Appel pour une diversification du bouquet électrique français

alecoso.fr, février 2009

Appel d’intérêt public pour une diversification urgente du bouquet électrique français

Depuis plusieurs années, de nombreux partis politiques, syndicats et associations, de sensibilités diverses, soulignent la nécessité d’une diversification des sources d’approvisionnement électrique en France, ne serait-ce que pour réduire les risques de black-out et d’interruptions de la fourniture de courant aux usagers, et garantir ainsi le maintien d’un service public de qualité.

Avec près de 80% de sa production électrique d’origine nucléaire (contre, respectivement, 30%, 20%, 15% et 2,2% pour le Japon, les États-Unis, la Russie et la Chine), la France est le seul pays au monde à dépendre autant de cette source d’électricité peu modulable et donc inadaptée aux pointes de consommation. L’extrême centralisation inhérente à la technologie nucléaire, outre qu’elle entraîne des pertes d’énergie sur le réseau, constitue une cause supplémentaire de vulnérabilité potentielle de l’approvisionnement électrique, dans un contexte de multiplication des incidents et accidents, notamment liés à l’âge du parc et à certaines erreurs de conception (1) mais aussi aux logiques de financiarisation et de privatisation qui touchent à la fois les secteurs du transport et de la production d’électricité – logiques dont on voit hélas mal comment les infléchir à très court terme.

D’une part, ses 58 réacteurs rendent notre pays notoirement excédentaire en moyens de production continue de courant (répondant aux besoins en base). La nécessité technique que ces installations fonctionnent jour et nuit – hors périodes d’arrêt pour maintenance – encourage chez nous la surconsommation électrique (2). L’électricité ne pouvant se stocker, cette surproduction entraîne aussi des exportations à bas prix de courant à l’étranger, lesquelles ont, dans nombre de pays, un effet de dumping dissuasif sur le développement des énergies renouvelables, qu’elles soient thermiques (biogaz, biomasse…) ou autres. Par ailleurs, le surcroît de plutonium et de déchets radioactifs correspondant à ces exportations restera bien sûr, quant à lui, stocké sur le sol français.

D’autre part, les unités de production thermiques plus souples (utilisables en périodes de pics de demande électrique sans générer le reste du temps de gaspillages ni d’incitations à la surconsommation) commencent en revanche à faire cruellement défaut – d’où les difficultés croissantes de RTE (le Réseau de transport d’électricité) pour faire face à la demande sans discontinuité. Cela oblige, lors des pointes de consommation ou d’incidents sur le réseau, à de coûteuses importations d’électricité produite à l’étranger, y compris à partir de ressources fossiles particulièrement polluantes comme le lignite ; celles-ci sont en outre souvent brûlées dans des centrales de conception dépassée, à mauvais rendement énergétique et ne répondant pas aux normes environnementales les plus récentes.

Autrement dit, au lieu d’apporter au niveau planétaire des économies nettes d’émissions de gaz carbonique (CO2), notre parc électronucléaire surdimensionné amène en pratique la France à externaliser, vers des états comme l’Allemagne ou la Pologne, des émissions massives de CO2 et d’autres polluants liées à l’exploitation ponctuelle de centrales thermiques anciennes, ce qui retarde d’autant la fermeture des plus vieilles centrales étrangères… alors même que notre pays fut pionnier, y compris à l’exportation (vers la Chine, les États-Unis…), en matière de centrales dites « à charbon propre » (comme celle de Gardanne), filière qu’EDF a pour l’heure négligé de développer Lire la suite