponse évidente, c’est que,  quand la vie est difficile, quand le pouvoir d’achat n’est pas ce qu’on espérait alors, les préoccupations touchant la  protection de l’environnement passent au second plan. Mais il faut, je crois, aller plus loin : à bien des égards, les enquêtes sociologiques le confirment largement, l’écologie est une affaire de « bobos », pour ne pas dire d’intellectuels. Pas exclusivement, bien entendu, mais assez largement quand même. Pourquoi ? Tout simplement parce que les questions touchant l’environnement sont à la fois globales et lointaines. Elles engagent une réflexion qui va loin dans le temps (les générations futures, l’état du monde en 2050, etc.) et dans  l’espace (c’est aujourd’hui l’entrée de la Chine et de l’Inde dans la mondialisation qui pose le plus de problème…). Or il n’est pas sûr que ces questions lointaines soient « populaires », d’autant qu’elles supposent souvent un haut niveau d’étude, notamment scientifiques…

Vous affirmez donc que l’écologie est un luxe de « riches » …

Oui, bien entendu et cela vaut d’ailleurs tout autant pour les individus que pour les nations. Il était totalement déraisonnable, et même absurde d’imaginer que la Chine et l’Inde allaient se passionner à Copenhague pour le climat ou la réduction des gaz à effet de serre. J’ai entendu maintes fois des écolos convaincus m’expliquer que « les chinois ne sont pas idiots ». Justement, c’est bien pour cela qu’à leurs yeux le développement est prioritaire. Un point de croissance en moins dans la Chine d’aujourd’hui, ce sont des émeutes sanglantes dans les mines ou ailleurs, et ce genre de considération est évidemment prioritaire. Voilà pourquoi nous avons eu tout faux à Copenhague : il fallait réfléchir tout autrement que notre gouvernement ne l’a fait : il fallait, non pas essayer d’obtenir que les nouveaux entrants signent un traité, encore moins nous infliger une absurde taxe carbone, mais au contraire investir à fond dans la recherche scientifique permettant de vendre au reste du monde des modes de consommation moins dévastateurs. Là est notre vraie carte à jouer, à nous les Européens, et certainement pas dans un bras de fer aussi ridicule que perdu d’avance avec les Chinois et les Indiens. Je crois que nos politiques ne comprennent rien à l’écologie.

Ce problème d’équité sociale ne risque-t-il pas d’entraîner à terme un rejet des politiques écologiques ?

Oui, vous avez raison, et on le voit bien avec la taxe carbone qui, Lire la suite

Initiatives océanes 2010, les 18, 19, 20 et 21 mars : Appel à projets Surfrider Foundation Europe

 Surfrider Foundation Europe, Gilles ASENJO, janvier 2010

Initiatives océanes 2010, les 18, 19, 20 et 21 mars

Faisant suite à une mobilisation sans précédent de 20 000 participants en 2009, Surfrider Foundation Europe organise cette année la quinzième édition des Initiatives Océanes, un grand rassemblement éco citoyen, dédié à la protection de nos chers littoraux, lacs et rivières. Une fois de plus, l’occasion vous est offerte de prouver votre intérêt pour nos océans et cours d’eau, les 18, 19, 20 et 21 mars 2010.

L’objectif de cet événement européen est de sensibiliser les plus jeunes et l’ensemble de la population aux richesses de notre environnement, et, malheureusement, aux menaces qui peuvent peser sur celui-ci, afin de responsabiliser sur l’impact que chacun peut avoir sur la planète.

Une quinzième année sous le signe de la mobilisation et du lobbying

Après 15 années de combat, Surfrider va encore plus loin et est décidée à faire participer la population à des actions fortes et symboliques, au travers d’une campagne de fond sur les macro-déchets (déchets marins d’emballages ainsi que d’objets de différentes tailles et matières diverses), alliant mobilisation citoyenne, lobbying institutionnel et lobbying industriel.

Faites de cet événement international votre initiative : organisez un nettoyage !

Pour y parvenir et faire changer les mentalités, nous avons besoin de vous ! Comment ? En faisant que les Initiatives Océanes 2010 soit VOS initiatives.

Il suffit de vous inscrire en tant qu’organisateur sur le site internet www.initiativesoceanes.org.

Si, pour cette édition 2010, vous ne prévoyez pas d’organiser une opération, vous pourrez en rejoindre une facilement en vous inscrivant sur http://www.initiativesoceanes.org

Nous serions des plus heureux de Lire la suite

Le Grenelle de l’environnement est-il enlisé ?

lemonde.fr, Gaëlle Dupont, le 22 janvier 2010

Le Grenelle de l’environnement est-il enlisé ?

Ambiance morose que celle dans laquelle s’est déroulé, vendredi 22 janvier, le comité de suivi du Grenelle de l’environnement, qui réunit tous les trois mois les cinq collèges participant au processus (ONG, syndicats, patronat, collectivités locales, Etat).

Echec de la négociation sur le climat à Copenhague ; censure de la taxe carbone par le Conseil constitutionnel ; report après les élections régionales (14-21 mars) de l’examen de la loi Grenelle II par l’Assemblée nationale, alors qu’il était initialement prévu en janvier ; regain de l’affrontement entre lobbies patronaux et écologistes… L’élan consensuel qui avait abouti, en octobre 2007, aux 273 engagements censés impliquer la France dans une « évolution écologique » semble bien loin. Deux ans et demi plus tard, le Grenelle est-il en panne ? Si l’impatience monte dans les syndicats et les ONG, certains acteurs soulignent, eux, les premiers progrès accomplis.

Les commentaires les plus acerbes viennent des associations écologistes de terrain. « C’est comme si le Grenelle n’avait pas existé, affirme Gilles Huet, délégué général d’Eaux et rivières de Bretagne. Il n’a pas eu de traduction concrète sur le terrain. La dynamique n’est pas portée au niveau régional, notamment par les fonctionnaires. » Même son de cloche chez Alsace Nature. « Ça n’a pas changé la face du monde, dit son directeur, Stéphane Giraud. L’autoroute de contournement de Strasbourg a été maintenue. Dans le dossier du grand hamster, une espèce au bord de l’extinction, c’est la Commission européenne qui pousse le gouvernement à réagir, pas le Grenelle. »

Philippe Barbedienne, directeur de la Sepanso, ONG écologiste du Sud-Ouest, est sévère, lui aussi. « Seuls les discours ont changé, affirme le militant. Les projets sont badigeonnés en vert, comme la ligne à grande vitesse qui va passer dans notre région. On continue à grignoter la biodiversité. »

Nombreuses sont les associations qui se battent contre les projets d’aménagement jugés « contraires » au Grenelle, souvent portés par des élus locaux.

« Le Grenelle n’a pas été territorialisé, analyse Arnaud Gossement, ancien porte-parole de France nature Eevironnement (FNE), qui fédère ces associations. L’Etat n’a pas non plus donné les moyens de fonctionner aux ONG locales, qui sont dans une situation financière extrêmement difficile. La déclinaison dans les territoires doit avoir lieu rapidement, sinon le processus sera en grand danger. »

Mais au niveau national aussi, un malaise est perceptible, ravivé par le débat sur l’assiette de la taxe carbone. « L’argument de la compétitivité revient très fort de la part du patronat, constate Jean-Pierre Sotura, à la CGT. Les intérêts pèsent pour éviter que les choses se mettent en place ». « On sent très bien que plus le Grenelle s’éloigne dans le temps, plus le ton se durcit, confirme François Veillerette, président de l’association écologiste Mouvement pour le droit et le respect des générations futures (MDRGF). Le rapport de forces entre les ONG et l’industrie reprend du poil de la bête. »

Dans le même temps, il devient « plus difficile » de parler de développement durable aux salariés, selon Jean-Pierre Bompard, à la CFDT. « Le Grenelle remonte à 2007, il a perdu une partie de son attractivité, la crise économique est passée par là, estime le syndicaliste. Aujourd’hui les salariés sont confrontés à une crise de l’emploi, et ont en même temps le sentiment que Copenhague a été un échec. L’idée qu’il faut d’abord résoudre les problèmes urgents progresse. »

Le ministre de l’écologie Jean-Louis Borloo sent le danger. Il a Lire la suite

Entre 13 000 (police) et 20 000 manifestants (organisateurs) anti-LGV à Hendaye : Le forcing des anti-LGV et La charte européenne d’Hendaye est signée

 sudouest.com, Pierre Sabathié, le 24 Janvier 2010

En savoir plus [PORTFOLIO] Les images de la manifestation anti-LGV à Hendaye

TRANSPORTS. 15 000 opposants venus de toute la région ont participé samedi à la première manifestation transfrontalière entre Hendaye et Irún

Le forcing des anti-LGV

Entre 13 000 et 15 000 personnes. La manifestation anti-LGV, organisée hier à Hendaye, a réuni plus de monde que le premier mouvement lancé à Bayonne le 17 octobre dernier (10 000 personnes environ). Les associations hostiles aux lignes ferroviaires nouvelles, à l’origine de cette nouvelle mobilisation, affichent le sourire. « Je suis très satisfait de la journée, confie Victor Pachon, président du Cade (collectif d’associations de défense de l’environnement). La déclaration européenne (lire ci-dessous) et cette forte mobilisation sont un signal fort envoyé à tous ceux qui s’obstinent aveuglément pour les LGV. S’ils persistent, il faudra qu’ils assument de passer contre l’avis de la population. »

À deux mois des élections régionales, il vise implicitement les élus qui se prononcent en faveur de la LGV. « Notre consigne, c’est de ne donner aucune voix à ceux qui sont pour la LGV », assure le patron du Cade. Les élus présents à la manifestation partageaient l’analyse. « La population se mobilise de plus en plus, constate Jean-Louis Laduche, maire d’Ascain. Cela nous conforte dans notre idée que la population soit entendue et sonne comme un sérieux avertissement au président de Région. »

Dans le cortège, les manifestants venus de tout le Sud-Ouest ne se cachaient d’ailleurs pas pour dire que la LGV influerait leur vote dans deux mois. « Oh oui, cela va influer mon vote, cela va même l’influer beaucoup », confie par exemple Alain, de Villefranque (64), dont la maison se situe sur le périmètre d’étude retenu par le comité de pilotage du 11 janvier.

Seule Europe Écologie était représentée par sa tête de liste Monique de Marco. Noël Mamère et Marie Bové étaient également présents. En revanche, les conseillers régionaux du sud du Pays basque, Sylviane Alaux (PS) et Peyuco Duhart (UMP), également maire de Saint-Jean-de-Luz, étaient absents.

Friture sur les lignes

Mais la politique était reléguée au second plan des préoccupations des manifestants réunis à Hendaye. L’annonce du fuseau rétréci à 1 000 mètres, tant pour la ligne Bordeaux-Hendaye que pour la Bordeaux-Toulouse, a motivé les opposants à redoubler d’efforts pour faire entendre leur courroux.

De nombreuses banderoles de Gironde, des Landes et du Lot-et-Garonne ont garni le défilé aux côtés des Basques français et espagnols. « Nous sommes situés dans le fameux triangle des deux LGV, explique Philippe Courbe, maire de Bernos-Beaulac dans le Sud-Gironde. Une quinzaine de maisons sont menacées, alors que nous sommes dans une zone Natura 2000. La vallée est déjà impactée par l’A 65, il y a des enjeux environnementaux, et l’on n’en tient pas compte. »

Jean-Philippe, Romain et Amaelle sont venus de Fargues-sur-Ourbise (47). « On est tous concernés par ce tracé qui va traverser la forêt des Landes. Pourquoi ne pas aménager la ligne existante ? se demande Jean-Philippe. En plus, je ne suis pas convaincu par le rapport qualité-prix. » « Aucune discussion n’est possible, les méthodes de RFF me choquent », complète Amaelle. Ils seront à Nérac le 6 mars pour la première manifestation d’opposants organisée dans le Lot-et-Garonne.

73 tracteurs en tête

Le manque de concertation, l’environnement et l’argent sont les revendications récurrentes des opposants. « Quand on voit tous les milliards que cela va coûter et que Lire la suite

Communauté d’agglomération de Pau-Pyrénées et SEPANSO Béarn : Ça grince Porte des gaves

sudouest.com, Nicolas Rebière, Alain Babaud, le 21 Janvier 2010

COMMUNAUTÉ D’AGGLOMÉRATION. Les critiques naissent autour des futurs aménagements des bords du gave

Ça grince Porte des gaves

Alors qu’ils sont actuellement à l’étude par la Communauté d’agglomération de Pau-Pyrénées, les projets d’aménagements des gaves, dévoilés depuis quelques semaines, ont déjà leurs détracteurs.

D’abord la Sepanso (Société pour l’étude, la protection et l’aménagement de la nature dans le Sud-Ouest) Béarn, qui vient d’écrire à Martine Lignières-Cassou, la présidente de la CAPP, comme pour jeter un pavé dans la mare.

« Autant nous comprenons votre volonté de réaménager les friches industrielles et les abords de la gare SNCF, autant nous n’acceptons pas le grignotage des espaces naturels classés par étapes programmées », écrit la Sepanso. Juste avant les fêtes, les élus de la Communauté d’agglomération avaient en effet voté le principe d’un parc urbain sur 350 hectares autour de la rivière qui irrigue des communes de l’agglo. La semaine dernière, c’est le futur projet Porte des gaves, qui prévoit un réaménagement global des environs de la gare, autour duquel on discutait (lire par ailleurs).

C’est d’ailleurs le simple vocable de parc naturel urbain qui fait aussitôt bondir la Sepanso, qui y voit comme un oxymore. « Nous veillerons au respect du nouveau Schéma directeur d’aménagement et de gestion des eaux et à la cartographie de Natura 2000 », prévient Michel Rodes, président de la Sepanso.

Il faut dire que ce n’est pas la première fois que la Sepanso entame un bras de fer avec l’Agglo de Pau autour de l’aménagement du gave. Voici deux ans, elle avait tenté de faire arrêter le chantier du stade d’eaux vives, estimant que son implantation, pour partie sur une zone Natura 2000, n’était pas compatible avec les obligations légales fixées par l’Union européenne pour ces espaces. La Sepanso vient d’ailleurs d’apprendre que son action sur le fond avait échoué devant le tribunal administratif de Pau.

« Laisser faire la nature »

Mais l’association de défense de l’environnement annonce déjà qu’elle fera appel de la décision. « En général, nous perdons à Pau, mais nous gagnons à Bordeaux », lance Michel Rodes, qui plaide contre « l’artificialisation » de ces zones Natura 2000. « Que l’on dépollue, que l’on enlève les gravats, que l’on remette le niveau normal du cours d’eau, d’accord. Mais laissons faire ensuite la nature », lance le président de la Sepanso.

« La Sepanso Béarn est pour la sanctuarisation de la nature. Nous n’avons pas la même conception », se défend Martine Lignières-Cassou. « Quand on a d’un côté la nature, de l’autre les activités humaines, la nature est plus que chahutée. Cela aboutit à la multiplication des dépôts sauvages le long du gave comme c’est le cas depuis des années. Il s’agit de rendre compatibles Lire la suite

Face à une crise multidimensionnelle, nous opposons la radicalité et la cohérence de l’objection de croissance

actu.adoc-france.org, site, septembre 2009

La Plate-forme de convergence

De l’Assemblée constitutive de Beaugency, le samedi 19 septembre, est sortie une proposition de Plate-forme de convergence

Téléchargez le PDF.

Face à une crise multidimensionnelle, nous opposons la radicalité et la cohérence de l’objection de croissance.

Après la campagne Europe-Décroissance, première expérience de campagne politique nationale autour des idées de la Décroissance, pourquoi ne pas avoir l’audace de continuer cette aventure d’un mouvement politique dont les objectifs sont l’émancipation, le bien-être et l’épanouissement individuels et collectifs dans la simplicité volontaire ? Et par conséquent, l’audace de proposer à des individus, des associations, des collectifs, des réseaux, informels ou organisés, une plate-forme pour définir les contours de notre démarche, pour s’ouvrir à toutes celles et ceux qui pourraient s’y retrouver pour la construire ensemble, pour bâtir d’autres mondes écologiquement et socialement responsables, humainement décents et démocratiques.

La société de croissance accumule dramatiquement toutes les crises : énergétique, environnementale, sociale, économique, culturelle, politique. Mais il s’agit au fond d’un seul et même égarement : un monde devenu inhumain, comme si la croyance du « toujours plus » suffisait à donner du sens.

Face à la radicalité de ces « crises », nous opposons une autre cohérence : celle des sorties immédiates du capitalisme et de tout productivisme par toutes les alternatives concrètes de vie déjà existantes et à créer. Cette cohérence est notre radicalité. Nous ne voulons pas d’un autre développement, d’une autre croissance, d’une autre consommation, d’un autre productivisme. Nous voulons sortir de la religion de la croissance qui accroît les inégalités, qui dévore les ressources, qui épuise le vivant, qui confisque la dignité des humains.

Même si une croissance infinie dans un monde fini était possible, elle resterait absurde. Comment ouvrir des chemins vers d’autres mondes ?

Face à la stratégie classique de la prise de pouvoir préalable à tous changements, nous opposons la radicalité et la cohérence d’une Stratégie de l’Escargot.

La Décroissance ne doit pas seulement être le but d’un tel projet mais aussi son chemin et sa méthode. La stratégie politique de la Décroissance est une stratégie de rupture, et non pas d’accompagnement : cette stratégie de l’escargot, implique d’abord d’avoir abandonné l’illusion qu’il suffirait d’une prise préalable de pouvoir – qu’elle soit réformiste ou révolutionnaire – pour changer le monde. Nous ne voulons pas « prendre le pouvoir » mais agir contre les dominations en affaiblissant les pouvoirs ; et créer sans attendre les conditions de la maîtrise du sens de nos vies.

Notre rejet des chemins absurdes de la mondialisation marchande ne doit pas pour autant nous entraîner dans les impasses des Lire la suite

Edgar Morin : Tout est à repenser

fautedemieux.over-blog.com, Edgar Morin, Propos recueillis par WILLIAM BOURTON dans le Soir du samedi 2 janvier 2010

Le point de vue d’Edgar Morin, philosophe et sociologue.

Tout est à repenser

Pouvez-vous nous dresser un bref état des lieux de la situation actuelle du monde ?

Pour dresser ce diagnostic, il convient de considérer la période qui s’est ouverte en 1989, avec l’implosion de l’Union soviétique et la mondialisation de l’économie libérale. Ce processus d’unification technique et économique du globe s’est accompagné d’énormes dislocations. Ainsi, la guerre de Yougoslavie a montré qu’une nation, qui était presque constituée, a éclaté en fragments, chacun sur une base ethnique et religieuse. On a vu d’autres exemples depuis. L’unification par l’« occidentalisation » a provoqué en réaction des replis sur des racines identitaires.

Par ailleurs, on est entré dans une période d’une telle incertitude que la croyance générale au progrès historique s’est effondrée à l’ouest, à l’est, et au sud. Dès lors que le futur est perdu et que le présent est angoissé, on retourne aux racines, c’est-à-dire au passé. Un passé qui, hier encore semblait un tissu de superstitions et d’erreurs, devient la vérité.

Dans ce climat de dislocation, où se multiplient les haines et les rejets d’autrui, le vaisseau spatial Terre est emporté avec une vélocité extraordinaire par trois moteurs incontrôlés : la science, qui produit des armes de destruction massive et pas uniquement des bienfaits ; la technique, qui permet l’asservissement pas seulement des énergies naturelles mais aussi celui des humains ; et l’économie qui ne recherche que le profit pour le profit. Voilà dans quoi nous sommes en effet emportés.

Alors, que s’est-il passé en 2009 qui pouvait susciter de très grandes espérances ?

L’accession, totalement inattendue quelques mois plus tôt, d’Obama à la présidence de la plus grande puissance du globe. Voici un homme de bonne volonté, un homme qui possède une véritable culture planétaire de par ses origines et de par ses expériences, un homme qui a une conscience claire des problèmes, manifestée dans ses discours… Et qu’est-ce qui s’est passé jusqu’à présent ? Partout l’impuissance. Incapacité d’opérer une pression même minime sur Israël pour stopper la colonisation, incapacité de pouvoir traiter le problème afghan, impuissance au Pakistan, aggravation de la situation en Colombie et au Venezuela, en Amérique latine. Partout, sont apparues les limites à cette action de bonne volonté. Ces limites signifient que le monde est arrivé dans un état régressif. Il y a dix ans, peut-être Obama aurait-il pu réussir. Mais désormais, on voit très bien que son avènement, qui était une chance pour l’humanité, n’a pas produit ses promesses. Non pas par la défaillance d’un homme mais par l’ensemble des conditions dans lesquelles il se trouve enfermé.

Un tableau plutôt sombre…

Nous continuons, à mon avis, la course vers l’abîme. Car les probabilités sont que ce processus va vers des catastrophes multiples. Il ne s’agit plus seulement des menaces de guerres et d’emploi d’armes nucléaires, qui se sont multipliées, mais aussi de la dégradation de la biosphère et du problème du réchauffement climatique, de la crise économique, provisoirement jugulée, mais qui a révélé que cette économie mondiale ne subit aucun contrôle sérieux. De plus, nous n’arrivons pas encore à la prise de conscience du cours catastrophique qui nous permettrait de réagir contre lui.

Pourtant, par rapport à la prise de conscience environnementale, il y a eu le sommet de Copenhague…

Pour la première fois, l’ensemble des nations du globe se sont en effet réunies pour prendre des mesures contre un des périls écologiques majeurs : le réchauffement climatique. Mais, on l’a constaté, la solution est très difficile. Pourquoi ? D’abord parce qu’il faut un consensus d’un très grand nombre de nations. Deuxièmement parce qu’on voit bien que les pays riches et dominants ont tendance à vouloir faire payer une grosse note aux pays en voie de développement, lesquels refusent de se soumettre et demandent aux premiers de faire l’effort eux-mêmes. Prenez la question des énergies. Il est souhaitable que les énergies vertes – solaires, éoliennes, etc. – se répandent en Afrique ou en Asie, mais cela signifierait un don des pays développés que ceux-ci, pour le moment, n’ont pas l’intention d’envisager.

Copenhague a donc traduit une certaine prise de conscience, mais insuffisante. Le grand problème de la conscience, c’est toujours son retard sur l’événement. Il faut un certain temps pour comprendre ce qui s’est passé. Par rapport aux dangers sur la biosphère, l’alerte a été donnée en 1970, avec le rapport Meadows (première étude importante soulignant les dangers écologiques de la croissance économique et démographique, demandé à une équipe du Massachusetts Institute of Technology par le Club de Rome). Entre 1970 et 2010, il y a bien entendu eu le sommet de la Terre de Rio (1992), il y a eu la conférence sur le réchauffement climatique de Kyoto (1997), mais ces rencontres étaient toujours en retard sur la gravité de l’événement. Car en quarante ans, le monde a connu une série de catastrophes écologiques.

Dans ce contexte, la globalisation, qui dans un sens est la pire des choses, pourrait également se révéler la meilleure car, pour la première fois, il y a une interdépendance de tous les êtres humains, une véritable communauté de destin qui peut faire de nous de véritables citoyens de la planète. Mais à condition que l Lire la suite

Serge Latouche : La logique de croissance infinie repose fondamentalement sur la destruction de l’environnement

sudouest.com, Serge Latouche, propos recueillis par Sébastien Darsy, le 17 Janvier 2010

L’ENTRETIEN DU DIMANCHE. Pour l’économiste Serge Latouche, la « religion » de la croissance économique condamne inexorablement le monde au chaos, au profit d’une élite planétaire

Serge Latouche : « La logique de croissance infinie repose fondamentalement sur la destruction de l’environnement ».

Vivre mieux avec moins

 « Sud Ouest Dimanche ». Comment définissez-vous la croissance économique, notion qui importe tant aux dirigeants politiques ?

Serge Latouche. Il convient de distinguer la croissance avec un « c » minuscule, celle, quantitative de tel ou tel produit, et la croissance économique avec un « C » majuscule dont parlent les journaux et les hommes politiques, et que je définirai comme une véritable religion. C’est-à-dire un système qui est fondé sur la nécessité d’une croissance infinie et illimitée. Au fond, la croissance est un autre mot pour désigner le capitalisme. L’essence du capitalisme, tel que le définissait Marx, c’est la logique d’accumulation sans limites.

D’où l’importance du produit intérieur brut (PIB), qui mesure l’augmentation de la production de biens marchands…

C’est un indice fétiche supposé mesurer le bien-être dans les sociétés humaines, ce qui est une imposture. Il est intéressant de remarquer qu’il s’agit d’un produit intérieur « brut » et non pas « net », qui déduirait les dégâts engendrés sur l’homme et la nature par le processus de croissance.

Pour éviter l’épuisement des ressources naturelles, vous faites le pari de la décroissance. Faut-il comprendre que cette notion est le contraire de la croissance ?

Pour être tout à fait rigoureux, il conviendrait de parler d’acroissance, comme on parle d’athéisme, pour devenir des athées de l’idéologie de l’accumulation illimitée.

Quelles seraient donc les caractéristiques d’une société qui entrerait en décroissance ?

Alors que nous avons une seule société de croissance, il y aurait une infinité de sociétés de décroissance. La société de croissance a détruit tout autre forme de société : c’est ce qu’on appelle la mondialisation. Si l’on sort de ce monde unidimensionnel, on ouvre à nouveau l’espace à une diversité.

Toutes les sociétés qui ont duré ont été raisonnables en sachant vivre en harmonie avec leur environnement, ce qui implique nécessairement une certaine sobriété sans pour autant se priver des bonnes choses de ce monde : on peut boire une bonne bouteille de vin car le vin est renouvelable ! Faire des centrales nucléaires et des fusées interplanétaires, voilà qui n’est pas raisonnable…

Encore faut-il définir concrètement un projet de société. Or, il existe plusieurs formes de décroissances plus ou moins modérées…

La décroissance doit avant tout prendre la forme d’une société de sobriété choisie : elle doit être à la fois soutenable et équitable. Les sociétés sobres sont moins inégalitaires que la nôtre : comme le dit Hervé Kempf, ce sont les riches qui détruisent la planète (1). Les ressources étant limitées, il faut partager les richesses : vivre mieux avec moins est la base de la décroissance, qui doit être un projet attrayant. Mais les droits de chacun à exploiter les richesses naturelles doivent être limités. Il convient d’empêcher les riches de Lire la suite

Une autre pédagogie de l’environnement, par Chantal Jouanno

lemonde.fr, Chantal Jouanno, secrétaire d’Etat chargée de l’écologie. le 8 janvier 2010

Quelle nouvelle taxe carbone en 2010 ?

Une autre pédagogie de l’environnement, par Chantal Jouanno

Instaurer une contribution carbone est une réforme historique et donc délicate. Inciter à de nouveaux comportements écologiques et corriger notre fiscalité qui pèse tant sur l’emploi et si peu sur la pollution n’est pas une mince affaire.

Le président de la République a pris cet engagement car nous devons sortir d’un système périmé. Face aux réalités démographiques, nos ressources, notamment énergétiques, ne sont plus illimitées, et surtout nous devons laisser une planète vivable. L’enjeu n’est pas tant de préserver l’environnement que l’homme, c’est-à-dire le potentiel de développement pour nos enfants et la cohésion de nos sociétés. Ne nous y trompons pas, les sociétés à venir n’auront plus le luxe de supporter les excès.

Notre responsabilité d’homme ou de femme politique est d’assumer cette réalité. Nous n’avons pas de droit à la lâcheté. Or non seulement ce nouveau modèle de développement est nécessaire, mais il est porteur d’espérance. Au-delà du progrès technologique, la réponse à la crise du climat se trouve dans le progrès de nos comportements et de nos modes de vie. Pour la première fois, nous nous sentons responsables des conséquences de nos actes à l’autre bout de la planète et pour nos enfants.

Or la fiscalité est un outil efficace et juste pour susciter et accompagner ce changement de comportement. Efficace, car cette contribution est une forme de bonus-malus climat. Chaque euro est redistribué aux ménages selon une éthique simple : seuls les excès sont coûteux ; par contre, la vertu des économies d’énergie est récompensée. Pour les entreprises, l’enjeu est de basculer d’une fiscalité pesant sur les investissements, la taxe professionnelle, à une fiscalité pesant sur la pollution.

