La centrale photovoltaïque du Gabardan dans les Landes : le difficile équilibre entre production énergétique et protection de l’environnement

aqui.fr, Solène Méric, le 12 octobre 2009

La centrale photovoltaïque du Gabardan dans les Landes : le difficile équilibre entre production énergétique et protection de l’environnement

En octobre 2007, la communauté de Commune du Gabardan, située à l’extrême Nord Est du département des Landes, signait avec EDF Energies Nouvelles, une promesse de bail portant sur la mise à disposition de 317 ha de terrain. Ici commençait l’aventure du chantier de la plus grande centrale photovoltaïque d’Europe. Deux ans plus tard, alors que le chantier est bien avancé, Aqui! visite l’ouvrage, en compagnie de représentants d’EDF, d’EDF-EN ainsi que de la SEPANSO, association de protection de l’environnement reconnue d’utilité publique. Compte rendu d’une matinée entre conviction pour les uns et inquiétude pour les autres.

En quelques chiffres la future centrale photovoltaïque du Garbardan, ce sera 317 ha de superficie, 1 million de panneaux solaires, une production de 76 MWc, permettant l’alimentation électrique de quelques 33000 foyers par an. Le tout, pour un investissement financier global de 300 millions d’euros. Autant dire un projet d’envergure. D’envergure et d’innovation puisque 13 ha de sa surface sont réservés à l’implantation de panneaux solaires dits « trackers », produits par une jeune société de Martillac, en Gironde, Exosun. David Augeix, Directeur d’EDF EN pour la région sud nous explique que « la caractéristique de ces panneaux est de pouvoir suivre la course du soleil grâce à leur possible inclinaison sur deux axes. Cette technologie permet une production plus importante qu’avec des panneaux fixes, mais pour un investissement également plus élevé ». Le chantier de cette partie expérimentale est d’ailleurs pratiquement terminé et le raccordement à la centrale de Barbotan est prévu dés le mois de décembre prochain. Sur ces 13 ha, les panneaux trackers produiront 2MWc d’électricité.

Raccordement à partir de juin 2010

La deuxième partie du chantier, divisée en sept tranches, est uniquement composée de panneaux photovoltaïques fixes. Pour un meilleur rendement, « ils sont orientés plein sud avec une inclinaison de 25% ». Coté calendrier, « les cinq premières tranches seront raccordées à la centrale de Barbotan en décembre 2010, avec une première étape en juin où les deux premières tranches, actuellement presque achevées, seront raccordées les premières ». Pour les tranches 6 et 7, qui n’ont d’ailleurs pas encore été défrichées,les travaux auront lieu à une date ultérieure, non encore définie.

Un « paysage » étonnant

Coté « paysage », le spectacle est pour le moins étonnant. Sur des centaines de mètres, des rangées de 1200 mètres de panneaux, s’alignent les unes derrière les autres. Mais la nature s’invite déjà puisque de nombreuses fougères tapissent le sol, prémisse d’une adaptation future entre l’environnement et ces drôles de nouveaux hôtes. A la vue du spectacle, Philippe Barbedienne, Secrétaire général de la SEPANSO s’exclame : « ça me fait mal de voir ce genre de paysage. C’est malheureux d’avoir défriché 300 ha de forêt pour ça ! ». Antoine Cuerq, Directeur régional d’EDF en Aquitaine est, quant à lui, très satisfait de ce qu’il voit : « De l’énergie, il en faut et il continuera d’en falloir. Désormais, l’objectif est de la produire de la manière la moins impactante possible. Et cette centrale du Gabardan va tout à fait dans ce sens.»

Préserver autant que faire se peut le milieu naturel

D’autant plus que la Commune de Losse, en coordination avec les services de l’Etat et l’Office National des Forêts, s’est engagée sur un certain nombre de mesures visant à compenser le déboisement Lire la suite

Nobel d’économie : associations, protection de l’environnement et des ressources naturelles

actu.orange.fr, NC, octobre 2009

Le Nobel d’économie à deux Américains, dont la première femme

Le prix Nobel d’économie a été attribué lundi aux Américains Oliver Williamson et Elinor Ostrom, la première femme récompensée, pour leurs travaux séparés montrant que l’entreprise et les associations d’usagers sont parfois plus efficaces que le marché.

