Vient de paraître – Paul Ariès : La simplicité volontaire contre le mythe de l’abondance – Une grève générale de la consommation ?

nonfiction.fr, Fabrice Flipo, le 3 août 2010

http://www.nonfiction.fr/article-3669-p3-une_greve_generale_de_la_consommation_.htm

Vient de paraître – Paul Ariès : La simplicité volontaire contre le mythe de l’abondance – Une grève générale de la consommation ?

Résumé : Paul Ariès présente une réflexion intéressante sur l’écologie politique, la décroissance et la nécessité d’une « grève générale de la consommation ».

Paul Ariès est connu pour ses travaux et ses prises de position en faveur de la décroissance et de la gratuité. Il nous livre ici une réflexion sur la simplicité volontaire, qu’il oppose au mythe de l’abondance.

Ariès commence par résumer les enjeux du « capitalisme vert », dont il souligne à juste titre les risques, des risques qu’il juge gravement sous-estimés par les antiproductivistes (p13). Le capitalisme vert procède en cherchant à mettre en œuvre de nouvelles solutions techniques, telles que des tours géantes, plutôt que d’affronter la question des responsabilités politiques sous-jacentes à la dégradation des écosystèmes planétaires. Il entend adapter l’écologie au marché, ce qui se traduit notamment par l’apparition de « droits à polluer », dont les dérives sont largement avérées, bien avant qu’ils aient eu un quelconque effet positif sur la planète. Ariès liste dix « missiles » de « l’écologie capitaliste croissanciste » contre la possibilité même d’une pensée alternative. Ces missiles sont généralement appuyées sur des économistes, Nobel ou nobélisables, qui vont de Ronald Coase à Gary Becker en passant par Harold Hotelling. Ils ont tous en commun de chercher à démontrer que l’écologie est soluble dans le capitalisme. Ariès donne des arguments permettant de penser que tel n’est pas le cas, sauf à retourner le progrès technique contre l’humain. A ce titre les initiatives telles que Home, le film de Yann Arthus-Bertrand, sont de très mauvaises opérations pour l’écologie politique, car « ce parti-pris esthétique a une fonction : exonérer de toute responsabilité les grandes firmes »  . Home utilise ainsi une esthétique qui ne cherche qu’à transférer les responsabilités.

Ariès se demande ensuite si le productivisme n’est pas la « maladie honteuse des gauches ». Qu’est-ce que le productivisme ? Ariès s’appuie sur une définition d’Henri Lefebvre : le productivisme est le fétichisme de l’Etat et de la technicité. Que ce soit l’Association pour la taxation des transactions financières et l’aide au citoyen (Attac), le Nouveau parti anticapitaliste (NPA), la Fondation Copernic ou même Alain Accardo, aucune pensée se revendiquant « de gauche » ne semble avoir réellement rompu avec ce productivisme. Ariès rappelle l’ambiguïté d’André Gorz sur la question de la technique et notamment des technologies de l’information. « L’économie de l’immatériel et le capitalisme cognitif, loin de permettre de (re)gagner du terrain sur le capitalisme et le productivisme, entraînent l’occupation des derniers territoires qui demeuraient encore un peu autonomes »  . Les gauches ne s’intéressent guère à l’agression publicitaire, par exemple. Elles se n’offusquent pas d’une vie conçue comme une somme de petits plaisirs. En acceptant le progrès technique, elles laissent entrer par la fenêtre le capitalisme sauvage qu’elles ont essayé de chasser par la porte. Que faire pour réveiller la gauche ? Ariès a « longtemps cru à la thèse du retard avant de découvrir qu’elle ne tient pas. […] Nous avons besoin de mots neufs pour réveiller les forces émancipatrices »  . La décroissance, à laquelle Ariès a consacré de nombreux textes, fait partie de ce nouvel arsenal. Pour lui, l’impasse théorique de la gauche a deux visages : le « marxisme officiel optimiste mais productiviste ; […] gauches antiproductivistes mais pessimistes »  . A contrario « la droite est (re)devenue capable de penser […]. Le capitalisme vert lui redonne une seconde jeunesse. La gauche, elle, est moribonde »  . Pour lui la solution viendrait des courants présocialistes, socialismes chrétiens, libertaires, mouvements coopératifs, Proudhon, Bakounine, Gide, Marx. Un Marx « antiéconomiste [qui] permet de comprendre que, par-delà l’extorsion de la plus value, le capitalisme est déjà condamnable au regard de son « incapacité à faire société »  . La gauche aurait donc commis plusieurs « bévues », notamment avoir fait l’éloge du capitalisme, comme libérateur des forces productives, et avoir confondu ces forces productives avec l’émancipation humaine. Ariès montre que le pouvoir d’achat n’a guère augmenté pour les ouvriers, en 1968 un mois de salaire permettait de se payer 1777 baguettes contre 1065 aujourd’hui . Sa solution ? Troquer le pouvoir d’achat pour le pouvoir de vivre.

Un antiproductivisme optimiste est-il possible ?

Dans cette quatrième partie Ariès rappelle qu’il existe un antiproductivisme populaire spontané, par exemple chez les luddites. Cette tendance existe encore, il cite des cas de refus du Lire la suite

ENERCOOP – Electricité verte : Soyez branché écologie !

enercoop.fr, communiqué, mars 2010

Soyez branché écologie !