Et cette efficacité ne dépend pas du niveau initial de cette taxe, mais de l’annonce de sa progressivité qui incite chacun à faire les bons choix pour l’avenir. Juste socialement, car le « chèque vert » est proportionné à la taille de chaque foyer et à sa situation géographique, notamment pour les ruraux. Dans tous les cas, une commission verte indépendante, dans laquelle seront représentées différentes tendances politiques, sera chargée d’en proposer les ajustements et améliorations. Ayons la modestie de considérer que toute innovation est perfectible. Le défi écologique s’accommode mal de la prétention des certitudes.

Le Conseil constitutionnel n’a pas contesté le principe de la contribution carbone, ni ses modalités de compensation. En revanche, il considère que ce système doit être étendu aux grandes entreprises couvertes par le système européen de quotas d’émission de CO2. De nombreux juristes et économistes Lire la suite

En 2010, construisez votre maison en terre et sauvez la planète

bastamag.net, Agnès Rousseaux, le 24 décembre 2009

En 2010, construisez votre maison en terre et sauvez la planète

Construire une maison en terre ? A l’encontre des idées reçues, ce système de construction est possible pratiquement partout. La moitié de la population mondiale vit dans une habitation en terre crue et non en béton. Ces bâtiments sont écologiques et quasiment inusables : certains sont encore debout après des millénaires. Alors, la terre, une ressource pleine d’avenir ?

Construire une maison de terre, ce n’est pas une lubie alternative de salon écologique. La moitié de la population mondiale vit dans des habitations en terre crue. Une tradition tombée en désuétude après 1945 dans les pays riches. « C’est un oubli paradoxal. En France, 15 % du patrimoine architectural est en terre crue  », souligne Romain Anger, chercheur au laboratoire CRATerre de l’École nationale supérieure d’architecture de Grenoble. Les maisons à colombage du Nord de la France sont, par exemple, constituées d’ossatures en bois remplies de terre. En Rhône-Alpes, 50 % des habitations sont construites en terre, selon la technique du pisé. « La norme était de construire avec ce qu’on avait sous les pieds. C’est la logique de la Muraille de Chine : là où le sol est en terre, la muraille est construite en terre. Lorsqu’il y a de la pierre, le matériau principal est la pierre. Comme un caméléon, la construction change de nature selon l’environnement ». Une réalité aujourd’hui oubliée en France, où on préfère transporter des matériaux sur de grandes distances.

Relocalisation des emplois et faible empreinte écologique

Aujourd’hui, dans la plupart des constructions, la terre est considérée comme un déchet. Elle est extraite des chantiers et transformée en collines artificielles reboisées. La terre est pourtant le matériau idéal. D’abord parce que c’est une matière recyclable sur place : les bâtiments détruits retournent à la terre, et celle-ci peut être recyclée indéfiniment. Elle ne subit pas de transformation chimique. La terre crue ne nécessite pas d’apports énergétiques pour la cuisson [1], elle est peu chère, et s’intègre dans le paysage.

Construire en terre, c’est aussi favoriser une relocalisation des emplois, puisque la production peut s’effectuer tout près des chantiers. Sans compter que la terre confère aux habitations un grand confort climatique grâce à son inertie thermique : elle garde une température constante, et écrête les pics de chaleur. Les constructions en terre crue ont une empreinte écologique proche de zéro ! Alors que la fabrication du ciment est à l’origine de 5 % des émissions de CO2 en France : la production d’une tonne de ciment correspond à une tonne de Co2 émis. Quand on sait que le secteur du bâtiment est responsable de 23 % des émissions (soit autant que l’industrie), construire en terre représente une alternative intéressante pour réduire les émissions.

Une ville durable vieille de 5000 ans

Construire en terre est une tradition ancestrale. Elle date sans doute de Lire la suite

Eco-développement – Villes en transition, l’expérience anglaise : Pour des villes moins dépendantes du pétrole

salades-nicoises.net, NC, le 4 janvier 2010

[Article plus complet sur le site d’origine]

Eco-développement : Villes en transition, l’expérience anglaise

Pour des villes moins dépendantes du pétrole

Voir en ligne : http://villesentransition.net

La dépendance de notre société au pétrole est grossièrement sous-évaluée. Un pétrole peu cher a entrainé des bouleversements énormes dans notre mode de vie ces trente derniéres années (nourriture, travail, mobilité, loisirs). Les trente prochaines seront source d’encore plus de changements a notre vie quotidienne.

40 % de notre nourriture est importée. Légumes, fruits et blé le sont a 85 %. Cette dependance sur des produits venus d’aussi loin n’est pas sans risque et a la merci de beaucoup d’aléas. Tout repose sur une chaine d’approvisionnement de plateformes logistiques régionales travaillant en flux tendu, avec peu de réserves et de lieux de stockage, par rentabilité financière. Une menace d’interruption de la chaine met tout de suite en péril l’approvisionnement alimentaire de la population, pouvant entrainer de graves pénuries, puis des troubles etc.

En 2000 durant la greve des routiers en Grande Bretagne, le patron de Sainsbury’s (l’equivalent du group Carrefour chez nous) a contacté dans l’urgence le premier ministre Tony Blair pour l’alerter que les reserves de nourriture de premiére necessité seraient epuisées en quelques jours.

Les supermarchés rationnerent pain, sucre et lait.

Aujourd’hui les réserves mondiales de matiéres alimentaires de première necessité sont au plus bas suite a plusieurs années de mauvaises récoltes et leur prix s’envole faisant l’objet d’une frénésie speculative par la communauté financiére. Cette année de nombreux pays exportateurs ont cessé de l’etre afin d’assurer leur propre souveraineté alimentaire ***.

Le pic pétrolier * c’est pour 2020 estime Fatih Birol économiste en chef de l’Agence Internationale de l’Energie **, les reserves mondiales ont passé un cap, le déclin de la production de pétrole est inéluctable.

En réponse à la double pression du pic pétrolier* et du changement climatique, quelques communes pionnières au Royaume Uni, en Irlande et ailleurs ont adopté une approche fédératrice et globale pour réduire leur bilan carbone et mieux se préparer aux bouleversements qui accompagneront le déclin de la production de pétrole dans les dix ans a venir.*

De la dépendance au pétrole à la résilience des communautés

Bristol (population 416 000 habitants) a été la première grande ville a financer une étude d’impact sur la vie locale ( transport, nourriture, santé, energie, economie, services publics etc) en cas de pic petrolier* et a en tirer des conclusions ( recherche d’autosuffisance alimentaire, relocalisation) pour preparer l’aprés-pétrole.

Bristol en Transition la première initiative d’échelle urbaine, met en réseau, inspire, forme, favorise et soutient les initiatives a l’echelle locale des quartiers et villages – Redland en Transition, Withywood en Transition, etc. – dans leurs propres Initiatives de Transition.

« Les villes en transition sont une manière concrète pour les individus d’agir sur le climat et le défi du pic du pétrole ». C’est ce qu’on appelle un « grassroots movement » mouvement d’autonomisation ** partant de la base, inversant la pyramide decisionnelle.

*Pic pétrolier

*************

Le pic pétrolier c’est en 2020, estimait Fatih Birol économiste en chef de l’Agence Internationale de l’Energie dans son rapport annuel 2008

(Créée en 1974 suite au premier choc pétrolier, l’AIE Lire la suite

Pays Basque : BIZI. En quelques mois, le mouvement « écologiste et social » a prouvé sa capacité à mobiliser

sudouest.com, Pierre Penin, le 2 Janvier 2010

BIZI. En quelques mois, le mouvement « écologiste et social » a prouvé sa capacité à mobiliser. Il aborde déjà une nouvelle étape de son existence et doit fixer ses priorités

Radicaux et pragmatiques

En six mois d’existence, Bizi s’est fait une place plus que visible, dans le paysage militant local. Passé d’une vingtaine d’adhérents à sa création, à une centaine aujourd’hui, il est un interlocuteur pris au sérieux. Après le sommet de Copenhague, son échéance fondatrice, Bizi doit aujourd’hui assimiler sa croissance et tracer ses nouvelles priorités.

Jean-Noël Etcheverry, membre fondateur, se projette dans les mois post-Copenhague.

« Sud Ouest ».

Quel est le concept essentiel de Bizi ?

Jean-Noël Etcheverry. On est des militants qui veulent créer un mouvement mêlant social et écologie. C’est ce qui nous différencie d’organisations comme par exemple le NPA (Nouveau parti anticapitaliste) d’un côté, et les mouvements purement environnementaux de l’autre. Je veux dire par là que nous sommes à la fois pour la taxe carbone et pour la gratuité des transports en commun. Le NPA est contre la taxe carbone pour des raisons sociales, et des associations environnementales s’opposent à la gratuité totale des transports. Nous voulons faire la synthèse des deux.

Pensez-vous cela vraiment possible sans contradiction ?

La réussite des idées écologistes ne sera pas possible sans la préoccupation sociale. Tout ce qui va vers la préservation de la planète doit s’accompagner de justice sociale et de redistribution. C’est le seul moyen d’impliquer les plus pauvres dans les questions environnementales. L’exemple de la taxe carbone vaut ici. Pas celle de Sarkozy, trop timorée donc peu dissuasive, avec son principe de neutralité fiscale. Mais une taxe plus importante qui permettrait des investissements pour anticiper l’explosion à venir du coût du pétrole, profiterait aux plus modestes.

Si vous deviez résumer la méthode Bizi…

Nous marions radicalisme et pragmatisme. Radicalisme parce que nous voulons changer le système. Nous prônons une évolution profonde des modes de consommation et de production. Je dis radical parce que nous ne sommes pas pour la croissance verte, qui revient à agir à la marge. Nous ne voulons pas traiter les symptômes, mais nous attaquer aux racines. Pour autant, nous ne rêvons pas de Grand soir. Nous sommes pragmatiques parce que déterminés à soutenir les actions qui vont dans le bon sens. Prenez notre soutien à Chronobus : nous avons manifesté pour, aux côtés de mairies de droite. Nous sommes indépendants, mais nous nous associerons ponctuellement aux bonnes idées.

Est-ce à dire que dans l’opposition classique entre idéal et pragmatisme, vous favorisez le second ?

Si vous voulez dire que nous ferons tout ce que nous pourrons pour faire avancer concrètement les choses, je réponds oui. Que nous ne serons pas que dans la protestation, mais dans la proposition, je dis encore oui. Mais cela en restant fidèle à l’idée de bouleversement du système.

Cela pose la question de votre positionnement vis-à-vis du politique. Et du politique vis-à-vis de vous, d’autant que Bizi se développe de façon importante. Existe-t-il pour vous un risque de récupération ?

Ce qui est clair, c’est notre indépendance politique. Après Copenhague, nous commençons aujourd’hui un travail de Lire la suite

Bassin d’Arcachon Écologie fête ses 20 ans

sudouest.com, Chantal Roman, le 28 Décembre 2009

ENVIRONNEMENT. La présidente Françoise Branger fait le point sur les dossiers en cours

Bassin d’Arcachon Écologie fête ses 20 ans

C’est en 1989 qu’est née l’association Bassin d’Arcachon Écologie : « Le nombre d’adhérents de BAE ne cesse de croître et l’association est de plus en plus sollicitée », relève Françoise Branger, présidente de l’association depuis cinq ans.

Une association apolitique où se retrouvent différentes sensibilités : « Beaucoup travaillent sur des dossiers, d’autres ouvrent des blogs, d’autres encore nous apportent des renseignements », explique la présidente. Les adhérents ont pour souci la protection de l’environnement du bassin d’Arcachon et le respect de sa biodiversité. De plus, BAE anime, durant l’été des visites à la découverte pédagogique de l’environnement du Bassin (1).

À l’occasion de ces vingt ans de combat écologique, de réussites aussi, Françoise Branger fait le point sur divers dossiers d’actualité.

1 Maîtriser l’urbanisation

« Le Scot, schéma de cohérence territoriale est à l’étude. C’est un enjeu énorme. Nous participons aux débats du Scot et contribuons aux commentaires écrits des propositions et documents présentés. Nous y remarquons de graves manquements quant à la prise en compte de l’environnement et de la limitation des ressources, en eau particulièrement. Les premières analyses sont inquiétantes et nous refusons une urbanisation galopante, consommatrice d’espace. Il faut préserver les habitats naturels, les paysages, coupures d’urbanisation, les trames vertes, la sauvegarde les espaces proches du Littoral.

Le Bassin est saturé sur terre comme sur mer et cela met en péril ses fragiles écosystèmes. De trop nombreux projets de lotissements menacent les dernières coupures d’urbanisation. Les extensions d’activités nautiques sont de nature à perturber le biotope marin.

2 Parc naturel marin

« Bassin d’Arcachon Écologie disposera en 2010 d’une stagiaire qui travaillera sur cette thématique. Mais le parc marin ne doit pas être un pur outil de développement. Si développement il peut y avoir, c’est dans la restauration des ressources du Bassin. Il nous faut devenir impérativement économes des écosystèmes.

Je regrette que des élus du Siba n’aient pas accepté l’inventaire scientifique proposé lors du dernier conseil. Cela aurait permis de savoir où on en est. »

3 Des priorités

« On nous accuse d’être ennemis du progrès. Or, le progrès que nous souhaitons est celui, très urgent, d’un meilleur respect de l’environnement. La sauvegarde et la restauration de la diversité biologique sont parmi nos priorités. Oui, nous nous opposons à l’accroissement ininterrompu de l’afflux de population, à l’avancée inextinguible de l’urbanisation, à la constante extension des voies routières et autoroutières, au perpétuel développement du nombre de places de ports et d’anneaux de mouillage. Quant au photovoltaïque, nous n’y sommes pas favorables s’il est synonyme de déforestation, alors que tant d’espaces, comme les toitures sont disponibles et pourtant inutilisés pour l’implantation de panneaux solaires. »

4 Des partenaires

« Bassin d’Arcachon Écologie est membre de la Sepanso, de la Coordination environnement du bassin d’Arcachon (Ceba), du Collectif déchets girondin, mais aussi du Collectif aquitain contre les rejets en mer, de la Coordination bassin d’Arcachon. Nous sommes aussi partenaires de l’Association contre le contournement autoroutier de Bordeaux, du collectif Gironde Copenhague luttant contre le changement climatique d’origine Lire la suite

Revue : Un nouvel Esprit écolo ?

ecolosphere.net, Philippe Colomb, le 24 décembre 2009

Un nouvel Esprit écolo ?

Laboratoire d’un certain modernisme progressiste, la revue Esprit découvre à l’occasion de Copenhague que l’écologie politique est l’avenir de la gauche. Une prise de conscience salutaire qui ouvre des chantiers prometteurs et dont on aurait tort de négliger l’importance.

Dossier « Retour sur Terre, retour à nos limites », Esprit décembre 2009, avec des articles de Nicolas Bouleau, Dominique Bourg, François Chérèque, Daniel Cohn-Bendit, Albert Levy, Olivier Mongin, Marc-Olivier Padis, Joël Roman, Edwin Zaccai.

Esprit, « Retour sur Terre, retour à nos limites »

Sommaire du numéro de décembre 2009 (sur le site de la revue).

Si l’on parle ici de ce dossier de la revue Esprit, c’est moins pour ce qu’il pourrait apporter sur le fond aux lecteurs et aux lectrices d’ecolosphere.net que pour ce que signifie une telle publication aujourd’hui. Depuis plusieurs décennies, en effet, Esprit est un lieu essentiel d’élaboration théorique pour la « gauche moderniste ». Antitotalitarisme et autogestion dans les années 70, deuxième gauche dans les années 80, acceptation de l’économie de marché dans les années 90 : cette revue a contribué à façonner la pensée « progressiste » et a toujours revendiqué un rôle actif d’influence des responsables politiques.

Aussi, quand Esprit, qui ne s’est pas beaucoup préoccupé d’écologie politique ces dernières années, consacre son dossier mensuel à ce thème, on est tenté d’y voir un signe important en terme d’évolution socio-politique et de regarder son contenu de plus près.

Articuler en trois parties (« la fin du modèle productiviste », « le déphasage de la gauche » et « la mondialisation freinée par le bas »), ce dossier frappe d’abord par la vigueur de son positionnement. Pas de green washing, pas de croissance verte ou de fascination pour les green tech, une critique franche des mécanismes économiques soi-disant vertueux : dès son article introductif, Marc-Olivier Padis dénonce les « fausses pistes de la croissance », et souligne que « contre la perspective d’un emballement ou d’un effondrement, il convient de se demander comment freiner la mondialisation par le bas, c’est-à-dire maintenir le jeu des échanges mondiaux tout en retrouvant le sens des limites ». Si la revue ne se revendique pas de la décroissance (bien que, pour la première fois en quatre ans, elle ait récemment signalé la parution du dernier numéro de la revue Entropia), ce dossier insiste néanmoins sur la nécessaire limitation de l’emprise humaine sur les biens naturels et négocie la sortie de l’imaginaire productiviste et consumériste.

Du point de vue qui nous intéresse ici, deux articles sont particulièrement intéressants. Tout d’abord, le double entretien avec Daniel Cohn-Bendit et François Chérèque. En soumettant l’euro-député et le secrétaire général à la même série de questions, on voit bien comment la revue tente de lancer un pont entre son histoire (la CFDT, dont elle a été très proche) et l’avenir qu’elle est en train de se choisir. Les divergences entre les réponses soulignent, évidemment, le chemin qu’il reste à parcourir pour pleinement articuler le discours de défense des droits des salarié-e-s et celui de la protection de l’environnement, mais ce double entretien permet aussi de tracer des pistes de convergences et de préciser les points de tension à travailler.

Mais pour nous, c’est évidemment l’article de Joël Roman qui retiendra le plus l’attention puisque, dès son titre, « L’environnement, un défi pour la gauche », il marque une forte intention Lire la suite

Bernos-Beaulac. Le maire Philippe Courbe réactive un vent de fronde anti-LGV

sudouest.com, Lascurreges, le 22 décembre 2009

BERNOS-BEAULAC. Le maire Philippe Courbe réactive un vent de fronde anti-LGV

Cette LGV dont ils ne veulent pas

 «Il y a l’itinéraire grand gabarrit, le gazoduc, l’A 65, la LGV et maintenant, cerise sur le gâteau, on nous annonce une nouvelle ligne à haute tension. Il ne nous manque plus que le deuxième aéroport de Bordeaux. » Philippe Courbe a envie de pousser un coup de gueule, à l’idée de voir sa commune lacérée et balafrée par tout un tas d’infrastructures. Le maire socialiste de Bernos-Beaulac qui a le soutien de son Conseil municipal rappelle ici les raisons pour lesquelles il s’oppose en particulier au projet de LGV.

Des atteintes irréversibles

« L’opposition locale est importante et sous-estimée par RFF. Il y a derrière ce projet une réelle atteinte à la qualité de vie doublée de nuisances et préjudices à l’environnement et au patrimoine. Les impacts sont de plusieurs ordres. Il y a une atteinte à la biodiversité et aux espèces endémiques sur des zones classées Natura 2000, dans les vallées de la Gouaneyre et du Ciron. On va hypothéquer la vulnérabilité des captages de nos eaux de sources gérées par le Syndicat des eaux et de l’assainissement du Bazadais. Et puis, il y a un impact sur la forêt à un moment où l’on parle de la régénérer. »

Le maire de Bernos-Beaulac ajoute à ces éléments tous les arguments d’ordre économique, considérant que « ces investissements vont mettre en faillite les finances régionales et ne prennent pas en compte les déficits d’exploitation des A 65 et de la LGV, qui vont entraîner une hausse de la fiscalité, au-delà d’une sous-évaluation du coût des travaux ».

Un signal à Alain Rousset

Bref, Philippe Courbe note au passage l’abstention des Verts à la dernière séance plénière du Conseil régional sur le grand projet ferroviaire. Lui aussi privilégie la LGV sur des lignes existantes et priorise un réel développement du ferroutage, voire même du cabotage pour le transport des marchandises plutôt que de valoriser la grande vitesse au profit de quelques voyageurs privilégiés.

La campagne des régionales est lancée. Et même si Philippe Courbe considère « qu’Alain Rousset est un bon président », il indique qu’il n’en partage pas tous les points de vue au moins sur la politique des nouvelles infrastructures. « Je suis prêt à inviter Alain Rousset et le directeur de RFF, ici sur le terrain », lance le maire de Bernos-Beaulac : « Je leur montrerai par exemple que la vallée de la Gouaneyre est un endroit magnifique et qu’elle ne mérite pas ce que l’on lui réserve ». Et que l’on ne vienne pas lui parler de gare, de fret ou de service express régional. « On n’en croit pas un mot. Et de toute façon, on n’en veut pas », lui soufflent les conseillers municipaux présents.

Appel à la résistance

Aujourd’hui, une voix s’élève dans le pays bazadais. Philippe Courbe aura sans doute besoin d’ici peu de compter les maires qui voudront le rejoindre dans ce qui pourrait être un appel à la résistance, sans occulter le droit de faire des propositions.

Ce sera sans doute difficile, si l’on considère que Lire la suite

Surfrider Foundation : Bayonne, Anglet et Biarritz en concurrence pour le siège européen

sudouest.com, Pierre Penin, le 22 Décembre 2009

SURFRIDER. La Ville propose l’ancien site de l’université à l’organisation. Mais Anglet et Biarritz sont en lice

Bayonne en concurrence pour le siège européen

Où Surfrider foundation installera-t-elle son siège européen ? Actuellement à l’étroit dans ses locaux biarrots (avenue de Verdun), l’organisation écologiste a fait savoir au printemps dernier sa volonté de déménager. La Ville de Bayonne est sur les rangs. Jean Grenet observe une grande prudence : « Rien n’est signé, il est donc prématuré d’évoquer ce sujet », pose le maire. Le dossier est très sensible, car Bayonne, Anglet et Biarritz se disputent Surfrider.

« On est en début de négociation », tempère Xavier Giamporcaro, chef de projet partenariat et développement pour Surfrider Europe. « Nous avons sollicité la Communauté d’agglomération du BAB, nous avons précisé nos besoins. » Soit, au grand minimum, « le double » des 225 m2 de surface utile actuels. Plutôt dans les 1 000 m2, pour loger son équipe actuelle et anticiper son développement. « Nous explosons depuis quatre ans, les nouveaux locaux devront répondre à nos besoins futurs. »

L’option Saint-Crouts

Initialement, l’association envisageait une construction, évidemment en haute qualité environnementale (HQE). « L’idée de départ est celle-là, confirme le président Gilles Asenjo. Mais on s’interroge aussi sur la possibilité d’adapter des locaux existants. » C’est la proposition bayonnaise. La Ville ouvre l’espace encore vacant sur le site de l’ancienne université, à Saint-Crouts.

Surfrider l’envisage et ne s’en cache pas, affirme « avancer dans les discussions avec Bayonne ». Mais son président nuance dans la seconde : « Il n’y a rien de figé. On n’a pas pris de décision. Toutes les possibilités ont leur intérêt. On est encore à l’écoute des trois municipalités. »

Pour Biarritz, l’adjoint aux sports Michel Poueyts revendique la légitimité des origines. Les surfeurs mobilisés pour l’environnement ont toujours siégé à Biarritz. « Surfrider a toute sa place chez nous. Nous sommes des partenaires privilégiés et naturels. » La perspective de la Cité de l’océan renforce, pour l’élu biarrot, la candidature de sa ville. Ne pas comprendre ici que la cité côtière envisage un lieu sur ladite cité. C’est dans le futur quartier Kleber que Biarritz envisage de loger Surfrider. Ce ne sera pas avant deux ans : l’association attendra-t-elle ?

Quant à Anglet, elle suggère deux espaces. L’un à la Barre, face à l’ancien camping éponyme, avec vue sur l’Adour. L’autre pourrait être Baia parc, sur le domaine portuaire.

« Pas un choix politique »

L’organisation réserve donc son choix. Mais les concurrents devraient bientôt savoir. Courant janvier, l’association réunira un conseil d’administration censé trancher la destination du déménagement.

Les administrateurs seront guidés par « des impératifs professionnels, techniques uniquement », appuie Gilles Asenjo. Pour être plus clair encore : « On ne fera pas un choix politique. » Précision d’importance dans ce dossier aux enjeux certains, sur fond de rivalité entre les villes. Le siège de Surfrider est une Lire la suite

Malgré l’échec de Copenhague, M. Sarkozy continue d’investir le terrain de l’écologie

lemonde.fr, Arnaud Leparmentier, le 21 décembre 2009

Malgré l’échec de Copenhague, M. Sarkozy continue d’investir le terrain de l’écologie

On continue comme avant. En dépit de l’échec de Copenhague, Nicolas Sarkozy veut continuer d’occuper le terrain de l’écologie en France. « Le président ne cédera pas d’un pouce sur les engagements qu’il a pris« , explique Franck Louvrier, conseiller en communication de l’Elysée.

Le chef de l’Etat recevra en début de semaine les associations environnementales et compte, selon M. Louvrier, prendre des « initiatives fortes », alors que de nouveaux rendez-vous sont attendus au printemps 2010 à Bonn, en Allemagne, et à la fin de l’année à Mexico. Il n’empêche, la France est menacée d’un « Copenhague-blues ».

« Il va y avoir un questionnement sur les politiques française et européenne qui avaient vocation à s’inscrire dans un espace mondial« , analyse la spécialiste de l’environnement, la secrétaire d’Etat Nathalie Kosciusko-Morizet. « Ces politiques ne perdent pas forcément de leur pertinence, mais doivent être réinterprétées. Soit l’on tombe dans les désillusions : le monde va dans le mur, allons-y gaiement sous la pression des industriels qui demanderont la levée des contraintes. Soit l’on persévère. Mais cela implique de poser la question de la compensation carbone aux frontières de l’Europe ou d’un espace plus vaste de pays décidés à lutter contre le réchauffement« , précise-t-elle.

Toutefois, la taxe aux frontières proposée par M. Sarkozy ne fait pas l’unanimité en Europe. Mme Kosciusko-Morizet déplore que l’Union européenne impose essentiellement des normes. Elle propose la création d’une politique de l’environnement intégrée, par exemple en matière de recherche.

« PERSÉVÉRANCE »

A l’approche des élections régionales de mars 2010, la droite veut capitaliser sur l’engagement écologique du chef de l’Etat. L’UMP oppose son « écologie populaire » qui lie environnement et croissance, à l' »écologie politique » des Verts, qui aurait reçu un camouflet. « On l’a bien vu à Copenhague, l’argument de la décroissance ne fonctionne dans aucun pays du monde« , estime M. Louvrier, qui conseille aux Verts de « faire un séminaire pour repenser leurs thèses ».

L’idée est de se différencier du parti écologiste après le coup de semonce reçu en septembre à Rambouillet, où les Verts ont failli gagner une législative dans une circonscription ancrée à droite. « Nous devons tenir notre discours sur la croissance verte créatrice d’emplois« , renchérit Mme Kosciusko-Morizet.

Il convient aussi de convaincre les Français qu’ils ne sont pas dispensés d’efforts. « L’Europe fait partie des grands pollueurs« , rappelle Brice Hortefeux, le ministre de l’intérieur. Le gouvernement ne remettra pas en cause l’introduction au 1er janvier de la taxe carbone, qui renchérira le prix de l’essence. « Les Français toucheront leur chèque Vert en février », affirme M. Louvrier.

Pour Hervé Mariton, « Copenhague est une invitation à la persévérance ». Le député de la Drôme, proche de Dominique de Villepin, estime que la politique de l’environnement doit Lire la suite

Climat : qui est responsable du Flopenhague ?

sciences.blogs.liberation.fr, sylvestre Huet, le 21 décembre 2009

Climat : qui est responsable du Flopenhague ?

Qui est responsable du Flopenhague ? La question est posée dans nombre d’éditoriaux depuis ce matin, après le résultat de la COP-15 de Copenhague, et la réponse est souvent naïve.

Les méchants gouvernements n’auraient pas écouté les gentilles ONG environnementalistes. La solution au problème serait de les écouter plus à l’avenir, dans un système de gouvernement mondial miraculeusement compétent, honnête et n’écoutant que les impératifs du développement durable et l’intérêt des générations futures.

Cette vision relève plus des bisounours au pays des négociations mondiales sur le climat que d’une analyse lucide des raisons de leur enlisement actuel.

