Entreprises – Développement durable: entre discours et stratégie

novethic.fr, Béatrice Héraud, le 18 septembre 2009

Développement durable: entre discours et stratégie

Toutes les grandes entreprises ou presque déclarent aujourd’hui avoir une stratégie de développement durable. Mais si le sujet est largement au cœur de leur communication, leurs pratiques doivent encore s’améliorer.

« Traité de manière plus mâture, le développement durable devient désormais stratégique pour  les entreprises ». Luc Laurentin, fondateur de Limelight consulting, voit dans la deuxième édition de l’Observatoire de la communication et du marketing responsables, toutes les raisons de se réjouir. Preuve en est selon lui : son étude* menée début septembre montre que 90% des entreprises affirment avoir une stratégie de développement durable contre 76% en 2008. Et pour celles qui avouent être à la traîne, ce ne serait qu’une question de temps. L’obligation prochaine pour les entreprises de plus de 500 salariés de produire un bilan social et environnemental, inscrite dans le « Grenelle 2 », n’y est peut-être pas étrangère… Le sujet devient si important que le comité de direction est aujourd’hui autant ou presque à l’initiative des actions de développement durable que le service spécifiquement dédié. Service d’ailleurs de plus en plus courant dans les entreprises, puisque 62% des interviewés déclarent en disposer contre 55% l’an dernier.

« Il y a deux ans, le développement durable était la jolie danseuse de la communication, aujourd’hui, il s’agit d’un sujet débattu au moins une fois par mois dans les comités de direction », confirme Fabio Brusa, responsable de la communication pour Nestlé Waters France. Et tous les services sont aujourd’hui sollicités, de la communication, aux RH en passant par les achats et le juridique. Les résultats se feraient donc sentir dans la communication et le développement de produits responsables: « Nous sommes passés d’une communication corporate faite de grandes déclarations généreuses à une communication plus axée produits, basée sur des preuves factuelles et donc plus efficace », estime ainsi Dominique Candellier, directrice communication et développement durable de l’Union des annonceurs (UDA). Exemple : La Poste qui communique sur son parc de vélos et de voitures électriques ou IBM qui présente ses solutions pour permettre aux entreprises de faire des économies d’énergie. Une « preuve de maturité », selon Luc Laurentin, rendue possible par le développement tout azimut de nouveaux produits ou services intégrants les enjeux de développement durable.

Et dans les faits ?

Même la crise n’aurait finalement aucun impact sur les stratégies de responsabilité sociale des entreprises (RSE). « Le développement durable est justement une réponse à la crise », s’enthousiasme Fabio Brusa. Jusqu’ici donc, tout irait bien. Pourtant, peut-on réduire la stratégie RSE au développement de produits et à un marketing plus « responsables » ? Certainement pas. Et c’est bien là les limites de l’étude, qui semble parfois confondre stratégie et communication. Car communiquer sur des produits verts et des éco-gestes est une chose, mais intégrer une politique développement durable à sa stratégie implique aussi des critères sociaux et de gouvernance en interne… Ainsi, les engagements Lire la suite

Autopartage à Mérignac : Des autos peu partagées

sudouest.com, Olivier Delhoumeau, le 9 Septembre 2009

MÉRIGNAC, AUTOPARTAGE. La station de voitures en libre-service installée en centre-ville par Autocool connaît un démarrage poussif. Malgré la proximité du terminus de la ligne A du tram

Des autos peu partagées

 «Libre, facile, moins cher, moins polluant », vante la plaquette publicitaire. Malgré cette brassée d’avantages supposés, Nicolas Guenro, le directeur d’Autocool, ne voit pas les chiffres décoller sur Mérignac. À l’évidence, sa société coopérative, spécialiste de l’autopartage dans l’agglo, ne fait pas beaucoup d’émules.

Inaugurée en avril en présence d’une forte délégation d’élus, la station de voitures en libre-service du centre-ville peine à trouver son public. Chiffres à l’appui, elle n’enregistre qu’une douzaine de réservations par mois et par véhicule. Ce qui la place dans le ventre mou du réseau bordelais. Loin derrière le top 5 constitué par Victor-Hugo, Porte de Bourgogne, Tourny, Jean-Jaurès et barrière Saint-Médard.