Depuis le 1er juillet 2007, tout consommateur, qu’il soit particulier ou professionnel, locataire ou propriétaire, peut choisir son fournisseur d’électricité. Une chance ? Oui ! Celle de pouvoir choisir un fournisseur éthique et écologique, en accord avec ses valeurs.

Éthique et écologique ?

Enercoop (http://www.enercoop.fr/) est le seul fournisseur à s’approvisionner à 100% et directement auprès de producteurs d’énergies renouvelables : éolien, solaire, hydraulique, biogaz.

En plus de cela, Enercoop est une société coopérative d’intérêt collectif (SCIC). Cela signifie :

un réinvestissement de ses bénéfices dans les énergies renouvelables et l’aide à la maîtrise de la consommation,

– la possibilité pour le consommateur de devenir sociétaire de la coopérative, et donc de voter lors des AG et élire des représentants au conseil d’administration.

Comment ça marche ?

Il existe un seul réseau de transport d’électricité, sur lequel les producteurs injectent leur électricité renouvelable et auprès duquel les clients la soutirent. Il n’y a pas d’électrons verts, Enercoop s’engage tout simplement à ce que ses producteurs injectent au moins autant d’électricité verte que vous en consommez. Votre facture vient rémunérer ces producteurs.

C’est super mais comment faire ?

C’est très simple, il suffit Lire la suite

Les prédateurs des transports doux

tessolidaire.com, NC, le 23 avril 2009

Les prédateurs des transports doux

Ca bouge dans les transports doux ! Il n’est pas de semaine où l’on n’apprenne que des grands groupes investissent ou nouent des partenariats dans des projets d’auto-partage ou de co-voiturage, qui étaient très souvent portés au départ par des acteurs de l’ESS. Il faut peut-être dater les prémices de cette évolution d’il y a trois ans, avec l’entrée de Kéolis, filiale de la SNCF, dans la gouvernance de Lilas, la SCIC lilloise d’autopartage.

Dernièrement, Caisse commune, pionnière de l’autopartage à Paris a été rachetée par Transdev, la filiale transports de la Caisse des dépôts. Versant co-voiturage,  Voiture et Co (et Mobility +) sont entrés l’an dernier dans le giron du groupe SOS. Et cette année, Green Cove vient d’obtenir le soutien financier d’Eco-mobilités Partenaires (autre filiale de la SNCF) et du groupe Norauto. Après le vélo en libre-service phagocyté par JCDecaux ou Clear Channel, au détriment d’acteurs de terrain comme la SCOP Movimento à Toulouse, d’autres formes de mobilités douces, on le voit, sont rattrapées par le marché tout puissant, à quelques exceptions près, comme France AutoPartage.

Mais on attend aussi Autolib à Paris… En effet, les premières Rencontres du co-voiturage, organisées le mois dernier par Green Cove, ont montré que les collectivités locales sont fortement intéressées par toutes ces formes de nouveaux transports, que les acteurs de l’ESS ont promues initialement. Il faut dire que les plus grandes collectivités sont soumises depuis plusieurs années à une obligation de PDE (plan de déplacement entreprise) : c’est par exemple l’origine du programme de co-voiturage du Conseil général des Yvelines, pour les déplacements pendulaires des agents territoriaux.

Au Nord-Est de Paris, la communauté d’agglomération Plaine Commune vient aussi de l’adopter. Quant au Conseil général de l’Essonne, il voudrait bien lier cette obligation à une intégration dans le système de monnaie SOL : 1 km parcouru en co-voiturage pourrait valoir un SOL utilisable pour d’autres services. Au Conseil général du Morbihan, Marc Letourneux, chargé de mission co-voiturage, a fait construire des aires spécifiques pour inciter à ce type de transport.

Lors du colloque, Jean Ghedira, directeur de SNCF Proximités, a expliqué Lire la suite

Histoire d’une coopérative verte et solidaire

Le 1er Juillet 2004, la France ouvre le marché de l’électricité à la concurrence. Les opérateurs historiques perdent leur monopole, tout nouvel entrant peut alors proposer de l’électricité à des structures professionnelles. On bascule ainsi d’un modèle réglementé dans lequel le service énergétique est assuré par une entreprise publique, vers un modèle libéral où des entreprises privées se partagent la fourniture d’électricité. La volonté d’Enercoop est de proposer une troisième voie, de forme privée mais d’intérêt public.

Ce bouleversement profond de l’économie de l’énergie intervient dans un contexte énergétique peu serein :

Le vaste programme nucléaire mis en place par les pouvoirs publics dans les années 1970 à la suite des chocs pétroliers a mis la France dans une situation de surcapacité. Pour écouler la production, les consommateurs sont encouragés à consommer; la France aborde le XXIe siècle dans un état d’ébriété énergétique.

La centralisation de l’électricité en France mène à des pertes liées au transport de l’électricité et gaspillages causé par l’inadéquation entre les moyens de production et les besoins de consommation.

Le programme d’investissement massif dans l’énergie nucléaire se fait aux dépens du développement des énergies renouvelables, qui souffrent d’un manque cruel d’investissement.

Les ressources fossiles (pétrole, gaz, charbon) se raréfient de plus en plus rapidement.

Cette situation mêlant ébriété énergétique, surproduction nucléaire et centralisation poussée favorise le dérèglement climatique et la prolifération nucléaire.

Le projet Enercoop

Face à l’urgence de la situation et à la libéralisation inéluctable du secteur de l’électricité, des acteurs de l’économie sociale et solidaire et des énergies renouvelables se réunissent Lire la suite