Comme l’affiche ci-dessus le suggère, le plus gros lobby ayant conduit Obama à la position minimaliste adoptée à Copenhague, c’est tout simplement… celui de ses électeurs. Et c’est pourquoi il ne suffit pas de rompre avec la brutalité d’expression de Georges Bush – l’auteur de «American way of life is not negociable» – pour rejoindre le bal des bons sentiments et des Yaka professés par la plupart des ONG. La grande majorité du peuple américain ne veut pas bouleverser en profondeur un mode de vie énergivore, n’entend ne le négocier avec personne, et c’est cela le « problème » – si problème il y a – d’Obama.

Si Hu Jintao ne veut pas de contrôle sur les émissions de son pays et refuse d’aller plus loin qu’une croissance des émissions inférieure à celle de son PIB, c’est que 200 millions de chinois ont les moyens d’acquérir une voiture et ont bien l’intention de le faire. Et les deux milliards d’être humains qui n’ont pas d’électricité aimeraient bien en avoir… or, elle se fabrique à plus de 60% avec du charbon et du gaz. Toute approche du problème ne partant pas du fait suivant : 80% de l’énergie consommée dans le monde – pour se nourrir, se loger, se chauffer, se déplacer, travailler et commercer – provient de combustibles fossiles, n’a aucune chance de déboucher sur des solutions efficaces. Dénouer le noeud gordien climat/développement constitue le point de passage obligé d’une politique lucide.

Qu’avions nous à Copenhague ?

► Des gouvernements de pays industrialisés et démocratiques – USA, Canada, Europe de l’Ouest, Japon… – contraints de reconnaître la solidité du dossier scientifique des climatologues. Mais incapable de construire un programme économique, technologique, mais surtout social voire culturel, susceptible de conduire à l’objectif des 80% de réduction de leurs émissions de gaz à effet de serre d’ici 2050. Le volet international d’un tel programme consisterait à une réorientation massive des investissements vers des activités peu ou pas carbonées, à l’aide d’encouragements (prêts à taux zéro….) pour ces derniers, et à des mécanismes défavorisants (prêts à taux élevés, taxes) les activités fortement carbonées. En l’absence de miracle technologique, un tel programme suppose en effet non seulement d’utiliser massivement toutes les technologies connues non ou peu émettrices de carbone, mais également de réduire des consommations, des activités, les importations massives d’objets fabriqués dans les nouvelles usines du monde, en Chine et ailleurs. Ou alors il faut remplacer les charters de retraités allant passer une semaine à Louxor ou Marrakech par des bateaux à voiles. Ces réductions d’activités ne seraient aujourd’hui pas acceptées par les électeurs, donc il faudrait choisir entre démocratie et bonne politique climatique si ce choix avait un sens.

La vérité, désagréable, c’est que même les leaders politiques ayant compris (si l’on en croit leurs discours) la direction à long terme, ne savent pas comment y parvenir… en restant au Lire la suite

Une économie durable ? Ce n’est pas gagné…

alternatives-economiques.fr, Guillaume Duval, décembre 2009

Une économie durable ? Ce n’est pas gagné…

L’économie peut-elle devenir durable ? On en est très loin pour l’instant, et notre capacité à y parvenir avant que l’humanité se soit fracassée sur les conséquences des désastres écologiques qu’elle a suscités paraît bien incertaine. Cela tient moins à la difficulté technique de la chose, bien réelle, qu’aux obstacles sociopolitiques qui s’opposent à toute réorientation rapide et massive de nos modes de production et de consommation. Car les actions à mener ont à la fois un coût élevé et un impact très fort sur la distribution des richesses et des positions sociales. De quoi heurter de puissants intérêts et remettre en cause bien des positions acquises. Dit autrement, réduire les inégalités du monde et de nos sociétés est à la fois une condition pour engager les réorientations nécessaires et, en même temps, une condition pour obtenir des résultats à la hauteur de l’enjeu.

Des outils à disposition

Les périls écologiques qui se sont accumulés depuis les débuts de l’ère industrielle sont colossaux. Dans le contexte de la conférence de Copenhague, il est beaucoup question actuellement du changement climatique et des moyens de le limiter. Et c’est bien normal: il s’agit incontestablement d’une des menaces à la fois les plus lourdes de conséquences et les plus difficiles à combattre, car pour être efficace, la lutte doit absolument être mondiale. Mais le climat est malheureusement très loin d’être le seul problème: les pénuries d’eau douce, la dégradation des sols, les pertes de biodiversité, l’accumulation des déchets toxiques dans notre environnement et dans les chaînes alimentaires…, nous n’avons que l’embarras du choix, alors même que la croissance de la population mondiale, bien qu’en net ralentissement, devrait se poursuivre encore jusqu’au milieu du siècle. Sauf guerre ou catastrophe sanitaire, pas totalement improbables dans le contexte actuel.

Pourtant on sait, dans une grande mesure, ce qu’il faudrait faire. Tout d’abord réduire rapidement et massivement l’usage des combustibles fossiles et des matières premières non renouvelables. Production d’énergie, transports, isolation des bâtiments…, on maîtrise déjà de nombreuses techniques pour y parvenir. Il y a une quinzaine d’années déjà, un rapport du Club de Rome intitulé « Facteur 4 » dénombrait toutes les technologies qui permettraient de diviser par quatre les consommations tout en offrant les mêmes services au final. Et encore, un de ses auteurs, Amory Lovins, du Rocky Mountain Institute, aux Etats-Unis, expliquait-il qu’à l’origine ce rapport devait s’appeler « Facteur 10 », mais qu’il avait été décidé de n’afficher « que » Facteur 4 pour ne pas effaroucher les incrédules… On sait également que si l’on consacrait à ces questions un effort de recherche et développement majeur, au détriment par exemple de celui consacré aux armes de destruction massives, nous serions en mesure d’élargir rapidement le champ des possibles.

Au-delà des technologies proprement dites, on sait aussi dans quelle direction il faudrait réorienter le système productif et les modes de consommation. Il faut emprunter la voie de ce qu’on appelle « l’écologie industrielle » ou encore « l’économie circulaire »: comme c’est le cas dans la nature, les processus de production que nous organisons ne doivent plus produire de déchets, mais Lire la suite

Bordeaux : Le projet Darwin bien lancé

sudouest.com, Yann Saint-Sernin, le 19 Décembre 2009

BORDEAUX. La transformation de la caserne Niel débutera au printemps 2010

Le projet Darwin bien lancé

 «Doux rêveurs », entendait-on parfois pour qualifier les porteurs du projet Darwin. Aujourd’hui, Philippe Barre et ses acolytes de la holding spécialisée dans le soutien d’entreprises impliquées dans le développement durable, Évolution, savourent. Hier matin, la CUB a finalement voté à l’unanimité la cession de 10 000 mètres carrés de foncier sur l’ancienne caserne de Niel à la Bastide, pour un montant de 1,3 million d’euros. Soit le prix réclamé par l’entreprise.

Après l’avis favorable obtenu le 15 décembre sur le permis de construire déposé en juillet dernier, autant dire que le projet semble bel et bien sur les rails. « Nous attendions ce vote depuis plusieurs mois. C’était le verrou principal pour la réalisation du projet. Désormais, le calendrier est ouvert », se réjouit Jean-Marc Gancille, directeur du développement durable de la société.

15 millions d’euros

Le rêve quelque peu pharaonique du PDG d’Évolution, Philippe Barre, devrait donc devenir réalité. Il s’agit à terme de transformer les 20 000 mètres carrés de la vieille caserne militaire en pépinière écoresponsable où cohabiteraient entreprises, commerces, associations culturelles et institutions. Le tout dans une enveloppe la plus respectueuse possible de l’environnement. « Nous voulons en faire un lieu d’échange et de décloisonnement avec des espaces communs », explique-t-il.

Les travaux, dont le montant est toujours estimé à 15 millions d’euros (foncier compris), devraient débuter par le curage des bâtiments dès le mois de mars, selon Olivier Martin, l’un des deux architectes en charge du projet. Le gros de la rénovation devrait suivre dans l’été. Objectif : livrer les premières tranches en 2011.

Il s’agira du « volet économique » du projet. C’est-à-dire celui portant deux des quatre magasins militaires dont Évolution vient de se porter acquéreur. « La quasi-totalité des locaux est déjà réservée », indique Philippe Barre. En tout, douze PME écocréatives devraient signer les baux courant janvier. Selon la société, « le groupe Suez pourrait aussi se joindre au lot ».

L’endroit devrait aussi comporter notamment des chambres d’hôte « écolodge », des salles de décompression, une crèche écoresponsable, ainsi qu’une « cathédrale d’eau » destinée à recueillir l’eau de pluie et à alimenter une climatisation naturelle.

L’économie avant la culture

Bref, une véritable Sillicon valley du troisième type où chaque élément se verra estampillé du label « éco »… et Évolution. Car outre son rôle de promoteur et d’initiateur du projet, la holding financière devrait prendre des parts dans plusieurs sociétés qui s’implanteront sur le site.

Philippe Barre ne semble d’ailleurs pas refuser le costume de démiurge : « Ce sera une vitrine. Une entreprise doit partager un projet de société, nous voulons montrer la voie d’une sobriété heureuse. » Sobre mais visible, le chantier devrait être Lire la suite

La trajectoire verte de Nicolas Sarkozy

lefigaro.fr, Charles Jaigu, le 16 décembre 2009

La trajectoire verte de Nicolas Sarkozy 

Le chef de l’État arrive ce jeudi à Copenhague, où se tient la conférence sur le climat. Depuis 2002, il s’est progressivement rallié aux idées écologistes.

C’était pendant la traversée du désert de Nicolas Sarkozy, il y a plus de dix ans. Sonné par la défaite de Balladur, le quadra du RPR avait du temps. Et, comme il le dira plus tard, il «prend conscience de ses manques». Un jour, il croise dans un mariage à Neuilly Allain Bougrain-Dubourg, le fondateur de la Ligue pour la protection des oiseaux. Le maire de la ville le salue d’un «vous savez je ne suis pas chasseur !» «Ça tombe bien, moi non plus», répond l’ancien compagnon de Brigitte Bardot et militant antichasse. Ce dernier lui explique que l’écologie n’a pas vocation à être le monopole de la gauche. Le propos intéresse Nicolas Sarkozy, qui lui demande de venir le voir. «Nous avons eu depuis de nombreuses réunions de travail.» Au menu : biodiversité, règne animal en péril. Nicolas Sarkozy papillonne autour de ces sujets désertés par la droite, mais il est loin, très loin d’avoir accompli sa mue. Il se montre simplement conscient que la droite doit élargir son spectre vers les sujets plus sociétaux.

En 2002, Claude Guéant devient son directeur de cabinet au ministère de l’Intérieur, et il demande à la toute jeune Chantal Jouanno de suivre les dossiers environnementaux. «J’étais l’emmerdeuse qui travaille sur les sujets considérés comme risibles», se souvient-elle. Ancien haut fonctionnaire au ministère de l’Environnement, Guillaume Sainteny se souvient d’ailleurs que le ministère de l’Intérieur restait «totalement indifférent à ces problématiques». Aujourd’hui Chantal Jouanno est devenue secrétaire d’État chargée de l’Écologie. Elle a été la première issue du cabinet de Nicolas Sarkozy à entrer au gouvernement. Quand elle se retourne sur la trajectoire verte du président, elle indique une date : le début du mois de janvier 2007, quand Nicolas Sarkozy, qui a accepté de signer le pacte de Nicolas Hulot, se présente devant un parterre de militants associatifs au Musée de l’homme, pour y lire un texte dont la durée a été limitée à dix minutes précises. Mais le candidat dépasse d’une minute le temps prescrit : il est sifflé par une partie de la salle. Il ressort ulcéré de ces mauvaises manières. Pourtant, selon Jouanno, ce fut un moment décisif : «Nicolas Sarkozy avait mal vécu la pression exercée par Hulot pour signer le pacte. Dans les coulisses ils se sont expliqués franchement, mais il a apprécié des vrais pros qui connaissaient leur sujet», explique la secrétaire d’État.

Sarkozy endosse donc le combat de Hulot, qui fut si longtemps celui de Chirac. Il y voit un intérêt politique – ne pas laisser Ségolène Royal coloniser cet espace politique. Et il y est sans cesse encouragé par une partie de son cabinet, dont Claude Guéant et Emmanuelle Mignon.

La rencontre avec Al Gore

Dans l’intervalle, Sarkozy fait la connaissance de Yann Arthus-Bertrand, lors d’un déplacement resté fameux en Guyane, où il est accompagné de Cécilia Sarkozy. Survol en hélicoptère de la marée verte des huit millions d’hectares de la forêt guyanaise. Le photographe lui parle beaucoup de l’importance capitale des forêts primaires. Message reçu : c’est devenu, au fil des rencontres, l’un des sujets de prédilection du chef de l’État. Le jour de son arrivée à l’Élysée, le 18 mai 2007, le premier hôte de Nicolas Sarkozy sera d’ailleurs Arthus-Bertrand. «On a découvert ensemble son bureau de président», avoue le photographe qui a renoncé au vote vert pour voter Sarkozy, encore tout étonné de voir le tout nouveau chef d’État essayer devant lui le fauteuil de Chirac, et ouvrir la fenêtre pour admirer la vue.

Dès les premières semaines de son quinquennat, Nicolas Sarkozy reçoit les grands experts en matière d’écologie, avant de lancer le Grenelle de l’environnement. Il voit l’économiste Nicholas Stern, auteur d’un rapport sur le péril climatique commandé par Tony Blair, ou Al Gore, alors en tournée de présentation de son film, Une vérité qui dérange, qu’il rencontre trois fois en 2007. «C’est à ce moment-là qu’il s’est forgé une vraie conviction», raconte Chantal Jouanno : «Il était devant des experts de renommée internationale, ce qui le sortait du débat politicien avec les Verts.» Ils lui expliquent alors, diagrammes à l’appui, que le réchauffement climatique actuel – plusieurs degrés en trente ans – n’a rien à voir avec le cycle interglaciaire classique qui s’étale sur 150.000 ans, objection classique des «climato-sceptiques de droite devenus aujourd’hui pro-Allègre», résume l’un de ses collaborateurs. «Sur l’environnement, Sarkozy est à 50% sincère et à 50% dans la stratégie politique», conclut Nicolas Hulot. «C’est lui qui a porté le paquet climat en Europe, c’est lui qui Lire la suite

Les ONG et l’alerte écologique

laviedesidées.fr, Sylvie Ollitrault, le 8 décembre 2009

Les ONG et l’alerte écologique

La préoccupation écologique semble aujourd’hui faire consensus. On en oublierait presque que ce sont des ONG, longtemps perçues comme marginales, qui les premières ont donné l’alerte et porté le mouvement pour la protection de la planète. Retour sur trente années de mobilisations qui ont changé les représentations.

La défense de l’environnement appartient à la catégorie de ces grandes causes mondialisées comme la lutte contre les discriminations ou la promotion des droits de l’homme. Ce qui se joue à Copenhague relève d’un agenda international qui réunit les représentants des gouvernements, les experts internationaux et les organisations non-gouvernementales (ONG). Le rôle de ces dernières en matière de protection de la planète est complexe ; toutefois, depuis l’origine, le cœur de leur action consiste à informer l’opinion publique et à diffuser l’idée que les enjeux environnementaux réclament des décisions d’urgence. Il s’agit pour elles d’alerter l’opinion, de souligner les paradoxes des politiques publiques internationales – notamment les écarts de conduite des États.

Cependant, à l’occasion de cette conférence, on peut constater que les ONG ont peu renouvelé leur répertoire d’action collective, c’est-à-dire les manières et les mises en scènes permettant de porter la plainte ou de défendre un intérêt (en l’occurrence, la défense de l’environnement). Si le scénario est si bien réglé que les acteurs ne font pas preuve d’inventivité, c’est que les organisations sont de véritables professionnelles de la contestation et que leur savoir-faire militant est extrêmement bien rôdé.

Dans la galaxie des contestataires écologistes, certains groupuscules affectionnent l’action directe sans pesanteur organisationnelle (anti-pub, antivivisection, etc.), d’autres réseaux d’obédience anarchiste et antimondialisation peuvent choisir des modes de vie radicalement alternatifs (squatt, retour à la nature). Les partis politiques écologistes, quant à eux, impulsent de nouvelles orientations, relaient des préoccupations notamment environnementales. Tous ces acteurs interagissent, parfois se connaissent, se croisent au moment des grandes mobilisations fédératrices. Néanmoins, les ONG ont un profil tout à fait singulier et incontournable au niveau des négociations internationales. Tour à tour expertes mandatées par les institutions internationales (onusiennes) ou agitatrices maniant l’arme de la mobilisation de l’opinion publique, certaines savent jouer des deux registres tandis que d’autres, en raison de leur histoire, excellent dans l’un plutôt que dans l’autre. WWF, Sierra Club ou IUCN sont reconnus par leurs travaux d’expertise sur les questions de protection, tandis que Greenpeace ou Les Amis de la Terre ont une image de trublion qu’elles utilisent à dessein. Le paysage français de la défense de l’environnement à un niveau planétaire s’est trouvé, depuis le milieu des années 1990, transformé par l’action locale de ces ONG, nées outre-Atlantique, et par l’émergence d’un nouvel entrepreneur en mobilisation, Nicolas Hulot, qui reprend des registres d’action déjà éprouvés mais en y ajoutant son aura médiatique et son style personnel.

Au moment où commence la conférence de Copenhague, cet article se penche sur le dynamisme de la mobilisation écologiste qui, à force de persévérance, a réussi à imposer ses préoccupations sur les agendas internationaux. Les ONG, aux profils si variés, sont parvenues à impulser des orientations environnementales ambitieuses alors que les acteurs politiques locaux peinaient à exiger l’application de ces mesures internationales. Dans un contexte où les questions environnementales sont prises au sérieux par les opinions publiques nationales et où les bonnes volontés politiques s’affichent de toutes parts, les ONG doivent-elles renouveler leur positionnement ? En effet, de nouveaux acteurs se déclarent écologistes (entreprises) et d’autres se disent prêts à réformer dans ce sens (les dirigeants politiques). Par exemple, le style de la Fondation de Nicolas Hulot est-il Lire la suite

Climat : Dans les coulisses des lobbys pétroliers américains

novethic.fr, Béatrice Héraud, le 7 décembre 2009

Dans les coulisses des lobbys pétroliers américains

A l’occasion de la COP 15, France 4 diffuse le 9 décembre un documentaire aussi éclairant qu’inquiétant sur la façon dont les lobbys pétroliers ont influencé la position du gouvernement américain sur le climat pendant l’administration Bush. Alors que le « climategate » fait rage aux Etats-Unis, l’enquête de Paul Moreira nous donne des clés pour mieux comprendre le scepticisme des Américains.

Depuis quelques semaines, le « Climatgate » fait fureur aux Etats-Unis. Cette affaire, qui a finalement moins d’échos en France, est basée sur le piratage de 13 ans d’e-mails échangés par d’éminents scientifiques du Giec. Selon les « climato-sceptiques », ces conversations montreraient que ces climatologues ont cherché à « minimiser le déclin » des températures ces dix dernières années dans le but de renforcer la gravité du changement climatique. Outre-Atlantique, le buzz est tel que les Parlementaires républicains- et certains démocrates- brandissent l’argument du « doute » pour batailler contre le Plan climat d’Obama… A en croire les derniers sondages, ils sont d’ailleurs soutenus par une large frange de la population américaine : selon le Pew Research Center, ils ne seraient plus que 57 % à juger que les preuves du réchauffement sont solides et scientifiquement prouvées.

Pour comprendre pourquoi ces thèses ont tellement de résonnance aux Etats-Unis, le documentaire de Paul Moreira, « Enfumés », diffusé sur France 4, est particulièrement intéressant. Il montre comment les lobbys pétroliers, automobiles, énergétiques, etc, réunis dans ce que les écologistes appellent le « carbon club », se sont infiltrés au cœur même du gouvernement américain, faisant perdre 10 à la lutte contre la réduction des émissions de gaz à effets de serre. ExxonMobil aurait ainsi distribué près de 16 millions de dollars entre 1998 et 2005 à un réseau composé d’une quarantaine de think tanks et de lobbyistes. Si Exxon a ensuite commencé à admettre la réalité des changements climatiques, le retard qu’il a pris sur cette question a fait douter ses plus grands actionnaires. En mars 2006, 17 fonds de pensions américains contrôlant 110 millions d’actions de l’entreprise, avaient demandé à être reçus par le président du groupe pour évoquer sa stratégie sur ces questions.

Petit retour en arrière. En décembre 1997, au sommet de Kyoto, le vice-président Al Gore « prononce une phrase qui sonne comme une déclaration de guerre », commente Paul Moreira : «  Dans mon pays, nous nous souvenons des industriels du tabac qui nous expliquaient que fumer n’était pas mauvais pour la santé. A ceux qui vont chercher à faire obstruction à notre démarche, nous disons : nous ne vous laisserons pas mettre des intérêts privés étroits au dessus de ceux de toute l’espèce humaine… » Et pourtant, à son retour, le Congrès désavouera son engagement sur le protocole de Kyoto…

Les lobbys au cœur de l’administration

Mais c’est pendant les années Bush, où rappelons-le, au moins trois des dirigeants du pays – le Président lui-même, le vice-président Dick Cheney et la secrétaire d’Etat Condoleeza Rice- venaient de l’industrie pétrolière, que ces agents d’influence vont avoir la voie libre pour diffuser massivement leur thèse. Des lois aussi aberrantes que celle permettant Lire la suite

TCHAT avec Pierre Rabhi : Notre modèle de société va déboucher sur un dépôt de bilan planétaire»

liberation.fr, Pierre Rabhi, le 7 décembre 2009

«Notre modèle de société va déboucher sur un dépôt de bilan planétaire»

La conférence sur le climat sera-t-elle à la hauteur des enjeux? Le philosophe et agronome Pierre Rabhi, pionnier de l’écologie, n’y croit pas et propose des solutions pour protéger la planète. Il a répondu à vos questions.

Vrille. La crise économique pourrait-elle avoir un effet positif sur la crise climatique ?

Je crois que c’est abusif de donner le joli nom d’«économie», et incorrect. Ce que nous appelons économie n’est absolument pas de l’économie, puisqu’il s’agit du pillage généralisé de la planète. C’est-à-dire par cette croissance indéfinie sur laquelle nous avons fondé notre mode de gestion des ressources planétaires. Avant toute chose, il faut s’entendre sur ce qu’est l’économie, qui, pour moi, consiste d’abord à répartir équitablement les ressources entre les êtres humains.

Francoise. Cher monsieur Rabhi, mes respects et mon admiration. Voici ma question : comment décroître en France sans créer de chômage ?

Il faut se rendre à l’évidence : notre modèle de société, basé justement sur une vision erronée de la planète, ne pourra certainement pas se poursuivre sans aboutir à une sorte de désastre et de dépôt de bilan planétaire.

La décroissance doit être mise en perspective et graduellement organisée sur les bases d’un vivre ensemble fondé sur ce que j’appelle «la sobriété heureuse», un art de vivre fondé sur la modération. Cela passe, évidemment, par revoir nos comportements. Pour chacun de nous, au quotidien. Il faut aussi militer pour que le politique et l’économique soient révisés sur la base d’une réalité absolue. Nous ne pourrons pas continuer à appliquer le toujours plus sur une réalité planétaire limitée.

boudhinette@yahoo.com. La reforestation peut-elle avoir un impact contre l’effet de serre ?

Oui. Il est connu que la reforestation a des effets bénéfiques sur le climat. Cependant, cette reforestation devrait être précédée d’une réglementation drastique sur la destruction des forêts existantes. Il ne sert à rien de déforester d’un côté, et, de l’autre, prétendre corriger par la reforestation. En gros, cessons d’abord de déforester, et envisageons ensuite l’avenir avec la reforestation.

Kwami12. Pourquoi, selon-vous, la France est-elle aussi en retard par rapport à d’autres pays européens quant à la création de lieux de vie écologiques et solidaires (écovillages, etc.) ?

Je ne connais pas la raison pour laquelle il n’y a pas encore cet esprit ou cette réalité. L’avenir ne pourra pas être au chacun pour soi, ni à une urbanisation extravagante, comme nous en sommes témoins aujourd’hui. La question qui se pose, c’est: qu’allons-nous faire après que notre modèle de société, qui assure la survie des citoyens par des rémunérations et autres moyens, lorsque ce modèle arrivera à ses limites. Il faut absolument une politique Lire la suite

Le pape donne sa feuille de route à l’écologie chrétienne

plunkett.hautetfort.com, Benoît 16, le 15 décembre 2009

Le pape donne sa feuille de route à l’écologie chrétienne (message du 1er janvier 2010)

Benoît XVI désigne les causes économiques  de la crise écologique et appelle à changer de modèle – L’écologie chrétienne est renforcée et encouragée –  Démarche de conversion – Débat de fond à ouvrir avec les écologistes non chrétiens et les altermondialistes –  Un message magistral, à lire entièrement : MESSAGE DE SA SAINTETÉ BENOÎT XVI POUR LA CÉLÉBRATION DE LA JOURNÉE MONDIALE DE LA PAIX 1er JANVIER 2010 SI TU VEUX CONSTRUIRE LA PAIX, PROTEGE LA CREATION

1. Au début de cette nouvelle année, je désire adresser mes vœux de paix les plus fervents à toutes les communautés chrétiennes, aux responsables des Nations, aux hommes et aux femmes de bonne volonté du monde entier. J’ai choisi comme thème pour cette XLIIIème Journée Mondiale de la Paix: Si tu veux construire la paix, protège la création. Le respect de la création revêt une grande importance, car «la création est le début et le fondement de toutes les œuvres de Dieu»[1] et, aujourd’hui, sa sauvegarde devient essentielle pour la coexistence pacifique de l’humanité. Si, en effet, à cause de la cruauté de l’homme envers l’homme, nombreuses sont les menaces qui mettent en péril la paix et le développement intégral authentique de l’homme – guerres, conflits internationaux et régionaux, actes terroristes et violations des droits de l’homme – les menaces engendrées par le manque d’attention – voire même par les abus – vis-à-vis de la terre et des biens naturels, qui sont un don de Dieu, ne sont pas moins préoccupantes. C’est pour cette raison qu’il est indispensable que l’humanité renouvelle et renforce «l’alliance entre l’être humain et l’environnement, qui doit être le miroir de l’amour créateur de Dieu, de qui nous venons et vers qui nous allons».[2]

2. Dans l’Encyclique Caritas in veritate, j’ai souligné que le développement humain intégral est étroitement lié aux devoirs qui découlent du rapport de l’homme avec l’environnement naturel, considéré comme un don de Dieu fait à tous, dont l’exploitation comporte une commune responsabilité à l’égard de l’humanité tout entière, en particulier envers les pauvres et les générations à venir. J’ai noté, en outre, que lorsque la nature et, en premier lieu, l’être humain sont considérés simplement comme le fruit du hasard ou du déterminisme de l’évolution, la conscience de cette responsabilité risque de s’atténuer dans les esprits.[3] Au contraire, considérer la création comme un don de Dieu à l’humanité nous aide à comprendre la vocation et la valeur de l’homme. Avec le psalmiste, pleins d’émerveillement, nous pouvons proclamer en effet: «À voir ton ciel, ouvrage de tes doigts, la lune et les étoiles que tu fixas, qu’est-ce que l’homme pour que tu penses à lui, le fils d’un homme, que tu en prennes souci?» (Ps 8, 4-5). Contempler la beauté de la création nous aide à reconnaître l’amour du Créateur, Amour qui, comme l’écrit Dante Alighieri, «meut le soleil et les autres étoiles».[4]

3. Il y a vingt ans, en consacrant le Message de la Journée Mondiale de la Paix au thème La paix avec Dieu créateur, la paix avec toute la création, le Pape Jean-Paul II attirait l’attention sur la relation que nous avons, en tant que créatures de Dieu, avec l’univers qui nous entoure. «À l’heure actuelle, on constate – écrivait-il – une plus vive conscience des menaces qui pèsent sur la paix mondiale […] à cause des atteintes au respect dû à la nature». Et il ajoutait que la conscience écologique ne doit pas être freinée, mais plutôt favorisée, «en sorte qu’elle se développe et mûrisse en trouvant dans des programmes et des initiatives concrets l’expression qui convient».[5] Auparavant, d’autres parmi mes Prédécesseurs avaient déjà fait allusion à la relation existant entre l’homme et l’environnement. Par exemple, en 1971, à l’occasion du quatre-vingtième anniversaire de l’Encyclique Rerum Novarum de Léon XIII, Paul VI avait souligné que «par une exploitation inconsidérée de la nature, (l’homme) risque de la détruire et d’être, à son tour, la victime de cette dégradation». Et il ajoutait qu’ainsi «non seulement l’environnement matériel devient une menace permanente: pollutions et déchets, nouvelles maladies, pouvoir destructeur absolu, mais c’est le cadre humain que l’homme ne maîtrise plus, créant ainsi pour demain un environnement qui pourra lui être intolérable : problème social d’envergure qui regarde Lire la suite

Copenhague : Le mouvement altermondialiste promis à un bel avenir !

copenhague.blogs.liberation.fr, Ronack Monabay (UCJS : Urgence climatique, justice sociale), ; le 13 décembre 2009

Le mouvement altermondialiste promis à un bel avenir !

