Hulot à Bordeaux, évacuation du Titanic, taxe carbone, un monde devenu fou…

sudouest.com, Jean-Denis Renard, le 4 Septembre 2009

RENCONTRE. Il était en visite hier à « Sud Ouest » pour le lancement de la promotion du « Syndrome du Titanic ». L’occasion de réagir à la taxe carbone

Nicolas Hulot fait évacuer le « Titanic »

L’ouverture sur le monde commence à Bordeaux. La toute première présentation publique du « Syndrome du Titanic », le film de Nicolas Hulot et Jean-Albert Lièvre, qui sortira le 7 octobre, a eu lieu hier soir à l’UGC Ciné-Cité de la ville. Elle s’est tenue en présence des deux réalisateurs, qui ont d’abord été accueillis dans les locaux de « Sud Ouest » par Patrick Venries, le directeur de l’information, et Yves Harté, son adjoint. L’homme de télévision s’y est prêté au rituel de la conférence de presse, suivie d’un chat avec les internautes sur sudouest.com. Morceaux choisis.

Quatre ans de croisière

« On a commencé à parler de ce film il y a quatre ans. Depuis lors, le contexte a changé, le film est plus contemporain que mon livre éponyme, que je voulais adapter. Au final, je ne considère pas qu’il s’agit d’un film environnemental ou écologique. Il évoque plutôt la combinaison des crises, celle du modèle dans lequel nous vivons.

« Je dis au début du film que « longtemps, je me suis accommodé de la réalité ». C’est sa raison d’être. Le moment est venu où l’on ne peut plus faire de concessions avec la réalité ; elle est trop complexe et trop grave pour la tamiser. Elle est sans précédent dans l’histoire de l’humanité. Nos concitoyens du monde entier n’en ont pas vraiment conscience. Or tout se joue en ce moment. »

La philosophie du désespoir

« Je n’avais jamais pensé que mon combat devrait être aussi intense. Et, oui, je passe par des phases de désespoir parce que certains de mes interlocuteurs ne consentent à agir que pour me faire plaisir. Alors qu’on se situe sur un enjeu d’intérêt universel. Je vois bien l’inertie dans laquelle nous sommes. Le positivisme hérité du XIXe siècle est encore excessivement efficace. Mais je vois parallèlement que le génie humain ne fait jamais défaut quand on a besoin de lui.

« Nous avons remis dans le commentaire la fameuse phrase d’Einstein qui dit que « notre époque se caractérise par la profusion des moyens et la confusion des intentions ». Nos actions ont échappé à nos intentions. Nous avons une opportunité à un coup, c’est en l’espace de quelques années que ça va se jouer, pour redéfinir l’ambition du projet humain. »

Préserver pour partager

« Il y a deux priorités : préserver nos ressources au sens large du terme, et partager. La première conditionne la seconde. Quand on est dans la pénurie, quand l’essentiel vient à manquer, ce qui nous pend au nez pour beaucoup de choses, les valeurs liées à la démocratie ne résistent pas longtemps.

« C’est un appel à la mobilisation, un appel à l’action. Il faut que les citoyens valident, accompagnent, voire inventent un nouveau modèle. Même si on ne s’occupe pas de l’état de notre planète, il va se passer quelque chose. Sans notre consentement, la nature va procéder à des ajustements et ce sera excessivement violent. Je rappelle qu’il y a d’ores et déjà 300 000 morts par an dans le monde du fait des changements climatiques. »

La poudrière des inégalités

« Oui, je suis inquiet, parce que je n’ai pas simplement une vision livresque des événements. Pour ce qui concerne l’état de la nature, je fais partie de ceux qui ont pu voir l’accélération des phénomènes de manière très concrète. Depuis le temps que je voyage, j’ai aussi vu les inégalités se creuser. Elles deviennent d’autant plus obscènes que dans les endroits les plus reculés, il y a toujours une fenêtre sur le monde, qu’il s’agisse de la télévision ou d’Internet. Et les gens là-bas savent que, tout près, de l’autre côté du mur, d’autres se vautrent dans l’opulence et le gâchis. Ça crée des points de tension énormes, des frustrations et des humiliations. Où que j’aille, ce fossé nord-sud n’a jamais été aussi marqué.

« Il va bien falloir éliminer les gâchis et les excès, y compris dans Lire la suite

Déchets ménagers : Jeter moins pour payer moins

eco-life.fr, Anne de Malleray, le 6 juillet 2009

Jeter moins pour payer moins

Pour réduire le volume des ordures ménagères, de nombreuses villes dans le monde ont recours à des mesures incitatives. Amendes, sacs poubelles taxés, tri des déchets organiques… Petit tour des endroits où il ne fait pas bon mal trier ses poubelles. En juin dernier, la municipalité de San Francisco votait la première loi du pays qui inflige une amende aux mauvais trieurs. Les éboueurs sont chargés de signaler les abus et au bout de trois avertissements, l’amende tombe : 100 euros pour les particuliers et petites entreprises et 1 000 euros pour les grandes entreprises. Les citoyens disposent de trois poubelles : une bleue pour tous les déchets recyclables, une verte pour le compost et une noire pour les autres déchets. San Francisco a le taux de recyclage le plus élevé des Etats-Unis avec 72%, alors que la moyenne nationale est autour de 30%.

D’autres villes se distinguent par une gestion exemplaire. Zurich est un modèle du genre. Depuis 1992, la ville suisse-allemande a mis en place une politique de gestion des déchets très stricte. Les seuls sacs poubelles autorisés, les « Zuri-sacks », se vendent très cher, entre 50 centimes et 3 euros le sac selon leur contenance. Les journaux doivent être jetés sous forme d’un ballot attaché par une ficelle. La collecte se fait deux, voire une seule fois par semaine pour les déchets non recyclables et à des dates bien précises pour les autres. En cas de non respect des règles, les Zurichois risquent une amende de 260 francs suisses (171 euros) dès la première infraction. Depuis 1992, la quantité d’ordures à Zurich a baissé de 40%.

