Chine – L’environnement menacé par l’agriculture

vert.courrierinternational.com, Xin Shiji Zhoukan, février 2009

L’article original (en chinois)

L’environnement menacé par l’agriculture

Pour la première fois, un recensement des sources de pollution a été effectué dans le pays. Il révèle que les polluants sont principalement d’origine agricole et leur quantité bien plus importante que prévu. Une situation pour le moins alarmante.

Le 9 février dernier, les résultats du premier recensement général des sources de pollution en Chine ont enfin été publiés, au terme de plus de deux ans d’enquête. Derrière l’aridité des chiffres, cette étude révèle la véritable origine des graves problèmes de pollution que connaît le pays. Ces dernières années, la lutte contre la pollution est passée au premier plan des préoccupations. Le 11e plan quinquennal [le programme gouvernemental de planification économique] stipulait qu’il fallait se fixer comme objectif une diminution de 5 % des principaux rejets polluants en 2010, par rapport à 2005. Le problème, c’est que la Chine n’avait pas encore bien mesuré toute l’étendue de la pollution sur son territoire.

En mai 2007, le gouvernement a lancé un recensement général des sources de pollution en Chine ; 570 000 personnes ont été mobilisées par le ministère de la Protection de l’environnement (à l’époque, simple agence) pour réaliser cette enquête, avec quatre grands champs d’investigation : la pollution d’origine industrielle, la pollution d’origine agricole, la pollution liée à la vie quotidienne et les installations de traitement de la pollution, soit au total près de 6 millions de sources polluantes sur le territoire.

Les résultats de l’enquête indiquent qu’en 2007 la DCO [demande chimique en oxygène, indicateur de la charge polluante des eaux usées] de l’ensemble des eaux usées sur le territoire chinois approchait les 30,29 millions de tonnes et les rejets d’azote ammoniacal 1,73 million de tonnes. Quant à la pollution de l’air, les émissions de dioxyde de soufre étaient de 23,2 millions de tonnes et celles d’oxydes d’azote de 17,98 millions de tonnes. Le recensement souligne par ailleurs les points névralgiques bien connus en matière de pollution : la rivière Wei (Wei He), le fleuve Hai (Hai He), la rivière Liao (Liao He), les lacs Taihu, Dianchi et Chaohu, qui concentrent une quantité particulièrement importante de polluants.

Le vice-ministre de la Protection de l’environnement, Zhang Lijun, a indiqué que ce recensement avait permis la création d’une base de données des sources de pollution où figurent les 5 925 600 sites recensés sur le territoire chinois, ainsi que des données de base en matière d’environnement. Il est possible de faire des recherches ciblées en fonction des besoins dans les différentes catégories (professions, régions, indicateurs etc.). Il s’agit donc d’un outil très utile de gestion et d’aide à la prise de décision. Dans les mentalités, la pollution est traditionnellement associée à l’industrie. Or ce recensement bouleverse quelque peu les idées reçues : Lire la suite

Taxe carbone : Ca commence à bien faire aussi !

developpementdurablelejournal.com, Pierre Magnetto, le 15 mars 2010,

Taxe carbone : Ca commence à bien faire aussi !

La France n’adoptera certainement pas de taxe carbone en juillet comme s’y était engagé le chef de l’Etat. Dans un entretien accordé au Figaro vendredi 12 mars, Nicolas Sarkozy a lié la mise en œuvre du dispositif français à l’adoption par l’UE d’un dispositif similaire, question qui n’est pas à l’ordre du jour européen dans l’immédiat.

Après le « ça commence à bien faire ! » lancé le 6 mars à propos des contraintes environnementales dans l’agriculture, voici maintenant que la mise en place par la France d’une taxe carbone serait liée à l’adoption à l’échelle européenne d’un dispositif similaire. C’est du moins ce qu’a laissé entendre Nicolas Sarkozy dans une interview accordée au Figaro vendredi 12 mars, juste avant la fin de la clôture officielle de la campagne du premier tour des élections régionales. « Nous prendrons le temps de la concertation au niveau européen comme au niveau national« , a indiqué lé chef de l’Etat à nos confrères avant d’ajouter :  » je dis très clairement que la France montrera l’exemple, que nous voulons tenir nos engagements de limitation des émissions de gaz à effet de serre, mais que nous voulons dans le même temps une taxe carbone aux frontières de l’Europe« . Il a aussi indiqué en direction des industriels français qu’aucune contrainte ne leur serait imposée « si, dans le même temps, on autorise les importations venant de pays qui ne respectent aucune des règles environnementales à inonder nos marchés« .

Le parcours « lumineux » d’un texte qui se voulait phare

Ces déclarations font suite à plusieurs autres exprimant un point de vue analogue dans les rangs de l’UMP, telle celle de l’ancien premier ministre Jean-Pierre Raffarin pour qui, « la taxe carbone pose un problème parce qu’au fond, elle n’est pas applicable à court terme en Europe ». Elément clef et concret du Grenelle de l’environnement, la taxe carbone devait être appliquée à partir du 1er janvier 2010. 48 heures avant son entrée en vigueur, elle avait été annulée par le conseil constitutionnel qui avait estimé que les régimes d’exemption dont bénéficiaient certains secteurs d’activités étaient « contraires à l’objectif de lutte contre le réchauffement climatique  » et qu’en outre, ils introduisaient « une rupture caractérisée de l’égalité devant les charges publiques ». Les principes d’un nouveau textes avaient été communiqués début janvier en conseil des ministres et les modifications envisagées ne portant que sur la contribution des activités industrielles avait fait l’objet d’une concertation avec les représentant de ces dernières en février. Nicolas Sarkozy avait lui-même annoncé que le nouveau projet de loi serait présenté après les régionales, mais avant juillet.

La France règle son pas sur celui de l’UE

En calquant le tempo de la France sur celui de l’Union européenne, la France ne se donne aucune chance de respecter les échéances qu’elle s’était elle-même fixé. L’Union européenne, qui a plutôt les yeux rivés sur les négociations internationales sur le climat, pense surtout à Cancun, la ville du Mexique où doit de dérouler la conférence des nations unies fixée à Copenhague pour décembre 2010. Les chances d’aboutir à un accord à cette réunion semblent de toute façon dores et déjà bien Lire la suite