La manifestation internationale du 12 décembre a été un succès. Plus de 100.000 personnes du monde entier se sont jointes à cette mobilisation unitaire. Au total, 538 organisations de 67 pays ont répondu à l’appel. C’est sous un soleil bienvenu, que le cortège coloré, et son lot de vélos comme c’est la tradition au Danemark, s’est rendu au Bella Center, lieu des négociations officielles. On pouvait lire sur les banderoles et les pancartes de nombreux slogans radicaux tournant autour de l’idée suivante: «Climate Justice means System Change not Climate Change».

On m’a demandé à plusieurs reprises, en tant que membre de l’équipe organisatrice du Klimaforum09, de m’exprimer sur la répression injustifiée qui a eu lieu lors de cette manifestation. Mais se limiter à ces seuls aspects conduirait à se détourner d’une mobilisation massive de fond et des vrais enjeux climatiques qui se jouent à Copenhague, en insistant encore et toujours sur les relations entre police et manifestants. Ce n’est pas un hasard si dimanche pour la première fois les écrans du Bella Center ont diffusé en continu des images de l’extérieur (et non pas des conférences comme c’est le cas habituellement), en l’occurrence celles des arrestations, comme pour assener l’idée que les mobilisations citoyennes sont vouées aux débordements et nier les messages portés des heures durant dans la marche par 100.000 personnes.

Certains médias auraient pu, s’ils l’avaient voulu, évoquer la franche solidarité des centaines de manifestants qui ont refusé de poursuivre la manifestation afin de soutenir les personnes injustement arrêtées, en interpellant les policiers qui constituaient le cordon par des slogans tels que «Let them go». Une action improvisée devant les lignes de la police interloquée par cette attitude bon enfant mais déterminée, le tout alimenté par les rythmes des «sambactivistes»…

Au-delà, cette manifestation est la preuve que les mouvements sociaux rejoignent largement désormais la bataille pour la justice climatique et constitue à ce titre un renouvellement du mouvement altermondialiste. Les mouvements sociaux et les mouvements environnementaux font en effet désormais front commun. Le bloc massif «System Change Not Climate Change» regroupait des mouvements divers tels que les Amis de la Terre, Attac, les réseaux Climate Justice Now! et Climate Justice Action, la Via Campesina et de nombreuses organisations du Sud comme Jubilee South ou Focus on the Global South.

Ces organisations ont défilé pour réclamer un véritable accord contraignant ne s’appuyant pas sur les fausses «solutions» qu’elles reposent sur le marché –dont les récentes crises devraient prouver à tous son inefficacité- ou qu’elles soient technologiques (OGM, agrocarburants, nucléaire, …). La reconnaissance des droits des peuples autochtones -notamment leur droit à participer réellement aux négociations- et celle de la dette écologique étaient également à l’ordre du jour. Derrière toutes ces revendications, c’est bel et bien la logique capitaliste qui est remise en cause et ce d’autant plus que les grandes entreprises ont envahi la ville de leurs logos et le Bella Center de leurs lobbyistes. Le grand prix de la Sirène en colère récompensera le 15 décembre l’entreprise ou le lobby qui a eu l’action la plus néfaste (efficace?) pour bloquer les négociations.

Pendant ce temps là au Klimaforum, le contre sommet de la société civile, une déclaration des mouvements sociaux également intitulée «System Change not Climate Change» a enfin été finalisée. Signée par près de 300 organisations en moins de 3 jours, elle sera présentée prochainement dans des modalités qui restent à déterminer au sein de la COP15. Depuis plusieurs mois, via un forum internet des personnes du monde entier ont envoyé leurs contributions autour d’un ou plusieurs des neuf thèmes du Klimaforum. Une partie de l’équipe du Klimaforum a synthétisé l’ensemble des propositions en rédigeant un premier document, lequel a été soumis à l’ensemble des participants qui ont alors renvoyé leurs commentaires et amendements, permettant la rédaction d’un second document.

Enfin, lors des séances plénières et ateliers des trois premiers jours, toutes les personnes qui le souhaitaient ont pu participer à la finalisation du document. Au terme d’une dernière séance épique, l’ensemble de l’assemblée s’est finalement mis d’accord sur une déclaration finale. Celle-ci est novatrice à plusieurs niveaux. Premièrement, à l’image de la manifestation, elle a rassemblé, les mouvements environnementaux et sociaux et par la même tissé des liens forts entre les questions écologiques et sociales. Si ce n’est pas la première fois, cette alliance très large est révélatrice d’une dynamique renforcée.

Deuxièmement, si elle s’est avérée beaucoup plus longue que les déclarations issues des Forums Sociaux Mondiaux, elle n’en est que plus précise. Radicale tant sur l’état des lieux qu’elle dresse de la situation -une crise multidimensionnelle qui voit converger chaque crise du capitalisme dans sa séquence libérale, elle se veut également source de proposition pour une transition vers des sociétés durables: abandon des énergies fossiles, Lire la suite

Eurobaromètre : le changement climatique est le deuxième problème le plus grave auquel le monde est confronté aujourd’hui

europa.eu, communiqué, 2 décembre 2009

Eurobaromètre : le changement climatique est le deuxième problème le plus grave auquel le monde est confronté aujourd’hui

Les Européens demeurent préoccupés par le changement climatique et ils croient que la lutte contre celui-ci pourrait relancer la croissance économique dans l’UE. Telles sont les principales conclusions d’une enquête Eurobaromètre spéciale sur l’attitude du public qui est publiée aujourd’hui.

Margot Wallström, vice-présidente de la Commission européenne, a déclaré: «Le message des citoyens européens est clair : la lutte contre le changement climatique doit demeurer une priorité absolue de l’action de l’UE. Il confirme notre conviction que s’attaquer au changement climatique et surmonter la récession économique ne s’excluent pas mutuellement».

Le changement climatique est un problème très grave

63  % des citoyens européens estiment que le changement climatique est un problème très grave et 24 % un problème assez grave. Seuls 10 % ne le considèrent pas comme un problème grave et 3 % sont sans opinion. 47 % des personnes interrogées pensent que le changement climatique est l’un des deux problèmes les plus graves auxquels le monde est confronté aujourd’hui. Seule la pauvreté est considérée comme un problème plus grave, puisqu’elle est classée en première ou deuxième position par 69 % des citoyens. La plupart des Européens (62 %) croient qu’il n’est pas impossible de l’enrayer.

Une large majorité estime que le changement climatique peut relancer la croissance économique dans l’UE

Selon l’enquête, près des deux tiers des citoyens européens pensent que la lutte contre le changement climatique peut avoir un effet positif sur l’économie européenne. Au total, 63 % des répondants affirment que c’est le cas, contre 56 % en mars-avril 2008. 66 % sont aussi d’accord avec le fait que «la protection de l’environnement peut relancer la croissance économique dans l’Union européenne».

Demande d’une action renforcée

Une majorité d’Européens considère que l’industrie, les citoyens eux-mêmes, les gouvernements nationaux et locaux ainsi que l’UE ne font pas assez pour lutter contre le changement climatique. Seuls 19 % pensent que les entreprises et l’industrie prennent des mesures suffisantes pour lutter contre le changement climatique, contre 30 % dans le cas de l’UE. Bien que ces résultats marquent une évolution positive par rapport à mars-avril 2008, une majorité variant de 55 % à 72 % estime que les mesures sont insuffisantes à ces niveaux. 63 % des Européens confirment avoir agi d’une manière ou d’une autre pour lutter contre le changement climatique, alors que 31 % déclarent le contraire.

Les citoyens européens sont prêts à payer plus pour une énergie plus verte

49  % des citoyens interrogés indiquent qu’ils seraient prêts à payer plus cher une énergie produite à partir de sources émettant moins de gaz à effet de serre, alors que Lire la suite

Atelier sur le Co-habitat à Bordeaux – Le partage fait maison : La longue route d’H Nord

sudouest.com, Julien Rousset, le 10 Décembre 2009

LOGEMENT. La mairie consacre un atelier de deux jours à l’habitat coopératif, qui voit des résidents s’associer pour créer puis gérer leur immeuble. Deux projets à l’étude sur Bordeaux

Le partage fait maison La longue route d’H Nord

Un « vivre-ensemble sobre » : c’est le mot d’ordre des militants de l’habitat coopératif, dont quelques représentants, venus d’Allemagne, de Mulhouse, de Lyon ou de Bordeaux, phosphorent depuis hier à la mairie, réunis dans un atelier que devrait conclure aujourd’hui Alain Juppé.

Relancé par la flambée des loyers et par les appétits de concertation, ce système d’habitat coopératif est encore, en France, embryonnaire. Si bien que pour cet atelier, il y a tout à penser, y compris la définition même de cette forme de logement.

Chambres d’hôtes partagées

La version orthodoxe veut que des habitants s’associent en coopérative pour concevoir, puis gérer leur propre immeuble. Ces coopérateurs sont propriétaires, non pas de leur appartement, mais des parts de la coopérative qui gère les appartements. « Chacun est locataire de son logement mais collectivement propriétaire de l’immeuble », résume Thomas Nesme, au nom de l’association H-Nord.

Les habitants sont ainsi liés par l’évolution de leur cadre de vie : chaque décision concernant leur résidence est prise lors d’un vote, où, en principe, un habitant ou un ménage valent une voix. Et, en vue d’économies d’énergie, pas mal de prestations sont communes, mutualisées : buanderie, laverie, garage à vélos, voitures en autopartage… ou même, selon le projet lyonnais du Village vertical présenté hier, des chambres d’hôtes, réservées pour moitié à des amis des locataires, et destinées, pour l’autre moitié, aux touristes, avec les recettes qui vont avec.

Festival de difficultés

Quand il s’agit de passer à la mise en oeuvre, ce modèle achoppe toutefois sur un festival de difficultés, largement abordées hier au cours d’une discussion qui slalomait entre enthousiasme et tâtonnements. Par exemple, il n’y a pas encore, en France, de statut juridique propre à cet habitat en coopérative. Plusieurs projets « explorés » hier se rapprochaient plutôt de la copropriété. La conduite d’une telle entreprise par de seuls habitants paraît par ailleurs périlleuse. « Les coopérateurs doivent apprendre cinq ou six métiers à la fois ! », a averti une cheville ouvrière du Village vertical de Lyon, un juriste ajoutant que tout projet d’habitat coopératif doit s’appuyer sur « au moins trois professionnels : un architecte, un notaire spécialisé dans ce régime et un expert-comptable ».

Autre aléa apparu dans diverses expériences d’habitat coopératif : la difficulté à mobiliser des volontaires. « Il n’est pas facile de toucher les ménages susceptibles d’être intéressés », Lire la suite

Croissance contre «décroissance», la guerre est déclarée

slate.fr, Thomas Legrand, le 8 décembre 2009

Croissance contre «décroissance», la guerre est déclarée

Le consensus autour du sommet de Copenhague dans la classe politique française est un leurre. Il existe un vrai clivage.

Depuis la signature du pacte de Nicolas Hulot, pendant la campagne de 2007 et le Grenelle de l’environnement, on a pris l’habitude d’entendre des accents écologistes dans le discours du président. C’est relativement nouveau (2007) et ça représente une virevolte idéologique assez spectaculaire, si l’on y réfléchit bien. Elle est soudaine mais personne ne peut dire (et finalement peu importe) si elle est due à l’analyse de l’évolution des rapports de force politique ou à une véritable prise de conscience de l’ampleur de la catastrophe annoncée. Un peu des deux sans doute.

Alors au fur et à mesure que se généralise l’idée de l’urgence écologique, on assiste aussi, et tout naturellement, à la naissance d’une écologie dite de droite et d’une écologie dite de gauche. La différence entre ces deux versants de l’écologie se cristallise autour de la définition de la croissance. Après avoir affirmé qu’il était écologiste et qu’il œuvrait pour le sauvetage de la planète, Nicolas Sarkozy, à l’approche des élections régionales, a dû réadapter son discours pour ne pas valider trop ouvertement les thèses des écologistes et risquer de subir la fameuse règle (qui ne se vérifie pas toujours d’ailleurs), la règle du «quand on a la choix entre l’original et la copie, on préfère toujours l’original»… donc il s’est démarqué. Ce n’est pas une démarcation que tactique, elle correspond d’abord à une différence idéologique.

Le chef de l’Etat développe l’idée d’une écologie qui ne fustige pas la croissance, qui, de ce fait, accepte et même promeut le nucléaire, présenté comme une énergie propre, non émettrice de CO2. En réaffirmant sa foi en la croissance, l’écologie dite de droite peut également se présenter comme une idéologie du progrès qui fait le pari que les avancées technologiques apporteront les solutions de remplacement à la raréfaction et au danger des énergies fossiles. Ces idées sont par exemple défendues par le philosophe Luc Ferry. C’est ce que le Président appelle la «croissance verte»... Réconcilier croissance et écologie correspond à un positionnement assez confortable. Il comporte une forme d’optimisme qui tranche avec les analyses déprimantes et catastrophistes des écologistes classiques. Il permet, en plus (et pour une fois), de mettre la droite dans le parti du mouvement, de la foi en l’avenir.

Un positionnement qui promet enfin de ne pas trop bouleverser nos modes de vie consuméristes, voilà pour l’aspect conservateur nécessaire pour rassurer l’électorat de ce côté du spectre politique. De l’autre côté, les Verts et Europe écologie se classent, eux-mêmes, à gauche. C’est assez cruel pour le PS parce que, en gros, la vision de l’écologie, telle que la développe en ce moment Nicolas Sarkozy, n’est pas éloignée de ce que peut dire un PS qui place aussi la croissance au pinacle. Mais le PS doit éviter l’affrontement idéologique avec les écologistes avec lesquelles ils comptent construire une alternance ! Ils sont donc, en quelque sorte, squeezés du débat !

Parce que de l’autre côté, les Verts et Europe écologie ont aussi un discours spécifique sur la croissance. Contrairement à la caricature que veut en faire Nicolas Sarkozy qui dénonce leur penchant pour la décroissance, les écologistes (la plupart d’entre eux en tout cas) refusent d’employer ce terme qui reprend Lire la suite

Jean-Paul Besset (Europe Ecologie) face à Pierre Moscovici (PS) : «Vive la sociale» ou «sauvons la planète» ?

hebdo.nouvelobs.com, Daniel Cohn-Bendit, Guillaume Malaurie, Maël Thierry, le 3 décembre 2009

Jean-Paul Besset (Europe Ecologie) face à Pierre Moscovici (PS)

«Vive la sociale» ou «sauvons la planète» ?

Taxe carbone contre pouvoir d’achat, croissance contre décroissance, progressisme contre environnementalisme… Entre écologistes et socialistes, l’échange est vif

Le Nouvel Observateur. – Vous avez politiquement grandi l’un et l’autre dans la religion du progrès servie par une croissance éternelle et une nature inépuisable. Et pourtant, à gauche, René Dumond, Edgar Morin, André Gorz ou… Serge Moscovici tiraient très tôt la sonnette d’alarme sur l’inévitable crise de ce modèle trahi par la finitude des ressources. On y est. Pourquoi un tel retard à l’allumage ?

Jean-Paul Besset. – Ce constat-là vaut tout autant pour la gauche que pour la droite. Ces deux grands courants idéologiques sont issus, pour aller vite, de la même matrice : la révolution industrielle. La grande ligne de clivage, c’était la répartition des fruits de cette croissance. Et c’est l’honneur de la social-démocratie d’avoir su utiliser cette richesse pour développer la justice sociale et forger les bases de l’Etat-providence. Mais quand cette manne de la croissance conçue comme une vis sans fin vient à disparaître sous l’impact de la crise écologique, la social-démocratie, qui fut la grande aventure de ces deux derniers siècles, arrive à bout de souffle.

Pierre Moscovici. – Vous semblez considérer que le clivage gauche-droite n’est plus pertinent. Et moi, je continue de penser qu’il l’est, peut-être plus que jamais face à un président liquidateur comme Nicolas Sarkozy ! La question écologique est certes essentielle, mais je ne crois pas du tout que la question sociale soit éteinte. Je note d’ailleurs que les pères de l’écologie qui étaient évoqués, vous avez cité à juste titre le mien, se situent tous dans le champ culturel de la gauche. Je reconnais bien volontiers que le manque d’appétence des socialistes pour l’approche écologique s’explique par leur passé ouvriériste, productiviste ou étatiste. L’avenir, aujourd’hui, je suis d’accord, c’est la social-écologie. Mais pas le dépassement de la gauche et de la droite.

J.-P Besset. – Ne faites pas comme si l’écologie politique ignorait la question sociale, dont vous seriez propriétaire ! Moi aussi, j’ai la question sociale rivée au cœur, mais elle est désormais indissociable de la question écologique. Les inondations, les sécheresses, les cyclones, les mers qui se dépeuplent, les forêts qui reculent et les déserts qui avancent, ça concerne quand même 60% de la population mondiale. La vraie question sociale contemporaine, massive, intolérable, elle est là !

N. O. – Et sur la croissance, verte ou grise, forte ou faible, vous pouvez trouver un langage commun ?

P. Moscovici.

Ce dont je suis sûr, c’est que nous avons toujours besoin de croissance. Prenons l’exemple de la France : il y a 3,7 millions de chômeurs, des déficits publics de 140 milliards d’euros, une dette publique équivalente à 82% du PIB. Je ne sais pas comment nous pouvons résorber ces gouffres financiers, investir dans des programmes écologiques lourds et réduire le chômage sans un taux de croissance significatif. Tout le défi est là : il faut à la fois Lire la suite

Avis défavorable du commissaire enquêteur à Mérignac : L’aéroport entre deux eaux

sudouest.com, Olivier Delhoumeau, le 3 décembre 2009

MERIGNAC. Le commissaire enquêteur rend un avis défavorable concernant un dossier de rejet des eaux pluviales

L’aéroport entre deux eaux

Coup de tonnerre dans le ciel de l’aéroport de Bordeaux-Mérignac. Le commissaire enquêteur chargé du dossier d’autorisation de rejet des eaux pluviales de l’aéroport dans les eaux du bassin-versant n° 3 vient de livrer son avis : défavorable (1). De quoi refroidir les projets de développement de l’aéroport.

D’autant que dans son analyse, Jean-Jacques Ducout porte le fer à plusieurs niveaux. Il estime ainsi d’entrée que les observations relatives au transport aérien en général et au low-cost en particulier et qui justifient la demande sont « hors sujet ». « Les aménagements projetés sont liés à une croissance du trafic qui, actuellement, n’est pas démontrée », détaille-t-il. Pourtant, la construction d’une aérogare à services simplifiés est l’élément déterminant dans la stratégie de l’aéroport pour faire face à la menace TGV. Selon les prévisions affichées, le nombre de passagers low-cost à Bordeaux devrait passer de 500 000 en 2008 à 1,2 million à l’horizon 2015. Et les projections portent ce segment à 40 % du trafic total en 2017.

Qualité des eaux

Le commissaire enquêteur s’avoue aussi dubitatif quant à la maîtrise du rejet des eaux pluviales. Le dossier expose la nécessité de travaux s’appuyant sur des données anciennes. « Des événements climatiques particuliers actuels, mettant en cause ces données, ne sont pas pris en compte. » Pire, Jean-Jacques Ducout estime que l’arrêté préfectoral d’autorisation de 1997 (voir ci-contre) formulait des exigences sur les retenues d’eau qui n’ont pas été suivies d’effet.

Côté pollution, il relève les carences dans la qualité des eaux rejetées. Qui seraient dues à la présence de micropolluants minéraux dont l’origine n’est pas déterminée. L’aéroport ne nie pas cet aspect des choses. « Toutefois, dans son mémoire en réponse, il ne donne aucune réponse claire sur la résolution du problème. Des actions de sensibilisation sont en cours. Est-ce suffisant ? L’ambition de qualité des eaux affichée par l’aéroport reste faible », assène Jean-Jacques Ducout. Sur ce point, Pascal Houbre, chargé des relations territoriales et de l’environnement à l’aéroport, plaide qu’il n’existe dans les textes aucun objectif de qualité des eaux de la Devèze sud, ce ruisseau où se déversent les eaux pluviales. Il souligne, par ailleurs, que toutes les préconisations techniques relatives au décret préfectoral de 1997 ont été respectées : création d’un bassin de stockage de 10 000 mètres cubes à côté de Météo France, régulation à 2 mètres cubes par seconde pour le rejet des eaux pluviales, mise en place d’un dispositif de traitement assurant la séparation des hydrocarbures… « On est même allé au-delà, en prenant en compte les autres micropolluants. Malgré notre transparence, on est pénalisé. Ce n’est pas très cohérent », regrette le représentant de l’aéroport.

En première ligne sur le front de l’attaque, les Verts de Mérignac se sont signalés début octobre en votant contre cette autorisation de rejet au conseil municipal.

Métaux lourds

Ils avaient formulé divers griefs : pollution par les métaux lourds (cuivre et zinc) et les pesticides, insuffisance de capacité du bassin de rétention pouvant générer Lire la suite

Le PS veut convaincre de la réalité de sa conversion à la « social-écologie »

lemonde.fr, Jean-Michel Normand, le 1er décembre 2009

Le PS veut convaincre de la réalité de sa conversion à la « social-écologie »

A Copenhague, pour le PS, l’important ne sera pas tant de participer que de faire passer un message. Quelques jours avant l’ouverture du sommet mondial sur le climat, les socialistes ne lésinent pas sur les signaux. Martine Aubry a fait savoir qu’elle se rendrait les 15 et 16 décembre dans la capitale danoise avec une délégation.

En attendant, la première secrétaire préside mardi 1er décembre une réunion extraordinaire du bureau national consacrée aux enjeux de cette conférence dont les socialistes « souhaitent le succès ». Pour l’occasion, « des experts et des spécialistes » ont été invités afin « d’enrichir la réflexion engagée en faveur d’un nouveau modèle de développement« . Dans la cour de la Rue de Solferino, au siège du parti, les participants seront accueillis par une sculpture de glace, oeuvre éphémère représentant un globe terrestre.

« Il s’agit d’apporter la démonstration que les socialistes sont capables de prendre la question environnementale à bras-le-corps« , insiste Philippe Martin, député du Gers, récemment nommé secrétaire national adjoint à l’environnement en remplacement d’Eric Loiselet, qui a quitté le PS pour conduire la liste Europe-Ecologie en Champagne-Ardenne aux élections régionales. Ces dernières années, les socialistes avaient beau faire régulièrement référence à la « social-écologie » ou à « l’éco-développement » – le 29 novembre, devant l’UMP, Nicolas Sarkozy en a appelé à « l’écologie populaire » – ils admettent aujourd’hui que leur conversion était superficielle.

Le revers électoral des européennes de juin au profit d’Europe-Ecologie a agi comme un brutal rappel à la réalité. « Il ne faut pas noircir le tableau, plaide Géraud Guibert, co-fondateur du Pôle écologique au sein du PS. Le bilan de nos présidents de région est bon – financement des trains régionaux, interdiction des cultures OGM dans certains cas, fort développement des énergies renouvelables. Le problème est que ces expérimentations ne s’articulent pas avec un discours fort au plan national. »

A en croire Philippe Martin, les socialistes ont défini leur feuille de route. « Notre vision des choses, c’est que toute mesure environnementale doit être socialement acceptable« , dit-il. Au PS, le débat engagé sur la « fiscalité verte », s’est noué autour de l’idée d’une « contribution climat-énergie ». Cette proposition alternative à la taxe carbone vise à instaurer un prélèvement élargi aux entreprises et à l’ensemble de la consommation d’électricité. Encore faut-il s’accorder sur les mesures de compensation attribuées aux ménages, notamment en milieu rural ou péri-urbain. Pour l’heure, le dispositif envisagé reste flou. « Mieux vaudrait opter pour une politique de l’offre, comme en Poitou-Charentes, et concentrer les mesures fiscales vers ceux qui peuvent modifier leur comportement », considère Delphine Batho, députée des Deux-Sèvres et proche de Ségolène Royal. « On ne peut tout de même pas considérer que la fiscalité écologique n’est envisageable qu’à condition de ne rien coûter ! », Lire la suite

Bassin d’Arcachon : La Sepanso et les associations critiquent sévèrement le projet d’aménagement du territoire

sudouest.com, Bernadette Dubourg, le 2 Décembre 2009

SCOT. La Sepanso et les associations regroupées au sein du Ceba critiquent sévèrement le projet d’aménagement du territoire

« Un brouillon à réviser »

 «Nous sommes déçus par le projet de PADD et très mobilisés pour y apporter les modifications qui s’imposent », résument Jean Mazodier, président de la Ceba qui regroupe 17 associations du bassin d’Arcachon et du Val de l’Eyre, et René Serrano, au nom de la Sepanso.

« On a salué, en son temps, le travail remarquable de l’État et sa note d’enjeux, rappellent les deux associatifs.

Aujourd’hui, nous désapprouvons les orientations qui sont prises par le Sybarval (Syndicat mixte du bassin d’Arcachon et du Val de l’Eyre), et nous tenons à le faire savoir, car ce texte doit être revu ». Explications.

1 Ateliers et séminaires

« Nous avons demandé à participer aux différents ateliers et groupes de travail mis en place pour élaborer le projet d’aménagement et de développement durable, préfiguration du futur Scot (schéma de cohérence territoriale).

Il a fallu une forte pression pour qu’on nous accepte. Il faut reconnaître que nous avons été aidés par certains élus.

Nous avons également participé aux deux séminaires des 16 juin et 15 octobre. Nous avons, chaque fois, fait des observations orales et écrites mais n’avons pas reçu un seul mot d’observation sur nos commentaires. Le sous-préfet que nous avons longuement rencontré nous a cependant assuré que nous interviendrions lors de la consultation. Le Scot est un document fondamental, il ne doit pas être élaboré en vase clos. »

2 La population et l’eau

« Le projet, qui privilégie très clairement les aspects économiques et démographiques, va à l’encontre des exigences de l’État quant à la hiérarchisation des priorités et la prise en compte des enjeux écologiques. L’État incitait à limiter l’accroissement de la population à 35 000 habitants de plus d’ici à 2030. Avec le PADD, nous atteignons les 70 000 habitants, soit une augmentation de la population de 4 % par an, c’est de la folie.

On ne sait pas comment alimenter cette population en eau potable. Le Siba ne sera pas non plus en capacité de traiter les eaux usées. Sans parler des risques Lire la suite

Manifestation anti LGV de Langon : « La vitesse, c’est dépassé »

sudouest.com, César Compadre, le 29 Novembre 2009

LANGON. Girondins, Landais, Basques ou Lot-et-Garonnais, ils étaient 1 800 hier à manifester contre les futures LGV

« La vitesse, c’est dépassé »

De mémoire de Langonnais on n’avait vu une manifestation telle dans la sous-préfecture du Sud-Gironde. Certes, nous étions loin des 10 000 mécontents rassemblés à Bayonne le 17 octobre, mais les anti-LGV ne désarment pas. Au contraire, ils s’organisent.

C’est en effet l’épineux dossier des futures lignes à grande vitesse ferroviaires devant desservir le Sud-Ouest qui a mobilisé hier matin. Le tronçon Tours-Bordeaux (ouverture à l’horizon 2016), mettant la préfecture girondine à deux heures de la capitale ; comme les lignes Bordeaux-Toulouse et Bordeaux-Espagne, espérées vers 2020.