Ce système de collecte dans des sacs municipaux obligatoires et payants existe également en Belgique, qui a lancé une campagne nationale en novembre 2008 pour lutter contre l’abandon de déchets dans l’espace publique. Les amendes sont élevées, à partir de 50 euros. « Je n’ai jamais eu d’amende », raconte Florence Le Bret, Française installée à Bruxelles avec sa famille depuis une dizaine d’années, « mais la collecte est beaucoup plus réglementée qu’en France. Nous devons acheter des sacs marqués au nom de la commune dans des supermarchés de notre quartier pour les déchets non recyclables. Je me souviens qu’en Flandre, en 1999, les pouvoirs publics avaient voulu imposer un nombre limité de sacs par foyer. Les gens se sont mis à resquiller parce que le système était injuste pour les familles nombreuses. Cette mesure a été abandonnée au profit de sacs payants en fonction leur contenance. »

Le principe du pollueur-payeur obligatoire d’ici cinq ans en France

Autre solution pour réduire les déchets municipaux, celle du pollueur-payeur. Les citoyens paient une redevance en fonction des déchets qu’ils produisent. Cette méthode est de plus en plus répandue dans les municipalités scandinaves, suisses, allemandes ou encore hollandaises. « Le principe de payer pour ce que l’on jette a fait la preuve de son efficacité », souligne Hélène Bourges, chargée de campagne au Centre national d’information indépendante sur les déchets. « Mais en France, presque toutes les communes font payer une taxe fixe, qui n’a aucun rapport avec la quantité de déchets produite par les habitants. Elle est plutôt indexée sur la valeur foncière des habitations. » Autrement dit, grande maison, grosse taxe. « Cela n’incite pas les gens à trier leurs déchets. Près de 50% de ce qui pourrait être recyclé ne l’est pas à cause de mauvaises pratiques de tri », conclut Hélène Bourges.

Dans le cadre du Grenelle de l’environnement, la décision a été prise d’obliger les collectivités, d’ici cinq ans, Lire la suite

SEPANSO 40 : Il faut appliquer le principe pollueur-payeur

Sud-Ouest, Emma Saint-Genez, le Mercredi 8 Avril 2009

NVIRONNEMENT. Avec Cap’Eau, collectif d’associations pour la gestion de l’eau en Adour-Garonne, la Sepanso (1) des Landes se mobilise pour améliorer le schéma en gestation

« Il faut appliquer le principe pollueur-payeur »

« Sud Ouest ». Quels sont les dossiers qui vous occupent en ce moment ?

Georges Cingal. Le gros dossier de l’année 2008 a été la préparation du Schéma directeur d’aménagement et gestion de l’eau (SAGE) en Adour-Garonne. Nous arrivons à la dernière étape et comme l’union fait la force, nous avons produit un document important avec CAP’Eau, un collectif d’associations pour la gestion de l’eau qui regroupe aussi bien des associations de protection de la nature, que l’UFC Que choisir ou des fédérations d’agriculteurs. Nous remettrons ce document à toutes les parties prenantes : élus, chambres consulaires, fédérations de pêche… Une remise officielle aura lieu le 26 avril à Mont-de-Marsan.

Quelles sont vos préconisations ?

D’abord l’application rigoureuse du principe pollueur-payeur. Les gens qui consomment de l’eau et pénalisent l’environnement, les agriculteurs notamment, demandent toujours plus sans être prêts à payer. Ces arrosages s’accompagnent de produits chimiques que l’on retrouve dans les cours d’eau superficiels. Nous demandons une meilleure gestion des sols parce que séparer la gestion de l’eau de celle de la terre est anti-écologique.

Nous ne sommes pas du tout d’accord avec le projet tel que présenté par l’agence de l’eau Adour-Garonne. J’affirme même que nous avons là le plus mauvais SDAG de France ! Cela va se terminer au tribunal administratif s’ils restent sourds à nos demandes.

La Semaine du développement durable vient de s’achever.

Un concept à la mode selon vous, ou le symbole d’une réelle prise de conscience ?

Nous travaillons sur ce concept depuis les années 70. Le développement durable est une religion. Il y a ceux qui la pratiquent parce qu’ils croient en ses fondamentaux, et les autres qui la pratiquent aussi parce que cela les arrange et que cela leur poserait des problèmes économiques de ne pas s’en soucier. En ce moment, nous sommes en train de nous bagarrer sur les fausses publicités qui vendent des produits écologiques, alors qu’ils ne le sont pas ! Des voitures, des détergents… Un petit coup de peinture « développement durable » et ça roule !

Or l’écologie suppose une analyse du produit de son berceau à sa tombe. C’est pour cela que lorsque nous entendons Nicolas Sarkozy dire que le nucléaire fait partie du développement durable, nous lui adressons un carton rouge !

Quels autres dossiers vous occuperont cette année ?

La dépollution des paysages landais. Nous voulons éliminer toutes ces affiches redondantes et dégradantes. Là encore, c’est une affaire de gros sous. Le problème en France est que si l’on regarde de près, 90 % des lois prévoient une dérogation. Les publicités autorisées à partir du panneau d’agglomération voient souvent le périmètre réglementaire agrandi parce qu’elles permettent aux communes d’encaisser des redevances locales.

Vous estimez que la crise n’épargne pas votre action.

C’est-à-dire ? Lire la suite