Une dizaine d’adhérents

Pour Nicolas Guenro, les causes de ce démarrage en demi-teinte sont multiples. « Bien que situées à proximité du terminus de la ligne A du tram, les deux voitures mises en service au 14 de l’avenue Maréchal-Leclerc sont très éloignées du reste du réseau. Les boulevards sont distants de 4 kilomètres », analyse-t-il.

Pour l’heure, le site du centre-ville n’a convaincu qu’une dizaine d’adhérents (huit Mérignacais et deux Pessacais). « Nous sommes au tiers de l’objectif, le seuil de rentabilité par voiture étant fixé à 20 adhérents. »

Conclusion : on parle davantage de l’autopartage qu’on ne le pratique réellement. À l’échelle nationale, on dénombre 7 000 adeptes seulement. Dans l’agglo, forte de 650 000 habitants, la société coopérative ne recense que 350 adhérents quand il en faudrait un millier pour atteindre un objectif de rentabilité.

Malgré le Grenelle de l’environnement, le réchauffement climatique et une nouvelle façon de concevoir les déplacements urbains, les esprits ne se libèrent pas facilement de soixante années consacrées au tout voiture. « Elle reste un objet social doté d’une valeur symbolique très forte. Même pour les 18-30 ans. Aujourd’hui encore, les étudiants sont très attachés au fait de posséder leur propre véhicule », argumente-t-il.

De plus, des structures comme Autocool n’ont clairement pas Lire la suite

Indicateur de développement durable — L’empreinte écologique discréditée

ruefrontenac.com, Jessica Nadeau, le 17 septembre 2009

Indicateur de développement durable — L’empreinte écologique discréditée

L’empreinte écologique, utilisée de plus en plus par les organisations environnementales pour sensibiliser la population aux incidences de leurs modes de consommation, est jugée « peu pertinente » comme indicateur de développement durable par l’Institut de la statistique du Québec.

C’est la conclusion de la nouvelle étude L’empreinte écologique : revue de littérature et analyse critique, publiée jeudi par l’Institut de la statistique du Québec.

Dans le document, rédigé par Stéphanie Uhde, économiste pour l’institut, on soutient que même si l’évaluation des mesures de suivi en matière de développement durable est « cruciale » pour la société québécoise, « l’empreinte écologique se révèle peu pertinente comme indicateur de développement durable ».

« Bien qu’elle soit utile pour sensibiliser les individus aux conséquences de leur mode de consommation, sa démarche vis-à-vis du développement durable tranche avec l’approche théorique que la communauté internationale tend à privilégier. De plus, son cadre statistique est loin de constituer un standard qui fasse consensus dans la littérature ou la pratique. »

L’empreinte écologique ne serait donc « pas un bon outil pour orienter la prise de décision politique ». D’autant plus que, toujours selon l’Institut, son utilisation demeure controversée et que les gouvernements l’ayant adoptée sont peu nombreux.

En entrevue à RueFrontenac.com, l’auteure affirme que « les résultats de l’empreinte sont trop agrégés pour qu’ils puissent être utiles à la prise de décisions », d’autant plus qu’ils ne prennent pas en considération les effets qualitatifs comme la pollution ou l’érosion des sols.

Marginalisation des indicateurs environnementaux

Pour Karel Mayrand de la Fondation David Suzuki, nul besoin d’une étude pour démontrer que l’empreinte écologique n’est pas un indicateur de développement durable. Il s’agit selon lui d’une évidence puisque l’empreinte écologique est d’abord et avant tout un outil d’éducation permettant aux citoyens d’évaluer leur propre impact sur la planète. D’ailleurs, dans un récent rapport du Vérificateur général du Québec, le commissaire au développement durable soutenait que, si tous les habitants du monde consommaient comme le Québec, on aurait besoin de trois planètes pour répondre à la demande.

« L’argument principal de l’institut de la statistique est que l’empreinte écologique ne tient pas compte des aspects sociaux et économiques alors que les trois piliers du développement durable Lire la suite