Mais sans attendre que « les bulldozers soient à l’ouvrage dans les salles à manger », et maintenant que des hypothèses de tracés sont dévoilées, le marteau-pilon des critiques était de sortie.

Des nombreux élus en tête de cortège aux fédérations de chasseurs, des écologistes aux associations de défense de l’environnement, des riverains des futurs tracés envisagés aux citoyens se disant engagés, ce fut une surenchère de propos plus durs les uns que les autres pour rejeter les futures lignes à grande vitesse voulues par la plupart des grandes collectivités locales et des acteurs économiques.

Le désert rural

« Écoles et postes ferment dans nos campagnes transformées en désert et on dépenserait des milliards pour quelques minutes gagnées entre Bordeaux et Toulouse ? Aménageons les voies existantes », plaidait le responsable de Très Grande Vigilance en Albret, association récemment créée en Lot-et-Garonne.

« Ce n’est pas un refus parce que les rails passeraient chez nous. Nous avons des contre-propositions pour repenser nos manières de vivre : la vitesse, c’est dépassé », a argumenté le maire de Landiras (33). « La France n’a plus les moyens de ses ambitions et le Pays basque serait défiguré par une nouvelle ligne », analysait un médecin d’Ascain (64) portant la banderole du Collectif des associations de défense de l’environnement (Cade). Après la réception d’une délégation par le sous-préfet, deux mobilisations sont annoncées : le 23 janvier à Lire la suite

Et les lauréats des Prix Pinocchio du développement durable 2009 sont…

prix-pinocchio.org, communiqué, le 25 novembre 2009

Et les lauréats des Prix Pinocchio du développement durable 2009 sont…

Les Amis de la Terre ont décerné hier soir à Paris les prix Pinocchio du développement durable 2009, sur la base des votes des internautes. Cette année, les lauréats sont Bolloré dans la catégorie « droits humains », Total dans la catégorie « environnement » et EDF dans la catégorie « greenwashing ».

Dans la catégorie « droits humains », c’est le groupe Bolloré qui a reçu le prix avec 35 % des votes pour les conditions de travail déplorables des travailleurs dans les plantations d’huile de palme de sa filiale Socapalm (Cameroun), dont elle est actionnaire majoritaire.

Le groupe Total a quant à lui reçu le prix Pinocchio dans la catégorie « environnement » avec 29 % des votes de cette même catégorie. Les internautes condamnent la multinationale française pour son implication dans le méga-projet pétrolier Kashagan (Kazakhstan), qui s’annonce comme une catastrophe environnementale et sanitaire. Ce cas illustre le double discours du groupe qui, loin de l’image moderne et éthique qu’il cherche désespérément à se donner, continue à investir massivement dans des projets fossiles polluants et archaïques.

Pour le « greenwashing » enfin, c’est EDF qui remporte le prix avec 42 % des votes de cette catégorie pour sa récente campagne de communication « Changer d’énergie ensemble » qui a coûté plus cher que les dépenses du groupe en recherche et développement dans les énergies renouvelables. Ces dernières ne représentent elles-mêmes qu’une part infime du chiffre d’affaires du groupe par rapport au nucléaire.

Les Amis de la Terre organisent chaque année les Prix Pinocchio du développement durable pour dénoncer le bilan désastreux de grandes multinationales, en termes économiques, environnementaux ou sociaux. Les multinationales, toujours aussi peu encadrées, ont de plus bénéficié de financements publics sans précédent pour éviter de pâtir de la crise et ce sont les contribuables et les salariés qui doivent assumer les coûts.

Pour Gwenael Wasse, chargé de campagne pour la Responsabilité sociale et environnementale des entreprises aux Amis de la Terre, « malgré les beaux discours, les multinationales continuent à faire ce qu’elles veulent sans être inquiétées, en s’en tenant à des accords volontaires dont l’inefficacité est flagrante. Dans la crise systémique actuelle, il est plus que jamais temps que les décideurs prennent leurs responsabilités et mettent enfin en place des lois contraignantes. Il n’est plus admissible que les intérêts privés des multinationales continuent à primer sur l’intérêt général, l’avenir de la planète et le bien-être de ses habitants ».

Les résultats des votes détaillés par catégorie sont accessibles sur Lire la suite

Verts de rage : les nouveaux militants écolos

naturavox.fr, Samia Ferjani – Ecofaubourgs, le 13 novembre 2009

Verts de rage : les nouveaux militants écolos

Les années 2000 ont vu l’émergence d’un activisme acéphale, festif, non-violent et capable de séduire les médias. Si le droit au logement et la guerre aux affiches publicitaires sont les chevaux de bataille de ce nouveau militantisme, l’écologie mobilise aussi…

Quelle contestation possible dans une société qui se targue d’avoir vu la fin des idéologies ? Une contestation festive, répondent les nouveaux militants. Exit les manifestations et le syndicalisme à la papa, avec sa hiérarchie, ses rites et son formalisme. Pour les activistes nouvelle génération de Jeudi noir, Sauvons les riches ou la BAC (Brigade activiste des clowns), l’engagement doit être aussi léger que spectaculaire. Et pour cause : l’objectif est de frapper les esprits et d’interpeller l’opinion – ce qui revient à faire la une des médias. D’où des actions ponctuelles et à forte portée symbolique, où priment l’humour, la créativité ou l’émotion. L’occupation du Canal Saint-Martin par les tentes des enfants de Quichotte, les fêtes improvisées lors de visites d’appartements aux loyers abusifs et les manifs de droite en sont autant d’exemples.

Comme le droit au logement ou la résistance à la publicité, l’écologie est un thème de prédilection pour ce nouveau militantisme. Ainsi, nombre de collectifs ont fleuri ces dernières années autour de la protection de l’environnement. Revue des troupes.

La BAD, ou Brigade d’action contre la déforestation

Emanation informelle des Amis de la Terre (une association pionnière en matière d’écologie), la BAD s’est donné pour spécialité la lutte contre la déforestation. Son credo : mettre à jour les causalités à l’œuvre dans la destruction des forêts primaires. « Le problème est lié à la surconsommation, explique Sylvain Angerand, membre de l’association, dans Un nouvel art de militer. Il faudrait consommer moins de viande, moins de papier, s’approvisionner en bois local, prendre uniquement ce que la forêt nous donne. » D’où une série d’actions coup de poing : missions de sensibilisation des consommateurs dans les magasins de meubles de banlieue, plantations « sauvages » d’arbres sur la Butte Montmartre ou la Tour Eiffel, verbalisation d’une société importatrice de bois présumé illégal et apposition de scellés factices sur le stock saisi… L’enjeu est de sensibiliser l’opinion, mais sans la braquer.

Du Carré vert à la Vélorution

Ces dernières années ont vu naître nombre de collectifs affairés à reconquérir l’espace public hypothéqué par la bagnole. Leur modèle : Reclaim the streets. Créée en 1995, cette association anglaise s’est rendue célèbre par l’organisation de street parties, ou fêtes de rue spontanées destinées à paralyser totalement le trafic routier.

Parmi les rejetons du collectif anglais, le Carré vert. Son haut fait d’armes : avoir bloqué le périphérique parisien pour y dérouler un tapis vert de 200 m2 planté d’arbustes afin d’en appeler à un nouveau partage de la voirie. Voir la vidéo ci-dessous (on conseille vivement de couper le son) :

Carré Vert envoyé par DESOBEIR. –

La reconquête de l’espace public est la revendication phare d’un autre groupe de militants : Vélorution. « Nous ne bloquons pas la circulation, nous sommes Lire la suite

« UFC – Que choisir » – Comparateur énergie : A éviter !

quechoisir.org, le 9 novembre 2009

Comparateur énergie : A éviter !

Le médiateur national de l’énergie et la Commission de régulation de l’énergie ont mis en ligne un outil pour comparer les tarifs des offres de gaz et d’électricité. Mais comme redouté, ce comparateur va surtout servir les fournisseurs d’énergie au détriment des consommateurs.

 « Que Choisir » avait prévenu ses lecteurs du piège qui les attendait (lire notre enquête) et avait vu juste : le comparateur d’offres d’énergie (1) élaboré par le médiateur national de l’énergie et la Commission de régulation de l’énergie est bel et bien « la machine à faire quitter les tarifs réglementés » que l’UFC-Que Choisir dénonçait. Le médiateur national de l’énergie a eu beau parler d’une information impartiale et indépendante en présentant ce nouvel outil à la presse, on est plus près de la propagande. Ce sont en effet les fournisseurs eux-mêmes qui entrent les données et leurs arguments marketing ! Le résultat est édifiant, une offre du tableau comparatif annonce par exemple « -10 % sur les tarifs réglementés ». C’est faux, ces -10 % concernent le prix du kWh, pas celui de l’abonnement.

Et les offres vertes sont bien le leurre annoncé par « Que Choisir ». Le comparateur mentionne selon les fournisseurs « 100 % d’électricité verte », « 100 % d’énergies renouvelables certifiées », ce qui paraît formidable. En réalité, ces offres portent sur une électricité renouvelable produite depuis des lustres et acheminée jusqu’à nos compteurs depuis longtemps. La transformer en offre commerciale environnementale est très simple, le fournisseur achète des certificats verts à un coût dérisoire et l’affaire est jouée ! La seule véritable offre d’électricité renouvelable qui peut être qualifiée de verte sans abuser le client, c’est celle d’Enercoop, mais la coopérative a refusé de participer au comparateur car il ne faisait pas la différence et on la comprend.

Quant au piège des tarifs réglementés, il est total. Le comparateur incite de fait à quitter les tarifs réglementés sans signaler de façon immédiate et compréhensible par les non-initiés que ce choix-là, compte tenu de la réglementation actuelle, sera irrévocable s’il est fait à partir du 31 décembre. Un comparateur impartial l’aurait Lire la suite

Kempf – Une mesure écologique : réduire l’inégalité

lemonde.fr, Hervé Kempf, le 25 novembre 2009

Une mesure écologique : réduire l’inégalité

Et le social ? C’est le troisième « pilier » du développement durable, avec l’environnement et l’économie, mais il semble toujours oublié du tableau. Sociologues et géographes rappellent cependant avec insistance que la question sociale s’articule fortement avec la crise écologique. L’université de Paris-X vient ainsi de tenir un colloque sur la justice environnementale, l’Agence française de sécurité sanitaire organise le 10 avril des débats sur le rapport entre inégalités environnementales et risques sanitaires, l’université de Bruxelles vient de publier un recueil sur Environnement et inégalités sociales…

Comme l’expliquent dans ce livre les sociologues Edwin Zaccaï et Pierre Cornut, l’inégalité environnementale revêt plusieurs aspects : d’une part, « les impacts subis par les populations du fait d’une dégradation de l’environnement, et les inégalités sociales face à ces impacts » et, d’autre part, « les impacts générés sur l’environnement par les comportements humains et les inégalités sociales relatives à ces impacts ».

De longue date, il a été observé que les couches sociales les plus défavorisées sont les plus exposées aux nuisances environnementales, que ce soit par leur habitat, situé dans les zones les plus polluées, ou par leur incapacité à s’en prémunir, faute de moyens. Le phénomène a été le mieux quantifié à propos du bruit : « Un ménage à faible revenu a quatre à cinq fois plus de probabilité d’être exposé à un bruit très gênant qu’un ménage à revenu élevé« , écrit Jacques Theys, chercheur au ministère de l’équipement.

L’impact environnemental des individus diffère par ailleurs selon leur degré de prospérité. Et de nombreuses études convergent pour conclure que les riches polluent plus que les pauvres, ou, pour le dire autrement, que l’ampleur de la nuisance environnementale des individus est liée à leur niveau de revenu. Par exemple, une note publiée en février par la direction des études économiques et de l’évaluation environnementale du ministère de l’écologie montre que 5 % seulement des Français contribuent à 50 % des émissions de gaz à effet de serre dus aux déplacements touristiques.

Les riches ont un effet négatif d’une autre manière, du fait que « la consommation est tirée par le mode de consommation ostentatoire des plus riches, qui, érigé en modèle, engendre envie et frustration dans le reste de la population« , rappelle Philippe Frémeaux dans L’Etat de l’économie 2008 (hors-série d’Alternatives économiques).

On redécouvre ainsi la pensée de l’économiste Thorstein Veblen qui, à la fin du XIXe siècle, avait analysé l’importance des phénomènes de rivalité ostentatoire et de consommation statutaire. Une leçon en est que réduire la surconsommation matérielle passe par un changement du modèle culturel dominant, donc par la réduction des inégalités.

Dans la foulée du rapport officiel Reconsidérer la richesse, animé par Patrick Viveret en 2002, l’idée d’un revenu maximal admissible (RMA) fait ainsi son chemin. Aux Pays-Bas, une loi va limiter en 2009 Lire la suite

Surfrider Foundation : Soirée cinéma mêlant glisse et écologie le 3 décembre à Bordeaux

Surfrider Foundation Europe – Gironde, communiqué, le 23 novembre 209

L’antenne Gironde de Surfrider Foundation Europe s’invite à nouveau au Cinéma Jean Eustache à Pessac (Gironde) en partenariat avec l’association Mandora (www.asso-mandora.com).

Jeudi 03 décembre 2009 à 20h00

L’antenne Gironde de Surfrider Foundation Europe se joint à l’association Mandora pour proposer une soirée cinéma mêlant glisse et écologie afin de sensibiliser à la nécessité de préserver notre environnement et notamment notre littoral.

Ugo Benghozi nous fera l’honneur de présenter 3 épisodes de la saga Riddim qu’il a réalisé (Maroc, Ecosse et Timor).

L’antenne Gironde de Surfrider a souhaité également inviter Pierre Troquereau artiste peintre bordelais qui nous présentera ses toiles sur le thème de la pollution (www.pierretroquereau.fr) et Jérémy Ferrara shaper qui exposera des planches uniques qu’il a réalisé entièrement à la main en utilisant différentes techniques de résines teintées (www.ferrara-surfboards.com)

Le tarif pour cette soirée est de 6 Euros par personne ou 5 Euros pour les personnes venues en vélo, tram ou bus !

En fin de soirée l’association Mandora vous convie à un apéritif qui vous permettra de rencontrer les bénévoles de l’antenne Gironde de Surfrider ainsi que les artistes présents, venez nombreux !

Plus d’infos : Lire la suite

Alexandra Siarri, « l’inattendue » : Portrait de la N°2, peu connue et non encartée, de la liste Darcos (UMP)

sudouest.com, Julien Rousset, le 24 Novembre 2009

RÉGIONALES. Portrait de la numéro deux, peu connue et non encartée, de la liste Darcos (UMP)

Alexandra Siarri, « l’inattendue »

Elle est peu connue, et n’a sa carte dans aucun parti : Alexandra Siarri figurera, en Gironde, à la deuxième place de la liste UMP, entre Xavier Darcos, numéro un, et Nicolas Florian, numéro trois (1).

Une surprise ? Oui et non : il fallait, en vertu de la parité, une femme. Une femme bordelaise, pour représenter la ville-centre et Alain Juppé. Et une candidate jeune, pour incarner le renouveau dans une équipe dont les piliers sont plutôt… expérimentés – Xavier Darcos, ministre, Nicolas Florian, secrétaire départemental, Jean-Paul Garraud, député…

Une jeune élue bordelaise donc ? Le choix s’est vite orienté sur Alexandra Siarri, 37 ans, entrée en politique lors de la réélection, en 2008, d’Alain Juppé. Encore que la politique lui soit familière depuis l’enfance. « Ma famille compte beaucoup d’agriculteurs, de fibre gaulliste, qui se sont impliqués dans des mandats locaux. »

Internaute militante

À la mairie de Bordeaux, Alexandra Siarri est simple conseillère municipale déléguée, mais elle s’est bâtie une légitimité sur l’éco-habitat ou sur le développement durable. Et sur la forme, son sens du contact et son accent charentais, que certains prennent à tort pour un accent québécois, font mouche. Y compris parmi les opposants à la majorité municipale, qui saluent sa « pêche ». Dynamique, Alexandra Siarri l’est aussi sur le Net : elle a animé sur le web des croisades pour le boycott des fraises espagnoles, des annuaires papier, ou dénoncé dans un blog l’excès de marketing Nespresso…

C’est Alain Juppé qui a proposé son nom pour la deuxième place de la liste UMP. L’info a été rendue publique ce week-end, et, depuis, c’est l’emballement. « Mon portable ne cesse de sonner », confiait hier la candidate, dont la désignation devra toutefois être validée officiellement samedi par le conseil national du parti. Et si elle l’a eu au téléphone, Alexandra Siarri n’a pas encore rencontré son coéquipier Darcos. « Tout va se mettre en place : l’équipe, le projet, les thèmes de chacun… »

À la CUB comme Marie Bové

Ses envies la portent vers « l’aménagement du territoire », la « recherche », et le développement durable, dans une approche plus globale que la simple défense de l’environnement : « Le développement durable, c’est Lire la suite

Sandrine Mathy du Réseau Action Climat : Lobbyiste du climat

terra-economica.info, Benjamin Bonneau, étudiant au CFPJ (Centre de formation professionnelle des journalistes), le 22 novembre 2009

Lobbyiste du climat

A 35 ans, Sandrine Mathy a déjà un emploi du temps de ministre, qu’elle partage entre son travail de chercheuse au CNRS et la présidence du Réseau Action Climat (RAC). A quelques jours du sommet de Copenhague, rencontre avec l’une des lobbyistes françaises les plus compétentes sur le sujet.

Militante ? « Oui, c’est un sacerdoce, mais ça donne du sens à ma vie. » Sandrine Malthy, chercheuse en économie de l’environnement, tient les rennes du Réseau Action Climat (RAC) depuis 2006, un collectif d’associations qui fait référence en matière de lutte contre le changement climatique. Être née en 1974, au lendemain du second choc pétrolier, prédestine-t-il à acquérir très vite des réflexes verts ? « Éteindre la lumière quand on sort de la pièce ou couper l’eau pendant que l’on se brosse les dents ? » : Sandrine Malthy en rit comme pour rejeter tout héritage familial. Tout juste consent-elle à rappeler, sourire au coin, que son papa « fait son jardin depuis toujours » et qu’il « ne met ni engrais ni pesticides ». Un peu juste pour se forger une conscience verte. C’est donc seule que sa destinée de militante écologiste s’est forgée.

Au cours de ses études d’ingénieur, elle rejoint l’Inde. Ce voyage « confirme une sensibilité déjà présente. Étudiante, je travaillais déjà bénévolement pour Ingénieurs sans frontières. Cela m’a permis de me poser des questions sur le monde dans lequel on vit. » A la fin de ses études, c’est l’heure des choix : « Si j’étais partie bosser dans le privé, je n’aurais jamais obtenu les réponses à mes préoccupations de militante. Du coup, comme les problématiques environnementales sont étroitement liées au secteur économique, je me suis lancée dans l’éco. » Une thèse sur l’intégration des pays en développement dans les politiques climatiques, un poste de chargée de recherche au CNRS en économie de l’environnement au CIRED (Centre International de Recherche en Environnement et Développement), de multiples publications et colloques : sa route est tracée. Enfin presque. En 2006, en acceptant la présidence du RAC, la vie de la jeune femme bascule.

Pas intimidée par Sarkozy

Depuis, Sandrine Mathy, mère d’un garçon de sept ans, a mis sa vie privée entre parenthèses. « Le gros problème est apparu lors du Grenelle de l’environnement où le RAC coordonnait l’action des ONG sur le thème du climat, avoue-t-elle. Cela a été très compliqué au niveau personnel. Mais je m’étais engagée, je devais assumer. Les gens attendaient des choses de moi et il ne fallait pas les décevoir. Depuis, je pose un peu plus de limites… » Mais se profile déjà la Conférence sur le climat de Copenhague. C’est plus fort qu’elle. Elle ira, dit-elle. Pour sentir l’ambiance. Seulement ?

Avec sa tignasse rousse, ses yeux pétillants et sa tenue décontractée, Sandrine Mathy ne passe pas inaperçue. Quand elle prend la parole, elle est de celles que l’on écoute. Avec un CV long comme le bras en guise de caution, la jeune femme n’a peur de rien, ni de personne. Beaucoup disent s’être sentis intimidés face à Nicolas Sarkozy. Pas elle. « Je l’ai vu souvent. Je le trouve hautain et agressif, mais cela ne m’a jamais empêchée de lui dire ce que j’avais à lui dire, notamment sur son paquet énergie-climat, dont il n’y avait pas de quoi se vanter… » La franchise est sa vertu cardinale. On la croit sur parole. « Mais je manque parfois d’assurance. » Là, on ne la croit plus. L’un des administrateurs du RAC confirme pourtant : « Elle a parfois du mal à se mettre en avant, à être proactive, mais elle s’est nettement améliorée depuis le Grenelle. »

Stop ou encore ?

La jeune femme ne rejette pas l’idée d’une éventuelle entrée en politique, . « Si Lire la suite

Entretien avec Antoine Waechter: « Ni droite, ni gauche, une nouvelle pensée globale ! »

« Ni droite, ni gauche, une nouvelle pensée globale ! » (entretien avec Antoine Waechter)

europamaxima.com, Maximilien Malirois, le  22 novembre 2009

Conseiller municipal de Fulleren (Alsace), Antoine Waechter est le président-fondateur du M.E.I. (Mouvement écologiste indépendant). Il a été président de la Commission du développement régional d’aménagement du territoire du Parlement européen en tant que député européen de juillet 1989 à décembre 1991. Candidat écologiste à l’élection présidentielle de 1988 (3,77 %, soit 1 149 897 voix), il a voulu être candidat à l’élection présidentielle de 2002, mais il n’a pu obtenir que 152 parrainages sur un minimum obligatoire de 500.

Antoine Waechter est l’auteur de plusieurs ouvrages, entre autres : Vosges vivantes, avec Daniel Daske (Éditions S.A.E.P., 1972), Animaux d’Alsace, avec Daniel Daske (Éditions Mars et Mercure, 1974) et Dessine-moi une planète. L’écologie, maintenant ou jamais (Albin Michel, 1990).

L’Esprit européen : Pouvez-vous, Monsieur Waechter, présenter brièvement le Mouvement écologiste indépendant ?

Antoine Waechter : Le Mouvement écologiste indépendant est né d’un éclatement des Verts en 1994, lorsque la Gauche prit le pouvoir au sein de cette organisation. Ses animateurs sont des écologistes historiques, qui ont créé l’écologie politique en France en 1973-74.

Le Mouvement écologiste indépendant défend un écologisme affranchi des pensées libérales et socialistes, avec l’ambition de promouvoir une société capable de privilégier la Vie avant toutes autres considérations.

L’E.E. : Dans votre livre Dessine-moi une planète. L’écologie, maintenant ou jamais, vous écrivez que « les références de la pensée écologiste n’ont aucune parenté avec le socialisme ou avec le libéralisme économique, dont les partisans ont en commun la même foi dans les capacités inépuisables de la planète et dans un progrès technologique salvateur, la même adhésion à un économisme dominant et à une conception matérialiste du bonheur, la même quête de puissance ». La pensée écologiste est-elle la théorie du XXIe siècle ?

A.W. : La pensée écologiste est, en effet, au XXIe siècle ce qu’est la pensée socialiste au XIXe siècle et le libéralisme économique au XXe siècle.

L’E.E. : En quoi votre vision de l’écologie diffère-t-elle de celle des partis Verts européens dont certains participent à l’action gouvernementale ?

A.W. : La majorité des partis Verts est culturellement à Gauche : ce parti réduit l’écologisme à sa dimension environnementale, considère qu’il est plus important de devenir ministre que de convaincre l’opinion publique, privilégie les conflits sociaux au détriment d’une recherche d’adhésion majoritaire de l’opinion, et rêve de construire une troisième Gauche.

Notre priorité est de diffuser une culture (sensibilité) écologiste, de convaincre tous les citoyens, que leur origine soit de Droite ou de Gauche, de donner une traduction politique à cette culture, en privilégiant le vivant et la non violence, en refusant les manichéismes. Notre ambition est de Lire la suite

NOBATEK. Le centre de ressources dédié à la construction durable s’est installé dans un bâtiment pilote à Anglet

sudouest.com, Philippe Hemmert, le 19 Novembre 2009

NOBATEK. Le centre de ressources dédié à la construction durable s’est installé dans un bâtiment pilote

L’habitat écologique expose sa nouvelle vitrine à Anglet

La côte basque accueille depuis cet été l’un des rares bâtiments aquitain labellisé HQE (haute qualité environnementale). Et d’ici quelques mois, cet équipement devrait être le premier de la région à décrocher la certification BBC (bâtiment basse consommation) très en vogue en Europe du nord, mais encore peu répandue en France.

C’est là une première réalisation très concrète de Nobatek, le centre de ressources technologiques dédié à la construction durable. Autrement dit un laboratoire d’idées – et de solutions – pour rendre notre habitat plus respectueux de l’environnement et plus économe en énergie. Depuis sa création, il y a cinq ans, cette émanation de la fondation espagnole Tecnalia, co-financée en France par la fédération des entreprises du BTP, a d’emblée été sollicitée sur des projets très divers.

Une approche globale

Recherche d’une optimisation thermique dans la rénovation de l’habitat social – une commande de la SEMSIB de Bègles -, valorisation des déchets industriels comme matériaux de remblai dans le BTP au Pays Basque, utilisation maximale du bois naturel dans les schémas de construction au Québec, etc… Ces pistes d’expérimentation ont été les pionnières. Mais la structure a entretemps considérablement étoffé sa panoplie.

Matériaux, systèmes, process, eau énergie, architecture, urbanisme ?.Le centre de recherches présente aujourd’hui une pluridisciplinarité qui lui permet de proposer une approche globale à ses clients. Présent sur de nombreux marchés d’aménagement en Aquitaine, Nobatek développe en cette année 2009 une activité de plus de 2 millions d’euros pour une centaine de projets traités.

« Le secteur du bâtiment absorbe 40 % des ressources énergétiques de la planète, il est donc urgent de réfléchir à des solutions alternatives » répète Jacques Tortos, le directeur de Nobateak, à la tête désormais forte d’une trentaine d’ingénieurs. L’équipe a en effet doublée ses effectifs en juillet dernier, après la fusion avec Ecocampus, une cellule de transfert de technologie de l’ENSAM de Bordeaux.

Innover, le maître mot

Du coup, Nobatek possède aussi un pôle relais dans la capitale girondine, même si son siège social reste à Anglet et offre dorénavant une formidable vitrine de son activité. Car le nouveau bâtiment du centre de recherche, dans les Landes de Juzan, entre Cantau et Montaury, constitue le parfait reflet de sa vocation.

Tout y est passé au crible de l’aménagement durable. L’orientation Lire la suite

Copenhague : Vers un Munich climatique

planete.blogs.nouvelsobs.com, Guillaume Malaurie, le 16 novembre 2009

Copenhague : Vers un Munich climatique

Ce qui est sûr à quelques jours du Sommet de Copenhague sur le réchauffement climatique, c’est que l’esprit de Kyoto est mort. Comme est mort l’esprit  d’un nouvel ordre mondial et d’une SDN arbitre des conflits dans les années vingt. Il n’y aura pas, sauf miracle,  à  Copenhague d’engagement mondial  contraignant sur la baisse des émissions de Gaz à effet de serre. Mais au mieux un compromis sur des vœux.  La contrainte, elle,  est remise à plus tard. Quand ? Dans six mois ou un peu plus ou dans un an ?  Comment ? On verra… Et comme dans l’entre deux Guerres, les États Unis, dont on attendait tant  et trop  en matière d’environnement avec l’arrivée de la nouvelle administration Obama, se sont mis  en stand by. En attente des votes, il est vrai fort incertains, du Congrès.

Accord sur le diagnostic pas sur la thérapie

Le paradoxe, c’est que tous les exécutifs de toutes les grandes nations, sauf le Canada, sont aujourd’hui convaincus que le réchauffement n’est pas une lubie de climatologue. Et que le rôle des activités humaines est déterminant.

