sudouest.com, BS, le 23 Juin 2009
LA LUTTE POUR LA BIODIVERSITÉ. Paysans et chercheurs se réunissent jusqu’à vendredi à Port-Sainte-Marie
En quête de blés
Orges de Syrie, pétanielle noire de Nice, petit rouge du Morvan, ce sont plus de 300 variétés de blé que cultive Jean-François Berthelot et avec lesquelles il fait du pain.
Du bleu, du rouge, du noir, du vert, des petits, des grands, des moins grands, des plus petits, des barbus, des pas barbus. Le champ de blé de Jean-François Berthelot ne ressemble en rien à l’image de ces étendues blondes et lisses des plaines céréalières de Beauce. « La biodiversité, c’est ça ! », dit-il tout émerveillé encore d’embrasser du regard son conservatoire du blé créé voilà huit ans et qui compte aujourd’hui plus de 300 variétés.
C’est ici, dans cette ferme de l’Épi Roc, juchée sur les coteaux de Port-Sainte-Marie, en bordure de ce champ où poussent des épeautres dont la culture remonte à plus de 10 000 ans, qu’aujourd’hui, des paysans d’horizons lointains, « des explorateurs de la biodiversité », viendront débattre de leurs savoir-faire. Baptisé Renabios pour Renaissance de la biodiversité céréalière et savoir-faire paysans, cette manifestation, une première en Europe, va réunir durant quatre jours une centaine de paysans venus d’Italie, d’Espagne, d’Allemagne, de Hongrie, de Roumanie, de Suède, de Bulgarie, du Portugal, de Grèce, ‘Iran, de Palestine, de Géorgie, de Syrie et de Jordanie.
« L’idée de ce rassemblement, c’est que les paysans nous montrent ce qu’ils cultivent et les usages qu’ils en font. Entre autres, les Italiens vont nous parler de pâtes et de polenta, les Roumains de mamaliga, les Belges de l’utilisation qu’ils font des grands épeautres et les Géorgiens vont construire un four afin d’y cuire leurs traditionnels pains plats », explique Patrick de Kochko, du Réseau semences paysannes, coordinateur de l’événement. Mais au-delà de ces échanges que l’on présage fructueux et sympathiques, il y a une démarche qualifiée de « résistante ».
Des blés interdits à la vente
« C’est important d’inciter ces paysans à conserver cette biodiversité et à lutter contre le verrouillage du marché tel qu’on peut le voir aujourd’hui en Europe. Pour exemple, les trois quarts de la surface exploitée en blé sont accaparés par une dizaine de variétés françaises alors qu’il en existe plus de 200 ! », déplore Jean-François Berthelot. « Ces variétés répondent en outre quasiment aux mêmes critères de sélection : elles sont destinées aux bonnes terres et nécessitent l’emploi de béquilles chimiques. Voilà comment les semenciers qui commercialisent les semences mais également tous ces engrais et produits phytosanitaires exercent un véritable monopole sur l’agriculture », dénonce l’agriculteur bio engagé également en tant que faucheur dans la lutte anti-OGM. « C’est la même logique.
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