lemonde.fr, Jean-Pierre Langellier, le 25 janvier 2010
Porto Alegre (Brésil) Envoyé spécial
Les altermondialistes en quête d’un espace politique
Le Forum social mondial (FSM) retrouve son berceau. Pour fêter ses dix ans, il a choisi, pour la première fois depuis 2005, de revenir à Porto Alegre, la grande ville du sud du Brésil qui l’a déjà accueilli à quatre reprises depuis 2001. La première édition y avait eu lieu un peu plus d’un an après la naissance du mouvement, à Seattle, aux Etats-Unis, en novembre 1999, lors de violentes manifestations contre la mondialisation, à l’occasion d’une conférence de l’Organisation mondiale du commerce.
Cette neuvième édition (le forum n’a pas eu lieu en 2008) devait s’ouvrir pour cinq jours, lundi 25 janvier. Elle a lieu, comme les précédentes, la même semaine que le Forum économique mondial de Davos, le grand rendez-vous du capitalisme planétaire, dont le FSM se veut l’antipode. Quelque 20 000 militants doivent participer à des centaines de rencontres et de débats, à Porto Alegre et dans cinq petites villes voisines.
En dix ans, le mouvement s’est essoufflé, dans un univers capitaliste en adaptation permanente, quoique frappé par une grave crise économique, où le slogan altermondialiste « Un autre monde est possible » – un monde plus juste, plus pacifique, plus solidaire, plus respectueux de l’environnement – relève encore largement de l’utopie. Il est donc temps pour le FSM de dresser un bilan sans complaisance et d’imaginer « un nouvel agenda » dans la perspective de sa prochaine édition, prévue à Dakar. C’est la tâche stratégique qui incombera chaque matinée de cette semaine aux 70 orateurs invités à Porto Alegre par le Groupe d’appui et de réflexion du Forum.
Au fil des ans, les préoccupations du FSM ont évolué. Sans renoncer à ses anciens chevaux de bataille – l’échange inégal, la dette, l’injustice sociale -, le mouvement en a enfourché de nouveaux : le réchauffement climatique, la sauvegarde des ressources naturelles, les agro-carburants, l’accès aux sources d’énergie, la sécurité alimentaire, la protection des peuples autochtones…
« Nos premières réunions étaient dominées par toutes les questions liées au commerce et aux marchés, rappelle un des fondateurs du Forum, le sociologue Candido Grzybowski, directeur général de l’Institut brésilien d’analyses sociales et économiques (Ibase). Aujourd’hui, nous savons que le système industriel et son productivisme font partie du problème, et non de la solution. Notre rapport à la nature a changé. La destruction de l’environnement s’inscrit dans une crise de civilisation. »
Et la crise économique ? Candido Grzybowski regrette que les altermondialistes n’aient pas saisi « cette occasion historique » pour « occuper l’espace politique ». « La crise a validé nos attaques contre les ravages du néolibéralisme. Elle a montré que le système capitaliste ne fonctionnait pas. Nos idées ont progressé, notamment sur la nécessité d’une intervention accrue des Etats. Mais ceux-ci se sont contentés d’éviter le pire. Ils n’ont pas entrepris de véritables changements structurels. »
Alors que faire ? « Nous devons Lire la suite
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