La Chine est convaincue  qui sait que la fonte des glaciers de l’Himalaya déstabilisera violemment son écosystème et que son régime des moussons est déjà largement perturbé qui lui fait courir le risque de sécheresses redoutables, les Etats-Unis le sont qui cherchent une solution à leur dépendance au « poison » charbon,  le Japon l’est de manière récente, les pays du Sud le sont qui seront sans doute les premiers à subir les conséquences …

Le  diagnostic est donc partagé, mais sur la thérapie, chacun y va de sa réserve. De sa priorité. De sa croissance. De son territoire ( voir entretien avec Dominique Bourg) .  De ses exigences vis à vis du voisin ou du concurrent.  Toutes sont plus ou moins légitimes. Mais pendant ce temps, les émissions de Gaz à effet continuent leur montée en puissance.

Et d’ores et déjà, les mécanismes incontrôlables, dits rétroactifs, sont à l’œuvre sans qu’une baisse des émissions de CO2 dans les années à venir y fasse quoi que ce soit.

Pendant ce temps, les glaciers fondent plus vite. Beaucoup plus vite…

C’est l’effet cliquet redouté. Un seuil est atteint  et les lois de la nature s’autonomisent.   De ce point de vue, la   fonte des glaciers  arctiques et antarctiques qui s’accélère est emblématique. Les experts du GIEC (Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat)  avaient sous estimé  la tendance. Une tendance dont les conséquences sur le niveau de la mer  à la fin de ce siècle deviennent de plus en plus inquiétants   : + 30 centimètres ?  +  50 centimètres ?  + 80  centimètres ? + 1 mètre ? On n’en est pas là dans la supposition. Mais sur le constat du toujours plus et de l’irréversible. La seule chose que l’on puisse faire c’est sortir son double décimètre.  Ce ne sont plus les îles du Pacifique qui jouent leur survie mais Londres qui risque  l’engorgement.

Il faut lire à ce sujet le livre du canadien Gwynne Dyer «  Alerte , Changement climatique : La menace de guerre. » . Laffont. Dyer ne parle  pas seulement de guerre des hommes avec leur climat  mais de guerres tout court suite au réchauffement climatique. Ses sources ? Des rapports du Pentagone ou des militaires britanniques. Ça fait froid dans le dos. C’est alarmiste. C’est aussi tout bétement alarmant. Comme le livre préfacé par le climatologue Jean Jouzel :  » Réfugiés climatiques». Soit le passage en revue des 150 millions d’hommes et de femmes qui selon l’Onu vont quitter leur sols pour chercher asile ailleurs.

Bourreau encore une minute…

Le mol esprit munichois  «  Bourreau, encore une minute, ça va sûrement  s’arranger  pour le moins pire » a pourtant ses adeptes. Ses pacifistes comme dans les années trente. Ses incrédules.  Claude Allègre, invité  d’un  débat sur Public Sénat en fin de semaine dernière,   fait partie de cette mouvance relativiste et rassurante. La montée des eaux ? «  Pas du tout, c’est le Bangladesh qui s’affaisse » assure Claude Allègre.  » Les experts du GIEC ? »  « Des extrémistes ! Des spéculateurs idéologues et  anxiogènes ! »  « Hulot ? »  » Un va-t-en guerre idiot et irresponsable. » La solution ? Allègre, qui ne nie pas le réchauffement, ni l’excès de CO2, ni l’acidification des océans qui captent moins le carbone, l’a trouvée comme Maginot avait trouvé sa « ligne » : la captation et l’enfouissement  du CO2.  Tout le monde est d’accord que Lire la suite

Une zone artisanale intégrée regroupant de nombreux acteurs de l’éco-construction devrait bientôt voir le jour dans les environs de Vélines

sudouest.com, Arnauld Bernard, le 12 Novembre 2009

ECOPÔLE. Une zone artisanale intégrée regroupant de nombreux acteurs de l’éco-construction devrait bientôt voir le jour dans les environs de Vélines

« Pas de la construction mais de l’habitat »

En octobre, une réunion était organisée à Périgueux entre différents acteurs économiques, pour étudier les futurs aménagements du quartier du Gour-de-l’Arche. Dans l’hypothèse d’un projet pilote d’éco-quartier, les « écopôliens » du Pays de Montaigne-Montravel étaient de la partie. Depuis qu’ils travaillent sur cette problématique, les membres de cette association commencent à avoir une certaine expertise dans la région.

Pour eux, l’éco-construction, ce n’est pas seulement un mot à la mode, c’est l’utilisation de nouveaux matériaux, mais aussi de nouveaux procédés dans la conception d’un habitat.

Jean-Philippe Geoffriau, un membre de l’association, résume : « Avant, l’objectif, était de monter vite avec des matériaux pas chers. Nous, on adapte parfois des techniques anciennes à la construction d’habitats modernes. Cela peut entraîner un surcoût, mais ça tient plus longtemps, et l’économie en énergie est considérable. »

L’écopôle, c’est donc la réunion d’acteurs autour de ces valeurs. Il y a des architectes, des ingénieurs, des paysagistes, un bureau d’études, des conseillers en traitement et en valorisation des déchets organiques, un charpentier, un maçon, un plasticien, un électricien, des communicants ? Tout ce petit monde participe au même projet : la construction d’une zone artisanale sur-mesure.

Une zone sur-mesure

Bertrand Quattrocchi, ingénieur environnement en habitat bio, est impatient : « Nous avons mis en place une charte. L’objectif est de minimiser son impact sur l’environnement et pour cela, on mutualise nos moyens. Nous n’avons pas encore d’espace physique, mais ce sera l’étape suivante. D’habitude, les collectivités sont à l’initiative de la création des zones artisanales, mais là, c’est un groupement local qui essaye de mobiliser les politiques autour d’un projet, une zone écoresponsable. Ce sont donc les futurs usagers qui conçoivent la zone, en fonction de leurs besoins. Tout, des locaux à l’assainissement, serait de l’éco-construction. Le lieu serait aussi pédagogique, avec de la formation, des ateliers ?

Aujourd’hui, on sépare zone industrielle, zone artisanale et zone d’habitat. Nous, nous sommes dans une démarche intégrale. Pourquoi pas y organiser des manifestations, de l’événementiel ? »

La signature de la convention de partenariat avec la Communauté de communes est imminente. Le Conseil général a également assuré son soutien. Il ne reste finalement plus qu’à trouver un terrain.

« Depuis un an, je trouve qu’on assiste à une montée de la demande écologique, Lire la suite

Jean-Marc Jancovici : A quoi sert le développement durable ?

manicore.com, Jean-Marc Jancovici, décembre 2002

A quoi sert le développement durable ?

Les modes sont des facteurs puissants pour guider le comportement des représentants de notre espèce. Que les résultats en aient été heureux ou malheureux, le propre de la mode a toujours été de substituer l’émotion à la réflexion, et de remplacer l’analyse par le mimétisme. Cela a bien sûr valu pour les idées encore plus que pour les objets.

Aujourd’hui, l’unes des idées très à la mode est la notion de « développement durable », imparfaite traduction du terme anglais « sustainable development » (développement « soutenable »), et qui se définit comme « un développement qui satisfait les besoins de la génération actuelle sans compromettre ceux des générations futures« .

Cela part assurément d’un bon sentiment de souhaiter l’épanouissement de tout le genre humain, présent et à venir, partout et tout le temps, mais l’existence d’un tel concept est-il d’un quelconque intérêt pratique pour mieux y parvenir ? Permet-il de déboucher sur un projet de société particulier, ou de tracer des voies particulières pour l’avenir ? A bien y regarder, cela n’est hélas pas le cas : cette définition n’a malheureusement aucune portée opérationnelle, en ce sens qu’elle ne fournit de réponse objective ou d’aide à la décision pour aucune des deux questions précédentes.

Parlons environnement, tout d’abord : le développement durable nous aide-t-il à fixer des limites à notre empreinte sur la planète ? Non : il est parfaitement impossible de faire correspondre à la définition du « développement durable » un état particulier du monde physique, car personne ne sait définir les besoins des générations présentes de manière univoque, et donc la quantité de ressources nécessaires qui y correspond. Avons nous « satisfait nos besoins » depuis que notre espérance de vie a dépassé 40 ans ? Où faudra-t-il attendre que chacun d’entre nous vive 120 ans pour que nous nous estimions repus ? Avons nous « satisfait nos besoins » lorsque nous disposons de 10 m2 chauffés par personne, ou cela sera-t-il le cas uniquement quand tout terrien disposera de 150 m2 chauffés, plus un jacuzzi et un sauna privé par personne ? Avons nous satisfait nos besoins lorsque chaque terrien dispose de 0,5 tonne équivalent pétrole d’énergie (niveau d’un Indien, en gros), ou est-ce 7 tonnes équivalent pétrole par habitant de la planète (niveau d’un Américain) qui correspond à cet état de plénitude ?

Avons nous « besoin » de prendre l’avion 1, 50, ou zéro fois au cours de notre existence ? Avons nous « besoin » de manger 20, ou 100 kg de viande par an ? Avons nous « besoin » d’avoir 1, ou 10 cadeaux à chaque anniversaire ? Avons nous « besoin » de zéro, une ou deux voiture(s) par ménage ? Il faut bien admettre que c’est la notion même de « besoin » qui, passés les besoins vitaux (boire, manger, dormir, se protéger du froid et des prédateurs, perpétuer l’espèce) sur lesquels il est à la rigueur possible de s’accorder, ne correspond à aucune consommation de ressources précise : aucune aide pour fixer un objectif ou une limite n’est donc fournie par l’énoncé du développement durable, or gérer c’est souvent fixer des objectifs et des limites.

Enfin « besoins » individuels et « besoins » collectifs peuvent être parfaitement antagonistes, et le « développement durable » ne nous fournit alors pas non plus l’ombre d’une solution pour arbitrer entre les deux : au nom de considérations sociales et économiques, nous avons « besoin » de garantir à tout le monde le droit de rouler en voiture, mais au nom de considérations environnementales nous avons aussi « besoin » d’émettre de moins en moins de gaz à effet de serre, ce qui est difficile à envisager avec la mobilité actuelle. Où est la solution pour choisir entre les deux dans l’énoncé du développement durable ?

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Voilà pour le présent, mais il est tout aussi impossible de faire correspondre à cette définition du développement durable un état particulier du monde futur. D’abord, quel horizon de temps Lire la suite

Comment concilier rêve pavillonnaire et ville durable ?

lemonde.fr, Grégoire Allix, le 12 novembre 2009

Comment concilier rêve pavillonnaire et ville durable ?

C’est devenu le leitmotiv des urbanistes et des élus : il faut densifier la ville, éradiquer la banlieue pavillonnaire et son cortège de déplacements automobiles. Mais voilà, sondage après sondage, la maison individuelle reste le rêve de plus de 80 % des Français et 65 % de nos concitoyens se hérissent au seul mot de densité.

Ce grand écart entre le modèle idéal des professionnels et les aspirations de la population est l’objet de l’exposition « Villes rêvées, villes durables ? », présentée à l’Espace Fondation EDF, à Paris, avec l’Institut pour la ville en mouvement. « Le cauchemar de l’étalement urbain, c’est le rêve de maison de beaucoup de gens« , résument les commissaires de l’exposition, les urbanistes Taoufik Souami et Eric Charmes, maîtres de conférence à l’Institut français d’urbanisme et chercheurs au CNRS.

La densité n’est pas la panacée, remarquent les deux auteurs. « Des études norvégiennes montrent que les habitants des zones très denses utilisent certes peu leur voiture en semaine, mais partent davantage en week-end. C’est ce qu’on appelle l’effet barbecue. Le bilan carbone de leurs déplacements est finalement équivalent à celui des habitants de la périphérie« , explique Eric Charmes.

Les écoquartiers, qui bourgeonnent en France vingt ans après les pionniers d’Europe du Nord, sauront-ils faire rêver avec leur modèle d’habitat collectif aéré et économe en énergie ? S’attardant dans les rues d’Hammarby Sjöstad à Stockholm, l’exposition rappelle que si ces quartiers ont du succès, « c’est aussi parce qu’ils ont développé des espaces urbains agréables et une grande qualité de vie« , au-delà de la préservation de l’environnement.

Défi aux urbanistes

Autre rêve aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne, où le New Urbanism dépoussière l’esprit villageois : maisons accolées, rues agréables aux piétons, pastiches d’architectures traditionnelles, boutiques. Modèles : les villes de Celebration, en Floride, et Poundbury, en Angleterre. « Ces villes donnent des boutons aux architectes à cause de leur esthétique néovillageoise, mais elles réussissent à faire accepter un habitat individuel dense, avec un mode de vie avant tout urbain, estime M. Charmes. En traitant la densité par l’architecture contemporaine, comme le fait la France, on ne dépasse pas le stade expérimental. »

Réussir la ville peu dense, créer de la centralité en périphérie, introduire de l’urbanité dans les zones pavillonnaires, c’était le défi lancé aux urbanistes par le chercheur François Ascher, à qui doit être décerné le Grand Prix de l’urbanisme 2009 à titre posthume, le 24 novembre.

Des urbanistes dont il regrettait qu’ils « ne se saisissent pas de ce thème, car ils n’acceptent pas que Lire la suite

LPO – Au royaume des rapaces : vautour fauve, gypaète barbu, vautour percnoptère, aigle royal…

sudouest.com, Olivier Plagnol, le 12 Novembre 2009

GWÉNAËLLE PLET. Salariée de la LPO, elle évoque le programme Pyrénées vivantes et parle longuement des grands rapaces, oiseaux emblématiques du massif pyrénéen

Au royaume des rapaces

Gwénaëlle Plet travaille depuis 2004 au sein de la Ligue pour la protection des oiseaux, après des études sans le domaine du développement en espace rural. À la LPO, elle est notamment chargée de communication pour le programme Pyrénées vivantes. Gwénaëlle Plet, 39 ans, vit à Aucun dans les Hautes-Pyrénées.

Qu’est-ce que le programme Pyrénées vivantes ?

C’est un programme transfrontalier qui s’est déroulé entre 2002 et 2006 sur la préservation du gypaète barbu. Il comprenait trois volets. Un volet environnemental, afin de mieux connaître le gypaète barbu, un volet conservation, et un volet éducation et pédagogie.

Entre 2006 et 2009, période intermédiaire, le programme qui n’était plus transfrontalier s’est étoffé avec des actions sur le versant français : notamment un plan national de restauration du vautour percnoptère, un autre pour le milan royal, et un inventaire des couples nicheurs de vautours fauves. Ces plans nationaux de restauration sont lancés à l’initiative de l’État, coordonnés par la Diren Aquitaine et confiés pour leur mise en œuvre à la LPO. Nous coordonnons ensuite les actions de la cinquantaine de partenaires.

Un nouveau programme transfrontalier Pyrénées vivantes est actuellement à l’étude. La décision finale devrait intervenir en fin d’année ou en début d’année prochaine.

Quelle est la spécificité de la population des grands rapaces dans les Pyrénées ?

Grâce à une présence encore forte du pastoralisme, les Pyrénées sont d’une richesse incroyable dans le domaine des grands rapaces nécrophages. Ils sont emblématiques du patrimoine et de l’identité des Pyrénées.

Avec le vautour fauve, le gypaète barbu, le vautour percnoptère, trois grands charognards, et si l’on y ajoute l’aigle royal, il n’y a pas, dans le cortège de ces trois espèces, d’équivalent sur le territoire français. C’est un atout que l’on essaie de mettre en avant auprès des acteurs du territoire pyrénéen. Un atout écologique mais aussi pour l’écotourisme. C’est à la base des actions de conservation que l’on peut mener en partenariat. Un exemple : celui de Sainte-Engrâce, en Soule. Nous avons passé une convention avec les chasseurs, les éleveurs, les forestiers, les adeptes de sport en pleine nature, les élus locaux. Tous ces acteurs se sont engagés à prendre en compte dans leurs activités la présence du gypaète. Et cela marche. Même si on ne peut pas être certain du lien de cause à effet, nous avons eu deux reproductions lors des deux années de suite.

De notre côté, nous avons financé un sentier découverte sur la biodiversité dans les gorges de Kakouetta. Et nous avons l’intention de mettre en place d’autres actions en faveur du développement écotouristique.

Vous évoquez beaucoup le gypaète barbu. Est-ce le rapace le plus menacé ?

C’est effectivement le rapace le plus menacé en Europe. En France, il n’est présent que dans les Pyrénées, avec 32 couples sur le versant français, en Corse (neuf couples) et dans les Alpes où il a été réintroduit.

En Europe, il ne reste que 150 couples. Nous avons donc une importante responsabilité dans la préservation de cette espèce classée espèce menacée par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).

Depuis le lancement en 1997 d’un plan national de restauration, le nombre de couples augmente d’environ une unité par an.C’est encourageant mais le statut du gypaète, espèce protégée comme tous les rapaces, reste encore précaire. C’est pourquoi la perte d’un adulte est à chaque fois très préjudiciable. Il faut savoir que le gypaète barbu met environ dix ans avant d’être en mesure de réussir une reproduction. Il ne peut donner naissance qu’à un seul jeune par cycle, sachant qu’une fois sur trois la reproduction échoue. Et lorsqu’un jeune s’envole, il possède là aussi une chance sur trois d’arriver à l’âge adulte.

C’est aussi un oiseau extrêmement sensible aux dérangements. Les pertes sont dues à des causes naturelles mais aussi à des causes d’origines humaines : collisions contre des câbles, tirs de plomb (on a encore eu un cas l’an passé en Béarn), empoisonnement, etc.

Qu’en est-il de la situation des autres grands rapaces ?

On compte 66 couples de vautours percnoptère dans les Pyrénées dont les trois-quarts sont situés dans les Pyrénées-Atlantiques. En Espagne, ils sont environ un millier. En France, la population de cette espèce migratrice est en légère augmentation ces dernières années.

Pour le milan royal, on estime qu’environ 5 000 nicheurs, soit le quart de la population sur l’ensemble de la France, hiverne dans les Pyrénées.

Ce sont des effectifs encore importants, mais en nette baisse en Europe. Et on ne parvient pas à endiguer cette baisse. Lui aussi bénéficie d’un plan national de restauration. Dans ce cas précis, l’État anticipe pour éviter un effondrement complet des populations.

Et où en est la population de vautours fauves ?

L’État a demandé à la LPO de réaliser un inventaire. En 2006, 580 couples ont été comptabilisés sur le versant français, dont 90 % dans les Pyrénées-Atlantiques En 2007, ils n’étaient plus que 525. Nous n’avons pas de chiffres pour les années suivantes. Depuis les années 70, où le nombre de couples était descendu très bas, la population a cru de façon importante, surtout en Espagne. Ce n’est pas une espèce menacée, même si nous devons toujours rester vigilants.

Votre avis sur le problème des vautours fauves qui attaqueraient le bétail vivant ?

Nous prenons cette problématique au sérieux et nous participons d’ailleurs au comité interdépartemental de suivi du vautour fauve. Le fait que le vautour fauve puisse être à l’origine de la mort de bétail domestique est attesté. Mais ces cas restent exceptionnels. Il intervient parfois comme facteur aggravant d’une situation déjà critique : une mise à bas qui se passe mal, une bête coincée dans des barbelés, un animal blessé… Il n’y a que quelques rares cas inexpliqués où on sait que le vautour est intervenu mais pas dans quelles conditions. Mais je tiens à souligner que le vautour fauve n’est pas devenu un prédateur. Il n’est d’ailleurs pas équipé pour cela.

En revanche, ses comportements ont évolué. Il est plus présent dans les environnements des fermes et sa rapidité d’intervention est plus grande. Une étude menée récemment par des sociologues montre que le vautour fauve est toujours considéré par les éleveurs comme un auxiliaire indispensable pour l’équarrissage, et qu’il a bien une utilité sociale. Son intervention est naturelle, rapide, gratuite, sans risques sanitaires. Et puis que seraient les Pyrénées sans vautours fauves ?

 

Dur, dur, d’être écolo

lexpress.fr, Eric Lecluyse, Richard De Vendeuil, le 09 novembre 2009

Dur, dur, d’être écolo

Se soucier de l’état de la planète, c’est bien. Sauf quand le quotidien du citoyen « vert » devient un parcours du combattant. Et vire au stress, voire à la parano.

Depuis quelques semaines, avec la disparition des ampoules à filament de 100 watts et plus, un étrange spectacle se répète au rayon luminaires des grands magasins. Des grappes de clients hagards tentent désespérément de décrypter les étiquettes des lampes basse consommation ou d’accrocher un vendeur qui les sauvera (peut-être) de l’enfer. Certains transpirent même carrément d’angoisse, depuis qu’ils ont vu la vidéo alarmiste postée sur DailyMotion par Annie Lobé, une journaliste indépendante. La dame -dont on n’entend que la voix off- y compare les champs électromagnétiques émis par les ampoules classiques et par les fluo-compactes, très inférieurs. Les fréquences basses « sont des cancérogènes possibles pour l’homme », affirme-t-elle, citant un rapport de l’Agence internationale de recherche sur le cancer. Le tout sans apporter d’autre preuve scientifique que son « gaussmètre », un boîtier mesurant les fameux champs, filmé en gros plan. Panique chez les internautes. Au point que l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie a dû publier un avis pour rassurer le public. Annie Lobé, elle, se défend : « J’apporte des élements scientifiques et j’émets des hypothèses ».

conso verte: des sites utiles

Pour mieux choisir, Mescoursespourlaplanete.com : un guide soutenu par l’Ademe, avec de nombreuses fiches produit, de l’épicerie aux vacances équitables.

Pour repérer ceux qui abusent, Observatoiredelapublicite.fr : les pires marques du greenwashing (ou « écoblanchiment », procédé qui consiste à faire passer pour vert ce qui ne l’est pas) sont épinglées par ce site qui émane de l’Alliance pour la planète (groupement d’associations écologistes).

Pour échanger, Planete-attitude.fr: édité par le WWF-France, ce réseau social est un lieu d’échanges et de débats, de la meilleure façon d’introduire le bio dans les cantines à la préservation du loup…

N’empêche. Réchauffement climatique, famine, désertification, taxe carbone : les nerfs sont à vif. Même les gosses s’y mettent. « Maman, tu aurais dû jeter ce papier dans la poubelle à recycler », lance Grégoire, 6 ans, à sa mère, débordée. Et Nicolas Hulot qui enfonce le clou, avec son documentaire Le Syndrome du Titanic, tour d’horizon affolant de notre amie la Terre martyrisée par l’Homme. Certes, il faut bien donner l’alerte, puisqu’il y a urgence, mais comment empêcher qu’une affreuse angoisse ne submerge ceux qui ont capté le message ? L’autre jour, j’ai lu un article sur la qualité de l’eau potable dans certains coins de Paris, ça m’a fait flipper », confie la jeune actrice Sara Forestier au magazine Elle. Et flipper peut mener loin. « Les piles, ça ne se jette jamais, c’est quand même pas compliqué d’aller dans un centre de tri en un coup de Noctambus ! » hurle Valérie Lemercier dans son dernier spectacle, en écolo givrée tellement préoccupée de l’état de la planète qu’elle harcèle ses voisins jusqu’à pas d’heure pour qu’ils trient leurs déchets.

« A force de voir la vie comme une série de nuisances, une source d’émissions de carbone et de pollutions diverses, on tombe dans l’anxiogène, confirme la géographe Sylvie Brunel, auteure de A qui profite le développement durable ? (Larousse). Hélas, donner mauvaise conscience et demander aux gens de se repentir est au cœur du discours écolo! C’est même le nerf de la guerre. L’empreinte écologique -l’impact des activités humaines sur les écosystèmes- est une façon de nous dire: ‘Combien de bonnes terres gaspillées par votre train de vie!' »

Des labels trompeurs…

Le citoyen « vert » a compris qu’il devait changer de comportement. Oui, mais Lire la suite

Yves Cochet – Copenhague : trois certitudes et une crainte

actu-environnement.com, Yves Cochet, Mathématicien, ancien Ministre de l’Environnement, Député de la 11e circonscription de Paris, le 28 octobre 2009

Copenhague : trois certitudes et une crainte

Si l’objectif de la conférence de Copenhague est clair – aboutir à un accord pour lutter contre le réchauffement climatique – une inquiétude demeure cependant car toute manoeuvre échappatoire à l’affrontement direct de la réalité climatique et énergétique mènera au chaos.

Nous avons trois certitudes. La modification de la composition de l’atmosphère en gaz à effet de serre (GES) est rapide et importante depuis cinquante ans. Le réchauffement global est sans équivoque lorsqu’on observe l’évolution des températures moyennes, mais aussi l’élévation du niveau des mers par dilatation, l’accroissement de la vapeur d’eau, la fonte des glaciers et d’autres facteurs. Enfin, l’essentiel de ce changement est dû aux activités humaines, même si certaines activités naturelles telles que les cycles du soleil et le volcanisme peuvent parfois amplifier ou contrecarrer ce changement. Parce qu’il n’y a pas, dans le passé, l’analogue de ce qui se passe actuellement, il est nécessaire de réduire drastiquement et rapidement nos émissions de GES et de mettre en œuvre des politiques d’adaptation, notamment pour la protection des populations de certains pays du Sud.

Il y a une autre raison d’agir vite et fort à Copenhague. Nous n’avons plus que quelques années pour profiter de notre capacité de faire, de notre puissance disponible, de notre relative prospérité avant que l’énergie ne devienne rare et beaucoup plus chère qu’aujourd’hui, tandis que la récession concomitante nous empêchera d’agir efficacement. Si un bon accord juridique n’est pas conclu à Copenhague, nous n’aurons plus le temps de nous en tirer, faute de moyens physiques économiquement disponibles. Nous ne sommes plus dans le rêve essentialiste d’une bienheureuse société post-carbone en 2050, nous sommes dans le compte à rebours pour éviter le pire, pour réduire les souffrances de nos enfants et petits-enfants, pour sauver le plus grand nombre de nos frères et sœurs du Sud. Pratiquement, le point le plus important de Copenhague est un accord contraignant sur la décroissance réelle et forte des émissions de GES à partir de 2015.

Moins connu que les autres arguments en faveur de la réduction des GES, cette raison d’agir basée sur la raréfaction et le renchérissement imminents de l’énergie doit être expliquée plus avant. Essentiellement : le modèle économique dominant – que l’on peut qualifier de « libéral-productiviste » – nécessite une croissance sans fin et une création d’emplois continuelle, ce qui est physiquement impossible. Plus explicitement : l’économie actuelle s’appuie sur les marchés et les emplois pour distribuer les biens et les services ; la croissance du PIB et des emplois exige la croissance de l’énergie nette disponible ; cette dernière est liée au pic de production de pétrole qui arrive aujourd’hui et sera donc suivi – dès la décennie 2010-2020 – d’une décroissance longue et définitive du PIB, la récession actuelle se transformant en dépression puis en chaos si nos dirigeants ne décillent pas les yeux. Bref, lorsque l’énergie nette disponible décroît, tout décroît. Cette décroissance n’est même plus un choix politique issue d’un débat politique sur les meilleures orientations pour une planète soutenable, cette décroissance est notre destin.

De ce point de vue, les débats préparatoires à Copenhague sont souvent affligeants. Les sujets qui occupent le devant de la scène ne Lire la suite

Le cohabitat : une démarche humaniste et écologique

energie.lexpansion.com, NC, le 6 novembre 2009

Le cohabitat : une démarche humaniste et écologique

Vivre seul tout en profitant d’avantages collectifs? C’est possible, grâce au cohabitat, une nouvelle forme de vie collective qui confère un équilibre appréciable entre liberté et vie sociale…

 

 

 

 

Marthe MARANDOLA et Geneviève LEFEBVRE sont médiatrices et chargées de cours en Faculté, formatrices dans le domaine des relations humaines. Elles ont créé leur propre cohabitat et aident des groupes à réussir leur projet, et sont également auteures de l’ouvrage « Cohabiter pour vivre mieux ». En savoir plus, leur site :  www.eagalite.fr

Penser son projet immobilier individuel à l’intérieur d’un projet collectif, en harmonie avec d’autres personnes, en mettant en commun les forces, les compétences et la réflexion sur la vie quotidienne : la démarche n’est pas encore courante en France, mais on y vient. Cela s’appelle le cohousing ou cohabitat ou encore habitat groupé. Le principe de base est simple : au lieu du « chacun pour soi » se débrouillant comme il peut, un groupe de futurs habitants se réunit pour bâtir du neuf, aménager un immeuble ou transformer un ancien local industriel.