Leurs recherches sont particulièrement dans l’air du temps, en plein débat sur la meilleure organisation des marchés financiers et de l’économie mondiale mais aussi sur la protection de l’environnement et des ressources naturelles, un domaine essentiel d’étude d’Elinor Ostrom.

« Ils veulent comprendre des organisations qui ne sont pas des marchés (…) et ils montrent comment ces institutions résolvent les conflits« , a salué Tore Ellingsen, membre du comité Nobel, lors de l’annonce du prix à la presse.

Ces récompenses confortent la chasse gardée américaine sur le Nobel d’économie, avec désormais 45 lauréats sur un total de 64 depuis sa première attribution en 1969.

Cette saison 2009 est également très américaine, avec 11 lauréats sur 13 venant des Etats-Unis, la sensation étant venue vendredi à Oslo du Nobel de la Paix attribué au président américain, Barack Obama.

Elinor Ostrom, de l’Université d’Indiana, est récompensée par le comité « pour avoir démontré comment les biens communs peuvent être efficacement gérés par des associations d’usagers ».

Elle a « remis en cause l’idée classique selon laquelle la propriété commune est mal gérée et doit être prise en main par les autorités publiques ou le marché« , salue le comité, qui sacre pour la première fois une femme depuis sa première attribution en 1969.

En se fondant sur de nombreuses études sur la gestion par des groupes d’usagers des ressources en poissons, en élevage, sur les forêts ou les lacs, la lauréate américaine a montré que leur organisation était souvent Lire la suite

La crise commence, par Hervé Kempf

lemonde.fr, Hervé Kempf, le 10 octobre 2009

La crise commence, par Hervé Kempf

Dans le monde fantasmagorique des responsables et analystes de l’économie, le bien et le mal se résument aux frémissements d’un totem : le produit intérieur brut (PIB). Il chute de 2 %, c’est la catastrophe, il remonte en tremblant à 0,3 %, la reprise s’annonce. Et l’obsession est de rejoindre les 2-3-4 % « normaux » afin que la vie redevienne belle. Je ne caricature pas : des dizaines de déclarations et d’articles dans le Wall Street Journal, The Financial Times, The Economist, Les Echos, La Tribune – et bien sûr, notre cher Monde – ratiocinent autour de ce thème.

Parlons de la vraie économie, celle qui se préoccupe de la subsistance durable des sociétés.

La récession de 2008-2009 est née de l’éclatement d’une bulle financière gonflée par un endettement démesuré. Les morceaux ont été recollés par une intervention rapide et forte des autorités publiques. Pour éviter l’effondrement de l’économie, on a de surcroît opéré des relances budgétaires massives. Donc, l’endettement public, déjà important avant la récession, a encore augmenté. Comme il y a des limites à la dette, il ne sera plus guère possible de soutenir artificiellement l’économie.

D’ailleurs, il y a… l’énergie. De son bas prix dépend la croissance du PIB. Or le pic pétrolier – dans le voisinage duquel nous sommes – signifie que le prix des combustibles fossiles est à la hausse, alors qu’il restera dans la décennie à venir le prix directeur pour toutes les énergies. Si donc se produit une « reprise », elle augmentera la demande de pétrole, le prix de celui-ci montera, ce qui refroidira les ardeurs du PIB.

Autre pièce essentielle, le changement climatique. Il est urgent de réduire nos émissions de gaz à effet de serre. Les pays riches – même les Etats-Unis – affirment vouloir les diminuer de 80 % d’ici à 2050 : cela représente en gros une réduction annuelle de 3 % par an. On en est loin. Soit on s’y engage réellement, et cette baisse de la consommation d’énergie transforme le système économique, mais pas vers la « croissance » ; soit on attend, et les désordres du climat vont rendre la vie très difficile. La Chine et l’Inde commencent à le ressentir, entre manque d’eau, moussons déréglées, inondations, etc. Les taux de croissance de 10 % de la Chine, c’est fini !

Troisième pièce oubliée : l’agriculture. Un milliard d’humains ont faim tous les jours. Avec une population mondiale en augmentation et des contraintes écologiques de plus en plus sévères, l’agriculture redevient une question prioritaire. C’est là qu’il faut investir, pas dans le soutien au niveau de vie des habitants des Etats-Unis.

Il n’y aura pas de « sortie de crise ». La crise commence. En fait, ce n’est pas une crise, mais le début de Lire la suite