Van Jones rêve de convertir les Etats-Unis aux emplois verts

actu-environnement.com, Agnès Sinaï, le 6 mai 2009  

Van Jones rêve de convertir les Etats-Unis aux emplois verts

Conseiller spécial du président Obama, activiste et auteur d’un best seller sur les emplois verts, Van Jones prône la justice environnementale et la fin d’un éco-apartheid qui a permis à l’économie de prospérer sur la destruction de l’environnement.

Reportage à Richmond, en Californie – 2e volet

Quand il évoque un éco-apartheid, Van Jones sait de quoi il parle. Avant de rejoindre l’équipe du président Obama, il vivait à Oakland, une banlieue de San Francisco voisine de Richmond, ville ouvrière sévèrement polluée par une raffinerie pétrolière et affectée d’un fort taux de chômage. Van Jones s’est d’abord mobilisé localement, en créant Green for All, une association de soutien à la création d’emplois verts et sociaux. Son activisme et son charisme l’ont fait remarquer, et le voici invité par le président Barack Obama en personne comme conseiller à la présidence. Son succès auprès du public américain, sa capacité à remuer les consciences le classe parmi les personnalités les plus en vue aux Etats-Unis, héros de l’environnement par le magazine Time en 2008. Dans son livre à succès, The Green Collar Economy1 (L’économie des cols verts), Jones annonce la fin de l’âge du carbone, et le début de l’ère de l’énergie solaire. Il déduit sa lecture de l’histoire d’une série d’événements : la crise financière liée au surendettement de la société américaine et à la surconsommation l’ont fait réfléchir. Ce qui se passe est énorme, confie-t-il au magazine Oakland, cette horrible panne, où le prix des maisons chute, où l’endettement par cartes de crédit explose, c’est terrible. Mais cette panne va être aussi une opportunité. Nous allons devoir cesser d’édifier l’économie sur la destruction environnementale, et nous allons nous orienter vers la restauration de l’environnement comme un moyen de faire avancer l’économie. Et, comme le répète Jones, l’économie des cols verts devra être inclusive, elle devra impliquer les plus pauvres des pauvres, les minorités et les nouveaux chômeurs comme des forces vives capables de relancer la prospérité américaine.

Noirs, Blancs et… verts

A voir l’énergie qu’il déploie, on a peine à imaginer que Van Jones ait pu être confronté à des réticences à l’époque où il démarchait pour trouver un éditeur qui accepte de publier son livre. A San Francisco, lors de sa première signature, le livre ayant été finalement publié par HarperCollins, il confiait à son auditoire les réactions qu’il avait rencontrées : les Noirs n’achètent pas des livres verts, et les Blancs n’achètent pas des livres de Noirs. Ces éditeurs regrettent sans doute leurs propos hâtifs. Van Jones parcourt le pays de long en large et s’adresse à toutes les catégories de la population, des Slow Food aux congrégations religieuses. A Oakland, il a co-fondé le Centre Ella Baker pour les droits humains, qui a servi à faire passer deux dispositifs dans la législation de Californie à l’origine de la création d’un conseil pour les emplois verts et de programmes de formation aux technologies vertes.
Jones dirige aussi Green for All, qui, alliée à d’autres associations, a donné lieu à la loi pour les emplois verts et les infrastructures, Lire la suite