Chacun profite d’une habitation particulière tout en profitant de biens collectifs, d’un voisinage amical, d’un réseau d’entraide. Ce n’est ni la communauté comme on a pu la connaître, ni l’isolement des logements d’aujourd’hui, mais un équilibre entre liberté et vie sociale. Une approche globale sur le logement, les services, la vie au quotidien, la relation entre les personnes pour une meilleure qualité de vie. L’architecture est réfléchie différemment puisque la mise en commun de locaux permet d’aménager autrement les parties privatives. Par exemple le groupe peut choisir de partager une buanderie, un garage, une pièce de services et de jeux, un bureau, une chambre pour amis de passage….  La réflexion collective incite naturellement à chercher des économies à tous les postes et conduit à des analyses énergétiques et environnementales.

Ce qui paraît encore difficile à faire seul, devient possible ensemble, comme trouver un architecte compétent dans les matériaux écologiques performants en isolation phonique et climatique et acheter ceux-ci au meilleur prix à cause des quantités nécessaires. Installer une chaudière collective à granulés ou de la géothermie ou des panneaux solaires… c’est frappant quand on visite les nombreux cohabitats de Belgique ou d’Allemagne et ceux en projets en France : ils sont toujours novateurs en matériaux et particulièrement sobres en énergie. Il n’y a qu’à voir l’immeuble en cours de construction à Strasbourg pour une dizaine de foyers : structure bois, isolation cellulose, toiture végétale, panneaux solaires, excellents vitrages…

On met aussi en commun des machines, des objets, des outils : de l’équipement électronique aux outils de bricolage, de la machine à laver à la voiture…  et des services, de la garde d’enfants au prof de gym.

Le cohabitat, par sa démarche de responsabilisation environnementale, est profondément en résonnance avec Lire la suite

Pourquoi le changement climatique n’est pas une question environnementale

hns-info.net, Ludo, le 5 novembre 2009

Pourquoi le changement climatique n’est pas une question environnementale

Le COP 15 réunira prochainement « dirigeants » mondiaux, multinationales et grosses ONG pour dessiner l’après-Kyoto et tenter d’empêcher une crise climatique catastrophique. L’objectif de ce texte n’est pas de monter à bord du train fonçant des élites et de dépeindre une apocalypse imminente, encourageant les politiques basées sur la peur. Il est, en reliant les différents points que sont les différentes luttes, de faire apparaître l’image dans sa globalité. De montrer les enjeux réels des négociations sur le changement climatique, et de dénoncer ce dernier, non comme une question purement « environnementale », mais comme le symptôme qu’il est de la faillite d’un système qui nous détruit et ravage notre planète.

Les « solutions » de ce système, dont on sait déjà qu’elles seront les seules abordées à Copenhague, sont basées sur le marché, afin de satisfaire les puissants lobbies des multinationales. Marché du carbone, agrocarburants, énergie nucléaire, mécanismes de « compensation »… Ces fausses solutions n’envisagent pas un instant de réduire les émissions de gaz à effet de serre directement à la source, dans nos pays industrialisés, et sont par conséquent très loin de permettre les réductions d’émissions réellement nécessaires. Elles se révèlent par ailleurs parfois extrêmement dangereuses dans leurs applications, en accroissant dramatiquement les inégalités Nord/Sud, les problèmes environnementaux et l’injustice sociale au sein des pays en voie de développement. Ces pays, ces paysan-ne-s, ont pourtant des solutions. La justice climatique, ces alternatives et solutions réelles qui viennent de la base, sont les enjeux de la lutte globale à laquelle appellent des réseaux comme CJA et CJN (« Climate Justice Network », Réseau pour la Justice Climatique, qui regroupe de nombreux groupes des pays du Sud).

Le capitalisme, ou à qui profite le crime climatique ?

La prise de conscience environnementale généralisée actuelle est utile à ceux qui développent activement la notion de « capitalisme vert ». Il permet de recréer l’adhésion citoyenne à des structures dépassées et discréditées par la crise systémique qui les secoue.

Les multinationales repeignent leurs enseignes en vert, leurs campagnes publicitaires rivalisent de « greenwashing » [1], et elles poursuivent les mêmes pratiques destructrices.

Avec l’effondrement des marchés financiers, la foi dans le futur du capitalisme a été sérieusement ébranlée. Malgré cela, le même principe qui a conduit à la crise, celui de marché immatériel de produits dérivés [2], est à l’origine de la création du marché du carbone, qui invente un prix au CO2 contenu dans l’air. C’est cela, la proposition principale de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (UNFCCC) : un marché du carbone mondialisé, au sein duquel les entreprises vendent et achètent des crédits symbolisant leur droit à polluer. Ce type de marché immatériel, dont le prix du « bien » est inventé, conduit immanquablement à une spéculation et des pratiques frauduleuses gigantesques, puis à une bulle géante, et à son éclatement. Or cette fois, ce ne sont pas les profits des banques et des multinationales ou nos emplois qui sont en jeu, mais un changement climatique irréversible de grande ampleur qui pourrait laisser nos enfants hériter d’un terrain vague.

Le nouveau « COLONIALISME »

Les multinationales qui en ont les moyens peuvent obtenir des crédits-carbone ; et des mécanismes à la complexité bien pratique peuvent leur en faire obtenir encore davantage, comme le « mécanisme de développement propre », MDP (en anglais Clean Development Mechanism ou CDM). Au sein de ces « mécanismes flexibles », Lire la suite

Le premier écogîte du département de la Gironde à Marsas

sudouest.com, Françoise Chouvac, le 4 Novembre 2009

MARSAS. Le premier écogîte du département

Une semaine à La Bernarde

Le calme, l’authenticité, un habitat préservé et respectueux de l’environnement, telle est la philosophie de l’écogîte selon les Gîtes de France. Cette philosophie est également celle des époux Gallet, qui possèdent depuis plus de trente ans la propriété La Bernarde. René a aménagé le parc paysager de 10 hectares, les 3 kilomètres d’allées forestières bordées d’arbres divers mais qui respectent tous la biodiversité du lieu. Point d’arbres exotiques mais uniquement ceux des régions tempérées et océaniques, deux étangs entièrement recouverts de nymphéas multicolores, des oiseaux, des canards, des tortues cistudes, une pisciculture de carpes, des champignons à la saison… Bref, un vrai paradis, qui est souvent le cadre de stages pour écologistes convaincus.

Bio, solaire, recyclable

René et Marie-France Gallet ont souhaité transformer une partie de leur maison en gîte rural et se sont engagés dans la démarche en proposant un hébergement rural touristique « écolo » : des panneaux solaires installés sur le toit chauffent l’eau des sanitaires mais également la maison, la peinture des murs est bio, le bois et d’autres matériaux naturels, locaux et recyclables, moins néfastes pour l’environnement, ont été choisis avec soin.

Tous les critères exigés par les Gîtes de France ont été scrupuleusement respectés, et c’est ainsi qu’au mois d’octobre La Bernarde est devenue le premier écogîte de la Gironde. Ce classement permet ainsi aux touristes et aux vacanciers désireux de vivre quelques jours dans un cadre écologique d’être sûrs de ne pas être déçus et de trouver une maison en accord avec leurs convictions.

Le gîte des Gallet est bien plus que cela, et René n’a de cesse de faire découvrir sa propriété avec enthousiasme et gentillesse. Il n’hésite pas à donner des conseils sur le recyclage, le tri sélectif, la façon de faire du compost, et plein d’autres recettes avec les plantes et les fleurs trouvées en parcourant le domaine.

Les vacanciers repartent heureux d’avoir passé un séjour agréable dans un cadre de verdure et de calme, et ravies des conseils éclairés des époux Gallet.

Céline et Fabien ont pu, les premiers, apprécier le charme de l’écogîte La Bernarde. Ces deux citadins avaient gagné un week-end dans cet endroit grâce à un jeu sur France Bleu, et les époux Gallet leur ont offert de rester toute la semaine gratuitement.

« Les propriétaires sont charmants et sympathiques, raconte Céline. Ils nous ont fait les honneurs de leur domaine, des quatre potagers, des parcs à moutons, des poulaillers. » Fabien, quant à lui, a admiré le travail de René dans le parc : « Les arbres, Lire la suite

Harald Welzer, chercheur allemand « Le réchauffement du climat crée de nouvelles sources de conflits »

lemonde.fr, le 30 octobre 2009, Propos recueillis par Bertrand d’Armagnac

Harald Welzer, chercheur allemand

« Le réchauffement du climat crée de nouvelles sources de conflits »

D’ici à 2050, le changement climatique pourrait jeter sur les routes 200 millions de « réfugiés climatiques« , selon l’Institut pour l’environnement et la sécurité humaine de l’université des Nations unies. Qu’il s’agisse des sécheresses qui réduisent les cultures et les pâturages, ou de la montée des eaux qui submerge les petits Etats insulaires… Les désastres environnementaux vont provoquer des catastrophes sociales et favoriser l’éruption de conflits.

Psychosociologue allemand, chercheur au Kulturwissenschaftlichen d’Essen, Harald Welzer travaille sur les causes de l’émergence de la violence, et sur la perception des évolutions de société par ceux qui les vivent. Dans l’ouvrage Les Guerres du climat (Gallimard), paru mi-octobre, il décrypte la manière dont les dérèglements environnementaux peuvent générer des conflits entre pays et à l’intérieur des sociétés ; et explique comment la perception du danger créé par le réchauffement climatique peut être faussée.

Vous soulignez dans votre livre l’ampleur des catastrophes sociales engendrées par le changement climatique, aujourd’hui et dans les années à venir. Comment les problèmes environnementaux peuvent-ils conduire à des violences et à des guerres ?

Les guerres proviennent, bien sûr, de causes multiples, mais le réchauffement climatique crée de nouvelles sources de violence, et amplifie les pénuries et les tensions existantes en matière de nourriture, d’eau ou de terres.

Prenez le cas du Darfour. Même si le conflit a des origines diverses, il est clair que la désertification progressive vers le sud a conduit à une compétition pour les terres entre les nomades éleveurs de bétail et les fermiers sédentaires, d’ethnies différentes. Et le Soudan, Etat en déroute, est incapable de réguler ce conflit, ou n’importe quel autre.

Des catastrophes peuvent aussi découler d’événements météorologiques extrêmes, comme ce fut le cas à La Nouvelle-Orléans, où l’ouragan Katrina a conduit à un effondrement total de l’ordre social. Et en provoquant la fonte de la glace arctique, le réchauffement ouvre la voie à un conflit autour des ressources naturelles du Grand Nord, qui n’étaient pas exploitables jusqu’à maintenant.

La tension provoquée par les dérèglements climatiques se retrouve aussi dans le face-à-face entre les réfugiés, qui fuient leur pays pour survivre, et les nations riches. La politique de protection des frontières des pays développés est-elle aussi facteur de violence ?

Il est évident que le nombre de « réfugiés climatiques » augmentera dans les années qui viennent. Comment les Etats développés les accueilleront-ils ? De la même manière, je crains, qu’ils reçoivent déjà ceux qui fuient la faim et la pauvreté. En Europe, la volonté actuelle des gouvernements est d’abord de rendre de plus en plus difficile le voyage des demandeurs d’asile. Résultat : les tentatives de traversée sont de plus en plus dangereuses et mortelles.

Les pouvoirs publics cherchent également les moyens de Lire la suite

UTOPIA Bx le mardi 17 novembre 2009 à 20 H 30 « Le principe de précaution : une imposture philosophique »

partnature.free, communiqué, le 2 novembre 2009

Dans le cadre des « Rencontres philosophiques d’Espaces Marx », Jean-Christophe MATHIAS sera dans la salle de la Cheminée du cinéma UTOPIA, place Camille Jullian à Bordeaux, le mardi 17 novembre 2009 à 20 H 30.

Cette rencontre-débat avec le public, qui se fera autour de l’ouvrage POLITIQUE
DE CASSANDRE
, paru aux éditions du « Sang de la Terre » (Paris) en 2009,
traitera des aspects Lire la suite

Le «Giec» de la biodiversité pourrait voir le jour en 2010

journaldelenvironnement.net, Sabine Casalonga, le 29 octobre 2009

Le «Giec» de la biodiversité pourrait voir le jour en 2010

Lancée en 2005 par la France, l’idée de créer une structure internationale pour la biodiversité, sur le modèle du Giec (1), est en bonne voie pour se concrétiser en 2010, à l’occasion de l’année internationale de la biodiversité. Les oppositions de principe ont été levées début octobre lors de la réunion du Pnue (2) à Nairobi. Restent à résoudre plusieurs questions-clés et à faire tomber les ultimes réticences.

 «Je suis très confiante sur la création de l’IpBes (3) en 2010», a déclaré la secrétaire d’Etat à l’écologie, Chantal Jouanno, jeudi 22 octobre en clôture d’une conférence organisée par la Fondation pour la recherche sur la biodiversité (FRB) en partenariat avec l’Iddri (4) et le Meeddm. L’idée avait été lancée en 2005 par Jacques Chirac lors d’une conférence à Paris. Trois ans après, en novembre 2008, une première réunion du Pnue est organisée en Malaisie. Mais la majorité des Etats refusent alors d’ouvrir les négociations. «C’est le Brésil qui a donné le ton, en se montrant réservé sur le principe même de la création de cette instance», rappelle Lucien Chabason, directeur délégué de l’Iddri. Au sein même de l’Union européenne, beaucoup d’Etats étaient également réservés, précise François Wakenhut, de la direction générale Environnement de la Commission européenne.

Et pourtant, un changement semble s’être opéré du 5 au 9 octobre à Nairobi (Kenya) lors de la deuxième réunion intergouvernementale du Pnue. «Une position en faveur de la création de l’IpBes ainsi qu’une définition claire de son mandat se sont enfin dégagées. Sa création rapide a également fait consensus. 2010, année internationale de la biodiversité, c’est le moment où jamais», juge François Wakenhut. Les positions du Brésil et de la Chine ont sensiblement évolué. «Même s’il n’y a pas eu d’accord formel, il existe une fenêtre d’ouverture», confirme Anne-Hélène Prieur-Richard, directrice adjointe du programme international de recherche Diversitas.

L’objectif de l’IpBes? Favoriser une meilleure prise de conscience des citoyens et des politiques quant aux conséquences de l’érosion de la biodiversité, en s’appuyant sur le modèle du Giec qui a prouvé son efficacité pour faire connaître les impacts du changement climatique. La conférence de Nairobi a d’ailleurs été présidée par Robert Watson, président du Giec de 1997 à 2002. Un consensus y a émergé sur les missions de la plateforme qui devra réaliser des évaluations périodiques de l’état de la biodiversité, mais aussi servir de réseau d’échange de connaissances entre pays du Nord et du Sud. Une enquête conduite par l’UICN auprès de plus de 300 acteurs internationaux de la société civile et de la communauté scientifique montrent qu’ils plébiscitent à 80% la création du Giec de la biodiversité. «L’IpBes devra être renforcé par l’évaluation du prix de la biodiversité et des services rendus par les écosystèmes», estime François Wakenhut. A cet égard, le rapport Teeb (Economie des écosystèmes et de la biodiversité) dirigé par l’économiste Pavan Sukhdev est très attendu.

D’ici la prochaine réunion du Pnue en avril 2010 où la décision finale devra être entérinée avant sa validation par les Nations unies en septembre 2010, de nombreux obstacles restent à lever. «L’Australie et les Etats-Unis Lire la suite

L’habitat groupé : une pratique en construction

planete-terra.fr, Julien Vinzent, octobre 2009

L’habitat groupé : une pratique en construction

Sans passer par des promoteurs, de plus en plus de particuliers s’associent pour dessiner leurs logements à la carte et créer des espaces de vie collective. Le point sur cette tendance avec Stefan Singer, gérant de Toits de choix, une jeune société qui accompagne plusieurs projets dans le Sud de la France.

Terra eco : où en est l’habitat groupé en France ?

Stefan Singer : « Après un mouvement initial dans les années 80, où environ 200 expériences ont été menés à terme, il ne s’est pas passé grand chose pendant 15 ans. Depuis quelques années, il y a un nouveau mouvement avec des premiers bâtiments qui sortent de terre, comme celui d’Ecologis à Strasbourg. La ville est devenue extrêmement enthousiaste et propose une dizaine de parcelles pour des groupes en autopromotion. Lyon, Rennes, Paris passent des deals avec des groupes. Dans le grand Sud, Toits de choix suit un projet dans les Bouches-du-Rhône, deux dans le Gard, le Vaucluse, l’Hérault. Il y a aussi des initiatives dans le Var et sur la côte d’Azur… Ça se multiplie. C’est très difficile de faire un recensement, mais je pense qu’on en compte au total une cinquantaine à divers stades. »

Pourquoi ce regain d’intérêt ?

« Après les années 80, le conventionnel avait repris le dessus, car c’est quand même agréable d’être consommateur, de ne pas décider, cela libère des responsabilités. Je pense que c’est donc l’expression d’un malaise par rapport à ce système de délégation, l’envie de devenir acteur de son propre destin qui explique ce regain d’intérêt pour l’habitat groupé en autopromotion ? C’est un peu le phénomène des Amap appliqué au logement, qui est quand même un élément fondamental de notre vie. Ensuite, les gens avancent différentes raisons. La porte d’entrée commune, c’est l’environnement : tout le monde est d’accord pour construire un bâtiment écologique. Mais la motivation principale, c’est le désir d’un autre cadre de vie, autour d’un voisinage actif, des personnes que l’on connaît et avec qui on peut développer des comportements plus responsables et plus solidaires. On a des personnes qui se situent un peu avant la retraite et qui ont peur de vieillir seul, ou des jeunes couples qui se préoccupent de l’endroit où leurs enfants vont grandir. »

Quel recul a-t-on sur cette pratique ?

« On a les exemples des projets des années 80, comme celui de la fonderie de Vanves, où vivent 30 personnes. En 23 ans, aucune n’est partie. Et au Danemark, 5% de la population vit aujourd’hui en habitat groupé, avec parfois des projets de 200 personnes avec des cantines et un niveau d’organisation issu de 50 ans d’expérience. En Allemagne, cela n’existait pas il y a 15 ans et dans une ville comme Hambourg, cela représente maintenant 15 à 20% des logements neufs. »

Quels sont les freins ?

« Tout d’abord, l’absence de référence récente, d’où l’importance de Lire la suite

Ecocentre de Gironde : Un nouveau cycle de vie pour le Solar

sudouest.com, Olivier Escots, le 27 Octobre 2009

TOULENNE. Gérard et Arnaud Blasquez développent un projet d’Ecocentre. C’est une histoire de famille qui se conjugue aujourd’hui avec des objectifs écologiques

Un nouveau cycle de vie pour le Solar

Bien entendu, l’écologie et le développement durable sont au coeur de la raison d’être de l’Ecocentre de Toulenne. Mais cette structure, qui vit ses balbutiements en suivant le modèle du « grand frère » historique de Saint-Pierre-de-Frugie, dans le Périgord, est avant tout l’histoire de la rencontre d’une famille avec un lieu.

Le lieu, c’est le Solar, à Toulenne, une bâtisse de 2 000 mètres carrés qui domine la Garonne. Achevé à la fin du XIXe siècle, l’imposant édifice fut un collège puis un hôpital auxiliaire de guerre. Il fut aussi une colonie de vacances pour enfants d’immigrés espagnols.

C’est là que se fait le lien entre le Solar et les Blasquez. Gérard, le chef de famille et « copilote » de l’Ecocentre, y a râpé ses genoux quand il était gamin. L’histoire s’arrêterait là, si Gérard, aujourd’hui retraité de Gironde Habitat, n’avait eu l’opportunité de racheter le Solar il y a une dizaine d’années. Le lieu devait être démoli. La transaction s’est faite à un prix très raisonnable. Les Blasquez y feront dans un premier temps deux gîtes et quatre logements sociaux.

C’est lors de ce début de réhabilitation du bâtiment, qu’Arnaud, le fils, se rend compte de la difficulté d’avoir, avec les outils et matériaux classiques, une démarche « propre » vis-à-vis de l’environnement. Laissant de côté ses études de sociologie, Arnaud concrétise alors son interêt croissant pour l’éco-construction en suivant une formation à Saint-Pierre-de-Frugie.

Formation et démonstration

« Peu à peu est née l’idée de créer nous aussi un Ecocentre à Toulenne », raconte son père. La définition de ce type de site est assez simple : il s’agit « d’un lieu de formation et de démonstration pédagogique qui a pour objectif d’expérimenter des techniques écologiques portant sur le bâtiment, l’énergie, l’eau et le paysage ».

Pour porter le projet girondin, Gérard et Arnaud Blasquez ont créé en février 2009 une association dont le nom, Solar Rives de Garonne, a été trouvé tout naturellement.

Suivant le cahier des charges rédigé par l’Ecocentre du Périgord, soutenu par une quarantaine d’adhérents et par le maillage du réseau associatif environnemental, aidé notamment par une subvention abondée principalement par l’Europe et les collectivités locales, le site du Solar a donc entamé sa reconversion à vocation écologique.

Des premiers stages, animés par l’ancien étudiant en sociologie sont proposés depuis la rentrée (lire ci-dessous). « Un des objectifs majeurs est de devenir un centre de ressources », précise son père.

À terme, le Solar sera équipé Lire la suite

Communauté urbaine de Bordeaux et DD – Fabienne Brugère : « Faire ensemble suppose engagement et conflit »

sudouest.com, Catherine Darfay et Dominique De Laage, le 26 Octobre 2009

COMMUNAUTÉ URBAINE. Cela fait un an que la philosophe Fabienne Brugère préside le conseil de développement durable. L’heure d’un premier bilan et perspectives

Fabienne Brugère : « Faire ensemble suppose engagement et conflit »

Le nouveau conseil de développement durable de la CUB a été installé le 12 novembre 2008 sous la présidence de Fabienne Brugère, philosophe et professeur à Bordeaux III. Depuis, les 100 membres actifs du C2D, sur 140 au total, choisis avec un louable souci d’ouverture parmi des personnalités, des experts des domaines évoqués ou de « simples » citoyens, ont suivi 61 réunions, auditionné 55 structures ou témoins et travaillé 2 721 heures… bénévolement.

Plus précisément, les groupes de travail sont censés plancher sur quatre domaines imposés par la CUB et quatre autres en auto-saisine. Les sujets les plus urgents réclamés par la CUB portaient sur le mode de scrutin et l’intercommunalité et une charte de la participation citoyenne. Ils ont déjà fait l’objet de propositions. Le C2D travaille également en saisine directe sur l’identité de l’agglomération et sur les déplacements urbains et, en auto-saisine, sur les discriminations, la culture, la jeunesse et l’environnement.

À l’heure de la réforme des collectivités territoriales, que préconise le groupe de travail chargé du mode de scrutin ?

Que les conseillers communautaires soient élus au suffrage universel, mais pas forcément par un « fléchage » des candidats aux municipales. Il faut une élection spécialement dédiée au registre intercommunal qui en rende les enjeux plus lisibles pour les citoyens. La représentativité des communes ne doit pas disparaître pour autant. L’idée est donc d’une double désignation pour le conseil communautaire. Avec une assemblée composée pour moitié d’élus au suffrage universel, dans le cadre d’une circonscription unique d’agglomération, et pour l’autre moitié d’élus représentant les communes, comme aujourd’hui. Cette proposition a été faite en liaison avec la coordination des autres conseils de développement et relayée par l’Association des communautés urbaines de France. La balle est désormais dans le camp des sénateurs.

Et sur la charte de la participation citoyenne, où en êtes-vous ?

Le groupe concerné a beaucoup travaillé à partir du fonctionnement de l’Office de consultation publique de Montréal. Il s’agit de revendiquer l’importance de la maîtrise d’usage qui appartient aux citoyens. Ceux-ci devraient être associés à tout projet, dès le départ et en amont, aux côtés des décideurs et des services. Un comité de suivi, où le C2D revendique un rôle, pourrait garantir le procédé jusqu’au bout. Le conseil de CUB en discutera le 6 novembre.

À propos de concertation, les élus la mettent souvent en avant alors que les citoyens n’ont pas le sentiment d’être associés aux décisions. Comment expliquez-vous ce hiatus ?

Tout ne peut pas venir des élus. La démocratie participative, faire ensemble, suppose de l’engagement et même du conflit de la part des citoyens. Or, même si, à travers l’expérience des groupes de travail, je suis étonnée par le nombre de personnes prêtes à s’engager au service d’un intérêt commun, Bordeaux est bel et bien une ville Lire la suite

Bordeaux : La maison verte sur les quais

sudouest.com, Jean-Paul Vigneaud, le 26 Octobre 2009

RICHELIEU. L’ex-bureau de recrutement des dockers transformé en maison éco-citoyenne

La maison verte sur les quais

Les joggeurs ou promeneurs ont été les premiers à s’en apercevoir, les premiers aussi à devoir contourner les barrières. Quai Richelieu, l’ancien Bureau central de recrutement de main-d’œuvre (BCMO) commence à vibrer au rythme des marteaux-piqueurs. C’est le début du chantier de construction de la maison éco-citoyenne.

Le bâtiment concerné est l’un des derniers « vestiges » de la partie sud du port de Bordeaux. Ce bâtiment sans étage a été construit au début des années 50. Un lieu qui ne désemplissait pas. Il y avait 3 000 dockers à l’époque à Bordeaux et tous devaient passer par ce bureau de recrutement central. Selon les règles en vigueur, ils ne pouvaient pas décrocher plus de huit heures de boulot d’un coup (deux fois quatre heures) mais rien ne leur empêchait de revenir le lendemain, pour refaire la queue et s’il y avait des bateaux à quai, décrocher un nouveau contrat. C’est dire les bousculades qu’il y a eues en ces lieux, les coups de gueule aussi.

Du faux XVIIIe

Contrairement à ce que l’on pense en le voyant de loin, ce bâtiment ne date pas du XVIIIe. C’est du faux ! L’architecte d’alors a respecté le site mais il a tout réalisé en béton et recouvert l’ensemble avec de fausses pierres pour ne pas gâcher le paysage.

Aussi, Olivier Lehmans, l’architecte bordelais retenu pour construire la maison éco-citoyenne, ne se retrouve-t-il pas les mains liées devant un monument historique indéformable. Il a pu faire courir son imagination à la condition bien évidemment qu’il respecte à son tour l’environnement architectural immédiat.

La construction de cette maison éco-citoyenne entre dans le cadre de la démarche de développement durable et de la mise en route de l’Agenda 21 de la Ville de Bordeaux. Cette maison verte est sur rails depuis longtemps. « Pour créer une dynamique, nous avons déjà créé la maison éco-citoyenne mobile », explique Anne Walryck, adjointe au maire chargée de mettre en œuvre la politique de développement durable à la mairie.

Cette « maison » est allée de quartier en quartier et même participé à des événements « grand public » majeurs comme la foire internationale. Parallèlement, des débats ont été organisés avec des experts reconnus. Sur les thèmes forts du moment et mettant en avant la nécessité de se mobiliser pour défendre l’environnement et faire les bons choix pour sauver la planète.

Un lieu de vie

La future maison éco-citoyenne sera le top de ce que l’on peut faire en la matière. Sous un grand chapeau « développement durable », ce sera Lire la suite

France Nature Environnement imagine l’économie de demain

France Nature Environnement, Communiqué de presse, le 20 octobre

Congrès national 2010 : FNE imagine l’économie de demain

A l’heure où « l’économie verte » est dans tous les esprits, France Nature Environnement lance une réflexion pour faire émerger des propositions innovantes pour une économie plus respectueuse de l’homme et de l’environnement. Elles seront présentées lors du 34ème Congrès National de FNE, les 25 et 26 mars 2010 à Toulouse.

FNE s’engage dans une réflexion autour de l’économie de demain

L’exploitation des ressources naturelles a donné lieu à la création et au développement d’industries, de services et d’échanges commerciaux, mais cela a également contribué à la dégradation de l’environnement, en même temps que nombre de ces ressources arrivent aujourd’hui à des niveaux critiques de disponibilité.

Selon Sébastien Genest, Président de France Nature Environnement : « Ce constat doit nous amener à trouver des solutions pour éviter le gaspillage, produire et consommer autrement en générant moins de pollutions, en consommant moins de ressources. La mise en place d’une économie plus respectueuse de l’environnement représente un levier d’action essentiel pour avancer vers cet objectif ».

Conscients des possibilités envisageables dans ce domaine, médias, entreprises et acteurs publics évoquent de plus en plus souvent l’ « économie verte » ou la notion de « Green Deal ». Mais ces déclarations d’intention débouchent difficilement vers des solutions opérationnelles pour accorder notre économie avec les limites de la planète.

FNE a donc mis en place une réflexion afin de définir des pistes d’actions concrètes et cohérentes sur le plan économique, en prenant en compte les impacts sur l’environnement, le dynamisme économique, l’emploi et les aspects sociaux.

Une réflexion collective qui associe différents types de partenaires

Les 3 000 associations membres et affiliées de FNE participent déjà à cette réflexion menée par la fédération. Un premier travail a d’ores et déjà permis un recensement des actions innovantes au sein de la fédération.

Une réflexion globale sur une nouvelle économie acceptable par l’ensemble de la société civile nécessite également l’implication des parties prenantes de la production et de la consommation d’horizons variés. Objectif : confronter les points de vue, enrichir la réflexion initiée par la Mission économie de FNE et réagir à ses propositions. Des syndicats de travailleurs, des associations de consommateurs et d’élus mais aussi des entreprises et la presse économique prendront part à cette réflexion. A ce titre, les premiers partenaires de FNE engagés dans cette réflexion sont la CLCV (association nationale de consommateurs et d’usagers), la Caisse des Dépôts et BNP Paribas pour le secteur bancaire ; Lafarge pour le secteur de l’industrie ; Alternatives Economiques pour le secteur de la presse.

Bruno Genty, vice-président de FNE et Pilote de la mission Economie, confirme que « par cette démarche, nous voulons enclencher un débat multipartite et formuler des Lire la suite

L’écologie sera rentable ou ne sera pas !

latribube.fr, Charles Beigbeder, vice-président de la Fondation pour l’innovation politique (FIP), coordinateur du pôle « Ecologie », président de Poweo, et Dominique Reynié, directeur général de la FIP, professeur à Sciences Po, le 21 octobre 2009

L’écologie sera rentable ou ne sera pas !

Nous n’avons pas à choisir entre la croissance et la planète parce que cela reviendrait à choisir entre l’homme et la nature. La cause de l’environnement ne vaut que parce qu’elle sert la cause de l’humanité et l’écologie sera progressiste ou ne sera pas. Tel est l’objet du colloque que la Fondation pour l’innovation politique consacre ce jeudi à la question sur le thème: « réussir la croissance verte ».

Plus personne ne conteste l’importance de l’enjeu écologique. La cause de l’environnement est définitivement installée au cœur du débat et de l’action politiques. Mais il y a deux conceptions de l’écologie : l’une prétend changer l’homme en contraignant sa capacité d’action, quand l’autre propose d’agir sur les conséquences de cette action. La première est culpabilisante et régressive. L’autre se veut incitative, rationnelle et progressiste : elle parie sur la croissance verte.

L’écologie régressive oppose, de façon plus ou moins assumée, la production de richesses à la protection de l’environnement. Le marché, l’activité économique, l’industrie ou les entrepreneurs sont désignés comme les ennemis de la nature. De cette condamnation a priori peut naître la tentation de réduire l’activité économique, de limiter, voire d’empêcher, les progrès de la connaissance. Certains fondamentalistes de l’écologie vont jusqu’à prôner la décroissance, nous sommant de choisir entre le progrès économique et la planète. Ce discours bénéficie d’un certain écho parce qu’il prend en charge une partie de l’hostilité à l’économie de marché dans un monde désormais sans communisme. Il jouit aussi d’un authentique privilège médiatique parce que le ton sur lequel il est tenu est volontiers alarmiste et qu’il permet des mises en scène spectaculaires. C’est le syndrome du tétanisé !

Nous nous inscrivons en faux contre cette vision rétrograde de l’écologie. La cause de l’environnement ne vaut en effet que parce qu’elle sert le développement humain et ne peut être invoquée pour empêcher l’homme d’avancer, d’innover, d’améliorer son sort. Comment expliquer aux pays en développement qu’ils doivent ralentir leur croissance pour préserver notre environnement ? Et comment prétendre maîtriser les dangers qui menacent la planète en renonçant à la science et au progrès technique ? Ouvrons les yeux : l’écologie sera donc progressiste ou ne sera pas. C’est par l’innovation et l’investissement que nous relèverons ces défis. L’écologie est une formidable promesse de prospérité pour nos universités et notre recherche. De même, la protection de l’environnement ouvre des opportunités de marché considérables. Ils contribueront à l’avènement d’une croissance durable.

Tous les domaines d’activité sont concernés. Il s’agit de rendre l’ensemble de notre économie moins émettrice de carbone, plus sobre en énergie, plus respectueuse de la biosphère. Quelques secteurs clés sont en pointe de cette révolution verte. C’est le cas des procédés d’efficacité énergétique. En changeant nos comportements, en améliorant nos installations, nous sommes dès aujourd’hui capables de réduire de moitié nos émissions de gaz à effet de serre. Et ce n’est qu’un début : Lire la suite

Bertrand Méheust, La Politique de l’oxymore. Comment ceux qui nous gouvernent nous masquent la réalité du monde

developpementdurable.revues.org, Luc Semal, 2009

Bertrand Méheust, 2009, La Politique de l’oxymore. Comment ceux qui nous gouvernent nous masquent la réalité du monde, La Découverte, 161 p.

1 Avec La Politique de l’oxymore, le philosophe Bertrand Méheust a signé un excellent essai, qui aurait tout aussi bien pu s’intituler La Saturation du monde. Moins accrocheur, moins communicatif, ce titre aurait cependant davantage souligné ce qui fait la stimulante originalité de la démarche choisie et de la thèse défendue.

2 L’idée selon laquelle la gravité de la crise écologique globale – pour ne pas dire de l’effondrement écologique global – est sans cesse euphémisée par des oxymores n’est pas une thèse d’une grande nouveauté : la dénonciation du développement durable comme oxymore, devenue l’un des arguments incontournables des objecteurs de croissance, en est la preuve.1 Sur ce thème, Bertrand Méheust va simplement un peu plus loin en soutenant que l’invention et l’utilisation massive des oxymores par le pouvoir en place a aujourd’hui atteint un degré inédit dans l’histoire : croissance négative, marché civilisationnel, financiarisation durable, etc. « Les oxymores ainsi utilisés peuvent alors favoriser la déstructuration des esprits, devenir des facteurs de pathologie et des outils de mensonge » (p. 121). « Utilisé à dose massive, l’oxymore rend fou. […] Transformé en « injonction contradictoire », il devient un poison social. Le langage exprime déjà ces tensions et cette fuite devant le réel. Une novlangue libérale dont la fonction principale est de gommer les réalités qui fâchent, les aspects de la condition humaine qu’il convient de masquer, est en train de prendre la suite de l’ancienne novlangue nazie ou communiste. » (pp. 147-148).

3 Mais cette dénonciation de l’usage d’expressions vides de sens pour « masquer la réalité du monde », aussi intéressante soit-elle, non seulement n’est pas fondamentalement nouvelle, mais en plus (et malgré le titre du livre) n’occupe que le dernier tiers du texte. Or ce sont peut-être les deux premiers tiers qui sont les plus audacieux et les plus originaux du livre : ce sont les pages consacrées à la description de cette fameuse « réalité du monde » que l’usage massif des oxymores participe à masquer.

4 Cette réalité, Bertrand Méheust la voit d’un œil très sombre. Et en cela, il prend nettement et explicitement ses distances avec la perspective de son proche collègue Dominique Bourg, qui tend à penser que les démocraties ont en elles les ressorts nécessaires au dépassement de la crise écologique et à l’invention d’un développement durable.2 Pour Bertrand Méheust, au contraire, les démocraties ne disposent pas de ressources particulières qui leur permettraient de mieux surmonter ces épreuves.

5 Pour arriver à ce terrible constat, l’auteur adopte un « pessimisme méthodique » (p.7), consistant à « [appliquer] « l’heuristique de la peur » de Jonas à la sociologie spéculative » (p.29), parce qu’en situation d’incertitude radicale « nous avons le devoir d’examiner le pire, de le regarder en face » (p.14). Résultat de cette démarche : « Je crains que la métamorphose espérée n’intervienne trop tard pour enrayer la crise écologique, et ne manifeste pleinement ses effets que pendant et après la catastrophe, un peu comme le pacifisme n’empêche pas les guerres mais se développe dans leur sillage. » (p.9).Pourquoi une telle certitude que nous ne parviendrons pas à anticiper la catastrophe, que nous irons Lire la suite

Economie verte et emplois dans l’environnement, quelles perspectives ?

emploi-stage-environnement.com, Philippe Aujard, le 18 octobre 2009

Economie verte et emplois dans l’environnement, quelles perspectives ?

La mission prospective, mise en place depuis novembre 2008 au sein de la délégation au Développement durable (DDD) du commissariat général au Développement durable (CGDD), a publié une note sur l’économie verte : « L´économie verte en perspectives ».

Selon la mission prospective, c’est une des caractéristiques remarquables de la plupart des plans de relance lancés depuis l’automne 2008 que d’avoir consacré un volet important à ce qu’on appelle désormais l’économie verte qui recouvre l’ensemble des activités économiques liées directement ou indirectement à la protection de l’environnement, à la gestion des ressources rares, aux énergies renouvelables, au changement climatique, à la prévention des risques, …

On cite ainsi souvent un ordre de grandeur de 15 % de la relance globale qui aurait été consacré à la relance verte et sensiblement plus en Chine, en Corée du Sud ou en France.

 Même si ce chiffre n’est qu’une approximation – par ailleurs, contestée – il indique, au minimum, une convergence dans les intérêts et les anticipations des grands acteurs publics et privés mondiaux, convergence qu’a solennisée le communiqué final du G20 d’avril 2009 : « l’économie de demain sera inclusive, verte et soutenable […] la crise est une opportunité pour accélérer la nécessaire transition vers cette économie ».

Si l’économie verte suscite ainsi autant d’espoirs partagés, c’est qu’elle apparaît la seule à pouvoir combiner trois avantages considérés comme majeurs dans la situation d’incertitude actuelle : apporter une réponse aux défis climatiques et énergétiques futurs tout en favorisant une sortie de crise rapide et l’émergence à plus long terme d’un nouveau sentier de croissance.

Depuis le début de la crise, l’attention s’est naturellement portée sur ses effets contracycliques et sur ses impacts potentiels sur l’emploi – de multiples analyses venant confirmer, qu’à investissement égal ce type d’activité était susceptible de créer deux à quatre fois plus d’emplois que dans d’autres secteurs.

On dispose aussi d’évaluations sectorielles très nombreuses qui montrent l’importance des bénéfices économiques que l’on pourrait attendre de la mise en place de politiques ambitieuses dans ces domaines ; la plus récente, faite au Japon, prévoyant, par exemple, une multiplication par 2 d’ici 2020 des emplois liés aux technologies propres.

En revanche, la capacité de l’économie verte à amorcer un nouveau sentier de croissance à long terme reste plus discutée. Au-delà des impacts sectoriels déjà très largement anticipés, faut-il envisager des conséquences macro-économiques beaucoup plus globales sur l’économie ou même, éventuellement, des changements encore plus radicaux dans les régulations et les futurs modèles économiques de production, de consommation ou d’échange ?

C’est une question que l’on doit nécessairement se poser si on s’intéresse, comme c’est le cas dans ce dossier, aux transitions de long terme. Elle suppose de passer d’analyses sectorielles, centrées sur l’offre, à des approches macro-économiques ou macro-sociales intégrant le contexte, les grands cycles de croissance, les modes de vie, les normes socio-économiques, les systèmes de valeur, parmi bien d’autres dimensions, …

Elle exige aussi des approches plus Lire la suite

Bassin d’Arcachon et Val de Leyre : Une critique du projet de Contrat de Pays

sudouest.com, NC, le 17 Octobre 2009

Une critique du projet de Contrat de Pays

Lors de la réunion du Codev (Conseil développement), la semaine dernière, la Sepanso, la Ceba (Coordination environnement du bassin d’Arcachon) et bassin d’Arcachon écologie ont désapprouvé le projet de contrat de Pays du bassin d’Arcachon et du Val de l’Eyre tel qu’il a été présenté.

Claude Bonnet, Jean Mazodier et Françoise Branger en expliquent les raisons : « Très insuffisamment protecteur de l’environnement, le document est délibérément axé sur la promotion économique du territoire, avec pour objectif principal d’attirer un maximum d’habitants permanents et de touristes. Cette intention se traduit par un cortège de propositions d’actions destructrices du territoire. »

Ressources en eau L’étude d’un Scot basée sur une augmentation de population de 70 000 habitants d’ici 2030, qui induirait une très forte urbanisation et artificialisation des terres sans prendre en compte la limitation des ressources en eau et en énergie.

Infrastructures envahissantes La construction d’équipements et infrastructures équivalents à ceux d’agglomérations de la taille de Montpellier, Strasbourg, Grenoble ou Metz – entre autres le prolongement de l’autoroute A 660 jusqu’au Pyla – favorisant ainsi le transport routier, un des facteurs essentiels du réchauffement climatique.

Qualité des eaux L’aménagement des lacs et étangs, générateur de pollutions supplémentaires et d’une dégradation accrue de ces eaux dont le renouvellement est très lent, affectant aussi la qualité des eaux du bassin d’Arcachon, réceptacle des eaux de tout le territoire.

Dans ces conditions les politiques de protection de la qualité de l’eau et le soutien à l’ostréiculture et à la pêche sont totalement illusoires.

Environnement « La valorisation des grands sites naturels qui consiste à y attirer encore plus de visiteurs, au détriment de la protection de la faune et de la flore qui y vivent.

Il est temps que le XXIe siècle pose, ici comme ailleurs, la protection et la restauration de Lire la suite

Sciences Po Bx le 21 octobre 17h00 : L’écologie politique est-elle durable ?

sciencespobordeaux.fr, Communiqué, le 21 octobre 2009

L’écologie politique est-elle durable ?

L’écologie est désormais au cœur des enjeux du monde contemporain. Effet de mode ou mutation durable des comportements individuels et des choix collectifs ?

Pour la première séquence de leur 26e saison, les Rencontres Sciences Po/Sud Ouest proposent une stimulante table ronde sur l’environnement et s’interrogent sur la « durabilité » de l’écologie politique. Au lendemain d’élections européennes marquées par la montée en puissance du groupe des Verts au Parlement de Strasbourg, et à la veille d’un sommet de Copenhague aux perspectives incertaines, l’occasion de faire le point sur l’état de l’écologie politique en France et au-delà !

Invités à échanger lors de la table ronde :

Eric DELHAYE (Président-délégué de Cap 21)

Michel DUCHENE (Adjoint au Maire de Bordeaux, Vice-Président de la CUB aux Grands projets urbains)

Bruno REBELLE (Directeur de Synergence, Conseil en développement durable)

Guillaume SAINTENY (Maître de conférences à l’École Polytechnique)

Dominique VOYNET Lire la suite

Copenhague : Fiasco ou révolution ?

developpementdurablelejournal.com, Jacques Cortie, le 9 octobre 2009

Copenhague : Fiasco ou révolution ?

En présence d’Emmanuel Le Roy Ladurie, le premier débat d’actualité de la Documentation Française a dressé, mercredi, un tableau très contrasté des avancées à attendre du sommet de Copenhague. Entre pessimisme et prudence les intervenants ont tous souligné l’extrême urgence de la situation.

Quelques dorures. Des spécialistes aux discours pédagogiques. Des opinions directes et sans esquive. Le débat « Changement climatique : la fièvre monte à Copenhague » a permis, en un peu plus de deux heures, dans les salons de la Documentation Française à Paris, de bien cerner la situation où nous placent l’état chaotique de la planète et les intérêts géo-économiques contradictoires des grandes puissances. Un carrefour de tous les possibles qui n’entraînent pas forcément l’optimisme. Emmanuel Leroy Ladurie (1) a d’ailleurs insisté sur le pessimisme qui était le sien. Un pessimisme global qui renvoie à ses études sur le climat (2) et à ses constats : « La décennie des années 1990 a été la plus chaude du siècle. Et cela continue. Le problème, c’est qu’à la différence des autres périodes d’optimum climatiques, l’effet de régulation, qui voyait alterner des réchauffements et des rafraîchissements, n’a pas cours. Le réchauffement est aujourd’hui indéfini. Je suis inquiet. »

Les émissions de CO2 dérapent

Les chiffres, pour illustrer cette inquiétude, se résument peut-être en un seul : si en 1987, l’Arctique représentait encore 7 millions de km2 de glace, elle n’en représentait plus, en 2008, que 4. La planète se réchauffe donc à marche forcée. Malgré les rapports, malgré les évidences, malgré les alertes. « Les émissions dérapent partout » remarque ainsi Aurélie Vieillefosse (3). Le problème est, bien sûr, essentiellement économique « On discute depuis 20 ans sur le climat et on n’avance pas » remarque-t-elle avant de préciser : « La Chine émet 5,5 tonnes de CO2 par habitant, l’Europe 10 et les Etats-Unis 25. Les demandes de réduction sont forcément mal perçues par les pays en développement. » Pour elle le blocage de Copenhague est là. « D’autant », surenchérit Christian De Perthuis (4) « qu’il est difficile d’expliquer que le monde occidental puisse trouver 800 milliards pour sauver les banques mais qu’il ne trouve rien, ou trop peu, pour le climat ». Comme l’économie aime à tout tarifer, De Perthuis s’étonne aussi que l’utilisation de la couche d’ozone soit gratuite : « Le climat, c’est aussi une question de prix. La fine pellicule qui protège la terre est utilisée par tout le monde et personne ne paye les dommages. » Dans le collimateur des débateurs l’échec de l’après-Kyoto : « Les Etats-Unis n’ont rien respecté » remarquent-il et « la crise économique n’a rien arrangé ».

Un sommet sous haute tension

Pas étonnant, dès lors, que tous s’inquiètent de la forte tension qui prélude au sommet danois. « C’est finalement un aspect positif. Cette tension prouve qu’il y a un enjeu ». Serge Sur (5) explique du coup les difficultés à envisager un accord significatif en listant les éléments composites qui président aux discussions sur le climat  Lire la suite

La centrale photovoltaïque du Gabardan dans les Landes : le difficile équilibre entre production énergétique et protection de l’environnement

aqui.fr, Solène Méric, le 12 octobre 2009

La centrale photovoltaïque du Gabardan dans les Landes : le difficile équilibre entre production énergétique et protection de l’environnement

En octobre 2007, la communauté de Commune du Gabardan, située à l’extrême Nord Est du département des Landes, signait avec EDF Energies Nouvelles, une promesse de bail portant sur la mise à disposition de 317 ha de terrain. Ici commençait l’aventure du chantier de la plus grande centrale photovoltaïque d’Europe. Deux ans plus tard, alors que le chantier est bien avancé, Aqui! visite l’ouvrage, en compagnie de représentants d’EDF, d’EDF-EN ainsi que de la SEPANSO, association de protection de l’environnement reconnue d’utilité publique. Compte rendu d’une matinée entre conviction pour les uns et inquiétude pour les autres.

En quelques chiffres la future centrale photovoltaïque du Garbardan, ce sera 317 ha de superficie, 1 million de panneaux solaires, une production de 76 MWc, permettant l’alimentation électrique de quelques 33000 foyers par an. Le tout, pour un investissement financier global de 300 millions d’euros. Autant dire un projet d’envergure. D’envergure et d’innovation puisque 13 ha de sa surface sont réservés à l’implantation de panneaux solaires dits « trackers », produits par une jeune société de Martillac, en Gironde, Exosun. David Augeix, Directeur d’EDF EN pour la région sud nous explique que « la caractéristique de ces panneaux est de pouvoir suivre la course du soleil grâce à leur possible inclinaison sur deux axes. Cette technologie permet une production plus importante qu’avec des panneaux fixes, mais pour un investissement également plus élevé ». Le chantier de cette partie expérimentale est d’ailleurs pratiquement terminé et le raccordement à la centrale de Barbotan est prévu dés le mois de décembre prochain. Sur ces 13 ha, les panneaux trackers produiront 2MWc d’électricité.

Raccordement à partir de juin 2010

La deuxième partie du chantier, divisée en sept tranches, est uniquement composée de panneaux photovoltaïques fixes. Pour un meilleur rendement, « ils sont orientés plein sud avec une inclinaison de 25% ». Coté calendrier, « les cinq premières tranches seront raccordées à la centrale de Barbotan en décembre 2010, avec une première étape en juin où les deux premières tranches, actuellement presque achevées, seront raccordées les premières ». Pour les tranches 6 et 7, qui n’ont d’ailleurs pas encore été défrichées,les travaux auront lieu à une date ultérieure, non encore définie.

Un « paysage » étonnant

Coté « paysage », le spectacle est pour le moins étonnant. Sur des centaines de mètres, des rangées de 1200 mètres de panneaux, s’alignent les unes derrière les autres. Mais la nature s’invite déjà puisque de nombreuses fougères tapissent le sol, prémisse d’une adaptation future entre l’environnement et ces drôles de nouveaux hôtes. A la vue du spectacle, Philippe Barbedienne, Secrétaire général de la SEPANSO s’exclame : « ça me fait mal de voir ce genre de paysage. C’est malheureux d’avoir défriché 300 ha de forêt pour ça ! ». Antoine Cuerq, Directeur régional d’EDF en Aquitaine est, quant à lui, très satisfait de ce qu’il voit : « De l’énergie, il en faut et il continuera d’en falloir. Désormais, l’objectif est de la produire de la manière la moins impactante possible. Et cette centrale du Gabardan va tout à fait dans ce sens.»

Préserver autant que faire se peut le milieu naturel

D’autant plus que la Commune de Losse, en coordination avec les services de l’Etat et l’Office National des Forêts, s’est engagée sur un certain nombre de mesures visant à compenser le déboisement Lire la suite

Nobel d’économie : associations, protection de l’environnement et des ressources naturelles

actu.orange.fr, NC, octobre 2009

Le Nobel d’économie à deux Américains, dont la première femme

Le prix Nobel d’économie a été attribué lundi aux Américains Oliver Williamson et Elinor Ostrom, la première femme récompensée, pour leurs travaux séparés montrant que l’entreprise et les associations d’usagers sont parfois plus efficaces que le marché.

Leurs recherches sont particulièrement dans l’air du temps, en plein débat sur la meilleure organisation des marchés financiers et de l’économie mondiale mais aussi sur la protection de l’environnement et des ressources naturelles, un domaine essentiel d’étude d’Elinor Ostrom.

« Ils veulent comprendre des organisations qui ne sont pas des marchés (…) et ils montrent comment ces institutions résolvent les conflits« , a salué Tore Ellingsen, membre du comité Nobel, lors de l’annonce du prix à la presse.

Ces récompenses confortent la chasse gardée américaine sur le Nobel d’économie, avec désormais 45 lauréats sur un total de 64 depuis sa première attribution en 1969.

Cette saison 2009 est également très américaine, avec 11 lauréats sur 13 venant des Etats-Unis, la sensation étant venue vendredi à Oslo du Nobel de la Paix attribué au président américain, Barack Obama.

Elinor Ostrom, de l’Université d’Indiana, est récompensée par le comité « pour avoir démontré comment les biens communs peuvent être efficacement gérés par des associations d’usagers ».

Elle a « remis en cause l’idée classique selon laquelle la propriété commune est mal gérée et doit être prise en main par les autorités publiques ou le marché« , salue le comité, qui sacre pour la première fois une femme depuis sa première attribution en 1969.

En se fondant sur de nombreuses études sur la gestion par des groupes d’usagers des ressources en poissons, en élevage, sur les forêts ou les lacs, la lauréate américaine a montré que leur organisation était souvent Lire la suite

L’écologie pourrait modifier « un peu » le mode de vie des Français

sudouest.com, NC, le 10 Octobre 2009

SONDAGE. D’après un sondage, à paraître demain dans Sud Ouest Dimanche, les français sont prêts à modifier « un peu » leur mode de vie, pour faire respirer la planète.

L’écologie pourrait modifier « un peu » le mode de vie des Français

Après le succès de Home, le film de Yann Arthus Bertrand, c’est au tour de Nicolas Hulot de tirer la sonnette d’alarme des méfaits du mode de vie de l’homme sur l’environnement, dans son long-métrage, intitulé : Le syndrome du Titanic.

Le succès de ses diffusions associé à la poussée des verts aux dernières Européennes, ont conduit Sud Ouest Dimanche à s’interroger sur la disposition des Français à changer leur propre mode de vie pour répondre aux exigences écologiques. 599 français de plus de 18 ans, représentatifs de la population ont accepté de répondre au sondage ifop, commandé par le journal, et qui paraîtra demain dans Sud Ouest Dimanche.

Les premiers résultats de l’étude montrent que lorsqu’il s’agit de s’impliquer personnellement et à consommer moins, les Français apparaissent quelque peu réticents. Certes, près d’un quart des Français (27%) se déclare « prêt à changer en profondeur son mode de vie et à restreindre sa consommation de manière significative ». Néanmoins, la majorité des personnes interrogées (53%) n’est prête à consentir que des efforts limités (« modifier un peu son mode de vie et limiter sa consommation »). En outre, 20% des répondants refusent de réduire leur train de vie.

La disposition à modifier son comportement présente des intensités différentes selon les catégories de population. Comme on l’observe traditionnellement sur les questions liées au développement durable, l’âge influe notablement sur les réponses ; les plus âgés Lire la suite

Comment l’industrie de la viande menace le monde

novethic.fr,  Anne Farthouat, le 5 octobre 2009

Comment l’industrie de la viande menace le monde

Fabrice Nicolino, auteur de deux ouvrages sur les biocarburants et les pesticides, revient avec une enquête inédite sur l’industrie de la viande. Son nouveau livre, « Bidoche », dresse un état des lieux des dérives écologiques et sociales de cette industrie planétaire.

De plus en plus de pays consomment de la viande. Comment ces nouvelles pratiques alimentaires modifient-elles le paysage agricole ?

Fabrice Nicolino : Manger de la viande est effectivement un acte social majeur, signe de richesse. On en voit l’illustration parfaite en Chine : depuis quinze ans environ, près de 200 millions de Chinois ont vu leur pouvoir d’achat augmenter, et du coup, leur consommation de viande a explosé.

Cette demande croissante est d’ailleurs un mouvement qui sévit à l’échelle planétaire. On évoque la Chine, mais c’est tout aussi vrai en Inde, au Brésil, en Russie, etc. Or, il se trouve que le « rendement énergétique » d’un animal, est très mauvais : pour produire un kilo de viande, il faut entre 7 et 10 kg de végétaux. Du coup, le besoin de terres agricoles ne cesse de croître, au point qu’aujourd’hui, 60% de la surface agricole mondiale est entièrement dédiée à l’élevage. Et c’est d’autant plus vrai en Europe, où ce nombre atteint les 70%.

Les terres vont donc manquer ?

De nombreux agronomes s’inquiètent de voir que les terres agricoles sont de plus en plus difficiles à trouver. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : ces 50 dernières années, la population mondiale a plus que doublé. Et la surface des terres dédiées à l’agriculture a augmenté d’à peine 10%. Ces terres fertiles sont donc de plus en plus rares. D’ailleurs, l’achat massif de terres des pays du Sud par, entre autres, l’Arabie Saoudite et la Chine est un signal qui ne trompe pas. Et n’oublions pas que nous serons 9 milliards en 2050.

Alors, que va-t-il se passer ?

Il faudra à tout prix cesser d’utiliser nos terres pour nourrir un bétail destiné à être mangé par certains, pour les cultiver dans le but de nourrir directement tous les êtres humains. Nous avons encore le temps d’assurer cette transition, mais plus pour très longtemps. Sans quoi, elle s’imposera à nous, non sans dégâts écologiques et sociaux.

Ces dégâts sont déjà d’actualité. Comment les pays d’Amérique Latine gèrent-ils le problème de la déforestation causée par la culture du soja ?

Le sujet est explosif en Amérique Latine, et notamment au Brésil. L’élevage y est très important, et nécessite donc des surfaces de pâturage géantes. Or, l’expansion fulgurante des cultures de soja transgéniques, destinées à nourrir le bétail, réquisitionne toujours plus de terres agricoles, et fait pression sur les pâturages. Du coup, Lire la suite